Résistance et Déportation dans la vallée du Rabodeau (Vosges)

Le maquis que l’Histoire avait oublié

Structuration du maquis

Le 26 janvier 2007, par Gerard,


Dans le schéma général de l’offensive vers le Rhin, les Alliés prévoient de résoudre le préoccupant problème de la traverséee du massif des Vosges en coupant en deux le front allemand. Ils prévoient pour cela un coup de boutoir en plein centre, en plongeant par surprise [1] par les "petits cols" du Donon, du Hantz, de Saales... qui débouchent sur la vallée de la Bruche. Stratégie qui présente 3 intérêts :
- Celui de mettre à profit l’existance depuis la nuit des temps de ce passage le plus court vers le coeur de l’Alsace, Strasbourg, Sélestat... le Rhin !
- Celui de soulager une nécessaire poussée envisagée par le Nord (ce qui sera fait, plus tard, par Leclerc)
- Celui de soulager un prévisible difficile enveloppement de Patch et de Lattre depuis le Sud vers Mulhouse et Colmar [2]

C’est pour permettre de mener à bien cette audacieuse opération, idée de Patton, que l’état-major allié décide de mettre à profit les ressources de la Résistance d’ici. Résistance qu’on charge de 4 principales missions :

Sécuriser la préparation de l’offensive :
- En renseignant en temps réel sur l’organisation et les mouvements des positions allemandes [3]

Précéder l’avance :
- En désorganisant l’état-major allemand par des harcèlements dispersés destinés à créer un effet multiplicateur, et l’amener à puiser des troupes dans ses positions du Nord et Sud du massif

Accompagner l’avance :
- En détruisant les moyens techniques et en prenant le contrôle des routes et cols
- En guidant et appuyant les avant-gardes

Etre prête à intégrer les formations en marche vers le Rhin


Reste donc à l’organiser stratégiquement et à l’équiper. Tâche laborieuse : l’orgueil humain, les appartenances, différences... et l’efficacité, n’étant pas systématiquement compatibles. Tâche périlleuse : nous sommes ici depuis 4 ans dans la Zone Réservée, à l’intérieur de la ceinture de défense du Schutzwall West... en statut de "Zone de guerre" depuis juillet, et maintenant au beau milieu de la ligne de front allemande ! [4]

Une organisation combattante se met en place sur la base de cette offensive alliée vers le Rhin programmée fin septembre au plus tard [5] Avec le GMA et le 1er RCV FFI. En coopération avec le 2ème SAS qui sera spécialement parachuté à cet effet. Avec l’évidente implication d’hommes des administrations, d’élus locaux, de membres du clergé... et de la population ! Cette opération s’appellera Opération Loyton [6] Illustration :

- Le GMA-Vosges [7] Né en en mai 1944 il est une des émanations du GMA (Groupe Mobile d’Alsace, composante de la résistance alsacienne) [8]. Existe déjà le GMA Sud, aux contours en cours de définition, suivra peu de temps après la création du GMA Suisse (commandant Georges)

A sa tête le "commandant Marceau" (Marcel Kibler), co-fondateur historique du GMA avec Paul Dungler

Rappelons que ce qui deviendra le GMA Vosges a pu commencer à prendre forme grâce au travail mené dès octobre 43 sur le terrain par 3 hommes clés : Louis Schmieder (dit P’tit Louis), Roger Gérard (alias Genet) et le docteur René Meyer (le futur "capitaine Marc")

Le PC s’installera à Laneuveville les Raon dans la ferme de la Basse Jolie

Le recrutement des ""troupes" commence en mai, à partir d’une poignée de clandestins vivant dans les bois de la haute vallée de la Vezouze (regroupés autour de René Ricatte, le futur et devenu légendaire "lieutenant Jean Serge") et progressivement se continue dans la vallée de la Plaine

Cette vallée, qui va de Raon l’Etape à Raon sur Plaine et Raon les Leau et débouche sur le col du Donon, deviendra le "fief" du GMA Vosges

Notons toutefois que sa 6ème centurie se compose pour l’essentiel d’hommes de l’organisation de résistance de Moussey (52 sur 69 dont son chef)

Il met progressivement en place une structure de type militaire, les "centuries", et échafaude les premiers projets d’organisation : installation de camps dans la forêt, approvisionnement en nourriture et armes, entraînement au combat. Il s’organise en résumé comme suit :

