Janvier 1945

 

1 janvier 1945. Eisenhower ordonne d'accélérer le repli des troupes alliées en Alsace. De Gaulle lui fait immédiatement part de son désaccord: "Le gouvernement français ne peut laisser tomber Strasbourg aux mains de l'ennemi".
Développement de l'offensive "Nordwind"". La 1re division française libre relève la 2e DB en Alsace. Son dispositif de défense apparaît d'entrée comme particulièrement fragile.

1er janvier 1945. Hitler déclenche l'opération Vent du Nord. Celle-ci consiste en une offensive nocturne contre les positions alliées sur un front de 75 Km, entre Sarrebrück et Strasbourg. Celle-ci est conduite par la Ière armée du général Hans Von Obstelfeder et a pour but d'exploiter la faiblesse du VIe groupe d'armées américain causée par le repli de certaines de ses forces dans les Ardennes, plus au nord. Strasbourg est de nouveau menacée par les troupes allemandes. 

1er et 2 janvier 1945. Le repli américain a commencé devant la contre-attaque allemande Nordwind. Il doit s'opérer en trois étapes : la ligne Maginot le 2, la Moder le 3, le pied des Vosges le 4 janvier. L'état-major de la VIIe armée américaine a quitté Saverne pour Lunéville. 
Sur le terrain les troupes allemandes bombardent Wissembourg et attaquent vers Wingen-sur-Moder. La 2e division blindée, qui partait vers la Lorraine, a combattu la 17e SS Panzergrenadier division à Gros-Réderching (Moselle). A Strasbourg, on parle d'évacuation d'autant plus que les troupes américaines ont commencé à démonter leurs installations : dès l'après midi du 2, des centaines de civils partent vers les Vosges, notamment la Haute-Bruche. Le général Schwartz et les commandants des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) Marceau (Martial Kibler) et François (Georges Kiefer) refusent l'idée de quitter la ville.

2 janvier 1945. La 1e DFL, après un retour rapide de Jonzac, se trouve en ligne sur quarante kilomètres entre Sélestat et Plobsheim, pour conserver la capitale alsacienne en exécution des ordres du général de Gaulle. Les mesures prises se traduisent sur le terrain par l'extension du secteur de la Division jusqu'à Ostheim, à 12 km. au sud de Sélestat.Du sud au nord, le dispositif est le suivant : 1e Brigade sur l'Ill, tient Sélestat. Ensuite la 2e Brigade prolonge la défense jusqu'à Ebersmunster; un Groupement 8e RCA. avec le 3/13 est installé à Kogenheim où il fait la liaison avec la 4e Brigade que renforce la Brigade Alsace-Lorraine. Cette Brigade occupe le terrain entre l'Ill et le canal latéral du Rhin sur des avant-postes que l'on n'a pas voulu céder à l'ennemi.

DE GAULLE ÉCRIT

Eisenhower n'a encore rédigé la lettre de confirmation aux unités concernées que déjà, De Gaulle, lui, prend la plume pour exprimer son désaccord au commandant en chef US: <<Le gouvernement français, quand à lui, ne peut évidemment laisser tomber Strasbourg aux mais de l'ennemi sans faire tout ce qui lui est possible pour la défendre. >>
De Gaulle donne, le même jour, ordre à de Lattre de défendre Strasbourg avec ses seules forces si l'allié américain se retire. En réalité, de Gaulle comme de Lattre savent que les troupes US sont déjà en train de se replier. De Lattre et la 1re armée française sont également concernés par les directives d'Eisenhower; mais nul, dans le camp français, n'est décidé à suivre le mouvement: moment, rare, d' unanimité franco - française.
D'ailleurs, de Lattre a déjà confié au général Guillaume le soin de défendre coûte que coûte et <<d'y faire>>, si besoin est <<Stalingrad>>.
Désormais , lettres, télégrammes et messages portés vont s' enchevêtrer à tous les niveaux de décision: c'est que l'heure est grave, les nouvelles qui parviennent du nord de l'Alsace sont très préoccupantes.
Et entre le moment où un ordre est donné et celui où il est exécuté, le temps écoulé est fort variable.
Quoi qu'il en soit, après avoir écrit, de Gaulle envoie deux télégrammes: l'un à Roosevelt, l'autre à Churchill. Il exprime son entier désaccord; cela ne va pas favoriser sa participation éventuelle à la conférence de Yalta, main enfin...
Sur le terrain, l'attaque allemande se développe, comme prévu, dans le secteur de Bitche. Les obus allemands s'abattent sur Wissembourg. Plus à l'ouest, la 2e DB bloque la 17e SS Panzergrenadier Divison à Gros - Réderching en Moselle (qui a été abandonné la veille en catastrophe par les Américains).
Plus au sud, la 1re division française libre (DFL) entre en Alsace par le col de Schirmeck; elle vient de relever la 2e DB sur un front de 40 kilomètres, de Plobsheim à Sélestat.
Sur 20 kilomètres, elle doit tenir la rive du Rhin: celui-ci constitue une protection efficace contre les chars mais permet des infiltrations ennemies; d'autant plus que les abords, forêt et marécages, sont difficiles à surveiller.

AUCUN OBSTACLE NATUREL
Ensuite, le front à tenir traverse dans presque toute sa largeur la plaine d'Alsace de Rhinau à Ebersheim, perpendiculairement à l'ILL et au canal de Rhône au Rhin. On peut rêver mieux comme positions défensives. Ajoutons qu'entre Sélestat au sud et Ebersheim, il n'y a aucun obstacle naturel sur lequel s'appuyer.
Surtout, la 1re DFL n'est pas... une division blindée; elle n'en a donc ni la puissance de feu ni la mobilité et la ligne de front qu'il lui faut tenir lui est simplement imposée par les circonstances. C'est là que s'est arrêtée la progression de la 2e DB, tout simplement.
Les considérations strictement tactiques dicteraient un raccourcissement du front de quelques 10 kilomètres mais cela aboutirait à abandonner, sans coup férir, une dizaine de villages alsaciens qui ont accueilli dans la joie les troupes de libération.
De Lattre a donc ordonné de maintenir la ligne de front suivante: Plobsheim - Krafft, Gerstheim, Obenheim, Boofzheim, le long du Rhin, puis Herbsheim et Rossfeld entre le canal et l'ILL, Kogenheim, Ebersmunster et Ebersheim, Sélestat enfin.
Un dispositif dont chacun sait la fragilité.

