Lucie Aubrac
Médaille
de la Résistance avec rosette
Lucie Aubrac (Lucie Samuel, née Bernard), née le 29 juin 1912 à Paris de parents
originaires de Saône-et-Loire, morte le 14 mars 2007 à Issy-les-Moulineaux
(Hauts-de-Seine), est une résistante française à l'Occupation allemande et au
régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est l'épouse de Raymond
Aubrac.
Formation et itinéraire avant le début de la Résistance
Louis Bernard, le père de Lucie, était d'une famille de cultivateurs de la
région de Cluny en Saône-et-Loire, alors que la mère de Lucie, Louise Vincent,
était d'une famille de vignerons pauvres de La Chapelle-de-Guinchay, toujours en
Saône-et-Loire. Au moment de la naissance de Lucie, en 1912, dans le 14e
arrondissement ses parents sont établis en région parisienne. Jardinier de
formation, son père travaillait à la maison Vilmorin, mais les deux époux
Bernard louent un bistrot dans Paris1. La maladie de Louis oblige les Bernard à
quitter leur bistrot et tous deux travaillent en banlieue dans une blanchisserie
de Dugny en 1913, au moment de la naissance de Jeanne, l'unique sœur de Lucie.
C'est pour que Louis exerce son métier de jardinier que la famille s'installe
dans l'Eure, à Bernay. Mobilisé en 1914, Louis est blessé en 1915 et réintègre
son foyer, partiellement invalide, en 1918. Les deux filles sont reconnues
pupilles de la nation en 1924. En l'absence de son mari, Louise est placée comme
laitière, puis, chez une comtesse, dans l'Eure, puis, installée en ville, elle
est couturière pour l'armée. Lucie et sa sœur sont envoyées en 1916 chez les
grand-mères de Saône-et-Loire où toute la famille se retrouve au cours de l'été
1918.
En 1918, les parents de Lucie trouvent un emploi au château du Plessis à Blanzy,
lui comme jardinier, elle comme laitière chez le comte et la comtesse de
Barbentane. À partir de 1919, les parents Bernard louent une maison à
Montchevrier près de Blanzy et la vie des deux filles devient plus calme. Lucie
fait sa première communion et fréquente l'école primaire de Blanzy où elle passe
son certificat d'études en 1925. Les parents Bernard poussent leurs filles à
poursuivre leurs études, avec des bourses de pupilles de la nation, au cours
complémentaire de filles de Montceau-les-Mines, et pour que les études de Lucie
puissent se poursuivre dans les meilleures conditions, ils déménagent en 1928 à
Vitry-sur-Seine. Lucie entre à l'École normale des Batignolles qui prépare à
devenir institutrice, alors que ses parents travaillent aux tréfileries de
Vitry, elle comme ouvrière et lui comme jardinier. Lucie échoue en 1929 et en
1930 mais réussit en 1931 le concours d'entrée à l'École normale
d'institutrices. Elle choisit pourtant de ne pas y entrer « L'idée d'être
interne, empêchée de circuler, m'était insupportable ! » a-t-elle écrit4,
explication qui ne paraît pas absurde à son biographe Laurent Douzou5. Cette
décision est évidemment mal prise par ses parents, ce qui l'amène à prendre une
chambre au quartier latin et à essayer de vivre par ses propres moyens.
À dater de son renoncement à l'École normale, Lucie devient complètement
indépendante et acquiert une liberté qu'elle revendiquera plus tard comme une
composante essentielle de son itinéraire. Elle effectue probablement des
remplacements d'institutrice, fait la plonge dans un restaurant proche du lycée
Chaptal où elle aurait rencontré des professeurs qui l'auraient poussée à faire
des études supérieures d'histoire. Pour faire des études à la Sorbonne, elle
doit d'abord passer le baccalauréat qu'elle prépare en autodidacte et dont elle
obtient la première partie en juillet 1932 et la deuxième partie (B-philosophie)
en 1933. Elle a alors 21 ans, mais elle avait commencé à préparer des
certificats d'histoire et géographie en même temps que la deuxième partie du
bac. Sa préparation à l'École normale d'institutrice ne l'a évidemment pas
préparée à faire des études supérieures. En particulier, elle n'avait jamais
fait de latin, pourtant indispensable pour décrocher le certificat d'histoire
ancienne auquel elle échoue à trois reprises consécutives, mais elle finit
néanmoins par obtenir tous les certificats nécessaires pour avoir le titre de
licenciée ès lettres qui lui permet de préparer l'agrégation d'histoire et
géographie qu'elle réussit du premier coup en septembre 1938. Elle avait
abandonné toute activité militante pour préparer le concours.
