Henri Rol-Tanguy
Henri Tanguy, officiellement Rol-Tanguy depuis 1970, dit Colonel Rol-Tanguy, né
le 12 juin 1908 à Morlaix et mort le 8 septembre 2002 à Paris, est un militant
communiste français, membre dirigeant de la Résistance pendant la Seconde Guerre
mondiale. Il est principalement connu pour avoir mené la libération de Paris de
l'intérieur (avant l'arrivée des blindés du général Leclerc) et fait signer
l'acte de reddition sans condition des forces allemandes à Paris.
Seconde guerre mondiale et Résistance
Henri Rol-Tanguy est mobilisé en septembre 1939 et affecté comme soldat de 1re
classe au 57e régiment d'infanterie coloniale en Lorraine. En mai 1940, il est
affecté comme armurier au 28e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais ;
il prend part aux combats de la 28e division du 5 au 24 juin 1940.
Démobilisé en août 1940 après avoir été cité à l'ordre du régiment, il retrouve
son épouse Cécile et reprend contact avec les communistes. Le 5 octobre,
apprenant qu'une vague d'arrestations frappe les militants communistes, il entre
dans la clandestinité. Il participe à la mise sur pied de l'Organisation
spéciale (OS), le PCF lui confiant aussi la responsabilité du secteur Sud de
Paris et de sa banlieue.
En août 1941, il est chargé avec Raymond Losserand et Gaston Carré de
l'organisation, dans la région parisienne, de groupes armés, qui sont fondus, en
février 1942, dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement communiste
de résistance armée. Tanguy exerce dans ce « triangle de direction » la fonction
de responsable militaire. Losserand et Carré sont arrêtés en mai 1942 et seront
fusillés. Tanguy reforme une équipe avec Roger Linet et Raymond Colin.
Tanguy change de zone pour raison de sécurité, devenant chef des FTP de la
région Poitou-Anjou, puis revient en région parisienne en mai 1943, pour
réorganiser, avec Joseph Epstein et Édouard Vallerand, les Francs-tireurs de la
région parisienne. Il rédige avec sa femme le journal clandestin, Le
Franc-tireur parisien.
En septembre 1943, il est nommé représentant FTP au Comité d'action contre la
déportation, qui sabote les départs au STO. En octobre, il passe à l'état-major
des FFI de la « région P », qui regroupe onze départements autour de Paris, où
il représente les FTP.
D'abord sous-chef de l'état-major, il devient en mai chef régional des FFI de la
région P1 (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise), qu'il baptise «
Île-de-France ». C'est alors qu'il prend son dernier pseudonyme Rol, nom d'un
combattant des Brigades internationales, Théo Rol, tué en 1938 pendant la
bataille de l'Èbre.
Il se consacre alors entièrement à la préparation de la libération de la
capitale en liaison étroite avec le Comité d'action militaire du Conseil
national de la Résistance, le COMAC et le délégué militaire national du général
de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas.
Le 10 août 1944, l'avance des Alliés en Normandie donne le signal de
l'insurrection.
Le 10 août, les cheminots de Paris entament la grève. Le 15 août, la CGT appelle
à la grève générale. Plusieurs corps d'administration y répondent. La grève des
agents de police apporta un soutien armé à l'insurrection. L'état-major FFI est
installé en sous-sol place Denfert-Rochereau
Le 17 août, l'état major de la résistance parisienne appela à la lutte décisive.
Le 19 août, la préfecture de police est prise par les policiers résistants et
Rol-Tanguy les harangue au milieu de la cour d'honneur. Puis il réalise dans les
journées du 20 au 24 août une manœuvre générale libérant les 9/10e de la
capitale.
Le 25, le colonel Rol participe à la signature de l'acte de reddition sans
condition des forces allemandes du général Von Choltitz, reddition reçue par le
général Leclerc.
Dans le courant du mois de septembre, Rol-Tanguy est désigné auprès du colonel
Billotte pour contribuer à mettre sur pied une nouvelle unité, la 10e division
d'infanterie, mais il ne sera pas nommé à la tête de cette division. En janvier
1945, il effectue un stage de perfectionnement à Provins. Il est ensuite affecté
au PC de la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny mais ne
participe aux combats en Allemagne qu'entre le 8 et le 25 avril, de Tübingen à
Sigmaringen. Il reste en Allemagne jusqu'au 2 octobre comme adjoint au colonel
gouverneur militaire de Coblence.
Le 18 juin 1945, il avait été décoré de la Croix de la Libération par le général
de Gaulle. Il devient militaire d'active avec le grade de lieutenant-colonel.
Après-guerre
En avril 1947, il est affecté au cabinet militaire du ministre de la Défense
nationale. De 1948 à 1951, il est chef du 3e bureau de l'état-major de la
subdivision du Mans. De 1952 à 1962, il est relégué au Dépôt Central des Isolés,
à Versailles, définitivement sans affectation, à cause de ses convictions
communistes. Dépourvu de moyens que l'armée aurait pu mettre à sa disposition,
il organise néanmoins des cours de stratégie et de tactique militaire, puis part
à la retraite en 1962.
De 1962 à 1987, il est membre du comité central du PCF, avec un rôle limité.
Figure emblématique de la Résistance communiste à partir des années 1960, Henri
Rol-Tanguy soutient publiquement Georges Marchais lors de la polémique relancée
en mars 1980 par L'Express concernant son passé de travailleur volontaire en
Allemagne, mais signe en octobre 1991 la pétition d'anciens résistants demandant
qu'il ne préside pas les cérémonies commémoratives des fusillades de
Châteaubriant.
Il était président de l'Association nationale des anciens combattants de la
Résistance (ANACR) et de l'Amicale des anciens volontaires français en Espagne
républicaine.
Le 13 septembre 2002, un hommage national présidé par Jacques Chirac lui est
rendu aux Invalides. Il repose à Monteaux (Loir-et-Cher).
Le 23 août 2004, une avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy est inaugurée dans le
14e arrondissement de Paris à l'occasion du soixantième anniversaire de la
libération de Paris. Cette avenue n'est en fait qu'une courte voie de quelques
dizaines de mètres de long, insérée dans une partie de la place
Denfert-Rochereau.
Dans le film Paris brûle-t-il ?, son rôle est interprété par Bruno Cremer.
Décorations
Compagnon de la Libération - décret du 18 janvier 1946
Grand'Croix de la Légion d'Honneur
Croix de guerre 1939-1945 (3 citations)
Médaille de la Résistance
Croix du Combattant Volontaire
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Medal for Freedom (USA)
Ordre de l'Amitié des peuples (URSS)
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