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Les résistances alsaciennes

Leur histoire est trop peu connue, voire méconnue. Ils ont été quelques milliers à refuser l'ordre nazi. Dès 1940, en Alsace et dans le Sud-Ouest, les résistances alsaciennes se sont organisées. Passeurs à Orbey, à Rothau, maquisards dans le Limousin, en Périgord, dans les Alpes, élèves instituteurs à Solignac dans la Haute-Vienne, sans oublier les réseaux Adam, Welschinger, Wodli, ils ont participé à la Résistance et pris une part active à la Libération de l'Alsace. Beaucoup ont été fusillés ou envoyés dans les camps de concentration au Struthof, à Dachau, à Mauthausen.

Quelques chefs de la Résistance alsacienne : MM. FOEHR, KIEFER, ESCHBACH, FREISS et KIEBLER

Parmi les résistants de la première heure, on compte plusieurs habitants de la vallée de Thann : Marcel Kibler (Alias le commandant Marceau), Paul Dungler(Alias Commandant Martial) , Jacques Léonard, René Ortlieb La constitution en 1941 du réseau Martial permettra une liaison entre la résistance en Alsace et les résistants des autres régions françaises. Une période riche en faits héroïques, certes, comme la constitution du maquis des Vosges et de la Waldkapelle, l'aide à l'évasion du général Giraud vers la Suisse, mais également plein de petits gestes quotidiens, par lesquels une partie importante de la population alsacienne a entravé la machine de guerre allemande.
Louis Voegtli (Réseau Alsace-Kléber) 
Auguste Sontag, membre du Réseau Wodli 

Auguste SONTAG


Patriote résistant, condamné à mort pour son action contre le régime nazi,
et exécuté par la Gestapo le 1er juin 1943
Le premier juin 1943, trois jours après la constitution sur le territoire français du Conseil National de la Résistance, quatre résistants haut-rhinois du réseau Georges Wodli, accusés de "haute trahison envers le IIIe Reich", furent décapités à la hache par les nazis. Tous les quatre étaient des dirigeants communistes : Adolphe Murbach, menuisier de Colmar, originaire de Sundhoffen, Eugène Boeglin et Auguste Sontag, instituteurs de Wintzenheim, et René Birr, cheminot de Réguisheim
Le 29 juin, quatre autres responsables communistes connaissent le même sort. Il s'agit de Edouard Schwartz de Lutterbach, Marcel Stoessel et Alphonse Kuntz de Mulhouse, et René Kern de Niedermorschwihr
Plus de 300 communistes alsaciens, dont 180 du Haut-Rhin, furent internés dans le sinistre camp de Schirmeck. 

Le 27 mai 1943, face à la France occupée, fut créé le Conseil National de la Résistance, présidé par Jean Moulin. Ce Conseil avait pour but de rassembler et de coordonner toutes les actions pour libérer la France. Au sein de ce conseil, toutes les sensibilités étaient représentées : gaullistes, chrétiens, socialistes, communistes. 

Georges Wodli : cheminot strasbourgeois, membre du comité central du PCF. Arrêté le 30 octobre 1942 par la police de Pétain et livré à la Gestapo. Il fut assassiné par celle-ci le 2 avril 1943 dans les caves de la rue Sellenick à Strasbourg.

 

Les quatre Alsaciens furent décapités à la hache. Dans une enquête publiée par le journal "Die Volksstimme", on apprend que les condamnés étaient réveillés à 5 heures du matin. On leur lisait une dernière fois le verdict. Ils se déshabillaient et revêtaient une chemise en papier. Puis ils étaient brutalement jetés sur la guillotine. 

On ignore ce que sont devenus les corps des quatre résistants communistes. Raymond Sontag qui stationnait en 1945 du côté de Sigmaringen avec la 1ère armée française, se rendit régulièrement à Stuttgart, mais les Américains lui interdirent tout aussi régulièrement d'entrer dans la prison où son frère avait vécu ses derniers instants. 

Plus tard, des compagnons de cellule d'Auguste Sontag, des résistants allemands, lui confièrent que les cadavres des Alsaciens avaient servi à des expériences médicales à l'Université de Heidelberg et que leurs restes étaient enterrés sous une stèle au cimetière de cette ville. 

Leurs vêtements furent renvoyés à leur famille. Dans la doublure de l'épaule de la veste, les Sontag trouvèrent plusieurs lettres personnelles adressées par Auguste à chacun des membres de la famille.

Ces mêmes compagnons rapportent qu'Auguste et ses trois camarades chantèrent la Marseillaise en montant à l'échafaud... 


Louis Charles VOEGTLI, né le 30 décembre 1896 à Wintzenheim,
est mort en déportation le 29 juillet 1944 à Widdig (Allemagne)


Avant la guerre, Louis Voegtli avait été militant autonomiste. Mais dès le début des hostilités, il prit conscience de son erreur et devint rapidement un ardent patriote. Quand, dans les jours tragiques de la débâcle française de juin 1940, des soldats innombrables passèrent à Wintzenheim, il travaillait jour et nuit à son fournil, pour fournir du pain en abondance aux combattants affamés et fatigués. Mais ceci n'était que le début d'un engagement actif au sein du Réseau Kléber-Alsace. Risquant sa vie, il utilisa sa voiture personnelle pour faire passer les Vosges à des dizaines de prisonniers français qui avaient pu s'évader des camps, de même qu'à de nombreux jeunes Alsaciens qui ne voulaient pas vivre sous la domination allemande et fuyaient vers la France de l'intérieur. Sa qualité de maire à l'époque lui a permis de délivrer des cartes d'identité à de nombreuses personnes, leur permettant ainsi de passer la frontière plus facilement...