Parallèlement à ses études et aux divers emplois qui lui permettent de gagner sa
vie, Lucie fréquente le Cercle international de jeunesse, fondé par la section
française des quakers. Cette association à coloration pacifiste et qui cultive
la tolérance fait venir des conférenciers souvent de grande notoriété pour des
causeries-débats hebdomadaires, mais elle organise également des réunions
amicales et des excursions dominicales. C'est avec le cercle international que
Lucie se rend à Berlin en 1932 et qu'à son retour elle écrit un article dans L'Écho
des Amis et c'est également par le cercle qu'elle se rend en Angleterre. Ayant
assisté à une conférence de Jean Zay, elle participe à sa campagne électorale
dans le Loiret en 1936. Il semble qu'en 1937, elle a cessé de fréquenter
assidûment le cercle.
Parallèlement à ses activités au Cercle, Lucie milite ardemment aux Jeunesses
communistes (JC). Son adhésion date du début de 1932. Dans l'autobiographie
qu'elle rédigera en 1945 à l'usage de l'appareil du Parti communiste, elle
écrira :
« J'ai adhéré aux Jeunesses en 1932. Mes contacts avec les quakers m'avaient
donné de premières idées pacifistes. Les difficultés matérielles que j'ai
connues m'ont fait adapter mon pacifisme à des idées plus combatives et j'ai
adhéré aux JC sans savoir rien de plus sur le PC que son côté alors
antimilitariste. »
Physiquement courageuse, douée d'une repartie facile, Lucie devient populaire
auprès des JC du rayon du 13e arrondissement auquel est rattachée sa cellule du
5e arrondissement et elle devient membre du bureau de Paris-Ville. André Marty
qui la fréquente dans le 13e arrondissement écrira en 1952 « que le seul moment
où il y avait eu une Jeunesse communiste digne de ce nom dans le 13e
arrondissement était celui où Lucie Bernard en avait tenu les rênes en sa
qualité de secrétaire ». À la Sorbonne, elle s'inscrit à l'Union fédérale des
étudiants, toujours dans la mouvance communiste et elle y noue des amitiés
durables avec Victor Leduc, Joseph Epstein, Jean-Pierre Vernant et son frère. En
1935, elle aurait refusé la proposition faite par Raymond Guyot de suivre
l'École des cadres de Moscou. Dans le cadre de l'UFE, elle collabore à la revue
l'Avant-garde et elle a des contacts assez étroits avec Ricard, un groupe secret
qui réunit les étudiants de grandes écoles, non encartés, appelés à occuper
peut-être de hautes fonctions. Lucie et le groupe Ricard sont rattachés à une
cellule de Panhard & Levassor.
En 1938, Lucie qui se concentre sur la préparation de l'agrégation prend ses
distances avec le Parti.
Avec son statut de professeur agrégé, Lucie met un terme à la vie de privations
qui aura été son lot de 1930 à 1938. Nommée professeur à Strasbourg, elle
rencontre Raymond Samuel, un jeune ingénieur des ponts et chaussées qui faisait
son service militaire comme officier du génie. Raymond avait fait partie du
groupe Ricard, mais il semble que Lucie, contrairement à Raymond, n'a pas gardé
le souvenir d'une rencontre antérieure à Strasbourg. Bénéficiaire d'une bourse
David-Weil pour aller travailler un an aux États-Unis en vue de préparer une
thèse de géographie sur la colonisation des Montagnes Rocheuses du sud, la
déclaration de guerre diffère son départ, car elle ne veut pas quitter Raymond
qu'elle épousera le 14 décembre 1939 à Dijon. Elle enseigne quelques mois à
Vannes, où elle a, entre autres, pour élève Simone Signoret, coincée en Bretagne
par la guerre.
La Résistance
En août 1940, elle organise l'évasion de son mari, prisonnier de guerre à
Sarrebourg. Le couple se réfugie à Lyon où Raymond a trouvé un emploi
d'ingénieur dans un cabinet de brevets d'invention mais Lucie garde le bénéfice
de sa bourse et n'enseigne pas l'année scolaire 1940-1941. Elle obtiendra un
poste au lycée Edgar-Quinet de Lyon en octobre 1941, sous son nouveau nom
d'épouse, Lucie Samuel14. En automne 1940, de passage à Clermont-Ferrand ou
peut-être tout simplement à Lyon elle retrouve Jean Cavaillès, professeur de
philosophie et qui a été son collègue à Strasbourg. Celui-ci lui présente
Emmanuel d'Astier de La Vigerie, journaliste, qui a créé deux mois plus tôt une
organisation anti-nazie et anti-vichyste dénommée « La dernière Colonne ». Cette
rencontre est décisive. Raymond et elle consacrent alors tout leur temps libre
aux activités de cette organisation : diffusion de tracts, recrutement,
sabotages… Alors qu'elle est déjà engagée avec le groupe de Cavaillès et d'Astier,
Lucie retrouve un ancien camarade communiste André Ternet qu'elle aurait aidé à
mettre sur pied des moyens d'édition et d'émission clandestine. Elle a également
un contact avec Georges Marrane qui représente le Parti communiste français en
zone Sud.
À partir du mois de mai 1941, après la naissance de Jean-Pierre, leurs fils ainé,
Raymond et Lucie aident Emmanuel d'Astier à faire un journal dont la parution du
1er numéro, deux mois plus tard, marque la naissance du mouvement Libération-Sud.