- Le "chef de corps" est le "commandant Marceau"
- Le "capitaine Rivière" (Jean Eschbach) est le chef d’état-major
- Le commandement sur le terrain est confié au "capitaine Marc" (docteur René Meyer)
- René Ricatte, le "lieutenant Jean Serge", crée de toutes pièces la 1ère centurie. Elle sera la seule véritable unité opérationnelle (l’exceptionnelle capacité de cette formation sauvera du désastre total la "bataille de Viombois" !)
- La 2ème centurie est d’abord confiée au "sous-lieutenant Félix" (aspirant Lefranc). Egalement armée mais ni complétée ni vraiment encore entraînée, elle occupera le camp des Colas Lorrains quitté par la 1ère pour s’installer au col des Herrins. Elle hébergera jusqu’au 17 août une partie des parachutistes anglais de Loyton. En grande partie démolie les 17/18 août lors de sa prise au piège (ce que l’on nommera "l’affaire du 18 août"), elle sera confiée au "lieutenant Gallinot" (Georges Guiot... )...
- La 6ème centurie, dite "de Moussey", est commandée par René Valentin. Elle jouera un rôle capital lors du parachutage du 13 août (ce qui lui vaudra son brutal anéantissement, consécutif de "l’affaire du 18 août") [9]
- 3 autres centuries sont "sur le papier". Les circonstances les laisseront ainsi bien que certains de leurs hommes aient été actifs, tout spécialement ceux de la 3ème et leur chef en raison des courageuses initiatives personnelles prises par celui ci, le gendarme de Raon l’Etape Maurice Croizé

Les effectifs seront d’environ 200 hommes [10]

Fin juillet, le colonel Henri Bourgeois (alias "Maximum"), délégué militaire FFI, arrive pour en superviser la coordination [11] Il est appuyé par le Lt colonel Guy d’Ornant (alias "Marchal"), adjoint du "colonel Grandval" (DMR de la zone C) et délégué FFI pour l’Alsace, puis bientôt également pour la Moselle. Henri Derringer (alias "commandant Henry", "abbé Pellegrin" aussi) est parachuté par Londres le 1er septembre pour en prendre le commandement opérationnel et constituer 2 bataillons : l’un commandé par le "capitaine Marc", l’autre par le capitaine Boissarie (alias "Barraud", l’officier français du SOE Jed Jacob). Pour plus d’explications, voir document PDF "GMA Vosges. Rapide biographie" en bas de page

Les 2 "coups durs" de "l’affaire du Jardin David/18 août" puis de "l’affaire de Viombois" décideront de sa dissolution définitive les 8/9 septembre [12]

- Le 1er RCV FFI (1er Régiment de Chasseurs Vosgiens- Forces Françaises de l’Intérieur) se crée dans les mêmes temps et se constitue peu après

A sa tête Emile Marlier, brillant soldat colonel d’active de Chasseurs à Pied

Titulaire de solides états de service au sein de la Résistance de l’armée : Armée d’armistice puis AS et ORA (voir ci dessous document PDF "Le 1er RCV FFI... ")

Il devient le 10 juin 44 chef du 3ème bureau de la Résistance du départemement des Vosges dont René Matz est le patron [13] Peu de temps plus tard on lui confie la mise sur pied d’une véritable organisation militaire, ce sera le 1er RCV FFI. Sa famille habite Le Harcholet, c’est là qu’il installe de fait son PC

La raison est de répondre aux nécessités de la stratégie américaine de s’appuyer sur la résistance d’ici pour réaliser la percée prévue vers le centre Alsace et le Rhin par la vallée de la Bruche. Ceci impliquant de s’appuyer sur les forces de résistance implantées de la vallée du Rabodeau à la vallée de la Fave. Les exigences étant de les regrouper en une unité militairement structurée... clairement identifiée et "gouvernable", et intégrée dans les Forces Françaises de l’Intérieur. (voir en bas de page document PDF "Le 1er RCV FFI. Rapide biographie")

Le drapeau du régiment est le "Bleu Jonquille" des Bataillons de Chasseurs, barré de la Croix de Lorraine

Plusieurs "centuries" se forment, autour d’organisations existantes et déjà rodées : Moussey et les "villages du haut", Saint Jean d’Ormont, Provenchères... Des bataillons sont constitués et regroupent pour commencer les formations du haut de la vallée du Rabodeau, puis celles de Senones et Moyenmoutier, le groupe du "capitaine Morel" et son corps franc Mallens, ceci jusqu’à vallée de la Fave. Les rejoindront quelques uns des hommes du GMA passés entre les mailles du coup de filet des 17 et 18 août puis quelques anciens "libérés" à la suite de sa dissolution (8/9 septembre, consécutive de la catastrophe du 4 septembre à Viombois). Et des officiers et des hommes venus de la France libérée viendront en renfort

Sa centurie de Moussey est attachée au 2ème SAS. Mise officiellement sur pied fin août et commandée par le lieutenant du Génie Granjon (chef du "chantier forestier" installé à Moussey depuis mi 43, groupe de résistance des Eaux et Forêts). Celle ci succède à la 6ème centurie du GMA également dénommée "centurie de Moussey", anéantie à suite de "l’affaire du 18 août" (voir ci dessus et l’affaire de la "liste oubliée" dans rubrique 1944/La réaction allemande)

En réponse à la pression du général Patton, soucieux que tout soit prêt pour effectuer la percée prévue par la vallée de la Bruche, il recentre ici son dispositif pour s’articuler sur le plan de passage des cols. La coopération sera étroite avec les forces anglaises de l’Opération Loyton

