Panzerkampfwagen VI Tiger
Caractéristiques de service
Type
Char d'assaut lourd
Service
1942 - 1945
Utilisateurs
Drapeau : Troisième Reich Reich allemand
Conflits
Seconde Guerre mondiale
Production
Concepteur
Caisse : Henschel
Tourelle : Krupp
Année de conception
1937
Constructeur
Henschel (assemblage final)
Production
avril 1942 à août 1944
Unités produites
1350
Variantes
Bergetiger (char de dépannage),
Sturmtiger (lance roquette automoteur),
Panzerbefehlswagen Tiger (char de commandement)
Caractéristiques générales
Équipage
5 (Chef de char, conducteur, tireur, pourvoyeur, radio-mécanicien)
Longueur
8,24 m
Largeur
3,73 m
Hauteur
2,88 m
Masse au combat
56,9 tonnes
Blindage et armement
Blindage
25 à 110 mm
Armement principal
1 Canon de 88 mm Kwk 36 L/56 (92 obus)
Armement secondaire
2 à 3 mitrailleuses MG 34 de 7,92 mm, 5 700 cartouches
Lanceur de grenades/mines/fumigènes ou mortier
Mobilité
Moteur
Maybach HL 230 P45 V-12 à refroidissement liquide
Puissance
700 ch (514,8 kW) à 3 000 tr/min
Suspension
Galets imbriqués axés sur barre de torsion
Vitesse sur route
38 km/h
Vitesse tout terrain
20 km/h
Puissance massique
11,4 ch/tonne
Autonomie
170 à 200 km
Autonomie tout terrain
60 à 120km
Le Tiger I (Tigre), diminutif de Panzerkampfwagen VI Tiger Ausführung E -
Sonderkraftfahrzeug 181, char d'assaut lourd allemand en service de 1942 à 1945,
est l'un des chars les plus connus de la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il
n'ait été que peu produit par rapport au T-34 soviétique ou au Sherman
américain.
Ce sont ses dimensions, ses lignes très carrées, sa résistance au combat, sa
puissance ainsi que les équipages expérimentés l'ayant mené au feu qui ont
marqué les esprits, notamment du fait de la propagande allemande.
Son développement a commencé en 1937 et, quand il apparaît pour la première fois
sur le front, le 29 août 1942, près de Léningrad, le Tigre I est le char
techniquement le plus avancé, le mieux protégé et le plus puissant aligné par
l'Axe, affichant une mobilité limitée mais exceptionnelle pour un engin qui fait
plus de deux fois le poids de ses prédécesseurs et de la majorité de ses
adversaires chenillés. Mais le char lourd, outre sa production faible, a pâti
tout au long de sa carrière de sa mécanique très fragile réduisant
considérablement sa disponibilité au feu, et qui, avec sa faible autonomie et
son poids excessif, compliquait sa mise en œuvre opérationnelle.
Construit à seulement 1 350 exemplaires, il n'a été que rarement endivisionné
mais plutôt engagé dans des unités indépendantes.
De 1937 à 1941, divers projets de chars lourds ont été menés par les firmes
Henschel et Porsche, à partir de 1940 la Wehrmacht cherchant un char mieux
protégé que le Panzerkampfwagen IV, notamment sur le projet VK36.01 (Vollkettenkraftfahrzeug
36.01, véhicule motorisé tout chenillé de 36 tonnes n°1), dont Albert Speer
testera le prototype Henschel lui-même. Ce n'est qu'en mai 1941 que Hitler
demanda à ces firmes de concevoir un char lourd pour l'été 1942. Nom de code :
Tigerprogramm.
Le nouveau char devait peser 45 tonnes (VK45.01) et être armé d'un dérivé du
fameux 8,8 cm Flak qui a fait preuve de sa redoutable capacité antichar non
seulement en Afrique du Nord mais aussi dans les campagnes précédentes. Il est
également spécifié que le char doit être capable d'encaisser de face les coups
d'une pièce aux capacités semblables à plus de 1 500 m et doit donc posséder un
blindage d'environ 100 mm d'acier. Le char doit également pouvoir se déplacer à
40 km/h.
