Ordres du jour et messages de la 1re Armée Française 3
septembre 1944 - 27 juillet 1945
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ARMÉE FRANCAISE DU SUD P. C., le 3 septembre 1944
ORDRE DU JOUR N° 1
Officiers,
Sous-officiers et Soldats,
Vous venez de vivre les plus belles journées que peut avoir un soldat :
En Abyssinie, en Lybie, en Tunisie, vous aviez assuré la pérennité
des vertus militaires françaises.
En Italie, sous le commandement prestigieux
du Général Juin, vous aviez
rendu à nos armes leur éclat. Aujourd’hui,
vous atteignez le but même de
vos efforts et de vos sacrifices. Les victoires
de ces jours derniers sont celles
que vous attendiez depuis des années,
celles qui assurent la Libération
de la France. Elles consacrent le renouveau
de l’Armée Française se
battent pour le cause de la Liberté aux côtés
de ses alliés avec les armes
puissantes qu’ils ont forgées pour vous.
Votre courage, votre valeur n’avaient plus besoin de témoignages.
Et cependant vous vous êtes
surpassés ; emportés par le même élan qui
jetait la France dans
l’insurrection la plus sainte, vous vous êtes lancés
en avant, pour la Libération.
Après avoir foulé avec piété la terre de la Patrie, vous avez libéré
la
Provence avec l’appui des
Forces Navales et Aériennes Alliés, dans une rapide
campagne de dix jours, coude à
coude avec nos camarades américains ;
vous avez chassé l’ennemi de
Marseille et de Toulon et poussé vos
avant-gardes au delà du Rhône.
Plus de 35.000 prisonniers, un énorme
butin, sont déjà tombés dans
vos mains.
Cœurs fervent, qui venez, l’âme haute, des quatre coins de la
France et de l’Empire, soyez
fiers de votre victoire.
Vétérans des Forces Françaises Libres qui n’avez jamais cessé de
de combattre, Évadés de France
qui, au prix des pires souffrances, avez re-
joint notre nouvelle Armée,
Soldats d’Afrique du Nord brûlant de l’ardent
désir de vous jeter dans la
bataille et Combattants de la Résistance luttant
sans trêve contre
l’envahisseur détesté,
Vous, de la 1e D.I.M., à la fougue légendaire, qui avez fixé
l’adversaire dans la banlieu
Est de Toulon et qui avez emporté de haut lutte
les puissantes organisations défensives
du Mont Redon, des Maurettes,
de l’Hôtel du Golfe, d’Hyères,
de la Crau, de Lagarde,
Vous, de la 3e D.I.A., qui avez encerclé Toulon à l’Ouest
en
Même temps que vous pénétriez
profondément dans la banlieue Nord ;
puis, qui, toujours infatigables,
avez conquis Marseille en quatre jours par
une manœuvre toute d’audace et
de rapidité,
Vous de la 9e D.I.C., vainqueurs de l’Ile d’Elbe, qui n’étiez
que 500 à peine lorsque, vous
enfonçant au cœur même de la Cité de
Toulon, vous avez méthodiquement,
obstinément, réduit un à un les centres
fortifiés de l’ennemi,
Vous Cavaliers des Blindés et des Motorisés, qui avez participé
a tous les combats et qui les
avez marqués tous de votre sceau de noblesse
et de sacrifices,
Vous, les admirables guerriers du Bataillon de Choc, des Commandos
et du Groupe Naval d’Assaut,
qui avez accompli des prodiges en enlevant
Le Cap Nègre, le Coudon, le
Faron et la Poudrière de Toulon, et qui
avez fait qu’une fois de plus
le mot <<impossible>> n’est pas français,
Et vous encore, nos camarades des F.F.I., si chers à notre affection,
qui, en haillons et les mains
presque nues, avez impitoyablement
harcelé l’oppresseur avant de
la maîtriser. Partout, vous étiez là, courageux,
audacieux ; vous avez été
pour nous plus que des frères d’armes, vous avez
été d’autres nous-mêmes, des
Français en qui tous ont reconnu avec une
émotion bouleversante les mêmes
idées généreuses, la même ardeur, la même
foi qui anime le combat.
