Marcel Weinum est né le 5 février 1924 à
Brumath. Lors de l’évacuation de Strasbourg, sa famille est
dirigée vers la Dordogne, puis revient en Alsace en août 1940.
Dès le mois de septembre 1940, Marcel Weinum (alors âgé de 16
ans seulement) constitue un réseau de résistance, « La Main
Noire » dont le but est de combattre Hitler et le nazisme. Le 8
mai 1941, Weinum et Ulrich lancent deux grenades à main dans la
voiture du Gauleiter Wagner et prennent la fuite. Le 20 mai
1941, Weinum et son camarade Sieradzki partent en bicyclette en
Suisse pour contacter le Consulat britannique. En chemin, ils
sont arrêtés et transférés à la prison de Mulhouse. Sieradzki
est abattu à bout portant en décembre 1941 au camp de Schirmeck.
Marcel Weinum est exécuté le 14 avril 1942 à la prison de
Stuttgart. Il obtient l’autorisation d’écrire une dernière
lettre à ses parents, en langue allemande.
Voici la traduction de cette dernière lettre de
Marcel Weinum à sa famille, datée du 13/04/1942, veille de son
exécution. En la lisant on ne peut qu’être saisi par l’émotion.
Elle témoigne d’une foi profonde en Dieu et du bien fondé de son
engagement pour le salut de sa patrie malheureuse, la France.
Stuttgart, le 13 avril 1942
Chers parents et Mariette,
A l’instant, j’ai eu la triste communication que je serai
exécuté demain matin à 6h. Chers parents, pour moi, cela n’est
pas un malheur, car alors commencera pour moi une nouvelle vie,
la vraie vie. Mais, malheureusement pour vous, c’est une bien
douloureuse nouvelle. En particulier pour toi, chère Maman, qui
m’as toujours tellement aimé, mais tu devras te faire à ce
pénible sort. Pense à la douloureuse mère de Dieu qui a
tellement aimé son très cher fils et l’a perdu aussi, devant
même assister à tout son calvaire. Chère Maman, elle va prier
pour toi auprès de Dieu, le miséricordieux. Il te consolera et
t’aidera à continuer à vivre car, chère Maman, tu n’as pas
encore le droit de mourir, tu as une famille, le cher père a
besoin de toi, ainsi que la petite Mariette.
Donc, chère Maman, continue à vivre en paix et reste en bonne
santé, nous nous reverrons un jour là-haut, au Paradis, auprès
de Dieu et de ses Saints. Car, pour moi, il ne peut y avoir de
doute que je n’aille au Ciel. Pour toi non plus. Je sais
que tu souffres davantage que
moi. Pour toi, le Christ aura préparé une couronne de laurier.
Je t’offre la mienne car c’est à toi que revient tout l’honneur.
Donc , chère Maman, ne désespère pas, reste en vie pour Papa et
Mariette. Tu pourras attendre aussi longtemps jusqu’à ce que
Dieu t’appelle auprès de moi.
Cher Papa, console ma mère, et reste toujours auprès d’elle. Tu
es un homme, cher Papa, plus facilement que Maman tu trouveras
le courage de me perdre sur cette terre. Pour cela, je te
demande de consoler ma mère. Dieu te récompensera un jour. Et
pense qu’un jour, nous serons à nouveau réunis, alors nous
vivrons justement. La terre, ici-bas, n’a été créée par Dieu que
pour éprouver les hommes. La vie réelle est au Ciel où règne le
bon Dieu, le Roi juste. Alors, nous ne serons plus jamais
séparés. Cher Papa, remercie tous les parents pour leurs
prières, elles seront utiles à mon âme.
Chers Parents, soyez donc consolés par ma dernière lettre que
vous recevrez lorsque je serai déjà auprès de Dieu. De mon côté,
je prierai pour vous afin qu’il vous aide à surmonter votre
peine. Saluez aussi de ma part, ma chère grand-mère, les membres
de notre famille, nos amis, ainsi que la Sœur, ma tante. La
chère grand-mère, je la verrai certainement bientôt au Ciel, je
lui réserverai une belle petite place. Je saluerai de votre part
mon cher frère et mon grand-père qui m’attendent certainement
là-haut.
Dans un moment, je vais recevoir le Christ par la sainte
Communion. Ainsi, tôt demain, je pourrai comparaître avec un
cœur pur devant Dieu.
Maintenant, très chers Parents, je voudrais encore vous demander
pardon pour toutes les peines que je vous ai causées, mais
pensez que c’est Dieu qui l’a voulu. Nous avons beaucoup prié
pour la rédemption sur la terre, Dieu m’a donné la rédemption
éternelle. Que sa volonté soit faite, et non la nôtre. A la
gloire de Dieu et pour le salut de notre âme. Vous m’avez élevé
pour lui apporter ce sacrifice. Supportez-le sans deuil.
Au revoir au Ciel. Vive Dieu le
Roi.
Marcel Weinum