La campagne de Norvège
La campagne de Norvège, qui dura du 9 avril
1940 au 10 juin 1940, fut la première confrontation terrestre directe entre les
forces alliées — Royaume-Uni, France et Pologne — et les troupes de l’Allemagne
nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.
La principale raison ayant motivé l’Allemagne à occuper la Norvège était la
dépendance de son industrie vis-à-vis du minerai de fer suédois, qu’elle
recevait par cargaisons en provenance des ports norvégiens dont Narvik. En
sécurisant ses accès à ces ports, l’Allemagne serait en mesure de recevoir son
approvisionnement en minerai et ce malgré le blocus maritime imposé par la Royal
Navy. De plus, cela permettait tant aux Alliés qu’à l’Allemagne de s’opposer
sans risquer pour autant une guerre de tranchées à grande échelle que les deux
côtés redoutaient. Alors que la bataille de l'Atlantique prenait de l’ampleur,
le contrôle des aérodromes norvégiens, comme celui de Stavanger, devenait d’une
importance de premier ordre, car ils permettaient aux avions de reconnaissance
allemands d’opérer dans l’Atlantique Nord, sans avoir à survoler ou à longer de
trop près les côtes britanniques.
Bien que cette campagne ait donné une large victoire aux Allemands, elle leur
immobilisa la majorité de la Kriegsmarine et plusieurs divisions de l'armée (Heer).
Informations générales, fut la première confrontation terrestre directe entre
les forces alliées — Royaume-Uni, France et Pologne — et les troupes de
l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale.
La principale raison ayant motivé l’Allemagne à occuper la Norvège était la
dépendance de son industrie vis-à-vis du minerai de fer suédois, qu’elle
recevait par cargaisons en provenance des ports norvégiens dont Narvik. En
sécurisant ses accès à ces ports, l’Allemagne serait en mesure de recevoir son
approvisionnement en minerai et ce malgré le blocus maritime imposé par la Royal
Navy. De plus, cela permettait tant aux Alliés qu’à l’Allemagne de s’opposer
sans risquer pour autant une guerre de tranchées à grande échelle que les deux
côtés redoutaient. Alors que la bataille de l'Atlantique prenait de l’ampleur,
le contrôle des aérodromes norvégiens, comme celui de Stavanger, devenait d’une
importance de premier ordre, car ils permettaient aux avions de reconnaissance
allemands d’opérer dans l’Atlantique Nord, sans avoir à survoler ou à longer de
trop près les côtes britanniques.
Bien que cette campagne ait donné une large victoire aux Allemands, elle leur
immobilisa la majorité de la Kriegsmarine et plusieurs divisions de l'armée (Heer).
Informations générales
Bombardement de
Bjerkvik
Date
9 avril - 10 juin 1940
Lieu
Norvège
Issue
Victoire allemande
Belligérants
Drapeau de la Norvège Norvège
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France
Drapeau de la Pologne Pologne (Armée polonaise de l'Ouest) Drapeau : Troisième
Reich Reich allemand
Commandants
Drapeau de la Norvège Kristian Laake
Drapeau du Royaume-Uni Amiral de la Flotte Lord Cork and Orrery (en)
Drapeau du Royaume-Uni Major-general Massy (en)
Drapeau du Royaume-Uni Lieutenant-general Auchinleck
Drapeau de la France Général de division Audet
Drapeau de la Pologne Général de division Bohusz-Szyszko Drapeau de l'Allemagne
General von Falkenhorst
Forces en présence
initial : 45 000 hommes total : 80 000 hommes
Pertes
Norvège : 1 300 tués
Royaume-Uni : 1 900 tués
France : 500 tués 5 300 tués
10 juin 1940, fut la première confrontation terrestre directe entre les forces
alliées — Royaume-Uni, France et Pologne — et les troupes de l’Allemagne nazie
lors de la Seconde Guerre mondiale.
La principale raison ayant motivé l’Allemagne à occuper la Norvège était la
dépendance de son industrie vis-à-vis du minerai de fer suédois, qu’elle
recevait par cargaisons en provenance des ports norvégiens dont Narvik. En
sécurisant ses accès à ces ports, l’Allemagne serait en mesure de recevoir son
approvisionnement en minerai et ce malgré le blocus maritime imposé par la Royal
Navy. De plus, cela permettait tant aux Alliés qu’à l’Allemagne de s’opposer
sans risquer pour autant une guerre de tranchées à grande échelle que les deux
côtés redoutaient. Alors que la bataille de l'Atlantique prenait de l’ampleur,
le contrôle des aérodromes norvégiens, comme celui de Stavanger, devenait d’une
importance de premier ordre, car ils permettaient aux avions de reconnaissance
allemands d’opérer dans l’Atlantique Nord, sans avoir à survoler ou à longer de
trop près les côtes britanniques.
Bien que cette campagne ait donné une large victoire aux Allemands, elle leur
immobilisa la majorité de la Kriegsmarine et plusieurs divisions de l'armée (Heer).
Arrière-plan
Importance stratégique de la Norvège dans le conflit
La France et le Royaume-Uni avaient tous deux signé par le passé des traités
d’assistance militaire avec la Pologne et de ce fait, deux jours après le début
de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, les deux
pays déclaraient la guerre à cette dernière. Toutefois, aucun d’entre eux
n’entreprit d’ouvrir un front à l’Ouest, et aucune confrontation d’envergure
n’eut lieu entre les deux parties durant plusieurs mois pendant ce que l’on
appela la drôle de guerre.
Pendant cette période, les deux camps cherchaient la décision au travers de
fronts secondaires. Pour les Alliés, en particulier pour les Français, cela
résidait principalement sur la crainte que se répète la guerre de tranchées
comme pendant la Première Guerre mondiale, le long de la frontière
franco-allemande. Pour les Allemands, la majorité des membres du haut
commandement militaire était d’avis qu’ils n’avaient pas encore à disposition
les forces suffisantes pour lancer un assaut sur la France. La Norvège
constituait quant à elle pour les deux camps un endroit où frapper l’autre.
La Norvège, malgré sa neutralité, revêtait une grande importance stratégique
pour les deux camps, et ce pour deux raisons principales. Premièrement, le port
de Narvik, duquel étaient expédiées de grandes quantités de minerai de fer
suédois, dont l’industrie de guerre allemande était dépendante ; cet itinéraire
était tout particulièrement important durant les mois d’hiver, lorsque la mer
Baltique était bloquée par les glaces. Narvik prit encore de l’importance
lorsque les Britanniques se rendirent compte que le projet Catherine, plan
destiné à prendre le contrôle de la Baltique, ne pourrait être mis à exécution.
Deuxièmement, les ports de Norvège étaient susceptibles de constituer des trous
dans le dispositif de blocus de l’Allemagne, lui donnant accès à l’Atlantique.
Autre point marquant, la Norvège était également importante d’un point de vue
symbolique de par les inspirations völkisch du parti nazi d’Adolf Hitler. Nombre
de ses membres voyaient en effet le pays comme le berceau de la prétendue race
aryenne.
La guerre d’Hiver
Article détaillé : Guerre d'Hiver.
Lorsque l’Union soviétique envahit la Finlande le 30 novembre 1939, les Alliés
se trouvent alors aux côtés de la Norvège et de la Suède, apportant leur soutien
à la Finlande face à un agresseur démesurément plus grand.
Cette situation représentait une opportunité pour les Alliés qui pouvaient ainsi
espérer, bien que sincèrement ralliés à la cause finlandaise, utiliser ce
prétexte pour envoyer des troupes de soutien, et en profiter au passage pour
occuper les zones minières suédoises et les ports norvégiens. Le plan
initialement élaboré par les Alliés prévoyait ainsi l’envoi de deux divisions,
fortes de 15 000 hommes, prêtes à en découdre lors d’une éventuelle
confrontation de grande envergure au centre de la Suède.