Sous divers pseudonymes, on retiendra Catherine pour Lucie et Aubrac pour
Raymond, Lucie et Raymond contribuent à faire de Libération le mouvement de
Résistance le plus important en zone Sud après le mouvement Combat fondé par
Henri Frenay. Enseignante bien notée et assidue au cours de l'année scolaire
1941-1942, les activités clandestines de Lucie Samuel sont la cause de multiples
retards au premier trimestre de l'année scolaire 1942-1943. Elle est en congé
maladie sans discontinuer du 9 janvier au 4 mai, puis du 22 mai au 21 juin. De
passage à Lyon en janvier 1942, Jacques Brunschwig, adjoint d'Emmanuel d'Astier,
donne une idée des activités de Lucie Samuel à cette époque :
« […] Le mari formait l'élément pondérateur. Lucie Aubrac est une
intellectuelle, peu pondérée, n'ayant pas d'esprit d'organisation, confuse et
bouillonnante, douée d'un dynamisme excessif. Elle est d'un courage étonnant et
donna un travail considérable. Bien qu'ayant un jeune bébé, elle travaillait la
nuit, allait coller des tracts et papillons en ville, etc.»
Lucie et Raymond Aubrac font partie du noyau de Libération-Sud. Elle assiste aux
réunions de la direction qui se passent souvent à son domicile. Lucie est
chargée des liaisons avec Libération-Nord et à ce titre, se rend souvent à
Paris.
À partir de novembre 1942, les Allemands occupent la zone Sud et donc Lyon. Les
résistants sont alors pourchassés par la Gestapo mais aussi par la milice créée
en janvier 1943. Un premier coup dur frappe Libération-Sud le 15 mars 1943 avec
l'arrestation par la police lyonnaise d'un agent de liaison inexpérimenté qui
entraîne celle de neuf autres personnes dont Raymond Aubrac. Ce dernier avait
été chargé par d'Astier à l'été 1942 de diriger la branche paramilitaire du
mouvement, c'est-à-dire de former des « groupes francs », sortes de commandos
qui forment le bras armé du mouvement. « Catherine », alias Lucie Samuel, n'a de
cesse de monter des coups pour libérer ses camarades avec l'aide des groupes
francs nouvellement formés. Son zèle est parfois jugé intempestif : Jacques d'Andurain,
membre de ces groupes francs, se montrera critique en 1946 vis-à-vis de «
l'attitude de Lucie Aubrac qui, après l'arrestation de son mari, voulait que
toutes les forces de Libération, toutes affaires cessantes, fussent mises au
service de l'évasion ». Faute de pouvoir faire agir les corps francs, Lucie se
rend directement chez le procureur qui a l'affaire en charge, se présente comme
une envoyée des services gaullistes et le menace de mort si François Vallet —
c'est le nom d'emprunt sous lequel Raymond a été arrêté — n'était pas libéré. De
fait, Raymond est mis en liberté provisoire entre le 10 et le 12 mai. Le 24 mai
Lucie organise, avec la participation de son mari, l'évasion de l'hôpital de
l'Antiquaille des comparses de Raymond qui, eux, n'avaient pas été mis en
liberté provisoire : Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et François
Morin-Forestier. Ils leur avaient d'abord procuré des médicaments pour les
rendre malades afin qu'ils soient transférés à l'hôpital de l'Antiquaille où il
était plus facile d'organiser l'évasion.
Après ce coup, Lucie et Raymond prennent quelques jours de vacances dans une
pension sur la Côte d'Azur, à Carqueiranne, avec leur fils âgé de deux ans.
Le 21 juin, Raymond est à nouveau arrêté, cette fois-ci par la Gestapo, à
Caluire, avec Jean Moulin notamment. En outre, sont arrêtés : le Dr Frédéric
Dugoujon, leur hôte de la villa Castellane, Henri Aubry, du mouvement Combat,
Bruno Larat, André Lassagne, de Libération-Sud, le colonel Albert Lacaze, du 4e
bureau de l'Armée secrète et le colonel Émile Schwarzfeld, responsable du
mouvement lyonnais France d'abord. René Hardy parvient à s'enfuir dans des
conditions controversées qui le rendent suspect de trahison. C'est évidemment un
coup très dur pour Lucie. Une de ses amies la dépeint au bord du désespoir le 24
juin, mais sur la voie du rétablissement six jours plus tard. Elle envoie
Jean-Pierre à la campagne avec la bonne et prépare à nouveau l'évasion de son
mari, ce qui ne l'empêche pas de participer à d'autres opérations : en septembre
1943, elle se fait passer pour un médecin pendant quelques jours, le temps de
prendre contact, à l'hôpital de Saint-Étienne, avec quatre résistants arrêtés
dans cette ville, blessés, dont Robert Kahn — chef des Mouvements unis de la
Résistance (MUR) de la Loire, et frère de Pierre Kahn-Farelle, «
Pierre-des-Faux-papiers » — et d'organiser le 6 septembre une exfiltration des
quatre résistants avec un commando de faux gestapistes censé les conduire à un
interrogatoire.
