Jean Bernard (médecin)
Médaille de la Résistance
Jean Bernard, né le 26 mai 1907 à Paris et mort le 17 avril 2006 à Paris, était
un médecin et professeur français, spécialiste d'hématologie et de cancérologie.
Membre de l'Académie française, il fut le premier président du Comité
consultatif national d'éthique, ainsi que président de l'Académie des sciences
et de l'Académie nationale de médecine.
Biographie
Jeunesse, études et engagement
Jean Bernard naît dans une famille d’ingénieurs. Son grand-père maternel, Émile
Paraf, était polytechnicien ; son père, Paul Bernard (1876-1951) était
Centralien ainsi que Michel, son frère cadet. Pendant la Première Guerre
mondiale, et tandis que son père est au front, il est envoyé en Bretagne.
Jusqu’en 1918, il étudie à l’école communale de Couëron en Loire-Atlantique.
Puis Jean Bernard fréquente le lycée Louis-le-Grand à Paris, où il acquiert une
solide culture classique. Il lit beaucoup et commence à écrire. À 17 ans, il
joue une pièce de Victor Hugo, Mangeront-ils ?. Ses partenaires sont Claude
Lévi-Strauss et Pierre Dreyfus. À cette époque, il hésite encore entre la
médecine et la littérature. Il finit par se décider pour la médecine : « La
médecine me parut allier l’humanisme et mon goût pour les sciences. » (in C’est
de l’homme qu’il s’agit, Odile Jacob, 1988).
Il suit des cours à la Faculté des sciences de Paris, à la Faculté de Médecine
et enfin à l’Institut Pasteur.
En 1929, il devient interne des Hôpitaux. Il entre dans le service du Professeur
Paul Chevallier, qui est un maître en hématologie. Jean Bernard éprouve une
grande admiration pour ce médecin et c’est grâce à lui qu’il va faire des
maladies du sang l’affaire de sa vie. En 1931, il fonde, avec Paul Chevallier,
la première société savante d’hématologie. À partir de 1933, il commence une
thèse expérimentale sur la leucémie. Il obtient son doctorat en médecine en
1936.
En 1931, il épouse Amy Pichon, fille de Charles-Adolphe Pichon (1876-1959),
secrétaire général civil de la présidence de la République et délégué général de
l'UIMM, et de Marguerite Pichon-Landry, présidente du CNFF. Amy Pichon était
également la nièce du ministre Adolphe Landry.
Dès 1940, Jean Bernard entre dans la
Résistance, ce qui lui vaudra d’être l’un des cinq cents titulaires de la carte
de Résistant de 1940. En 1942, il dirige un réseau de Résistance dans le sud-est
de la France. Il est responsable des parachutages d’armes sur les plateaux du
Vivarais, dans le Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône. En 1943, il est fait
prisonnier et il est incarcéré six mois à la prison allemande de Fresnes.
Relâché peu avant la Libération, il reprend le combat. Il ne déposera les armes
qu’une fois la capitulation allemande du 8 mai 1945 proclamée.
Après la guerre, Jean Bernard reprend ses études de médecine. Il suit les cours
d’immunologie et de bactériologie de Gaston Ramon et Robert Debré. En 1946, il
devient médecin des hôpitaux, puis, en 1949, il réussit l'agrégation et enseigne
à la faculté de médecine de Paris.
Les succès médicaux et la réflexion éthique[modifier | modifier le code]
En 1947, avec Jean Hamburger, Jean Bernard crée l’« Association pour la
recherche médicale ». En 1962, cette association deviendra la Fondation pour la
recherche médicale.
En 1947, à l'hôpital Hérold, il obtient avec Marcel Bessis la première rémission
dans un cas de leucémie chez un enfant, Michel. Jean Bernard a eu l'idée de
modifier le milieu intérieur (concept dû à Claude Bernard) et c'est Marcel
Bessis qui a apporté la technique de l'exsanguino-transfusion, consistant dans
le remplacement total du sang d'un organisme. Ce premier succès fait l'objet
d'une publication dans la Revue de transfusion. En 1950, il décrit la première
leucémie chimiquement induite chez l'homme : l'hémopathie benzénique observée
chez les sujets travaillant dans les industries qui utilisent le benzène. Cette
étude permettra à Jean Bernard d’aborder le traitement curatif de la leucémie.