Cette initiative inquiéta l’Allemagne. Le Pacte germano-soviétique avait en
effet placé la Finlande dans la zone d’influence soviétique, et de ce fait les
Allemands se déclarent neutres dans ce conflit. Cette politique provoque alors
un élan de sentiment anti-allemand dans toute la Scandinavie, l’Allemagne étant
tenue pour alliée des Soviétiques. Le haut commandement allemand craignit alors
sérieusement que la Norvège et la Suède autorisassent le stationnement de
troupes alliées sur leurs territoires, afin d’intervenir en faveur de la
Finlande.
Toutefois, de tels déploiements n’arrivèrent jamais, parce que la Norvège et la
Suède, aux abois depuis qu’elles avaient été les témoins privilégiés de la «
traîtrise occidentale » à l’encontre de la Pologne lors de son invasion en
septembre, ne souhaitaient pas mettre en jeu leur neutralité et être entraînées
dans la guerre en laissant un droit de passage sur leur territoire à des troupes
étrangères. Après la signature du traité de paix de Moscou le 12 mars 1940, tous
les plans échafaudés par les Alliés furent abandonnés.
Vidkun Quisling et premières approches allemandes
Aux origines du conflit, le haut commandement allemand était d’avis qu’une
Norvège neutre était ce qui pouvait leur arriver de mieux. Tant que les Alliés
ne pourraient pas pénétrer dans les eaux territoriales norvégiennes, il
existerait des passages sécurisés pour les navires marchands naviguant le long
des côtes scandinaves, transportant le minerai suédois importé.
Le Grand-amiral Erich Raeder était cependant d’avis qu’une invasion était
préférable. Il pensait en effet que les ports norvégiens offriraient de
meilleures bases d’opérations pour les U-boote utilisés dans le cadre d’un siège
des Îles Britanniques, et qu’il était également possible que les Alliés
envisagent d’y débarquer.
Le 11 décembre 1939, Hitler et Raeder rencontrèrent Vidkun Quisling, ancien
ministre norvégien de la défense devenu chef du parti fasciste norvégien
Nasjonal Samling. Les propos que l’on attribue à Quisling lors de cette
rencontre concernaient la menace importante d’une invasion de la Norvège par les
Britanniques, et affirmaient que le gouvernement norvégien serait plutôt enclin,
dans le secret, à collaborer dans le cas d’une occupation allemande (ce qui se
révéla faux). Il informa également ses interlocuteurs qu’il était en mesure de
leur assurer une coopération maximale avec les forces allemandes, y compris la
bienveillance des garde-côtes et l’accessibilité des bases militaires. Trois
jours plus tard, Hitler ordonna à l’OKW de se lancer sur la mise au point d’un
plan d’invasion de la Norvège.
Lors d’une deuxième réunion avec Quisling le 18 décembre, Hitler renouvela son
souhait de maintenir la neutralité de la Norvège mais déclara que si les Alliés
portaient la guerre en Scandinavie, il réagirait en conséquence. En effet, il
était apparu des suspicions quant à la possible surévaluation qu’aurait pu faire
Quisling de sa force à des fins personnelles, et les plans de collaboration avec
lui furent abandonnés.
L’incident de l’Altmark
Le 14 février 1940, le pétrolier-ravitailleur allemand Altmark, avec à son bord
303 prisonniers de guerre de la marine marchande britannique, reçut
l’autorisation lui permettant de naviguer dans les eaux norvégiennes.
Conformément aux règlements internationaux, tout navire non combattant d’une
nation en guerre peut s’abriter pour quelque temps en eaux neutres, s’il en a au
préalable reçu la permission. Lorsqu’un groupe de destroyers britanniques
apparut à l’horizon le 16 février, l’Altmark alla chercher refuge dans un fjord
norvégien. Ignorant les règlements internationaux et la neutralité norvégienne,
le HMS Cossack, commandé par le capitaine de frégate Vian, pénétra dans le
fjord, attaqua l’Altmark, l’aborda, tuant sept soldats allemands et libérant les
prisonniers. Tout en provoquant la colère des Norvégiens, cette violation de sa
neutralité fit couler beaucoup d’encre des deux côtés de la mer du Nord.
Les Alliés considérèrent cet incident comme la preuve qu’il était impossible à
la Norvège de se prémunir contre le mésusage qui pouvait être fait de son
territoire, et se préparèrent à mettre en œuvre un plan, proposé peu de temps
après la chute de la Pologne par le premier Lord de l’Amirauté britannique
Winston Churchill, qui consistait à miner la zone. Ce plan fut seulement remis à
plus tard dans l’espoir que la Norvège voudrait bien de son propre chef laisser
passer les troupes alliées sur son territoire afin d’aller secourir la Finlande.
Pour les Allemands, l’incident de l’Altmark montrait l’impossibilité de la
Norvège à maintenir sa neutralité sur un territoire tel que le sien et que les
Anglais n’avaient que faire de cette neutralité norvégienne. Hitler ordonna que
la mise au point des plans d’invasion soit accélérée. Il s’engagea dans cette
voie afin de contrer les plans déjà existants de Churchill dans le but
d’entraîner les Norvégiens dans la guerre et de prendre le contrôle du port de
Narvik. Le 21 février, le général Nikolaus von Falkenhorst fut chargé de la
planification de l’invasion et du commandement des troupes terrestres y étant
destinées.
Plans initiaux
Les plans des Alliés
Avec la fin de la guerre d’Hiver, les Alliés en vinrent à la conclusion qu’une
occupation de la Norvège et de la Suède ferait plus de mal que de bien, poussant
les pays neutres à s’allier à l’Allemagne. Toutefois, le nouveau Président du
Conseil, Paul Reynaud, prit une position plus agressive que son prédécesseur
face à la question et voulut qu’une résolution d'action un peu plus vigoureuse
soit prise face à l’Allemagne. Churchill était un fervent partisan de l’attaque
et de l’occupation de la Norvège parce qu’il souhaitait voir les combats
s’éloigner de la France et de la Grande-Bretagne afin d’y éviter les
destructions sur leurs territoires, comme lors de la guerre précédente. Il y
voyait également un moyen d’envahir l’Allemagne par le Nord.
Il fut conclu que l’on utiliserait l’offensive de minage nautique planifiée par
Churchill, l’opération Wilfred, destinée à bloquer l’usage des fjords comme
abris et à contraindre les bateaux de transport à emprunter les eaux
internationales, permettant à la Royal Navy d’y engager le combat et de les
détruire. En accompagnement, le plan R4, opération de riposte face à la
contre-initiative quasi certaine de l’Allemagne en réaction à l’opération
Wilfred, impliquera l’occupation de Trondheim et Bergen par les Alliés, ainsi
que la destruction de l’aérodrome de Sola, à côté de Stavanger.
Les Alliés ne parvinrent par ailleurs pas à s’accorder au sujet de l’opération
supplémentaire Royal Marine, au cours de laquelle le Rhin devait être miné. Si
les Britanniques étaient favorables à cette opération, les Français y étaient
opposés, puisque leur approvisionnement dépendait lui aussi du fleuve et qu’ils
craignaient des représailles allemandes sur le sol français. Du fait de ces
retards dans les accords, l’opération Wilfred, initialement prévue pour le 5
avril, fut repoussée au 8 avril lorsque les Britanniques acceptèrent finalement
de distinguer les opérations menées en Norvège de celles menées sur le
continent.
Les plans des Allemands
Article détaillé : Opération Weserübung.