Raymond Aubrac est emprisonné à la prison Montluc de Lyon. Dès la fin du mois de
juin et en septembre, elle va voir en personne le chef de la Gestapo à Lyon,
Klaus Barbie, et le prie de la laisser voir son prétendu fiancé dont elle était
enceinte — ce qui était vrai — et d'autoriser leur mariage en prison. Elle se
présente sous le nom de Guillaine de Barbentane, et trompe Barbie en lui disant
qu'une personne de sa condition ne pouvait être mère sans être mariée. Lors de
cette visite, elle fait parvenir à Raymond les plans de l'évasion. C'est pendant
un transfert, le 21 octobre 1943, que Lucie et ses compagnons attaquent, avenue
Berthelot, à 300 mètres avant le boulevard des Hirondelles, le camion allemand
dans lequel se trouvent quatorze résistants dont son mari. Six Allemands, le
chauffeur du camion cellulaire et les cinq gardes (qui croyant à une soudaine
panne ne s'étaient pas méfiés) sont tués pendant l'attaque et les résistants
parviennent à s'évader.
Londres et la Libération (1944-1945)
Après cette évasion, Lucie enceinte, Raymond et leur fils Jean-Pierre entrent
dans la clandestinité, de refuge en refuge. Ils parviennent à rejoindre Londres
le 8 février 1944. Lucie Aubrac, c'est désormais le nom sous lequel on
l'appelle, y a été précédée de sa légende, tissée avec enthousiasme par Emmanuel
d'Astier. Lucie accouche le 12 février d'une fille, Catherine, qui a pour
parrain le général de Gaulle12. Lucie est désignée pour siéger à l'Assemblée
consultative provisoire d'Alger mais son accouchement rend inopportun son
transfert à Alger et c'est Raymond qui siège à sa place pour représenter
Libération-Sud. Le 24 mars, Maurice Schumann consacre l'essentiel de son
émission radiophonique Honneur et Patrie à destination de la France, aux
exploits de la première Française que la « France combattante du dedans » a
envoyé à l'Assemblée consultative. Lucie intègre d'ailleurs le comité exécutif
de propagande qui définit les orientations de la propagande en direction de la
France et prend directement la parole le 5 avril 1944 au micro de la BBC pour
commenter l'entrée de ministres communistes dans le CFLN. À la radio ou lors de
conférences, elle s'exprime avec aisance et sait trouver le mot juste. C'est
pourquoi on lui donne souvent la parole : elle intervient à nouveau le 20 avril
pour exalter le combat des femmes, le 28 avril pour donner des consignes pour le
1er Mai et le 7 juin, juste après le débarquement, pour s'adresser aux femmes.
Le 27 juillet 1944, elle se fait confier par d'Astier un ordre de mission pour
accomplir une mission de liaison en France libérée auprès des Comités de
Libération et des mouvements de Résistance. Laissant ses enfants à Londres, elle
s'installe ensuite à Paris pour siéger à l'Assemblée consultative, ne rejoignant
que rarement son mari qui a été nommé commissaire régional de la République à
Marseille. Lors de la visite du général de Gaulle à Marseille, le 15 septembre,
elle modifie le plan de table établi par le protocole et place les responsables
locaux FFI et chefs de la Résistance aux places d'honneur. De Gaulle ne desserre
les dents que pour faire honneur au repas. Elle fait également ouvrir des
maisons d'enfants en Provence pour accueillir les orphelins de résistants, dont
une ouvre le 19 novembre 1944 dans la propriété du maréchal Pétain, à
Villeuneuve-Loubet et quatre autres le 1er janvier 1945. Elle va chercher ses
propres enfants à Londres au début du mois d'octobre. Révoqué de ses fonctions
de commissaire de la République, Raymond Aubrac rejoint Paris en janvier 1945 et
s'installe avec sa famille dans un appartement réquisitionné de la rue Marbeuf.
À l'Assemblée consultative, Lucie siège dans les commissions de l'Éducation
nationale, de la Justice, de l'Épuration, et enfin, du Travail et des Affaires
sociales. Elle est aussi active dans les instances dirigeante du MLN qui a
succédé aux MUR. Elle est la directrice de Femmes, l'hebdomadaire pour femmes du
mouvement. Sympathisante communiste, Lucie Aubrac est favorable à l'unification
du MLN avec le Front national et c'est peut-être la raison pour laquelle,
minoritaire, elle quitte la direction du journal en juillet 1945, mais lorsqu'en
tant que présidente des femmes du MLN, elle veut prendre contact avec
l'organisation communiste Union des femmes françaises, elle se fait recevoir de
façon exécrable par Claudine Chomat qui lui aurait déclaré : « Nous n'avons rien
à dire aux agents du BCRA ».
