Février 1945

1er février 1945. Libération de Marckolsheim et Artzenheim

1er février 1945. Sur le front nord, les Allemands ont été repoussés au nord de la Moder. La 101e Airnborne division US a même mené dans la nuit une opération, baptisée Oscar, au nord de la rivière, vers Neubourg et Schweighouse. A 3 h du matin, 3 compagnies ont franchi l'eau, combattu pendant 2 heures, puis repassé la Moder avec 37 prisonniers, dont deux officiers.
La proche résiduelle au nord de Sélestat a été réduite : Marckolsheim et Artzenheim ont été libérés.
Au nord et à l'est de Colmar que les opérations se sont accélérées. Le 290e régiment d'infanterie US est dans Horbourg et Andolsheim, le 291e dans la forêt de Colmar. La pointe du 21e corps d'armée US n'est plus qu'à 3 kilomètres de Neuf-Brisach.
Le général de Lattre, inquiet d'éventuelles destructions à Colmar, décide d'attaquer Colmar avec la 28e division d'infanterie US et le Combat Command 4 de la 5e division blindée le lendemain.

2 février 1945. Des élément du C.C.4 (5e D.B.) du général Schesser pénètrent dans Colmar enfin libérée. Libération de Wintzenheim,Alliés s'étaient emparés de Wintzenheim par surprise. Au lieu de déboucher de la vallée de Munster, où les Allemands les attendaient, ils vinrent avec leurs chars de Colmar et de Logelbach en coupant à travers les vignes. Le vignoble fut durement malmené par les nombreux blindés.
Enfin, le 2 février vers 16h15, les blindés français du sous-groupement A du lieutenant colonel du Breuil, appuyé par les combattants du sous-groupement B du commandant Préval* atteignirent les quartiers périphériques à l'Est du village et traversaient quelques minutes plus tard les rues de Wintzenheim sous les acclamations délirantes de la population. Une colonne de 20 chars Sherman, de chars de combat plus petits et d'auto-mitrailleuses, avait remporté la victoire. Ce fut un jour de liesse, car il marquait la fin d'une tragédie et des hostilités pour la population. L'accueil fait par la population aux libérateurs fut délirant, comme partout ailleurs. Dans la journée du même 2 février, des fonctionnaires de la préfecture, à Colmar, vinrent trouver M. Tannacher. Maire obligé par l'occupant de démissionner en 1940, il fut pressenti pour prendre derechef en main l'administration municipale. "Voulez-vous accepter à nouveau le poste de maire ? J'ai cherché mon écharpe de maire français, que j'avais conservée durant les années de l'occupation, et je m'en suis ceint". L'accueil fait par la population aux libérateurs fut délirant, comme partout ailleurs. Dans la journée du même 2 février, des fonctionnaires de la préfecture, à Colmar, vinrent trouver M. Tannacher. Maire obligé par l'occupant de démissionner en 1940, il fut pressenti pour prendre derechef en main l'administration municipale. "Voulez-vous accepter à nouveau le poste de maire ? J'ai cherché mon écharpe de maire français, que j'avais conservée durant les années de l'occupation, et je m'en suis ceint".
Ce fut par la suite une série incessante de fêtes et de cérémonies, au fur et à mesure du passage dans la cité de nouvelles unités de l'armée de la Libération. Après avoir assuré le redémarrage de l'administration française à Wintzenheim, le maire de la Libération se démit de ses fonctions lors des élections d'octobre 1945. 

2 février 1945. La libération de Colmar.

2 février 1945 - Le C.C.4, par une " manœuvre de cavalerie ", libère Colmar où le Général de Gaulle entrera solennellement le 10 février. La 5ème D.B est citée à l'ordre de l'Armée.

2 au 6 février 1945.Libération de  la commune de Obersaasheim 

2 février 1945. Colmar est libre. Le 109e régiment d'infanterie US a ouvert le terrain à l'aube par le nord, puis a laissé passer les chars du Combat Command 4 (groupement tactique) de la 5e division blindée française (Schlesser). Le groupement Le Préval était dans la place en fin de matinée, suivi des groupements Chambost et du Breuil. Eguisheim, Wettolsheim, Wintzenheim sont aussi libérés.
Parallèlement, les forces américaines ont approché de Neuf-Brisach et en menacent le pont. Une nouvelle bataille s'amorce : celle qui devrait empêcher les restes de la XIXe armée allemande de s'évader de la poche de Colmar par le pont de Chalampé, qu'ils tiennent solidement.
Pour cela, l'avancée du 1er corps d'armée au sud de la poche de Colmar semble bien lente pour boucler l'encerclement. De Lattre entend donc faire intervenir les 12e et 2e divisions blindées, la première vers Ensisheim, la seconde vers Chalampé.

3 février 1945. Après la libération de Colmar, une course de vitesse s'est engagée pour éviter que la XIXe armée allemande ne réussisse à s'échapper du reste de la poche par le pont de Chalampé. Le 21e corps d'armée américain a donc lancé son 7e régiment d'infanterie sur Biesheim et le 75e dans la forêt de Colmar, tandis que les blindés du Combat Command 4 se sont approchés de Sainte-Croix-en-Plaine.
Au sud, le 1er corps d'armée a enfin réussi à rompre les résistances allemandes : il est désormais au bord de la Thur, de Cernay à Ensisheim, et au bord de l'Ill, d'Ensisheim à Mulhouse.
Sur les autres fronts, la 10e division d'infanterie et le régiment des Forces françaises de l'Intérieur de Franche-Comté sont intervenus dans les Vosges (au sud de la route des Crêtes), et plusieurs relèves ont été observées, côté américain et côté allemand, de part et d'autre de la Moder. On s'est battu à Oberhoffen, au sud-est de Haguenau.

