Histoire des Tirailleurs Sénégalais
Le corps des Tirailleurs sénégalais a été créé en 1857 par Louis Faidherbe, gouverneur général de l’Afrique de l’Ouest Française. Il était désireux de se doter d’unités de combat indigènes, permettant de palier à l’insuffisance des effectifs en provenance de métropole.
Les origines des Tirailleurs
De 1857 à 1905, les régiments de tirailleurs étaient constitués d’esclaves affranchis rachetés par les Français à leurs maitres africains. Ces effectifs furent progressivement renforcés d’apports de prisonniers de guerre et de volontaires. Vers la fin du XIXe siècle, des membres des classes dirigeantes traditionnelles africaines intégrèrent le corps comme sous-officiers. Les tirailleurs étaient loins d’être tous sénégalais. Ils venaient de l’ensemble des colonies françaises d’Afrique. Les ethnies Bambara et Toucouleur étaient très bien représentées.
Après 1905, les Tirailleurs prirent une importance plus grande avec le besoin de forces de police efficace sur l’immense territoire africain sous administration française, des problèmes d’insécurité liés à des révoltes sporadiques (en Mauritanie, au Maroc), le déploiement des Tirailleurs en dehors d’Afrique et après le déclenchement de la 1ère Guerre Mondiale, le besoin de renforcer les troupes engagées sur le front lorrain.
Beaucoup d’officiers généraux français de la 1ère Guerre Mondiale ont commencé leur carrière comme officier dans les Tirailleurs, à commencer par les Maréchaux Joffre, Gallieni ou encore le Général Mangin. Ce dernier en avait d’ailleurs tiré un ouvrage intitulé La Force Noire, dans laquelle il faisait l’apologie des troupes africaines avec toutefois des arguments qui sentait bon le racisme (il défendait entre autre l’idée que les Africains avait un système nerveux moins développé et donc moins sensible à la douleur).
Les Tirailleurs pendant la 1ère Guerre Mondiale
En 1914, on comptait 14.000 Tirailleurs sénégalais en Afrique de l’Ouest et 15.000 à l’extérieur, principalement au Maroc. Six bataillons furent immédiatement dépéchés en France à la mobilisation. Les Tirailleurs furent engagés sur le Front dès le début des combats.
En Octobre 1915, près de 30.000 nouveaux conscrits et volontaires avaient renforcé les troupes déployées en France. Un décret du 9 octobre 1915 ordonnait la mobilisation des Africains de plus de 18 ans et un bonus de 200 francs pour les volontaires. 51.000 Africains supplémentaires furent ainsi recrutés jusqu’en 1916. En 1917, 17 bataillons de Tirailleurs étaient engagés à la Bataille de la Somme. 120.000 Africains servaient alors dans les forces françaises.
Manquant cruellement de réserves, la France fit un effort désespéré pour recruté 50.000 hommes supplémentaires. Dégouté, le Gouverneur général à Dakar préféra démissionner, craignant une révolte des Africains. Blaise Daigne, un Sénégalais élu député à l’Assemblée Nationale française, vit dans cette situation une opportunité pour les Africains de s’émanciper et mit tout son prestige dans la balance pour inciter les Africains à s’engager : ce que firent 60.000 d’entre eux. Il fut aidé dans sa croisade par un décret français accordant réductions d’impôts, travail garanti pour les vétérans et citoyenneté française sous certaines conditions.
La Guerre transforma le corps des Tirailleurs, d’une unité de mercenaires à une unité d’engagés, qui furent démobilisés en 1919, même si certains d’entre eux servirent en Allemagne ou dans des garnisons coloniales.
Mythe et réalité
Alors que les Français louèrent la bravoure des Tirailleurs au feu, les propagandistes allemands les présentèrent comme des canibales et les officiers anglais comme des troupes indisciplinées et peu courageuses. De fait, on a eu connaissance de certaines situations au cours desquelles, des unités furent prises de panique, il est également indiscutable que l’on fit combattre ces troupes dans des zones où les troupes métropolitaines refusaient de servir (en particulier au cours de l’offensive manque de Général Neville en 1917). On critiqua également la résistance au froid d’hommes habitués à des températures plus clémentes. Là encore, sans éléments réellement probants.
Finalement, les troupes africaines françaises ne furent ni mieux ni moins bien que les autres unités combattante sur le front de l’Est. Leurs performances dans la bataille dépendant plus de problèmes de leadership, motivation ou d’entrainement que de la race.
Des 212.000 Africains français qui servirent pendant la 1ère Guerre Mondiale, 163.000 furent engagés en France. 30.000 y moururent. Le taux de mortalité des Tirailleurs était de 185 pour mille.
Conclusion…
Dans une large mesure, les Français tinrent leur promesse à la démobilisation. Les Vétérans bénéficièrent de conditions particulières et furent largement recyclés dans l’administration coloniale.