Le réseau "Famille Martin"
Dans l'aide à l'évasion des prisonniers de guerre et des réfractaires alsaciens, Colmar et ses faubourgs apportèrent une contribution très importante. Cette région était devenue une grande voie d'acheminement des évadés venant du secteur de Fribourg-en-Brisgau. Les responsables étaient, comme partout ailleurs, des membres de la Résistance alsacienne et en particulier ceux appartenant au réseau "Famille Martin".

Les organisations colmariennes, dirigées par Joseph Rey et Edmond Borocco, avaient essentiellement pour mission l'hébergement, le ravitaillement, l'habillement, puis l'acheminement sur les passeurs de la vallée de Kaysersberg, de la vallée de Munster et de la frontière suisse. Elles étaient en liaison étroite avec les organisations similaires, dirigées à Mulhouse par Maître Lucien Braun, Achille Bey, Auguste Riegel et celle de Louis Bellini à Bollwiller.

Les noms de tous ces patriotes, aujourd'hui tombés dans l'oubli, sont nombreux : Eugène Hussmann, industriel - le Docteur Ernest Breckmann - Henri Breugad, tailleur, spécialement chargé de l'habillement - Guy Engelberger, l'épicier - le boucher Sélig et son employé Alfred Vonderscher, dont la camionnette servait à conduire les évadés jusqu'aux passeurs - Auguste Rosenthal - Emile Schoelhammer - Léon Schaedélé - Albert Bolcher - Pierre Fischer - Henri Kolb, propriétaire du restaurant "Au Chemin de Fer" et son employée Dora Palucci - Alice Florentz, Marie Stinus, Marie-Thérèse Walgenwitz, Régine Vonfeld, toutes de jeunes vendeuses - Charles Grollemund - Edgar Glasser - Jeanne Wust - Robert Borocco - Andrée Borocco, chargée d'imprimer des fausses cartes d'identité - Mme Camille Koehler - Robert Faath - Mme Preiss de l'Hôtel du Parc, tous de Colmar, sans oublier le marchand de bière Léon Acker qui convoyait les évadés dans son camion - Albert Krauth de Horbourg - le boulanger Louis Voegtli, Charles Ingold et le cafetier Charles Eckly de Wintzenheim - Henri Eichholtzer et Marguerite Dietrich de Turckheim - l'abbé Vuillemin, curé de Zimmerbach, et bien d'autres encore.

La plupart de ces Alsaciens tombèrent entre les mains de la Gestapo en avril et en septembre 1942, par l'introduction d'un faux prisonnier d'abord, par la faiblesse de l'un des patriotes arrêtés qui donna une grande partie des noms sous la torture, ensuite. Eugène Haussmann fut déporté avec sa femme, sa mère et sa fille. Mme Preiss se pendit dans sa cellule pour ne plus subir les tortures des hommes de la Gestapo, d'autres moururent en captivité. [...]

Le 15 décembre 1942 au matin le glas sonna une nouvelle fois pour la Résistance alsacienne. A la suite d'une dénonciation venue de France, 21 membres du groupe formant antenne du réseau "Kléber-Alsace" à Colmar, Mulhouse et Strasbourg tombèrent entre les griffes de la Gestapo. Dans la seule région de Colmar, les arrestations se succédèrent les 15 et 16 décembre : Lucien Riedinger, Pierre Fischer, Oscar Fega, Georges Munsch, Léon Saettel, Clément Helfer, Charles Lamouche, Paul Gasser, Marcel Grebert, Wetterwald, les frères Robert et Edmond Borocco ainsi que Louis Voegtli, maire de Wintzenheim, rentré seulement depuis le mois de septembre de la prison de Wolfach où il venait d'effectuer un "stage" d'un an. Pendant l'instruction, qui ne dura pas moins d'une année, Oscar Fega mourut à la suite des interrogatoires spéciaux de la Gestapo.

Le 2 novembre 1943, les autres inculpés comparurent devant le Volksgerichtshof qui siégeait à Strasbourg sous la présidence du terrible juge Freisler, surnommé le "juge sanguinaire". Les patriotes colmariens y retrouvèrent l'abbé Charles Venner. Celui-ci, arrêté depuis le 9 octobre 1941 et déjà condamné à une peine de 18 mois de travaux forcés venait d'être amené de la prison d'Ulm où il purgeait sa peine. Ses rapports antérieurs avec les autres accusés avaient été établis par les policiers nazis. Il avait été aumônier de l'hôpital militaire de Colmar jusqu'à l'arrivée des Allemands.

Le juge Freisler prononça neuf condamnations à mort - celles de Robert Borocco, Louis Voegtli, Pierre Fischer, Léon Saettel, l'abbé Venner, Paul Gasser, Charles Lamouche, Clément Helfer, Marcel Grebert - ainsi que neuf condamnations aux travaux forcés. Edmond Borocco condamné à une peine de 9 mois de prison seulement, fut libéré ayant effectué son temps de détention en prévention. Quelques semaines après sa libération, prévenu à temps d'une nouvelle arrestation, il réussit à prendre la fuite. Il se cacha à Wittenheim, puis avec l'aide de Betty Acker, Paul Winter et Auguste Riegel, il parvint à passer en Suisse par la filière de Hagenthal.