13h TOUT EST POSSIBLE
La poussée par les bords de l'Ill vers Ensisheim? quelques gains péniblement acquis dans la forêt dominicale de Colmar par la 75e division d'infanterie US. Au pied des Vosges? la progression est plus satisfaisante. Peu avant midi, (le 112e RIUS qui appartient à une division d'élite, la 28e DIUS) descend d'Ammerschwiller ou de ce qu'il en reste, entre dans Turckheim, bloque la vallée de la Fecht, nettoie la petite poche d'Ingersheim.
Dans le même mouvement, le Combat Command 4 (5e DB) tient Obermorschwiller et atteint Saint-Croix-en-Plaine.
Mais c'est au sud de la poche de Colmar que les alliés engrangent les meilleurs résultats. Dopé par l'annonce de la prise de Colmar, le 1er corps d'armée commandé par Béthouart remporte partout des succès significatifs. La 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM) atteint Wittelsheim et la cité de la Gare, progresse vers la cité Rossalmend et Pulversheim.
Bon résultats également pour la 9e division infanterie coloniale (9e DIC): le 23e RIC et un escadron du Combat Command 3 (1er DB) atteignent la route de Wittelsheim à Ensisheim centre. De son coté, le Combat Command1 (1re DB), parti de la cité Sainte-Barbe n'est plus qu'a deux kilomètres de la cité Sainte-Thérèse.Peu avant 13h, en possession de l'ensemble de ces information, de Lattre pense pouvoir réaliser aujourd'hui encore, la jonction nord-sud sur un axe Sainte-Croix-en-Plaine - Ensisheim. Il envoie par radio, ses instructions aus commandants d'armée et précise: <<Sitôt cette jonction faite, assurer solidement verrouillage débouchés Vosges et entamer vigoureusement débordement Hart et deuxième jonction sur direction Ensisheim - Neuf-Brisach.>>
Vers 16h le général Billotte, qui commande la 10e division d'infanterie sur le front des Vosges centrales, annonce un début de décrochage dans son secteur. Désormais, il va falloir essayer de couper la retraite des éléments ennemis situés à l'ouest de l'Ill.
Répondant à l'insistance de général de Lattre, le 1er corps d'armée améliore ses gains de la matinée. A 17h, les troupes françaises bordent la Thur de Wittelsheim à Rossalmend. Pluversheim est enlevé de même que la cité.
C'est plus dur devant Ensisheim, à la cité Sainte-Thérèse. Ce n'est qu'aux alentours de 22h que les <<coloniaux>> de la 9e DIC atteignent l'Ill, mais les Allemands ont fait sauter le pont. Et l'Ill est en crue... De leur côté, les Allemands se préoccupent surtout d'empêcher leurs unités à l'ouest de l'Ill d'être coupées du gros de la poche. Mais s'ils installent aujourd'hui leur PC avancé à Fessenheim, donc à onze kilomètres de Neuf-Brisach, cela signifie qu'ils renoncent aux ponts de Brisach pour acheminer à l'est de Rhin troupes en retraite et matériel. Ce sera donc Chalampé.

4 février 1945. «Les Allemands vont-ils se replier sur la rive droite du Rhin ?» ont titré les DNA. De fait la jonction des alliés à l'est de l'ancienne poche de Colmar n'est toujours pas réalisée. Le dégel, qui grossit les cours d'eau, complique les opérations. Le 21e corps américain, au nord, est bloqué à Biesheim (3e régiment d'infanterie) et à Appenwihr (75e RI). Au sud de Colmar, la 12e division blindée américaine est arrêté près de Sundhoffen, Sainte-Croix-en-Plaine et Herrlisheim.
Au sud, en revanche, l'avance a repris, avec notamment une poussée spectaculaire de la 4e division marocaine de montagne qui libère Cernay, Soultz, Wattwiller, Guebwiller et une partie de Rouffach.

4 février 1945. Soultz est libérée par les éléments de la 4e D.M.M. du Commandant Bastiani.érée

4 février 1945. la 4e DMM tend la main à la 12e division américaine venant de Colmar. Tandis que le 2e corps d’armée « monte la garde sur le Rhin » le 1er corps d’armée court au Danube, qu’il atteint le 21 avril, dans la région de Tuttlingen.. 

4 février 1945. Libération de Guebwiller, par un groupe de blindé du 4ème Régiment de Spahis Marocains.Puis libération  Neuf-Brisach.

4 février 1945. A 7 h 30,libération de Cernay alors que le curé Brendlen de Vieux-Thann célèbre la messe, les soldats français du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains pénètre dans Cernay, alors que le 1er Régiment de Tirailleurs Algériens occupe la cité Baudry, pour rejoindre Steinbach, Uffholtz et Wattwiller. Heureux, Cernéens et Vieux-Thannois mêlés, sortent un à un dans les rues, pour faire la fête aux libérateurs...

