le delta du mekong cochinchine

Delta du Mékong….(Cochinchine)

 

Nous sommes fin Décembre 1948, dans la zone sud de la

Cochinchine, le 2ème Bataillon de Marche d’Extrême Orient est stationné à SocTrang.

Ce Bataillon, fort d’une poignée de français et de près de 400 partisans Annamites et Cambodgiens, est commandé par le Capitaine Joseph Cardonne, un vrai chef de guerre et, par son adjoint, le Lieutenant Jean-Adrien Guillaume.

Depuis plusieurs mois, le Capitaine donne du fil à retordre aux armées Vietminh qui opèrent dans la région. Ses hommes sont, la plupart du temps, vêtus de la tenue Vietminh, chemise et pantalon noirs, ce qui leur permet de surprendre l’ennemi de façon plus efficace.

La tête du Capitaine est même mise à prix par Ton Duc Than, Chef des armées Vietminh du sud, celui qui deviendra  Président du Vietnam à la mort d’Ho Chi Minh..

Les embuscades se multiplient, de part et d’autres, surtout pendant cette période de fin d’année où, les armées Vietminh tentent de s’approprier le maximum de nourriture pour leurs troupes. Cette région du Delta est considérée en effet, comme le grenier à riz de toute l’Indochine.

Le 2ème B.M.E.O.  a une mission opérationnelle en tant de Bataillon d’Infanterie et, une mission territoriale en tant que responsable de sous-secteur.

De nombreux postes de surveillance, ainsi que des tours de guet, ordonnés par le Général de la Tour du Moulin, sont disséminés un peu partout, afin de repérer le passage des troupes Viets.

D’autre part, cette région qui est le passage privilégié des troupes Vietminh qui reviennent de s’entraîner au Siam, et qui remontent vers le Nord, équipées de matériel moderne Chinois, Russe voire Américain.

Chaque fin   d’année,        les   Viets       déclenchent une  embuscade  de grande envergure et, cette fin d’année 1948 ne fait pas exception.. 

Toutes les Unités de l’armée française sont en alerte rouge… le 2ème B.M.E.O. subit alors, le 31 décembre, une violente attaque à proximité de SocTrang/DaiNgai…. les assaillants sont apparemment très nombreux , le 2ème B.M.E.O. se défend vaillamment causant des pertes importantes chez l’ennemi.

Le Bataillon perd trois de ses soldats français, le Capitaine

Cardonne (Commandant     le     Bataillon)     blessé      très

gravement, le Lieutenant Guillaume (adjoint au Cdt) et un  Caporal-Chef sont tués ainsi, qu’une trentaine de partisans         Annamites     et    Cambodgiens.      Malgré   les tentatives les plus rapides d’évacuation vers Saïgon, le Capitaine Cardonne décédera le lendemain de son arrivée à l’hôpital militaire.

 

Affecté  au 2ème B.M.E.O. le 25 décembre 1948, je quitte SaïGon le 26 décembre pour n’arriver à CanTho que le 28 décembre. Devant l’impossibilité de rejoindre Soctrang par les pistes (ville encerclée par les troupes Vietminh), je m’embarque sur une vedette blindée de la Marine Française de CanTho, (Flotille Amphibie Indochine-Sud) afin de rejoindre SocTrang par les voies fluviales secondaires.

Ce trajet de 70 kms environ, je l’effectue sur cette vedette, durant deux jours et trois nuits…

 (voir mon récit « Aventure Indochinoise »..)

Pendant ce temps, la bataille fait rage dans toute la région et plus particulièrement  dans la région de SocTrang…

Je n’arrive finalement que le 3 janvier 1949 à SocTrang où, normalement, j’aurais dû être impliqué dans cette embuscade, aux côtés de mes chefs…

Par la suite, les embuscades se multiplient et, nous  continuons mes quelques camarades rescapés et moi, d’opérer selon les méthodes de notre défunt Capitaine Cardonne…

Mes camarades portent comme moi des noms d’emprunt, Bouboule, Guitare, Lafrite, Berbère etc…le mien est Max, mon nom de la Résistance… sauf le Sergent Berger qui lui, a conservé son vrai nom…

Par la suite, nous subissons encore d’autres pertes mais, en causons également d’énormes à l’ennemi.

Cette aventure se prolongera pour moi jusqu’en Juillet 1949, date à laquelle je suis rapatrié en France, laissant sur place, une dizaine de français dont le Lieutenant Jean Plantier nouveau Commandant du 2ème BMEO..

Ce Bataillon pratiquement « usé » est ensuite dissous et transformé, en 1950, en Bataillon Vietnamien..

A noter qu’en tant qu’engagé volontaire pour la durée de la guerre (Châteauroux-Octobre 1941) j’ai combattu à Soctrang alors que je n’étais déjà plus sous contrat militaire depuis  Août 1948. En addition à mes fonctions à Soctrang, j’ai occupé le poste d’agent de liaison entre SocTrang et CanTho de Mars à Juillet 1949, date de mon départ… 

D’après un courrier reçu du Lt Plantier, mon remplaçant

(agent de liaison) a été tué, sur la piste de Phung Hiep (entre SocTrang et CanTho), par les volontaires de la mort d’Ho Chi Minh, seulement trois semaines après mon départ de SocTrang….

 

Récit complété le 16 Juillet 2013,

Par Henri Darré.

 

 Ce récit est dédié à Roselyne Lauwick, petite fille du Lieutenant Jean-Adrien Guillaume, Cdt en second du 2ème B.M.E.O.

 

 

 

 Caporal Henri Darré – 2ème B.M.E.O. à SocTrang ,  portant le béret de la 2ème Division Blindée Leclerc.

 

 

Capitaine    Joseph    Cardonne,    Commandant    le    2ème

B.M.E.O. à SocTrang.

 

 

 

 Lieutenant Jean-Adrien Guillaume, 2ème B.M.E.O., adjoint au Capitaine Cardonne.

Retour guerre d'Indochine