ARBRE
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Témoignage de Paulette
ALBERGE
Après
les stages de Margival et de Montauban, avec cinq autres plieuses, nous avons
embarqué, en juin 1950, pour l’Indochine à bord d’un avion de la compagnie TAI
(Transports Aériens Intercontinentaux). C’était mon premier voyage dans les
airs. Il a duré cinq jours, entrecoupé d’escales plus ou moins longues :
Marseille, Tunis, Le Caire, Calcutta, Bangkok et Saigon aéroport de Tan Son
Nhut . Au Caire, nous avons visité les pyramides, côtoyé les vaches sacrées
qui sont très maigres et grâce à l’équipage de l’avion, nous avons assisté à
l’incinération d’un membre d’une famille très riche entouré de pleureuses et à
la dispersion des cendres dans le Nil. En attendant notre transfert vers
Hanoi, nous avons séjourné au camp Pétrusky qui était un centre de triage.
À Hanoi,
nous logions dans une pagode désaffectée. Pour tout mobilier il y avait cinq
lits « picots » avec moustiquaires et en guise d’armoire une caisse à
parachutes, vide, pour ranger notre paquetage. L’établissement de pliage était
juste à côté. Il n’y avait pas de douche. Dans le jardin, dans lequel se
trouvait la pagode, il y avait une prise d’eau et une grande jarre pour nous
laver. Au bout d’un certain temps, nous avons déménagé dans une villa
réquisitionnée. Nous étions à deux par pièce. Finalement, nous avons échoué
dans un établissement tenu par des religieuses qui nous laissaient toute
liberté dès l’instant que nous respections certaines règles.
Nous
avons été prises en main par les anciennes et avons commencé le pliage. J’ai
aimé le pliage. Je ne trouvais pas cela monotone. Chaque parachute plié était
attribué à un parachutiste qui ne savait pas qui l’avait plié.
Puis
l’atelier de pliage s’est replié sur Bac Mai, le terrain d’aviation d’Hanoi,
sous des tôles. C’est là que j’ai connu l’ADJ Georges ARBRE, très estimé de
ses personnels. Nous étions environ une centaine de plieuses. Je me rappelle
du grand tableau, dans la salle de pliage, sur lequel était mentionné le
nombre de parachutes à plier pour telle ou telle opération : Dominique,…, Dien
Bien Phu.
Pour les
opérations sur Dien Bien Phu, nous plions nuit et jour. Nous tenions le coup,
grâce au maxiton. Et puis un jour, il n’ y a plus eu ni de parachutes, ni de
parachutistes qui revenaient. Les gars avaient été fait prisonniers ou étaient
morts. Parmi eux, j’avais beaucoup de copains, plus jeunes que moi. Je n’en ai
revu aucun, car mon rapatriement sur la métropole a eu lieu le 13 juillet
1954.
Suite du Témoignage d'
Augusta MAROT
Nous sommes parties de
Marseille le 22 avril 1950. Pendant la traversée, nous avions sympathisé avec
les serveurs, ce qui nous a permis d’améliorer largement les repas. Nous avons
fait escale à Aden et à Colombo. En mer nous avons croisé des petits bateaux à
vapeur, dont les équipages étaient les trois-quarts du temps des Africains. Il
fallait voir comment ils étaient traités. Ils étaient tabassés, on aurait dit
des négriers : c’était révoltant. Et après trente trois jours de traversée
plutôt calme, nous sommes arrivées au Cap Saint Jacques, puis Saigon. Là nous y
sommes restées deux ou trois jours. Puis ce fut l’envol vers Hanoi. La durée du
séjour était de dix huit mois prolongés de six mois. Comme nous n’avions pas de
statut, nos engagements allaient de six mois en six mois.
Sur le S/S Chantilly avec « canard », pendant
la traversée.
