LE RHIN ET DANUBE
Insigne d'épaule 1° Armée, émail, RHIN et DANUBE avec fond bleu.
RHIN et DANUBE avec fond bleu.
Dès le mois d’avril, de Lattre avait décidé de créer un insigne symbolisant
une des plus éclatantes campagnes de cette guerre, commencée par le Rhin franchi
et se terminant sur les rives du Danube, puis l’Autriche. Cette création avait
plusieurs raisons d’être : reconnaître les mérites d’une armée permettant le
renouveau de la France parmi les Grands, consacrer la réussite de l’amalgame
entre l’Armée d’Afrique, les unités F.F.I. et les jeunes volontaires ayant
rejoint de Lattre, maintenir le souvenir de la chaude camaraderie partagée à la
Première Armée et de ceux qui s’étaient sacrifiés pour le succès de nos armes.
C’était aussi une façon de se démarquer des « résistants de la dernière heure »
!
Au lendemain de la libération de Colmar, le 10 février 1945, la municipalité
avait décidé, unanimement, de conférer à la 1ère Armée le droit de porter le
blason de la ville. Le 21 avril, une maquette fut proposée à l’état-major de de
Lattre et adoptée ; elle ajoutait aux couleurs de Colmar et de la masse d’arme
or, quelques lignes bleues symbolisant en plus des flots du Rhin et du Danube,
ceux de Saint-Tropez rappelant le courage de ceux qui débarquèrent le 15 août
1944.
Le général mis en demeure l’officier maquettiste de lui présenter pour le
lendemain à 17 heures quelques exemplaires brodés sur tissu. L’officier, fort
préoccupé, alla trouver le bourgmestre de Karlsruhe, où se trouvait le quartier
général, et lui imposa cette réalisation, menaçant la ville d’une forte amende.
Le 22 à 17h, les brodeuses souriantes, qui avaient travaillé toute la nuit,
présentèrent des petits chefs d’œuvre de broderie. On passa donc une commande de
100 000 pièces à une maison spécialisée de Saint-Étienne. Malheureusement, les
ouvriers venaient de commencer une grève. Toutefois ils regagnèrent leurs
métiers en apprenant que ce travail était destiné à la 1ère Armée. Livraison fut
faite le 18 juin.
Porter cet insigne, durant toute notre vie militaire, cousu en haut de l’épaule
gauche, fut toujours ressenti comme un très grand honneur. Les Américains
disaient avec fierté : « J’étais avec Patton ! »
Les porteurs de l’insigne disent : « J’étais avec de Lattre ! ».