Les deux firmes construisirent chacune un prototype de caisse. Les 19 et 20
avril 1942, les deux prototypes sont confrontés, notamment devant Hitler. Le
prototype Porsche, ambitieux sur le plan technique, s'avère plus rapide, mais
moins mobile que le Henschel, lequel se montre aussi plus fiable lors de tests
ultérieurs et remporte alors le contrat. La tourelle qui doit accueillir le 8,8
cm Kwk36 est quant à elle conçue par Krupp. Néanmoins, l'engin proposé par
Henschel, une fois la tourelle ajoutée, pèse une dizaine de tonnes de plus que
les 45 tonnes voulues, et les 650 ch développés à plein régime par le Maybach HL
210 P 45 qui l'équipe s'avèrent quelque peu insuffisants.
Le nouveau char lourd reçut le nom officiel de Pzkpfw. VI Tiger Ausf. H -
Sd.Kfz.181, puis le 27 février 1944, sur ordre de Hitler, le char prend son nom
officiel définitif de Panzerkampfwagen VI Tiger Ausführung E -
Sonderkraftfahrzeug 181 (char de combat VI Tigre modèle E - Véhicule motorisé
spécial N°181).
Le prix sans équipements (armement, optique, radio) est fixé à 250 800
Reichsmarks (contre environ 115 000 pour un Panzer IV à canon long) et tout
équipé de 300 000 Reichmarks. Toutefois ce prix est indicatif, le coût du char
pour l'économie allemande augmentant avec la raréfaction des matériaux
stratégiques ainsi que de la main d'œuvre de qualité, ce qui était aussi valable
pour les autres chars allemands en fonction de leur consommation en matériaux
stratégiques et de temps de travail qualifié. Il n'est pas non plus évident, que
pour un Tiger produit on aurait pu produire deux ou trois Panzer IV.
Il n'en reste pas moins que le Tiger fut coûteux pour l'économie allemande,
nécessitant un nombre élevé d'heures de travail d'une main d’œuvre de qualité.
Le char est en effet d'une grande finition, caractéristique de l'industrie
allemande au moment de son développement, qui ne cherchait pas à optimiser la
production mais plutôt la qualité.
Chaîne de fabrication des Tigre I.
Tout au long de sa carrière, il subit diverses modifications, par exemple
certaines pièces standardisées avec le Panther et le Königstiger (Tigre Royal),
cela dans le but de simplifier (et augmenter) la production, ce qui est
d'ailleurs la motivation principale de la suppression de certains dispositifs :
les pré-filtreurs d'air Feifel et le système d'immersion du char disparaissent
en 1943. Les lance-grenades / fumigènes / mines disparaissent également la même
année. Le train de roulement est modifié en 1944. Le moteur est changé pour un
plus puissant. Pour permettre l'emport d'une MG-34 de défense anti-aérienne et
rapprochée, un rail est installé sur le tourelleau, lequel subit également
diverses modifications, etc.
Mais aucune de ces évolutions ne change la silhouette si typique du Tiger I.
Production
L'assemblage final s'effectue à l'usine Henschel de Kassel-Mittelfeld mais les
pièces sont fabriquées dans diverses usines, dont voici les fournisseurs les
plus importants :
Caisse : Krupp (à Essen), Dortmund-Hörder Hüttenverein (à Dortmund) et Skoda (à
Königgrätz)
Tourelle : Wegmann (à Cassel)
Moteur : Maybach (à Friedrichshafen) et sous licence par Auto-Union (à Chemnitz)
Transmission : Maybach
Électronique : Bosch (près de Stuttgart)
Canon : Buckau-Wolf (à Magdebourg) et Dortmund-Hörder Hüttenverein
La numérotation des châssis des Tiger débute au numéro 250001. La production est
arrêtée au cours de l'été 1944 pour laisser entièrement place à celle de son
successeur, le Tiger II, laquelle a déjà commencé depuis plusieurs mois. Avec 1
350 exemplaires en deux ans, la production du Tiger I est très inférieure à
celle de ses adversaires le Sherman et le T-34 (de l'ordre de 50 000 chacun), la
comparaison est toutefois peu pertinente puisqu'il s'agit là des équivalents au
point de vue utilisation des Panzer IV et Panther allemands, le Tiger
correspondant plus dans une certaine mesure à l'IS-2 soviétique, produit à 3 500
unités.
De plus, c'est également comparer implicitement la capacité de l'industrie
allemande à celle américaine, ou soviétique, qui sont à priori différentes, et
alors que la capacité de la première était entravée par des difficultés
d'approvisionnement de certaines matières premières stratégiques et les
bombardements alliés. Les Allemands ayant par ailleurs produit en masse de
nombreux chars différents : Panzer III, IV, Panther, Tiger I, StuG III et IV,
Hetzer, etc., alors que la production des Américains et des Soviétiques était
moins ventilée.