Libérée de ses obligations vis-à-vis du MLN, Lucie Aubrac publie en octobre 1945
un petit livre de 114 pages, La Résistance (naissance et organisation) où elle
présente une vision assez éclectique de la Résistance, minimisant ses
responsabilités dans Libération-Sud, mais exploitant son expérience personnelle
par des anecdotes qui éclairent la compréhension. Son titre de cofondatrice d'un
mouvement de Résistance lui donnant droit à un crédit de papier, elle fonde avec
l'appui de quelques amis, dont Marcel Bleustein-Blanchet qu'elle a connu à
Londres, un hebdomadaire, Privilèges des femmes dont le titre évoque les
nouveaux droits acquis par les femmes, notamment le droit de vote. Le premier
numéro sort en octobre 1945 et le septième et dernier numéro, en décembre de la
même année. Le journal n'a pas réussi à se faire une place entre les deux
journaux concurrents, celui du MLN et celui de l'UFF. Le couple Aubrac devra
s'acquitter des dettes contractées pour ce projet pendant plusieurs années.
Relations avec le parti communiste (1945-1948)
Entre 1945 et 1947, Lucie Aubrac effectue des démarches répétées pour réintégrer
au grand jour le Parti communiste. La chose n'est pas simple pour cette ancienne
militante qui a accédé au vedettariat sans que l'image du Parti n'en tire de
bénéfice. Pour les élections législatives de 1946, elle se présente en troisième
position sur la « liste communiste et d'union républicaine et Résistance » de
Saône-et-Loire emmenée par Waldeck Rochet. Elle n'est pas élue35. Dans les
archives du Parti communiste, Laurent Douzou a retrouvé quantité d'appréciations
positives à son égard, provenant aussi bien de militants de base ou de
dirigeants de premier ordre comme Georges Marrane ou André Marty, mais aussi des
annotations très sévères sur son opuscule La Résistance où sa lecture des
événements n'a rien à voir avec celle du Parti.
Dans une note de synthèse de juin 1947, les points positifs dont Lucie Aubrac se
voit créditée sont son dynamisme, sa hardiesse et sa notoriété, mais aussi le
fait qu'elle soit professeur, mère de quatre enfants et que son mari a montré
son attachement au Parti à différentes reprises. Dans les points négatifs, sont
retenus : son séjour à Londres où elle a été mise en avant par les Anglais et
les services de De Gaulle, mais aussi le fait qu'elle soit « assez ambitieuse ».
Son livre, « très négatif pour le Parti » est évidemment mis dans les éléments à
charge. L'auteur de la note estime qu'après le procès de René Hardy, elle et son
mari sortent complètement blanchis des éléments obscurs des arrestations de
Caluire.
Le dernier point négatif mentionné de la note de 1947 était : « Vient de
reprendre sa place au Parti ». Autrement dit, le Parti préférait un Raymond
Aubrac qui n'adhère pas au Parti mais le soutient à une Lucie qui veut adhérer
au Parti mais que l'on sait définitivement indépendante. À défaut de militer
sous la casaque communiste, Lucie fera partie, comme Raymond, des « compagnons
de route » qui sont actifs dans le Mouvement de la Paix, lequel reçoit l'aval du
Parti communiste dès sa fondation.
Le Mouvement de la paix et autres engagements (1948-1958)
Raymond Aubrac figure en effet parmi les fondateurs du Mouvement de la paix, en
février 1948, mais par la suite, Lucie s'y montre beaucoup plus active et
intervient fréquemment dans les meetings, effectue des déplacements à
l'étranger. Elle est, par exemple, à Stockholm en mars 1950, lorsqu'est lancé
l'appel de Stockholm qui exige « l'interdiction absolue de l'arme atomique ».
Ces déplacements sont difficilement conciliables avec son métier de professeur
et l'Éducation nationale n'accordant pas forcément les mises à dispositions
nécessaires pour toutes ces manifestations. Lucie est affectée au lycée Racine,
puis au lycée Jules-Ferry et enfin au lycée d'Enghien, établissement
expérimental où elle est à son aise et où elle s'installe pour une longue durée.
Au long de la décennie qui suit la Libération, les engagements et activités de
Lucie Aubrac sont multiples. Elle soutient Henri Martin lorsque ce matelot
communiste est poursuivi pour propagande hostile à la Guerre d'Indochine. À
partir de 1956, elle est associée au travaux du Comité d'histoire de la Deuxième
Guerre mondiale. Elle est également « liquidatrice » nationale de Libération-Sud,
ce qui consiste à homologuer l'appartenance des différents membres au mouvement
de façon à ce qu'ils puissent faire des demandes de pension.
En 1946, Lucie avait donné naissance à un troisième enfant, Élisabeth « Babette
», dont Hô Chi Minh s'était proclamé le parrain. (Voir l'article : « Raymond
Aubrac »).
