Special
Operations Executive (S.O.E.)
Le Special Operations Executive (SOE, « Direction des opérations spéciales »)
est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale
(créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissous le 30 juin 1946),
avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance, au départ
ceux des pays d'Europe occupés par l'Allemagne, et progressivement ceux de tous
les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. Il eut aussi une action dans
les pays faisant partie de l'Axe, et eut des sections dans les pays neutres
(Espagne, Syrie, etc.).
Pour des raisons pratiques, l'ensemble des sujets relatifs au SOE est exposé en
différents articles, dont la liste figure dans la catégorie « Special Operations
Executive » (accessible en bas de cette page), notamment :
• le présent article, qui constitue une introduction générale au sujet ;
• des articles spécifiques traitant des opérations organisées par le SOE, pays
par pays :
Présentation générale
Opérations
Objectifs des opérations
Les Britanniques cherchent à orienter l'activité des résistants des pays occupés
dans un sens qui contribue à la réalisation de leurs plans de guerre globaux.
L'activité des résistants revêt plusieurs formes :
en matière d'action :
Sabotages pour contrer le dispositif de guerre : sabotages d'installations
militaires, industrielles ou ferroviaires ;
Opérations destinées à inquiéter, déstabiliser, affaiblir l'ennemi, au cœur des
pays occupés : attentats, assassinats, déraillements de Convois de troupes.
En matière de renseignement :
Obtention de renseignements sur les plans de l'ennemi : les intentions
générales, les mouvements de troupes prévus ou constatés.
Désinformation de l'ennemi.
Le SOE est l'organisation chargée de l'action, dans l'attente de la reprise des
opérations militaires. Pour ce faire, il doit, pour chaque pays concerné,
procéder par étapes :
Commencer par s'assurer de l'existence effective d'une résistance, et prendre
contact avec ses membres ; au besoin, susciter la création de groupes de
résistance ;
Maintenir le contact, après qu'il a été établi ;
Fournir aux résistants les moyens nécessaires pour mener la lutte contre
l'ennemi : l'encadrement (organisation en réseaux, direction des réseaux,
méthodes de lutte clandestine, désignation des missions, protection et évasion
des résistants en danger), le matériel (les armes, les munitions et les
explosifs, les vêtements, la nourriture, etc.) et l'argent.
Techniques utilisées pour les opérations
Pour réaliser ses opérations, le SOE a développé différentes techniques de
guerre clandestine :
Transports. Il s'agit d'acheminer et de déposer dans les pays occupés les agents
et les matériels (conteneurs, armes et munitions, documents, argent, etc.),
ainsi que de récupérer et de rapatrier en Angleterre des agents en fin de
mission ou en danger, des soldats, des résistants ou des personnalités (par
exemple : André Dewavrin, Pierre Brossolette, Jean Moulin, Jean de Lattre de
Tassigny et François Mitterrand).
Opérations maritimes. Pendant les premiers mois de son activité, le SOE n'a
comme choix que la voie maritime, dans les limites imposées par l'amirauté :
barques de pêche bretonnes, vedettes lance-torpilles, felouques
méditerranéennes, sous-marins, bateaux de marchandise armés, etc. permettent des
débarquements individuels ou des ramassages pour les sections F et RF, ou des
évasions, soit pour la ligne VAR de la section DF (la ligne se termine par une
traversée depuis la côte nord de Bretagne), soit pour la section EU/P (felouques
avec équipages polonais), de Gibraltar à la Côte d'Azur, d'Afrique du Nord en
Corse, de Corse en France ou en Italie.
Opérations aériennes. C'est la RAF qui assure les transports aériens pour le
compte du SOE, comme pour tous les services spéciaux britanniques.
Le plus souvent, les vols ont lieu de nuit, par ciel clair et en période de
pleine lune, de façon à faciliter la navigation à vue et le repérage précis des
lieux de destination des parachutages et des atterrissages.
Parachutage. Cette méthode est utilisée pendant toute la guerre pour
l'acheminement des armes et dans les premiers temps pour celui des agents.
Lorsque l'agent ne dispose pas de comité de réception au sol, on parle de
parachutage à l'aveugle. Le premier agent parachuté de cette façon est Georges
Bégué, dans la nuit du 5-6 mai 1941, dix mois après la formation du SOE.
Atterrissage. Pour améliorer l'efficacité (précision et sécurité) par rapport au
parachutage, le SOE fait atterrir des avions derrière les lignes ennemies. Mais
en plus, des résistants avertis par message codé émis par la BBC forment un
comité de réception : celui-ci prépare un balisage lumineux au sol (en L) pour
indiquer au pilote l'endroit et le sens de l'atterrissage ; il accélère les
transferts ; il réceptionne les nouveaux arrivants ; il aide l'avion à
redécoller et il efface les traces sur le terrain. Cette méthode est surtout
utilisée en France zone nord, avec le Westland Lysander (voir l'image
ci-contre). C'est dans la nuit du 4-5 septembre 1941 que le premier agent SOE à
être acheminé de cette façon, Gerry Morel, atterrit près de Chateauroux, le
Lysander étant piloté par Nesbitt-Dufort. Autre avantage de la méthode, l'avion
peut être chargé à nouveau pour son retour et remmener ainsi des personnes ou
des documents (courrier, rapports, plans) en Angleterre. Pour améliorer encore
la précision des atterrissages, le
SOE utilise de nouveaux appareils :
Le système Eureka-Rebecca qui permet aux pilotes de poser leur avion sur un
point précis.
