Bataille de Nghia Lo
La première bataille de Nghia Lo est l'un des épisodes marquants de la guerre
d'Indochine où s'affrontent, en octobre 1951 au nord Tonkin, les forces du Viet
Minh et celles du général de Lattre.
Situation
Nghia Lo, bourgade de 30 000 habitants, est un poste situé à 150 km au
nord-ouest d’Hanoi, entre la rivière Rouge et la rivière Noire, dans une cuvette
de 4 km par 10 km de côtés. La ville, qui est entourée de montagnes dont les
sommets s’élèvent à 1 500 m, est traversée par la RC13 et comprend un terrain
d’aviation.
La défense du poste est assurée par le 1er bataillon Thaï du commandant
Girardin, qui compte environ 1 000 hommes répartis sur l’ensemble de la région
dans différents postes fortifiés :
• poste bas à proximité du bourg,
• poste haut, placé sur un piton dominant la cuvette, près de la ville de Nghia
Lo,
• poste de Son Buc au sud-est,
• postes de partisans au nord et à l’est « formant sonnette ».
La bataille de Nghia Lo
Circonstances
Les combats de Nghia Lo s’inscrivent dans le cadre de la bataille du Tonkin de
1951 et en constituent le quatrième volet après Vĩnh Yên (janvier 1951), Mao Khê
(mars-avril 1951) et le Day (mai-juin 1951).
Pour le général Giap, la conquête de Nghia Lo doit être la première étape de la
campagne du nord-ouest de l'Indochine, appelée « Ly Thuong Kiet » en hommage à
un général vietnamien du XIVe siècle.
Le général Salan, qui remplace de Lattre absent d'Indochine, assure le
commandement de l’ensemble de l’opération et décide de défendre la cuvette et
ses réserves de riz, indispensables au ravitaillement de l'armée du Viet Minh.
Chronologie des événements
• 28 septembre
Accrochage dans la région de Khau Vac à 10 km au nord de Nghia Lo. Le poste de
Sai Luong, au nord-est, est replié sur la cuvette.
• 30 septembre
Les deux régiments TD 141 et TD 209 sont signalés, au nord-est de Nam Muoi, se
dirigeant vers la cuvette de Nghia Lo. A l’est, le TD 141 atteint le poste de Ca
Vinh qui se replie à son tour.
• 1er octobre
Le poste de Ban Tu, à 5 km au nord, est pris par le Viet Minh.
• 2 octobre
Le 8e BPC est largué en deux vagues sur Gia Hoi (opération «Rémy»), à 20 km au
nord-ouest de Nghia Lo. Son objectif est de soutenir Gia Hoi et de harceler les
arrières de l'ennemi afin de soulager le dispositif de défense de la cuvette.
Le jour même, le bataillon occupe le col de Ban Van. L’intervention des
parachutistes précipite l’attaque sur Nghia Lo et détourne le régiment 209 de
l’attaque principale.
• 3 octobre
A 4 heures du matin, le régiment 141 attaque Nghia Lo bas. Le chef de bataillon
Girardin est tué mais le poste tient. L’assaut cesse vers 7h30.
A 7 heures du matin le poste de Son Buc est attaqué à son tour par le TD 165.
Aidé par l’aviation il finit par repousser les assauts le lendemain à 4 heures.
A 8h30 la 16e compagnie du 8e BPC est accrochée et doit se replier.
• 4 octobre
Le 2e BEP du capitaine Raffalli est à son tour parachuté sur Gia Hoi (opération
«Thérèse»). Il forme alors avec le 8e BPC le groupement aéroporté du nord-ouest
aux ordres du colonel de Rocquigny.
Trois compagnies du 2e BEP se regroupent au soir sur la cote 405 au sud du col
de Ban Van.
• 5 octobre
Nouvelle attaque sur Nghia Lo bas à 4 heure du matin. L’assaillant est repoussé
au bout de 3 heures de combats.
Le 2e BEP rejoint Bac Co à 6 km au sud de Gia Hoi.
• 6 octobre
Tandis que le 8e BPC marche vers Tan Kouen, le 2e BEP se porte sur Bo Sieng où
il affronte violemment l’ennemi avant de prendre le contrôle des hauteurs qui
dominent la piste de ravitaillement Viet Minh qui relie Khau Vac – Nghia Lo.
La 16e compagnie du 8e BPC tente une jonction avec le 2e BEP mais est violemment
attaquée à 18 heures alors qu’elle atteint Tan Kouen. Le capitaine Gautier, chef
de corps du bataillon, est grièvement blessé. Encerclée, la 16e compagnie doit
sacrifier la section Truchot afin de permettre son repli par un ravin et suivre
le cours de la rivière Nam Min.