Description extérieure
La conception du char s'est faite avant la confrontation des panzers avec le
T-34, aux lignes radicalement inclinés. La protection du char ne bénéficie donc
pas de cette réelle avancée. Le Tigre adopte ainsi des plaques de blindage
verticales, à l'instar du Panzer IV, lequel sera de fait souvent confondu dans
la bataille avec le Tiger par ses adversaires. Aussi, vu de face, le Tiger
possède une superstructure avec une fente de vision en verre blindé pour le
pilote à droite et une mitrailleuse sur la gauche.
De plus, la pièce principale, le 8,8 cm KwK36 est munie d'un frein de bouche à
double déflecteur pour limiter le recul de la pièce, tout comme le canon des
Panzer IV Ausf. G, H et J.
En revanche, au vu de ses dimensions, la différence est nette, c'est le Panzer
le plus massif aligné sur le champ de bataille par le IIIe Reich jusqu'alors :
Hauteur : 2,88 m
Longueur totale : 8,24 m
Largeur totale : 3,73 m (sans garde boue : 3,15 m)
Longueur de la caisse : 6,30 m
Garde au sol : 0,47 m
De telles dimensions rendent le Tiger plus facilement repérable - et d'autant
plus facile à acquérir et toucher comme cible - que d'autres chars sur le champ
de bataille, notamment par les chasseurs bombardiers. Autre inconvénient, sa
taille conséquente est en partie responsable de sa masse. En revanche le volume
intérieur disponible pour l'équipage contribue à son confort, donnée importante
pour la fraîcheur des hommes au combat lorsqu'ils passent plusieurs heures dans
l'habitacle, cet espace permettant aussi une bonne dotation en obus (92). Sa
hauteur donne aussi une meilleure vue sur le champ de bataille ainsi qu'un
meilleur angle de tir.
Sa garde au sol est importante et constitue un atout pour franchir les terrains
très meubles.
les opérations d'entretien ou de réparation sur le train de roulement ou la
suspension, dont quelques éléments sont visibles sur cette photo d'un Tiger de
la schwere Panzer-Abteilung 508 en Italie, sont fastidieuses.
La vue du train de roulement aide à le différencier facilement du Panzer IV. Non
seulement ses chenilles sont beaucoup plus larges mais il est le premier char
dont la suspension est à galets imbriqués axés sur barres de torsion, ses galets
occupant toute la hauteur entre les patins au sol et ceux au-dessus. Le
caractère imbriqué vient du fait qu'il existe des galets internes, qui sont
décalés par rapport aux galets externes. Initialement les 48 galets (24 de
chaque côté) du char sont des jantes en acier, cerclées d'une bande de
caoutchouc. C'est à cette suspension que le Tigre doit son exceptionnelle
maniabilité pour un char de cette masse, le poids étant en effet mieux réparti
grâce à ce système. Cependant, à cause de l'accumulation de la boue ou encore de
la neige se transformant en glace, les galets pouvaient se bloquer, nécessitant
un entretien fastidieux, l'accès aux galets internes étant gourmand en temps de
travail puisque des galets externes devaient être retirés pour y accéder. Les
mêmes problèmes se présentaient lorsqu'il fallait réparer des détériorations
provoquées par les combats sur le train de roulement.
Au 822e exemplaire apparaissent de nouveaux galets, dits métalliques, au nombre
de 16 par train de roulement; ils sont plus faciles à entretenir et s'usent
moins rapidement. En effet, même si ces galets présentent encore une bande de
caoutchouc, elle est comprise entre le disque de métal et un cerclage
métallique. Outre moins d'entretien, cela permet de réaliser des économies en
caoutchouc, matière première dont l'Allemagne manque. La réduction du nombre de
galets facilite également cet entretien.
Pour permettre le transport par rail d'un engin aussi large, un deuxième jeu de
chenilles est mis à disposition, mesurant 52 cm de largeur, les galets externes
devant également être démontés (4 de chaque côté, liés aux barres de torsion)
ainsi que les gardes-boue. Les barges de transport qui amenèrent les Tiger en
Afrique ne pouvaient également les embarquer qu'avec ces modifications. Les
chenilles de combat, quant à elles, mesurent 72,5 cm de largeur, composées de 96
patins. Sous celles-ci, le char exerce une pression de 1,005 kg/cm², ce qui
l'avantage sur les sols meubles par rapport aux premiers Sherman (1,2 kg/cm²) au
contraire du T-34/85 et du Panzer IV Ausf.H (tous deux 0,8 kg/cm²).