4 février 1945. Libération de Turckheim par le 112e Régiment d'Infanterie US de la 28e Division d'Infanterie commandée par le Général Cotta.

4 février 1945. Ce matin-là, c'était le... 4 février ! Colmar avait été libérée deux jours avant, mais les habitants de Sundhoffen n'en savaient rien. « Plus tard, j'ai appris que des obus étaient tombés au nord de la commune. Au sud, à quelques centaines de mètres de là, personne ne le savait... ».
L'histoire est faite finalement des témoignages humains. Ceux qui n'ont pas vu tomber d'obus vous jureront que Sundhoffen n'a pas été bombardée. Ceux du nord affirmeront que la commune a été prise sous un feu d'artillerie d'enfer.
Le temps qu'il faisait
Exemple tout simple : le temps qu'il faisait le 2 février à Colmar. Certains affirment qu'il gelait à pierre fendre. Ce qui est contredit par les notes du général Schlesser (commandant du Combat Command N° 4) : lors de sa manœuvre de contournement de Colmar, dans la nuit du 1er au 2 février entre Sundhoffen et Ostheim, certains de ses chars se sont enlisés dans la boue du Ried. Renseignement pris auprès des archives de la météo (à l'Institut de physique du globe), il a fait effectivement très froid jusqu'à fin janvier, mais le redoux s'est ensuite installé.
Autre exemple : le 2 février a été retenu pour l'entrée officielle des troupes alliées dans Colmar. Or il est vraisemblable que quelques éclaireurs étaient déjà dans la ville dès la fin janvier. Un témoignage précis indique que des G I's ont patrouillé le soir du 31 janvier rue du Ladhof et que deux d'entre eux ont passé la nuit dans les locaux de l'entreprise Sommereisen, rue des Belges, au nord de Colmar.
Détails ? « L'histoire est faite de ce genre de « détails » dont la découverte peut apporter un éclairage différent », commente Alfred Wahl. Et c'est tout le talent de l'historien que de savoir faire la part des choses entre le nez de Cléopâtre et l'avenir du monde...
                                 L'historien: Alfred Wahl 

5 février 1945. Libération de Ste Croix en Plaine. Au cours de la seconde guerre mondiale, si les combats de la traversée du Rhin en juin 1940 épargnèrent l'agglomération, la bataille de décembre 1944 à février 1945 fut plus meurtrière. Après la libération de Colmar le 2 février, le Général de Lattre de Tassigny décida de réduire dans les plus brefs délais la poche de Colmar.Les bastions de la ligne de combat longue de 90 km et dans laquelle se trouvait Ste Croix en Plaine, sont enfoncés les uns après les autres, à la suite de combats meurtriers. L'ouragan de feu et de sang se rapprochera de la localité et y pénétrera. Le tribut payé pour sa libération fut assez lourd. Libération de Rouffach.

5 février 1945. Dans la journée, la route des Crêtes est atteinte, par une section de la 2ème Cie (JANDEAU), malgré 2 mètres de neige, dans un terrain infesté de mines. Les 3ème et 1ère Cie occupent respectivement Sauvas, et le Griepkopf; la 2ème Cie attaque en direction de "Le Breitfirst" par la vallée du Runsche. Mais là aussi, la neige et les mines retardent la progression. La marche est très lente. Le chef POMMIES arrête la progression du 1er Bataillon qui se regroupe à Krüth. 
Seul le groupe de commando poursuit sa marche. Après un raid audacieux et 14 heures de marche dans la montagne et la neige il atteint successivement le Lac de la Lauch, Niederlauchen, et Linthal dans la vallée de la Lauch, réalisant en ce point la liaison avec les troupes françaises qui descendaient la plaine d'Alsace. 
Pendant ce temps, sous les ordres du Capitaine DOUMENC, les démineurs font sauter les mines antichars; le pont au Runsche est rétabli. La Campagne des Vosges est terminée.
A cette minute, le Corps Franc Pommiès terminait la mission qu'il s'était assignée :
participer à la libération totale de la France.

5 février 1945. La jonction du 21e corps américain et du 1er corps d'armée français a été enfin réalisée à Rouffach. Ce sont les blindés de la 12e DB et les premiers éléments de la 4e division marocaine de montagne qui ont pu ainsi couper en deux la poche de Colmar. En revanche, l'avancée le long du Rhin, de nuit, a été plus pénible, malgré un puissant éclairage artificiel : la 3e divison d'infanterie US tente d'ouvrir la route à la 2e division blindée, et le 15e régiment d'infanterie a atteint Neuf-Brisach où les Allemands ont fait sauter les ponts (rail et route). Au sud, Ensisheim a été libéré par le 2e régiment d'infanterie coloniale
Au soir du 5 février, la XIXe armée allemande n'occupe plus qu'un rectangle de 35 km sur 20, mais dispose de trois passages pour sa retraite, à Balgau, Blodelsheim et Chalampé. En Alsace du Nord, on se bat toujours à Oberhoffen, entre la 257e Volks-Grenadier-Division et le 142e régiment d'infanterie américain. Dans les Vosges, les Alliés maîtrisent désormais la situation, ayant atteint Munster et au Ballon de Guebwiller.

