Pierre de Bénouville
Compagnon
de la Libération
Médaille
de la Résistance
Pierre de Bénouville, né le 8 août 1914 à Amsterdam et mort le 4 décembre 2001 à
Paris, est un résistant, homme politique et écrivain français.
Origines
Né d'un père normand et d'une mère alsacienne, Pierre Bénouville — de son nom de
naissance — fut connu sous le nom de Pierre Guillain de Bénouville — du
patronyme d'une famille de la noblesse normande dont il revendiquait descendre —
à partir de 19302, puis le plus souvent désigné comme Pierre de Bénouville. Sa
carte nationale d'identité, son livret de famille ainsi que son acte de décès
furent libellés au nom de Pierre de Bénouville, tandis que sa nomination au
grade de général de brigade, publiée au Journal officiel en 1953, le fut au nom
de Pierre Guillain de Bénouville, bien qu'aucun changement de nom n'ait été
prononcé ni qu'aucun lien ne soit prouvé entre lui et l'ancienne famille
Guillain de Bénouville3. Néanmoins les archives de Jean Bénouville, père de
Pierre, disparues, durant la guerre, du garde-meubles où elles avaient été
entreposées, contenaient, selon la tradition familiale, les preuves du
rattachement des Bénouville aux anciens Guillain de Bénouville ; par ailleurs,
il subsiste des écrits de la comtesse de Franqueville s'adressant, à la fin du
XIXe siècle, à son « cousin » Jean Bénouville, et, de même, Guillaume de
Bricqueville ne s'affichait-il pas aux côtés de son « cousin » Pierre de
Bénouville, lors des réunions d'Action française, avant la guerre ?
Jeunesse
Pendant sa jeunesse, étudiant à la faculté de lettres de Paris, il milite aux
Camelots du roi (17e section), organisation de jeunesse de l'Action française
(AF), un temps proche de La Cagoule, et participe aux émeutes du 6 février 1934.
Dans les années 1935-1937, il fréquente les chefs de La Cagoule, ainsi que ses
amis André Bettencourt, Claude Roy et François Mitterrand. Durant l'été de 1936,
Pierre de Bénouville combat en Espagne aux côtés des Requetés carlistes, avec
son ami Michel de Camaret, futur compagnon de la Libération, qui sera plus tard
député européen du Front national. Il rompt avec l'Action française à la fin
1938, car elle se déclare favorable aux accords de Munich, alors que Bénouville,
nationaliste intransigeant, y est hostile.
Résistance
Maréchaliste dans un premier temps, il part clandestinement pour l'Afrique du
Nord, en janvier 1941, espérant rejoindre les Forces françaises libres, mais il
est fait prisonnier par la police de Vichy. Renvoyé devant le tribunal militaire
de Toulon, il est acquitté pendant l'été 1941. Il rejoint alors la Résistance
française, d'abord le mouvement Radio-Patrie rattaché au SOE (Special Operations
Executive), puis il s'engage complètement à Combat aux côtés d'Henri Frenay et
le Noyautage des administrations publiques. À la fin de 1942, il retrouve son
ami François Mitterrand, et l'aide à tisser son réseau de résistance.
Peu après, lors de la création des Mouvements unis de la Résistance (MUR),
Bénouville devient membre de leur comité directeur.
En parallèle, sous le nom de code de Barrès, il s'implique personnellement dans
la mise en place des contacts entre les mouvements de Résistance intérieure et
la France libre, franchissant ainsi cinquante-trois fois la frontière
franco-suisse.
En avril 1944, il rejoint Alger via l'Espagne, pour échapper à la Gestapo. De
mai à juin 1944, il combat en Italie.
Son attitude pendant la Seconde Guerre mondiale lui vaut d'être fait Compagnon
de la Libération, Grand officier de la Légion d'honneur, décoré de la croix de
guerre 1939-1945, de la médaille de la Résistance, de la croix de guerre belge
et de l'Ordre de Léopold.