(crédit photos : MAROT)
Nous avons été affectées à
la Base Aéroportée Nord (BAP N). Au début, nous travaillions à Pasteur en face
de l’hôpital. Notre chef de section de pliage était le lieutenant CLOAREC. Je
l’avais déjà croisé à Idron. À l’époque, il était tout jeune sergent sortant
des écoles d’enfants de troupe. Puis l’activité augmentant ainsi que le nombre
de plieuses, nous sommes « montées » à Bach Mai, l’aéroport d’Hanoi.
Nous
pliions les parachutes à personnels (dorsaux et ventraux) et les parachutes à
matériels pour les petits colis. Les gros parachutes de charge, de type PL 12,
étaient pliés par les hommes. Il nous arrivait, des fois, de trouver des
« morceaux de viande » collés à la voile. En effet les parachutes servaient
aussi de linceul !
La salle de
pliage se trouvait dans des hangars en tôle. Une année on a eu jusqu’à 75°C,
en une seule journée. Pour toute tenue de travail, nous portions la blouse
par-dessus le slip et le soutien-gorge. Tellement nous transpirions, que nous
avions l’impression d’uriner à notre poste de travail ! Les conditions de
travail étaient très dures. Il y avait une tour de séchage.
En
arrivant, j’ai retrouvé des filles qui étaient avec moi à PAU. Nous étions
une centaine de plieuses. Quand il y avait un coup dur, nous recevions le
renfort des filles de la Base Aéroportée Sud de Saigon. Le pliage se faisait
par deux. Du fait de mon ancienneté au pliage à Pau, j’ai été très vite
nommée surveillante. J’étais responsable de trois tables et je m’assurais,
entre autre, que les nœuds et liaisons étaient correctement réalisés.
Les plieuses de Bach Mai.
(crédit
photo : MAROT)
Le
déroulement de la journée était lié au rythme des opérations. Contrairement
à ce qu’on a connu par la suite en Algérie, les opérations étaient
planifiées. Il nous arrivait de réparer le jour et de plier la nuit et
vice-versa. Le matin, en arrivant dans la salle, on avait le rendement de la
journée en bout de table. Le chef-major ARBRE (alias coco), avait tout
calculé avant notre arrivée. Nous avions une pause à 9 h. Nous allions, au
mess, prendre un sandwich et un verre de rosé. Nous nous arrêtions à midi et
reprenions à 14 h, sans avoir la possibilité de faire la sieste.
En attendant la visite du
général de Lattre de Tassigny, devant le cantonnement. (crédit
photos : MAROT)
Dans les
périodes de repos, nous en profitions. Nous allions au cinéma, au bal. Il
m’est même arrivé de croiser le général SALAN ( à l’époque adjoint au
haut-commissaire en Indochine) dans un dancing. Mais je n’ai jamais dansé
avec lui! Entre filles, nous nous entendions bien. Il y avait bien la chef
de cantonnement qui était un peu pinailleuse. Certaines fois elle nous
interdisait de sortir. Alors nous usions de ruses pour « faire le mur »!
Nous logions chez les bonnes sœurs, mais nous
n’avions aucun contact avec elles. Le matin un car de marque « Chausson »
venait nous chercher tôt le matin. A moitié endormies, nous embarquions et
nous nous habillions dans le car. Nous avions baptisé le chauffeur
« Chaussinet » et nous lui disions : « Chaussinet, ne regardes pas, on se
change ! ».
Pour Dien Bien Phu, nous avons plié pendant
quatre mois, nuit et jour. Nous « marchions » au café fort et au maxiton
(médicament employé comme excitant des facultés intellectuelles.). Quand ce
n’était pas suffisant, nous avions droit à l’intraveineuse. Dans ce cas il
fallait rester allonger une demi-heure. Une fois, pour faire l’andouille, j’ai
voulu me lever tout de suite après l’injection. Bien mal m’en a pris, je suis
tombée par terre très lourdement. En guise d’aide l’infirmière m’a apostrophé
d’un : « c’est bien fait pour toi » et après avoir repris mes esprits je suis
repartie au pliage. Les « paras » nous attendaient en bout de table pour
prendre leur parachute et s’équiper. Certains n’avaient jamais sauté, ce
serait leur premier saut et peut être le dernier. Quand Dien Bien Phu est
tombée, nous avons toutes pleuré.