Comme sur tous les chars allemands de l'époque, le barbotin d'entraînement se
trouve à l'avant, la roue tendeuse, permettant de régler la tension de la
chenille, est à l'arrière.
Son train de roulement lui permet de franchir des tranchées de 1,8 m et des
coupures verticales de presque 0,8 m. Le char est également capable de se
mouvoir sur des pentes à 35 °.
Le bloc moteur est à l'arrière, initialement des tuyaux formant un V
surmontaient la plage arrière. Ceux-ci puisaient d'abord l'air au centre de la
plage arrière, un tuyau partant vers la gauche et un autre vers la droite
amenaient l'air aux préfiltreurs d'air Feifel situés à l'arrière de la caisse,
ils étaient de forme cylindrique surmontant deux entonnoirs, et l'air était
ensuite ramené au centre de la caisse pour y être filtré. Utiles pour des
conditions difficiles (air chargé de sable), ils ne sont plus installés quelques
mois après la reddition de l'Afrikakorps pour simplifier la production puisque
leur utilité devenait moindre. Entre les deux préfiltreurs se trouvaient deux
grands cylindres. Ils servaient à étouffer les flammes à la sortie du pot
d'échappement du char, évitant les retours de flamme et rendant le char plus
discret de nuit.
La plage arrière comporte une plaque centrale basculante et démontable pour
accéder au bloc moteur. De chaque côté se trouvent différentes prises d'air pour
le refroidissement et l'apport de comburant (après que les filtres Feifel ont
disparu).
Le réglage des poulies de tension (pour les chenilles) se fait à l'arrière du
char. Toujours à l'arrière du char, à l'aide d'une manivelle, le démarrage
manuel du moteur (starter par inertie Bosch) est possible.
La forme de la tourelle, très caractéristique, est en fer à cheval vue de
dessus, le côté arrondi à l'opposé du canon. Le chef de char dispose d'un
tourelleau, lequel se trouve sur l'arrière droit (tourelle vue de face). Deux
types de tourelleau ont été produits. Le premier, de forme cylindrique d'une
hauteur d'environ 20 cm, est percé de fentes de vision en verre, sa trappe
s'ouvre en basculant vers l'extérieur, ce qui a l'inconvénient de rabattre les
éclats d'obus. Il évolue ensuite vers une version plus aplatie et moins haute,
présentant notamment moins de risque d'être arraché par un obus ou une bombe,
équipée de six épiscopes qui offrent une meilleure vision du champ de bataille
mais qui laissent toujours un champ de vision nul pour l'environnement immédiat
du char sur sa droite. Sa trappe s'ouvre désormais en pivotant horizontalement.
Le nouveau tourelleau se voit surmonté d'un rail circulaire pour accueillir une
mitrailleuse MG-34 vouée à la défense rapprochée et antiaérienne. Une trappe
d'accès, pour le chargeur, est présente sur la gauche. Le chargeur se voit
installer un épiscope fixe qui lui permet une vision vers l'avant. Un extracteur
de fumée se trouve sur les premiers exemplaires à l'arrière du toit de tourelle,
puis par la suite avancé vers le centre. La tourelle porte une Rommel Kasten,
généralement à l'arrière. Elle est également percée d'une fente de vision sur
l'avant de chacun de ses flancs, et des lanceurs de mines, fumigènes et
grenades, initialement présents au-dessus de ces fentes de vision, sont d'abord
supprimés, puis remplacés par un lance-bombe depuis le toit de tourelle.
Le pilote et le radio disposent chacun d'une écoutille dans le toit de caisse
pour accéder au char ou l'évacuer. Ces deux écoutilles font partie d'une grande
plaque rectangulaire démontable afin d'effectuer des opérations de changement
sur la transmission.
Un dispositif d'immersion est présent sur les 95 premiers exemplaires. Celui-ci,
utile pour un char auquel son poids interdit nombre de ponts, permet au Tiger de
franchir des cours d'eau de 4 mètres de profondeur. Notamment un Schnorkel
télescopique se déploie à l'arrière du char pour l'approvisionner en air. Le
dispositif est supprimé dès le début de l'année 1943 pour simplifier la
production, les chars pouvant encore s'enfoncer dans 1,2 mètre d'eau.