L'étranger : le Maroc, Rome (1958-1976)
Pendant vingt-deux années, les Aubrac vont vivre à l'étranger, à Rabat au Maroc,
d'abord, et, à partir de 1964 à Rome. Lucie et Raymond Aubrac ont chacun écrit
que le départ au Maroc, en 1968 était en partie lié à une prise de distance
vis-à-vis du mouvement communiste, au niveau national pour Lucie, et
international pour Raymond. En 1995, Lucie écrit en effet :
« Que le PC accepte de voir partir le contingent en Algérie et l'envie de ne pas
condamner le PC nous a incités à nous expatrier [...]. Vivre au Maroc était une
manière de marquer ma solidarité avec les peuples colonisés par la France, tout
en prenant mes distances par rapport à cette guerre dans laquelle je ne savais
comment intervenir. ».
Quant à Raymond, il avait œuvré pendant dix années dans BERIM, un bureau
d'études qu'il avait créé avec des camarades plus ou moins communistes et qui
était très investi dans les échanges économiques Est-Ouest. En 1996, il écrit :
« D'autres raisons [que celles relatives à BERIM] me poussèrent à changer d'air
et à modifier ma trajectoire. Le contexte politique était plus difficile à
vivre. Ces démocraties populaires au contact desquelles j'avais travaillé
presque dix ans ne parvenaient manifestement pas à créer les conditions d'une
vie harmonieuse [...]. Il fallait partir : Lucie et moi en étions convaincus. »
À Rabat, Lucie enseigne au lycée Moulay-Youssef. Ce sont pour elle de bonnes
années42. L'installation au Maroc résultait d'une proposition faite à Raymond de
travailler comme conseiller technique en liaison avec le Gouvernement marocain.
C'est encore pour suivre son mari devenu fonctionnaire international à la FAO
que Lucie s'installe à Rome avec ses deux plus jeunes enfants. Cette fois-ci,
son intégration au lycée Chateaubriand se passe moins bien. Elle fait valoir ses
droits à la retraite en 1966. Elle a alors 54 ans et n'aura finalement passé que
dix-huit années de sa vie à exercer la profession de professeur de lycée. « Elle
adorait autant enseigner qu'elle abhorrait être sous le joug », note son
biographe Laurent Douzou qui observe que ses relations avec les différents
proviseurs n'ont pas été toujours excellentes45. Passionnée d'archéologie et
d'histoire ancienne, elle ne s'ennuie évidemment pas dans la ville aux sept
collines : conférences, publication d'une étude sur Rome.
Paris (1976-2007)
Après un passage par New York, les Aubrac sont de retour à Paris en 1976 quand
Raymond prend sa retraite. Inutile de dire que celle qui fut une star à Londres
en 1944 a été quelque peu oubliée des Français. Lucie renoue avec la vie
militante à la Ligue des droits de l'homme. Elle soutient la candidature de
François Mitterrand aux élections présidentielles de 1981 et de 1988.
L'organisation de l'évasion de son mari quelques mois après l'arrestation de
Caluire du 21 juin 1943 a beaucoup contribué à la célébrité de Lucie Aubrac lors
de son arrivée à Londres en février 1944. René Hardy qui participait à la
réunion avait tout de suite été soupçonné d'être responsable de cet événement
catastrophique dans lequel était tombé Jean Moulin, chef de la Résistance
française. Hardy avait été acquitté au bénéfice du doute à l'issue d'un procès
ouvert en 1947. Bien que Combat, le mouvement auquel il avait appartenu l'ait
lâché, il est à nouveau acquitté lors d'un second procès en 1950.
Deux événements vont conduire Lucie Aubrac à revenir sur les événements de
Caluire et à publier en septembre 1984 Ils partiront dans l'ivresse un récit
autobiographique sous forme d'un journal recomposé couvrant les neuf mois de sa
grossesse, de mai 1943 à février 1944 : d'une part, la publication par René
Hardy, en avril 1984, d'un ouvrage dans lequel il met en cause Aubrac et
Bénouville, et d'autre part, l'extradition en France de Klaus Barbie qui avait
menacé de faire des révélations compromettantes pour la Résistance. Après une
prestation brillante à l'émission de Bernard Pivot, Apostrophes, Lucie Aubrac
revient sur le devant de la scène, invitée aussi bien à la télévision dans les
diverses émissions sur la Résistance que dans de nombreux établissements
scolaires où elle donne son témoignage sur la Résistance, souvent en compagnie
de Raymond qui devient ainsi le « mari de Lucie » alors qu'à Rome et à New York,
Lucie était « la femme de Raymond ».
En 1983, Klaus Barbie est extradé de Bolivie et il est jugé à Lyon en 1987, non
pas pour les arrestations de Caluire ou des crimes perpétrés dans le cadre de la
lutte contre la Résistance — pour lesquels il y a prescription — mais pour
crimes contre l'humanité. Il est condamné à la peine maximum, la réclusion à
perpétuité. Le 4 juillet 1990, Barbie demande à comparaître devant le juge Hamy
accompagné de son avocat Jacques Vergès pour lui remettre un texte de 63 pages
que l'on appellera Testament de Barbie, qui circulera dans les salles de
rédaction dès la mort de Barbie en 1991, mais ne sera connu du grand public
qu'en 1997, avec la publication du livre de Gérard Chauvy : Aubrac, Lyon, 1943.
