Les libérations de Belfort et Mulhouse 14-28 novembre 1944

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La 1ère Armée française, nouvelle appellation de l'Armée-B, composée des 1er et
2ème Corps français (respectivement Bethouart et de Monsabert), parvenue en
Alsace, commence à se regrouper face à la trouée de Belfort, en vue d'engager la
bataille finalement pour la libération de l'Alsace. Elle a à sa gauche la 7ème
Armée US (Patch) qui tend à se porter sur le nord, obligeant de Lattre de Tassigny
à étendre son propre dispositif.

Les Alliés préparent une grande offensive en direction du Rhin. Elle consiste à
attaquer sur les voies d'invasion conduisant en Allemagne. Face à 78 divisions
allemandes, dont 5 panzer, ils déploient 3 millions d'hommes, chiffre
extraordinaire mais il y a 650 km de front, de la Hollande à la Suisse.

L'attaque débute le 8 novembre 1944 dans de conditions atmosphériques
épouvantables. Les Américains établissent plusieurs têtes de pont au delà de la
Moselle et parviennent même à dépasser la frontière allemande. Metz tombe le 22
mais les forts ne seront définitivement réduits que le 13 décembre.

L'offensive de la 1ère Armée française est déclenchée le 14 novembre. Une semaine
après, le Rhin est atteint, Belfort où s'illustrent les commandos de France est
libéré en même temps que Mulhouse qui voit à l'oeuvre les blindés de la 1ère
Division blindée du Général du Vigier. La percée ainsi réalisée culbute les
positions allemandes dans les Vosges. C'est l'occasion pour la 7ème Armée US
d'avancer sur Sarrebourg, pris le 21. Les blindés de la division Leclerc, mise à
la disposition des Américains, percent au delà de Saverne, foncent dans la plaine
d'Alsace et, le 23 novembre 1944, Leclerc entre triomphalement dans Strasbourg
libéré, respectant ainsi son célèbre serment prêté dans l'oasis de Koufra. Le Rhin
est atteint une deuxième fois.


La première phase de cette libération de la Franche-Comté s'est déroulée en moins de trois semaines du 3 au 21 septembre : les 60 000 hommes du 6ème corps US composé de trois divisions d'infanterie, d'un régiment de reconnaissance et de six bataillons de blindés, progressent victorieusement sur l'axe Lons-Luxeuil, soutenus par la 3ème division d'infanterie algérienne engagée sur les plateaux du Haut-Jura et du Haut-Doubs ainsi que par tous les groupes de résistants locaux que les GI rencontrent au fur et à mesure de leur avance. Le quartier des Forces Alliées en Europe estimait, en juillet, ces résistants au nombre de 4300 combattants dans le Doubs, autant dans le Jura, et à 1500 en Haute-Saône.


Malgré le rétablissement des noeuds routiers et ferroviaires et l'usure du potentiel militaire ennemi qui se manifeste par 2 000 tués et 12 000 prisonniers, la libération avant l'automne de la trouée de Belfort et la mise hors de combat des restes de la 19ème armée allemande échouent. Le front se fige pour de longues semaines sur une ligne allant de Faucogney en Haute-Saône à la frontière suisse en passant par Melisey, Lure, l'Isle-sur-le-Doubs et Pont-de-Roide. Cet arrêt est consécutif à l'essoufflement des alliés, à une très grave pénurie d'essence et à une crise de logistique générale : en fait, ils ont progressé trop vite! Dès le 20 septembre, les deux corps d'armées français vont être jouxtés afin de former la première armée française qui sera désormais chargée de tenir le front et de réorganiser le dispositif avant une reprise de l'offensive libératrice du Nord-Est de la Franche-Comté.

Celle-ci a lieu le 14 novembre à l'initiative de la 1ère Armée Française. Durant une quinzaine de jours, de violents combats vont s'égréner sur une zone de 1 200 kilomètres carrés, et grâce à deux actions menées simultanément, provoquer, le 17, la rupture du front allemand au nord de l'Isle-sur-le-Doubs et l'ouverture d'une brèche dans le dispositif de la Wehrmacht à Hérimoncourt. Les 20 et 21, la ville de Belfort est libérée et il faudra attendre sept jours encore pour mettre fin à l'occupation allemande, et pour que la 1ère Armée vienne à bout des contre-attaques menés par des blindés allemands venus d'Outre-Rhin sur le versant vosgien de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort. La libération de Petitefontaine, le 28 novembre, permet à la 1ère Armée de poursuivre sa progression vers le Haut-Rhin et l'Alsace.

Les chars du Combat Command 3 de la 1er D.B. sont à Mulhouse et entame un interminable ballet dans les principale rues de la ville.