Dans le téléfilm Jean Moulin, une affaire française (2003), Bénouville est
accusé à demi-mot d'avoir « donné » Jean Moulin aux Allemands, par calcul
politique. Notons, par ailleurs, et même si le cadre de l'interview, entièrement
orchestré par Jacques Vergès laisse à désirer, que René Hardy, alors très malade
à Melle, a formellement accusé Bénouville d'avoir toujours été informé de son
rôle personnel dans l'arrestation de Jean Moulin. Mais Hardy se rétractera par
écrit peu avant sa mort dans une lettre d'excuses à Bénouville, publiée depuis
par Guy Perrier dans sa biographie sur Bénouville.
Revenu à Alger où il dirige le bureau FFI au sein du GPRF, il est promu général
de brigade à 30 ans par le général de Gaulle.
Fait Compagnon de la Libération, le général de Bénouville s'engage dès la fin de
la guerre en politique aux côtés du général.
Après-guerre
Membre du Conseil de Direction du RPF en 1949 (il est chargé des questions
relevant des Affaires Étrangères et de la Défense Nationale), député gaulliste
d'Ille-et-Vilaine entre 1951 et 1956, et de 1958 à 1962, puis de l'ancienne
douzième circonscription de Paris (devenue la huitième circonscription de Paris
en 1988) entre 1970 et 1993.
Il a transgressé l’embargo décrété en 1967 par le général de Gaulle, sur les
armes à destination des belligérants du Moyen-Orient, en fournissant des armes à
Israël.
Favorable à l'Algérie française, il est exclu de l'UNR et se présente sans
succès aux élections législatives à Nice sous l'étiquette CPDM (centriste
d'opposition au général de Gaulle). Il n'est réintégré à l'UDR qu'en 1970 à la
demande du président Pompidou comme candidat aux législatives dans le 12e
arrondissement de Paris. En 1981, il soutient à l'Assemblée Nationale la
promesse du candidat socialiste d'amnistie et de réintegration des généraux
rebelles de l'Algérie française. En 1984, à l'Assemblée nationale, il défend
l'attitude de François Mitterrand pendant la guerre, mis en cause par des
députés de l'opposition comme François d'Aubert, Jacques Toubon ou Alain
Madelin. L'ancien chef de Radio-Patrie déclare notamment que « Mitterrand était
des nôtres ! ». Dix ans plus tard, alors que le passé de François Mitterrand est
de nouveau mis en cause, Bénouville propose à François Mitterrand que des
compagnons de la Libération signent un texte de soutien, mais le président
refuse : il n'a pas, selon lui, à se justifier, du moins pas à ce point.
En 1988, il organise chez lui, à Paris, un mois avant l'élection présidentielle,
une rencontre entre Jacques Chirac et le chef du Front national, Jean-Marie Le
Pen pour discuter de l'entre-deux-tours.
Pierre de Bénouville mène parallèlement une carrière dans le secteur privé comme
administrateur de plusieurs sociétés, les éditions Robert Laffont, les
établissements Gaumont et surtout la société Dassault-Bréguet. Il est directeur
du journal Jours de France de 1954 à 1967, puis président-directeur général de
la société éditrice.
Ce catholique traditionaliste, fidèle de Mgr Lefebvre, ne reniera jamais ses
convictions royalistes de jeunesse, ainsi que le rappelle Guy Perrier, son
biographe, auquel il se confiait peu de temps avant sa mort. Il est enterré au
cimetière de Passy dans un caveau spécialement aménagé sur ses instructions pour
lui et ses deux fidèles amis, anciens de la 17e section des Camelots du Roi,
Michel de Camaret, Compagnon de la Libération et ancien député du Front
National, et Jehan de Castellane9, dirigeant du MSR sous l'Occupation.
Son frère aîné, François, arrêté pour faits de Résistance par la Gestapo en
1942, meurt en déportation en 1944 au camp de concentration de Neuengamme. Sa
sœur Christiane avait épousé le général Jacques Hogard.
Décorations
Grand Officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération - décret du 6 avril 1945
Croix de guerre 1939-1945 (5 citations)
Médaille de la Résistance
Croix de Guerre 1940-1945 (Belgique)
Officier de l'Ordre de Léopold
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