Déjà en préparation depuis un temps considérable (quoique non prioritaire),
l’opération Weserübung se révéla de première nécessité après l’incident de
l’Altmark. Les principaux objectifs de l’invasion consistaient en la capture des
ports et la sécurisation des zones d’extraction du minerai de fer, Narvik étant
l’objectif essentiel. Il s’agissait également d’assurer un contrôle total du
pays afin d’éviter toute velléité de collaboration avec les Alliés. L’opération
fut présentée comme une protection militaire de la neutralité norvégienne.
Parmi les questions qui préoccupèrent en interne le haut commandement allemand
se trouvait la nécessité d’occuper ou non le Danemark au cours de cette
opération. Le Danemark fut considéré comme vital puisque vu sa situation
géographique, son occupation allait faciliter grandement le contrôle aérien et
naval de la zone. Si certains des généraux consultés étaient pour faire
simplement pression sur le Danemark afin qu’il accepte cet état de fait, il fut
conclu qu’il serait plus sain pour la poursuite des opérations que le Danemark
soit pris de force.
Autre point de dispute qui amena des modifications au plan initial, le Plan
Jaune, c’est-à-dire l’invasion prévue du nord de la France et des Pays-Bas,
devait prochainement occuper le gros de forces de la Wehrmacht. Comme certaines
unités étaient utilisées dans la réalisation des deux invasions, Weserübung ne
pouvait pas avoir lieu en même temps que le Fall Gelb, et comme les nuits se
raccourcissaient à l’approche du printemps, alors que l’obscurité était d’une
importance vitale pour cacher la progression des forces navales, il fut ainsi
décidé que Weserübung devait être déclenché au plus tôt. De fait, le jour de
l’invasion (Wesertag) fut fixé au 9 avril 1940, 04:15 heure norvégienne (Weserzeit)
correspondant aux débarquements.
En Norvège, le plan avait pour but de capturer six objectifs primaires à
l’occasion d’opérations de débarquement amphibies : Oslo, Kristiansand, Egersund,
Bergen, Trondheim et Narvik. En complément, des troupes parachutistes de soutien
(des Fallschirmjäger) devaient prendre possession d’autres positions clés comme
les aérodromes de Fornebu près d’Oslo et de Sola près de Stavanger. Le plan
devait permettre de submerger rapidement les forces norvégiennes et d’occuper
ces aires vitales avant même que toute forme de résistance ait pu être mise sur
pied. Les forces d’attaques étaient organisées en six groupes (Gruppen (de)) :
• Gruppe 1: dix destroyers pour Narvik ;
• Gruppe 2: le croiseur lourd Admiral Hipper et quatre destroyers pour Trondheim
;
• Gruppe 3: les croiseurs légers Köln et Königsberg ainsi que des navires de
soutien pour Bergen ;
• Gruppe 4: le croiseur léger Karlsruhe et d'autres bâtiments plus petits pour
Kristiansand ;
• Gruppe 5: le croiseur lourd Blücher et le cuirassé de poche Lützow, le
croiseur léger Emden et des navires plus légers pour Oslo ;
• Gruppe 6: quatre dragueurs de mines pour Egersund.
En plus, les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau devaient escorter
les groupes 1 et 2 durant leur navigation en convoi ainsi que des pétroliers et
des cargos transportant des renforts de troupes, du carburant et des munitions.
Contre le Danemark, deux brigades motorisées auraient pour mission de capturer
les ponts et les troupes danoises, la Luftwaffe devait à elle seule capturer
Copenhague, et les parachutistes auraient pour mission de s’emparer des terrains
d’aviation au nord du pays. Du côté de la Kriegsmarine, bien que plusieurs
groupes de combat dussent être constitués, aucun ne devait comprendre de navire
important.
Les Allemands escomptaient bien ne pas avoir à assumer de confrontation armée
avec les forces militaires des deux pays envahis. Aussi les troupes allemandes
reçurent l’ordre de tirer seulement si elles se faisaient tirer dessus.
L’invasion allemande
Mouvements des flottes
Le tout début de l’invasion allemande date du 3 avril 1940, lorsque des navires
ravitailleurs commencèrent à prendre le large afin de devancer le gros de la
flotte. Le jour suivant, les Alliés mettaient en branle leurs propres plans en
envoyant seize sous-marins à destination du Skagerrak et du Kattegat, destinés à
servir de protection contre une éventuelle réaction allemande à l’opération
Wilfred, elle-même initiée le jour suivant lorsque l’amiral William Whitworth
appareilla de Scapa Flow à bord du HMS Renown à destination du Vestfjord en
compagnie de douze destroyers.
Le 7 avril, la région fut la cible du mauvais temps, la couvrant d’un épais
brouillard et rendant la mer grosse, ce qui incommoda les différents convois. Le
Renown et sa flotte d’accompagnement furent bientôt pris dans une forte tempête
de neige, et le HMS Glowworm, un des destroyers d’escorte, dut se disjoindre de
l’escadre, à la recherche d’un homme balayé par-dessus bord. Toutefois, le temps
vint en aide aux Allemands, leur fournissant un rideau de protection pour leurs
forces, et tôt le matin ils purent faire appareiller les Gruppen 1 et 2, ceux
qui avaient le plus de chemin à faire.
Bien que le mauvais temps rendit les opérations de reconnaissance difficiles,
les deux groupes allemands furent découverts à 170 kilomètres au sud du cap
Lindeness (la zone la plus au sud de la Norvège) peu après 08h00 par des
patrouilles de la RAF, qui les identifièrent comme étant composés d’un croiseur
et de six destroyers. Une escadre de bombardiers fut envoyée à leur poursuite et
les trouva 125 kilomètres plus au nord que lors du contact précédent. Aucun
dégât ne fut infligé lors de l’attaque, mais les forces allemandes furent
réévaluées à un croiseur de bataille, deux croiseurs et dix destroyers. De fait
des règles strictes alors en application concernant le silence radio, les
bombardiers ne purent en rendre compte avant 17h30.
Apprenant ces mouvements allemands, l’Amirauté britannique en vint à la
conclusion que les Allemands tentaient de forcer le blocus que les Alliés
imposaient à l’Allemagne, et comptaient utiliser leurs flottes pour couper les
voies commerciales de l’Atlantique. L’amiral Sir Charles Forbes, commandant en
chef de la Home Fleet, en fut informé et appareilla à 20h15 afin de les
intercepter.
Les deux camps n’étant pas réellement conscients de l’importance des agissements
de l’autre, tous deux poursuivirent la marche de leurs plans respectifs. Le
Renown arriva au Vestfjord tard dans la nuit et prit position près de l'entrée
du fjord tandis que les destroyers procédaient aux opérations de mouillage des
mines. Pendant ce temps, les Allemands faisaient appareiller le reste de leurs
forces d'invasion. Le premier contact direct entre les deux adversaires eut lieu
le lendemain matin sans qu'il n'ait été du ressort de la volonté de quiconque.
Le Glowworm, en route pour rejoindre le Renown, sortit de l'épais brouillard sur
l'arrière du destroyer allemand Z 11 Bernd von Arnim puis du Z 18 Hans Lüdemann,
vers 8h00 du matin du 8 avril. Il s'ensuivit immédiatement une escarmouche et
les deux destroyers prirent la fuite, appelant à la rescousse. L'Admiral Hipper
répondit rapidement à cet appel à l'aide et endommagea rapidement le Glowworm.