Fin août se constitue officiellement le 3ème bataillon (souvent dénommé "1er"). Celui ci regroupe les hommes du haut de la vallée du Rabodeau sous le commandement de Denis Fondeur (garde général des Eaux et Forêts basé à La Petite Raon, appartenant au réseau de résistance des Eaux et Forêts de la Conservation de Saint Dié). Ses unités les plus actives sont la "centurie de Moussey" du Lt du Génie Granjon (son adjoint est Henri Blaise), la centurie d’André Valentin (alors instituteur à Le Puid) et Marcel Dubois (instituteur à Le Saulcy-Quieux), la centurie de La Petite Raon, commandée par Oscar Gamache (adjudant des Chasseurs à Pied). Le corps-franc Mallens lui sera attaché lors des parachutages de Moussey la Charbonnière. L’organigramme figure ci dessous dans document PDF Haute vallée du Rabodeau. Organisation FFI

D’autres unités sont également constituées : le "corps-franc" commandé par Constantin Mallens (ancien militaire et garde forestier à Senones, lieutenant FFI alias "Etienne"), le bataillon de Senones/Moyenmoutier, le "Maquis Morel", dirigé par Emile Finck (alias "capitaine Morel", instituteur alsacien évadé ici) et des unités de service...

L’effectif total comprendra environ 800 hommes

Les parachutages sont articulés avec les équipes opérationnelles anglaises : captain Druce (2ème SAS), captain Gough (SOE Jed Jacob), captain Hislop et Lt Johnsen (F Phantom). Nombre d’opérations propres aussi

Les plus de 2 mois de retard de la mise en place de l’offensive alliée pour traverser le massif des Vosges [14] et la consécutive énorme "machine de guerre" mise au point par l’état-major allemand pour venir à bout de la Résistance d’ici (l’« Aktion Waldfest ») se traduiront par 3 mois de traque acharnée des EinsatzKommandos du Sipo/SD (aidés de supplétifs français et de collaborateurs du PPF, de la FeldGendarmerie de Saint Dié et de la Wehrmacht). Les pics en seront 3 vagues successives de déportations : celle du 18 août, celle du 24 septembre, et le "coup de grâce" de celle des 5 et 6 octobre. Et les parachutistes anglais compteront 39 morts [15]... le 1er RCV FFI en miettes, la Résistance d’ici saignée à blanc, la vallée du Rabodeau devenue "La Vallée aux 1 000 déportés"...

- Le 2ème SAS. La mise en place de l’« Opération Loyton » démarre dans la nuit du 12/13 août par le parachutage des avant gardes à la "Côte du Mont" : 15 hommes, du SAS, du F Phantom, du SOE (Jed Jacob) [16]

Après Viombois et le sabordage consécutif du GMA, les forces déjà parachutées de Loyton se regroupent toutes sur la haute vallée du Rabodeau, ne pouvant plus compter que sur le 1er RCV FFI

Le colonel Franks rapatrie ses hommes et tout l’état-major sur sa base opérationnelle de Moussey. Celle ci, sous le commandement du captain Druce, fonctionne à la "basse de Lieumont" depuis le début de l’Opération Loyton (parachutage du 13 août)

Les effectifs se répartiront pour l’essentiel entre ce camp de base, des abris dispersés dans la forêt, des maisons isolées du village (Evrard/MF des Chavons, Huin/"Cocusse", Sayer/"Noné", Bati, Launay/Grandes Gouttes, ferme Ferry... ), des maisons du hameau voisin du Harcholet (Dony, Georges, Gander, Fays... ), des maisons de La Petite Raon (Diéda, Toussaint, Nartz... ), la maison Thomas de Le Puid... Ils sont appuyés par la centurie de Moussey du 1er RCV... et par les habitants

La mission du SAS s’appelle Opération Loyton. C’est la plus importante des opérations de toute la guerre menée par le 2ème SAS sur le territoire français (son chef de corps, le Lt colonel Brian Franks, brillant officier des Forces Spéciales Britanniques de 34 ans, viendra la diriger en personne sur le terrain !). Elle est de préparer le terrain en coopération avec le Maquis en vue de l’offensive Patton vers le centre Alsace et le Rhin :
- Harceler les positions stratégiques allemandes, détruire les convois d’approvisionnement, déstabiliser l’état-major de la Wehrmacht...
- Coopérer avec les hommes du maquis, armer et équiper celui ci, coordonner les parachutages...

102 hommes des Forces Spéciales Britanniques sont parachutés ici à cet effet [17] en 6 vagues successives du 13 août au 21 septembre. Le 2ème SAS est appuyé par une équipe SOE (Jed Jacob) commandée par le captain Gough, et par 2 équipes du GHQ Liaison Regiment/F Phantom, la première commandée par le captain Hislop, la deuxième par le lieutenant Johnsen. Notons que le SOE et le BCRA avaient dès la fin du printemps 44 renforcé à cet effet leurs antennes sur place [18]



Ainsi, le « Maquis d’ici » compte plus de 1 000 hommes disponibles ici début septembre [19]. Conformément aux plans stratégiques des Alliés, et répondant aux volontés politiques de Londres



Notons, la liste n’est pas exhaustive, le rôle majeur joué dans l’organisation par les hommes de l’administration des Eaux et Forêts, aujourd’hui ONF : solide réseau d’information, connaissance du terrain, courage tranquille, discrétion absolue. Du garde à l’ingénieur. Ils l’ont payé au prix fort [20]