3 janvier 1945. Le sort de Strasbourg et d'une partie de l'Alsace s'est joué à Versailles : de Gaulle, Juin et surtout Churchill ont réussi à convaincre Eisenhower de ne pas abandonner Strasbourg. Ce dernier a modifié ses ordres et accepté que la Ire armée soit chargée de la défense de la ville, dont le Premier ministre anglais a plaidé la valeur symbolique dans le cœur des Français.
Sur le terrain, les Forces françaises de l'Intérieur (FFI), qui sont un petit millier, appuyées par les gardes mobiles au nord et la brigade Alsace-Lorraine au sud, s'apprêtaient à défendre seuls Strasbourg. Des milliers de civils ont quitté la ville par un froid glacial.
Les autorités préfectorales et militaires, qui préparaient l'évacuation par rail, ont finalement été prévenues dans l'après-midi de la suspension du repli prévu. Par voitures à haut-parleurs, elles ont tenté de rassurer les Strasbourgeois et d'interrompre ce nouvel exode.
La contre-offensive Nordwind avance dans les Vosges du Nord. A Colmar, le journal le Kurier, imprimé au pays de Bade, publie une déclaration du Gauleiter Wagner, assurant : « Le Reich revient ».
13h:TOUT EST POSSIBLE
La poussé par les bords de l'ILL vers Ensisheim, quelques gains péniblement acquis dans la forêt domaniale de Colmar par la 75e division d'infanterie US.
Au pied des Vosges, la progression est plus satisfaisante. Peu avant midi, le 112e régiment d'infanterie US (112e RIUS qui appartient à une division d'élite, la 28e DIUS) descend d'Ammerschwihr ou de ce qu'il en reste, entre dans Turckheim, bloque la vallée de la Fecht, nettoie la petite poche d'Ingersheim. Dans le même mouvement, le Combat Command 4 (5eDB) tient Obermorschihr et atteint Sainte-Croix-en-Plaine.
Mais c'est au sud de la poche de Colmar que les alliés engrangent les meilleurs résultats. Dopé par l'annonce de la prise de Colmar, le 1er corps d'armée commandé par Béthouart remporte partout des succès significatifs. La 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM) atteint Wittelsheim et la sité de la Gare, progresse vers la cité Rossalment et Pulversheim.
Bons résultats également pour le 9e division d'infanterie coloniale (9e DIC): le 23 RIC et un escadron du Combat Command 3 (1re DB) atteignent la route de Wittelsheim à Ensisheim centre. De son coté, le Combat Command 1 (1re DB), parti de la cité Sainte-Barbe n'est plus qu'à deux kilomètres, près de la cité Sainte-Thérèse.
Peu avant 13h, en possession de l'ensemble de ces information, de Lattre pense pouvoir réaliser, aujourd'hui encore, la jonction nord-sud sur un axe Sainte-Croix-en Plaine, Ensisheim. Il envoie, par radio, ses instructions aux commandants d'armée et précise: <<Sitôt cette jonction faite, assurer solidement verrouillage débouchés Vosges et entamer vigoureusement débordement Hart et deuxième jonction sur direction Ensisheim, Neuf-Brisach.>>
Vers 16h, le général Billotte, qui commande la 10e division d'infanterie sur le front des Vosges centrales, annonce un début de décrochage dans son secteur. Désormais, il va falloir essayer de couper la retraite des éléments ennemis situés à l'ouest de l'ILL.
Répondant à l'insistance de général de Lattre, le 1er corps d'armée améliore ses gains de la matinée. A 17h, les troupes françaises bordent la Thur de Wittelsheim à Rossalment. Pulversheim est enlevé de même que la cité.
C'est plus dur devant Ensisheim, à la cité Sainte-Thérèse. Ce n'est qu'aux alentours de 22h que les <<Coloniaux>> de la 9e DIC atteignent l'ILL, mais les Allemands ont fait sauter le pont. et l'ILL est en crue... De leurs côté, les Allemands se préoccupent surtout d'empêcher leurs unités à l'ouest de l'ILL d'être coupées du gros de la poche. Mais s'ils installent aujourd'hui leur PC avancé à Fessenheim, donc à onze kilomètres de Neuf-Brisach, cela signifie qu'ils renoncent aux ponts de Brisach pour acheminer à l'est du Rhin troupes en retraite et matériel. Ce sera donc Chalampé.

Le nord oublié
Qui, à l'annonce, hier, de la libération de Colmar, a pensé un seul instant au front du nord de l'Alsace ? à Haguenau dont les quartiers nord sont toujours aux mains des Allemands ? Pourtant la guerre continue dans cette partie de l'Alsace où, à part la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du général Guillaume, tout l'effort de reconquête est pris en charge par des unités US.
Il faut liquider définitivement la poche de Gambsheim: combats acharnés à Oberhoffen à dix kilomètres au sud-est de Haguenau. Demain, l'on tentera de prendre Herrlisheim et Rohwiller.
De leur côté, les parachutistes de la 101e Airborne Division fêtent la réussite de leur opération <<Oscar>>: un raid en direction de Neubourg et de Schweighouse. En quelques heures, les parachutistes de MacAuliffe font trente-sept prisonniers dont deux officiers, infligent des pertes sévères à l'ennemi<<plus que toute la VIIe armée US n'en fera en deux mois!>>.Mais au prix de sept morts, six disparus, vingt et un blessés.

4 janvier 1945 : Début de l'avance du groupement d'attaque "Alsace", de Wissembourg sur Hatten et Rittershoffen. Le 3, les Américains s'étaient dérobés et avaient évité le contact.
<<Le groupement d'attaque "Alsace" était constitué du 39ème corps d'armée avec :
245ème " Volksgrenadier-Division " 
25ème " Panzergrenadier-Division " 
21ème " Panzer-Division " 
7ème " Fallschirmjäger-Division " >>

5 janvier 1945. Alors que 39e corps allemand avance vers le sud, la 553e Volksgrenadier-Division traverse le Rhin, près de Rhinau, et s’arrête de l'autre côté du fleuve pour former une tête de pont, vers Drusenheim et Gambsheim.

5 janvier 1945. Libération d'Herrlisheim. Herrlisheim connu des moments sanglants pendant trois jours et trois nuits.

5 janvier 1945. Trois escadrons du 4ème régiment de la Garde reçoivent pour mission particulière de contenir une poussée allemande menaçant par l'axe nord la ville de Strasbourg. Ces unités, conduites par le capitaine Riehl, progressent, en longeant la voie ferrée, jusqu'au village de Kilstett malgré la pression exercée par 1600 soldats allemands. Cette opération se déroule sous le feu de l'artillerie ennemie. En deux heures, les pertes des escadrons s'élèvent à quatre tués, le lieutenant Cambours et les gardes Bardin, Kemberg et Lannoy, et près d'une quinzaine de blessés.
Malgré la puissance de feu de l'adversaire, les gardes poursuivent leur effort en direction des lisières de Bettenhoffen brisant l'élan des troupes allemandes. En fin d'après-midi les gardes se replient sur Kilstett et y installent un dispositif défensif pour rejeter une attaque attendue dans la nuit. Toutefois, les allemands renoncent finalement à leur projet, et à l'aube c'est une compagnie américaine qui pénètre dans le village. Les sacrifices consentis par les escadrons du 4ème régiment de la garde ont sauvé Strasbourg d'un retour de l'occupant. Honorant la gendarmerie, leur action perpétue les traditions combattantes de l'Institution et offre à tous les personnels un exemple des plus vertus les plus élevées. 
Bien connu des escadrons de gendarmerie mobile du groupement de Strasbourg, et plus largement ceux de la 7ème Légion de gendarmerie mobile, ce fait d'arme témoigne de l'engagement des unités de gardes républicains mobiles lors des combats de la Libération.

La tête de pont allemande près de Gambsheim s'est renforcée : la 553e VolksGrenadier-Division (VGD) a passé le Rhin est occupe des positions entre Kilstett et Drusenheim. Une contre-attaque de la Task Force Linden américaine, appuyée par des Forces françaises de l'Intérieur (FFI), tentant de rejeter les Allemands outre-Rhin, a échoué. En revanche, l'infanterie américaine a repris Philippsbourg.
L'ordre du jour de Himmler, qui commande le groupe d'armées Oberrhein en pays de Bade, a fixé l'objectif que, dans « quelques jours (...) le drapeau à la croix gammée flotte de nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ». L'inquiétude est grande dans la capitale alsacienne, où les autorités civiles et militaires tentent de rassurer la population. Le général Touzet du Vigier, nommé gouverneur militaire de Strasbourg et commandant de la 10e région militaire, est arrivé à son poste.
Dans les DNA (dernières nouvelles d'Alsace), un éditorial non-signé, titré « Protester », rappelle les protestations de Vichy, dès 1940, contre l'annexion de fait de l'Alsace-Moselle, mais note que « protester est vain quand on ne peut appuyer sa protestation par la force ».

7 janvier 1945. La 25e Panzergrenadier-Division et la 245e Volkgsgrenadier-Division attaquent Stundwiller et sont ainsi à 4 kilomètres de Hatten.

7 janvier 1945. Il neige. Les premiers Allemands entrent à Hatten. Le 8 janvier, on passe à des affrontements plus intenses. L'artillerie entre en jeu. Des chars allemands progressent vers Hatten, puis Rittershoffen. Les combats s'intensifient et la population se terre dans les caves. La bataille commence.
Un déluge de feu et de fer va s'abattre sur les deux localités où le front bouge sans cesse au gré des attaques et des contre-attaques. Des scènes d'horreur se déroulent lors des combats d'étage à étage, de maison à maison, mais aussi dans les caves où s'entassent jusqu'à vingt enfants, femmes et vieillards.