5 février 1945. << Marseillaises et prise d'armes dans Colmar, et puis la jonction à Rouffach, dans une aube froide, par le mince fil d'homme en Kaki serrant la main à un autre homme en kaki, au centre du bourg désert >> : Claudine Chonez, correspondant de guerre, en quelques mots, dresse l'ecte de décès de la poche de Colmar.
Ainsi, à 7h du matin, le major Scott (Combat Command A de la 12e division blindée US, <<Armored Division>>) échange un vigoureux <<shake hand>> avec le colonel Deleuze (à la tête de 4e régiment de spahis marocain accompagné de tirailleurs de 1er RTM); cette poignée de main sanctionne la coupure de la poche de Colmar.
CHALAMPÉ SEUL...
Les spahis étaient sur place depuis la veille. Les Américains, au nord, ont lancé leur offensive dès 2 h le matin. Tout se complique désormais pour la XIXe armée allemande; d'autant plus que, partout, les alliés ont mis à profit la nuit pour progresser, en mettant à profit des techniques diverses.
La plus originale est sans conteste celle utilisée par le général US O'Daniel, commandant la 3e division d'infanterie US (3e DIUS). Celle-ci a pour mission de se glisser en pleine nuit entre Neuf-Brisach et le Rhin. De Lattre: <<J'avoue mon inquiétude à Milbrun: n'est-ce pas bien délicat?>>. <<J'ai ce qu'il faut>> interrompt O'Daniel, mytérieux et un rien fâché. Effectivement, sans être tout à fait Josué, capable de commander au soleil, O'Daniel est maître de la lune... Les puissants feux de projecteurs spéciaux reflétés par les nuages engendrent sur un front de trois kilomètres un clair de lune artificiel qui à minuit, permet au chef de la 3e DIUS de réaliser son plan... Sous les rayons de cet astre made in USA, l'opération se déroule méthodiquement.>>
Après la manufacture de tabac et la gare (à 4h), Volgelsheim (à 6h), la caserne Abbatucci et le bois Boulay sont enlevés.
Mais le fort Mortier résiste. Pendant ce temps, le 2e bataillon du 15e RIUS s'est infiltré jusqu'au Rhin mais les deux ponts, le routier et le ferroviaire, ont été détruits par les allemands. Il ne reste plus à l'ennemi, comme artère vitale, que le pont de Chalampé. Or la 2e DB est chargée de lui couper cet accès. Encore faut-il lui ouvrir la route tâche que doit, justement, remplir le 3e division d'infanterie US. En attendant, le groupe tactique Langlade (avec Massu) enlève Logelheim puis Hettenschlag.
Au sud de la furure ex-poche de Colmar, <<bien que ne disposant pas de clair de lune de commande>> (de Lattre dixit), Bétouart a activé son corps d'armée tout au long de la nuit du 4 au 5. A l'aube, le Command 3 de la 1re DB a traversé Ungersheim et occupe la rive gauche de l'Ill de Réguisheim à Oberentzen avec l'appui de la 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM).
Le plus dur n'est pas loin et il est le lot de la 9e division d'infanterie coloniale (9e DIC). L'objectif est Ensisheim dont la date de libération avait, initialement, été fixée au... 1er février. Il faut franchir l'Ill.
<<Le général Mortière a choisi, pour point de franchissement de l'Ill, le coude qui fait saillie dans le bois de Réguisheim, couvert autorisant une mise en place relativement discrète des unités d'assauts>> (de Lattre)
La relativité de la discrétion se vérifie à la réaction de l'ennemi d'autant plus que les moyens de franchissement de l'Ill sont dérisoires (six canots et des radeaux de fortune). Les pertes française sont importantes. Finalement, à 22h30, le 2e régiment d'infanterie coloniale (2e RIC) pénètre dans Ensisheim. Les Allemands décrochent dans la nuit: à 6 h du matin, Ensisheim est entièrement libéré.
BAD KROTZINGEN A MINUIT
Le décrochage d'Ensisheim s'inscrit dans un mouvement d'ensemble de la XIXe armée allemande. Tout au long de la journée, les unités se sont repliées en direction de Rhin, même la 16e Voksgrenadier Division, basée dans la région de Munster, est arrivée, pour l'essentiel, à les rejoindre. Les Allemands passent sur la rive est du Rhin soit par bacs, soit par le pont de Chalampé malgré l'artillerie et les bombadements alliés.
Cela dit, le groupe d'armée (<<Heeresgruppe>>) croit pouvoir récupérer de grandes unités pour les injecter sur un autre front. Il ignore totalement leur état réel: pas moins de vingt bataillons d'infanterie ont dû être dissous en raison des pertes...
A 16h 45, la XIXe armée allemande envoie un télex au groupe d'armée; il comporte un calendrier d'évacuation dont le terme est la nuit du 9 au 10 février. A ce moment, la tête de pont en Alsace sera abandonnée.
Le télex, réceptionné à 18h, ne rencontre aucune objection. Les ordres sont donnés en conséquence. A minuit, le PC de la XIXe armée est installé à Bad-Krotzingen sur la rive est du Rhin, en Allemagne.

5 au 6 février 1945. Libération de Volgelsheim, des bombardements causèrent la destruction de 20 maisons et en endommagèrent 80 autres.

