Violette Szabo

 

Violette Szabo (26 juin 1921 à Paris - vers le 5 février 1945 au camp de Ravensbrück) fut une résistante et un agent secret britannique de la section F du Special Operations Executive (SOE) pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle effectua deux missions en France occupée, mais fut arrêtée, déportée en camp de concentration et exécutée.

Ses activités ont donné lieu au film Carve Her Name with Pride, basé sur le livre du même titre de R.J. Minney.


Avant son départ en mission, Leo Marks, le responsable des codes au SOE, lui offrit le poème The Life That I Have pour coder ses messages radio envoyés de France à Londres.

Années 1940-1943

1940. Le 14 juillet 1940, encouragée par ses parents, elle invite un soldat français à dîner. C'est Étienne Szabo, un lieutenant français des Forces françaises libres (13e demi-brigade de la Légion étrangère), d'ascendance hongroise. Le 21 août, ils se marient à Aldershot. Peu de temps après, l'unité d'Étienne est envoyée en Afrique du Nord.

1941 À l'été 1941, Violette ne revoit Étienne qu'au bout d'un an, à l'occasion d'une permission d'une semaine à Liverpool. En septembre, elle s'engage dans l’Auxiliary Territorial Service (ATS) et devient opératrice de contrôle de tir dans la Batterie anti-aérienne 481.

1942 En avril 1942, elle quitte la batterie. Le 8 juin, sa fille Tania naît. Le 24 octobre, son mari est tué lors de la Seconde bataille d'El Alamein. C'est ce qui conduit Violette à accepter l'offre de recrutement du SOE.

1943 En septembre 1943, jugée apte à la tâche d'agent secret, Violette est engagée comme officier du First Aid Nursing Yeomanry (FANY). Elle reçoit l'entraînement complet de l'agent SOE. Un accident mineur lors d'un entraînement au parachute retarde son envoi sur le terrain.
Suite
(1)


Récit du retour en Angleterre de Violette Szabo, le 1er mai 1944

Large a gardé un vif souvenir de ce voyage pour plusieurs raisons qu'il me révéla plus tard. Le terrain était strié d'ornières et la course au sol fut très rude. Le Lysander réagit violemment au frein. Le moteur cala. Ces moteurs Mercury, suralimentés, étaient très difficiles à relancer quand ils étaient noyés et chauds, et l'on courait le risque de mettre la batterie à plat. Bob tira l'échappement libre pour remettre le moteur en marche.
Sur le chemin du retour, la défense aérienne tira sur eux près de Châteaudun. « La dame à l'arrière poussait des petits cris, me dit Bob. Je coupai donc l'interphone ». Et Bob oublia de le rebrancher. À l'atterrissage à Tempsford, le Lysander fit un demi-tour. Un pneu, touché par la flak, avait crevé. Bob rejeta son casque et sauta à terre. Il s'approcha avec sollicitude de sa passagère, mais dut aborder une femme furieuse et un parapluie brandi. La dame se croyait en territoire ennemi et prenait son pilote pour un Allemand.

Fin du récit du retour en Angleterre de Violette Szabo, le 1er mai 1944


(1)

Deuxième mission en France

Pour sa deuxième mission, juste après le débarquement, elle est renvoyée en France à Limoges, où elle vient coordonner les maquis locaux pour le sabotage des lignes de communication allemandes. Elle est radio et agent de liaison, avec le nom de guerre « Louise ».

En juin 1944, dans la nuit du 7/8, jour (J + 2), vers deux heures du matin, après une tentative infructueuse la nuit précédente, elle est parachutée d’un Consolidated B-24 Liberator au Clos de Sussac, avec le major anglais Staunton, chef de mission (en réalité Philippe Liewer « Hamlet »), le capitaine Bob Maloubier « Paco » et le lieutenant opérateur-radio américain de l'Office of Strategic Services (OSS), Jean-Claude Guiet. Ils sont hébergés à Sussac, dans la maison de Madame Ribiéras. Le 10 juin, près de Salon-la-Tour, elle tombe dans une embuscade tendue par une patrouille allemande (en fait des soldats du 1er bataillon du régiment "Deutschland", de la 2° division SS "Das Reich"), qui recherche un officier disparu. Un jeune résistant français, Jacques Dufour (alias "Anastasie"), ainsi que Jean Bariaud (qui se trouvaient dans la même voiture que Violette Szabo) s'enfuient mais elle est arrêtée, transférée au SD de Limoges, où elle est interrogée et torturée.