En 1956, il est professeur de cancérologie.
En 1957, il est médecin chef de service à l’hôpital Saint-Louis. Léon Binet
témoigne de la manière dont Jean Bernard menait ses consultations : « Les
malades étaient fascinés par sa façon d’être. Il avait un esprit de synthèse
tellement fulgurant qu’il arrivait très vite à formuler des solutions pratiques,
dans une discipline pourtant complexe. Très présent dans son service, partisan
du temps plein à l’hôpital, il recevait les familles de ses petits malades dès
huit heures le matin et savait les rassurer. »
En 1958, il devient membre du Comité consultatif de la recherche scientifique.
Il fait partie du Comité des douze sages qui conseille le Général de Gaulle sur
l’orientation de la recherche en France. En 1961, il devient professeur de
clinique des maladies du sang et il prend la direction de l'« Institut de
recherche sur les leucémies et les maladies du sang » installé à l'hôpital
Saint-Louis. La localisation d'un centre de recherche dans un hôpital est
délibérée : Jean Bernard a toujours voulu que la recherche ne soit pas coupée de
l'approche clinique. En 1962, il isole une substance, la rubidomycine, dont il
réussit à démontrer l’efficacité contre la leucémie. Il décrira aussi en 1967 le
syndrome de Lasthénie de Ferjol.
Il est président du conseil d'administration de l'Institut national de la santé
et de la recherche médicale (Inserm) de 1967 à 1980.
Grâce à ces recherches, l’hématologie, qui était jadis une discipline unifiée,
tend à se diviser en domaines plus spécialisés. C’est Jean Bernard qui oriente
Marcel Bessis vers la cytologie. Jean Dausset est, lui, orienté vers
l’immunologie ; il découvrira ainsi le système majeur d'histocompatibilité (ou
compatibilité tissulaire) dit HLA ; pour ses découvertes, Jean Dausset recevra
le Prix Nobel de médecine en 1980.
En 1983, il devient le premier président du Comité consultatif national
d’éthique des sciences de la vie et de la santé.
Jean Bernard a toujours voulu faire de la médecine une discipline humaine.
Membre du conseil d'administration de l'Institut Pasteur de 1967 à 1970, il est
président de l'Académie des sciences de 1983 à 1984 et de l'Académie nationale
de médecine de 1983 à 1992.
L'Académie française
Jean Bernard fut aussi un écrivain et un poète. Il fut, notamment, l’ami de Paul
Valéry et de Jules Romains. Il sera élu à l’Académie française, le 15 mai 1975,
suite au décès de Marcel Pagnol (25e fauteuil de l'Académie française). Il
reçoit Jean Hamburger en 1986, puis Michel Debré en 1989. Dominique Fernandez
lui succède et prononce son éloge sous la Coupole en 2008.
Distinctions diverses
Grand-croix de la Légion d'honneur
Grand-Croix de l'Ordre national du Mérite
Croix de guerre 1939-1945
Médaille de la Résistance
Commandeur des Arts et des Lettres
Grand prix de l’Académie des sciences (1971)
Prix Katsunuma (Tokyo, 1960)
Prix de l’Institut de la vie (Paris, 1973)
Prix Jimenez-Diaz (Madrid, 1977)
Prix Baillet-Latour (Bruxelles, 1984).
Élu à l’Académie des sciences en 1972, au fauteuil de Léon Binet. (président de
1983 à 1984).
Membre de l’Académie nationale de médecine, en 1973
Élu à l’Académie française, le 15 mai 1975, au fauteuil de Marcel Pagnol (25e
fauteuil de l'Académie française).
Docteur honoris causa des universités d'Innsbruck, Liège, Lisbonne,
Louvain,Mendoza, Montevideo, Salonique, Santiago, Sherbrooke, Sofia, Rio de
Janeiro
Président de la Société internationale d'hématologie.
Couronne civique de la Société d'encouragement au bien (SEAB)