La même remarque s’applique aux gendarmes. A ceux de Moussey tout spécialement, en effet : tous résistants, tous déportés, un seul "rentré" [21]

Et puis il y a bien sûr ceux sans lesquels rien n’aurait été possible, la masse des "résistants ordinaires" : ouvriers ou directeurs, bûcherons ou curés, élus ou secrétaires de mairie, instituteurs ou cultivateurs. Ceux là qui tous les jours et sans faire de bruit, ont guidé, caché, hébergé, transmis, falsifié, soigné, transporté, nourri ... [22] Les humbles. Ces à peu près tous oubliés des honneurs d’après... Et même de l’Histoire !



Quelques faits pour situer la place particulière tenue par Moussey pendant les Maquis de 44. Rapide résumé :

- Ici fonctionne depuis le premier jour de l’Occupation une des plus importantes filières de Passeurs de France (4 ans de pratique dans la réception des évadés venus du versant alsacien, le passage et l’accueil, la fourniture de faux papiers, l’hébergement, le camouflage et le transport vers les filières aval des clandestins et traqués... ). Et il y a bien sûr le renseignement [23]
- C’est une résistance parfaitement organisée, encadrée et de longue expérience. Les 2 "chefs du village", Jules Py, le maire et directeur général des usines Laederich, et Achille Gasmann, le curé, sont les 2 indiscutés piliers de l’ombre de la Résistance d’ici (et il y a l’implication de toute la communauté : les gendarmes, les gardes forestiers, les instituteurs, des notables... et les habitants !)
- C’est Lucien Simonot, directeur de l’école des garçons et secrétaire de mairie qui est le premier véritable organisateur de la Résistance de la vallée du Rabodeau. Officier de réserve, combattant de la campagne de 40 libéré des camps de prisonniers parce qu’enseignant, il en fut le chef jusqu’à son arrestation (4 janvier 44)
- C’est ici qu’est installé depuis mi 43 un "chantier forestier", commandé par le lieutenant du Génie Granjon. Lui et les hommes sont un noyau de résistance sous couvert d’exploitation forestière au service de l’armée d’occupation, intégré dans l’organisation de résistance de l’Administration des Eaux et Forêts de l’arrondissement de Saint Dié (dirigée par le conservateur Louis François et son adjoint Jean François Pelet). Le lieutenant Granjon sera le chef de la "centurie de Moussey" du 1er RCV FFI
- C’est ici, jusqu’à "l’affaire du 18 août", qu’est installé le poste de radio de la résistance locale. Dans la maison de "la Brunette" et d’Henri Loewenguth. Ce dernier sera "pris" le 18 août, interrogé à Schirmeck puis au Struthof. Il ne parlera pas, et sera torturé à mort ! [24]
- ...
- C’est ici le "noyau dur" des parachutages de 44 : 5 auront lieu ici, depuis celui des avant gardes de l’Opération Loyton dans la nuit du 12/13 août à la "Côte du Mont" jusqu’à ceux des jeeps et des derniers renforts les 18 et 21 septembre à "la Charbonnière"
- C’est ici que viendra s’installer le centre opérationnel de l’Opération Loyton : l’état-major dans les maisons du village et du hameau du Harcholet, la "garnison" dans des abris forestiers de "Lieumont". Assistés par la "centurie de Moussey" du 1er RCV FFI (et le maire, le curé, les gendarmes, les gardes forestiers... et les habitants !)
- ...
- C’est ici aussi que viendront se réfugier pour échapper à la traque des Einsatz Kommandos du Sipo/SD les chefs des 2 maquis d’ici quand tout fut prématurément fini pour eux. Par exemple (liste non exhaustive !) : chez Alphonse Farine de mi septembre à fin octobre pour le colonel "Maximum" et le staff du GMA Vosges, chez Jean-Baptiste Huin ("le Cocusse") après le 24 septembre pour le colonel Marlier, chef du 1er RCV FFI, dans de multiples refuges d’ici (maisons Freine, Huin, Bati, maison forestière des Chavons, base SAS de Lieumont... ) pour le cdt Derringer et ses accompagnateurs rescapés de la "vingtaine Perrin" (ancienne 3ème vingtaine de la 1ère centurie du GMA)... Le garde chasse Freine y jouera là, une fois de plus, un rôle capital

Moussey fut consécutivement depuis les débuts de l’Occupation l’objet et le coeur d’une incessante chasse aux insoumis, devenant peu à peu chasse aux "terroristes", qui s’étendit aux 5 villages des alentours. Les insuccès malgré tout répétés de celle ci amèneront le haut commandement allemand à décider "d’en finir" par la solution, radicale, de la rafle et déportation des populations. C’est ainsi que Moussey fut le coeur des 2 premières : celle du 18 août et celle du 24 septembre 44... Elle fut aussi la commune qui proportionnellement à sa population a payé le plus lourd tribu : près de 220 déportés (187 "citoyens officiels" du village dont Jules Py, le maire et directeur général des usines Laederich, les gendarmes, les gardes des Eaux et Forêts, le directeur d’école... et plus de 30 "clandestins"). Plus des 3/4 ne rentreront pas, dont Jules Py...