Notre Chef Suprême, le Général De Gaulle, vient de recueillir dans
les acclamations pathétiques de
la population le fruit de sa clair voyance incomparable
et de son indomptable énergie.
Soyez dignes de lui.
Demain vous chasserez l’ennemi qui chancelle de ces provinces de
l’Est
qui sont particulièrement chères
à nos cœurs et, chansons victorieuses aux lèvres,
vous reprendrez les chemins
traditionnels de vos Aînés vers Strasbourg, vers le Rhin.
Le Général De Lattre De Tassigny,
Commandant
l’Armée française du Sud
J . DE LATTRE
ARMÉE
FRANCAISE DU SUD
P. C., le 12 septembre 1944
ORDRE DU JOUR N° 2
Officiers,
Sous-officiers et Soldats,
Je suis heureux et fier de porter à votre connaissance la lettre
Suivante
que m’adresse le Lieutenant - Général A. M. Patch, Commandant
La
VII° Armée américaine :
QUARTIER
GENERAL DE LA VIIe ARMÉE U.S.
E. M.
Le
3 septembre 1944.
Mon Cher Général de Lattre de Tassigny,
C’est avec le plus grand plaisir que je vous transmets les félicitations
Personnelles
du Chef d’État – Major Général de l’Armée américaine, le Général
C.
MARSHALL, pour avoir anéanti si brillamment et si rapidement la résistance
allemande
à Toulon et à Marseille. Mes plus profondes félicitations
a
vous et à votre splendide Armée pour un fait d’armes qui demeurera
a
travers l’Histoire comme une épopée militaire.
Avec la plus grande satisfaction, donc, je cite le message que j’ai reçu
De
notre Chef d’État – Major Général de l’Armée américaine, le Général
MARSHALL :
<<Personnel, de MARSHALL au Général WILSON. – Je vous serais
<< reconnaissant de transmettre le message suivant au Général
PATCH :
<<1°) Félicitation à vous personnellement et à la VII° Armée
pour
<<le splendide succès des opération initiales dans le Sud de la
France.
<<2°) Transmettez, je vous prie, au Général De LATTRE DE
TASSIGNY
<<mes félicitations personnelles pour l’ anéantissement de la résistance
<<allemande à Toulon et à Marseille, et au Général TRUSCOTT,
<<Commandant le 6° C. A. U. S. et à ses Divisions pour le travail
magnifique
<<qu’elles sont en train de faire.
<<Sincèrement vôtre,
Lieutenant-Général A. M. PATCH,
Commandant la VIIe Armée U. S.
Cet
hommage rendu par le Haut Commandement Américain
à votre ardeur
guerrière,
à la vigoureuse rapidité de vos action successives, et au victoire qui les ont
couronnées,
est un précieux témoignage de l’éclatante valeur de notre Armée.
une
large part en revient aux Chefs qui vous ont conduits, aux Généraux de
MONSABERT,
du
VIVIER, MAGNAN, BROSSET, GUILLAUME, SUDRE.
Chaque jour, la population française libérée joint son vibrant éloge
à celui
de
nos Alliés.
L’accueil joyeux qui salue votre arrivée aux portes de nos villes et
accompagne
Votre
course sur les routes de France, vous encourage à redoubler vos efforts. Tant
qu’il
restera un Allemand vivant sur notre sol, tant que la défaite ennemie ne sera
pas
complète,
votre élan ne se ralentira pas.
Le
Général d’Armée De Lattre De Tassigny,
Commandant l’Armée Française du Sud,
J. De Lattre
ARMÉE
FRANCAISE DU SUD
P. C., le 1 octobre 1944
ORDRE DU JOUR N° 3
Officiers,
Sous-officiers et Soldats, de la 1re Division Blindée,
Héritiers des traditions de la Cavalerie et dignes Compagnons d’armes
de
votre Chef, le Général du VIGIER, vous venez d’accomplir en un mois une série
de
hauts faits qui s’inscriront dans le plis de vos drapeaux et de vos étendards.
A l’avant-garde de la 1re Armée Française, vous avez eu
l’honneur d’aborder
les
premiers le sol de la Patrie.
Sitôt à terre, vous avez couru à l’ennemi sur les routes de Provence
et le
22
août, par une manœuvre hardie à laquelle ont brillamment participé les blindés
du
Général SUDRE et du Colonel KIENTZ, Marseille était libérée sept jours
après
votre débarquement.