Le S-phone, ancêtre du talkie-walkie, qui rend possibles à partir de fin 1942
les liaisons radio entre les avions et les comités de réception.
Émissions radio chiffrées. L'opérateur radio, surnommé familièrement le
pianiste, dispose d'un appareil portatif et d'un quartz (dont la fréquence lui
est spécifique) fournis par le SOE, avec lesquels il transmet des informations
en morse, après les avoir chiffrées de façon que le SOE soit seul à les
comprendre. Il travaille sous risque permanent : il doit transmettre assez
longtemps pour passer tous les messages nécessaires et doit éviter de se faire
localiser par l'ennemi, qui utilise des voitures radiogoniométriques ou procède
à des coupures de courant sélectives. Le premier message radio d'un agent de la
section F fut envoyé vers Londres par Georges Bégué le 9 mai 1941.
Jeux radio. Au premier degré, cette technique consiste à retourner des
opérateurs radio ennemis arrêtés en Grande-Bretagne pour espionnage, et à leur
dicter les messages à émettre, mensongers mais que l'ennemi croit authentiques.
Dans la lutte psychologique constituée par l'utilisation de telles méthodes de
désinformation par le SOE et par l'ennemi, il est admis que « le rempart de
mensonges » édifié par les Britanniques a contribué efficacement à tromper les
Allemands, notamment sur des éléments stratégiques clés tels que le lieu et la
date du débarquement3. Cet élément de supériorité britannique complète celle
obtenue par l'organisation secrète Ultra, par laquelle les Britanniques lisent à
livre ouvert, sans que les Allemands s'en doutent, leurs messages militaires
secrets codés par les machines Enigma et ceux, échangés entre leurs quartiers
généraux, codés par les machines de Lorenz.
Envoi par la BBC de messages personnels codés. Georges Bégué prenant conscience
des difficultés auxquelles les opérateurs radio vont se heurter, suggère
d'utiliser la BBC, qui transmet déjà des messages personnels, pour transmettre
des messages personnels codés en rapport avec l'action des réseaux. Les
modalités sont mises au point à Londres. C'est en septembre 1941 que le premier
message « Lisette va bien », en passant à la BBC, annonce à Georges Bégué, qui
est le seul à pouvoir le comprendre, que l'opération aérienne convenue est
imminente.
Appareils truqués et explosifs. Des dispositifs spéciaux développés et fabriqués
par le SOE permettent aux agents et aux résistants de camoufler les objets
dangereux (transformés en objets courants) ou de perpétrer les sabotages ou les
attentats planifiés :
Crayon allumeur à retardement,
Pipe, comportant un compartiment caché (pouvant contenir des documents secrets)
et une boussole,
Crayon, renfermant une lame,
Porte-mine, servant de pistolet,
Pistolet silencieux,
Explosifs spéciaux : mines, charges creuses, retardateurs, engins explosifs
aimantés.
Construction de fausses identités : réalisation de faux papiers (cartes
d'identité, cartes de rationnement, certificats, extraits d'actes de naissance
etc.) ; réfection d'amalgames dentaires selon une composition conforme aux
techniques du pays ; confection de vêtements selon le style du pays, la mode du
moment ; préparation de fausses histoires individuelles ; etc.
Semelles en caoutchouc en forme de pieds, que l'agent attache sous ses
chaussures, faisant croire que les empreintes sont celles d'habitants de la
région marchant pieds nus.
Graisses abrasives : des additifs indésirables font gripper les moteurs, les
mécanismes de locomotives, etc.
Motocyclettes miniatures pliables (Welbike), pouvant se ranger dans un conteneur
type C, utilisable par les parachutistes.
Submersibles (Welman).
Pilules de cyanure de potassium (pilule « L »), permettant à un agent de se
suicider dans les situations ultimes.
Exemples d'opérations
Des opérations du SOE, qui ont été très nombreuses et souvent souterraines,
l'article évoque certaines, que le public connaît bien grâce aux livres et aux
films qui les ont relatées ou s'en sont inspirés. Sont notamment à mettre au
crédit du SOE : la destruction de 90 usines de guerre françaises, la découverte
de la base secrète d'expérimentation des fusées V2 de Peenemünde (finalement
bombardée), la destruction du stock d'eau lourde norvégienne, qui aurait pu
servir au développement d'une bombe atomique par les Allemands, etc.
Profil et préparation des agents
Qualités recherchées
Politique. L’opposition résolue aux puissances de l’Axe est naturellement
indispensable. Des membres exilés ou échappés des forces armées de certains pays
occupés sont des sources évidentes d’agents. C'est particulièrement vrai de la
Norvège et des Pays-Bas. Dans d’autres cas (Français loyaux envers Charles de
Gaulle, Polonais), la loyauté des agents s'exerce d'abord envers leurs chefs ou
leur gouvernement en exil, et ils considèrent le SOE comme un moyen d’arriver à
leurs fins. Cela a pu parfois créer de la méfiance et tendre les relations avec
le Royaume-Uni.
Connaissance du pays et de la langue. Dans la plupart des cas, la qualité
première exigée est une profonde connaissance du pays où l’agent va opérer, de
manière qu’il se conduise en toutes circonstances comme un véritable
ressortissant et qu’il n’y ait aucun doute possible sur l’identité artificielle
que lui a fabriquée le SOE. Une pratique courante de la langue est requise si
l’agent doit passer pour un natif de ce pays. La double nationalité est souvent
un attribut apprécié, particulièrement dans le cas de la France. Dans d’autres
pays, en particulier dans les Balkans, un moindre degré de pratique de la langue
peut convenir, car les groupes de résistance concernés sont déjà en rébellion
ouverte et n’ont pas à y vivre clandestinement.