Post-Scriptum :

Rappel des 4 métiers du "Maquis d’ici" : 1/ Reconnaître et Renseigner 2/ Brouiller l’état-major allemand par des harcèlements de diversion 3/ Préparer le terrain et Sécuriser le passage des cols 4/ Se tenir prêt à intégrer à leur passage les troupes alliées

Ce qui signifie implication de toute la population des villages. Ceci réclamant par ailleurs le respect de consignes strictes :
- Discrétion
- Mobilisation de tous les instants, "chez soi" comme sur son lieu de travail
- Pas de manifestations publiques
- Sabotages et opérations de diversion seulement menés par des équipes volantes organisées en "corps francs", le plus souvant coordonnées sous commandement SAS
- ...

La mission 1 fut parfaitement remplie. La mission 2 presque complètement. La mission 3 fut implicitement une réussite (villages et cols débarrassés de tout Allemand au moment de l’arrivée dans la vallée de la 100ème division d’infanterie US)... Les plus de 2 mois de retard de l’offensive alliée et les exécutions et déportations de masse consécutives n’ont pas permis de commencer la mission 4 !

Rien donc que le travail de l’ombre... Voilà peut-être la raison de l’oubli de l’histoire d’ici. Douloureuse ingratitude de la grande Histoire envers ces citoyens ordinaires qui ont payé si cher d’avoir fait quelquechose... Tant fait... ce que n’ont pas manqué d’avouer les Allemands ni de saluer Britanniques et Américains (mais eux savaient de quoi ils parlaient !)

Rappel : ce n’est que 19 ans après les faits, en mai 1963, que les déportés de la vallée du Rabodeau purent prétendre à la carte de "Déporté Résistant", et non plus seulement à celle de Déporté "Politique" ! (voir fichier PDF ci dessous "Ignorance et Mépris")


Notes :

[1] L’état-major allemand n’envisageait en effet pas le franchissement de ce massif au relief si compliqué par l’armada hyper mécanisée des Alliés, à cet endroit là de surcroit... pas plus que les Autrichiens n’avaient imaginé que Bonaparte leur fondrait dessus en passant par le Saint Bernard ! L’effet de surprise aurait donc pleinement joué sans les 2 mois de retard, d’autant que seulement des troupes allemandes négligeables stationnaient à ce moment là dans ce sillon Rabodeau Bruche. Le sort des populations d’ici, la date de passage du Rhin, la fin de la guerre... auraient été tout autres, mais on ne refait pas l’histoire

[2] Une parmi d’autres "interprétations" des faits fait dire qu’il était prévu :
- D’« amuser » les Allemands ici, de leur "faire croire que". De les obliger ainsi à ramener un maximum de troupes vers ici, et donc d’alléger d’autant leur résistance aux poussées en cours par le Nord et par le Sud (respectivement Patton et Patch de Lattre)
- De refermer la tenaille sur le Rhin pour les prendre à revers et les couper de leurs bases arrières
- De les pousser ainsi dans une nasse fermée par le contrefort abrupt du versant alsacien des Vosges, et les "asphyxier" à moindre coût

L’histoire d’après donne toutes les "bonnes raisons" à cette interprétation. Mais peu importe la version. La réalité a naturellement d’abord dépendu des visions des chefs et de la réalité des circonstances... puis de l’obligation de "faire avec"

Et c’est ainsi qu’il a été fait autrement que prévu... et avec plus de 2 mois de retard ! Ce qui a mis, non plus les Allemands mais le maquis d’ici et les SAS, dans une nasse

[3] Le SOE et le BCRA renforceront à cet effet leurs antennes sur place. Par exemple avec l’équipe de "Corse" (capitaine Rémy) : parachutée en Haute Saône... infiltrée jusqu’à Saulcy Quieux... installée à Moussey... installée à l’école de Neufmaisons (près de Pexonne)... capturée là par le Sipo/SD et emprisonnée à Nancy... Rémy, toujours vivant (92 ans) en 2012 !

[4] Important pour bien comprendre la particularité des évènements d’ici :
- Les villages d’ici étaient redevenus fin juin 40 des villages frontaliers. Conséquence de la "réintégration" de l’Alsace Moselle au "Grand Reich", la frontière franco allemande était en effet celle de 1871 à 1918, celle du traité de Francfort : la ligne des crêtes (cette "ligne bleue des Vosges")
- Ces "petits cols" furent de tous temps les voies principales vers le coeur de l’Alsace depuis la France "de l’intérieur". Celui du Donon étant de plus porte d’accès vers Sarrebourg, l’Alsace du Nord... l’industrie lourde allemande
- La Zone Réservée (dite aussi Zone Interdite) était en pratique le glacis de protection occidental du territoire décrété officiel du Grand Reich, bordée par un "Vorvogesenstellung"
- De surcroit, l’Allemagne avait progressivement installé, dès les débuts de l’occupation, une barrière de sécurité rapprochée ceinturant le massif des Vosges : le Schutswall West
- Ce "mur", qui allait de Sarrebourg à Delle (frontière suisse), passait ici par Badonvillers, Raon l’Etape, Moyenmoutier, Saint Dié, Fraize... Il fut à partir de juillet 44 le rempart ultime de l’intégrité du Reich !