Sans permettre à l’ennemi de revenir de sa surprise, sans arrêt, vous
avez
continué
la marche de la libératrice : en trois semaine, vous abordiez les pentes
des
Vosges.
Lyon, Dijon, Autun, Langres, sauvés de la
destruction, jalonnent les étapes
de
cette progression où vous avez combattu côte à côte avec vos camarades des
Forces
Françaises de l’Intérieur.
Harcelant sans répit les colonnes de la 19e Armée allemande
déjà dissociées
sous
vos coups répétés, vous les avez contraintes au combat et finalement anéanties.
Des milliers de prisonniers, un butin abondant, sont tombés entre vos
mains
au
cours des combats héroïques d’Autun, tandis que votre action liées à celle
du
groupement
SCHNEIDER imposait la capitulation de dix-huit mille Allemands dans
La
région de Nevers.
Tel est le bilan de cette marche victorieuse ; mais la meilleure de
vos
récompenses est bien le reconnaissant bonheur des populations libérées
applaudissant
non seulement votre bravoure traditionnelle et votre puissance
moderne,
mais encore votre tenue, votre ordre et votre discipline.
Aujourd’hui, de nouvelles missions vous attendent. Je sais que je puis
toujours
et partout compter sur vous pour les mener à bien.
Le Général d’Armée De Lattre De Tassigny,
Commandant l’Armée Française du Sud,
J. De Lattre
L’ORDRE
DU JOUR N° 4, en
date du 12 novembre
1944,
annonçait les départ en permission pour la
deuxième
quinzaine de novembre ;
Sa promulgation, l’avant-veille du
déclenchement
De
l’offensive de la 1re Armée Française, faisait partie du
Plan général de surprise arrêté par le Commandement.
1re ARMÉE FRANCAISE DU SUD P. C., le 9 décembre 1944
ORDRE DU JOUR N° 5
Officiers, Sous -
Officiers, Soldats et Marins de la Première D.M.I.,
Je ne peux pas vous
laisser quitter la Première Armée Française
sans
vous redire toute mon admiration pour vos hauts faits et sans vous
exprimer,
à vous et à votre nouveau Chef, le Général GARBAY, ma fra-
ternelle
amitié et mes regrets profonds de vous voir partie.
Vous avez été dès 1940 à
l’avant-garde de la résurrection guerrière
de
la Patrie et vos héros tombés sous toutes les latitudes d’Afrique, puis
en
Italie, témoignent de votre indomptable volonté de ne pas subir la dé-
faite.
Ensemble – et ce sera une de mes fiertés de vous avoir eus sous
mon
Commandement – nous avons reconquis Toulon, délivré Lyon et chassé
l’ennemi
de la Bourgogne et des crêtes des Vosges.
Au cours de vos récents
succès au nord de Belfort, vous vous êtes
surpassés :
malgré le deuil cruel qui vous accablait, malgré les difficultés
accumulées
sur votre chemin, jeunes et vétérans de chez vous ont rivalisé
de
souplesse manœuvrière, d’énergie et d’ardeur combative.
Je m’incline
profondément devant vos morts.
En tête de leur
longue cohorte, sur la route qui de l’Erythrée vous
a
conduit en Alsace, vient votre ancien Chef, le Général BROSSET, qui a
su
si magnifiquement vous modeler à son image, vous insuffler sa foi ar-
dente
et dont vous gardez si pieusement le souvenir dans vos cœurs. Son
auréole
de gloire rejoint déjà dans la légende celle de vos compagnons
d’armes
de Bir - Hakeim.
Une nouvelle
tâche vous attend.
Toute
la Première Armée Française vous suivra de ses pensées et
de
ses vœux.
Bonne
chance et à bientôt … en Allemagne.
Le Général d’Armée de Lattre De Tassigny,
Commandant en Chef la Première Armée Française.
PREMIÈRE
ARMÉE FRANCAISE
P. C., le 6 janvier 1945
MESSAGE
A
la Population de Strasbourg
La Première Armée
Française a désormais la mission de défendre
votre
Cité, chère entre toutes à nos âmes de soldats.