Goût pour l’action militaire. Ce goût se trouve aussi bien chez certains
officiers de l’armée régulière que chez d'autres qui ne connaissent de l'action
que celle du temps de la guerre.
Caractère. Avoir des nerfs d'acier. Savoir au besoin ne compter que sur soi.
Avoir l'esprit d'équipe. Avoir l'esprit de décision et de réelles qualités de
diplomate et de négociateur. Résister à des interrogatoires brutaux. Savoir
vivre dans la clandestinité, en ayant intégré à fond une identité et une
histoire personnelle fabriquées de toutes pièces par le SOE, et s'en souvenir
dans le moindre détail (fausse famille, anciens professeurs, villes natales
fictives, etc.) sans risque de se couper. Pouvoir vivre dans la perspective
permanente d'être arrêté et torturé, de mourir seul et sans reconnaissance, ou
avec la perspective d'être soupçonné de trahison, sans possibilité de démenti.
Toutes ces qualités étaient repérées, puis testées et développées dans des
écoles d’entraînement spécial du SOE dans lesquelles la plupart des agents
recrutés sont passés.
Critères indifférents
Le respect des conventions sociales de l’époque n'est pas pris en compte. Dans
son combat contre l’Axe, le SOE ignore ces conventions. Il peut employer sans
problème des gens qui ont un casier judiciaire ou des rapports défavorables de
l’armée, des communistes, des homosexuels connus, des nationalistes
anti-britanniques, etc. Bien que certains d’entre eux constituent un risque, il
n’y a pratiquement pas de cas connu d’un agent SOE qui soit passé à l’ennemi
sans réserves.
L'origine sociale n'est pas prise en compte. Le recrutement couvre toutes les
classes sociales : ancienne aristocratie, bourgeoisie, origine ouvrière (c'est
le cas de la majorité des agents de la section F). Quelques-uns même viendraient
de la pègre.
Le sexe n'est pas pris en compte. Au début, les femmes sont cantonnées dans les
tâches non opérationnelles, comme c'est le cas dans les autres services secrets
ou dans les armées. À partir d'avril 1942, après quelques exemples dérogatoires,
sous l'impulsion de Colin Gubbins et après approbation de Winston Churchill, le
SOE recrute des femmes, en les intégrant dans un service militaire de transport,
le First Aid Nursing Yeomanry (FANY) avant leur affectation définitive dans les
réseaux comme courriers ou opératrices-radio. Certaines y brilleront par leur
caractère (énergie, enthousiasme, endurance, minutie). En outre, il leur est
plus facile de changer d'aspect physique, de ne pas éveiller les soupçons et
d'éviter les contrôles.
Le métier n'est pas pris en compte. Bien que le goût pour l’action militaire
soit un critère important, des gens de tous métiers ont servi le SOE sur le
terrain.
La nationalité n'est pas prise en compte. Cependant, dans le cas particulier de
la France, le critère de la langue évoqué plus haut conduit à une représentation
importante de Canadiens et de Mauriciens.
Préparation des agents
Le SOE met en place des écoles d'entraînement spécial, dans lesquelles l'agent
apprend des techniques et se prépare moralement à affronter sa vie clandestine
d'agent secret. Il doit notamment : affronter toutes les difficultés d'une
nature hostile et survivre, agir discrètement en terrain découvert, ramper dans
les buissons, franchir à gué des cours d'eau glacés, se battre sans arme, tirer,
sauter en parachute, transporter et cacher sur lui du matériel d'espionnage
(voir plus haut Appareils truqués et explosifs), se servir de postes de radio,
apprendre par cœur des signaux difficiles, utiliser en vue d'éventuelles
évasions de très fines scies d'acier pour découper des barreaux de prison, ou
des boussoles miniatures cachées dans des boutons, utiliser les pièges spéciaux
mis au point par le SOE pour perpétrer les attentats, tels que des pompes à
bicyclettes qui explosent quand on les utilise, des grenades à main placées dans
des boîtes dont l'étiquette, fidèlement reproduite par des artistes de talent,
annonce des « fruits », des moulages de plâtre peint ressemblant à une bûche
contenant une mitraillette Sten, être prêt — en situation ultime — à avaler la
pilule « L » de cyanure de potassium fournie avant le départ.
Sélectivité de l'entraînement spécial
À titre d'exemple, l'agent Peter Churchill, dans son livre Missions secrètes en
France, indique que de son groupe de 14 qui commença l'entraînement, 3 furent
finalement envoyés sur le terrain, les 11 autres ayant été éliminés : 4 à la fin
du stage à Wanborough Manor, 5 à la fin de celui de Mallaig, et 2 à la fin de
celui de Ringway.
Sort des réseaux
Les réseaux du SOE ont souvent été infiltrés par l'ennemi, puis retournés ou
anéantis. Le phénomène est massif aux Pays-Bas, où la totalité des réseaux SOE
finissent contrôlés par les Allemands ; il est également important en France ou
dans d'autres pays. Mais le bilan de l'action du SOE est très positif et les
opérations qu'il a menées, notamment celles qui visaient à leurrer l'ennemi sur
les éléments clés de planification du débarquement, ont pesé très lourd dans la
conduite de la guerre, en complément des efforts militaires proprement dits.
Certains agents et certains réseaux ont pu être délibérément sacrifiés pour
atteindre cet objectif majeur.