A son tour, le 10e BPCP est parachuté en renfort sur le poste de Nghia Lo
(opération «Bruno»)
• 7 octobre
A minuit, 1h30 puis 3h30 du matin la compagnie Louis-Calixte subit trois
attaques successives. A 4 heures elle se replie et rejoint le bataillon qui
décroche à son tour en direction de Tan Kouen où il espère trouver le soutien du
8e BPC.
Le 8e para n’étant pas au rendez-vous, Raffali décide alors de remonter au nord
par les crêtes. Lors de sa progression le 2e BEP est à nouveau attaqué et
parvient à se dégager grâce au soutien de l’aviation.
• 8 octobre
Son Buc est attaqué pendant 3 heures dans la nuit du 8 au 9.
Le 2e BEP rejoint le 8e BPC au niveau de la cote 405.
• 10 octobre
La division 312 se retire.
Le capitaite médecin Chataigneau, du 2ème BEP
gravement blessé lors des combats de Nghia-LO, est brancardé par des
légionnaires (armés de fusils à crosse pliantes MAS 36 CR 39) vers le poste de
Gia-Hoi pour son évacuation sanitaire.
Source ECPAD
Au cours des combats de Nghia-Lo, un
légionnaire (d'origine hongroise) de 1re classe de 2e BEP surveille un piton
derrière sa mitrailleuse Browning M 1919 A4 de calibre 30 (7,62mm). C'est là que
se trouvait le poste de commandement de la division 312 (Daî Doan 312) du
Viêt-minh, au plus fort de l'affrontement. Source ECPAD
Les forces en présence
Forces françaises
Garnison de Nghia Lo :
• Bataillon Thai n°1
Il s’agit d’un bataillon d’infanterie coloniale constitué de quatre compagnies,
soit 600 tirailleurs, renforcé de cinq compagnies légères de supplétifs. Au
total, 1 000 hommes hommes et 18 officiers dont 150 français appuyés par 2
canons de 75.
Encadrement : chef de bataillon Girardin, capitaines Boileau, Cornu et Bes de
Berc.
• 10e BPCP parachuté le 6 octobre :
o Cdt du bataillon, Cdt Weil
o 1re compagnie Lt Compain
o 2e compagnie Cap d’Harcourt
o 3e compagnie Cne Vernet
o CCB Lt Goria
o
GAP nord-ouest
Lors de la bataille, le général Salan, va faire parachuter le groupement
aéroporté du nord-ouest aux ordres du lieutenant-colonel de Rocquigny. Le GAP
comprend :
• L'antenne chirurgicale n°1 (ACP n°1) du médecin-Lieutenant Fourès
• Le 8e BPC du capitaine Gauthier, adjoint capitaine Le Borgne, qui comprend 573
hommes dont 20 officiers,
o CCS lieutenant Allard,
o 15e compagnie, lieutenant Dumil de Benaze,
o 16e compagnie, lieutenant Guégouen,
o 8e CIP, lieutenant Rioual.
• Le 2e BEP du capitaine Raffalli
o CCB, lieutenant Longeret,
o 2e CIPLE, capitaine Hélie de Saint Marc,
o 3e compagnie, lieutenant Lemaire,
o 4e compagnie, lieutenant Louis-Calixte.
o
Forces Việt Minh
Les forces du Viet Minh sont principalement constituées par la division de
montagne 312 du colonel Le Trong Tan qui comprend alors les trois TD 209, 141 et
165. Les forces engagées dans la batailles sont de 12 000 Bo dois, 3 000
coolies, 30 canons de 75, 80 mortiers et 200 bazookas.
Le bilan
Les conséquences
Pour le général Giap c'est une défaite. Contraint de retirer sa division 302 il
ne peut poursuivre sa campagne du nord-ouest.
D’un point de vue tactique, l'utilisation de parachutistes, appuyés par
l'aviation, sur les arrières de l’ennemi est devenu un modèle du genre.
Pertes françaises
D'après Salan elles sont de :
• 36 morts
• 96 blessés
• 163 disparus
Les pertes du 2e BEP sont de 7 tués, dont le lieutenant Lecoeur, 27 blessés et
19 disparus.
Pertes
D'après Salan et Pierre Montagnon elles sont de
• 1 000 morts
• 2 500 blessés
Pour Erwan Bergot les pertes seraient de 4 000 morts et 1 300 prisonniers.
Lexique
• ACP : antenne chirurgicale parachutiste.
• BEP : bataillon étranger de parachutistes, ancêtre des REP.
• BPC : bataillon de parachutistes coloniaux, ancêtre des RPIMa.
• BPCP : bataillon parachutiste de chasseurs à pied.
• CCB : compagnie de commandement de base
• CCS : compagnie de commandement et de soutien.
• CIP : compagnie indochinoise parachutiste.
• CIPLE : compagnie indochinoise parachutiste de la légion étrangère.
• GAP : groupement aéroporté.
• TD : Trung Doï, régiment Viet Minh, constitués de 4 bataillons.
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