Les neufs condamnés à mort ne furent pas exécutés. Après huit mois passés dans diverses prisons allemandes (notamment Stuttgart), ils furent versés, en juillet 1944, dans un "Himmelfahrtskommando" (commando suicide) spécialement chargé du désamorçage des bombes alliées non explosées à Rheinbach, Aix-la-Chapelle, Cologne et Cassel. Malheureusement, le 29 juillet 1944 à Cologne, alors qu'ils dégageaient la terre autour d'une grosse bombe, celle-ci explosa tuant Paul Gasser (technicien aux Mines des Potasses d'Alsace), Clément Helfer (professeur à Logelbach) et Louis Voegtli, l'ancien maire de Wintzenheim. Marcel Grebert, grièvement blessé, décéda par la suite. Quant à Charles Lamouche, la maladie l'emporta en prison à Hameln.

29 juillet 1944 - Sprengkommando à Bonn
Sept patriotes français condamnés à mort en sursis d'exécution, creusent une profonde fosse où se trouve une bombe d'avion non éclatée. La sueur ruisselle sur leur visage osseux où les yeux brillent d'une flamme intense d'espoir, la libération approche, les attaques aériennes se multiplient. La nuit, malgré le danger des raids, le vrombissement des moteurs des escadres aériennes fait battre la chamade au cœur de ces pauvres déportés. Et voilà que, fatalité affreuse, on les force, eux, à enlever les projectiles non percutés. La blouse de forçat colle à leur corps décharné. Par équipe de trois ils sortent la terre de ce trou hallucinant où gît dans le fond cet engin terrible. Le travail est délicat, déjà de nombreuses équipes ont laissé leur vie à ce genre de travail, d'où le nom de "Himmelfahrtskommando". 

A présent la bombe est dégagée, les regards se croisent... ce trou va-t-il devenir une tombe ? La mort qui les avait frôlés maintes fois, allait-elle s'emparer d'eux cette fois ? Le moment crucial approche - une équipe est debout au bord du cratère - elle est au repos, ce sont l'abbé Venner, Grebert, Saettel, Fischer et Robert Borocco ; deux gendarmes allemands regardent également. L'artificier descend, se met sur la bombe. Gasser, Helfer et Louis Voegtli sont sur les paliers du trou, à divers étages.

L'abbé Venner, accompagné de quelques camarades, s'éloigne un peu, ils ont découvert un arbre où des fruits encore verts les attirent fortement. A ce moment, une épouvantable explosion déchire l'air. La bombe de 10 tonnes a éclaté ! Happée par un immense déchaînement fulgurant de flammes, l'équipe Venner ne se souviendra par la suite que d'un immense coup d'assommoir reçu en même temps qu'une chaleur brûlante les étouffait dans un embrasement écarlate. Projetés à des distances diverses, les uns après les autres retrouvent leur connaissance. C'est pour apprendre la terrible nouvelle de la mort de leurs frères de souffrance. Ils étaient unis par des liens que seuls connaissent ceux qui partagent de grandes épreuves.

Et voilà que Voegtli, Helfer et Gasser sont morts déchiquetés. Grebert est grièvement blessé à la face, les autres, miraculeusement sauvés par l'abbé Venner qui les avait entraînés à 50 mètres de là, sont très fortement contusionnés. Le drame est achevé !

Le martyrologe du Réseau Kléber-Alsace s'est allongé encore,par une annonce du 7 août 1944 que les habitants de Wintzenheim apprennent le décès du boulanger Louis Voegtli, âgé de 47 ans
Le terrible bilan de ses pertes se solde par 10 agents morts pour la France sur 17 arrêtés le 15 décembre 1942 et traduits le 3 novembre 1943 devant le Volksgerichtshof de Berlin. Déjà à l'instruction Oscar Féga de Colmar meurt en héros, animé des plus hauts sentiments religieux et patriotiques, les agents Schwalm, Lienhard, Pierson, cheminot héroïque, sont fusillés à Belfort. Charles Lamouche de Colmar meurt à son tour à bout de force à Hameln. Wetterwald tombe sous les balles en voulant s'évader vers les lignes russes. L'abbé Venner, au sourire angélique, celui qui savait si bien redonner du courage, meurt épuisé en Alsace libérée. Ils sont morts ces Alsaciens pour l'honneur de la France et afin que l'on sache devant le jugement de l'histoire ce que fut la loyale et fidèle Alsace sous le déchirement de la séparation avec la Mère Patrie.

Le 12 avril 1951 à Wintzenheim, Voegtli à son tour revient modestement, son devoir accompli jusqu'au sacrifice suprême, reprendre sa place au pied des vieux châteaux des Vosges, à l'ombre des sapins, parmi ses aïeux. Il fut un passeur courageux, un agent de renseignements précieux et téméraire, un vivant symbole de l'Alsacien frondeur, de la vieille race des généraux de l'Empire.

Sa veuve héroïque fut également déportée par les Allemands *; qu'elle veuille trouver ici, en consolation, ces mots de son mari, qui illustrent sa Légion d'Honneur, sa Croix de guerre, sa Médaille de la Résistance, phrase qu'il me disait après sa condamnation à mort : "Dis à ma femme que tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour que vive la France !".