Un film sorti en 1993, Boulevard des hirondelles, reprend la trame du récit Ils
partiront dans l'ivresse ; ce long-métrage, passé inaperçu, est suivi quatre ans
plus tard d'une autre adaptation cinématographique nettement plus médiatisée,
Lucie Aubrac, réalisée par Claude Berri. C'est au moment de la sortie de ce
dernier film que le journaliste et historien lyonnais Gérard Chauvy choisit de
publier son livre Aubrac, Lyon, 1943 dans lequel il dévoile le document connu
sous le nom Testament de Barbie et produit un certain nombre de documents
d'archives connus ou inédits qui mettent en évidence les incohérences dans les
différents récits et témoignages que Lucie et Raymond Aubrac ont fait depuis
leur arrivée à Londres en 1944 sur les événements survenus à Lyon entre mars et
octobre 1943. Il fait ainsi largement état, sans l'accréditer, de ce « testament
» dans lequel Raymond Aubrac est présenté comme un agent au service de Barbie, «
retourné » lors de sa première arrestation de mars 1943. Toujours selon ce
document de Barbie, Lucie aurait été l'agent de liaison entre Aubrac et lui et
ce serait elle qui lui aurait téléphoné la date et le lieu de la réunion de
Caluire. En conclusion, Chauvy, sans adhérer à la thèse de la trahison du
Testament de Barbie, indique : « Aujourd'hui, aucune pièce d'archives ne permet
de valider l'accusation de trahison proférée par Klaus Barbie à l'encontre de
Raymond Aubrac, mais au terme de cette étude, on constate que des récits parfois
fantaisistes ont été formulés. » Le livre de Chauvy contenait cependant
suffisamment d'ambiguïtés tendant à crédibiliser le testament de Barbie pour que
le couple Aubrac obtienne d'un tribunal la condamnation de Chauvy pour
diffamation.
Pour pouvoir répondre à la calomnie dont il estime être victime, Aubrac demande
au journal Libération d'organiser une « réunion d'historiens ». Sous le nom de «
table ronde », celle-ci se tient le samedi 17 mai 1997 dans les locaux du
journal qui reproduit l'intégralité des débats dans un numéro spécial du 9
juillet. Les participants à cette table ronde ont été choisis par Libération et
Raymond Aubrac : François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Laurent Douzou, Henry
Rousso et Dominique Veillon, spécialistes de l'histoire des « années noires » et
de l'histoire de la Résistance. Daniel Cordier, compagnon de la Libération, «
historien amateur » biographe de Jean Moulin est également présent. À la demande
des Aubrac, sont également présents l'anthropologue de l'histoire de l'Antiquité
Jean-Pierre Vernant, en tant que « Résistant de la première heure » et Maurice
Agulhon, historien du XIXe siècle.
Les historiens des arrestations de Caluire retiennent de ce débat que Lucie
Aubrac a précisé que des livres qu'elle avait écrits comme Ils partiront dans
l'ivresse ou Cette exigeante liberté55 n'étaient pas des ouvrages historiques
mais des récits qui se voulaient « justes », et que Raymond Aubrac ne savait pas
expliquer pourquoi il avait donné plusieurs versions concernant la date exacte
où il avait été reconnu par la Gestapo comme Aubrac. La raison pour laquelle
Aubrac n'avait pas été transféré à Paris, comme ses camarades reste également un
sujet d'interrogation pour les historiens présents dont aucun ne déclare donner
un quelconque crédit aux accusations de Barbie-Vergès.
Cette « table ronde » fut par ailleurs l'occasion d'une vaste polémique entre
historiens sur la façon de traiter des témoins comme les Aubrac. Du côté des
historiens ayant participé à la table ronde, Henri Rousso, par exemple, justifie
l'interrogatoire quelque peu sévère du couple Aubrac, car, écrit-il un film
comme Lucie Aubrac produit une confusion entre l'héroïne et la star, le héros,
libre devant l'histoire n'ayant de compte à rendre à personne. Pour un historien
comme Serge Klarsfeld, au contraire, il est inconvenant de soupçonner à l'excès
des héros de la Résistance « Personnellement, quand je suis confronté à l'un de
ces acteurs ayant joué le rôle du « méchant », je ne lui reproche jamais que les
actes qu'il a commis et je me sens blessé de voir reprocher à ceux qui ont joué
le rôle du « gentil » les actes qu'ils auraient pu commettre. »
Après la table ronde, Jean-Pierre Vernant publiait un commentaire sur l'ensemble
des débats où il écrivait notamment :
« Combien ai-je connu de ces femmes, de tout âge et de toute condition, sans qui
la Résistance n'eût pas été possible. Qui dira la fermeté de leur caractère,
leur énergie, leur résolution, leur modestie ? Mais cela ne m'empêche pas
d'affirmer, légende ou histoire, que Lucie est un être d'exception, incomparable
à sa façon, et qu'on doit admirer en bloc, comme elle est, et sans réserve. » En
2009, douze ans après la sortie du livre de Chauvy et dix-neuf ans après la
rédaction du Testament de Barbie, aucun élément n'est venu étayer la thèse de
Barbie ou donner un sens particulier aux contradictions relevées par Chauvy.