Le Général De
GAULLE, Président du Gouvernement Provisoire de la
République,
Chef des Armées Françaises, a voulu que ce soit notre Armée
qui
Protège Strasbourg.
Je fais ici
la solennelle promesse qu’elle se montrera digne de cette
tâche :
elle veillera sur vous, fidèlement et avec fierté.
J’adresse
à votre vaillante population, à laquelle j’ai donné depuis
longtemps
tout mon cœur, un salut affectueux et un message de confiance.
Le général
de Division Du VIVIER a été nommé Gouverneur Mi-
litaire
et Commandant de la 10e Région. C’est le Chef valeureux qui,
avec
la 1re Division Blindée, est parvenu le premier au Rhin. Dès
aujourd’hui,
il
prend la charge qu’assumait provisoirement le Général SCHWARTZ. Celui-
ci,
dont vous avez pu apprécier toutes les qualités, reste parmi vous,
comme
Commandant de la Subdivision de Bas-Rhin.
Ainsi
Strasbourg, délivrée hier par les soldats français de la 2e
Division
Blindée
du Général LECLERC, est à nouveau défendue, depuis le 6 Janvier,
Par
l’Armée Française.
Confiance,
Strasbourgeois ! Répondant avec enthousiasme à l’appel
de
notre Chef, le Général De GAULLE, nous saurons forcer la Victoire !
Le Général d’Armée
De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant en Chef la
Première Armée Française,
J. De LATTRE
PREMIÈRE
ARMÉE FRANCAISE
P. C., le 2 février 1945
MESSAGE
A la Population de Colmar
Habitants de
Colmar,
Après
quatre ans et demi d’oppression et de souffrances, quatre ans
et
demi d’une séparation cruelle à nos cœurs, votre Cité retrouve la Mère
Patrie
et le Drapeau Tricolore.
Fraternellement unis, les Français de la 5e Division Blindée
et les
fantassins
des Divisions Américaines ont pénétré aujourd’hui deux février
dans
la ville de Colmar, à laquelle notre manœuvre a voulu épargner les
Destructions
de la bataille.
Désemparé, l’Allemand bat en retraite.
Désormais, toute menace écartée, sous la protection de nos troupes,
vous
êtes rendus à la liberté et à la vie française.
Au nom du Général De GAULLE, Chef du Gouvernement, Chef Su-
prême
des Armées et Libérateur de la France, je salue la population de
Colmar,
les vivants, présent ou absents, et les morts.
Le Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant
en Chef la Première Armée Française,
1re
ARMÉE FRANCAISE
P.
C., le 7 Février 1945.
CABINET
DU GENERAL
N° 2263/CAB.FR.
ORDRE
DU JOUR N° 6
Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats Américains et Français
de la Première Armée Française,
Je ne veux pas attendre la fin de cette âpre et victorieuse bataille
pour
vous dire ma joie et ma reconnaissance.
Depuis
près de trois semaines, je ne vous accorde aucun répit et
de
nuit comme de jour, je vous crie durement et sans cesse << En Avant
>>.
Il
le fallait !
Nulle
tâche n’était plus impérieuse ni plus belle que celle de sauver
Strasbourg
et de libérer définitivement l’Alsace. Nulle tâche n’était plus
féconde
en résultats militaires et politiques. Nulle tâche ne méritait davan-
tage
votre générosité et votre sacrifice.
Vous
l’avez tous compris et, couverts de boue, transis de froid, épuisés,
Vous
avez trouvé en vous l’énergie suprême pour subjuguer l’énergie déses-
pérée
de l’ennemi.
Merci
à vous, mes chers camarades Français, vous pourrez pré-
tendre
avec une juste fierté que vous avez été les artisans d’un grand
événement
national dont nos enfants parleront avec émotion et respect.
Toutes
les Divisions de l’Armée de la Libération étaient présentes et
chacune,
de son génie propre et d’un amour égal pour la Patrie, a marqué
glorieusement
son coin de bataille.
L’Allemand
est chassé du sol sacré de France. Il ne reviendra plus !
Le Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant en Chef la Première Armée Française,
J. De LATTRE
1re
Armée Française
P.
C., le 14 février 1945
Le Général
N°2350/CAB.FR.