Organisations ennemies
Trois organisations allemandes interviennent dans la lutte contre le SOE :
1. l'Abwehr : services de renseignement de la Wehrmacht, dirigés par l'amiral
Wilhelm Canaris. L'Abwehr est surtout active au début de la guerre ;
2. le Sicherheitsdienst (SD) : services de sécurité du parti nazi, dont le
bureau de contre-espionnage à l'étranger (Amt VI : « SD extérieur ») est dirigé
par Walter Schellenberg ;
3. la Gestapo : police secrète d'État dirigée par Heinrich Müller.
4. Les deux dernières sont regroupées depuis 1939 au sein d’une organisation
unique, le RSHA, coiffée par Heinrich Himmler, et dirigée par Reinhard Heydrich,
puis par Ernst Kaltenbrunner à partir de juin 1942. Dans la lutte contre le SOE,
elles interviennent progressivement et voient leur rôle s'accroître au point
d'absorber l'Abwehr au printemps 1944.
Organisation
Quartier général
Le quartier général du SOE était situé à Londres, dans Baker Street, artère
rendue célèbre par Sherlock Holmes. Les sections administratives et
territoriales y occupaient trois immeubles de bureaux. D’autres locaux,
généralement situés près de Baker Street, servaient principalement pour des
entrevues et pour le briefing des agents. En dehors du quartier général, des
demeures à la campagne étaient des centres d’entraînement pour les agents.
Des antennes furent créées dans les capitales neutres ou alliées : Madrid,
Lisbonne, Berne, Stockholm.
Tandis que la guerre se poursuivait en Europe et au Moyen-Orient, des
états-majors opérationnels dotés d’une large autonomie furent établis au Caire,
couvrant tous les territoires rattachés à la Région Militaire Moyen-Orient, y
compris la Grèce et la Yougoslavie, et à Alger pour l’organisation de l’aide aux
débarquements en Italie et à l’invasion de la France méridionale. Lorsque le sud
de l’Italie fut aux mains des Alliés, on transporta à Ban une partie de
l’état-major du Caire.
Les opérations contre les Japonais en Extrême-Orient furent d’abord dirigées
depuis Meerut, près de Delhi, et par la suite depuis Kandy à Ceylan.
Il y eut peu d’autres parties du monde où le SOE ne fut pas présent, bien que
l’ensemble de ses forces ne dépassât jamais 14 000 hommes et femmes.
Rattachement
À sa création, le SOE est rattaché au Ministre de la guerre économique. Les
ministres successifs sont : Sir Hugh Dalton jusqu'au 22 février 1942, puis
Roundell Palmer, 3e comte de Selborne.
Le 5 octobre 1943, le COSSAC (Chief of Staff to Supreme Allied Commander) décide
d'exercer un contrôle opérationnel sur les activités du SOE/SO pour une
meilleure coordination entre les actions de guérilla et les opérations
militaires pour le nord-ouest de l'Europe.
Le 1er juillet 1944, après le débarquement en Normandie, les sections agissant
en France sont rattachées opérationnellement à l'État-major des Forces
françaises de l'intérieur (FFI), dirigé par le général français Marie-Pierre
Kœnig.
Mais Churchill, qui en est le créateur, conserve en permanence la haute main
stratégique sur le SOE, notamment par l'intermédiaire de la London Controlling
Section (LCS). Cela explique que le SOE soit parfois désigné comme « armée
secrète de Churchill ».
Relations
MI6
Il y a plusieurs motifs structurels de forte rivalité entre le SOE et le MI6.
Les deux organisations agissent sur le même terrain : les pays occupés. Selon la
distinction traditionnelle, la mission du SOE, « Mettre le feu à l'Europe », en
fait un service « action », alors que le MI6 est un service « de renseignement
». L'action du SOE a pour résultat d'attirer l'attention de l'ennemi, alors que
le renseignement (MI6) exige le plus de discrétion possible.
Le SOE et le MI6 sont rivaux en matière de recrutement. Il est difficile pour le
SOE de recruter massivement, tant sur le sol britannique que dans les pays
occupés, des cadres et des agents du même niveau professionnel que leurs
collègues du MI6 ou leurs équivalents allemands de l’Abwehr.MI5
Le recrutement du personnel et des agents du SOE se fait indépendamment du MI6.
En revanche, une collaboration étroite s'instaure avec le MI5, chargé du
contre-espionnage sur le territoire britannique, pour filtrer les agents
pressentis à leur arrivée en Grande-Bretagne ou à leurs retours de missions.
France libre
Histoire
Avant la guerre
Les Britanniques, très marqués par la Grande Guerre, se refusaient pour la
plupart à imaginer qu'un nouveau conflit fût possible ; mais quand même
l'Anschluss, c'est-à-dire l'annexion de l'Autriche par Hitler en mars 1938, leur
fit prendre conscience du danger. Et, comme ils ne pensaient évidemment pas que
le Royaume-Uni pourrait, à lui seul, venir à bout de l'ennemi dans une bataille
ordinaire (ils comptaient plus sur un blocus et sur des opérations capables
d'affaiblir son moral et sa capacité de résistance), ils mirent alors sur pied
diverses petites équipes chargées d'étudier, qui les voies d'une action
psychologique sur les forces et sur la population ennemies (on se souvenait des
résultats obtenus par la campagne de propagande menée en 1917), qui les moyens
de frapper l'ennemi d'autre manière que selon les méthodes militaires
classiques. Ce furent :
EH (pour « Electra House », nom de l'immeuble où furent installés ces quelques
journalistes et spécialistes de la radio qui s'occupaient des questions de
propagande) relevant du Foreign Office ; a Section D, au sein du Secret
Intelligence Service, relevant aussi du Foreign Office ;
MI(R), pour Military Intelligence (Research), au War Office, c'est-à-dire au
Ministère de la Guerre.
