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LA RUEE SUR PARIS
Dès le 20 Août la 2ème D.B. débute son mouvement sur PARIS. Je me souviens que nous sommes passé près de CHARTRES et avons bivouaqué la nuit du 23 au 24 en pleine nature, entre Etampes et Arpajon. Dès l'aube les ordres plus précis arrivent : marcher sur PARIS par LONGJUMEAU, MASSY, LA CROIX DE BERNY, FRESNES, L' HAY LES ROSES, PORTE D'Italie, PLACE DE LA CONCORDE. Itinéraire sans grande signification pour des gens ne connaissant par la région parisienne et démunis de cartes routières.
24 Août 1944 Combat de FRESNES
Ce jour-là je suis avec ma section sous les ordres du capitaine DUPONT commandant la 11ème Compagnie du IIIème RMT.
Nous avions progressé au sud de la région parisienne dans le sillage d'éléments de reconnaissance du 1er R.M.S.M. sans trop nous soucier de l 'itinéraire présent. En fin de matinée nous sommes stoppés à l'approche de FRESNES en raison d'une sérieuse résistance autour de la prison, bien connue à l'époque pour sa sinistre réputation.
Les fantassins du capitaine DUPONT nous indiquent qu'un canon antichar de 88 bloque l'entrée de la prison et que de nombreux allemands sont embusqués derrière les murs de la clôture. Aucun char ennemi n'est signalé. D'autres éléments du 501 progressant sur un itinéraire parallèle sont stoppés par des antichars au carrefour de LA CROIX DE BERNY à quelques centaines de mètres à l'ouest de notre position.
En accord avec le capitaine DUPONT j'engage trois de mes chars dans une rue bordée d'arbre descendant vers la prison en longeant le mur d'enceinte. Nous n?avons aucune vue sur le 88 signal? parce qu'une petite construction en briques, située entre le mur et la rue, masque l'entrée de la prison.
A ce moment je vois le char LA MARNE du Lt.-HERRY, qui commande la 2ème section, descendre par une autre rue qui débouche sur le carrefour, en face de l'entrée de la prison. Il ignore la présence du 88 et va au suicide et moi, je n'ai pas de liaison radio avec lui ! Dès qu'il se trouve dans la ligne de mire du 88, il est touché de plein fouet par un obus antichar et prend feu, l'aide conducteur et le tireur sont tués. HERRY et son conducteur sont sérieusement brûlés. Une petite maison se trouvant à coté du char prend feu aussi.
Je fais immédiatement arrêter mes trois chars engagés dans la descente et je vais rejoindre à pied le capitaine DUPONT qui se trouve à côté du GRAND COURONNE du Sgt FOURNIER, char de tête, pour voir de plus près ce qui se passe. C'est alors que le char de FOURNIER, qui s'était avancé de quelques mètres, reçoit deux obus perforants sur l'avant droit qui creusent deux profonds sillons dans le blindage, avant de ricocher en provoquant une gerbe d'étincelles. Quelle chance pour le char conduit par Georges IMHOFF de MULHOUSE qui enclenche instantanément la marche arrière pour le mettre ?l?abri d?un autre tir de ce canon non signal?mais heureusement moins puissant que le 88 dont les obus auraient transpercé le char.
Voyant que l'avance est bloquée je retourne à mon char et je demande à mon tireur, CHAUVET, Francais du Mexique, de se tenir prêt, à mon signal, à tirer un obus perforant et un explosif au travers de la baraque en briques qui me cache la vue. Je rejoins le capitaine DUPONT pour le prévenir du tir que j'envisage. Après son accord, je fais signe de la main à CHAUVET d'exécuter son tir et miracle, les deux coups de canon mettent le feu au gros tracteur semi-chenillé du 88 entraînant une énorme explosion. C'était le stock de munitions qui saute, entraînant la mise hors d'état des canons et de leurs servants.
Au même moment le capitaine DUPONT s'effondre à côté de moi, tué net par un éclat d'un des obus qui a explose C'est vraiment le tir de CHAUVET qui a débloqué l'opération sur la prison de FRESNES, mais aussi l'idée de faire tirer à travers de la baraque !.
Quelques minutes après l'explosion je fais avancer le N.D. de LORETTE du Sgt FREUDIGER qui dépasse le GRAND COURONNE et s'engouffre dans l'enceinte de la prison en bousculant le 88 abandonné et va s'enliser dans un ruisseau affluent de la Bière. Le char sera abandonné et l'équipage passera quelques jours après sur le VIMY disponible après un séjour à l'atelier divisionnaire.
Pour ma section, l'opération FRESNES est terminée. Les fantassins de la 11ème Compagnie pénètrent dans la prison, capturent ou abattent les Allemands qui défendaient les bâtiments et libèrent les prisonniers parmi lesquels de nombreux résistants en attente d'être fusillés.
En fin d'après - midi je regroupe ma section au carrefour de la sortie est de FRESNES, sur la route de PARIS où j'ai laissé en surveillance le DIXMUDE et l'YSER qui avait reçu quelques éclats dans ses radiateurs, suite à des tirs de mortier sur ce carrefour.
En fin de journée le capitaine DRONNE, que je connais bien, agissant sur ordre personnel du général LECLERC, cherche une section complète de 5 chars SHERMAN pour foncer immédiatement sur PARIS avec sa 9ème Compagnie. Il me sollicite pour cette mission. Hélas, il ne me reste plus que 3 chars en état de marche, ce qu'il juge insuffisant et il continue ses recherches. En fin de compte il doit se rabattre sur une section de la 2?e compagnie, de 3 chars aussi ! Son d?achement sera l?avant garde de la 2?e D.B. qui arrivera le 24 dans la nuit à l'Hôtel de Ville de PARIS. Manque de chance pour ma section qui n'a pas eu l'honneur d'entrer au coeur de PARIS la veille de la Libération.
Récit de Monsieur CHRISTEN-MARCEL "l'Aspirant Christen-Marcel"
Tous mes
remerciements
Au capitaine Christen -Marcel , pour le pr? et l?exploitation de ses m?oires
et documents extraits de sa collections personnelles.