ORDRE DU JOUR N° 7
Officiers,
Sous-Officiers et Soldats du XXIe C.A.U.S.,
Au lendemain de l’éclatante
victoire remportée dans la plaine d’Alsace
par
vos Divisions fraternellement unies aux Forces Françaises des 1er et
2e
Corps
d’Armée, je suis particulièrement heureux de vous dire ma gratitude
et
mon admiration.
Cette Bataille a
manifesté une fois de plus la communauté d’idéal qui
nous
attache à votre noble Pays.
Nous n’oublierons
jamais la part magnifique que le 21e C.A. a pris,
au
sein de la Première Armée Française dans la délivrance de la plus
chère
de nos Provinces.
-
Le superbe allant et l’opiniâtreté de la 3e D.I.U.S. réalisant
la percée
et,
par un exploit qui restera légendaire, enlevant d’assaut la vieille
forteresse
de Neuf-Brisach.
-
L’esprit chevaleresque de la 28e D.I.U.S. qui, atteignant,
après de
dures
journées de combats, les faubourg de Colmar, tint à l’honneur de
laisser
les chars français pénétrer les premiers dans la ville.
-
Le courage et la fermeté de la 75e D.I.U.S. résistant
d’abord aux
attaques
menées contre le flanc de notre poussée principale, puis complétant
l’action
décisive de la 3e D.I.U.S.
-
L’esprit offensif de la 12e D.I.U.S. enfin, qui, découplée
la dernière
dans
la bataille, réalisa la liaison à Rouffach avec les forces du 1er
C. A.
Tous,
sous le commandement remarquable d’autorité et d’habileté du
Général
MILBURN, grâce au travail précis et méthodique de son État-Major,
grâce
à l’héroïsme indomptable des combattants, vous avez paré vos couleurs
D’un
gloire nouvelle.
Je
m’incline devant ceux de vos camarades qui ont donné leur vie pour
la
France, pour leur Patrie et pour la Liberté du Monde, et je forme le vœu
qu’un
jour prochain nous retrouve à nouveau côte à côte, pour le Triomphe
Définitif
de nos Armées unies.
Le Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant
en Chef la Première Armée Française,
J. De LATTRE
MAIRIE
DE STRASBOURG
le 16 avril 1945
MESSAGE
A la Population de Strasbourg
STRASBOURGEOIS, nous
fêtons aujourd’hui la libération définitive de
Notre
ville : à 17 heures, venant de Kehl, le Commandant en Chef de la Première
Armée
Française, le Général De Lattre de Tassigny, fera son entrée dans
Strasbourg.
Le 6
janvier dernier, il nous a solennellement promis de veiller à notre sécurité.
Durant
ces derniers jours, si durs pour tant d’entre nous, son seul souci fut,
Abandonnant
toute autre préoccupation, de rester fidèle à sa promesse .
IL A
TENU PAROLE !
Son arrivée par Kehl est le gage de notre sécurité.
Réservons-lui
un accueil à la mesure de notre gratitude.
Sortez
les drapeaux !
Tout le
monde dans la rue !
Vive
de LATTRE ! Vive l’ARMEE FRANCAISE !
Le
Maire de Strasbourg
Charles FREY.
1re
ARMÉE FRANCAISE
P. C., le 24 avril 1945.
CABINET
DU GENERAL
ORDRE DU JOUR N° 8
Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats
De
la Première Armée Française,
Vous venez d’inscrire sur vos Drapeaux et sur vos Etendards deux
noms
chargés d’Histoire et de Gloire française,
RHIN et DANUBE.
En ce mois de campagne, vous avez traversé la Lauter, forcé la
Ligne
Siegfried et pris sur la terre allemande ; puis, franchissant le
Rhin
de vive force, élargissant avec ténacité les têtes de pont de Spire
et
de Germersheim, vous avez écrasé la résistance d’un ennemi désespéré-
ment
accroché à son sol, et conquis d’une traite deux Capitale, Karlsruhe et
Stuttgart,
la Pays de Bade et le Wurtemberg ; enfin, débouchant sur le
Danube,
le traversant aussitôt, vous avez voulu, renouvelant la victoire de
la
Grande Armée, que flottent nos couleurs sur Ulm.