MI(R) et la Section D ne tardèrent pas à se découvrir l'une l'autre et se
partagèrent le travail : la première s'occupant de ce qui pourrait être
entrepris par des troupes en uniforme, l'autre de ce qui devait rester plus
discret. Leurs chefs établirent, ensemble, un rapport qu'ils soumirent au chef
de l'État-Major Impérial, Lord Gort, lequel en parla au ministre des Affaires
Étrangères Lord Halifax ; et celui-ci organisa, le 23 mars 1939, une réunion au
cours de laquelle une certaine forme de coopération pratique fut décidée, et de
premières autorisations d'entrée en action furent données, visant des régions du
centre et du sud-est de l'Europe alors déjà manifestement menacées par
l'Allemagne.
Début de la guerre
Vinrent le 3 septembre 1939 et l'entrée en guerre. Aussitôt, chaque ministère
récupère ses troupes ; et bientôt le manque de liaison, la dispersion des
efforts, devient manifeste.
Les mois passent. Le 10 mai 1940, un gouvernement de coalition est formé, et
Churchill devient Premier Ministre. Il ne tarde pas à se rendre compte de la
situation et prend l'initiative de l'indispensable remise en ordre. Il confie
l'affaire à Lord Hankey qui, de Secrétaire dans le gouvernement de Neville
Chamberlain (il avait donc une solide expérience des problèmes de coordination),
était devenu Chancelier du Duché de Lancastre dans le gouvernement de coalition
et disposait à la fois de l'autorité et du temps nécessaires.
Le 6 juin 1940, la chute de Dunkerque marque la déroute de l'armée britannique
aux côtés de l'armée française. Les troupes régulières ne pourront pas reprendre
pied sur le continent avant longtemps. Churchill envoie une note au général
Hastings Lionel Ismay, chef du secrétariat militaire du cabinet de guerre
britannique et du comité de défense impériale :« Nous devons nous mettre dans la
tête que tous les ports de l'autre côté du Channel et que toutes les régions qui
s'étendent entre ces ports sont un territoire ennemi. Des entreprises contre ce
territoire doivent être préparées avec des troupes spécialement entraînées à
débusquer le gibier et à répandre la terreur le long de ces rivages. Je compte
sur le comité des chefs d'état-major pour me proposer de la mesure appropriée à
une vigoureuse et hardie offensive, menée sans répit contre toute la côte
occupée par les Allemands. »
Création du SOE en juillet 1940
Lord Hankey entend tous les intéressés, sait les convaincre et amène Lord
Halifax à réunir et présider, le 1er juillet 1940, une grande conférence à
laquelle participent, entre autres, Lord Lloyd (ministre des Colonies, et —
surtout — vieil ami de T.E. Lawrence dont il connaît bien les méthodes), Hugh
Dalton (ministre de la Guerre économique), Stewart Menzies (nouveau chef du SIS,
à la tête duquel il a succédé à l'amiral Sinclair, et patron de la section D) et
le chef du Renseignement Militaire, dont dépend MI(R).
Débats constructifs, et conclusion unanime : tous les services en cause doivent
être rassemblés, et être placés sous une autorité unique disposant des pouvoirs
les plus étendus.
Dès le lendemain, Hugh Dalton confirme dans une lettre qu'il adresse à Lord
Halifax, les vues qu'il a exprimées au cours de la conférence. Il écrit : « Nous
devons organiser, dans les territoires occupés par l'ennemi, des mouvements
comparables au Sinn Fein en Irlande, à la guérilla chinoise opérant actuellement
contre les japonais, aux irréguliers espagnols… dans la campagne de Wellington…
Ce dont nous avons besoin, c'est d'une nouvelle organisation qui soit en mesure
de coordonner, d'inspirer, de contrôler et d'aider les ressortissants des pays
opprimés, qui doivent eux-mêmes participer activement aux opérations… »
Le 11 juillet, Halifax voit Churchill. Neville Chamberlain, l'ancien Premier, et
Clement Attlee, chef du Parti Travailliste, sont présents. La décision est prise
; et c'est Chamberlain, l'homme de Munich, qui est chargé de la mise en forme :
il est maintenant Lord Président du Conseil et a le temps de s'occuper d'«
extras » de la sorte. Il le fait tambour battant ; et ce n'est pas un papier de
compromis qu'il prépare. Le 13 juillet, il fait déjà tenir son projet à tous les
intéressés.
Le 16 juillet, Churchill, document en main, reçoit Hugh Dalton, et lui demande
de prendre la tête de l'organisme à créer. Son choix est déterminé par les
capacités de l'homme (le Royaume-Uni est pratiquement seul face à l'Allemagne
et, dans la conception stratégique de l'époque, seuls blocus et subversion
peuvent permettre de venir à bout de l'ennemi : c'est donc l'instrument clef de
la victoire qui est en cause) ; mais c'est aussi un choix politique : Dalton est
travailliste et, depuis longtemps son parti se plaint que tous les services
secrets soient dirigés par des conservateurs ; sa nomination est un moyen de
rétablir l'équilibre ; en outre c'est vers les couches populaires des pays
occupés que va devoir se tourner la nouvelle organisation et un homme de gauche
paraît tout indiqué pour la mener dans cette voie. C'est lors de cette entrevue
que Churchill aurait exprimé la mission du SOE par une phrase lapidaire devenue
célèbre :
« And now, set Europe ablaze ! »
(« Et maintenant, mettez le feu à l'Europe ! »)
Le 19 juillet, Chamberlain signe son texte définitif. C'est la dernière tâche
importante de sa vie, quelques jours avant son hospitalisation. Et c'est ce
document qui est vénéré par le SOE comme sa charte de fondation.