Agencement intérieur.
À l'instar des Panzer III et IV, l'engin accueille un équipage de cinq hommes,
trois en tourelle et deux en caisse : un conducteur, un radio, un tireur, un
chargeur et un chef de char ; une telle composition des équipages de chars ayant
fait ses preuves aux dépens des Français, Britanniques et Soviétiques.
De même, le char est divisé en trois parties générales : bloc moteur, bloc de
combat et bloc avant (conduite et radio).
Tourelle - Compartiment de combat.
Le chef de char se trouve à l'arrière gauche de la tourelle, le tireur pointeur
est devant lui, le chargeur se trouvant sur la gauche de sa pièce. La tourelle
repose sur une piste circulaire de 1,79 m de diamètre, la jonction est au départ
rendue étanche par un joint en caoutchouc qui est par la suite supprimé au cours
de l'année 1943. La rotation de la tourelle s'effectue à l'aide d'une pédale
basculante actionnée par le pied du tireur. Un couplage hydraulique en prise sur
l'arbre de transmission assure alors la rotation dans le sens voulu. Ceci
nécessite donc d'avoir le moteur en marche mais un système manuel existe, de
secours ou simplement pour une question de discrétion. Le tireur utilise alors
un ou deux volants, sachant qu'il faut 360 tours pour pivoter la tourelle de 180
°, le chef de char possédant également un volant qui lui permet, en 297 tours et
demi, d'effectuer la même opération. De chaque côté du char se trouvent deux
caissons de 16 (4 x 4) obus de 8,8 cm dans le surplomb au-dessus des chenilles,
le reste est stocké au niveau du plancher, notamment deux caissons verticaux de
4 (4*1) obus de chaque côté de celui ci, les 12 obus restants étant répartis
dans 2 caissons. L'armement et ses optiques, présents en tourelle.
Compartiment moteur.
Il occupe entièrement l'arrière du char. Le moteur, d'abord un Maybach HL 210 P
45 (un V12 de 650CV), est, à partir du 251e engin produit, un Maybach HL 230 P
45, un V12 de 23,8 litres, très performant, sa puissance atteint 700 ch à 3 000
tr/min, 600 ch à 2 500 tr/min, le couple maximal étant de 1850 N.m à 2 100
tr/min. Une pompe assure son refroidissement par eau. La carburation est
effectuée par 4 carburateurs Solex à double corps inversés 52 JFF II D, lesquels
prélèvent de l'essence stockée dans 4 réservoirs totalisant une capacité de 534
litres. Dans les premiers exemplaires du char le comburant est puisé sur la
plage arrière derrière la tourelle, et est pré filtré à l'extérieur du char
grâce au système Feifel, puis renvoyé vers l'intérieur du compartiment moteur où
il est de nouveau filtré au centre de celui-ci. Le pré filtrage est par la suite
supprimé pour simplifier la production.
Placé à l'arrière centre du char, le moteur (HL230) occupe plus de 1,5 mètre
cube d'espace et pèse 1 200 kg.
Il est démarré grâce à un moteur électrique de 24 V, l'énergie électrique étant
stockée dans deux batteries de 12 V et de 150 Ah. Une dynamo de 1 000 W permet
de les recharger. Le moteur peut également être démarré via une manivelle depuis
l'arrière du char grâce à un starter à inertie Bosch.
La vitesse maximale du Tiger I est de 38 km/h sur route, ce qui est comparable
aux autres chars allemands en service à ses débuts, ainsi qu'au Sherman, mais
inférieure aux 55 km/h du T-34 et du futur Panther Ausf. D.
Compartiment avant.
Vu de face, le pilote se trouve à droite et le radio-mitrailleur à gauche. Tous
deux disposent d'une trappe d'évacuation spécifique. Ils sont séparés par
l'imposante boîte de vitesses dont la présence à l'avant est due à celle des
barbotins d'entrainement. De manière générale cette disposition d'entrainement
est consommatrice d'espace intérieur puisque toute la transmission traverse le
char, du compartiment moteur vers l'avant en passant par le compartiment de
combat, où l'énergie est prélevée sur l'arbre pour assurer la rotation de la
tourelle. La boîte de vitesses, une Maybach Olvar, est hydraulique,
semi-automatique et de présélection. Elle possède huit rapports avant et quatre
arrière. Elle est décrite à l'usage comme performante mais nécessite toutefois
d'être mise entre des mains expérimentés du fait de sa fragilité, notamment du
mécanisme de présélection. Autre signe de la technicité du char, le pilote
dirige le char grâce à un volant, au lieu de manettes comme c'est habituellement
le cas sur les véhicules entièrement chenillés. Pour sa visibilité, le pilote
dispose d'une fente de vision en verre blindé. La radio se trouve à droite de
son servant. Étant assez peu sollicité, il sert également une mitrailleuse MG-34
qui couvre l'avant du char grâce à la rotule dans laquelle elle est installée.