Récit de l'embuscade de Salon-la-Tour

La division SS Das Reich fait mouvement à travers la France. Elle doit gagner au plus vite la Normandie pour colmater la poche qui ne cesse de s'élargir. « Le Mur de l'Atlantique ne doit pas céder », a demandé Rommel. Les colonnes de chars remontent la nationale 20, protégeant leur avance, dans ce Limousin infesté de maquisards, par des flancs-gardes lancés en parallèle de la division. Çà et là, des accrochages témoignent que cette précaution n'est pas inutile et les pendus qui se balancent encore, accrochés au balcons de Tulle, prouvent le désarroi des Allemands qui brûlent les fermes, fusillent des otages. C'est bientôt Limoges. Des éléments de couverture font la pause à Saint-Hilaire-Bonneval, à Salon-la-Tour.
7 juin
Le général Lammerding, à Montauban, reçoit l'ordre de l'O.B. West 3° et 2° B.3638/44 enjoignant à la 2e Division blindée SS de se mettre en marche immédiatement vers la région Tulle - Limoges. À son arrivée, elle recevra de nouveaux ordres de l'état-major du 66e Corps de réserve. L'ordre radio divisionnaire prévoit le départ pour le 8 juin à 8 heures.
8 juin
Jacques Dufour « Anastasie » met l’équipe en relation avec le maquis FTP Limousin de Georges Guingouin. Guingouin, premier maquisard de France, à la tête du maquis de Sussac, est un chef particulièrement rigoureux, craint dans l'ensemble du Limousin. Le SOE ayant du mal à travailler avec lui, le major Staunton commandant la mission Salesman II veut entrer en contact avec un autre maquisard, plus coopératif, issu des maquis de Corrèze ou de Dordogne. Il envoie Violette Szabo établir le contact avec eux. Jacques Dufour « Anastasie », chef de section des maquis de Sussac, se porte volontaire pour la conduire à son rendez-vous avec Jacques Poirier à Pompadour, à environ 50 kilomètres au sud.
9 juin
La tête de la colonne du 4e Régiment blindé grenadier Der Führer atteint Limoges à 2 heures du matin. Cette unité, partie de Caussade, compte tenu de la vitesse maximum des blindés de 40 km/h, des pauses nécessaires et de quelques accrochages, a marché remarquablement bien.
Du côté des forces de la Résistance, le colonel Guingouin, commandant la 1re Brigade de marche, n'a accepté fin mai ni d'attaquer la garnison allemande de Limoges, ni de constituer un réduit sur le plateau de Millevaches. En réponse à l'appel du général de Gaulle, le 6 juin à 18 heures : « La Bataille suprême est engagée. Pour les fils de France où qu'ils soient, quels qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous les moyens dont ils disposent », en soldat, il est disposé à faire tout son devoir, les ponts routiers comme celui de Masléon sont détruits ; une automitrailleuse de la division das Reich est enlevée à Sainte-Anne-Saint-Priest.
10 juin.
Violette et « Anastasie » décident d’établir un contact avec Jacques Poirier à Pompadour (Corrèze). Ce matin-là, le ciel était gris.
Le voyage ne doit pas excéder une heure et la voiture suivait une route sinueuse qui coupait la route nationale de Toulouse. Jacques Dufour s'arrête à La Croisille-sur-Briance, où Jean Bariaud les rejoint. Il s'installe à l'arrière de la voiture et baisse la vitre pour tenir, plaquée contre la carrosserie, la bicyclette qu'il avait emmenée avec lui pour le retour de Pompadour.
Un train chargé de matériel de guerre, très long, avec ses armes antiaériennes montées sur les plateformes de tête et de queue passe sur la ligne Paris-Toulouse.
Sur la petite route qui rejoint Salon-la-Tour, près de la gare, Jacques Dufour conduit la traction à faible allure. À ses côtés, Violette Szabo a déposé une mitraillette sur ses genoux. Elle explique le fonctionnement d’une bombe au plastic d’un type tout nouveau, qui traîne à ses pieds, sur le tapis de la voiture.
À Salon-la-Tour, le commandant SS de la colonne de flanc-garde a établi son PC. Des éléments de couverture surveillent soigneusement les entrées du bourg. Sur la place de l'église, les véhicules blindés sont alignés. « Ce sont des Allemands ! »
Au volant de sa traction, Jacques sursaute. À la sortie d'une large courbe, alors qu’il découvre l'embranchement de la route de Salon-la-Tour avec celle de la gare. « Regardez-là, dans le champ, souffle-t-il à Violette, quelque chose bouge derrière la haie ». Violette a vu elle aussi : « Ce sont des Allemands, dit-elle, j'aperçois la casquette de l'un d'eux. »