Le 22 juillet, le Cabinet s'en saisit et l'arrête formellement (après une
correction mineure). Et le procès-verbal de la réunion du Cabinet ajoute
seulement qu'« il serait très peu souhaitable que des questions relatives au SOE
apparaissent à l'ordre du jour de la Chambre des Communes ».
Mise en place du SOE
Les liaisons et échanges que les dispositions adoptées imposent sont les seules
restrictions à l'autonomie du nouvel organisme qui, pour le reste, est donc tout
à fait indépendant.
Il l'est en particulier des autres services secrets et, d'abord, du S.I.S. dont
le chef, Stewart Menzies (qui, rappelons-le, a participé à la réunion fondatrice
présidée, le 1er juillet, par Lord Halifax) doit s'accommoder de la situation.
En fait, pris par ses autres occupations, il a complètement perdu l'affaire de
vue : il ne s'est même pas aperçu qu'un accord, intervenu dès le 16 août, entre
Dalton et Halifax, l'a privé de sa section D et a fait passer celle-ci, en même
temps que l'équipe de Electra House (propagande), sous l'autorité du SOE
(personne n'a songé à l'avertir !) ; et lorsqu'il prend conscience de la
situation, au début de septembre, il est évidemment trop tard pour tenter quoi
que ce soit.
Il reste qu'il n'apprécie pas, et que le ressentiment qu'il éprouve — ajouté à
la conviction qu'une fois en place les agents du SOE risquent fort de susciter
des réactions peu propices au travail de ses agents à lui, chargés du
renseignement — n'est pas de nature à le mettre dans de bonnes dispositions à
l'égard de ce nouveau partenaire.
Le Ministère de la Guerre, de son côté, a accepté le transfert du MI(R) : les
discussions à ce sujet ont cependant pris un peu plus de temps, et c'est
seulement en octobre qu'intervient la décision formelle. Mais la partie à
proprement subversive de l'unité a pris les devants et a, tout simplement et
sans attendre, rejoint la nouvelle formation.
Dalton organise rapidement son domaine :
Il s'assure de la coopération d'un diplomate de talent, Gladwyn Jebb (qui sera,
de 1954 à 1960, ambassadeur à Paris), qu'il nomme Chief Executive Officer et
qu'il installe auprès de lui, à Berkeley Square House, c'est-à-dire au Ministère
de la Guerre Économique, où il sera une sorte de Permanent Under Secretary
(l'équivalent du Secrétaire Général de certains ministères français) pour le SOE
(Sir Robert Vansittart, l'« assistant » désigné dans la « charte » du 22
juillet, reste, pour sa part, au Ministère des Affaires Étrangères, où il
continue d'assumer ses fonctions de Chief Diplomatic Adviser, et ne consacre que
relativement peu de temps au SOE, encore qu'au début, au moins, il soit consulté
chaque fois que se posent des questions politiques importantes) ;
Il met en place trois divisions, chargées respectivement de la propagande (SO1),
des opérations (SO2) et du planning ainsi que de la sécurité (SO3) ;
Et il nomme un Directeur Général à la tête de SO2, en la personne de Frank
Nelson, un homme d'affaires (il a été dans le commerce des Indes), qui a été
député conservateur et, en 1939, consul à Bâle, où il a acquis une certaine
expérience des problèmes du renseignement et de la sécurité (il a été question,
un moment, pour ce poste, du général Edward Spears), Grand et Holland, qui
commandaient respectivement l'un la section D, l'autre MI(R), quittent le SOE
pour rejoindre l'armée.
Mais les choses ne resteront pas longtemps en l'état. Un haut fonctionnaire des
Affaires Étrangères, Rex Leeper, chef du Political Intelligence Department du
ministère, est appelé à diriger SO1 (Sir Campbell Stuart, patron d'Electra
House, est courtoisement renvoyé à ses journaux) et se met au travail. Aussitôt,
ou presque, le ministère de l'information intervient (deux ministres se
succèdent, Duff Cooper et Brendan Bracken, qui, tous deux, sont à la fois des
personnages de poids et des amis personnels de Winston Churchill), exigeant
qu'une coordination appropriée soit organisée entre ce que font ses services,
chargés de la propagande officielle, et l'action moins « avouable » conduite par
le SOE. Le ministère de l'information entend que le tout devrait être placé sous
son autorité. Il obtient la création d'un second executive : le Political
Warfare Executive, auquel est confiée la guerre politique ou psychologique et
qui passe dans le giron des Affaires Étrangères. La charte du nouvel organisme
prévoit heureusement que les autres ministères intéressés et le SOE auront leur
mot à dire sur les orientations à donner et sur les choix à faire ; et le
résultat sera satisfaisant : les relations entre PWE et SOE seront bonnes et
leurs agents, assez souvent, coopéreront sur le terrain.
SO3 est confié à Philip Broad, arrivé comme assistant personnel de Gladwyn Jebb.
Il est assisté, pour les questions de sécurité, par le brigadier van Cutsem. Et
le service se noie rapidement dans les papiers et dans les complications de sa
structure. Ses tâches concrètes passent à une unité nouvelle, qui est reprise
par SO2, et est bientôt augmentée d'une administration des finances et d'une
administration du personnel : SO2 ainsi agrandie et désormais seule, est
alors... le SOE, tel que nous le connaîtrons.