6 février 1945. Le 21e corps d'armée américain et le 1er corps d'armée français sont proches de faire leur jonction. Au nord, la 3e division d'infanterie a libéré Vogelgrun et stoppé devant Algolsheim ; le 30e régiment d'infanterie est entré dans Neuf-Brisach évacué par les Allemands, et le 28e division d'infanterie est arrivée au canal du Rhône-au-Rhin.
Au sud, pendant que le génie lance des ponts sur l'Ill pour laisser passer la 1ere division blindée, l'infanterie de la 2e division d'infanterie marocaine et la 9e division d'infanterie coloniale ont atteint Hirtzfelden et Munchhouse. 

6 février 1945. Libération de Sausheim, Le village fut beaucoup plus durement touché par la seconde guerre mondiale. Il fut détruit à 75 %. Libération d' Ensisheim. Libération de Algolsheim par les alliés, après son bombardement qui causera de nombreux dégâts. Libération de Appenwihr. Libération de Weckolsheim

6 février 1945. Le Rhin est occupé par les Français de COLMAR à BALE

7 février 1945. Les blindés du Combat Command 3 (groupement tactique) de la 1ere division blindée ont franchi l'Ill à Ensisheim et se sont battus à hauteur du canal du Rhône-au-Rhin, appuyés par l'infanterie du 8e régiment de tirailleurs marocains qui a établi une tête de pont à la ferme de Schoefferhoff. Au nord, le 21e corps américain progresse : Heiteren, Balgau sont libérés, et le sous-groupement Massu de la 2e division blindée française suit.
Mais pendant ce temps, la XIXe armée allemande s'échappe par le pont de Chalampé malgré les bombardements de l'aviation alliée. 20 000 hommes, 16 blindés et 100 canons seraient passés rien qu'en ce jour outre-Rhin !

7 février 1945. Le 1er Bataillon (du Corps Franc ) rejoint Cornimont à pied par le col d'Oderen. C'est le repos et les premières permissions.

8 février 1945. Libération de Geiswasser

8 février 1945. Une prise d'armes est organisée sur la place Rapp (du nom d'un Général de Napoléon originaire de Colmar) en l'honneur du Général de Lattre de Tassigny et une autre le 10 en l'honneur du Général de Gaulle. L'escadron va couler quelques jours heureux et prendre un repos bien mérité. On parle même de permissions. Les premières pour la plupart d'entre nous. En attendant, les 7 chars(1RAC) qui nous restent sont parqués au quartier RAPP et on remet le matériel en état. Etant, d'une part, un de ceux qui avaient quitté la France depuis le plus longtemps ( près de 3 ans et demi ), et d'autre parte un de ceux qui habitent le plus loin, je suis un des premiers à partir pour une permission de 10 jours plus 4 jours de délais de route car il faut compter avec les difficultés de transport, les voies ferrées n'étant pas partout totalement remises en état. Raymond Lescastreyres

8 février 1945. La jonction nord-sud a été bouclée autour de ce qui fut la poche de Colmar : le Combat Command 3 (groupement tactique) de la 1ere division blindée (1er corps d'armée) est entré au sud de Fessenheim. Au nord, arrivait le sous-groupement Gribius de la 2e division blindée, subordonnée alors au 21e corps d'armée américain. Les combats se sont poursuivis à l'ouest du Rhin et dans la forêt de la Hardt. Au soir, quatre communes sont encore tenues par les Allemands dans le Haut-Rhin : Rumersheim, Bantzenheim, Ottmarsheim et... Chalampé où le pont voit s'échapper les restes de la XIXe armée allemande, malgré un ordre contraire de Hitler.
Si le Haut-Rhin est désormais presqu'entièrement libéré, les combats continuent au nord. Oberhoffen, objet de combats acharnés, est en ruines. Les civils au nord de la Moder vivent dans des conditions très pénibles, avec les militaires allemands et le retour de la Gestapo.

9 février 1945. A 8 h, les Allemands ont fait sauter le pont de Chalampé après le passage de leurs derniers soldats sur la rive droite du Rhin. Il n'y a plus de poche de Colmar. Le général de Lattre (1ere armée française), qui passe les troupes en revue à Colmar, lance un communiqué de victoire : « Les forces alliées de la Iere armée française bordent le fleuve sur toute l'étendue de leur secteur. Elles ont tenu la parole de Turenne : il ne doit pas y avoir d'homme de guerre au repos tant qu'il restera un Allemand en deçà du Rhin ».
Ce n'est qu'en partie vrai puisque le Nord de l'Alsace est toujours sous la botte allemande, dans la zone confiée à la VIIe armée américaine. Et qu'une rude bataille se poursuit à Oberhoffen.

Les Allemands, avant leur retraite, ont labouré les voies ferrées avec un engin spécial appelé " Schienenwolf " (loup ferroviaire), endommageant partiellement d'importantes sections de lignes comme à Montreux-Vieux.