Après Dien Bien Phu, nous avons été évacuées
sur Tourane (appelé de nos jours Da Nang, port du centre Vietnam). Je me suis
portée volontaire pour accueillir les prisonniers qui étaient libérées des
camps. Nous étions trois ou quatre a effectuer cette mission en plus de notre
travail de pliage. Nous nous m’occupions des sous-officiers et des soldats. La
monnaie d’échange était simple. Pour récupérer cent de nos gars, il fallait
donner mille Vietnamiens!
À l’approche des prisonniers, on avait la
consigne de ne pas faire un geste, même de reconnaissance ! Et pourtant, j’en
reconnaissais certains qui étaient avec moi à Pau. Quand j’ai vu les premiers
qui ont embarqué, je me suis mise à pleurer : ils n’étaient pas beau à voir.
Les gars avaient la dysenterie. Nous disposions d’une bassine d’eau tiède,
d’une éponge et comme pour les bébés nous les déculottions, les nettoyions et
les rhabillions.
Nous les faisions monter à bord des LCT
(bateau de débarquement et de transport). Là nous leur donnions une purée, une
tranche de jambon blanc et de l’eau. Ils nous demandaient si nous étions des
parachutistes. Quoique cela soit faux, nous leur répondions oui. C’est le
général FRANQUI qui nous avait fait porter le béret rouge, sans avoir été
brevetées.
Et puis en octobre 1954, je suis rentrée
d’Indochine. Après un congé de fin de campagne de trois mois, j’ai été
affectée en Algérie, à la 191ème SEP de Philippeville.
Suite du Témoignage
d' Alice
GUICHARD
Je suis
donc partie le 9 juin 1952 en avion à destination de l’ Indochine où j’ai
atterri le 13 juin à Saigon. Et c’est parti pour un premier séjour de 30 mois.
J’étais affectée à la Base Aéroportée Nord à Hanoi, en tant que plieuse de
parachutes. Nous étions hébergées chez des bonnes sœurs à Jeanne d’Arc et nous
travaillions à Bach Mai un aéroport d’Hanoi.
Au début,
c’étaient les hommes qui pliaient les parachutes. Au fur et à mesure que le
conflit augmentait, les hommes ont été remplacés par des femmes. Les premières
arrivées en Indochine n’étaient que cinq. Parmi elles, il y avait Yvette
VALLINO, Madeleine MARIE. Elles logeaient sous tentes à côté de l’hôpital. Une
rivalité légitime s’était instaurée entre hommes et femmes (les femmes
prenaient le travail des hommes !), mais cela n’a pas duré. Cependant, on peut
dire qu’elles en ont « bavé ». Madeleine MARIE, avec qui j’étais bien copine,
m’a rapporté que pour partir en Indochine, elles n’embarquaient pas de France
mais de Belgique !
Le travail
était organisé de la façon suivante. Pour plier les dorsaux nous étions trois
filles par table et deux pour les ventraux. En général, quand ils étaient
présents, c’étaient des masculins qui assuraient la fermeture des ventraux et
des dorsaux. Un de nos couseurs préférés, c’était un certain MALACHE.Un
caporal-chef surveillait quatre tables. Il contrôlait si les parachutes
étaient bien fermés et naturellement, bien pliés. Si, pour une raison
quelconque, la tête d’une fille ne lui revenait pas, il coupait les drisses de
fermeture et la fille devait recommencer. Parfois c’était très tendu ! les
femmes n’avaient pas de responsabilités de contrôle, sauf quand ces derniers
étaient malades ou en mission. C’est pour cette raison que certaines étaient
appelées « surveillantes », comme MAROT, GUYOMARCH. D’autres, comme Suzanne
CAILLET et DESCHAMPS, étaient spécialisées dans les parachutes à ouverture
commandée. Nous étions environ une centaine de plieuses sous les ordres du
chef de salle qui était le chef major ARBRE.