Le radio la dirige grâce à sa tête, l'optique étant adossée au canon de la
mitrailleuse, tandis qu'il actionne le tir et approvisionne l'arme grâce à ses
mains.
L'armement.
Le Tiger est principalement armé du 8,8 cm KwK36, de 56 calibres, dérivé des
fameux 8,8 cm Flak. Les excellentes qualités de cette pièce, couplées à la
mobilité et une forte protection, sont à l'origine de la réputation du char. En
effet, outre sa puissance de feu, évoquée plus bas, la trajectoire de ses obus
est très tendue et d'une très grande précision. Par rapport au 8,8 cm Flak, la
culasse de la pièce a dû être modifiée pour minimiser sa taille. Un frein de
bouche à double déflecteur permettant de limiter le recul de l'arme a dû être
ajouté. Le dispositif de récupération de l'énergie du tir a aussi été modifié.
Un contrepoids à droite de la culasse sert à stabiliser la volée. À percussion
sur la pièce de DCA, la mise à feu est électrique sur le canon embarqué.
L'armement est servi par un binoculaire (stéréoscopique), le TZF 9b (Turmzielfernröhr)
à sa gauche, de grossissement 2,5 offre un champ de vision horizontal sur 23°.
Cette optique est graduée sur sa droite de 200 m en 200 m, et sous graduée de
100 m en 100 m, et ce de 0 à 4 000 m. Même graduation sur sa gauche, mais avec
une échelle plus large et de 0 à 1 200 m, pour la MG-34 coaxiale.
Cette optique est, en avril 1944, remplacée par le monoculaire TZF 9c.
Le tireur pointeur vise à l'aide cette lunette stéréoscopique, pour cela le
pointage vertical (minimum -6,5° / maximum 17°) se fait grâce à un volant, et le
pointage horizontal grâce à une pédale pour actionner la rotation dans un sens
ou un autre, ce qui peut aussi être effectué manuellement grâce à un volant. Une
révolution complète de la tourelle est effectuée en une minute.
Les équipages disposent de trois types de munitions munition antichar :
La Panzergranate 39, une APCBC, est la principale à disposition des équipages.
Poids : 10,2 kg
Vitesse initiale : 800 m/s
La Panzergranate 40, une APCR, bien que plus performante à courte portée, est
peu disponible puisque son noyau est en tungstène, un métal stratégique dont
l'Allemagne manque. Poids : 7,3 kg
Vitesse initiale : 930 m/s
La troisième munition antichar en dotation est la Granate 39 HL, une HEAT,
perçant 90 mm de blindage. Peu précise aux grandes distances où elle est plus
pénétrante que les deux précédentes, son intérêt réside dans sa polyvalence,
elle peut en effet être aussi utilisée contre des cibles plus légères grâce à
son pouvoir brisant. Poids : 7,5 kg
Vitesse initiale : 600 m/s
Voici l'épaisseur des blindages inclinés à 30° percés à différentes distances
par les Panzergranaten 39 et 40.
Distance
Distance Panzergranate 39 Panzergranate 40
100 m 120 mm 171 mm
500 m 110 mm 156 mm
1 000 m 100 mm 138 mm
1 500 m 91 mm 123 mm
2 000 m 84 mm 110 mm
À moins de 1 000 mètres, les chances de toucher un char immobile (ou en
mouvement dans l'axe de la pièce) avec une Panzergranate 39 sont proches des 100
%. À 3 000 mètres, cette probabilité descend sous les 50 % lorsque les
conditions sont optimales. Toutefois en combat ces chances sont bien
inférieures, sous les 20 %. La précision de la Panzergranate 40, similaire aux
distances inférieures à 1 000 mètres, se détériore plus rapidement à celles
élevées. La trajectoire tendue des obus permet en général au tireur d'avoir une
marge correcte d'erreur sur l'évaluation de la distance de la cible à engager.