7 janvier 1945. L'attaque allemande se déclenche, Deux colonnes solidement étoffées en chars (Brigade Feldhernhalle) foncent vers le nord parallèlement au Rhin. La 4e Brigade (de la 13e Demie Brigade de Légion Étrangère)subit le choc, arrête in extremis (BM 21 et Brigade A.L.) les chars de pointe allemands sur l'Ill. Les centres de résistance d'Obenheim Boofzheim (BM 24) et de Rossfeld Herbsheim (BIMP) résistent durant trois jours aux assauts allemands. Le BM 24 finit par être submergé malgré les contre-attaques de la 1e Brigade (BM 11, 8e RCA., 1e RFM).
Le BIMP, un moment renforcé par des éléments des FTA et du 22e BMNA, doit être relevé. Une opération exécutée avec des blindés du Groupement Mozat de la 5 DB du 8e RCA et du 1e RFM, et les parachutistes du 1e RCP, permettent de faire relever le BIMP par le 1/13. Mais le 11, la chute d'Obenheim rend inutile le maintien de ce bataillon de Légion en avant de la ligne de résistance de l'Ill. Il exécute donc son repli dans la nuit du 10 au 12.

7 janvier 1945. Les troupes allemandes ont attaqué les positions de la ligne Maginot qu'occupent les Américains dans le secteur d'Aschbach, Stundwiller et Ingolsheim. En revanche, elles ont abandonné Wingen-sur-Moder, que récupèrent les Américains.
La contre-offensive Nordwind a dorénavant évolué. Outre l'attaque au nord et l'installation de la tête de pont à Gambsheim, qui résiste aux Alliés et inquiète Strasbourg, une troisième offensive allemande est partie de la poche de Colmar.
La XIXe armée a en effet attaqué vers le Nord en direction d'Erstein. Cette opération baptisée Sonnenwende (solstice), animée par la 198e division d'infanterie, épaulée par la 106e brigade de Panzer, est très préoccupante pour Strasbourg, protégée au sud par des éléments de la 1ere division française libre. Le bataillon de marche 21 défend notamment avec succès le pont de Krafft.
Le général de Lattre de Tassigny a fait afficher à Strasbourg un message à la population lui annonçant que la Iere armée « a désormais la mission de défendre la cité, chère entre toutes à nos âmes de soldats ».

8 janvier 1945. Les deux divisions blindées allemandes (21e Panzergrenadier-Division et 25e PGD) prévues pour l'opération Nordwind, et qu'avaient jusqu'ici retenues les ordres de Hitler, sont désormais entrées sur le champ de bataille. Leurs premiers groupes d'assaut, franchissant la ligne Maginot, se dirigent vers Hatten, Rittershoffen et Hohwiller.
La tête de pont allemande de Gambsheim a essuyé une nouvelle contre-attaque de la 12e division blindée américaine via Bischwiller et Rohrwiller, mais l'a repoussée par un barrage d'artillerie.
Au sud de Strasbourg, l'attaque de la XIXe armée allemande venue de la poche de Colmar se concentre sur Obenheim, où se sont regroupés les maigres moyens de défense de la 1ere division française libre -notamment le bataillon de marche 24- et la brigade Alsace-Lorraine.

9 janvier 1945. Le 1er bataillon du 315e régiment d'infanterie américain est bloqué à Hatten, en raison de l'avance de la 21e Panzer-Division.

9 janvier 1945. Deux batailles importantes ont commencé à Hatten-Rittershoffen, où sont arrivées les deux PanzerDivision prévues pour l'opération Nordwind (25e et 21e), et à Herrlisheim, dans la tête de pont de Gambsheim. Américains et Allemands s'y affrontent dans des combats qui affectent durement la population civile, terrée dans les caves.
Au sud de Strasbourg, Obenheim, où étaient encerclés le bataillon de marche 24 et plusieurs commandos de la Brigade Alsace-Lorraine, a été attaqué. Les hommes de la Brigade se sont dégagés vers Plobsheim. Désormais, les troupes allemandes ont repris une bonne partie du triangle entre le Rhin et l'Ill, de Sélestat à Erstein, à l'exception notable d'Obenheim.

10 janvier 1945. Les hommes de la 1e DFL arrêtent de justesse les chars allemands à 25 km au sud de Strasbourg. La lutte est acharnée dans tout le secteur. Le BM 24 est encerclé et anéanti, le 11, dans le village d'Obenheim.

10 janvier 1945. Les combats ont été rudes dans la région de Hatten et Rittershoffen. Les Allemands ont fait évacuer quelques heures le village d'Obersteinbach. Une contre-attaque allemande vers Zinswiller a été bloquée par l'infanterie américaine.
Au nord de Strasbourg, les blindés américains de la 12e division blindée ont attaqué à Herrlisheim en appui de leur infanterie, mais se sont repliés en soirée après de lourdes pertes.
Au sud de Strasbourg, le bataillon de marche 24 a été entièrement laminé à Obenheim, tandis que le bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique a pu être relayé à Rossfeld et Herbsheim et rejoindre Benfeld.
Les Dernières Nouvelles d'Alsace, qui paraissent toujours sur une simple page recto-verso, ont publié un reportage sur le camp du Struthof et les premiers chiffres des malgré-nous, dont le nombre est alors estimé à 150 000.

11 janvier 1945. Les 25e Panzergrenadier-Division et 21e Panzer-Division continuent leurs attaques sur Hatten et Rittershoffen, et occupent les deux tiers de Rittershoffen.

11 janvier 1945. A peine la 1ère DFL est-elle installée sur ses nouvelles positions au sud de Strasbourg que le commandement allemand déclenche l’ opération Sonnenwende en vue de reprendre la capitale alsacienne par le Sud. Elle est conduite par la 198ème DI allemande renforcée par la brigade blindée « Feldernhale », équipée de cinquante chars lourds Tigre et Jagdpanther, qui attaque en tête appuyée par les 305ème et 308ème régiment de Panzergrenadier équipés pour le combat dans le froid et le neige. Elle arrive devant Osthouse tenu par le BM 21 (Cne Oursel) qui défend le pont de l’ Ill, et pousse sur Erstein (15 kilomètres de Strasbourg) dont le pont est détruit. Il en est de même à Kraft dont le BM 21 fait sauter le pont. A Roosfeld et à Herbsheim, les positions tenues par le BIMP (Cne Magendie) sont menacées. Par contre le BM 24 (Cba Coffinier) qui occupe Obenhein, à 7 kilomètres à l’ Est, entre le canal et le Rhin, est encerclé. Toutes les tentatives effectuées les 8 et 9 avec tous les moyens disponibles de le division et le renfort d’ éléments de la 1ère DB en vue de le dégager échouent, le BM 11 (Cne Brisbarre), le BM 5 (Cne Hautefeuille) et le 22ème BMNA (Cba Bertrand) éprouvant des pertes sérieuses et le premier est même menacé à son tour d’ encerclement. Mais les ordres sont formels : pas question de le replier à l’ Ouest de l’ Ill (il est une des clés du dispositif). Attaqué en force par l’ adversaire, il va succomber dans la matinée du 11 vers 11h 00 après deux jours de durs combats. A l’ aube, le lieutenant Vilain, l’ aspirant Cailliau et le caporal Uginet sont les seuls à rejoindre Osthouse sur les 772 gradés et marsouins que comptait le bataillon. Cinq sous-officiers et soldats seront camouflés par les habitants et ne rejoindront les nôtres que le 31 après la seconde libération du village. Les autres sont tués, blessés ou prisonniers. Leur héroïque résistance a toutefois permis de stopper le contre-attaque allemande mais elle a coûté à la division : 99 tués dont 40 officiers, 588 blessés, 400 hommes évacués pour pieds gelés, 50 disparus et 600 prisonniers.

12 janvier 1945. Pluie d'obus sur Wintzenheim
Le 12 janvier, après une matinée relativement calme, l'artillerie s'était manifestée plus bruyamment vers le soir. Quelques temps après la tombée de la nuit, à partir de 18h30, plusieurs obus de gros calibre s'abattirent sur la localité. Un obus toucha la maison du Dr Kretz située dans la rue Principale (actuel 47 rue Clemenceau), un autre éclata devant les immeubles Gaudel et Gspann et les endommagea, deux autres projectiles tombèrent dans l'actuelle rue de la Victoire, qui, à l'époque avait été dénommée "Wolfsgasse" et n'était qu'un cul-de-sac avec deux ruelles perpendiculaires au fond, également en impasse. Ces obus provoquèrent un incendie qui se propagea avec une extrême rapidité car le quartier était un seul pâté de maisons très anciennes où le bois constituait un aliment de choix pour le feu. Celui-ci gagna bientôt les immeubles Aloyse Muller, Louis Dietrich, la grange et l'écurie de M. A. Muller, la maison Jules Schuller, où avait habité la famille Joseph Jung, et les maisons des familles Albert Bernhart, veuve Kling et André Zibolt.
Faisant fi du danger, les pompiers, sous le commandement de M. Kleim, se mirent aussitôt à combattre le feu. Des civils et des militaires se joignirent à eux. Malheureusement, ils ne disposaient que d'une modeste pompe à main alimentée par la fontaine publique. Les tuyauteries gelèrent très vite, car neige et froid glacial sévissaient (-18°). Afin de poursuivre le combat contre le feu, une chaîne de solidarité humaine se mit en place, qui se passait les seaux d'eau de main à main. On y vit des femmes, dont les vêtements aussi étaient gelés par l'eau, et qui pourtant continuèrent stoïquement à aider. 