Au milieu de la route, les Allemands ont établi un poste de protection. Depuis deux jours, un ordre de la Kommandantur interdit la circulation de tous les véhicules français. L'agent chargé d'informer « Anastasie » de la présence des troupes SS n'a pas pu accomplir sa mission.
Soudain une fusillade se déclenche, à la sortie du village. Les soldats courent vers leurs armes.
Jacques tend sa main par la portière, tout en stoppant la voiture à moins de 25 mètres des sentinelles. Il descend et prend la Sten de Violette. À l'abri de la portière, avec sang-froid, il arme la mitraillette et se tournant vers ses camarades : « Chacun pour soi ! »
Bariaud lâche le vélo qui tombe avec fracas. Il ouvre la portière et bondit sur la route, qu'il traverse d’un trait. Il détale en zigzagant dans le pré. Jacques n'a pas perdu de temps, se dégageant de la portière, il braque la Sten sur les Allemands stupéfaits et lâche posément une longue rafale qui jette le désarroi et la panique chez les soldats. Sten en main, il se laisse alors glisser dans le petit fossé qui borde la route. Violette quitte la banquette, traverse le chemin pour s'abriter derrière un arbre. Une rafale traverse la haie, Violette réplique aussitôt. « Êtes-vous folle ? rugit « Anastasie ». Venez près de moi, sinon vous n'avez aucune chance de vous en tirer ». Elle jette un œil vers le jeune homme qui s'enfuit mais n'est pas encore hors de portée, envoie une nouvelle rafale, puis rejoint Jacques dans le fossé. « Il faut quitter le chemin », souffle Violette à « Anastasie ». « La seule chance que nous ayons de nous en tirer est de fuir à travers champs ». Violette enlève ses chaussures à talons hauts et fuit à son tour, pieds nus. Alors seulement Jacques détale à son tour, alors que les balles commencent à siffler.
Bariaud saute une balustrade, sous le tir des Allemands. La rafale frappe une vieille femme. Bariaud continue sa course, sain et sauf. Il finit par rencontrer un paysan conduisant une paire de bœufs : « Ne vas pas à la gare, les boches y sont ! » Bariaud traverse carrément la voie ferrée et file vers des bosquets.
La première surprise passée, les Allemands ajustent mieux leur tir. Jacques court toujours, lâchant une rafale de temps en temps pour retarder ses poursuivants. Une fois le chargeur vide, il jette l'arme et rejoint Violette qui est en difficulté. Elle a trébuché et maintenant elle s'est foulée la cheville.
Les soldats encerclent les fuyards. Jacques essaie de porter Violette. Elle ne peut plus avancer. Des Allemands se montrent. C'est fini. Violette lui jette un dernier regard. « Fuyez ! » Jacques repart. Accroupie sous un arbre, elle constitue maintenant une cible facile pour les Allemands. Elle se relève péniblement et, adossée à l'arbre, se met à tirer à son tour. Derrière un boqueteau où il s'est abrité, « Anastasie » comprend qu'il ne peut plus lui être d’aucun secours. Violette, en tenant en respect les Allemands, permet à « Anastasie » de s'échapper, selon les ordres de Staunton.
Violette légèrement blessée au bras, une entorse à la cheville, sans munitions, et épuisée, est finalement capturée.
Plus de cent soldats répartis dans la campagne, ratissent les haies. Ils fouillent méthodiquement la maison des Montintin près de la voie de chemin de fer le long de laquelle « Anastasie » a pris la fuite. Ne trouvant rien, la chenillette repart. Violette qui ne soupçonne pas Jacques si près d'elle, jette un dernier regard sur le lieu de sa capture.
Pendant ce temps, Jean Bariaud qui a réussi à échapper à ses poursuivants, n'a qu'une hâte : prendre contact avec le major Staunton (Philippe Liewer) qui se trouve à Sussac. Après bien des difficultés, il réussit à le joindre et il l'informe de la triste nouvelle.
Violette est amenée au quartier général de la Gestapo à Limoges et interrogée par le SS major Kowatch.
Le lendemain, accompagné de Bob Maloubier et d’une équipe de résistants, il se rend à Limoges et surveille la prison pendant plusieurs jours. Violette est conduite deux fois par jour au quartier général de la Gestapo, pour y être interrogée. Ils projettent de l'enlever au cours d'un de ces déplacements. L'opération est prévue pour le 16 juin. Bob Maloubier et quatre maquisards, fortement armés, doivent bondir d'une voiture et enlever Violette, tandis que le major Charles Staunton (Philippe Liewer) et six autres hommes assurent la couverture. Jacques Dufour qui entre-temps avait rejoint Staunton, doit participer à l'opération. À l'aube du 16 juin, Violette est transférée de Limoges à Paris, de sorte que l'opération ne peut avoir lieu.