Enfin, les Schwere Sprenggranate Patronen L/4.5, sont des obus de type explosif
(0,87 kg de TNT ou d'Amatol) ou incendiaire et shrapnel, pour engager les cibles
peu ou pas blindés.
La dotation réglementaire est de 92 obus, et la répartition conseillée entre
obus explosifs et antichars est de moitié-moitié.
Le Tigre pouvait détruire un T-34/85 sur le front de sa tourelle à plus de 1 400
m (compter plus de 2 000 m pour un T-34 modèle 1943), à 1 800 m pour le Sherman.
En les touchant sur le front de la superstructure, c'est à partir de 3 500 m
qu'un Sherman peut être détruit, à 2 200 m le T-34/85 (compter plus de 3 000 m
pour le modèle 1943 du T-34), les chiffres étant similaires ou supérieurs sur
les flancs ou l'arrière de la tourelle et de la caisse.
Son armement secondaire est constitué par deux mitrailleuses Maschinengewehr 34,
l'une de caisse est actionnée par l'opérateur radio, l'autre est coaxiale au
canon. Une troisième à vocation anti-aérienne et de protection rapprochée sera
installée sur le tourelleau du chef de char au cours de la production.
Les premiers chars sont également équipés de pots lances-fumigènes/grenades/mines
sur les avants latéraux de la tourelle, actionnés depuis l'intérieur de la
tourelle. S'enflammant facilement en cas de simples impacts de balles ou
d'éclats, certains équipages préfèrent les démonter. Ce dispositif, courant
après guerre, est donc abandonné au cours de la production pour la simplifier.
Pour pallier alors au manque de protection rapprochée, un lance bombe est
installé sur le toit de la tourelle quelques mois plus tard, également actionnée
depuis l'intérieur du char.
Le blindage
Les parois du Tiger étant verticales, un obus antichar en tir tendu sur le char
n'avait donc que très peu de chances de ricocher. Toujours dans le cas d'un tir
tendu, l'épaisseur à traverser pour l'obus était donc égale à l'épaisseur du
blindage. Lorsque les conditions le permettaient, certains équipages utilisèrent
les accidents du terrain pour incliner leur engin et ainsi son blindage.
Le blindage du toit est relativement peu épais, puisqu'au moment de sa
conception la Luftwaffe domine encore largement le ciel sous lequel avancent les
Panzer-Divisionen.
Son blindage épais (100 mm à l'avant et jusqu'à 110 mm sur le mantelet), quoique
non incliné, ne le rendait à sa sortie vulnérable aux tirs d'antichars puissants
qu'à de courtes portées. Il fallut attendre le D-5T 85 mm soviétique du T-34/85,
du KV-85 et du SU-85, et le canon de 76,2 mm britannique pour augmenter la
distance de tir nécessaire à sa destruction. La pièce britannique QF 17 pounder
équipant l'Archer par exemple pouvait espérer le détruire jusqu'à 1 700 m en
tirant sur les côtés ou l'arrière, cette excellente pièce sera également montée
sur le M10 Achilles (M10 Wolverine transformée par les Anglais) et le Sherman
Firefly. Au cours de l'année 1944, les Soviétiques peuvent compter sur un
arsenal puissant pour venir à bout de son blindage : T34/85, SU-85, KV85,
SU-100, IS-1 et IS-2, ce dernier avait lui été équipé du canon D25-T de 122 mm
justement pour contrer les Tigres, ce qu'il pouvait faire de face jusqu'à 1 200
m. À la fin de la guerre apparaissent les chasseurs de chars M36 Slugger côté
américain, équipé d'une pièce de 90 mm possédant des capacités antichars
comparables à celles des 88 mm Flak, et donc de faire meilleure figure face aux
Tigres que les M10 Wolverine, ce canon apparaîtra peu de temps après sur les
M26-Pershing.
Plaque
Épaisseur
Inclinaison
Mantelet du canon 110 mm 0°
Front de la tourelle 100 mm 8°
Flancs de la tourelle 80 mm 0°
Arrière de la tourelle 80 mm 0°
Toit de la tourelle 25 mm 81°
Haut du front de caisse 100 mm 10°
Bas du front de caisse 100 mm 24°
Haut des flancs de caisse 80 mm 0°
Bas des flancs de caisse 60 mm 8°
Arrière de la caisse 82 mm 8°
Toit de caisse 26 mm 90°
Plancher de caisse 25 mm 90°
Utilisation théorique, utilisation pratique
Au cours de la bataille de France, puis sur le front de l'Est, les Panzer III et
IV censés former l'ossature des Panzer-Divisionen avaient montré leurs
faiblesses face aux lignes de défense comprenant des armes antichars, le Tigre
devait donc y remédier grâce à son blindage avant suffisamment épais pour
résister aux tirs d'obus perforants à bout portant et bousculer les défenses
ennemies.