[5] Le livre de Hugh M. Cole, "The Lorraine campaign", décrit dans ses chapitres I à VI la stratégie et les opérations menées à cette période et sur la façade ouest du massif vosgien par la 3ème armée de Patton, dont la 2ème DB du général Leclerc faisait alors partie (Les façades sud et sud ouest du massif relèvent du 6ème Goupe d’armées américain du général Devers débarqué à partir du 15 août en Provence et composé de la 7ème armée du général Patch et de la 1ère armée française du général de Lattre) Lien vers des extraits du livre. Cliquer

[6] Pour plus de détails sur l’Opération Loyton :
- Voir article éponyme dans rubrique Les SAS ici
- Lire le livre de Roger Ford Fire from the Forest : The SAS Brigade in France, 1944 - Behind enemy lines with the Maquis

[7] Le GMA est une des émanations de la "7ème colonne d’Alsace" ("Réseau Martial" pour Londres). Une des organisations de la Résistance alsacienne, rattachée plus tard à l’« ORA »

S’il dut se saborder ici, sa branche GMA Suisse apportera 2 bataillons à la 1ère armée de de Lattre, et nombre d’hommes de son GMA Sud constitueront les forces vives de la Brigade Alsace Lorraine d’André Malraux

Pour une réelle connaissance "terrain" du GMA Vosges comme pour découvrir la réalité de Viombois, il est indispensable de lire 2 livres vérité qui font table rase des "aménagements" d’après, remettent à leur place les faits et les hommes de Viombois, du GMA Vosges, et rendent la justice qui leur est due à ces volontaires du "maquis du Donon". Ils sont écrits par 2 hommes qui étaient au coeur de l’affaire et des combattants, et dont l’honnêteté, l’engagement, et la lucidité, sont un exemple :
- Le livre d’Oscar Gérard de Viombois à Berchtesgaden. Une "grenade" qui fait sauter une chape de plomb longtemps soigneusement entretenue (présentation dans document PDF ci dessous)
- Le livre Viombois du Lt colonel Ricatte (le fameux lieutenant « Jean-Serge »). L’édition "étoffée" de 2005 (présentée dans document PDF ci dessous) occulte toutefois d’indispensables informations présentes dans celle de 1984 ! ...

Egalement à connaître sur la bataille de Viombois :
- Le "Rapport du capitaine Marc", qui en décrit le déroulement. Document indiscuté sur le fond par ceux qui "y étaient" (document PDF ci dessous)
- Le film documentaire de Christophe Lagrange "La bataille de Viombois" (document PDF ci dessous)

Malgré les raccourcis et leurs imprécisions consécutives cet article d’Alphonse Irjud publié sur Internet apporte une vue panoramique sur l’histoire du GMA dans la Résistance alsacienne : Histoire de la Résistance alsacienne - Des maquis à l’armée de Libération. Cliquer

[8] C’est à la suite d’une entrevue avec le "colonel Granval" (Hirch-Ollendorf), délégué du général Koenig en tant que DMR de la Zone C, que Marcel Kibler et Guy d’Ornant (adjoint du colonel Granval, responsable FFI pour l’Alsace Moselle) obtiennnent de créer un "maquis du Donon". Les 2 nécessités étant, la première de faciliter aux troupes alliées le passage à travers ce point stratégique du massif vosgien, la deuxième de "désenclaver" une partie des résistants du versant alsacien

[9] La 6ème centurie du GMA Vosges est essentiellement composée d’hommes de la résistance de Moussey (52 sur 69), dont son chef René Valentin (adjudant chef des Chasseurs à Pied, clandestin hébergé chez sa femme nommée par Jules Py concierge à Moussey du siège des Ets Laederich). Elle avait été mise sur pied à la cure de Moussey au cours d’une réunion regroupant l’abbé Gasmann, des représentants du maquis de Moussey et de la Mairie, et le "capitaine Rivière"

Elle a pris une une place capitale dans l’organisation et l’exécution du parachutage du 13 août... ce qui lui a valu son rapide et brutal anéantissement (explications dans rubrique 1944/La réaction allemande)

[10] Intégrant plus tard dans ses chiffres les habitants des villages "convoqués" pour le parachutage du 1er septembre à Veney/La Pédale (environ 600 hommes selon les chiffres qu’il indique), le GMA Vosges affichera un effectif total d’environ 800 hommes (précisément 832 le jour de la bataille de Viombois selon ses propres affirmations... ). Nous sommes bien sûr là loin des "capacités opérationnelles !...