La déroute de l'armée allemande se dessine. Le l0 juin, les SS qui ont pendu à Tulle, brûlé, tué et capturé Violette à Salon-la-Tour, partent en expédition punitive. Ils perpètrent le massacre d’Oradour-sur-Glane.

Fin de récit de l'embuscade de Salon-la-Tour


Aux mains de l'ennemi. Suite (2)

Elle est ensuite amenée à Paris, avenue Foch, où elle est interrogée par le SS Sturmbannführer Hans Joseph Kieffer et elle subit plusieurs semaines d'interrogatoires brutaux sous l'autorité des services de Horst Kopkow. Mais elle ne parle pas.

Le 8 août, elle est déportée en Allemagne, à Ravensbrück avec deux autres femmes du SOE, Denise Bloch et Lilian Rolfe. Au cours du trajet en train vers Ravensbrück, une attaque aérienne survient. Les gardiens cherchent à se mettre à l'abri. Bien qu'enchaînée à un autre prisonnier, Violette Szabo parvient à apporter une bouteille d'eau à des officiers britanniques blessés. Elles restent trois semaines à Ravensbrück, sont transférées à Torgau, un camp de travail d'où elles envisagent de s'évader, puis à Königsberg et de nouveau à Ravensbrück. Elles sont soumises aux travaux forcés et souffrent de malnutrition et d'épuisement.

En 1945, les armées alliées ont pénétré en Allemagne. Après la prise de Varsovie, les Russes avancent en Prusse Orientale.

Entre le 25 janvier et le 5 février 1945, Violette Szabo, Denise Bloch et Lilian Rolfesont extraites de leur cellule et conduites dans une cour, derrière le four crématoire. Denise Bloch, très diminuée et Lilian Rolfe, qui souffre d'une pneumonie, doivent être portées sur des brancards. Violette peut marcher. Le commandant du camp, le SS Sturmbannführer Fritz Suhren, lit un ordre émanant de la direction des services de contre-espionnage à Berlin, prescrivant que les trois prisonnières « condamnées à mort » soient exécutées. Il ordonne au SS Scharführer Schülte de procéder aux exécutions. Schülte abat chaque femme d'une balle dans la nuque. Le médecin du camp, le SS Sturmführer Trommer, constate leur décès. Les corps sont aussitôt portés au four crématoire et incinérés.