Trop ralenti pour pouvoir distancer le puissant croiseur lourd allemand, le
Glowworm tenta alors de l'éperonner. Le Glowworm occasionna des dommages
significatifs au Hipper sur son tribord, et le Glowworm fut quant à lui détruit
par une salve à bout portant tirée juste après. Durant son combat, le Glowworm
rompit le silence radio et informa l'Amirauté de sa situation. Bien que le
destroyer n'eût pas le temps d'achever sa transmission, cela était suffisant
pour que l'Amirauté sache que le Glowworm avait été aux prises avec un gros
navire allemand, que des coups avaient été tirés et que le contact ne pouvait
plus être rétabli avec le destroyer. En réponse, l'Amirauté ordonna au Renown et
à son unique navire d'escorte (les deux autres ayant été se ravitailler en port
ami) d'abandonner leur position dans le Vestfjord et de se diriger vers la
dernière position connue du Glowworm. À 10h45, les huit autres destroyers
chargés du mouillage des mines reçurent à leur tour l'ordre de s'y rendre.
À midi, le sous-marin polonais ORP Orzeł rencontra et coula le transport de
troupes allemand Rio de Janeiro dans le Skagerrak. Parmi les débris furent
découverts les corps de soldats allemands en uniforme ainsi que de multiples
fournitures militaires. Bien que l'Orzeł ait rapporté cet incident à l'Amirauté,
celle-ci était trop préoccupée par la situation du Glowworm et son présumé
assaillant allemand pour y accorder plus d'importance dans le flot
d'informations qui lui parvenait. La plupart des soldats allemands naufragés
furent recueillis à bord de bateaux de pêche norvégiens, et il ressortait de
leur interrogatoire qu'ils étaient destinés à protéger Bergen des Alliés. Cette
information fut transmise à Oslo où le Parlement norvégien, le Storting, n'y
prêta pas grand intérêt, jugeant que cela relevait de l'ignorance des soldats,
et ne prit d'autre mesure que d'alerter les garde-côtes.
À 14h00, l'Amirauté reçut l'information selon laquelle la reconnaissance
aérienne avait localisé un groupe de navires allemands à une grande distance de
Trondheim, direction ouest nord-ouest, cap à l'Ouest. Cela renforçait la thèse
soutenue par l'Amirauté d'une tentative de rupture du blocus par les Allemands,
et la Home Fleet changea de cap, passant du nord-est au nord-ouest avec à
nouveau l'espoir de les intercepter. Par ailleurs, Churchill annula le plan R4
et ordonna aux quatre croiseurs transporteurs de troupe de désembarquer leur
chargement et d'aller se joindre à la Home Fleet. En réalité, les bâtiments
allemands, c'est-à-dire la Gruppe 2, en étaient seulement à faire des cercles
afin de n'atteindre leur cible, Trondheim, qu'à l'heure dite.
Cette nuit-là, après avoir pris connaissance du grand nombre de rapports
mentionnant la présence de vaisseaux allemands au sud de la Norvège, Charles
Forbes commença à douter de la validité de l'hypothèse d'une tentative de
rupture du blocus, et donna l'ordre à la Home Fleet de mettre cap au Sud en
direction du Skagerrak. Il ordonna également au HMS Repulse, ainsi qu'à un autre
croiseur et plusieurs destroyers, de faire quant à eux route vers le Nord afin
de rejoindre le Renown.
À 23h00, au moment où Forbes venait juste d'être informé de l'incident du Orzeł,
la Gruppe 5 fut approchée par le patrouilleur norvégien Pol III à l'entrée du
fjord d'Oslo. Le Pol III envoya rapidement un message d'alarme aux batteries
côtières de Rauøy (sur l'île de Rauøy) et ouvrit le feu sur le
contre-torpilleurs Albatros au moyen de son unique canon, peu avant d'entrer en
collision avec ce dernier. L'Albatros et deux autres unités répondirent à coups
de canons antiaériens, tuant le commandant et mettant le bateau en feu. La
Gruppe 5 poursuivit son chemin dans le fjord et passa les batteries côtières
avancées sans incident. Plusieurs petits bateaux allemands se séparèrent alors
du groupe afin de capturer les fortifications ainsi tournées, ainsi que Horten.
Cette activité ne passa pas inaperçue, et bientôt les rapports atteignirent
Oslo, provoquant une réunion nocturne au Storting vers minuit. Durant celle-ci,
l'assemblée décida de procéder à une mobilisation partielle (avec ordres
délivrés par la poste) et une instruction selon laquelle les vaisseaux
britanniques et français ne devaient pas être attaqués.
À peu près à ce moment-là, plus au Nord, le Renown se repliait sur le Vestfjord
après avoir atteint la dernière position connue du Glowworm, sans y avoir rien
trouvé. La mer grosse avait obligé Whitworth à naviguer plus au nord que
nécessaire et l'avait isolé de ses destroyers lorsqu'il fit la rencontre du
Scharnhorst et du Gneisenau. Le Renown engagea le combat avec les deux croiseurs
de bataille et durant le court combat, le Gneisenau eut ses systèmes de réglage
de tir endommagés, l'obligeant lui et le Scharnhorst à fuir plus au Nord. Le
Renown tenta la poursuite, mais à 04h00 il perdit le contact visuel du fait du
mauvais temps.
Weserzeit
L'invasion de la Norvège commence donc au matin du 9 avril 1940. Dans l'Ofotfjord
menant à Narvik, les dix destroyers allemands du Gruppe 1 sont en approche. Avec
le Renown et son escorte déroutés plus tôt afin de rendre dompte de l'incident
du Glowworm, aucun vaisseau britannique ne leur barre la voie, et les Allemands
peuvent pénétrer dans la zone sans rencontrer de résistance. Au moment où ils
atteignirent le fond du fjord près de Narvik, la plupart des destroyers avait
déjà quitté le regroupement principal afin de capturer les batteries avancées de
l'Ofotfjord, en laissant seulement trois avec pour mission de réduire au silence
les deux vieux navires de défense côtière norvégiens qui montaient la garde, à
savoir le Eidsvold et le Norge. Bien qu'antédiluviens, le deux vaisseaux étaient
en mesure de prendre le dessus sur ces destroyers bien plus légers et au
blindage moins épais. Après une courte discussion avec le capitaine du Eidsvold,
les bateaux allemands ouvrirent le feu par précaution sur le navire de défense
côtière, le coulant après l'avoir atteint de trois torpilles. Le Norge entra
dans la bataille peu après et tira sur les destroyers, mais ses régleurs de tir
manquaient d'expérience et n'envoya aucun coup au but avant d'être coulé par une
bordée de torpilles des destroyers allemands.
À Trondheim, le Gruppe 2 ne rencontra également qu'une légère résistance durant
le débarquement. Dans le Trondheimsfjord, l'Admiral Hipper attaqua les batteries
côtières pendant que ses destroyers d'escorte, en avant toute, les dépassèrent à
une allure de 25 nœuds. Un coup particulièrement bien placé du Hipper coupa les
câbles d'alimentation des projecteurs et rendit les canons de la batterie
inefficaces. Seul un destroyer reçut un coup durant les opérations de
débarquement.
À Bergen, les ouvrages de défense côtière offrirent une résistance plus sévère
lors de l'approche du Gruppe 3, et le croiseur léger Königsberg ainsi que le
vaisseau d'entraînement d'artillerie Bremse furent endommagés, ce dernier
l'étant même de manière sérieuse. Le manque de projecteurs de poursuite
amoindrit toutefois l'efficacité des canons, et les navires de débarquement
purent opérer sans grande opposition une fois à quai. Les fortifications se
rendirent peu après, dès l'arrivée d'unités de la Luftwaffe.
À Kristiansand, la résistance des fortifications côtières fut encore plus dure,
reportant par deux fois le débarquement et endommageant sérieusement le
Karlsruhe, le poussant presque à l'échouage. La confusion se répandit toutefois
lorsque les Norvégiens reçurent l'ordre de ne pas tirer sur les vaisseaux
britanniques ou français, et que les Allemands commencèrent à utiliser des codes
norvégiens capturés à Horten. Les Allemands en profitèrent alors pour gagner
rapidement le port et y débarquer leurs troupes, capturant la ville à 11h00.