[11] Qui était le colonel Henri Bourgeois : rapide biographie sur le site de la Fondation de la France Libre. Cliquer

[12] Ebranlé par la prise au piège du 17/18 août au Jardin David/Lac de la Maix, puis par la chasse à l’homme consécutive déclenchée par le SD (près de 100 arrestations, exécutions, déportations... ), le GMA Vosges devra définitivement se saborder au lendemain de la bataille de Viombois (4 septembre : 57 tués sur place dont le capitaine Boissarie, et des dizaines de capturés (dont le capitaine Marc !) dans les jours suivants qui seront fusillés ou déportés)... S’ajoute la sombre affaire des miliciens infiltrés, embauchés comme officiers !

A la suite de quoi :
- L’état-major et le colonel "Maximum" seront exfiltrés par Albert Freine et "réfugiés" par la résistance de Moussey (à la Haye Labbé puis chez Alphonse Farine). "Marceau" et "Maximum" se cacheront là jusqu’au 27 octobre... date de leur départ vers les lignes alliés. Notons qu’ils ont eu d’épisodiques contacts avec le commandant Derringer et des hommes de sa "vingtaine Perrin", également réfugiés à Moussey (cette vingtaine était la 3ème vingtaine de la 1ère Centurie, détachée et mise à disposition du Cdt Derringer après le parachutage du 1er septembre à Veney/La Pédale)
- Le "Lt Jean-Serge " et quelques hommes de sa 1ère centurie se replieront au Ban de Sapt, où les rejoindra le Lt colonel d’Ornant. Ils rejoindront quelque temps après la 2ème DB...

[13] René Matz, alias Cdt Duval ou Cdt Didier, chef de l’organisation de la Résistance du département des Vosges. Sa biographie en bref sur le site écriVOSGES. Cliquer

[14] Carte montrant la chronologie de la Libération du département des Vosges sur le site de l’Académie de Nancy Metz. Cliquer

[15] De multiples mises au point sont nécessaires à rétablir la réalité de l’histoire d’ici. De nombreuses imprécisions ou erreurs figurent en effet dans des documents officiels ou "officialisés", auxquelles s’ajoutent les "interprétations" des uns et des autres. Exemples parmi d’autres :
- 1/ C’est le 10 juin que le colonel Marlier a pris ses fonctions de chef du 3ème bureau de la Résistance du département des Vosges
- 2/ La formation du 1er RCV FFI ne date pas de "peu avant la Libération" (rapport DMR zone C), mais de début juillet pour la décision, et de tout début août pour sa mise sur pied. Le chef du Jed Jacob (captain Victor Gough), parachuté le 12/13 août à la Côte du Mont, précise : "... j’ai pris contact avec les 800 hommes de Marlier... " (histoire du captain Gough dans rubrique Les SAS ici/Témoignage des hommes). Le 1er RCV FFI était donc à cette période (et bien avant !) connu des Anglais et de l’état-major allié !... (Rappelons pour situer dans le temps que la Libération d’ici est ... le 22 novembre)
- 3/ Le 1er RCV FFI n’a pas été décimé "parce que des listes nominatives (ont) été découvertes par les Allemands" (rapport DMR zone C). En effet, c’est précisément parce que les Allemands n’ont rien pu découvrir de significatif, ni capturer ou réussir à faire assez "parler" aucun homme clé, qu’ils se sont résolus à utiliser la solution radicale de la rafle et déportation des hommes valides des villages... Pour ce cas précis du 1er RCV ils ont même du s’y reprendre en 2 fois : le 24 septembre, puis le 5/6 octobre (la 1ère tentative, consécutive de "l’affaire du 18 août", n’ayant pas suffi ainsi que l’ont expliqué les Allemands, ni pour "domestiquer la population", ni pour "exterminer cette préoccupante bande de terroristes"... ). L’auteur du rapport DMR fait sans doute une confusion avec l’épisode de cette "affaire du 18 août" qui concerne le GMA Vosges... (voir dans article La réaction allemande)

[16] Le SAS, Special Air Service, est une unité des Forces Spéciales britanniques. Créé en 1941 par le major David Stirling avec des volontaires britanniques, puis français et belges
- Il comportera 5 régiments : 2 britanniques (1er et 2ème), 2 français (3ème et 4ème), 1 belge (5ème)
- Dissous après la guerre, il renaîtra en 1947. Sa reconstitution après guerre est due à la détermination, aux arguments, et au prestige du colonel Franks. Il deviendra le 1er "patron" du SAS d’après guerre. L’histoire de peu après et celle d’aujourd’hui lui ont indiscutablement donné raison, et démontrent sa clairvoyance...