9 février 1945. Libération de Chalampé. Un témoignage:((Le Riedisheimois Gaston Wira, incorporé de force comme auxiliaire de la défense aérienne, a assisté à la libération de Chalampé le 9 février 1945.))« De septembre à novembre 1944, je faisais partie de la batterie de DCA allemande chargée de défendre les deux ponts de Chalampé. Après la percée de la 1re DB par Delle, Seppois et Bartenheim, nous nous sommes repliés sur la rive allemande du Rhin. De là, nous avons été mutés sous bonne garde en Tchécoslovaquie, puis à Leipzig. Le 16 janvier 1945, j'ai réussi à déserter avec deux camarades. Revenus à Fribourg, nous avons franchi le Rhin le 19 janvier. En 19 jours, mon périple m'a alors mené à pied de la fameuse "poche de Colmar" par Guebwiller jusqu'à Chalampé-le-Bas. » En faisant escale à Battenheim, le hasard lui a fait rencontrer la famille Charles Wolff de Chalampé. C'est par elle que le jeune homme a appris que la commune était évacuée et que la famille Arthur Hug se trouvait à Chalampé-le-Bas chez Joseph Fritschy ainsi que les familles Baumgartner, Henri Schirmer et le curé Kannengiesser. Les duels d'artillerie continuaient entre Sausheim, occupé par les Français, et Ensisheim encore allemande. « Sans le savoir, je me trouvais donc dans le Nomansland. Le lendemain, je marchais par la Hardt vers Munchhouse puis par Rumersheim vers Chalampé-le-Bas. C'est là que j'ai retrouvé mon ami Raymond Hug qui m'a accueilli avec les siens dans une maison sans confort et sans électricité, mais entourée de tranchées allemandes. J'y ai vécu la retraite de la Wehrmacht ». Pour cette dernière, l'accès au pont de chemin de fer de Chalampé a été un vrai calvaire. La route était livrée aux attaques aériennes alliées. Les chemins des champs étaient jour et nuit sous le feu de l'artillerie française. Les cadavres de soldats et de chevaux, les carcasses de camions jonchaient la route de Munchhouse - Bantzenheim - Chalampé. « Le 6 février, les tirs d'artillerie s'intensifiaient, mais notre secteur restait épargné. Au loin, une forte lueur d'incendie témoignait du "Barakenlager" de Neuenburg en flammes. Les 7 et 8 février étaient plutôt calmes. Ayant endossé des effets civils, j'accompagnais Henri Schirmer à Bantzenheim, chercher du pain. Au retour, une sentinelle allemande nous a interceptés, et nous a conduit chez le lieutenant qui après une fouille minutieuse nous a heureusement relâchés».
Caché dans la cave
Au retour, nos amis étaient désespérés. Un commando SS venait d'arrêter le curé Kannengiesser et Hubert Hug, les accusant d'avoir sectionné les câbles téléphoniques de la "Panzerbrigade" battant en retraite. L'après-midi, ils revenaient et emmenaient également Henri Schirmer. « Les voyant arriver, Joséphine Hug avait l'heureux réflexe d'ouvrir la trappe de la minuscule cave, de m'y pousser et de placer le lit du petit Pierre sur la trappe. S'ils avaient trouvé le déserteur que j'étais à ce moment-là, j'aurais eu droit au peloton d'exécution. Le soir du 8 février, une explosion de très forte intensité a déchiré la nuit. Le pont du chemin de fer de Chalampé avait sauté. Peu après nous avons perçu le mugissement d'un blindé allemand, le dernier à vouloir franchir le pont du Rhin. C'était trop tard ! Nous l'avons retrouvé après la libération au débouché de la rue de la Victoire, la tourelle arrachée. Le matin du 9 février un tir nourri d'artillerie a arrosé Chalampé. Nous avons décidé d'aller nous réfugier ailleurs et, au moment de sortir de la cour, je me suis rendu compte que les tranchées allemandes étaient vides. Mais au loin, des blocs de boue (ndlr : des blindés sur une route inondée) se dirigeaient vers nous. J'ai compris et j'ai hurlé de joie : "Les Français arrivent !" » C'est ainsi que Gaston Wira a vécu la libération de Chalampé, la dernière commune du sud de l'Alsace à être revenue à la France. 
Âgé de 16 ans, Gaston Wira a déserté de l'armée allemande le 16 janvier 1945. Caché par la famille Hug, il a réussi à échapper à l'occupant allemand.

9 février 1945. De Lattre envoya ce communiqué : "Au 21e jour d'une âpre bataille au cours de laquelle les troupes américaines et françaises ont rivalisé d'ardeur, de ténacité et de sens manœuvrier, l'ennemi a été chassé de la plaine d'Alsace et a dû repasser le Rhin." Ce communiqué reflète parfaitement la réalité.

10 février 1945. Les Allemands recommencent à mobiliser des civils dans le Nord de l'Alsace. Exemple : à Niederbronn, hommes et femmes doivent creuser des tranchées.
Le reste de l'Alsace fête la victoire : le général de Gaulle est passé à Mulhouse, où il a présidé une prise d'armes et prononcé un discours depuis le perron de l'hôtel de ville. A Colmar, il a décoré les généraux de Lattre et Leclerc, ainsi que les généraux américains Milburn et O'Daniel, avant de rejoindre Strasbourg dans la soirée.

11 février 1945. Le général de Gaulle a assisté à un solennel Te Deum dans la cathédrale de Strasbourg, aux côtés de Mgr Ruch, puis présidé une réception en l'hôtel de ville, avec le maire Charles Frey, avant un défilé de troupes place Broglie.
Le Nord de l'Alsace - qui se sent oublié - souffre. L'armée allemande, très affaiblie, utilise tous les moyens possibles pour dissuader les Alliés : elle construit des leurres (faux soldats, faux véhicules). A Gumbrechtshoffen, elle a réquisitionné, ce jour, des chevaux pour tracter un blindé à court de carburant.
Journée décisive dans l'ancienne tête de pont de Gambsheim : Oberhoffen, où se bat avec acharnement depuis plusieurs jours la 257e Volks-Grenadier-Division. La commune, évacuée et sinistrée, est enfin libérée par le 142e régiment d'infanterie américain.