Le Gruppe 5 rencontra la résistance la plus sérieuse devant le système de
défense intérieur de l'Oslofjord, à proximité de Drøbak. Le Blücher, ouvrant le
passage, s'approchait des forts en pensant qu'ils seraient pris par surprise et
qu'ils ne pourraient pas réagir à temps comme de nombreux autres à l'embouchure
du fjord. Le croiseur était à peine arrivé à portée de la batterie que la
forteresse de Oscarsborg ouvrit le feu, mettant chaque coup au but. En quelques
minutes, le Blücher se trouvait désemparé et ravagé par un terrible incendie. Le
croiseur endommagé fut finalement achevé par une salve de torpilles lancées
depuis une base terrestre lance-torpilles, il coula avec à son bord la plus
grande partie du personnel administratif destiné à la fois à la supervision de
l'occupation de la Norvège et à occuper le quartier général de la division
devant prendre possession d'Oslo. Le croiseur Lützow, également endommagé lors
de l'attaque, dut battre en retraite, en compagnie de la totalité du Gruppe 5,
douze miles au sud vers Sonsbukten où il fit débarquer ses troupes. Cette
distance retarda de plus de 24 heures l'arrivée des principales troupes
d'invasion allemandes à Oslo, bien que la ville tombât seulement douze heures
plus tard, lors de l'arrivée de troupes ayant atterri à l'aérodrome de Fornebu.
Toutefois, ce retard provoqué par les forces norvégiennes rendit possible la
fuite plus au nord du roi Haakon VII de Norvège, du Parlement et du trésor
national. Cela leur permit également par la suite de gagner le Royaume-Uni. De
fait, la Norvège n'a donc jamais capitulé, le gouvernement de Vidkun Quisling
fut déclaré illicite, et la Norvège, ainsi que son importante flotte marchande,
demeura tout au long de la guerre un allié et non un territoire conquis.
Fornebu était censée être sécurisée par les troupes parachutistes une heure
seulement avant l'arrivée des premières troupes d'occupation, mais ces premiers
avions se perdirent dans le brouillard et n'arrivèrent pas. Pour autant
l'aérodrome n'était pas fortement défendu et les soldats allemands le
capturèrent promptement au sortir de leurs appareils. L'escadrille de chasseurs
de l'aviation norvégienne basée à Fornebu résistèrent à bord de leurs biplans
Gloster Gladiator jusqu'à être à court de munitions et se replièrent sur des
aérodromes secondaires encore libres. Les personnels au sol de l'escadrille
furent également rapidement à court de munitions pour leurs mitrailleuses
antiaériennes et dans la confusion générale et le stress de la préparation des
chasseurs, personne n'eut la présence d'esprit ni le temps de faire la
distribution des armes personnelles et des munitions pour les rampants. Les
tentatives norvégiennes pour lancer une contre-attaque tournèrent court et
n'aboutirent à rien de convainquant. Apprenant ceci, Oslo se déclara ville
ouverte et se rendit bientôt en totalité.
Quant au Gruppe 6 à Egersund et aux parachutistes de Stavanger, ils connurent
peu de résistance et capturèrent rapidement leurs objectifs.
Capture du Danemark
La Wehrmacht franchit la frontière danoise aux environs de 4 h 15 le 9 avril
1940. Lors d'une opération combinée, des troupes allemandes débarquèrent sur les
docks de Langelinie dans la capitale danoise, Copenhague, et commencèrent à
occuper la ville. Les parachutistes allemands capturèrent également l'aéroport
d'Aalborg. Simultanément, un ultimatum fut soumis par l'ambassadeur allemand au
roi Christian X. Des annonces faisant état des plans allemands avaient été
soumis quelques jours auparavant au Parlement, mais celles-ci étaient restées
sans réponse. L'armée danoise était réduite, mal préparée et dotée d'un
équipement obsolète, mais elle résistait dans différents endroits dans le pays ;
les accrochages les plus sérieux eurent lieu au contact de la Garde Royale,
située au palais d'Amalienborg à Copenhague même, et avec les forces massées aux
abords de Haderslev dans le Jutland-du-Sud. Vers 6 h 30, le roi Christian X,
après s'être entretenu avec le Premier Ministre Thorvald Stauning, décida de
capituler, convaincu que toute résistance prolongée ne résulterait qu'en la
perte inutile de nouvelles vies danoises. Le peuple danois fut complètement pris
au dépourvu par cette occupation et reçu la consigne de coopérer avec les
autorités allemandes. L'occupation du Danemark par l'Allemagne fut effective le
10 avril et dura jusqu'au 5 mai 1945.
Une part importante de la marine marchande danoise échappa à l'occupation, car
Arnold Peter Møller, président de la compagnie de transport Mærsk, donna le 8
avril l'ordre à ses 36 navires en haute mer de rallier des ports alliés ou
neutres autant que possible.
Prévenant ainsi une invasion allemande, le 12 avril 1940 les forces britanniques
occupèrent par mesure de précaution les Îles Féroé, alors amt (comté) danois.
Réaction alliée
Peu après, les invasions allemandes de Trondheim, Bergen, Stavanger, ainsi que
les escarmouches dans l'Oslofjord furent rendues publiques. Ne voulant pas trop
disperser ses forces du fait de la méconnaissance des deux croiseurs de bataille
allemands, la Home Fleet choisit de se concentrer dans les environs de Bergen et
y répartit une force d'attaque. Les reconnaissances de la RAF rapportèrent
bientôt que les forces adverses en présence se révélaient bien plus fortes que
prévu, et cela, en plus de la possibilité selon laquelle les Allemands pouvaient
être maîtres des batteries de défense côtière, provoqua le rappel de la force
d'attaque et l'usage du porte-avions HMS Furious afin de lancer ses bombardiers
torpilleurs sur les vaisseaux ennemis. Toutefois, cet assaut n'eut jamais lieu,
pris de vitesse par les bombardiers de la Luftwaffe attaquant la Home Fleet.
Ceux-là coulèrent le destroyer HMS Gurkha et contraignirent la Home Fleet à se
replier plus au nord lorsque sa défense antiaérienne s'avéra inefficace. La
supériorité aérienne allemande dans le secteur poussa les Britanniques à
attribuer la zone méridionale d'opérations aux seuls sous-marins et à la RAF, la
zone septentrionale demeurant le lieu de concentration des vaisseaux de surface.
En plus des débarquements allemands au sud et au centre de la Norvège,
l'Amirauté fut informé par voie de presse de la présence d'un unique destroyer
allemand à Narvik. De ce fait, elle décida d'y engager la deuxième flottille de
destroyers, constituée principalement de bateaux ayant servi auparavant
d'escorte lors de l'opération Wilfred. Cette flottille, sous le commandement du
capitaine de la Royal Navy Bernard Warburton-Lee, s'était déjà séparé du Renown
durant sa poursuite du Scharnhorst et du Gneisenau, après avoir reçu l'ordre de
monter la garde devant l'entrée du Vestfjord. À 16h00 le 9 avril, la flottille
envoya à terre un officier, à Tranøy, à quatre-vingt kilomètres à l'est de
Narvik, où il apprit des habitants que les forces allemandes étaient de quatre à
six destroyers et d'un sous-marin. Warburton-Lee télégraphia ces informations à
l'Amirauté, en concluant son message par son intention d'attaquer le lendemain «
à l'aube, à marée haute », ce qui devrait provoquer la surprise et lui permettre
d'éviter les mines. Cette décision fut approuvée par l'Amirauté dans un
télégramme la nuit suivante.