Après le décès de Lucie Aubrac, l'historien Laurent Douzou qui la connaissait
bien depuis son travail de thèse sur le mouvement Libération-Sud décide d'écrire
une biographie de Lucie en s'en tenant à la méthode historique. Il confirme que
d'une façon générale, les récits autobiographiques de Lucie s'écartent
notablement des faits historiques :
« Je ne tardai pas à découvrir que sur de nombreux aspects de son enfance et de
ses premiers pas d'adulte, tantôt anecdotiques, tantôt importants, Lucie Aubrac
avait transformé la réalité, parfois par omission, parfois avec un étonnant luxe
de détails [...]. Pour l'essentiel, les libertés prises par Lucie Aubrac ont
surtout eu trait [...] à sa jeunesse. »
Douzou montre aussi que les historiens ont accueilli sans aucun esprit critique
la parution du récit de 1984, Ils partiront dans l'ivresse, dont rien ne
signalait qu'il était en partie romancé. Par ailleurs, Douzou montre aussi que
si les détails peuvent s'écarter de la réalité, les grandes lignes des
différents récits que Lucie a fait de l'année 1943, y compris les évènements les
plus rocambolesques ne sont pas prises en défaut par une critique faisant appel
à la méthodologie historique.
Son engagement est aussi social et politique, lorsqu'elle signe, pour la
commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la
Résistance du 15 mars 1944, avec plusieurs figures de la Résistance dont Maurice
Kriegel-Valrimont, Germaine Tillion et Daniel Cordier, un appel aux jeunes
générations à réagir devant la remise en cause du « socle des conquêtes sociales
de la Libération » et « [...] à faire vivre et retransmettre l'héritage de la
Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et
culturelle » ; ou encore lorsqu'elle signe, pendant le mouvement anti-CPE, un «
appel des résistants » appelant les Français à mettre un terme à la « casse du
pouvoir actuel ». Elle fut de même, en 2001, présidente du Comité national de
soutien à la candidature présidentielle de Jean-Pierre Chevènement.
Avec son mari, elle signe la préface du livre collectif L'Autre Campagne (La
Découverte, 2007) faisant des propositions alternatives à celles des divers
candidats aux élections présidentielles de 2007.
Elle fut aussi membre du comité de parrainage de la Coordination française pour
la Décennie de la culture de paix et de non-violence.
Décès
Elle meurt le 14 mars 2007 à l'hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux (où
elle était hospitalisée depuis deux mois et demi) à l'âge de 94 ans. L'hommage
de la classe politique d'époque est unanime, du président de la République,
Jacques Chirac, au premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, en
passant par le Premier ministre Dominique de Villepin, ou encore tous les
candidats à l'élection présidentielle française de 2007.
Ses obsèques, avec les honneurs militaires, ont eu lieu le 21 mars aux
Invalides, en présence du chef de l'État, du Premier ministre, de plusieurs
ministres, ainsi que d'un grand nombre de personnalités politiques (Marie-George
Buffet, Jean-Pierre Chevènement, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy...).
Les cendres de Lucie Aubrac ont été transférées au cimetière de
Salornay-sur-Guye, village du Clunisois où est né son père. Des voix de tous
bords politiques se sont élevées pour demander son transfert au Panthéon. Son
mari, Raymond Aubrac, décédé le 10 avril 2012, a été incinéré comme elle et l'a
rejointe dans le cimetière du village, le 12 mai 2012, après des honneurs
nationaux aux Invalides.
Hommages
Afin d'honorer l'action de la résistante, un certain nombre d'établissements
scolaires portent le nom de Lucie Aubrac.
Une rue et un programme immobilier d'habitat social portent son nom, dans la
commune d'Annemasse en Haute-Savoie, haut lieu de la Résistance (plateau des
Glières).
Un amphithéâtre à l'Université Lumière Lyon 2 porte son nom.
Une rue à Vesoul (Haute-Saône) et une place à Lure (Haute-Saône) portent les
noms de Lucie et Raymond Aubrac.
Dans le centre de Cugnaux (Haute-Garonne) une rue Lucie et Raymond Aubrac a été
nommée.
La nouvelle école des Ramassiers à Colomiers porte son nom.
Centenaire de sa naissance
À la demande de la Mission aux commémorations nationales (Archives de France,
ministère de la Culture et de la Communication) et sous l'autorité du Haut
comité des commémorations nationales présidé par Danièle Sallenave de l'Académie
française, Laurent Douzou professeur d’histoire contemporaine, a rédigé une
biographie de Lucie Aubrac, parue dans le Recueil des Commémorations nationales
2012.
Distinctions
Grand officier de la Légion d'honneur
Grand-Croix de l'ordre national du Mérite
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance avec rosette
Commandeur des Palmes académiques
Membre fondateur de l'Académie des Hauts Cantons (fauteuil II)
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