Le Groupe Mobile Alsace-Vosges (GMA-Vosges)


L’histoire des Groupes Mobiles d’Alsace témoigne de la précocité de la résistance alsacienne.
En effet, l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne nazie, dès l’automne 1940, pousse de nombreux Alsaciens à fuir vers la Zone Libre pour échapper à la germanisation. D’autres, jugés trop francophiles, sont expulsés d’Alsace par trains entiers.
D’autres encore, tels l’industriel Paul DUNGLER de Thann tentent en restant sur place d’organiser des réseaux. Ce sera la «7ème colonne d’Alsace».


Très vite, DUNGLER alias Schneider alias Martial recherche tous les appuis possibles, à la fois à Londres via la Confrérie Notre-Dame (CND Castille) et surtout à Vichy, aussi bien auprès des services de renseignement de l’armée d’armistice et de l’Organisation de Résistance de l’Armée alors naissante (ORA) que du cabinet du Maréchal PETAIN. Durant toute son existence, la résistance alsacienne restera relativement autonome par rapport aux mouvements regroupés au sein du Conseil National de la Résistance (CNR).

Organisation de résistance de l'armée


Les objectifs poursuivis par ses équipes très cloisonnées sont à la fois le renseignement, l’organisation de filières d’évasion (dont celle du général GIRAUD) et la préparation d’une future lutte armée avec un idéal que l’Alsace participe elle-même à sa libération

Recherchée, devant fuir l’Alsace fin 1940 et réfugiée dans la région de Lyon, la résistance alsacienne va progressivement se structurer et rassembler plusieurs milliers d’alsaciens- lorrains dans différentes formations clandestines. A partir de 1942 le comité directeur de la résistance alsacienne dirige le «Réseau Martial» :

Dans le Sud-Ouest, le GMA-Sud, qui deviendra en 1944 au sein de la 1ère Armée la «Brigade Alsace-Lorraine » de MALRAUX, alias colonel BERGER.

André Malraux

En Suisse, en lien avec Julien DUNGLER (frère cadet de Paul) et Ernest GEORGES, ce sera le GMA-Suisse qui passera la frontière au moment opportun pour s’équiper et participer aux combats pour la libération du Haut-Rhin à Seppois.

En Alsace même, la densité de population semble interdire tout regroupement. Par contre, les montagnes boisées de la région du Donon offrent une protection naturelle.
Dès 1943, les bases du GMA-Vosges sont en place à Raon l’Etape autour du docteur René MEYER alias capitaine Marc, Roger GERARD alias Genet et Louis SCHMIEDER alias Petit Louis. A partir d’un noyau de réfractaires au STO, de déserteurs de la Wehrmacht et de clandestins, un petit maquis se forme en mars 1944 dans la Vallée de la Plaine. Sur le terrain, il est encadré par René RICATTE, (futur lieutenant Jean-Serge), et dirigé depuis Raon l’Etape par Marc. C’est l’embryon de la première centurie du GMA-Vosges.

Le 27 février 1944,
Paul DUNGLER est arrêté. C’est son adjoint et ami Marcel KIBLER

Paul DUNGLER Marcel KIBLER
(commandant Marceau) qui reprend le commandement effectif de la résistance Alsacienne.
Durant le printemps, l’organisation du GMA-Vosges continue, avec un armement uniquement constitué d’armes récupérées sur l’occupant complété par quelques stocks cachés lors de la débâcle de juin 1940. L’objectif n’est pas d’entrer en action contre les nazis trop tôt, ce qui pourrait entraîner des représailles et amoindrirait le potentiel avant le jour J. Au contraire, le comité directeur cherche à préparer le terrain, imagine d’occuper les cols pour faciliter l’entrée des Alliés en Alsace. En août 1944, les premiers parachutages sur Anatomie (Le Mont) apportent des armes légères modernes et l’appui du Jedburgh Team Jacob
Dans le cadre de l’opération «Loyton », des commandos du 2ème SAS sont parachutés et se préparent eux aussi à agir derrière les lignes allemandes.
Par contre, l’avance des troupes alliées bloque plusieurs semaines devant Lunéville par manque de ravitaillement et de carburant.
En liaison étroite avec la population locale et pressentant une libération imminente, le GMA-Vosges continue de se structurer. Son organisation militaire reste lourde, autour d’une hypothétique «levée en masse». Un projet surréaliste voit le jour: attaquer et libérer le camp de concentration du Struthof. L’Etat-major imagine ainsi des formations d’une centaine d’hommes dénommées centuries et subdivisées en vingtaines (sections) puis en groupes de
 

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