Tôt le lendemain matin, Warburton-Lee emmène son navire amiral, le HMS Hardy,
ainsi que quatre autres destroyers dans l'Ofotfjord. À 04h30, il arriva à
l'entrée du port de Narvik en compagnie du HMS Hunter et du HMS Havock, laissant
aux HMS Hotspur et HMS Hostile le soin d'en garder l'entrée et de tenir en
respect les batteries côtières. Le brouillard et les chutes de neige très fortes
permirent aux forces menées par Warburton-Lee de s'approcher sans être
découvertes. Lorsqu'ils entrèrent dans le port lui-même, ils y trouvèrent cinq
destroyers allemands et ouvrirent aussitôt le feu, débutant ainsi la première
bataille de Narvik. Les bateaux de Warburton-Lee tirèrent trois bordées sur les
vaisseaux ennemis, rejoints après la première passe par le Hotspur et le
Hostile. Ils parvinrent à couler deux vaisseaux, à en désemparer un, et à couler
six tankers et vaisseaux de ravitaillement. Le commandant allemand, le capitaine
de vaisseau Friedrich Bonte, perdit la vie lorsque son navire amiral le Wilhelm
Heidkamp fut coulé. La flottille de Warburton-Lee quitta le port pratiquement
indemne.
À 06h00, la 2e flottille de destroyers britannique était sur le chemin du
retour, en direction de l'entrée du Vestfjord, lorsque, venant de l'Herjangsfjord
derrière elle, trois destroyers allemands apparurent, commandés par le
commandant Erich Bey. Quelques minutes après, deux autres arrivèrent face à eux,
cernant les forces de Warburton-Lee. Le Hardy fut le premier navire touché, et
fut rapidement mis hors de combat, échoué par ses officiers après que le
vaisseau eut été désemparé. Le Hunter fut le suivant à être désarmé, s'arrêtant
net au milieu des eaux après plusieurs coups au but. Le Hotspur fut ensuite
touché, fut atteint au niveau de son système de gouvernail, ce qui le fit entrer
en collision avec le Hunter. Ils reçurent encore plusieurs coups avant que le
Hotspur puisse se dégager de l'épave du Hunter. Le Hostile et le Havock avaient
pendant ce temps pris le large, mais firent demi-tour afin de couvrir la
retraite du Hotspur. Les vaisseaux allemands reçurent quelques coups, mais
tombèrent surtout à court de carburant, ce qui les empêcha de se lancer dans une
poursuite. Une fois sortis de l'Ofotfjord, les trois destroyers britanniques
restants purent encore couler le ravitailleur allemand Rauenfels.
Peu après cette première bataille de Narvik, deux autres navires allemands
furent coulés par les forces britanniques. Une attaque à longue distance menée
par le Fleet Air Arm depuis leur base de Hatston dans les Orcades fut envoyée
sur Bergen où fut détruit le croiseur léger allemand Königsberg déjà désemparé ;
il reste le premier navire de guerre de grande taille coulé par des aéronefs.
Par ailleurs, le sous-marin HMS Truant coula le croiseur léger Karlsruhe dans la
nuit du 9 avril peu après que celui-ci eut quitté Kristiansand. Le jour suivant,
le Furious et le navire de ligne HMS Warspite se joignirent à la Home Fleet et
une nouvelle attaque aérienne fut menée contre Trondheim dans l'espoir d'y
couler le Admiral Hipper. Toutefois, le Admiral Hipper était déjà parvenu à
échapper à la surveillance mise en place au large du port, et était en route
pour l'Allemagne lorsque l'attaque fut déclenchée ; aucun des destroyers ou
vaisseaux de soutien allemands encore sur place ne fut touché durant l'assaut.
Plus au sud, le HMS Spearfish eut plus de chance et endommagea sérieusement le
croiseur lourd Lützow au la minuit du 11 avril, mettant le vaisseau allemand
hors de combat pour un an.
Comme il devenait de plus en plus évident que les forces allemandes avaient
réussi à quitter les eaux norvégiennes, la Home Fleet mit le cap au Nord sur
Narvik dans l'espoir d'y piéger les destroyers restants. En chemin, les
vaisseaux subirent quelques attaques de bombardiers allemands, les obligeant à
dévier leur route vers l'ouest, plus au large. Au 12 avril, la flotte était à
portée de Narvik et on tenta une attaque aérienne à partir du Furious, mais ses
résultats furent décevants. Il fut alors décidé d'y envoyer le navire de ligne
Warspite ainsi qu'une puissante escorte, commandés par Whitworth.
Au matin du 13 avril, les forces de Whitworth pénétrèrent dans le Vestfjord en
utilisant l'avion de reconnaissance du Warspite pour lui ouvrir la voie. Tout en
localisant deux destroyers ennemis, l'avion de reconnaissance coula un
sous-marin allemand, première occurrence d'une telle victoire. Les destroyers du
Warspite avancèrent trois miles (5 km) devant le navire de ligne, afin d'engager
le combat avec leurs homologues allemands venus à leur rencontre, donnant ainsi
le coup d'envoi de la Deuxième Bataille de Narvik. Bien qu'aucun des opposants
ne reçut de dommage notable, les vaisseaux allemands se trouvèrent bientôt à
court de munitions et furent progressivement repoussés hors du port. Cet
après-midi-là, la plupart d'entre eux tenta de s'enfuir par le Rombaksfjord,
excepté le destroyer Künne qui s'échoua sur le chemin du Herjangsfjord et fut
détruit par le HMS Eskimo. Quatre destroyers britanniques engagèrent la
poursuite, dans le Rombaksfjord, le destroyer Eskimo étant bientôt endommagé par
l'ennemi qui l'attendait de pied ferme. Toutefois, la situation des Allemands
était sans espoir, à court de munitions et de carburant. Lorsque les autres
vaisseaux britanniques atteignirent leur position, ils ne purent que constater
que leurs équipages avaient abandonné les navires après les avoir sabordés. À
18h30, les vaisseaux britanniques quittaient le fjord, désormais nettoyé de
toute présence de la Kriegsmarine.
Situation norvégienne
Les invasions allemandes atteignirent pour la plupart leurs objectifs d'assaut
simultané et d'attaque par surprise des forces norvégiennes, situation favorisée
par l'ordre de mobilisation seulement partielle donné par le gouvernement
norvégien, ce dès le premier jour de l'opération, à savoir le 9 avril 1940. Tout
n'était pas perdu cependant pour les Alliés, avec notamment le Gruppe 5 repoussé
dans l'Oslofjord, ce qui donna quelques heures de plus aux Norvégiens pour
évacuer la famille royale et le gouvernement vers Hamar. Avec le gouvernement en
fuite, Vidkun Quisling saisit l'opportunité et prit le contrôle d'un émetteur de
la radio nationale, annonçant par ce média un coup d'État, se désignant lui-même
comme nouveau Premier ministre de Norvège. Son premier acte officiel fut, à
19h30 le même jour, d'annuler l'ordre de mobilisation.
Dans la soirée, le gouvernement norvégien s'installa à Elverum, Hamar ne se
révélant pas assez sécurisant. Toutes les demandes allemandes furent rejetées et
l'Autorisation d'Elverum fut ratifiée alors que se faisait sentir la nécessité
de mettre sur pied un gouvernement en exil. Toutefois, le caractère désespéré de
la situation le poussa à poursuivre les négociations avec les Allemands, prévues
pour le jour suivant. Par précaution, le colonel Otto Ruge, inspecteur général
de l'infanterie norvégienne, avait disposé un barrage routier à environ 110
kilomètres au nord d'Oslo, à Midtskogen, où bientôt se présenta un petit
détachement de troupes allemandes mené par l'attaché militaire responsable de
l'aviation à l'ambassade d'Allemagne, qui était en train de faire route vers le
Nord dans le but de clore au plus tôt l'affaire en capturant le roi Haakon VII.