Source : Edmond Borocco, S-R. Kléber-Alsace, le 12 avril 1951, jour de l'inhumation de la dépouille mortelle de Louis Voegtli à Wintzenheim, DNA du jeudi 12 avril 1951

Arrêtée le 15 août 1943, Céline Voegtli (née Michelin le 19 août 1897 à Sens-sur-Seille) fut déportée au camp de Schirmeck et libérée le 2 décembre 1944.
Le procès du réseau Kléber
Le 2 novembre 1943, en gare de Strasbourg, débarque un groupe de hauts dignitaires des organisations nazies. C'est le "club du meurtre" du Volksgerichtshof de Berlin, en grand uniforme. Ce haut tribunal politique vient juger 16 patriotes alsaciens, membres du réseau militaire français S.R. Kléber-Alsace, antenne Uranus. Le président du tribunal est le sinistre Dr Freisler, surnommé à juste titre par les Allemands, der "Blutrichter", le juge sanguinaire. C'est un fou dangereux qui hurle en gesticulant durant les audiences. (C'est lui qui jugera les généraux allemands auteurs de l'attentat manqué contre Hitler). A ses côtés, marchent ses sbires, pâles fantoches en uniforme de parade. On pourrait se demander le pourquoi de ce déplacement spectaculaire, alors qu'en Alsace occupée siègent déjà trop souvent les Reichskriegsgerichte et Sondergerichte. Il faut se rappeler qu'après les événements de Stalingrad, la puissance du Reich était fortement ébranlée. Ses armées sont aux abois sur tous les fronts. En Alsace particulièrement les bonzes nazis se révèlent nerveux et hargneux. Les condamnations de patriotes alsaciens sont étalées dans la presse en grand titre. Le mercredi des cendres, 10 mars 1943, ne l'oublions pas, le Reichskriegsgericht n'avait-il pas déjà prononcé à Strasbourg, 13 condamnations à mort assorties de lourdes peines de prison pour les inculpés de l'affaire dite du "Elsassbericht" (rapport d'Alsace).

Le Gauleiter Wagner n'avait-il pas proclamé dans un de ses discours historiques "es werden Kôpfe rollen" (des têtes vont tomber). De même l'épouvantable Moraller, rédacteur en chef du journal nazi de Strasbourg écrivait que "les chefs intellectuels et les inspirateurs de la trahison qui ne tendent à rien moins qu'à saper l'ordre existant en Alsace et à le renverser au moment voulu devaient être exterminés". Mais en dépit de ces menaces, la résistance alsacienne ne baissait pas la tête ; il fallait frapper à nouveau et fort. D'où le grand jeu du plus haut tribunal politique d'Allemagne venant siéger au cœur de l'Alsace à Strasbourg. 

La constitution du réseau
Dès la fin de 1940, les services de renseignements alliés cherchaient à obtenir le maximum de rapports, tant économiques que militaires. Le réseau "Kléber" avait été créé en 1941 à Paris sur l'initiative d'un Belfortain d'origine alsacienne, Pierre Beauclair, "Colonel Kléber". Une liaison constante fut établie avec Londres. Il fut demandé au colonel Kléber d'établir une antenne du réseau en Alsace. La tête d'antenne fut installée à Lons-le-Saunier, sous la direction du capitaine Kleinmann. Ce réseau fut progressivement structuré en Alsace. Les premiers contactés furent les Alsaciens qui organisaient individuellement ou en groupes les passages clandestins des prisonniers évadés et des réfractaires à travers les sommets des Vosges, le Doubs et la Franche-Comté.

En février 1941, le jeune Oscar Fega de Colmar contacta M. Pierre Fischer épicier à Logelbach qui donna son accord immédiat pour collecter des renseignements et recruter des agents. Il s'adressa à M. Léon Saettel, ingénieur à Strasbourg, qui se déclara prêt à servir la Résistance. Pierre Fischer contacta alors MM. Louis Voegtli, maire de Wintzenheim, Robert Borocco, industriel, et Edmond Borocco, imprimeur, Charles Lamouche, serrurier, Clément Helfer, instituteur, tous de Colmar. Leurs épouses : Mme Fischer-Nimsgern, Mme Voegtli, Mme R. Borocco-Humbert, Mme Edmond Borocco-Jess et Mme Acker-Koehler firent partie également du réseau, qui s'élargit ensuite vers la vallée de Munster. MM. Straumann père et fils, M. Heyberger, M. Henri Munsch, Mlle Munsch, M. Lucien Riedinger, épicier à Wintzenheim et M. Henri Eichholtzer, coiffeur à Turckheim. 

A Mulhouse, c'est l'abbé Venner qui, secondé par Marcel Grebert du corps de sapeurs-pompiers de Mulhouse, organise le secteur. M. Paul Gasser, employé aux mines de potasse fournit régulièrement les états de production. Le reste de l'équipe est composé de M. Wetterwald, Mlle Kirstetter, courageuse fille de l'écluse de Munchhouse. Une jeune mulhousienne Yvonne Bader, dactylo à la Gestapo, prendra le risque terrible de fournir de précieux renseignements sur les personnes devant être arrêtées. L'abbé Venner vient deux fois par semaine à Colmar chercher les messages qu'il transmet à l'héroïque mécanicien de locomotive Bierson qui les transmettait à son tour à Belfort. Celui-ci décèdera à l'instruction ainsi que son collègue Schwalm. L'acte d'accusation officiel mentionnera à ce sujet que ces documents arrivaient à Londres.