(crédit photo ECPA-D)
On pliait de jour comme de nuit. On s’arrêtait
de plier, uniquement lorsque les parachutes étaient trop humides. La journée
était consacré pour le pliage des parachutes à personnels et la nuit pour les
parachutes à matériels. Sur ces derniers on cousait des pétards à retardement
sur les voiles.
(crédit photo ECPA-D)
Le soir , après le travail et lorsque c’était calme, les
plieuses apprenaient aux couturières à plier et elles, elles nous apprenaient
la réparation. Le but c’était aussi de s’entraîner en vue de se préparer à
l’Echelle 3. C’était l’adjudant FAURE qui commandait les réparatrices : elles
l’appelaient « p’tit Louis » !
Les gros parachutes de charge (du type PL 12) étaient pliés par
les hommes, sur les tables de pliage des aviateurs avec lesquels nous
partagions le même hangar. Les aviateurs pliaient eux-mêmes leurs parachutes
de sauvetage.
À Hanoi,
l’ambiance était bonne. Il n’ y avait pas de clan. L’après-midi, quand
c’était calme, on avait l’autorisation de se mettre en tenue civile pour
faire nos courses. On avait une heure de libre. Il n’y avait pas de zizanies
entre hommes et femmes au sein de la même unité.
Avec ma copine Paulette ROY.
(Crédit
photo : GUICHARD)
Le midi, quand notre emploi du temps le
permettait, nous allions à l’hôpital, visiter les blessés. Je prenais
toujours le même cyclopousse pour m’emmener, car il y avait au moins cinq
kilomètres à parcourir pour rejoindre l’hôpital. Je leur amenais le courrier
et de temps en temps, je m’arrêtais dans un petit restaurant pour leur
récupérer un quart de poulet frit : ils adoraient. Je faisais du bénévolat
pour les blessés en plus de mon travail de plieuse.
La durée du contrat en Indochine était fixée
à deux ans, seulement avec Paulette, nous avons demandé une rallonge de six
mois qui nous a été accordée. À l’issue du séjour, nous bénéficions d’un
congé de fin de campagne, que je n’ai pas mené à termes, puisque je suis
repartie en Indochine trois semaines avant la fin de mon congé.
La Base
Aéroportée Nord ayant été dissoute le 31 décembre 1954, j’ai été affectée le
31 mai 1955 à la Base Aéroportée d’Extrême Orient (BAPEO) qui était la
nouvelle appellation de la Base Aéroportée Sud à compté du 1er
janvier 1955. Au cours du deuxième séjour c’était beaucoup plus calme. Dien
Bien Phu était tombé. Nous étions à 7 kilomètres de Saigon, sur l’aérodrome de
Tan Son Nhut.
Le matin nous faisions du pliage pour l’entraînement et l’après-midi nous
profitions de la mer. Il m’étais arrivée aussi d’aller sur les zones de
largage pour récupérer des parachutes.
Salle de
pliage à Tan Son Nhut.
(crédit
photo : GUICHARD)
Il est à noter qu’en Indochine, je portais le
béret rouge sans être breveté. J’avais fait la demande pour me faire
breveter au STUP d’Hanoi. Mon patron de l’époque, si je me souviens c’était
le lieutenant CLOAREC, m’a répondu : « vous êtes venues pour travailler, pas
pour vous faire breveter ! ». Quand j’ai demandé en 1966, on m’a répondu que
j’étais trop vieille (41 ans !). Par contre à Montauban et en Algérie, je
portais le béret noir avec l’insigne du Matériel.
J’ai terminé ce deuxième séjour le 6 avril
1956. Après mon congé de fin de campagne, le 21 mai 1956, j’ai fait un court
séjour à Montauban pour y effectuer un stage de couture, avant d’être
affectée à la 191ème SEP de Philippeville , en Algérie.