Combattants de la Première Armée Française, fidèles à l’appel de
notre
Chef, le Général De Gaulle, vous avez retrouvé la tradition de la
Grandeur
Française, celle des Soldats de Turenne, des Volontaires de la
Révolution
et des Grognards de Napoléon.
Le
Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant
en Chef la Première Armée Française,
J. De LATTRE
PREMIÈRE
ARMÉE FRANCAISE
<< RHIN ET DANUBE
>>
ORDRE DU JOUR N° 9
Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats
de la Première Armée Française
Le jour de la Victoire est arrivé.
A BERLIN, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre
nom,
l’acte solennel de la capitulation de l’Allemagne.
Digne de la confiance de notre Chef suprême, le Général de Gaulle,
libérateur
de notre Pays, vous avez,, par vos efforts, votre ferveur, votre
héroïsme,
rendu à la Patrie son rang et sa grandeur.
Fraternellement
unis aux soldats de la Résistance, côte à cote avec
nos
camarades alliés,, vous avez taillé en pièces l’ennemi, partout où vous
l’avez
rencontré
Vos
drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne.
Vos
victoires marquent les étapes de la Résistance Française.
De
toute mon âme, je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à
la
fierté de vous-mêmes comme à celle de vos exploits.
Gardon
pieusement la mémoire de nos Morts. Généreux compagnons
Tombés
au Champ d’Honneur, ils ont rejoint dans le sacrifice et la gloire,
pour
la Rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs.
Célébrons
votre victoire : victoire de Mai, victoire radieuse de prin-
temps
qui redonne à notre France la Jeunesse, la Force et l’Espoir.
Soldats vainqueurs, vos enfants apprendront la nouvelle épopée que
vous
doit la Patrie.
BERLIN,
le 9 mai 1945.
Le Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant en Chef la Première Armée Française,
J. De LATTRE
.
PREMIÈRE
ARMÉE FRAN9AISE
P.C. LINDAU, le 27 juillet 1945.
<< RHIN ET DANUBE >>
ORDRE DU JOUR N° 10
Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats
de la Première Armée Française
Au
cœur de l’Allemagne, au cœur de l’Autriche, la Première Armée
Française
victorieuse avait, dès le jour de la reddition de l’ennemi, réalisé
ses
espoirs et son destin.
Formée
pour le guerre, elle cesse aujourd’hui d’exister.
En
cette heure où je dois me séparer de vous, j’éprouve une grande
émotion,
une infime tristesse.
A
vous, mes compagnons, auxquels j’ai tant demandé, et qui avez
ma
gratitude et mon affection.
L’Honneur
et le Fierté de ma vie demeureront de vous avoir com-
mandés :
en Afrique, pendant l’ardente préparation au débarquement ; en
France,
dans les batailles de la libération, notre mission sacrée ; sur le
Sol
ennemi, jusqu'à l’écrasement des forces du mal.
Votre
jeunesse et vos vertus ont redonné au Monde l’image de la
France
indomptable.
Vous
qui, venus d’Afrique ou d’Italie, avez débarqués avec moi, et
vous
F.F.I., combattants des maquis, volontaires pour renforcer l’Armée,
tous,
je vous unis dans mon cœur comme vous avez été réunis dans l’effort,
la
souffrance et la gloire.
Salut
à nos Drapeaux et à nos Étendards ! Honneur à nos Morts.
Gardez
intact en vos mémoires le souvenir de nos luttes, de nos
Victoires
et de nos rangs fraternels. L’esprit << RHIN et DANUBE >>
survivra
en chaqu’un de vous et demain, pour vos devoirs nouveaux,
vous
serez encore, avec ferveur, les artisans intransigeants de la Grandeur Française.
Le Général d’Armée De LATTRE De TASSIGNY,
Commandant
en Chef la Première Armée Française,
J. De LATTRE
CETTE EDITION DES
ORDES DU JOUR ET MESSAGES DE LA 1re ARMÉE FRAN9AISE
A ÉTÉ ACHVEE D4IMPRIMER A STRASBOURG,
LE 1er OCTOBRE 1945
SUR
LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE STRASBOURGEOISE <<ISTRA >>
Informatisé le 2 Août 2005,par WITZ Gilles :
Email :
illkirch67400@hotmail.com