A l’époque, comme aujourd’hui, le Special Air Service a pour mission de parachuter, derrière les lignes ennemies, des troupes spécialement formées au renseignement, aux actions spéciales, et à l’encadrement de forces de résistance. Il se tient invariablement dans la "botte" du pamarès mondial des Forces Spéciales. Pour en savoir un peu plus : site Wikipedia. Cliquer

[17] Pour plus d’infos voir rubrique Les SAS ici

[18] 2 autres groupes SAS, environ 20 hommes, seront également parachutés en renfort... et d’autres opérations telles que "Pistol" et "Hardy" sont conjointement menées au Nord et au Sud d’ici par le même 2ème SAS (voir article Opération Loyton dans rubrique Les SAS ici)

[19] Seulement 150 hommes du maquis sont opérationnels fin août. Les parachutages de septembre sont prévus pour équiper et armer tous les hommes

[20] L’administration des Eaux et Forêts de l’arrondissement de Saint Dié est un des principaux piliers et le plus solide noyau de la Résistance d’ici. Exemple pour la haute vallée du Rabodeau :
- Le garde général (ingénieur des travaux) Denis Fondeur, basé à La Petite Raon, est le chef du 3ème bataillon (également dénommé 1er) du 1er RCV FFI
- Le "Chantier forestier" du Lt Granjon est basé à Moussey depuis mi 43 (et le Lt Granjon est le chef de la "Centurie de Moussey" du 1er RCV FFI)
- Le garde Constantin Mallens est aussi chef de centurie
- Gardes, bûcherons, exploitants forestiers, sont triés sur le volet et "impliqués"
- ...

Le même principe d’organisation fonctionnera en réseau dans les vallées principales de tout l’arrondissement. Précisons ici que le "Maquis du Haut Jacques" était une création de Louis François et Jean Marie François Pelet, que son noyau dur reposait sur l’équipe des forestiers locaux, que sa raison d’être de l’été 44 était de disposer d’un point de liaison avancé avec l’état-major américain en vue de préparer et sécuriser l’avancée des troupes américaines vers Saint Dié... A noter que les inconséquences des décisions prises par des "grands chefs" à la suite de l’intégration de l’organisation de la Résistance des Eaux et Forêts de l’arrondissement Saint Dié dans l’organigramme de la Résistance générale sont la cause de sa destruction... ceci expliquant le lourd silence d’après, puis les consécutives "révisions" de l’histoire... et de sordides "couvertures tirées à soi" enfin

Les hommes des Eaux et Forêts paieront un terrible prix : 287 morts, en fait 288, torturés, fusillés, massacrés, déportés...

- Les 2 "patrons" de l’arrondissement de Saint Dié, le conservateur Louis François et l’inspecteur Jean Marie François Pelet, finiront par être arrêtés : le premier à son bureau le 17 octobre 44 (témoignage de Georges Maire Lantz dans document PDF en bas de page), le deuxième le lendemain (à une étape de son retour d’une mission de liaison avec l’état-major américain). Ils sont enfermés à l’école du Vivier à Etival (succursale du Einsatz Kommando Wenger), où sont amenés d’autres forestiers capturés. Les 2 hommes y sont sont affreusement torturés par les Allemands et Français du Einsatz Kommando Wenger (témoignages d’André Lefèvre, Robert Laurain, parmi d’autres). Le 22, ils seront emmenés en voiture dans la vallée de Ravines (Saint Prayel/Coichot) et massacrés à la scierie de la Commune (voir leur brève "biographie" dans un article de Wikipedia. Cliquer )
- Ce même jour, faisant partie du même "convoi", 12 autres hommes entassés dans un camion sont abattus en même temps à quelques centaines de là à la scierie de Barodet : 6 autres forestiers, 5 maquisards et 1 officier SAS (Lt Silly)

Des centaines de forestiers ont fini par être capturés. 1 a été retrouvé mort au lendemain d’un parachtage. 8 ont été fusillés. Les plus "chanceux" ont été déportés, et peu rentreront. Exemple pour la vallée du Rabodeau :
- A Moussey, le brigadier Julien et les 3 gardes ont été déportés le 18 août 44, seul le garde Evrard en reviendra
- A la fin de la guerre, plus des 3/4 des hommes la haute vallée du Rabodeau manqueront à l’appel
- Incendie des maisons forestières de Moussey Chavons, Saint Prayel Coichot... de la scierie Balland à Moussey...

[21] Tous les hommes de la brigade de Moussey sont arrêtés le fameux 18 août, et emmenés au camp de Schirmeck. Les gendarmes Morelle, Rappenecker, Teyber, seront exécutés au Struthof dans la nuit le 1er septembre 44, le chef Demaline (un des "4 500 tatoués") sera exécuté à Buchenwald le 24 février 1945. Un seul survivant : le gendarme Koch, rentré de Kuppenheim. N’oublions pas non plus les gendarmes de Provenchères, de Raon L’Etape, de Badonviller... de Cirey, eux aussi résistants, fusillés ou déportés

[22] Les petites gens d’ici, maquisards inscrits et résistants anonymes, ont payé un terrible prix leur "rebellion" : des dizaines seront fusillés ou massacrés... et près de 1 000 seront déportés dont près de 700 sans retour !

[23] Notons qu’en prévision de ce qui sera ce qu’on peut résumer par "Opération Loyton" le SOE et le BCRA avaient dès la fin du printemps 44 renforcé leurs antennes sur place... les premières datant de 1941 !

[24] C’est à Moussey aussi, définitivement après l’arrestation et déportation de Victor Georges (le "Piton" du Harcholet, appelé "Père Georges" par les parachutistes Anglais) que s’installera le principal poste de radio de l’Opération Loyton (sergeant Len Owens du F Phantom Signals, aidé de "l’estafette" René Farine : le "petit René")...
 

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