11ème Compagnie d’Ouvriers du Service
du Matériel (C.O.S.M.).
Hanoi, la citadelle. Pour la zone nord
de l’Indochine, c’était le lieu unique de réparation des parachutes, utilisés
par la B.A.P.N. (Base Aéroportée Nord). Les réparatrices étaient regroupées au
sein de la 11ème C.OS.M. (Compagnie d’Ouvriers du Service du
Matériel.
En ce qui
concerne l’organisation de l’atelier, c’était un maître tailleur, du nom de
BERGER,
qui en était le patron. L’ensemble des personnels de l’atelier était constitué
de vietnamiens (hommes et femmes) pour la couture et nous les PFAT nous
faisions office de contrôleuses.
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Pour
réparer une voile déchirée, ou trouée, ils mettaient sur la déchirure, une
pièce au dessus, une pièce au dessous, et ils « piquaient ». Quand les trous
étaient petits, ils prenaient le thermo-cutter du dentiste et le passaient
dessus pour éviter que le trou ne s’agrandisse. Les parachutes qui avaient
beaucoup de trous, étaient mis de côté : ils servaient pour le saut
d’opérations.
Pour
réparer les suspentes ils mettaient un morceau de suspente blanche sur une
suspente kaki. La suspente à réparer était coupée à environ vingt centimètres
du bord d’attaque. Un nœud plat et une surliure unissait le morceau de
suspente blanche et celle à réparer. La même opération était réalisée du côté
des élévateurs. Lorsque le parachute était étalé sur la table, il fallait
s’arranger pour que les nœuds ne tombent pas les uns en face des autres, de
façon à éviter les brûlures et les risques d’accrochage. On ne pouvait pas
réparer plus de cinq suspentes par parachute. C’était ainsi avant la mise en
place des normes.
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JO:
Visite G1 |
CROUZIER: Séchage |
Instruction pliage par le
Lieutenant BOULU
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Hall de stockage :
VUITTENEY, MAROZELLI
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Stockage des G1 |
Au cours de
ce premier séjour et dans les deux autres qui ont suivi, en plus de ma
fonction technique, j’occupais le poste de chef de cantonnement que ce soit à
Hanoi ou à Saigon, lorsque les viets nous ont mis dehors. En quelque sorte,
j’étais l’adjudant de compagnie des féminines, dont la moyenne d’âge était
d’environ 23 ans. Je faisait parti des « anciennes », de part mon séjour à la
1ère Armée.
Durant ces
trois séjours, je n’ai été sanctionnée qu’une fois, de quinze jours d’arrêt
par le lieutenant PREFOL. N’ayant pas la fibre réparatrice, je voulais
absolument retourner au service social. J’allais souvent retrouver, en
catimini les « anciennes » de la 1ère Armée, car je connaissais
beaucoup de monde. Et un jour je me suis fait prendre…..
À la
fin du troisième séjour, je suis revenue à Montauban pour une petite année.
JO VUITTENEY :
L’incroyable destin d’une jeune franc-comtoise
1943,
en Franche-Comté, pendant la seconde guerre mondiale. Cette région était en
zone interdite, tout comme une vaste étendue de territoire au nord et à
l’est de la France occupée (grossièrement, nord des départements de la
Somme, de l’Aisne, des Ardennes, Lorraine (en dehors de la Moselle et de
l'Alsace), Franche-Comté (Territoire de Belfort) sauf le Sud du Jura, la
moitié Est de la Haute-Marne, et quelques
communes de la Marne et de la Côte d' Or, ainsi que
le Nord et le Pas-de-Calais).
Ces
régions sont coupées du reste de la France, les personnes ayant fui l’avance
nazie se voient interdire de revenir dans leurs foyers, la plupart de ces
territoires devenus « zones réservées » (notamment les régions de l'Est)
étaient destinés à devenir par la suite des zones de peuplement allemand.