Le 14 juillet 1941, Voegtli, Féga, Gasser, passent la frontière pour rencontrer le chef du réseau. Ils sont arrêtés à Champagnole (Jura), à la ligne de démarcation d'Arbois. On ne retient heureusement contre eux que ce délit et ils sont refoulés en Alsace. Mais le 9 octobre 1941, neuf agents sont arrêtés et incarcérés dans les prisons de Colmar, Strasbourg et Wolfach (Forêt Noire). Le 28 septembre 1942, après onze mois de prévention, cinq d'entre eux, dont Louis Voegtli, sont relâchés faute de preuve. Les autres sont condamnés à des peines de prison, allant de un à trois ans, les Allemands n'ayant pu les convaincre que de "Landesverräterische Beziehungen" (relations avec des traîtres). L'automne se passe, le réseau est remanié, les missions continuent, Edmond Borocco assure par ses passages personnels la liaison sur Gérardmer en même temps que la filière d'évasions avec ses amis d'Orbey et des Basses-Huttes et Hautes-Huttes, Marcel Maire, Paul Deparis, Paul Batôt (décédé en Russie), Joseph Miclo. Puis brusquement c'est le drame.

Et ce fut novembre 1942
Les Allemands envahissent la zone libre, découvrent des documents secrets à Lyon, arrêtent un agent qui va parler. Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1942, la quasi-totalité des agents de Kléber-Alsace sont arrêtés. Une équipe spéciale du contre-espionnage et de la Gestapo arrive à l'improviste à Colmar et organise un coup de filet à la même heure qu'à Mulhouse et à Strasbourg. Treize arrestations sous la menace des armes ont lieu à 7 heures du matin. Venner, Grebert, Fega, Gasser sont extraits eux de leur prison et ramenés à Offenbourg et à Kehl. M. Pierre Borocco est arrêté par erreur comme suspect et relâché après un mois d'instruction. Les interrogatoires commencent sans tarder dans les caves de la Gestapo à Colmar, les brutalités accompagnent les séances qui durent parfois 48 heures, les inculpés restant sans manger ni dormir. Les inspecteurs de la Gestapo, Darmstetter, Stassik, Schmeltz se relaient et, étant donné l'importance de l'affaire, se déclarent autorisés d'appliquer les "Verschärfte Verhöre" (interrogatoires poussés). De temps en temps, l'Obersturmführer Gehrum vient se rendre compte des "résultats obtenus". Tous les Alsaciens se souviennent de ce personnage. C'était une sorte de géant au faciès de brute. Maître Heitz le qualifie : "Il paraissait déguisé dans ses vêtements civils, c'est le maillot rouge du bourreau qu'on imaginait d'instinct sur ce torse de boxeur". Heureusement pour nous, cet escogriffe avait une cervelle d'alouette et était aussi idiot que grand. 

Tout le monde est déporté en Allemagne en camions sous la garde de SS armés, et c'est pendant onze mois de secret en cellule que l'instruction se poursuit. Les confrontations alternent avec les interrogatoires à Wolfach (Bade) pour les uns, et à Offenbourg pour les autres. Jamais la visite d'un avocat ne fut autorisée. Oscar Fega succombe le premier aux mauvais traitements ; Fischer, opéré d'une appendicite purulente se traîne misérablement, la plupart d'entre eux souffrent de troubles cardiaques. 

Le procès... 

Le 2 novembre 1943, l'ensemble des membres du réseau est transféré à Strasbourg et comparait menottes aux mains. L'audience a lieu au tribunal cantonal, les accusés ont le temps de défiler devant les familles éplorées et tenues à distance. Le juge, le président Freisler, est assis sur une petite tribune derrière une grande table en robe rouge ainsi que son assesseur, le Landgerichtsdirektor Stier ; les autres acolytes en uniforme de parade, un petit sabre posé devant eux, sont : un Generalarbeitsführer Stoll, puis à leurs côtés, bardés d'insignes et de décorations le SA-Brigadeführer Hohm et le SA-Gruppenführer Damian. Un peu plus loin, à son pupitre, siège le procureur Dr Franzki. Devant eux, le greffier Thiele est accompagné du secrétaire archiviste du Volksgerichtshof, au nom bien mal venu de Sonnenschein. 

Le président, après avoir ouvert la séance, déclare aussitôt le huis clos. Les débats se déroulèrent devant un immense portrait du Führer. Freisler commence par déclarer que les avocats seraient autorisés à plaider douze minutes pour chaque accusé. Commencée à 9 heures, la mascarade de justice fut achevée à 17 heures. Les avocats eurent le courage de demander, par la voix de Me Potika de Fribourg, le rejet du procès, invoquant l'incompétence du tribunal du peuple allemand, "étant donné que les accusés, officiers, sous-officiers et civils étaient de nationalité française et ne pouvaient donc être jugés que par un conseil de guerre". Freisler entra dans un de ces accès de rage dont il était coutumier et hurla : "Refusé, ce sont des Volksdeutsche". 

Neuf condamnations à mort 
Et voici le verdict rendu "au nom du peuple allemand". Neuf condamnations à mort : Paul Gasser, Charles Lamouche, Pierre Fischer, Léon Saettel, Clément Helfer, Louis Voegtli, Robert Borocco, Charles Venner et Marcel Grebert. Plus des peines d'emprisonnement pour les autres inculpés : Jeanne Kirstetter et Anne Fischer (3 ans de réclusion - Zuchthaus), Edmond Borocco et Armand Falck (9 mois de prison - Gefängnis), Lucien Riedinger (1 an et demie de prison - Gefängnis). Seul Georges Andlauer est acquitté. Les condamnés à mort sont transférés à Stuttgart, et c'est pendant huit mois le calvaire quotidien de l'attente. 