Un quart d'heure à peine s'était écoulé depuis le début de l'opération de sauvetage quand un nouvel obus éclata au milieu des pompiers, des militaires et des civils. Ce fut alors un véritable carnage : cinq pompiers, quatre civils et une dizaine de soldats furent tués sur le coup, un pompier et deux autres civils devaient succomber à leurs graves blessures dans les jours qui suivirent. Cinq autres habitants furent grièvement blessés, dont deux restèrent infirmes.

Voici la liste des tués de cette terrible nuit d'épouvante. Pompiers : Zehler Émile, Joerg Frédéric, Meyer Eugène, Parmentier Paul et Jung Joseph. Civils : Schuller Jules et son fils Pierre (14 ans), Zibolt Eugène, Riedinger Paul. Le lendemain matin, les habitants se recueillirent devant les dépouilles alignées dans la cour du presbytère. Plusieurs blessés avaient été évacués sur Colmar où de nouveaux décès furent à déplorer dans les jours qui suivirent : Bernhart Albert, le pompier Muller Joseph, et Mlle Blauler Marie. Avaient également été blessés : Mme Kling et sa fille Antoinette, Mlle Roth Mariette, Braun Joseph qui devint aveugle et Mlle Zibolt Lucie qui fut amputée d'un pied.

Un grand calme succéda à l'éclatement de l'obus meurtrier, l'épouvante avait saisi les survivants. Les pompiers interrompirent leur combat contre les flammes et pendant quelques minutes on n'entendit plus que le crépitement de l'incendie, le lointain roulement de la canonnade et les gémissements étouffés des blessés. Lorsque les sauveteurs se ressaisirent enfin, le froid avait fait geler l'eau dans les tuyaux et les pompiers durent capituler. Certains y voient la main de la providence car vers 22 heures, un autre obus éclata au milieu du sinistre. Mais il n'y avait plus personne dans les alentours.

Le lendemain, alors que l'incendie continuait, d'autres projectiles tombèrent encore dans le même quartier et en divers endroits de la cité. Et le cauchemar continua. De ci, de là, les obus semèrent la dévastation, causant d'autres victimes. Le 17 janvier, M. Jamm fut tué et plusieurs autres personnes blessées.

Le 12 Janvier 1945. Le 1er Escadron (du 7e R.A.C.)relève à NORDHOUSE le 3ème R.S.A.R. il passe sous le commandement du commandant MAUCHE, et a pour mission le barrage de la coulée comprise entre l’ILL et la zone boisée Ouest et Sud-Ouest d’HINDlSHElM.

12 janvier 1945. Les 25e Panzergrenadier-Division et 21e Panzer-Division continuent leurs attaques sur Hatten et Rittershoffen, et occupent les deux tiers de Rittershoffen.
A l'appui de violents tirs d'artillerie sur ces deux villages (on pense aux pauvres civils dans les caves !), les Américains essayent de repousser les Allemands hors de Hatten et Rittershoffen

12 janvier 1945. Au nord, la 14e division blindée américaine a repris les trois-quarts de Rittershoffen, mais les combats se poursuivent, ainsi que dans le secteur du Scharzenberg où une compagnie du 275e régiment d'infanterie a été laminée. Une offensive allemande partie du sud de Wissembourg tente de faire la jonction avec la tête de pont de Gambsheim
Au sud de Strasbourg, après une tentative infructueuse des blindés français de joindre Herbsheim dans la nuit, les Alliés ont décroché de cette commune et de Rossfeld à l'aube.

Le 12 janvier 1945. Les batteries US, installées à l'observatoire des Trois-Epis, avaient canonné la cave à bières Molly (Wintzenheim) qui abritait le quartier général allemand du secteur*. Tous les obus ne touchèrent pas leur but, et il y eut une dizaine de morts dans la population civile, parmi les pompiers et secouristes, sans compter plusieurs maisons détruites par les tirs.
Odile Bouvier se souvient : ces caves étaient occupées par beaucoup de gens venant des villages sinistrés tels que Ingersheim, Bennwihr, Mittelwihr, etc, et ce à partir de novembre 1944 jusqu'au début janvier 1945. Là, en une matinée, tout le monde a du déguerpir pour permettre au QG allemand de s'y installer. Il y resta jusqu'au 2 février 1945, jour de la Libération de Wintzenheim.

13 janvier 1945. Le danger semble s'être quelque peu éloigné de Strasbourg. La ligne de défense sud est désormais sur l'Ill. Le général Leclerc écrit au général Garbay, commandant la Iere division française libre, pour le féliciter : « En somme, la 1ere DFL aura probablement sauvé Strasbourg après que la 2e DB l'a prise ».
Pourtant, depuis la tête de pont de Gambsheim, solidement renforcée, s'ébauche une forte attaque vers l'ouest. Des éléments de la 10e division SS de Panzers ont traversé le Rhin.
En Alsace du Nord, l'opération Nordwind se prolonge, mais les Américains semblent désormais contenir l'assaut. A Hatten et Rittershoffen, la situation est bloquée et l'on se bat maison par maison.
Autour de la poche de Colmar, la Iere armée échafaude de nouveaux plans, consciente du risque grave que constitue la présence de la puissante XIXe armée allemande au centre de l'Alsace. De Lattre a demandé des renforts au général Devers.

14 janvier 1945. Sur le front nord de l'Alsace, il y a guère comme unités française que la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du général Guillaume. La majeure partie de ce secteur est tenue par des troupes américaines, qui, tout au long de ces dernières semaines, ont été à la peine.
Ainsi la 14e Armored Divison (blindée US) qui a été durement éprouvée par les combats sanglants de Hatten et de Rittershoffen. Toujours rattaché au VIe corps d'armée US du général Devers, cette unité se refait une santé dans les environ de Wilwisheim, Saessolsheim et Furchhausen (entre Strasbourg et Saverne, important centre arrière US): l'on répare les chars et les véhicules qui en ont bien besoin; de nouvelles recrues viennent remplacer les morts et blessés. Et l'on s'entraîne dur. Un Combat Command participe à la prise d'Oberhoffen.

15 janvier 1945. La ville la plus septentrionale d'Alsace est aussi celle qui connaît depuis quelques semaines le destin le plus tragique: Wissembourg a été occupé une première fois par l'armée du 3e Reich en 1940; elle a été libérée le 16 décembre par les Américains et vient le 4 janvier, d'être à nouveau occupée par les Allemands.
L'on imagine la situation morale et matérielle des habitants de Wissembourg, tant ceux qui se sont enfuis le 3 janvier après le départ précipité des Américains que ceux qui, vaille que vaille, sont testés.

16 janvier 1945. Une partie de la 21e Panzer-Division, totalement épuisée, est remplacée par la Fallschirmjägereinheit (unité parachutiste). Ses combattants, à l'aide de lance-flammes, tentent en vain de repousser les Américains hors de Rittershoffen.

16 janvier 1945.  Les « chasseurs alpins » allemands (6e SS Gebirgs Division) ont réussi à encercler cinq compagnies (500 hommes) du 157e régiment d'infanterie américaine sur les hauteurs au nord-est de Reipertswiller. Les tentatives pour rompre cet encerclement ont pour l'instant échoué. Dans le secteur de Hatten-Rittershoffen, une nouvelle journée de terribles combats n'a guère modifié les positions.
Dans la tête de pont de Gambsheim, deux groupements tactiques de blindés américains ont attaqué vers Offendorf, désormais poste de commandement de la 10e division de Panzers. Mais ils ont été repoussés et ont subi de lourdes pertes. De même, la 3e division d'infanterie algérienne n'a pas réussi à avancer vers Gambsheim.
Le risque est désormais celui d'une jonction entre les forces allemandes au sud de Wissembourg et celles de la tête de pont de Gambsheim. En revanche, le front est stabilisé au sud de Strasbourg sur la ligne de défense de l'Ill.