- Les
rues, par la prescription du gouvernement de Vichy, doivent changer de
noms.
-
L'interdiction des postes T.S.F. est proclamée.
- Le
couvre feu, de 21heures à l'aube, est instauré.
-
L’heure
allemande, c’est à dire avancer d’une heure, est imposée.
Georgette
alias Jo, tout juste âgée de
16 ans, aide ceux qui
veulent fuir cette zone a passer en zone libre. Elle suit l’exemple de son
père qui, travaillant aux chemins de fer, est entré dans la résistance.
Celui aussi de sa sœur aînée, qui elle, est infirmière.
Et puis
le jour de ses 20
ans, elle s’ engage dans la
1ère
Armée (Rhin et Danube). C’est par l’intermédiaire du
chauffeur du général de LATTRE de TASSIGNY, qu’avec sa sœur, elles ont pu
s’engager.
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« Je suis
rentrée au service social. Notre mission consistait à visiter les blessés
dans les hôpitaux, à s’occuper d’eux, à servir à boire et à manger aux
militaires dans les foyers. Nous étions stationnées à Strasbourg, place
KLEBER. On suivait l’armée française dans sa progression pour la libération
du pays. Arrivée en Allemagne, j’ai voulu rejoindre ma sœur qui était déjà
partie en Indochine. J’ai été envoyée faire un stage de recyclage à Margival.
Malheureusement, je n’avais pas le diplôme d’état d’infirmière, j’ai donc
été d’office versée dans le Matériel. Comme je voulais, à tout pris,
rejoindre ma sœur, je n’ai rien dit.
À l’époque,
Margival était le centre d’instruction des P.F.A.T. en partance pour
l’Indochine. Bien que j’avais déjà fait mes classes à Montbéliard pour
intégrer l’armée de LATTRE, j’ai dû tout recommencer à zéro. On y apprenait
pas grand chose. C’était surtout un centre de tri. Il y avait, par exemple,
des standardistes, des infirmières, des ambulancières, des maintenancières
etc..
Après Margival, j’ai été envoyée à Montauban. Là-bas, je n’ai
pas fait grand-chose non plus. Je n’aimais pas la couture, ni le pliage. Il
faut dire qu’il n’y avait pas beaucoup de travail, nous étions en
1948
et l’Arsenal se montait.
À cette
époque tous les parachutes étaient encore à Satory. C’est là
que le lieutenant
JUPOND était parti avec
quelques gars, pour mettre des parachutes (offerts par les américains) en
caisse et les expédier par train sur Montauban. A l’arrivée, une équipe
réceptionnait les parachutes qui étaient dans des caisses en contre-plaqué.
C’était des caisses américaines, les fameuses caisses « MUSSY »,
cerclées de fer avec pour systèmes de fermeture des anneaux en ferraille.
Dedans ils mettaient cinq jeux de parachutes américains. Toutes ces caisses
étaient entreposées dans les écuries de la caserne
DOUMERC.
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En ce
temps là, l’Arsenal était un parc d’artillerie. Il y avait encore des
socles, sur lesquels reposaient autrefois, des machines outils de type
tours, fraiseuses etc.. les personnels en place, qui n’étaient pas brevetés
paras, avaient pour mission de détruire ces socles à coup de masse, pour
libérer de la place dans les bâtiments. Pendant ce temps, à la menuiserie de
l’Arsenal, qui se trouvait à gauche en entrant, les personnels débitaient du
bois pour fabriquer des étagères. Les bâtiments étaient dans un état
déplorable. Ils étaient remis en état, pour pouvoir travailler de façon
correcte. Le militaire se transformait alors en maçon , en couvreur, en
charpentier etc..
À DOUMERC,
il y avait deux tables de visite. Une sous le porche dans le grand bâtiment
tout en longueur et une dans celui d’à côté. Tous les parachutes qui
sortaient des caisses étaient visités et au fur et à mesure, ils étaient
envoyés à l’Arsenal, où ils étaient stockés sur les étagères, qui venaient
tout juste d’être construites.