12 février 1945. La réduction de la tête de pont de Gambsheim, formée lors de l'opération Nordwind, semble désormais acquise, après la libération d'Oberhoffen. Mais on se bat encore à Drusenheim et Offendorf.
Le général de Gaulle s'est rendu à Saverne, PC des forces américaines, et a décoré plusieurs officiers alliés, dont le général Patch, commandant la VIIe armée.
Les artilleries allemandes et américaines échangent régulièrement des tirs en Alsace du Nord, y faisant des victimes civiles et provoquant des dégâts.

13 février 1945. L'ancienne tête de pont de Gambsheim est presque réduite, mais on s'y bat encore. Des tirs d'artillerie, venus d'outre-Rhin, ont été signalés dans le Haut-Rhin, à Hésingue et Bartenheim.
Le général américain Devers a officiellement félicité le général de Lattre pour « les qualités magnifique de chef dont [il] a fait preuve comme général commandant la Iere armée française dans la réduction de la poche de Colmar. »

14 février 1945. Le quartier général du 6e groupe d'armées a signalé que des obus d'artillerie étaient tombés sur Brumath et que l'artillerie alliée avaient pris pour cible quinze chars ennemis près de Mietesheim, à l'aube. La zone industrielle d'Oberhoffen est annoncée comme « nettoyée ».
L'aviation américaine a bombardé le poste de commandement (PC) de la 6e division de montagne allemande près d'Eguelshardt : y sont tombées 16 bombes de 500 livres et 8 bombes incendiaires.

14 février 1945. A Rouffach, premiers pas de l' Ecole des cadres de la 1re armée. De Lattre: "Ils ont une âme de vainqueurs, nous leur ferons une âme de conquérant! "

Ecole des cadres de Rouffach

15 février 1945. La situation est stable sur le front nord en Alsace, mais le QG du 6e groupe d'armée signale que l'artillerie allemande a profité d'une bonne visibilité pour bombarder des « positions avancées ». Des obus sont tombés sur Saverne.
Plus à l'Est, l'artillerie allemande a également tiré sur des faubourgs de Strasbourg et sur les environs de Gambsheim. L'artillerie alliée a réagi par « des tirs violents » sur Sundheim, au sud de Kehl.

16 février 1945. Le quartier général des forces expéditionnaires alliées a annoncé qu'enfin, la région d'Oberhoffen a été « nettoyée ». Il a calculé par ailleurs que la réduction de la poche de Colmar a fait quelque 20 000 prisonniers allemands.
Au nord de l'Alsace, la VIIe armée américaine a mené une activité de patrouilles. Pfaffenhoffen et Obermodern ont été les cibles de l'artillerie allemande.
Les DNA datées de ce jour publient un message de Charles Frey, maire de Strasbourg, demandant à ses concitoyens d'enlever toutes les affiches et inscriptions allemandes des murs et enseignes de la ville.

17 février 1945. Une relève importante a commencé sur le front d'Alsace du Nord. La 45e division d'infanterie américaine est remplacée par la 42e, dite « Rainbow », entre Wingen-sur-Moder et Rothbach. Les Allemands, de leur côté, ont ré instauré la levée populaire, le Volkssturm, dans la zone qu'ils contrôlent en Alsace du Nord. Par exemple à Rothbach, ce jour ont été convoqués tous les hommes entre 16 et 55 ans. Dix obus sont tombés en deux jours sur Niederbronn-les-Bains.

18 février 1945. A Rouffach, le général de Lattre a ouvert son École des cadres de la Iere armée, confiée au commandant Lecoq : les stagiaires y passent six semaines à tour de rôle. L'un des objectifs est de mieux intégrer les Forces françaises libres. La 1ere division française libre apprécie modérément.
Les DNA-(dernières nouvelles d'Alsace) publient une interview d'André Malraux, alias colonel Berger, commandant la brigade Alsace-Lorraine. « Voyez-vous, les Alsaciens savent se battre. Et ils avaient des raisons impérieuses de se battre », explique-t-il au journaliste alsacien.
Sur le front nord, des obus de calibre 380 mm ont été tirés sur Saverne : les pièces sont probablement près de Reichshoffen.

19 février 1945. Le quartier général du 6e groupe d'armées a signalé « plusieurs tentatives d'infiltration » de l'ennemi près de Sarreguemines. Sur le front de la Iere armée française, des tirs de mortier ont visé Rhinau et un groupe ennemi a tenté de passer le Rhin à hauteur de Blodelsheim. La 1ere division française libre (1ere DFL) a commencé à se regrouper autour de Sélestat.
Les Alsaciens de Paris ont célébré la libération de l'Alsace, rassemblés devant la statue symbolisant Strasbourg. Pourtant, une large bande de l'Alsace du Nord est encore tenue par la Iere armée allemande.

