L'opération Barbarossa
URSS
Les forces en présence
Afin d'agrandir son « espace vital », Hitler voulait conquérir la Russie jusqu'à
l'Oural et à la mer caspienne avant l'hiver 1941-1942. L'homme chargé du plan
Barbarossa était le maréchal von Brauchitsch (commandant en chef de la
Wehrmacht). Du côté soviétique, on retrouvait le maréchal Timochenko en tant que
chef du comité d'État à la Défense (GKO). En juillet, Staline le nomma président
de la Stavka (Grand Quartier Général).
L'ordre de Hitler demandant de préparer l'invasion de l'URSS vint dès décembre
1940. Celui-ci pouvait compter sur l'appui de la Finlande, de la Hongrie et de
la Roumanie. Cette invasion avait pour but de priver les Alliés d'un possible
allié, mais surtout de s'emparer des immenses ressources pétrolières et
minérales de l'URSS. L'opération Barbarossa, qui devait être déclenchée en mai
1941, fut repoussée à la mi-juin en raison des invasions de la Yougoslavie et de
la Grèce.
Les Allemands envoyèrent sur le front russe trois groupes d'armées, soit 153
divisions, dont 17 blindées et 13 motorisées. Elles formaient quatre groupes de
Panzers, soit 3 500 chars et rassemblaient 2 800 avions (au début de
l'offensive) répartis en quatre flottes pour un total de 5,5 millions d'hommes.
Ceux-ci étaient originaires d'Allemagne, de Finlande, de Hongrie, de Roumanie et
d'Italie. L'Armée Rouge disposait de 132 divisions, dont 34 blindés, soit plus
de 3 millions de soldats.
Au matin du 22 juin 1941, les 5,5 millions de soldats des forces de l'Axe
avancèrent sur quatre fronts. Les troupes du maréchal finlandais Mannerheim,
soit un groupe d'armées de 21 divisions, soutenu par la quatrième flotte
aérienne et l'aviation finnoise (900 appareils), étaient positionnées à la
frontière russo-finlandaise.
Le groupe d'armées Nord du maréchal von Leeb, composé de 7 divisions ainsi que
des 3 groupes Panzers de Hoeppner, appuyé par la première flotte aérienne (250
appareils), se trouvait à la frontière lituanienne. Il était chargé de conquérir
les états baltes (récemment annexés par l'URSS) pour ensuite faire route vers
Leningrad.
Le groupe d'armées Centre du maréchal von Bock était déployé jusqu'à Lublin. Il
comptait 42 divisions, dont 9 blindées des groupes de Panzers Hoth et Guderian,
soutenus par les deuxième et troisième flottes aériennes (chiffrant 1 700
appareils). Ce groupe devait mener l'assaut en Biélorussie, au nord du marais de
Pripet, vers Minsk, Smolensk et Moscou.
Le groupe d'armées Sud du maréchal von Runstedt, se trouvait entre Lublin et
l'embouchure du Danube. Il comptait 33 divisions allemandes, 15 roumaines et
hongroises et 5 division blindées du groupe de Panzers von Kleist, le tout
soutenu par la 4e flotte aérienne forte de 750 avions. Ce groupe devait prendre
Kiev, l'Ukraine, la Moldavie et la Crimée. De plus, les Allemands avaient gardés
à l'arrières des groupes du Nord et du Centre, une réserve de 18 divisions, dont
2 blindées.
Après les purges de 1935, dites staliniennes, l'Armée Rouge était très
affaiblie. Mais elle avait toujours un potentiel de 12 millions d'hommes et de
femmes composé de réservistes, d'unités garde-frontières, de miliciens, d'unités
armées de la police politique, etc....
Cependant, en 1941, la moitié de ces effectifs était chargée de la défense des
frontières occidentales de l'URSS. Les groupes d'armées soviétiques étaient
répartis en quatre régions militaires. Au début de la guerre, le secteur de la
Baltique avait pour général Kouznetsov et était composé de trois armées, vingt
divisions d'infanterie et six divisions blindées. Le secteur Ouest comptait 4
armées, soit 23 divisions d'infanterie, trois divisions de cavalerie et dix
divisions blindées ou motorisées. Il était dirigé par le général Pavlov ; le
secteur de Kiev avait 38 divisions d'infanterie, 16 divisions blindées et 2
divisions de cavalerie. Il était commandé par le général Kirponos. Enfin, le
secteur d'Odessa comptait dix divisions d'infanterie, 2 divisions blindées, 2
divisions de cavalerie, et était commandé par le général Tyoukenev.