17 janvier 1945. Une nouvelle tentative des Alliés pour ravitailler et dégager les cinq compagnies du 157e régiment d'infanterie américaine, encerclées au nord-est de Reipertswiller, a échoué. La zone est pilonnée par l'artillerie allemande : Niederbronn-les-Bains, Wildenguth, Rothbach, Zinswiller ont notamment été touchés. A Hatten et Rittershoffen, sous la neige, les Américains ont tenté deux contre-attaques avec le 315e régiment d'infanterie et le groupement tactique de la 14e division blindée, sans succès et avec de lourdes pertes.
Dans la tête de pont de Gambsheim, la 12e division blindée américaine a beaucoup souffert en tentant de libérer Herrlisheim où deux bataillons ont été capturés par la 10e SS Panzer Division.
Le général américain Devers a avancé la date de l'attaque sur la poche de Colmar : elle est désormais fixée au 20 janvier. Le général de Lattre est contrarié : il espérait avoir jusqu'au 22 pour approvisionner ses troupes, notamment en carburant.

18 janvier 1945. Le piège s'est refermé autour des cinq compagnies du 157e régiment d'infanterie américaine près de Reipertswiller. Le commandant du régiment, le colonel Walter P. O'Brien, a informé sa division (la 45e DI) que la situation est désespérée.
A Hatten et Rittershoffen, des civils ont fui, profitant d'une nuit relativement calme, avant que l'artillerie américaine ne se déchaîne sur les lignes allemandes. Mais l'attaque qui suit ce pilonnage a été elle-même bloquée par l'artillerie allemande.
L'attaque de la poche de Colmar se prépare : comme en novembre, la Iere armée commence par une campagne d'intoxication. Elle tente de faire croire au départ de la 1ere division blindée vers le nord et à une permission du général Béthouart, commandant le 1er corps d'armée.

19 janvier 1945. Les troupes allemandes avancent de Solingen vers le Rhin, jusqu'à Roeschwog et Sessenheim, mais ne peuvent soulager les Allemands à Hatten et Rittershoffen.

19 janvier 1945. L'infanterie américaine a, une nouvelle fois, échoué à dégager les cinq compagnies de son 157e régiment d'infanterie encerclées au nord-est de Reipertswiller. Malgré l'aide du 179e RI et l'appui de blindés, l'étau allemand n'a pu être desserré.
A Hatten et Rittershoffen, de nouvelles attaques américaines, depuis Leiterswiller, ont échoué. Le général allemand Blaskowitz, présent dans le secteur, a confirmé que l'objectif était désormais de faire la jonction avec la tête de pont de Gambsheim, plus au sud. La 21e Panzer Division et la 25e Panzergrenadier Division s'y préparent. Dans la tête de pont elle-même, les forces allemandes poussent vers l'ouest : Sessenheim et Drusenheim sont prises. Mais l'aviation alliée réussit à contenir la 10e SS Panzer Division, qui tente d'avancer vers Strasbourg.

20 janvier 1945. Le 6e corps américain est obligé de se retirer de Hatten et de Rittershoffen, et de retraiter sur la Moder près de Haguenau. Les difficiles affrontements et les revers subis à Hatten et Rittershoffen en sont la raison, mais aussi le danger d'un éventuel encerclement par les Allemands pouvant déboucher par la tête de pont établie plus au sud, près de Sessenheim en direction de Haguenau.

20 janvier 1945. le 1er corps d’armée repart à l’attaque entre Thann et Mulhouse, avec deux divisions marocaines, la division coloniale et la 1re DB dans des conditions atmosphériques épouvantables (tempêtes de neige, verglas, thermomètre descendant jusqu’à – 30°). Des combats acharnés se déroulent dans la neige, au milieu des champs de mines, face à des contre-attaques allemandes appuyées par des chars lourds. L’ardeur et l’opiniâtreté des troupes d’Afrique finissent par l’emporter.

Le 20 janvier 1945. Les 1e et 2e Brigades (de la 13e Demie Brigade de Légion Étrangère) sont en place au sud de Sélestat. Elles ont pour mission de couvrir le flanc nord de la 3e DIUS chargée d'ouvrir la route à la 5e DB. Inversement, les Allemands fourniront leur effort principal contre la 1e DFL.
Il s'agit pour eux, dans un premier temps, de bloquer l'offensive de la 1e Armée en conservant le môle de résistance des bois au sud de Sélestat, puis, dans un deuxième temps, d'empêcher cette offensive alliée de couper en deux la "poche de Colmar". Leur action visera à gagner le temps nécessaire à l'évacuation des troupes allemandes de la partie nord.

20 janvier 1945. Illzach est libéré. En novembre 1944, les troupes françaises libèrent Mulhouse et Modenheim mais les Allemands se replient sur Illzach et leur résistance s'y concentre. Durant quatre semaines, le village fut soumis à des bombardements terrestres continuels. Des civils sont tués. Mi- novembre, les habitants sont évacués vers d'autres villages.

20 janvier 1945. Libération de Lutterbach. A partir du 22 novembre 1944 et durant 9 semaines, les habitants se trouvent alors littéralement pris entre deux feux. Prés de 1800 d'entre eux se réfugient dans les caves voûtées de la brasserie où ils survivent dans des conditions atroces jusqu'à la Libération par la Première Armée Française.

20 janvier 1945. L'état-major du général de Lattre annonce dans un communiqué la prise de Pfastatt à 16 heures par le 1er bataillon du 23e R.I.C. Avec nous se trouvaient des chars de la 1 ère D.8., les pionniers du génie qui ont établi le pont dans de très mauvaises conditions, sans oublier les artilleurs et surtout notre remarquable service de santé.

20 janvier 1945. La Libération PFASTATT A l'aube du 20 janvier 1945, la 1ère compagnie du 23e est rassemblée dans un hangar de la gare du Nord de Mul­house. Dehors, il fait très froid, le sol est gelé et enneigé. La veille une messe dite par le Père Laudrin, aumônier divisionnaire, avec absolution collective, ne présage rien de bon. Nous sommes là, anxieux, attendant la fin du déluge de fer et de feu. Le tir de l'artillerie est intense. Avec ce qu'ils leur balancent, il ne doit pas rester grand-chose en face.
Je suis tireur au fusil-mitrailleur du 3e groupe de la 3e section commandée par un jeune aspirant (certainement l'aspirant Vallon qui repose au cimetière des ValIons). Il vient de remplacer l'adjudant-chef Marty, blessé la veille au cours d'une reconnaissance sur la Doller.
Notre objectif principal est la prise de la «maison verte», fortement tenue, protégée par un glacis de 40 à 50 mètres. Il y a aussi, entre eux et nous, la Doller, petite rivière peu profonde et qui doit se traverser facilement. D'ailleurs, pour ne pas nous mouiller les pieds, on nous a doté de bottines «waterproof», très efficaces jusqu'aux genoux, mais pas au-dessus, ce qui est très désagréable. La rivière est en crue. 
Le fond très iné­gal nous fait trébucher dans l'eau glacée. La présence dans notre groupe de J.-F. Chiappe va nous valoir l'attribution d'un lance-flammes. Dès le passage de la rivière, la bataille fait rage. La progression semble impossible. En tentant de franchir la berge, le sergent Martin qui commande le 2e groupe est tué avec deux de ses hommes, Defaut et Noblot. Le lance-flammes ne peut être utilisé. J.-F. C et E.V. sont grièvement blessés. A trois ou quatre, nous parvenons à franchir la berge, mais nous sommes stoppés. Allongés dans la neige, nous ripostons vivement. L. et B. qui tentent de nous rejoindre sont blessés à leur tour. Notre situation est très périlleuse et nous ne pouvons rester là. Avec Albert Ludwig nous fonçons sur la maison verte. On passe... objectif atteint. Les défenseurs se rendent, mais la bataille n'est pas finie pour autant... Les copains de la 1 ère section, emmenés par René Hugues et Calfusis nous rejoignent. D'autres n'y parviendront jamais. Le lieutenant Feyler a été blessé au début de l'attaque. Giberti se fera tuer à moins de cinq mètres de nous. Un peu plus tard, au cours de la progression vers le château, le sergent-chef Guede, un grand ancien, tombe à son tour et nous aurons la tristesse de retrouver le corps de notre copain Philippe de la 2e section qui a sauté sur une mine anti-char. Mais cela est l'histoire de la 2e section commandée par le lieutenant Leloup, Père blanc venu d'Afrique, qui sera tué quelques jours plus tard à Meyershof.
L'état-major du général de Lattre annonce dans un communiqué la prise de Pfastatt à 16 heures par le 1er bataillon du 23e R.I.C. Avec nous se trouvaient des chars de la 1 ère D.8., les pionniers du génie qui ont établi le pont dans de très mauvaises conditions, sans oublier les artilleurs et surtout notre remarquable service de santé.
Ce jour-là, ma première compagnie s'est battue... La prise de Pfastatt aura coûté la perte d'une soixantaine d'hommes dont dix morts.
Le capitaine Escard, très éprouvé, sera remplacé par le lieutenant Agostini... La campagne d'Alsace n'est pas finie. Ma pensée va vers mes copains de la 3e section qui tomberont à leur tour. Coste, Lermonier et Brumand qui, grièvement blessé, ne s'en remettra jamais et décédera quelques années plus tard. Nulle part, dans les livres relatant l'histoire de notre division, on trouve trace de la prise de Pfastatt ou plus exactement du rôle joué par la 1 ère compagnie. Voilà qui est fait...
Témoignage de René Ruchon,
Tireur au fusil mitrailleur du 3e groupe de la 3e section de la 1ère compagnie du I/23e R.l.C.