Organisation
L'organisation du SOE comprend :
Le quartier général,
Les antennes, créées dans les capitales neutres ou alliées,
Les Sections, chargées de l'action dans les pays étrangers (finalement sans se
limiter à l'Europe)
Les Stations, situées en territoire britannique, qui se répartissent en :
Stations expérimentales
Écoles d'entraînement spécial (STS, Special training schools).
Quartier général
Le SOE est formé par la réunion de trois départements secrets, qui lui
fournissent ses dirigeants et ses moyens initiaux :
1. SO1 provient du département EH chargé de la propagande au Ministère des
Affaires étrangères, dirigé par Sir Campbell Stuart. Plus tard, en septembre
1941, cette section sera détachée du SOE pour former le PWE, Political Warfare
Executive, (en français : « Direction de la guerre politique »).
2. SO2 provient de la section D, une sous-section de l'Intelligence Service
créée en 1938, service action agissant plus particulièrement dans les Balkans,
dirigée par le Major Lawrence Grand avec George Taylor comme adjoint, et dont le
quartier général est installé dans The Frythe. Fin 1941, après la suppression de
SO3 et le nouveau rattachement de SO1, SO2 représente la totalité du SOE.
3. SO3 provient du MIR (Military Intelligence, Research), un département du
Ministère de la Guerre, chargé de la planification des actions subversives et de
sabotage, dirigé par le Major John C. Holland, avec le lieutenant-colonel Colin
Gubbins pour adjoint ; le 17 janvier 1941, le SO3 est supprimé et ses principaux
éléments rattachés au SO2.
Le lieutenant-colonel Colin Gubbins
Sir Frank Nelson est nommé à la tête du SOE. Pour des raisons de santé, il est
remplacé par Sir Charles Hambro (1897-1963, KBE, MC) en avril 1942.
Désapprouvant le regroupement des activités du SOE et de l'armée sous la même
autorité, en août 1943, Hambro démissionne. Il est remplacé par son adjoint, le
général de division (Major General) Colin Gubbins, qui prend lui-même pour
adjoint R. H. Barry.
Locaux
Tout commence petitement dans les locaux qu'occupait à Londres la section D à
Caxton Street, non loin de la station de métro de St James's Park. L'espace
manque vite ! SO2 s'installe dans un hôtel du voisinage, le St Hermin's, et y
est bientôt à l'étroit. La chance veut qu'un immeuble entier de bureaux devienne
alors vacant, qui se trouve au 64 Baker Street, au nord d'Oxford Street, et
appartient au gouvernement (il avait été occupé par les services de
l'administration pénitentiaire, entre-temps casés ailleurs) : l'emménagement se
fait le 31 octobre 1940.
Le développement du SOE conduit à l'occupation d'espace sur une bonne partie du
côté ouest de Baker Street. Ainsi, il s'étend au 84 dans d'anciens locaux des
magasins Marks & Spencer, qui abrite le chiffre et les transmissions, en
laissant le 62-64 à sa section française (section F). Au 84, le seul signe de la
présence de services officiels est la plaque indiquant Inter-Services Research
Bureau. En outre, plusieurs sections sont amenées à louer, dans le quartier, des
appartements (ainsi la section F à Orchard Court) ou de petits hôtels
particuliers (ainsi la section RF au 1, Dorset Square), pour y recevoir les
agents sans que ceux-ci aient à accéder à la maison-mère (discussions préalables
au recrutement, communication des consignes avant le départ en mission, exposé
des rapports au retour des missions). Plus tard, le SOE occupera aussi Norgeby
House, au 83.
Le nom de Baker Street, celui de la rue où demeurait Sherlock Holmes, vaudra aux
agents du SOE le surnom d'« Irréguliers de Baker Street ».
Sections
Le SOE comprend un certain nombre de sections régionales (country sections) qui
coordonnent l'action des réseaux dans les différents pays :
France : Deux importantes sections régionales du SOE (F et RF) sont consacrées
aux opérations en France, et six autres sections sont impliquées à des titres
divers :
1. Section F : section française du SOE, sans relation avec la France libre.
C'est la section la plus importante. Elle donna lieu à la formation de 95
réseaux.
2. Section RF : section chargée de travailler avec les gaullistes (en
l'occurrence André Dewavrin « Passy », chef des services de renseignements, qui
devint le BCRA).
3. Section DF : section chargée de la mise en place des filières d'évasion
devant permettre le retour des agents en Angleterre.
4. Section EU/P : section en relation avec les réseaux polonais du nord de la
France.
5. Section AL : section servant de bureau de liaison avec le ministère de l'Air
britannique et chargée des liaisons aériennes clandestines avec le territoire
français.
6. Section Stockage-Emballage, pour les chargements de ravitaillement.
7. Section MT : organise les écoles d'entraînement spécial qui forment les
agents à la guerre secrète et subversive.
8. section AMF : à partir de fin 1942, section basée à Alger qui opère dans le
midi de la France ; après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, elle
se met au service des gaullistes.
Autres pays
Section H : Espagne ;
Section I : Italie et Suisse ;
Section MP : Pologne ;
Section MPH : Hongrie ;
Section MY : Tchécoslovaquie ;
Section N : Pays-Bas ;
Section S : Scandinavie :
Section SD : Danemark ;
Section SN : Norvège ;
Section SS : Suède ;
Section T : Belgique et Luxembourg ;
Section X : Allemagne et Autriche ;
Section Y : Yougoslavie.