Le 4 juin 1944, l'avocat allemand Riebel était averti que le recours en grâce était refusé. Pressé par les familles, l'avocat accepta de se rendre à Berlin qui se trouvait à ce moment sous les bombardements. Un hasard miraculeux avait fait que Reibel était un ami d'université du ministre Meissner, dernier ministre de l'équipe de Hindenburg et qui s'occupait des recours en grâce. Meissner se laissa convaincre d'aborder le Führer. Le 5, il fut admis auprès d'Adolphe Hitler, qui se promenait nerveusement dans son jardin. Meissner obtint la signature du Führer pour une commutation de peine. Il était temps, jamais Hitler n'aurait plus signé car précisément le 6 juin 1944, les alliés débarquaient en Normandie. 

Transférés à la prison de Rheinbach, les déportés sont affectés aux terribles commandos de désamorçage de bombes, dits "Himmelfahrtskommandos". Ce travail périlleux se termina fatalement par une tragédie. Le 29 juillet 1944 aux environs de Cologne à Wessling, le Kommando creuse une profonde fosse. Au moment crucial du désamorçage de l'engin, une bombe à retardement de 10 tonnes, celui-ci éclate, tuant Paul Gasser, Clément Helfer, Louis Voegtli. 

Relevés de leur travail peu avant l'accident, Pierre Fischer, l'abbé Venner, Léon Saettel et Robert Borocco sont indemnes. Marcel Grebert par contre est très grièvement blessé au visage, mais survivra. Charles Lamouche meurt bientôt à bout de forces à Hameln. Wetterwald sorti de prison est incorporé de force et tombe sous les balles en voulant s'évader vers les lignes russes. Edmond Borocco réinculpé, après un an de réclusion, par la Gestapo informée de ses activités Alsace-Vosges, réussit à s'évader en Suisse sous un train de charbon aidé par de fidèles amis. Il revint en Alsace dans les rangs de la Première armée française. 

La région d'Orbey, un bastion de la Résistance
[...] Le 15 juin 1942 fut une journée tragique. Deux mouchards, responsables, l'un de 75 arrestations, et l'autre de 83, avaient téléphoné à la Gestapo. Ils avaient indiqué l'heure prévue pour le départ d'une jeune Strasbourgeoise et d'un prisonnier originaire de Marseille qui tentaient de gagner la zone libre.

A 4 heures du matin, la Gestapo arrêta tout le monde. C'est alors que l'on se rendit compte combien les passeurs d'Orbey avaient des attaches profondes à Colmar et dans les environs. Arrêtés ou pourchassés à Colmar, l'épicier Guy Engelberger, le boucher Sélig qui, avec son commis Alfred Vonderscher, ne se contentait pas seulement de ravitailler les évadés, mais les faisait monter dans la fourgonnette pour les conduire jusqu'aux passeurs ; inquiétés les Léon Schaedelé, Albert Bolcher, Vve Jeanne Wuest, tous trois de Colmar, Albert Krauth de Horbourg, Franz Faller, ainsi que Robert Borocco et Pierre Fischer qui furent plus tard arrêtés et condamnés à mort pour appartenance à un réseau d'espionnage ; suspectés également le coiffeur Henri Eichholtzer et Mme Vve Marguerite Dietrich, tous deux de Turckheim ; et, est-il nécessaire de le préciser, arrêtés tous les passeurs et les résistants de la région d'Orbey, tous compromis par les deux faux prisonniers mouchards.

A Wintzenheim, Charles Ingold (le frère de Mme Vve Dietrich), qui travaillait avec la filière des Basses-Huttes, avec Antoinette Scandella (devenue Mme Million) et que Charles Eckly, restaurateur à Wintzenheim, véhiculait parfois en voiture jusqu'au-dessus de Pairis, réussit à échapper aux poursuites. En attendant que la tourmente soit passée, il alla se cacher chez son oncle Joseph Miclo qui exploitait une ferme à Neuwiller, près de la frontière suisse. Il avait de sérieuses raisons de se méfier ayant à son actif 85 passages. Le 3 août 1942, il prit une échelle et un panier, grimpa sur un cerisier qui bordait la frontière et du haut de son belvédère attendit le moment favorable en observant le va-et-vient des douaniers. Quelques jours plus tard, à Wintzenheim, ses parents recevaient une lettre postée de Suisse. Au milieu du texte cette phrase sibylline les rassura : "Florentine est bien arrivée".

Son chef de file, le boulanger Louis Voegtli, ne risquait pas pour sa part d'être arrêté par la Gestapo. Il était déjà en prison. "Inclinons-nous devant sa mémoire, écrit M. Eugène Mey dans son excellent ouvrage Le drame de l'Alsace (Éditions Berger-Levrault). De nombreux prisonniers de guerre se rappelleront sa boulangerie hospitalière. En 1941, il avait été arrêté près de la ligne de démarcation, emprisonné à Champagnole, puis trois semaines plus tard, relâché faute de preuves suffisantes. Repris une deuxième fois, il fut jeté dans la prison de Colmar. Il y resta d'octobre 1941 à février 1942. Transféré à Stuttgart, son silence lui valu d'être remis en liberté le 12 septembre 1942. Puis une troisième fois, le 15 décembre de la même année, il fut condamné à mort pour espionnage et appui prêté aux évadés. Gracié en juin 1944 et incorporé par les nazis dans une équipe d'artificiers chargés de ramasser des engins non éclatés, Voegtli trouva la mort dans l'explosion d'une bombe".