Récit du retour en Angleterre de Violette Szabo, le 1er mai 1944
Large a gardé un vif souvenir de ce voyage pour plusieurs raisons qu'il me révéla plus tard. Le terrain était strié d'ornières et la course au sol fut très rude. Le Lysander réagit violemment au frein. Le moteur cala. Ces moteurs Mercury, suralimentés, étaient très difficiles à relancer quand ils étaient noyés et chauds, et l'on courait le risque de mettre la batterie à plat. Bob tira l'échappement libre pour remettre le moteur en marche.
Sur le chemin du retour, la défense aérienne tira sur eux près de Châteaudun. « La dame à l'arrière poussait des petits cris, me dit Bob. Je coupai donc l'interphone ». Et Bob oublia de le rebrancher. À l'atterrissage à Tempsford, le Lysander fit un demi-tour. Un pneu, touché par la flak, avait crevé. Bob rejeta son casque et sauta à terre. Il s'approcha avec sollicitude de sa passagère, mais dut aborder une femme furieuse et un parapluie brandi. La dame se croyait en territoire ennemi et prenait son pilote pour un Allemand.
_______________________________________________________


Deuxième mission en France. Suite
(2)


Pour sa deuxième mission, juste après le débarquement, elle est renvoyée en France à Limoges, où elle vient coordonner les maquis locaux pour le sabotage des lignes de communication allemandes. Elle est radio et agent de liaison, avec le nom de guerre « Louise ».

En juin 1944, dans la nuit du 7/8, jour (J + 2), vers deux heures du matin, après une tentative infructueuse la nuit précédente, elle est parachutée d’un Consolidated B-24 Liberator au Clos de Sussac, avec le major anglais Staunton, chef de mission (en réalité Philippe Liewer « Hamlet »), le capitaine Bob Maloubier « Paco » et le lieutenant opérateur-radio américain de l'Office of Strategic Services (OSS), Jean-Claude Guiet. Ils sont hébergés à Sussac, dans la maison de Madame Ribiéras. Le 10 juin, près de Salon-la-Tour, elle tombe dans une embuscade tendue par une patrouille allemande (en fait des soldats du 1er bataillon du régiment "Deutschland", de la 2° division SS "Das Reich"), qui recherche un officier disparu. Un jeune résistant français, Jacques Dufour (alias "Anastasie"), ainsi que Jean Bariaud (qui se trouvaient dans la même voiture que Violette Szabo) s'enfuient mais elle est arrêtée, transférée au SD de Limoges, où elle est interrogée et torturée.


Récit de l'embuscade de Salon-la-Tour

La division SS Das Reich fait mouvement à travers la France. Elle doit gagner au plus vite la Normandie pour colmater la poche qui ne cesse de s'élargir. « Le Mur de l'Atlantique ne doit pas céder », a demandé Rommel. Les colonnes de chars remontent la nationale 20, protégeant leur avance, dans ce Limousin infesté de maquisards, par des flancs-gardes lancés en parallèle de la division. Çà et là, des accrochages témoignent que cette précaution n'est pas inutile et les pendus qui se balancent encore, accrochés au balcons de Tulle, prouvent le désarroi des Allemands qui brûlent les fermes, fusillent des otages. C'est bientôt Limoges. Des éléments de couverture font la pause à Saint-Hilaire-Bonneval, à Salon-la-Tour.
7 juin
Le général Lammerding, à Montauban, reçoit l'ordre de l'O.B. West 3° et 2° B.3638/44 enjoignant à la 2e Division blindée SS de se mettre en marche immédiatement vers la région Tulle - Limoges. À son arrivée, elle recevra de nouveaux ordres de l'état-major du 66e Corps de réserve. L'ordre radio divisionnaire prévoit le départ pour le 8 juin à 8 heures.