Une escarmouche éclata et les Allemands se replièrent après que l'attaché fut
tué par les gardes royaux norvégiens. Le 10 avril, les négociations finales
entre Norvégiens et Allemands échouèrent après que la délégation norvégienne,
menée par Haakon VII en personne, refusa de reconnaître le nouveau gouvernement
constitué par Quisling.
Un des derniers actes pris par les autorités norvégiennes avant leur dispersion
fut la promotion d'Otto Ruge au rang de général de division et sa nomination
comme commandant en chef de l'armée norvégienne, responsable de la supervision
de la résistance à l'agression allemande. Avec les Allemands maîtres des
principaux centres urbains, ports et aérodromes, tout comme des principaux
dépôts d'armes et du réseau de télécommunication, toute velléité de renvoi des
Allemands à la mer s'avérait impossible. Au lieu de ceci, Ruge décida que sa
seule chance était de jouer la montre, d'immobiliser les Allemands jusqu'à ce
que des renforts puissent arriver de France et du Royaume-Uni.
Le 11 avril, après l'arrivée de renforts en provenance d'Oslo, l'offensive du
général Nikolaus von Falkenhorst put commencer. Son objectif était de faire la
jonction avec les forces allemandes éparpillées sur le territoire avant que la
Norvège ait pu mobiliser ou que tout intervention massive de l'étranger ne
puisse arriver. Première tâche, sécuriser l'Oslofjord le plus largement
possible, ensuite déployer les 196e et 163e divisions d'infanterie allemandes
afin d'établir le contact avec les troupes occupant Trondheim.
Au 14 avril, la 1re division norvégienne, stationnée à l'est de l'Oslofjord dans
le comté d'Østfold, avait été évacuée en Suède et la 3e division norvégienne,
basée à Kristiansand, s'était rendue. La 4e division norvégienne, en position
autour de Bergen, était parvenue à échapper aux forces allemandes débarquées et
débuta rapidement un travail de ralentissement de la progression vers l'est des
Allemands. Ses efforts furent bientôt gênés par le fait que la majeure partie
des forces de la division dut être transférée vers Valdres afin de soulager la
situation dans l'Østland. La 5e division norvégienne à Trondheim avait perdu la
quasi-totalité de ses stocks dès le début de l'invasion, et son commandant avait
décidé de rester en position à Steinkjer plutôt que d'attaquer les Allemands. La
6e division norvégienne, quant à elle, située bien plus au nord, près de la
frontière finlandaise, ne se trouvait pas au contact des zones occupées par les
Allemands.
Pour le général Ruge, seule la 2e division norvégienne était donc disponible.
Cela ne l'empêcha pas néanmoins de constituer son armée autour de cette unité
opérationnelle. Malgré l'afflux de volontaires faisant passer les effectifs de
la division de 3 000 à environ 12 000 hommes, et la rallonge budgétaire de 11,1
millions de couronnes norvégiennes (soit 4,5 millions de dollars de l'époque)
que Ruge reçut, il lui était impossible de mettre sur pied une force capable
d'engager une offensive directe contre les Allemands. Au lieu de cela, il
choisit de concentrer sa division au débouché des vallées aux confins du
Gudbrandsdal et l'Østerdalen, menant d'Oslo à Trondheim. De là, il s'employa à
attaquer les Allemands dès que le terrain lui était favorable, procédant par
raids éclair, embuscades et destructions sélectives, tout cela dans le but de
retarder la progression des deux divisions allemandes vers le nord. Ces méthodes
n'eurent jamais la prétention de stopper complètement les Allemands, ceux-ci
ayant bientôt recours à leur support aérien et à des unités de blindés légers
afin de briser les points de résistance norvégiens. Le 20 avril, les forces
allemandes étaient parvenues à progresser jusqu'à Elverum, soit à 305 kilomètres
au sud de Trondheim. Du fait des combats incessants, les forces norvégiennes se
trouvaient épuisées et cruellement à court de ravitaillement.
Campagne terrestre
Lorsque l'ampleur de l'invasion allemande devint claire aux yeux des
Britanniques, ils commencèrent à préparer la contre-attaque. Les dissensions
entre les différentes armes étaient fortes, si bien que, tandis que la British
Army, en concertation avec Otto Ruge, souhaitait un assaut sur Trondheim dans le
centre de la Norvège, Churchill désirait que l'attaque se fasse sur Narvik. On
décida, en compromis, d'envoyer des troupes aux deux endroits.
Campagne en Norvège centrale
Les plans originels de la campagne en Norvège centrale proposaient une attaque
sur trois fronts contre Trondheim de la part des forces alliées, pendant que les
Norvégiens contiendraient les Allemands au sud. Cette opération reçut le nom
d'opération Hammer, et devait débarquer des troupes à Namsos au nord (la
Mauriceforce ou force Maurice), à Åndalsnes au sud (Sickleforce ou force
Faucille), et près de Trondheim à proprement parler (Hammerforce ou force
Marteau). Ce plan initial fut rapidement remanié, dès qu'il fut pressenti qu'un
assaut direct sur Trondheim serait bien trop risqué. Du coup, seules les forces
Maurice et Faucille seraient débarquées.
Afin de repousser les débarquements alliés qui ne manqueraient pas de se
produire, l'Oberkommando der Wehrmacht ordonna à une compagnie de
Fallschirmjägers de sauter sur un nœud ferroviaire à Dombås au nord de la vallée
de Gudbrandsdal. La troupe atterrit le 14 avril et parvint à bloquer toute
communication routière et ferroviaire dans le centre de la Norvège cinq jours
durant, lors de ce qu'il convient d'appeler la bataille de Dombås, ce avant
d'être contrainte de se rendre à l'armée norvégienne, le 19 avril1.
Le 17 avril, la force Maurice, c'est-à-dire au début de l'opération la 146e
brigade d'infanterie britannique du major général Adrian Carton de Wiart,
débarque à Namsos. Durant la traversée, les troupes avaient été transférées à
bord de destroyers depuis leurs grands transports de troupes, du fait des eaux
peu profondes du fjord menant à Namsos ; du fait de la confusion engendrée par
ces transbordements, une grande partie de l'approvisionnement et même le
commandant de la brigade furent égarés. Autre gros problème pour la force
Maurice, l'absence de support aérien dont la Luftwaffe put largement tirer
profit. Peu après le débarquement, le général de Wiart fit une sortie avec ses
hommes hors de Namsos. Les bombardiers allemands ne tardèrent pas, et
détruisirent Namsos, privant les Norvégiens d'une nouvelle base. Sans plus y
prêter attention, de Wiart avança de 130 kilomètres à l'intérieur des terres
jusqu'à Steinkjer, où il put faire la jonction avec la 5e division norvégienne.
Des attaques aériennes incessantes empêchèrent toute offensive d'envergure, et
le 21 avril, la force Maurice fut attaquée par la 181e division d'infanterie
allemande, depuis Trondheim. Les Norvégiens durent reculer, laissant Steinkjer
aux Allemands.