20 janvier 1945. Les Alliés sont depuis deux mois en Alsace. Mais la région est loin d'être libérée. Deux grandes zones sont toujours sous la botte de l'armée allemande : l'Alsace du Nord au delà de la Moder, et la poche de Colmar. En forme de poire allongée, elle a son sommet au sud d'Erstein, sa base au nord de Mulhouse, ses flancs sur le Rhin et les Vosges.
Au nord, la contre-offensive allemande Nordwind est en bout de course. Elle s'épuise après les terribles combats de Herrlisheim et de Hatten-Rittershoffen, notamment. Mais elle a forcé la VIIe armée américaine à se replier sur la Moder. Au centre, la poche de Colmar, où la XIXe armée allemande a été considérablement renforcée, n'est pas seulement un bastion défensif : c'est de là que sont parties plusieurs attaques dangereuses sur Strasbourg début janvier.
185 km de front

Pour les Alliés, réduire la poche de Colmar est devenue une priorité, pour protéger Strasbourg, ville-symbole, pour raccourcir le front qui pour l'instant contourne la poche par les Vosges, et, à terme, pour entrer sur le territoire allemand. L'homme-clef, c'est le général de Lattre de Tassigny. Le commandant de la Iere armée française, qui inclut des troupes américaines, est le maître d'œuvre des opérations. Il lui faut réussir en janvier-février ce qui a été raté en novembre-décembre.
Sur le papier, les forces semblent équilibrées. Sur un front de 185 kilomètres, la XIXe armée allemande du général Rasp a huit divisions, la Iere armée aussi. Mais l'état des troupes n'est pas le même : les Alliés ont plus d'effectifs et trois divisions blindées, contre une côté allemand. Surtout, ils peuvent compter sur des renforts en cours d'opération (ce sera le cas avec l'arrivée du 21e corps US). Pour le reste, il est clair qu'en plein hiver (et celui-ci est rigoureux), celui qui a pu préparer sa défense et s'abriter a un avantage sur celui qui attaque.
Le plan de de Lattre est celui, classique, de la tenaille : ses deux corps d'armée attaqueront, l'un au sud, l'autre au nord, et essaieront d'entourer la poche en refermant leur dispositif le long du Rhin, à l'est de Colmar. La jonction devrait se faire vers Neuf-Brisach. Cela éviterait des combats dans Colmar.
Une attaque en tenaille

Le 1er corps attaque en effet le 20 janvier, au sud, piétine devant Cernay, avance lentement dans le bassin Potassique, prend Vieux-Thann le 28, mène une attaque blindée sur Ensisheim dans les premiers jours de février. Le 2e corps, lui, attaque le 22 janvier au soir vers Saint-Hippolyte, Guémar et Ostheim, mène pendant une semaine une très rude bataille à Jebsheim puis Grussenheim.
A Ribeauvillé, le 24, de Lattre réclame au général Devers de l'infanterie supplémentaire. Le 25, celui-ci lui accorde le 21e corps d'armée US qui intervient au nord, avec le 2e CA. Les opérations s'accélèrent alors : le dégagement de la route de Neuf-Brisach permet à la 28e division d'infanterie américaine de se diriger vers Colmar au nord. Mais elle laisse, avec noblesse, les éléments de la 5e division blindée française entrer les premiers dans la ville le 2 février.

La XIXe armée s'échappe
La jonction se réalise le 5 février, avant que ne soient libérés Vogelgrun, Neuf-Brisach et Chalampé, pendant que dans les Vosges les forces allemandes sont disloquées. Mais entre temps, la XIXe armée a « sauvé les meubles », en l'occurrence 50 000 hommes, 60 chars et 500 canons qui ont pu s'échapper outre-Rhin. Le 9 février, quand explose le pont de Chalampé, il n'y a plus un soldat allemand libre dans l'ancienne poche de Colmar.
Le 10 février, le général de Gaulle est acclamé à Mulhouse et Colmar, puis à Strasbourg le 11. Mais il faudra encore quarante jours pour libérer l'Alsace du Nord.

21 janvier 1945. Hier pendant que le 1er corps d'armée lançait, dans des condition difficile mais partiellement couronnées de succès (notamment dans la région mulhousienne), son offensive contre le sud de la poche de Colmar, que se passait-il donc au nord de Strasbourg ?
Dans le secteur des Vosges, entre Bitche et Saverne, à Reipertswiller, après avoir tenté une dernière fois en matinée de rompre l'encerclement de cinq compagnies du 157e régiment d'infanterie US, la 45e infantry Division Américaine ordonne le repli. Les assiégés de Reipertswiller tentent une ultime et sanglante percée. 400 GI's dont une vingtaine d'officiers sont fait prisonniers. 
A Hatten, c'est quasiment terminé aussi, mais différemment. Les Américain s'attendaient à une attaque qui n'est pas venue. Ils ont alors, avec une cinquantaine de chars, poussé jusqu'à Rittershoffen. Durs combat encore, mais le cœur n'y est plus: rencontrant dans la nuit une patrouille allemande, une patrouille US s'abstient de tirer et se retire.
Acte prémonitoire: aujourd'hui vers 11h, les troupes US quittent Hatten et Rittershoffen. Le brouillard et la neige leur permettent de procéder à cette évacuation en toute discrétion. Les Allemands s'empressent d'occuper les deux villages et en reste là.

La tournée des popotes. De Lattre remonte le moral de Bétouart et (avec lui) s'en va faire la tournée des popotes en pleine nuit. A Mulhouse, Molière et Salan (9e division d'infanterie coloniale) ainsi que Sudre (1re DB) n'ont pas d'états d'âmes: c'est dur mais leurs coloniaux et leurs chars passeront. Ensuite direction Soppe-le-Bas, PC de la 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM): il faut plus de trois heures, les conditions climatiques et l'état des routes aidant, pour y arriver. Carpentier et son état-major de la 2e DIM sont là; le général Hesdin, commandant le 4e division marocaine de montagne (4DMM), aussi <<qui reste solide>> (de Lattre dixit). Moment dramatiques: c'est là que les soldats ont le plus souffert et leurs chefs demandent une pause. De Lattre relève les énergies, persuade, commande.

21 janvier 1945. Libération de Kilstett

21 janvier 1945. L'attaque du 1er corps d'armée au sud de la poche de Colmar s'est heurtée à de sérieuses difficultés : outre la météo, qui s'est aggravée, la résistance allemande s'est montrée très solide. La 4e division marocaine de montagne est bloquée sur l'aile gauche, la 2e division d'infanterie marocaine doit reculer sur la route Thann-Mulhouse, la 9e division d'infanterie coloniale subit des contre-attaques à Kingersheim. En fin de journée, le général Béthouart (1er corps) dit son inquiétude au général de Lattre. Le commandant de la Iere armée tente de le remettre en confiance. Il ira dans la nuit aux PC de Mulhouse (9e DIC et 1ere DB), de Soppe-le-Bas (2e DIM) et de Masevaux (4e DMM) galvaniser ses officiers.
Au nord, les troupes américaines poursuivent leur repli sur la Moder, à l'affolement des populations civiles. Beaucoup de villageois fuient sur les routes, paniqués du retour des forces allemandes. Hatten et Rittershoffen, en ruines, sont abandonnés et immédiatement réoccupés
De la tête de pont de Gambsheim a démarré une attaque sur Kilstett : le 39e Panzerkorps a encerclé la commune que tient le 3e régiment de tirailleurs algériens.