8 juin
Jacques Dufour « Anastasie » met l’équipe en relation avec le maquis FTP Limousin de Georges Guingouin. Guingouin, premier maquisard de France, à la tête du maquis de Sussac, est un chef particulièrement rigoureux, craint dans l'ensemble du Limousin. Le SOE ayant du mal à travailler avec lui, le major Staunton commandant la mission Salesman II veut entrer en contact avec un autre maquisard, plus coopératif, issu des maquis de Corrèze ou de Dordogne. Il envoie Violette Szabo établir le contact avec eux. Jacques Dufour « Anastasie », chef de section des maquis de Sussac, se porte volontaire pour la conduire à son rendez-vous avec Jacques Poirier à Pompadour, à environ 50 kilomètres au sud.

9 juin
La tête de la colonne du 4e Régiment blindé grenadier Der Führer atteint Limoges à 2 heures du matin. Cette unité, partie de Caussade, compte tenu de la vitesse maximum des blindés de 40 km/h, des pauses nécessaires et de quelques accrochages, a marché remarquablement bien.

Du côté des forces de la Résistance, le colonel Guingouin, commandant la 1re Brigade de marche, n'a accepté fin mai ni d'attaquer la garnison allemande de Limoges, ni de constituer un réduit sur le plateau de Millevaches. En réponse à l'appel du général de Gaulle, le 6 juin à 18 heures : « La Bataille suprême est engagée. Pour les fils de France où qu'ils soient, quels qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous les moyens dont ils disposent », en soldat, il est disposé à faire tout son devoir, les ponts routiers comme celui de Masléon sont détruits ; une automitrailleuse de la division das Reich est enlevée à Sainte-Anne-Saint-Priest.

10 juin.
Violette et « Anastasie » décident d’établir un contact avec Jacques Poirier à Pompadour (Corrèze). Ce matin-là, le ciel était gris.

Le voyage ne doit pas excéder une heure et la voiture suivait une route sinueuse qui coupait la route nationale de Toulouse. Jacques Dufour s'arrête à La Croisille-sur-Briance, où Jean Bariaud les rejoint. Il s'installe à l'arrière de la voiture et baisse la vitre pour tenir, plaquée contre la carrosserie, la bicyclette qu'il avait emmenée avec lui pour le retour de Pompadour.

Un train chargé de matériel de guerre, très long, avec ses armes antiaériennes montées sur les plateformes de tête et de queue passe sur la ligne Paris-Toulouse.

Sur la petite route qui rejoint Salon-la-Tour, près de la gare, Jacques Dufour conduit la traction à faible allure. À ses côtés, Violette Szabo a déposé une mitraillette sur ses genoux. Elle explique le fonctionnement d’une bombe au plastic d’un type tout nouveau, qui traîne à ses pieds, sur le tapis de la voiture.

À Salon-la-Tour, le commandant SS de la colonne de flanc-garde a établi son PC. Des éléments de couverture surveillent soigneusement les entrées du bourg. Sur la place de l'église, les véhicules blindés sont alignés. « Ce sont des Allemands ! »

Au volant de sa traction, Jacques sursaute. À la sortie d'une large courbe, alors qu’il découvre l'embranchement de la route de Salon-la-Tour avec celle de la gare. « Regardez-là, dans le champ, souffle-t-il à Violette, quelque chose bouge derrière la haie ». Violette a vu elle aussi : « Ce sont des Allemands, dit-elle, j'aperçois la casquette de l'un d'eux. »

Au milieu de la route, les Allemands ont établi un poste de protection. Depuis deux jours, un ordre de la Kommandantur interdit la circulation de tous les véhicules français. L'agent chargé d'informer « Anastasie » de la présence des troupes SS n'a pas pu accomplir sa mission.

Soudain une fusillade se déclenche, à la sortie du village. Les soldats courent vers leurs armes.