Autres sections : Grèce, Albanie, Roumanie, Abyssinie, Asie du Sud-Est.
Stations expérimentales
Pour ses activités de recherche et développement, le SOE utilisa plusieurs «
stations » généralement situées dans des maisons de campagne, identifiées par un
numéro en chiffres romains.
Écoles d'entraînement spécial
Pour l'entraînement de ses agents, le SOE dispose de plusieurs dizaines d'écoles
d'entraînement spécial (Special Training Schools ou STS) dont la liste est
présentée dans l'article Liste des établissements du SOE. Le quartier général de
l'entraînement du SOE est situé à Norgeby House, 83 Baker Street. Il est dirigé
par le colonel J.S. Wilson.
Les écoles d'entraînement spécial du SOE se répartissent en plusieurs
catégories. Pour les présenter, suivons la séquence du programme d'entraînement
d'un agent :
Écoles préparatoires (preliminary schools). Ces écoles sont situées dans les
Midlands et le sud de l'Angleterre et sont dirigées par le colonel Roger de
Wesslow. Les futurs agents des deux sexes y sont répartis par nationalité,
chaque Country section disposant de la sienne. Le stage dure quatre semaines, et
permet de tester le caractère, les capacités physiques et les aptitudes à des
tâches particulières de l'agent. Bien que formé par plusieurs instructeurs,
l'agent est suivi par un même officier qui l'observe, le note, l'aide et
finalement donne son avis sur son orientation. Avant l'été 1943, des
aménagements sont apportés aux méthodes de recrutement : les preliminary schools
sont alors remplacées par un Student Assessment Board (à Wanborough Manor, pour
la section F) qui soumet les agents potentiels à toute une série de tests
pratiques et psychologiques qui permettent de vérifier plus solidement leur
aptitude au travail clandestin et, de plus, facilite leur orientation vers tel
ou tel type de mission.
Écoles d’endurcissement (roughning schools). Ces écoles sont situées en Écosse,
dans l'Invernessshire : quartier général à Arisaig House, demeure familiale des
Nicholson située près de Loch Ailort ; six autres manoirs réquisitionnés aux
alentours. Elles sont dirigées par deux vétérans de la Première Guerre mondiale,
le lieutenant-colonel Pat Anderson et le major James Young. Le stagiaire qui a
été reconnu apte à la fin de son stage en école préparatoire y suit une nouvelle
phase d'entraînement (tir instinctif, techniques de combat, techniques de
démolition, maniement des explosifs, télégraphie morse, etc.) en cotoyant cette
fois des stagiaires d'autres nationalités.
École d'entraînement au saut en parachute no 1 de Ringway Airport. Cette école
est située près de Manchester. Elle est dirigée par le wing commander Maurice
Neuwham. Elle accueille des stagiaires du SOE, des commandos-parachutistes ou
des combattants des troupes aéroportées, mais ceux du SOE sont logés à part, à
Dunham Lodge (Bowdon, près d'Altrincham, dans le Cheshire).
Écoles de finition spéciale (special finishing schools). Ces écoles sont situées
sur les terres de la famille Montagu près de Beaulieu dans le Hampshire. Elles
sont dirigées par le colonel Frank Spooner. Le stagiaire est préparé
individuellement à sa future mission. Il est présenté à son futur officier
traitant. Il suit un cours général sur les techniques de sécurité : comment
trouver un refuge, organiser des liaisons, rompre une filature, communiquer en
secret (chiffrage, encres invisibles, camouflage des documents), utilisation de
« boîtes aux lettres », procédés du contact, prévention contre les méthodes de
la police, comportement lors des interrogatoires, etc.). Il est informé des
conditions et des habitudes de vie du pays où il va se rendre. À la fin du
stage, il est soumis à un exercice spécial de trois à cinq jours destiné à
tester sa débrouillardise : il reçoit un objectif de sabotage (décrit dans un
dossier sommaire qu'il doit entièrement mémoriser) ; on lui retire tous ses
papiers ; on lui laisse dix shillings ; s'il se fait prendre par la police et ne
parvient pas à s'échapper ou à se faire libérer, il peut utiliser comme ultime
recours un numéro de téléphone appris par cœur, qui le protège contre
l'incarcération pour espionnage mais probablement pas de la radiation du SOE
pour incapacité.
Les futurs radios passent, eux, à l'école spéciale d'entraînement située à
Thames Park, dans l'Oxfordshire. Cette école à part ne dépend pas de la
direction de l'entraînement, mais de celle des signaux, dont dépendent également
les stations centrales (Home stations), le service du chiffre et une section de
recherche spécialisée dans la conception et le perfectionnement des appareils
émetteurs et récepteurs (postes récepteurs dits biscuits, appareils
Rebecca-Eureka, S-phone)
Organisation des moyens aériens
Les moyens aériens dont les sections régionales du SOE ont besoin pour leurs
opérations leur sont fournis par la Royal Air Force.
Effectifs
Grâce à l'appui de Churchill, les effectifs du SOE croissent rapidement, au
point d'atteindre finalement environ 13 000 personnes, employées directement ou
contrôlées.
Dissolution
Le 30 juin 1946, le SOE, devenu sans objet, est dissous. Ce qui reste du
personnel et des équipements, absorbé par le MI6, est réparti entre les
différentes divisions opérationnelles et le nouveau Directoire de l'entraînement
et du développement pour la préparation à la guerre (DEWP).
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