C'était à Bonn, le 29 juillet 1944. Ni Voegtli, ni Helfer, ni Gasser, du réseau de renseignements "Kléber-Alsace" ne reverront la France pour laquelle ils s'étaient tant battus.

Source : Jacques Granier, L'épopée des passeurs d'Alsace (XI), DNA du 28 septembre 1964

Charles Ingold, né à Wintzenheim le 22 juin 1922, est décédé à Colmar le 5 juillet 2002, dans sa 81ème année


Eugène Boeglin

Quand il a appris qu'il était recherché par les nazis, Auguste enseignait en Allemagne, à Waldshut près du Lac de Constance. Des douaniers allemands avec qui il déjeunait lui proposèrent de le faire passer en Suisse. Mais Auguste préféra revenir en Alsace pour continuer la lutte avec ses camarades. Et c'est l'arrestation à son domicile, 35 rue du Mal Joffre à Wintzenheim, le lundi de Pentecôte 25 mai 1942 en fin d'après-midi. Il venait de fêter en famille l'anniversaire de sa sœur Andrée, dite Suzie. Sont arrêtés vers la même époque : Émile Minéry, cordonnier de Réguisheim, Ernest Korb, mineur de Réguisheim, Eugène Boeglin de Wintzenheim, Adolphe Murbach de Sundhoffen, et René Birr de Réguisheim. Tous avaient, selon l'occupant, participé à un complot contre la sécurité de l'État. Emprisonnés pendant quelques jours à Colmar et à Strasbourg, ils furent transférés au camp de Schirmeck jusqu'en novembre, puis enfermés à la prison de Buhl (pays de Bade). 

Les rafles se multiplièrent, et ce sont 33 Alsaciens qui seront déférés devant un tribunal du peuple. Leur procès eut lieu le 23 janvier 1943 à Strasbourg devant le "Volksgerichtshof". Ce tribunal populaire de sinistre mémoire avait été créé le 24 avril 1934, Hitler comptant sur lui pour anéantir les derniers noyaux de résistance en Allemagne et combattre surtout les milieux communistes (et notamment le parti d'Ernest Thaelmann). Composé de 2 juges de carrière et de 3 assesseurs honoraires non juristes nommés par le Führer, il prononçait des jugements sans appel. 


Hélène Schweitzer 

Hélène Schweitzer qui fut la cheville ouvrière pour la fabrication de quantités de faux papiers, au service de ce groupe de résistants protestants de Bordeaux mais aussi au service de beaucoup d'autres groupes résistants et Juifs menacés de déportation. Par son action remarquable elle à contribué à sauver des centaines de vies, mais n'ayant jamais rien raconté après la guerre de son action héroïque, même à sa propre famille, il m'a été très difficile de cerner l'ensemble de ses activités durant cette période 1940-1944. a partir de décembre 1944 il est plus facile de la localiser car elle s'est engagée dans les forces Françaises combattantes, 1er groupe de Commandos de Choc en tant qu'agent de liaison affecté au service de santé et qu'elle a participé à la campagne d'Alsace et d'Allemagne, qu'elle fut décorée de la Croix de Guerre et citée à l'ordre du Bataillon, le 11 avril 1945, pour "son action à Unterrotenbach ou elle fit preuve d'un courage et d'une énergie admirables". Elle fut démobilisée le 8 mars 1946.


Alice Gillig 

Alsacienne issue d’une famille " française de cœur ", elle est marquée durant sa jeunesse par la Promesse faite dans le cadre du scoutisme. Elle s’engage en 1939 dans l’armée française en tant qu’infirmière. Après la débâcle, elle rejoint sa famille à Strasbourg. Là, elle retrouve cinq amies, toutes anciennes responsables de scoutisme. Les 6 filles s’organisent pour faire passer en France à ceux qui le souhaitent. Elles font une garde tous les soirs à l’église Saint Jean, devant l’autel de la vierge, fournissant papiers, nourritures, vêtements, familles d’accueil. Les passages s’effectuent chaque dimanche.
Mais, en 43, les six filles sont arrêtées. Jugés en tant que citoyens allemands terrorristes, les résistants alsaciens écopent de 8 à 12 ans de détention et, pour certains, de condamnations à mort. Cinq des filles sont envoyées dans la Hesse, aux travaux forcés.
Au bout de trois ans d’internement, Alice décide de s’évader. Après trois semaines de traversée à pied de l’Allemagne, elle atteint la frontière suisse. Confiée aux autorités françaises, elle rejoint Strasbourg. Après la guerre, elle est élue conseillère municipale. A travers son témoignage, elle souhaite démontrer "ce qu’une femme  est capable de faire".

 

Alphonse Woehrlé

Un petit café épicerie et charcuterie de Lyon, tenu par des Alsaciens, a servi de plaque tournante à des réseaux locaux de résistance. Durant toute la guerre, le café épicerie, charcuterie du n° 156 de la rue Créqui, à l'angle de la rue Le Royer, 3e arrondissement, en plein centre de Lyon, fut un haut lieu de la Résistance. L'établissement était tenu par les époux Woehrlé, Alsaciens originaires d'Éguisheim. Le mari, Alphonse Woehrlé, déserteur de l'armée du Kaiser durant la première guerre mondiale, était venu s'établir à Lyon. D'abord lieu de rendez-vous des Alsaciens évadés, le café devint le quartier général clandestin des agents de liaison des réseaux Action-Londres, Électre-Bouleau et Combat.


l'Abbé BENGEL
l’action de l'Abbé BENGEL. Ainsi d’anciens élèves de l’école dont l’abbé était l’aumônier et qui s’était repliée à Solignac, ont évoqué son inlassable engagement dans la résistance.Il organisait l’accueil sur place de réfugiés, évadés, réfractaires au STO ou résistants en mission n’hésitant pas à leur prêter son lit s’il ne trouvait pas de places ailleurs. C’est à cette époque qu’il reçu son surnom d'abbé "Marche ou Crève", tellement sa détermination était totale, tellement sa capacité de décider était rapide et définitive.