Initialement, chaque Panzer-Division devait donc posséder une schwere
Panzer-Abteilung à laquelle étaient incorporés les Tigres. Ce bataillon devait
donc redonner une force de rupture aux Panzer-Divisionen, alors que les autres
bataillons, constitués de chars plus légers et plus manœuvriers, devaient tenir
un rôle d'exploitation, aspects sur lesquels le Tigre pèche par sa vitesse et
par son poids qui lui confèrent une consommation élevée, gênante d'un point de
vue logistique.
Plus encore, la pratique montre que sa fragilité mécanique le rend peu approprié
à parcourir de grandes distances sans problèmes, donc des difficultés pour
opérer dans le cadre de la Blitzkrieg. Sa complexité en fait de plus un engin
nécessitant beaucoup d'entretien, ce qui avec ses casses mécaniques soulève
autant de difficultés logistiques.
Les schwere Panzer-Abteilungen ne sont finalement pas endivisionnées. En effet,
la production de chars Tigres est trop faible pour en créer suffisamment au vu
du nombre de Panzer-Divisionen. Les bataillons restent donc sous le contrôle
d'un commandement à un plus haut échelon stratégique, et sont placés aux points
névralgiques du front pour profiter au mieux des capacités de combat
exceptionnelles qu'elles montrent peu à peu, ce à l'est comme à l'ouest.
Quelques divisions reçoivent cependant des Tigres : la SS Leibstandarte Adolf
Hitler, la SS Das Reich et la SS Totenkopf disposent en 1943 d'une Kompanie de
Tigre chacune ; elles serviront de base à la formation des schwere SS
Panzer-Abteilungen (101, 102 et 103) en 1944. Du côté de la Heer, par exemple la
Grossdeutschland dispose également d'une Kompanie de Tigres en 1943 et la Panzer
Lehr de quelques chars lors de son engagement en Normandie.
Si les Tigres arrivent sur le front dès septembre 1942, c'est lors de la
bataille de Koursk qu'on voit le Tigre apparaître en nombre conséquent. Plus de
150 y ont été engagés au nord et au sud. Mais ce nombre était encore trop faible
et, plutôt que de former un Schwerpunkt (point blindé / concentration), ils ont
été disséminés le long du front de l'offensive, ce qui, au vu des conditions
dans lesquelles elle s'est déroulée, n'a pas pu révéler de capacité offensive au
Tigre.
Par la suite, le temps des offensives allemandes étant révolu, les schwere
Panzer-Abteilungen s'avèrent être de précieux atouts en défense. Mais nombre de
chars immobilisés et réparables sont perdus faute de maintenance avec le
terrain, de même ceux en bon état sont abandonnés au cours d'une retraite faute
de moyens de franchissement ou simplement d'essence.
Au combat
Les premiers Tigres sont envoyés sur ordre de Hitler sur le front de Léningrad
au sein de la schwere Panzer Abteilung 502 ; leurs débuts voient les immenses
espoirs portés en eux momentanément déçus. Manque de préparation des équipages
et des chars et utilisation sur un terrain peu favorable expliquent cette
première déconvenue.
Durant la bataille de Normandie, un bataillon de 45 Tigres fut entièrement
perdu, les chars étant détruits ou abandonnés par les équipages à la suite
notamment des attaques aériennes des Alliés, des pannes d'essence et des
problèmes mécaniques. L'une des figures légendaires reste le SS-Hauptsturmführer
(Capitaine) Michael Wittmann qui, en deux ans, avait détruit pas moins de 138
chars et canons d'assaut alliés, dont 117 avant d'arriver en Normandie1.
Beaucoup moins connu, Kurt Knispel aurait eu 168 victoires.[réf. nécessaire].
Cependant ces chiffres, issus de la propagande de l'appareil nazi, sont à
prendre avec beaucoup de recul. La propagande russe ou allemande de l'époque
ayant pris l'habitude de créer de tels modèles héroïques. Ceux-ci ont ensuite
été réutilisés, dans l'après guerre, à des fins de propagande anti-soviétique et
ne sont ni vérifiés ni vérifiables.