21janvier 1945. Les Américains se replient sur la Moder, les Allemands avancent vers Haguenau. Le 22 la bataille de Hatten - Rittershoffen est terminée : elle a laissé un champ de ruines et de désolation. Sur les 360 maisons que comptait Hatten, seules 30 sont réparables ! Il y a près de 1 500 morts et blessés dans chaque camp. La population paie également un très lourd tribut : 83 morts à Hatten, 31 à Rittershoffen, sans compter les blessés et handicapés à vie.

Hier soir, Kilstett était inverti par deux bataillons allemands. A quelques kilomètre de la capitale alsacienne se joue une fois de plus le sort de Strasbourg et c'est de la capacité à résister de 3e régiment de tirailleurs algérien (3e RTA) que tout dépend.

Aussi avec plus d'énergie et de courage que jamais, légionnaires tirailleurs, équipages de chars, forcent la barrière du GT Langlade atteignent le passage à niveau nord de Kilstett, poussent vers Gamsheim. L'infanterie française parvient aux premières maisons du village. Alors, dans un dernier sursaut de volonté, les survivants du 3e bataillon font éclater la ceinture ennemie se ruent sur les assaillants! surpris par la violence de cette réaction, pris à leur tour entre deux feux, les bataillons Schmidt et Treutler sont décimés.

22 janvier 1945. En soirée a commencé la seconde phase de l'attaque vers Colmar, cette fois-ci au nord de la poche. Le 2e corps d'armée du général de Monsabert, qui s'est vu refuser des renforts, a ouvert son attaque avec la 3e division d'infanterie américaine. Partis de Bergheim, deux de ses régiments ont traversé la Fecht.
Au sud de la poche, le 1er corps d'armée a un peu modifié son dispositif : c'est la 2e division d'infanterie de montagne qui attaque vers Reiningue, libérée dans la nuit. Une contre-attaque allemande sur Kingersheim est stoppée.
Dans la tête de pont de Gambsheim s'est déroulée une bataille-clef à Kilstett. Les grenadiers allemands ont occupé une partie du village tenu héroïquement par le 3e régiment de tirailleurs algériens. Alertée dans la nuit, la 2e division blindée française a envoyé un groupe de combat depuis Obernai. Épaulés par des chasseurs-bombardiers alliés, ces blindés ont atteint Kilstett et fait 350 prisonniers, écartant ainsi une nouvelle menace sur Strasbourg.
Avec le repli américain sur la Moder, les Allemands réoccupent progressivement les villages abandonnés en Alsace du Nord. Haguenau s'inquiète : des troupes allemandes se sont regroupées au nord de la ville bombardée par des mortiers. Les Américains ont fait sauter les ponts sur la Moder.

22 janvier 1945. Libération de Reiningue

22 janvier 1945. Date de la libération de la commune de Ostheim par la 3e division d'infanterie américaine. « Jusqu'à vers Noël nous étions dans les caves. Les Américains avaient pratiquement des horaires fixes pour bombarder. Mais pas toujours. On n'avait ni l'eau courante, on ne pouvait pas se laver, ni faire de feu. Pas d'alimentation adéquate. Ce que les Américains n'avaient pas bombardé, les Allemands l'incendiaient ».

22 janvier 1945. A la suite du retrait des Américains, ordre fut donné à la 25e Panzergrenadier-Division de les poursuivre vers Betschdorf en passant par la forêt de Haguenau, jusqu’à la rivière Moder.

22 janvier 1945 . Les allemands décrocheront définitivement du Rhin. Le cauchemar est terminé, sauf pour ceux qui ont perdu des êtres chers ou qui devront passer sous les fourches caudines de la suspicion ou de l'épuration. La ville mettra du temps à panser toutes ses plaie. Strasbourg meurtrie, va réapprendre à vivre.

23 janvier 1945. Libération de Illhauersen

23 janvier 1945. Libération de Retzwiller, lors de la deuxième guerre mondiale, plusieurs habitants furent fusillés pour avoir fait partie du groupe de "l'affaire de Ballersdorf".

23 janvier 1945. Libération de Ostheim

23 janvier 1945. Le 2e corps d'armée, au nord de la poche de Colmar, a développé son attaque commencée la veille : les deux régiments d'infanterie américaine qui ont passé la Fecht ont progressé. Le 30e RI a atteint et franchi l'Ill au pont de Maison-Rouge, mais une contre-attaque allemande l'a coupé de sa tête de pont, et l'ouvrage s'est effondré au passage des blindés. Le 7e RI est entré dans Ostheim, suivi du 254e RI qui a avancé jusqu'à la Weiss. La 1ere division française libre a atteint l'Ill et libéré Illhauersen.
Au sud de la poche, le front n'a guère bougé. Rischwiller a été pris par les Alliés. Le général de Lattre a transféré son PC de Montbéliard à Rothau, dans la vallée de la Bruche.
Au nord de l'Alsace, la menace se précise sur Haguenau. La 10e SS Panzer Division se regroupe. La 25e Panzergrenadier Division traverse la forêt de Haguenau ; son PC s'installe à Drusenheim, dont les civils restant ont été évacués outre-Rhin.

23 janvier 1945. la 1e DFL attaque. La 2e Brigade (de la 13e Demie Brigade de Légion Étrangère) traversant les terrains inondés ou couverts de neige, parsemés de mines indétectables, franchit en canot l'Ill et toutes les rivières glacées qui coulent perpendiculairement à la direction de l'assaut. Vers le milieu de la nuit, le bois de l'Illwald est conquis.
De son côté, le 1/13 s'empare en un coup de main à l'aube d'Illhausern, faisant quatre-vingts prisonniers, mais il ne peut déboucher sur Elsenheim.
Quatre jours durant, les deux brigades attaquent, subissant des pertes et ne pouvant déboucher. Les 2/13 et 3/13, jour après jour, s'épuisent face à un ennemi tenace dont les postes de combat sous rondins abritent les armes automatiques ou des chars puissants.

24 janvier 1945. Journée chaude pour Haguenau. La 10e SS Panzer-Division a attaqué en direction de Bischwiller et du camp militaire d'Oberhoffen, près duquel se sont déroulés de violents combats. Une tête de pont allemande a été établie en fin de journée entre Schweighouse-sur-Moder et Neubourg, au sud de la Moder.
Dans la poche de Colmar, dans la zone du 1er corps d'armée, la 2e division d'infanterie marocaine a attaqué en direction de Wittelsheim, tandis que la 9e division d'infanterie coloniale a repoussé une contre-attaque. Dans le secteur du 2e corps d'armée, la défense allemande s'est renforcée ; le 7e régiment d'infanterie US a cependant réussi à prendre un pont sur la Fecht. Dans la soirée, le général de Lattre, en réunion à son PC de Ribeauvillé avec le général américain Barr, chef d'état-major du général Devers, a lancé un défi : si le 21e corps d'armée US lui est donné en renfort, il promet de réduire la poche de Colmar avant le 10 février.

25 janvier 1945. Tard dans la soirée, le Führer a ordonné l'arrêt de la contre-offensive Nordwind en Alsace du Nord. Il a renoncé aussi à l'opération programmée sur Metz, Zahnarzt. L'explication est accessible à tous : les DNA annonçaient le matin même que « les Russes ont atteint l'Oder sur un front de 60 km ». Les meilleures unités allemandes présentes en Alsace vont être rapidement envoyées sur le front Est.
La Iere armée française a poursuivi son offensive contre la poche de Colmar. Le 1er corps d'armée a progressé dans le bassin potassique, le 2e corps d'armée se bat sur l'Ill, et rencontre de sérieuses résistances, notamment à Jebsheim. Mais le général de Lattre a reçu une bonne nouvelle : le 21e corps américain est mis sous ses ordres, comme il le demandait, et le général Milburn, qui le commande, s'est présenté à son PC de Barembach, près de Schirmeck, dans la matinée.