C’est qu’ils sont peu nombreux ; il s’agit donc de tromper l’ennemi.

Les Mulhousiens, eux-mêmes, s’y laissent prendre dans un premier temps. Ils pavoisent, envahissent les rues, totalement inconscients du danger ; des rassemblements se forment çà et là, ainsi faubourg de Colmar, devant l’Hôtel Bristol où le Kreisbauerfürer est assommé par la foule. Mais les tireurs isolés des <<Panzerfaust>> commencent à se manifester. Près du pont de la Doller, deux S.A. ratent un char et sont abattus au canon.

 

<<Sans peur et sans pitié>>

 

Les chars traversent Bourtzwiller, arrivent à Pfastatt, font demi-tour pour tenir la ligne de la Doller.

Combien sont-ils ce matin-là les libérateurs de Mulhouse ? Une centaine. C’est naturellement insuffisant pour pousser l’avantage. Quand aux Allemands, ils sont solidement retranchés dans les casernes. Dans la nuit, ceux de la caserne Coehorn décrochent pour aller renforcer les défenseurs de la caserne Lefebvre, imposante construction qui date de Guillaume II.

Le commandant Daniel et ses huit compagnies de FFI sont heureusement renforcés, l’infanterie de la 1er DB composée pour l’essentiel du 2e bataillon du 6e Régiment de tirailleurs marocain (RTM) dont la devise figure en caractères arabes, sur son insigne : <<Sans peur et sans pitié>>.

Les FFI se battent avec eux dans le quartier de la gare de Nord, à Dornach. Devant l’hôtel de ville, ils brûlent les symboles de l’occupation allemande.

L’anxiété des Mulhousiens grandit quand ils voient les préparatifs des libérateurs pour organiser des bases de défense en vue d’une attaque ennemie. Le bruit se répand que les Allemands vont contre-attaquer en force et qu’ils auront beau jeu avec le peu de troupe occupant la ville.

Les libérateurs ont effectivement du souci à se faire. Certes, Altkirch, avec bien des difficultés, est libéré par le sous-groupement Vallin qui, venant par le sud, prend à revers les troupes qui bloquent à l’est la progression du sous-groupement Durosoy. Les allemands se replient alors sur Aspach. Illfurth est atteint par le groupement du Combat Command 1.

 

Première alerte

 

Mais, l’ennemi se ressaisit. Au nord-est de Mulhouse, il attaque le groupement Dewattre (du CC3). Il stoppe également la progression vers Chalampé, à Ottmarsheim, préservant ainsi et le pont et un embranchement ferroviaire capital.

Surtout, l’axe Delle-Seppois – vital pour la 1er DB – est coupé par des commandos allemands appuyés par des chars. Les Allemands débouchent au lever du jour, par une pluie battante, des retranchements et des sous-bois détrempés.

A Suarce, village du Territoire de Belfort proche de la frontière, ils anéantissent un élément du régiment d’infanterie coloniale Maroc (RICM et du 9e zouaves qui attend les blindés français et filent en direction de la frontière suisse distante seulement d’une dizaine de kilomètres.

Simutanément, ils menacent Joncherey, Faverois, Courtelevant, occupent Lepuix.

Au soir, la RN 463 est bel et bien coupée entre Faverois et Seppois : or c’est par là que passe tout le ravitaillement en carburant et en munition de la 1er D.B.

Fort heureusement, la 5e D.B. a pris en compte l’offensive allemande.

Au soir, elle tient après des combats meurtriers menés par les tirailleurs marocains, les légionnaires et les blindés des Combat Command4 et 5 – des points forts sur une ligne Favenois – Courtelevant – Réchésy, fermés en carrés défensifs au… milieu des infiltrations ennemies. Ce qui permet le passage d’un convoi d’essence de la 1er D.B.

Mais ce n’est là que la première en date d’une série d’alertes qui vont compromettre, quatre journées durant, la victoire du 1er corps d’armée.

6 décembre.- Ce sont les forces allemandes qui ont finalement attaqué les premières dans le vignoble, lançant des assauts sur Guémar, Ostheim et Zellenberg. Elles ont échoué, et même perdu Beblenheim, mais ces combats empêchent le 2e corps d'armée (Monsabert) de démarrer les opérations prévues. Le 1er corps d'armée, quant à lui, est bloqué par le mauvais temps et l'état du terrain. Pendant ce temps, des renforts allemands arrivent par les ponts de Chalampé et Neuf-Brisach, pour grossir la XIXe armée, qui tient la poche de Colmar.
 Les civils dans l'ensemble des communes sur les bords de cette zone vivent de terribles journées d'angoisse. Les mortiers allemands tirent toujours sur Mulhouse. Schweighouse (près de Thann) a été également bombardé.

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