Jacques tend sa main par la portière, tout en stoppant la voiture à moins de 25 mètres des sentinelles. Il descend et prend la Sten de Violette. À l'abri de la portière, avec sang-froid, il arme la mitraillette et se tournant vers ses camarades : « Chacun pour soi ! »

Bariaud lâche le vélo qui tombe avec fracas. Il ouvre la portière et bondit sur la route, qu'il traverse d’un trait. Il détale en zigzagant dans le pré. Jacques n'a pas perdu de temps, se dégageant de la portière, il braque la Sten sur les Allemands stupéfaits et lâche posément une longue rafale qui jette le désarroi et la panique chez les soldats. Sten en main, il se laisse alors glisser dans le petit fossé qui borde la route. Violette quitte la banquette, traverse le chemin pour s'abriter derrière un arbre. Une rafale traverse la haie, Violette réplique aussitôt. « Êtes-vous folle ? rugit « Anastasie ». Venez près de moi, sinon vous n'avez aucune chance de vous en tirer ». Elle jette un œil vers le jeune homme qui s'enfuit mais n'est pas encore hors de portée, envoie une nouvelle rafale, puis rejoint Jacques dans le fossé. « Il faut quitter le chemin », souffle Violette à « Anastasie ». « La seule chance que nous ayons de nous en tirer est de fuir à travers champs ». Violette enlève ses chaussures à talons hauts et fuit à son tour, pieds nus. Alors seulement Jacques détale à son tour, alors que les balles commencent à siffler.

Bariaud saute une balustrade, sous le tir des Allemands. La rafale frappe une vieille femme. Bariaud continue sa course, sain et sauf. Il finit par rencontrer un paysan conduisant une paire de bœufs : « Ne vas pas à la gare, les boches y sont ! » Bariaud traverse carrément la voie ferrée et file vers des bosquets.

La première surprise passée, les Allemands ajustent mieux leur tir. Jacques court toujours, lâchant une rafale de temps en temps pour retarder ses poursuivants. Une fois le chargeur vide, il jette l'arme et rejoint Violette qui est en difficulté. Elle a trébuché et maintenant elle s'est foulée la cheville.

Les soldats encerclent les fuyards. Jacques essaie de porter Violette. Elle ne peut plus avancer. Des Allemands se montrent. C'est fini. Violette lui jette un dernier regard. « Fuyez ! » Jacques repart. Accroupie sous un arbre, elle constitue maintenant une cible facile pour les Allemands. Elle se relève péniblement et, adossée à l'arbre, se met à tirer à son tour. Derrière un boqueteau où il s'est abrité, « Anastasie » comprend qu'il ne peut plus lui être d’aucun secours. Violette, en tenant en respect les Allemands, permet à « Anastasie » de s'échapper, selon les ordres de Staunton.

Violette légèrement blessée au bras, une entorse à la cheville, sans munitions, et épuisée, est finalement capturée.

Plus de cent soldats répartis dans la campagne, ratissent les haies. Ils fouillent méthodiquement la maison des Montintin près de la voie de chemin de fer le long de laquelle « Anastasie » a pris la fuite. Ne trouvant rien, la chenillette repart. Violette qui ne soupçonne pas Jacques si près d'elle, jette un dernier regard sur le lieu de sa capture.

Pendant ce temps, Jean Bariaud qui a réussi à échapper à ses poursuivants, n'a qu'une hâte : prendre contact avec le major Staunton (Philippe Liewer) qui se trouve à Sussac. Après bien des difficultés, il réussit à le joindre et il l'informe de la triste nouvelle.

Violette est amenée au quartier général de la Gestapo à Limoges et interrogée par le SS major Kowatch.

Le lendemain, accompagné de Bob Maloubier et d’une équipe de résistants, il se rend à Limoges et surveille la prison pendant plusieurs jours. Violette est conduite deux fois par jour au quartier général de la Gestapo, pour y être interrogée. Ils projettent de l'enlever au cours d'un de ces déplacements. L'opération est prévue pour le 16 juin. Bob Maloubier et quatre maquisards, fortement armés, doivent bondir d'une voiture et enlever Violette, tandis que le major Charles Staunton (Philippe Liewer) et six autres hommes assurent la couverture. Jacques Dufour qui entre-temps avait rejoint Staunton, doit participer à l'opération. À l'aube du 16 juin, Violette est transférée de Limoges à Paris, de sorte que l'opération ne peut avoir lieu.