25 janvier 1945. A 23 heures, le téléphone du poste de commandement (Gefechtsstand) de cette Division retentit :
Bien que cet endroit de la Moder fût très bien défendu contre les attaques américaines, Hitler ordonna, à l'étonnement de tous:
- de se dégager de la tête de pont 
- de s'éloigner de l’ennemi, 
- de se retirer de l'Alsace. 
Quelle était la cause de l’arrêt de l’opération " Nordwind " :
L'avancement des armées soviétiques sur la ligne d'arrêt de la rivière Weichsel obligea le haut commandement de retirer, sans plus attendre, les meilleures forces du front ouest afin de les lancer sur le front est où le danger se faisait de plus en plus menaçant.
C'est ainsi que la 25e Panzergrenadier-Division recula sur Wissembourg, puis se dirigea sur Germersheim, pour embarquer à bord de trains en partance pour Kustrin an der Oder.
On peut se douter de l'état de désabusement des unités et des soldats allemands qui furent impliqués dans les combats souvent endurés dans la glace et la neige, et qui avaient fait reculer l'adversaire en direction de Strasbourg. Tous leurs efforts furent anéantis d'un seul coup.
Comme l'offensive des Ardennes, l'opération Nordwind échoua également.
Les buts de l’opération, soit la coupure de la 7e armée américaine et la reprise de Strasbourg ne furent même pas partiellement atteints.
A la fin du mois de mars, les alliés atteignirent le Rhin et le traversèrent à Remagen et à Oppenheim.

26 janvier 1945. Au nord de la poche de Colmar, le 2e corps d'armée a, semble-t-il, débloqué, la situation : l'Ill a été franchi en plusieurs points et la 5e division blindée se dirige vers Neuf-Brisach, tandis que la 3e division d'infanterie US a pris Riedwihr et combat encore à Jebsheim - clef de défense du canal du Rhône-au-Rhin. Au sud, le 1er corps d'armée, pris dans une tempête de neige et manquant de munitions, a maintenu ses positions dans le bassin potassique.
Sur la Moder, la pression allemande s'est relâchée. La 25e Panzergrenadier-Division s'est repliée et se prépare à quitter l'Alsace. En face, les Américains se sont réorganisés : la 101e Airborne Division, prestigieuse division parachutiste, dont l'état-major s'est installé à Hochfelden, a pris position entre Dauendorf et Schweighouse, entre les 103e et 79e divisions d'infanterie.
Au coeur de la nuit, une attaque allemande sur Kilstett, au nord de Strasbourg, a été bloquée par le 3e régiment de tirailleurs algériens et deux escadrons de la Garde républicaine.

27 janvier 1945. Au matin, les blindés amis attaquent de flanc le bois d'Elsenheim, permettent enfin au 3/13 de déboucher. Les 1e et 2e Brigades arrivent sur la Blind et le 28 janvier la bataille atteint son point culminant. Sous la protection du 1/13, le Bataillon du Génie jette un pont, sous le feu, sur la Blind.
Nos unités résistent (La 13e Demie Brigade de Légion Etrangère) encore à trois journées de violentes contre-attaques allemandes et le 31 janvier, face au nord, notre ligne avancée est jalonnée par les villages d'Heidelsheim, Ohnenheim, Marckolsheim. Le 1e RFM et le 8e RCA tendent la main à la 2e DB vers Sundhouse L'exploitation commence. Au soir du 11 février, la DFL est au bord du Rhin sur tout son front.
Sur les 5 400 pertes de la Division pendant ce mois de janvier, les formations de Légion comptent pour un total de 1 036. C'est donc une Division saignée à blanc qui est venue à bout d'un ennemi solidement organisé et bien décidé à se battre.

27 janvier 1945. Les quartiers sud de Cernay ont enfin été atteints par la 4e division marocaine de montagne, dans le secteur du 1er corps d'armée. La 9e division d'infanterie coloniale, elle, a pris la filature de la cité Kuhmann.
Dans le secteur du 2e corps, le 30e régiment d'infanterie US, appuyant la 5e division blindée, a pris Holtzwihr et Wickerswihr et atteint le canal de Colmar.
A Jebsheim et à Grussenheim, des combats meurtriers ont commencé : le 254e régiment d'infanterie US est entré dans Jebsheim tandis que la 2e division blindée française a échoué devant Grussenheim, le chantier d'un pont flottant que tentait de lancer le génie sur le Blind ayant été attaqué à la mitrailleuse lourde.
Sur la Moder, le face-à-face entre Allemands et Américains est devenu une guerre de positions, avec de simples opérations de patrouilles. De part et d'autre on manque d'effectifs, de munitions, de carburant, d'autant plus, côté allemand, que la Ire armée doit céder des canons pour le front Est.

28 janvier 1945. Dans le secteur du 2e corps d'armée, au nord de la poche de Colmar, des combats acharnés ont eu lieu à Jebsheim et Grussenheim. Le lieutenant colonel Putz a été tué lors d'un nouvelle attaque à la mitrailleuse lourde sur le chantier du pont sur la Blind. En fin de journée, Grussenheim est pris, mais les pertes sont très lourdes. A Jebsheim, les Américains du 254e régiment d'infanterie ont enfin investi tout le village.
Au sud de la poche de Colmar, le 1er corps d'armée est entré dans Vieux-Thann avec la 4e division marocaine de montagne.
La 103e division d'infanterie américaine, en Alsace du Nord, a mené avec succès un raid-éclair, avec 30 hommes, sur Rothbach pour vérifier la présence du 11e régiment de SS.

29 janvier 1945. Le 21e corps d'armée américain s'est lancé dans l'offensive sur la poche de Colmar, en renfort et sous les ordres de la Iere armée française. Après une forte préparation d'artillerie, les unités d'assaut de deux régiments de la 3e division d'infanterie (7e et 15e) ont passé le canal de Colmar sur des canots pneumatiques, en fin de soirée. L'objectif est de passer derrière Colmar en direction de Neuf-Brisach et du Rhin.
Les forces allemandes ont tenté de récupérer Jebsheim et Grussenheim, sans succès, mais les pertes sont lourdes de part et d'autre. Au sud de la poche, Wittelsheim, objectif prioritaire, est pris en tenaille par les 4e et 8e régiments de tirailleurs marocains.
C'est désormais, au nord de la Moder où le front est stable, le SS-Oberstgruppenführer Paul Hausser qui commande la Heeresgruppe G, le groupe d'armées Oberrhein ayant été dissous.

30 janvier 1945. Libération de Fortschwiller et Wihr-en-Plaine

30 janvier 1945. Le 21e corps d'armée américain a établi une solide tête de pont au delà du canal de Colmar : il frôle Andolsheim après avoir pris Fortschwiller et Wihr-en-Plaine, malgré les contre-attaques allemandes. Mais la route de Neuf-Brisach n'est pas encore dégagée, et les combats ont été rudes à l'est de Jebsheim.
Simultanément, la 2e division blindée, engagée depuis plusieurs jours dans la liquidation de la petite poche créée au nord de Sélestat, voit le fruit de ses efforts : les troupes allemandes commencent à décrocher.
Au sud de la poche, l'encerclement de Wittelsheim échoue, mais la 9e division d'infanterie coloniale a investi Wittenheim.
Les DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace) reprennent avec prudence une dépêche de Stockholm : les Allemands auraient mis au point une bombe volante V-4 intercontinentale capable d'atteindre New-York.

31 janvier 1945. La 3e division d'infanterie US (unité du 21e corps) a tenté d'amplifier sa tête de pont, au nord de la poche de Colmar, au-delà du canal : mais les 7e et 230e régiments d'infanterie US et la Combat Command 4 de la 5e division blindée française ont été bloqués à Horbourg, à l'est de Colmar, tandis que le CC 5 et les commandos de France du commandant d'Astier de la Vigerie sont pris dans des combats de rue à Durrenentzen.
Au sud de la poche, le général Béthouart a réorienté son dispositif : désormais, il veut porter l'effort du 1er corps d'armée en direction d'Ensisheim. Mission confiée à la 1ere division blindée, appuyée par la 9e division d'infanterie coloniale.
Au nord de Strasbourg, dans la nuit, le 142e régiment d'infanterie US attaque vers Oberhoffen, tenu par la 257e Volksgrenadier Division, et vers Drusenheim.

Suite vers février 1945