Les tirailleurs africains
: un rôle historique (MFI) Créés par décret sous Napoléon III, les régiments de soldats coloniaux d’Afrique ont participé massivement aux deux grandes guerres du 20e siècle et ont largement contribué à la victoire des Alliés en 1945. Une des caractéristiques des grands conflits européens du dernier siècle a été la participation massive aux combats des soldats issus des pays colonisés. Les effectifs des contingents africains (Algériens, Marocains, Tunisiens, Malgaches et tirailleurs africains confondus) qui ont combattu aux côtés des Français s’élevaient à quelque 416 000 hommes pendant la Grande Guerre et à près de 500 000 en 1939-1945. Malgré les rigueurs climatiques, les maladies et l’attitude des états-majors qui les assignaient systématiquement à des corvées subalternes, ces soldats ont joué un rôle décisif dans la victoire de la France en 1918 et ont contribué à la libération en 1944-45. Comme le rappellent les historiens, la France n’aurait probablement pas pu l’emporter avec ses seules forces, ni en 14-18, ni en 39-45. Et l’Empire créa les tirailleurs L’empire colonial français n’aurait sans doute pas existé non plus sans les troupes noires qui ont participé à toutes les opérations de conquête de territoires menées par la République tout au long du 19e siècle en Afrique et à Madagascar. Elles ont remplacé progressivement les soldats européens de base qui résistaient mal aux conditions climatiques tropicales. Dès 1820, les recruteurs militaires engagèrent des Africains comme « laptots » (marins) et soldats. Il s’agissait pour la plupart de captifs que les autorités françaises avaient rachetés à leurs maîtres et dont le temps de service était considéré comme un remboursement. Le décret créant formellement « au Sénégal un corps d’infanterie indigène sous la dénomination de tirailleurs sénégalais » date du 21 juillet 1857 et fut signé par Napoléon III. Ces soldats qui venaient de toute l’Afrique noire étaient souvent des « volontaires forcés », désignés par les chefs de villages qui se débarrassaient ainsi des gêneurs de toute nature. Leurs effectifs n’ont cessé d’augmenter ; ils sont passés de 1 000 en 1867 à 15 000 hommes en 1913. Cette dépendance croissante à l’égard des bataillons d’Afrique n’a pas pour autant conduit le gouvernement français à inclure l’Afrique dans l’appel à la mobilisation à la veille de la guerre en 1914. A l’époque, l’état-major était profondément divisé sur l’utilisation des troupes noires pour la défense ou la reconquête du territoire métropolitain. Certains pensaient, comme le colonel Mangin, que l’Afrique était un formidable réservoir de soldats pour la métropole. Par ailleurs, l’Afrique n’avait-elle pas une dette de sang envers la France, comme on pouvait le lire en 1909 sous la plume du ministre des colonies de l’époque Adolphe Massimy : « L’Afrique nous a coûté des monceaux d’or, des milliers de soldats et des flots de sang. Mais les hommes et le sang, elle doit nous les rendre avec usure. » ? Une véritable chasse aux recrues Les cadres coloniaux comme Mangin avaient en face d’eux des spécialistes militaires franchement sceptiques quant à l’efficacité de l’emploi de troupes coloniales sur les fronts européens. Mais ces réserves furent balayées par les énormes besoins en hommes de cette guerre totale. Dès 1916, une véritable chasse aux recrues est mise en place pour combler les rangs vides. La direction des territoires coloniaux fit pression sur les chefs de village, organisant de véritables rafles. Des révoltes éclatèrent ici et là. La France de Clémenceau envoya le Sénégalais Blaise Diagne en 1917 pour convaincre la jeunesse de l’Afrique noire de s’enrôler massivement pour sauver la métropole en danger. La France établit la conscription obligatoire dans les colonies dès 1919 et appelle de nouveau l’Afrique à la rescousse dès l’imminence d’une nouvelle guerre avec l’Allemagne. Au cours de la décisive bataille de France, en mai et juin 1940, 10 000 soldats noirs furent tués et 7 500 sur 11 000 moururent dans les camps de prisonniers de guerre. Les prisonniers africains, gradés et simples soldats, étaient sommairement exécutés par les Allemands. Est-ce pour affirmer que la France restait essentiellement une nation européenne et qu’elle était libérée d’abord par les Français que de Gaulle décidera en 1944, au lendemain du débarquement de l’armée française en Provence et à la surprise générale, de démobiliser 20 000 tirailleurs ? Ce « blanchissement » des Forces Françaises Libres ne peut nullement déposséder l’Afrique du rôle historique qu’elle a joué dans cette guerre. Tirthankar Chanda |
Un site à voir http://www.capsurlemonde.org/casamance/tirailleurs.html