Biographie de l'Abbé Robert BENGEL
Né en 1905 à Seltz en Alsace (Bas-Rhin) 
Vicaire de la Paroisse de Niederbronn en 1936, fondateur de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne puis, la même année aumônier à l’ Ecole Normale Catholique Publique d’Instituteurs du Bas-Rhin à Obernai 
Accompagne en 1939 le convoi d’élèves repliés à Solignac (Haute-Vienne) 
S’engage dans la résistance (Mouvement Combat) 
De 1942 à 1944 se met à la disposition de l’ OSE l’Oeuvre de Secours aux Enfants pour participer au sauvetage des enfants et adolescents juifs 
En 1943 il échappe de justesse à la Gestapo et poursuit son action dans la clandestinité 
Se réfugie dans un couvent dans les Vosges en 1944 
Obtient sa retraite anticipée en 1958 
S’installe en 1962 à Vaux-Sur-Seine et écrit un livre Le Merveilleux Humain, avant de décéder le 1er octobre 1987.

 

Birette Charles

le village de Lutzelhouse
Au cimetière communal repose un grand résistant: Monsieur Birette Charles, né au 32 rue de la Fontaine le 11/04/1895, ce lieutenant fut fusillé avec 21 de ses camarades à la cascade du Bois de Boulogne.
Ce chiffre ne correspond pas aux 35 martyrs de Chelles. Le chiffre de 42 morts est en 2004 établi : 35 pour le groupe de Chelles et 7 pour le commando FFI.


Jean-Jacques Bastian
Alsacien, vivant à Strasbourg en 1939, il a 15 ans et demi à la déclaration de guerre. Son père étant mort depuis 1933, il vit avec sa mère et sa soeur. Après la défaite, l'Alsace-Lorraine est annexée et connait un régime d'occupation très dure. La répression laisse peu de chance aux opposants. Malgré les risques, Jean-Jacques Bastian se retrouve dans un groupe de résistants, "La Main noire" qui sera démantelé le 18 juillet 1941. Arrété, emprisonné, déporté, puis enrolé dans l'armée allemande, Jean-Jacques Bastian n'a cessé de lutter contre l'ennemi mazi, au point d'en être marqué dans sa chair.

Résistants de Saint-Ulrich Richert Ulrich et son frére Richert Marcel
Résistant de Strasbourg May Gilbert juif de strasbourg devenu résistant dans le Cher
Née Jacqueline Levi le 2 juin 1921 à Strasbourg.


Réseau " Le Front de la Jeunesse Alsacienne "
qui avait diffusé les mots d’ordre de boycotter les conseils de révision allemands. Très rapidement les noms des principaux "meneurs " furent révélés. Vingt quatre d’entre eux furent arrêtes et traduits devant un tribunal ad hoc ;
Alphonse ADAM et cinq de ses camarades furent fusillés en 1943, les dix huit autres envoyés en camp de redressement.
Dans les premières semaines de 1943, un groupe de plus de deux cents garçons des villages du Sundgau (Sud de l’Alsace) réussirent un passage de nuit, en Suisse, sans rencontrer de difficultés ; la même aventure fut tentée le lendemain par des conscrits du village de Ballersdorf. Ces derniers, armés de fusils de chasse, furent interceptés par une patrouille ; il y eut un échange de coups de feu, des morts, des blessés. Hélas, la gendarmerie allemande eût tôt fait de retrouver les fuyards. Quatorze jeunes gens de 18 ans au plus ont ainsi comparu devant le tribunal militaire de Strasbourg ; quelques heures après le jugement, ils furent pendus au camp du Struthof et passés au four crématoire. 

En septembre 1939, lors de l'évacuation d'office de Strasbourg va s'installer avec sa famille à Rennes où elle passe ses 2 premières années de Droit en juin 1940 et 1941.
Franchit clandestinement la ligne de démarcation en septembre 1941 pour rejoindre l'Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand et s'inscrit en 3eme année de Droit. Entre dans la Résistance en octobre 1941 et devient l'agent de liaison de J.P. Cauchi. (certificats de Mrs Alfred Coste Floret et Henri Ingrand cartes CVR et CV)
A échappé par hasard a la Grande Rafle du 25 novembre 1943 étant allée travailler en bibliothèque et ayant quitté les lieux une demi heure avant l'opération.
Par la suite a obtenu du Doyen Delpech l'autorisation écrite vu les circonstances de se présenter aux examens sans à avoir à suivre les cours.
A terminé ses études de Droit et en février 1945 a prété serment comme Avocat à la Cour d'Appel de Riom.

S'est inscrite ensuite au Barreau de Paris et après 40 ans d'exercice a pris sa retraite en tant qu'Avocat Honoraire.

A publié aux Editions Litec un dictionnaire de Droit intitulé "nul n'est censé ignorer la loi" qui a ete couronné par l'Académie des Sciences Morales et Politiques du prix Thorel de vulgarisation juridique.
 

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