Le 23 juin 1941, le comité d'État à la Défense (le GKO, dont Staline prit le
commandement à partir du 20 juin), créa la Stavka (Grand Quartier Général),
présidée par le maréchal Timochenko dès le 10 juillet. Il était évident que les
principaux objectifs de la Wehrmacht étaient Moscou, Leningrad et Kiev, régions
qui furent transformées en trois fronts (correspondants aux axes de l'offensive
allemande).
Il y avait le front nord-ouest (Leningrad), confié au maréchal Vorochilov ; le
front ouest (Russie blanche et Moscou), dont fut chargé le maréchal Timochenko
et le front sud-ouest (Ukraine, Kiev) dirigé par le maréchal Boudienny. Étant
donné que Timochenko était chargé du front principal, celui de Moscou, il
disposa de huit armées en première ligne et de quatre autres en formation. C'est
alors que Staline prit le commandement de la Stavka. Les Russes savaient bien
que le pacte Molotov-Ribbentrop n'était qu'un pacte de circonstances, cependant
ils ne pensaient pas que les Allemands les attaqueraient si tôt (malgré les
avertissements des services secrets occidentaux et soviétiques). Selon la
version officielle, Staline lui-même était persuadé qu'Hitler ne l'attaquerait
pas. On sait aujourd'hui qu'il s'attendait à cette traîtrise, mais pas si tôt.
L'offensive allemande est lancée
Le front russe s'étendait sur plus de 3 000 km, il allait de Mourmansk à la
presqu'île de Kola et de la mer Blanche à la mer Noire. À la fin de 1942,
certaines troupes allemandes s'étaient enfoncées de 2 300 km à l'intérieur du
territoire russe. Cependant, les Allemands étaient ralentis car les routes
allant vers l'ouest étaient rares, très mal entretenues, et de nombreux fleuves
larges et profonds, coulant le plus souvent du nord au sud, les forçaient à
construire des ponts de fortune.
Les populations étaient très dispersées, à l'exception de quelques zones
urbaines comme Minsk, Kiev, Smolensk, Leningrad et Moscou. Les étés étaient très
secs et très chauds, les hivers très froids et les demi-saisons pluvieuses, ce
qui coupait les voies de communication. Vilnius fut prise le 24 et Lvov le 30.
Le 1er juillet 1941, Guderian arriva sur la Berezina, tandis que Hoeppner
entrait dans Riga. À ce stade de la bataille, les troupes allemandes
progressaient d'environ 30 kilomètres par jour. Au 15 juillet, les Allemands
avaient conquis les États baltes, la République de Biélorussie et une importante
partie de l'Ukraine et de la Moldavie ; les armées russes battaient en retraite.
C'est à ce moment que Staline demanda la mobilisation totale du peuple russe et
ordonna l'application de la guerre de partisans et de la politique de la « terre
brûlée ». Hitler ordonna de détruire entièrement Leningrad et Moscou, pensant
remporter cette guerre facilement. Le 8 août, les troupes allemandes prirent
Minsk et franchir le Dniepr. Après la bataille de Smolensk les Allemands
s'emparèrent de plus de 4 500 chars et 3 000 canons. 500 000 soldats russes
furent fait prisonniers.
Le front ouest de l'Armée Rouge s'effondrait, la route de Moscou était ouverte.
Les armées de von Leeb, situées au nord, progressaient difficilement. Les Russes
avaient réussi à arrêter les armées de von Rundstedt aux portes de Kiev ; les
Soviétiques commençaient désormais à opposer une résistance de plus en plus
structurée. Depuis la mi-juillet, la Wehrmacht ne progressait plus que de six à
sept kilomètres par jour. Le 19 août 1941, Leningrad fut complètement encerclée,
et les Panzerdivisionen de von Bock se trouvaient à moins de 300 km de Moscou.
Mais le 22 août, Hitler ordonna l'arrêt de l'offensive du groupe d'armées
Centre.
En deux mois et demi, l'Armée Rouge avait perdu un million de soldats et la
Wehrmacht presque 500 000. Hitler craignant une victoire soviétique au nord ou
au sud, il prit la décision d'envoyer une partie du groupe d'armées du Centre
vers le sud, décision à laquelle s'était opposé son État-major. Il voulait que
Leningrad et Kiev soient tombées avant de prendre Moscou.