La déroute de l'armée allemande se dessine. Le l0 juin, les SS qui ont pendu à Tulle, brûlé, tué et capturé Violette à Salon-la-Tour, partent en expédition punitive. Ils perpètrent le massacre d’Oradour-sur-Glane.

Fin du récit de l'embuscade de Salon-la-Tour
_____________________________________________________________________________________

Aux mains de l'ennemi

Elle est ensuite amenée à Paris, avenue Foch, où elle est interrogée par le SS Sturmbannführer Hans Joseph Kieffer et elle subit plusieurs semaines d'interrogatoires brutaux sous l'autorité des services de Horst Kopkow. Mais elle ne parle pas.

Le 8 août, elle est déportée en Allemagne, à Ravensbrück avec deux autres femmes du SOE, Denise Bloch et Lilian Rolfe. Au cours du trajet en train vers Ravensbrück, une attaque aérienne survient. Les gardiens cherchent à se mettre à l'abri. Bien qu'enchaînée à un autre prisonnier, Violette Szabo parvient à apporter une bouteille d'eau à des officiers britanniques blessés. Elles restent trois semaines à Ravensbrück, sont transférées à Torgau, un camp de travail d'où elles envisagent de s'évader, puis à Königsberg et de nouveau à Ravensbrück. Elles sont soumises aux travaux forcés et souffrent de malnutrition et d'épuisement.

En 1945, les armées alliées ont pénétré en Allemagne. Après la prise de Varsovie, les Russes avancent en Prusse Orientale.

Entre le 25 janvier et le 5 février 1945, Violette Szabo, Denise Bloch et Lilian Rolfe sont extraites de leur cellule et conduites dans une cour, derrière le four crématoire. Denise Bloch, très diminuée et Lilian Rolfe, qui souffre d'une pneumonie, doivent être portées sur des brancards. Violette peut marcher. Le commandant du camp, le SS Sturmbannführer Fritz Suhren, lit un ordre émanant de la direction des services de contre-espionnage à Berlin, prescrivant que les trois prisonnières « condamnées à mort » soient exécutées. Il ordonne au SS Scharführer Schülte de procéder aux exécutions. Schülte abat chaque femme d'une balle dans la nuque. Le médecin du camp, le SS Sturmführer Trommer, constate leur décès. Les corps sont aussitôt portés au four crématoire et incinérés.

Reconnaissance

Distinctions


Royaume-Uni
Membre de l'Order of the British Empire (MBE).
1946 : Le 7 décembre, Violette Szabo reçoit la George Cross (GC) à titre posthume. C'est la seconde femme à la recevoir.


France
1947 : Croix de guerre 1939-1945 (CG), avec étoile de bronze.
1973 : Médaille de la Résistance.
Monuments, musées

France
En tant que l'un des 104 agents de la section F du SOE morts pour la France, Violette Szabo est honorée au mémorial de Valençay, Indre.
À Sussac, une stèle est élevée à sa mémoire, là même où elle a sauté le matin du 8 juin 1944.
Un panneau est consacré à Violette Szabo au Musée de la Résistance de Peyrat-le-Château (Haute-Vienne).

Angleterre
Le Violette Szabo GC Museum. Il a été inauguré le 26 juin 2000. Adresse : Cartref, Tump Lane, Wormelow Tump, Herefordshire, HR2 8HN, Angleterre. Tel. 01981-540477. Ouvert le mercredi, d'avril à septembre.
Mémorial de Brookwood : panneau 26, colonne 3.
Memorial, Lambeth Town Hall.
Les Jersey War Tunnels à Saint-Laurent (Jersey) disposent d'une salle d'exposition permanente dédiée à Violette Szabo.

Voie
La commune de Noyelles-sur-Mer, où Violette Szabo a passé une partie de son enfance, a donné son nom à une rue.


Retour deuxième guerre mondiale