20 février 1945. « Vive activité de patrouilles » dans le secteur de la VIIe armée, c'est-à-dire en Alsace du Nord, a signalé le quartier général du 6e groupe d'armées. Au sud des positions avancées de la Iere armée ont été attaquées près de Fessenheim (Haut-Rhin), au sud de Neuf-Brisach.
Dans l'Alsace du Nord, les troupes allemandes réquisitionnent pour se nourrir. A Nierderbronn-les-Bains, ce sont 60 vaches qui ont été saisies ces jours-ci.
Dans les états-majors alliés se prépare la phase d'attaque suivante. L'enjeu, pour les Français - et notamment la Iere armée du général de Lattre -, est de participer à l'entrée sur le territoire allemand.

21 février 1945. Une patrouille allemande qui avait traversé le Rhin près de Niffer a été repoussée, annonce le quartier général du 6e groupe d'armées. Sur le front nord, des désertions de soldats allemands ont été signalées : il s'agit en général d'incorporés des pays occupés. Ainsi deux Croates du 11e régiment de SS se sont-ils rendus ce jour à Wildenguth, près de Wingen-sur-Moder.
En Alsace, la présence de nombreux soldats musulmans de la Ire armée oblige à rappeler leurs traditions religieuses pour ne pas provoquer d'incidents. Un arrêté du gouverneur militaire de Strasbourg, le général Touzet du Vigier, publié dans les DNA, interdit par exemple aux débits de boissons de servir de l'alcool aux militaires musulmans.

22 février 1945. Jour de fête aujourd'hui à Mulhouse; le premier convoi partant de Paris par voie ferrée est annoncé en gare pour 15 h 30. Il s'agit d' une michelin. L' autorail aura à son bord de nombreuses personnalités dont M. Goursat, directeur général de la SNCF.
Il a fallu trois mois pour remettre le tronçon Lure-Mulhouse en état. Le tunnel de Chamagney et le viaduc de Dannemarie ont été reconstruits par le génie de la 1re armée française. Le débat sur l' épuration bat son plein.

23 février 1945. Relève dans les troupes allemandes au nord de l'Alsace : le 90e corps a pris le contrôle du secteur de Bitche. Des troupes rescapées des combats de la poche de Colmar sont dorénavant amenées en renfort en Alsace du Nord.
En face, l'artillerie américaine poursuit ses tirs réguliers : à Offwiller, 31 obus sont tombés ce jour sur le centre du village, faisant 20 victimes, selon la 103e division d'infanterie américaine. Quand la météo le permet, c'est l'aviation qui procède parfois à des bombardements : Obersteinbach a été bombardé ce 23 février et une adolescente de 13 ans y a été tuée.

24 février 1945. On ne se bat pas qu'en Alsace du Nord. En soirée, des patrouilles allemandes ont traversé le Rhin en plusieurs endroits (Marckolsheim, Neuf-Brisach, Nambsheim, Ottmarsheim), et ont été repoussées dans la nuit.
Les DNA publient un reportage signé Pierre Frédérix sur le château de La Hunebourg, dans les Vosges alsaciennes, dont le propriétaire, l'autonomiste pro nazi Karl Spiesser, est en fuite. Le reporter précise qu'il a entendu des explosions et vu de la fumée dans la zone de Bitche et Wissembourg.

25 février 1945. Un obus de 280 mm est tombé sur Saverne, qui héberge une base américaine de la VIIe armée : dix militaires ont été tués, quatorze autres blessés.
Les DNA publient un article sur Radio Strasbourg, « la voix de la France en Alsace », qui attend la reconstruction de son émetteur.

26 février 1945. Le port de Strasbourg a fait l'objet de deux « tentatives de raid » allemandes, repoussées par l'armée française.
En ces derniers jours de février se prépare une opération majeure des alliés pour la mi-mars. Il s'agit de percer définitivement les défenses allemandes à l'Ouest. La VIIe armée aura pour objectif la ligne Siegfried. Accessoirement, cette opération devrait libérer la portion d'Alsace encore sous la botte allemande, au nord de la Moder.

27 février 1945. Les Forces françaises de l'Intérieur (FFI) d'Alsace ont été dissoutes par le gouverneur militaire de Strasbourg, commandant la Xe région militaire, le général Touzet du Vigier.
Le tribunal militaire régional a prononcé une condamnation à mort : celle d'un homme qui, le 8 février, avait mortellement blessé le contrôleur principal des Domaines, Léon Weber.
L'évêque de Strasbourg, Mgr Ruch, revenu à Strasbourg en décembre et qui avait accueilli de Gaulle à la cathédrale le 11 février, est allé remercier le diocèse de Périgueux de l'avoir accueilli durant la guerre.

28 février 1945. Dans la région de Haguenau, des tirs de mitrailleuses allemandes ont pris à partie des unités américaines. L'aviation française (31e et 34e escadres du 1er corps aérien) a bombardé la zone industrielle au nord de Fribourg-en-Brisgau, en pays de Bade.
Le couvre-feu à Strasbourg, annoncent les DNA, sera repoussé de 18 h à 20 h au 1er mars. Un certain abbé Pierre « aumônier du maquis » a rencontré la presse à Strasbourg (il ira à Mulhouse le lendemain donner une conférence) : il s'agit bien du futur fondateur des communautés d'Emmaüs. Il a alors 32 ans et est envoyé en tournée par le ministère de l'Information.

Vers mars 1945