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C’était
surtout du parachute américain de type G1. Ils
étaient en rayonne (ancienne soie artificielle) et de couleur pour le
largage des colis. Ils n’avaient que dix sauts en moyenne et de ce fait
faisaient partis de la réforme américaine ! La visite se faisait à deux : je
travaillait avec Suzy GUEGUEN (la future madame
LÉON).
La formation se faisait sur le tas. Il n’y avait aucune norme. On s’assurait
juste que les parachutes n’aient pas été attaqués par les rongeurs.
Bataillon d’Ouvriers du Service du
Matériel (B.O.S.M.)
Puis ce fut le grand départ pour
l’Indochine, destination Hanoi et sa citadelle via Saigon, le point d’entrée
sur le territoire. J’y suis resté six mois, affectée au B.O.S.M. (Bataillon
d’Ouvriers du Service du Matériel). En attendant mon départ pour Hanoi, j’y
ai occupé la fonction de chef de cantonnement.
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Créé le 1er
février I947, par changement de dénomination du 651ème
Bataillon de Réparation du Matériel venant de Villingen
(Allemagne), le 1er Bataillon d'Ouvriers du Service du
Matériel est basé à Saigon en Cochinchine.
Le 1er avril 1951, il devient 1er Bataillon
de Réparation du Matériel (1er BRM). Il est dissous le
31 décembre 1955. |
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Témoignage de l’Adjudant-Chef
Georges ARBRE
«Je
suis parti en Indochine, le
16 septembre 1952 et fus affecté à la
compagnie des services de la BAPN,
comme chef à la section pliage à
Hanoi (Bach
Mai). Il y avait environ 60 plieuses qui avaient suivi un stage à
Montauban.
Voici
quelques noms que je me rappelle:
MME BRIVOT PLIZER |
Mlle
JEGOUX |
Mlle BORTOT |
Mlle LEGUILLOU |
Mlle BOISSON |
Mlle
LEGOLF |
Mlle CHAVANELLE |
Mlle
MAROT (surveillante) |
Mlle CHIROTO |
Mlle
MORANO |
Mlle CONTENET
(surveillante) |
Mlle
NAVARO |
Mlle DAGORNE |
Mlle
MULOT |
Mlle DEVAUJANI |
Mlle POUECH |
Mlle
GENDRE |
Mlle
PONELLE |
Mlle
GUICHARD |
Mlle
RORIC |
Mlle
GUILLOUZEL |
Mlle
STRAUCHE (surveillante) |
Mlle
GUYOMARCHE |
Mlle
VAGNOLI |
Mlle
GOULLIARD |
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Mlle
HIERLE |
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Pour les derniers
jours de Dien Bien Phu, les plieuses devinrent
couturières, et adaptèrent, sur les parachutes à matériel, des retardateurs
PP100 pour la CLA de
Gialam.
À chaque
opération, un sous-officier et un parachutiste de la SEP sautaient avec le
bataillon pour la récupération des parachutes. Il y avait environ 20 hommes
pour la salle de séchage, 15 pour la mise en sac des parachutes et une dizaine
pour la manutention.
Pliage d'un parachute dorsal, suspentes d'abord.
Plieuse de gauche: madame
LACROUS
La surveillante: mademoiselle ALBERGE
Chef-major ARBRE
A droite : madame DELBEC.
Le
17 juillet, j’ai sauté avec le
1er BEP
à Ky Lua Son
où nous avons récupéré les parachutes. Le lendemain matin, le
commandant du BEP a reçu l’ordre de détruire les parachutes. Ils furent tous
brûlés, faute de moyen de transport.
Après
Dien Bien Phu, nous fûmes transférés à
Tourane, devenu
Da-Nang
maintenant.. »
Retour guerre d'Indochine