La force Faucille, soit au début de l'opération la 148e brigade d'infanterie
britannique commandée par le major général Bernard Paget, débarqua à Åndalsnes
le 18 avril. D'Åndalsnes, les forces britanniques cheminèrent par voie ferrée
jusqu'au village de Dombås, désireuses de progresser vers le nord en direction
de Trondheim. Au lieu de cela, elles y furent accueillies par le général Ruge
qui les informa que les forces norvégiennes n'étaient pas en mesure de contenir
plus longtemps la poussée allemande dans les vallées. Conscient qu'une percée
allemande provoquerait à la fois l'encerclement des forces britanniques et la
coupure de leur voie d'approvisionnement, Paget envoya ses troupes au sud, à
Lillehammer. Elles n'y restèrent cependant pas longtemps, la 148e brigade étant
bientôt attaquée par les troupes de Pellengahr, et fut forcée de rebrousser
chemin. Lors de sa retraite par la vallée de Tretten, la 148e subit de nouveau
une attaque, ce qui mit l'unité hors de combat. Pendant ce temps, la 15e brigade
d'infanterie britannique avait débarqué à Åndalsnes et avait commencé son
mouvement vers le sud afin de relever la 148e. Les Britanniques rencontrèrent
les forces allemandes qui pourchassaient la 148e à Kvam, commune entre Tretten
et Dombås ; ils furent repoussés jusqu'à Kjorem, où les Alliés subirent de
nouvelles dures attaques.
Au 28 avril, les deux forces ayant été mises en échec par les Allemands, il fut
décidé de retirer toutes les forces alliées stationnées en Norvège centrale. La
force Faucille, aidée par le général Ruge, parvint à retourner à Åndalsnes et à
s'en échapper le 2 mai à 02h00, quelques heures seulement avant que la 196e
division d'infanterie allemande ne capture le port. La force Maurice, dont les
convois de rembarquement avaient été retardés par le brouillard, fut évacuée le
3 mai, bien que deux de leurs vaisseaux de secours, le destroyer français Bison
et son homologue britannique Afridi, aient été coulés par des bombardiers en
piqué Junkers Ju 87.
L'échec de la campagne centrale est considérée comme étant l'une des causes
directes du débat sur la Norvège (célèbre séance de débats tenue à la Chambre
des Communes), qui aboutit à la démission du Premier ministre britannique
Neville Chamberlain et à la nomination de Winston Churchill à ce poste.
Campagne en Norvège septentrionale
En parallèle de l'opération menée dans le secteur de Trondheim, une deuxième
campagne fut lancée au nord, avec pour objectif la recapture de Narvik. Comme
dans le cas précédent, l'expédition de Narvik dut faire face à de nombreux
obstacles.
Un des premiers problèmes rencontrés par les forces alliées fut l'absence de
commandement unifié, ou même de réelle organisation. Les forces navales opérant
dans la zone étaient menées par l'amiral de la flotte William Boyle, 12e comte
de Cork, qui avait reçu l'ordre de débarrasser la zone de toute présence
allemande au plus vite. Au contraire, le commandant des troupes au sol, major
général Pierse Mackesy, avait reçu l'ordre de débarquer en dehors des zones
fermement tenues par les Allemands et d'éviter d'endommager les zones peuplées.
Les deux commandants se rencontrèrent le 15 avril afin de déterminer quelle
serait la meilleure stratégie à adopter. Boyle était pour un assaut immédiat sur
Narvik mais Mackesy argumenta qu'une telle manœuvre ne pouvait qu'aboutir à un
massacre des troupes de débarquement. Boyle se rallia finalement au point de vue
de Mackesy.
Les troupes de Mackesy, nom de code Rupertforce (ou force Rupert), étaient
constituées des soldats de la 24ebrigade de la garde, ainsi que d'unités
françaises et polonaises, le CEFS et la Brigade Podhale. Le gros des troupes
débarqua à Harstad, petite ville sur l'île de Hinnøya, le 15 avril ; mais du
fait de la confusion, du mauvais temps, des installations portuaires
inadéquates, des conditionnements peu tactiques de l'approvisionnement et des
attaques incessantes des bombardiers allemands, le débarquement prit plus d'une
semaine. Parallèlement, la Royal Navy avait réalisé une bien meilleure entrée en
scène. Le même 15 avril, elle captura le U-boot allemand U-49 qui transportait à
son bord des documents détaillant la position de tous les sous-marins allemands
en mer de Norvège, annulant ainsi momentanément cette menace.
Canon de campagne de l'armée norvégienne en batterie pendant la bataille de
Narvik en mai 1940; ce sont les derniers faits d'armes de la nation envahie.
Après l'échec des Alliés en Norvège centrale, on consacra plus d'attention aux
forces débarquées au nord, avec par exemple les deux escadrons de chasseurs
embarqués, opérant depuis la base aérienne de Bardufoss. L'une était composée de
chasseurs Hurricanes, l'autre de Gloster Gladiators.
Le 28 mai, les Alliés étaient parvenus à reprendre Narvik aux Allemands, mais le
déclenchement par les Allemands de l'invasion de la France et des Pays-Bas
modifia considérablement le cours général de la guerre, réduisant
considérablement l'importance stratégique de la Norvège. Lors de l'opération
Alphabet, synonyme de la retraite générale des Alliés en Norvège, fut approuvée
le 24 mai et le 8 juin, après avoir détruit les lignes de chemin de fer et les
installations portuaires, toutes les troupes alliées furent évacuées. Les
Allemands lancèrent l'opération Juno dans le but de soulager la pression exercée
sur la garnison de Narvik mais, lorsque l'évacuation fut découverte, l'objectif
de la mission changea pour devenir une partie de chasse au cours de laquelle
deux destroyers britanniques et le porte-avions HMS Glorious furent coulés.
Occupation
Une fois que les troupes alliées eurent quitté le pays, l'armée norvégienne
capitula rapidement devant les forces allemandes, et il s'ensuivit une période
d'occupation. Il y eut toutefois un indéniable mouvement de résistance, que ce
soit au travers des actions de la marine marchande norvégienne (Nortraship), des
actes de désobéissance civile, ou par l'afflux de volontaires norvégiens dans
les rangs des forces britanniques, notamment dans la Royal Air Force et les
Commandos britanniques. Le roi de Norvège et son cabinet se rétablirent en exil
à Londres, et dirigèrent de là un mouvement de résistance qui se montra de plus
en plus efficace au cours des dernières années d'occupation.
La marine royale norvégienne et l'aviation royale norvégienne se reconstituèrent
également au Royaume-Uni, à partir des restes qui avaient pu être sauvés lors de
la campagne de Norvège, et participèrent largement aux combats lors de la
bataille des convois de l'Arctique et dans l'Atlantique Nord, ainsi que lors de
la guerre aérienne au-dessus de toute l'Europe. Les rangs de la marine et de
l'aviation furent gonflés par l'arrivée régulière de petits nombres de réfugiés
étant parvenu à s'échapper de Norvège occupée, et leur équipement fut amené à un
certain niveau de normalisation grâce aux avions et bateaux britanniques et
américains. Les escadrilles norvégiennes utilisaient ainsi les avions du Fighter
Command et du Coastal Command de la RAF, à savoir des chasseurs Spitfire et des
chasseurs-bombardiers Mosquito, ainsi que des hydravions Short Sunderland et
Catalina. Il y eut également des pilotes norvégiens volant directement au
service du Bomber Command de la RAF.
Une armée norvégienne fut également remise sur pied en Écosse. Toutefois,
excepté quelques unités restreintes des forces spéciales, elle ne connut que peu
de combats durant le reste de la guerre. Des unités de cette armée norvégienne
basée en Écosse participa à la libération du Finnmark (province la plus
septentrionale de Norvège) au cours de l'hiver 1944-1945 après que la zone a été
évacuée par les Allemands lors d'une opération terre brûlée, en prévision d'un
assaut de l'Armée rouge. Au cours de cette opération, il n'y eut pour ainsi dire
que quelques escarmouches avec les arrière-gardes allemandes et des patrouilles.
En Suède neutre, des forces norvégiennes se reconstituèrent également, au cours
des deux dernières années de la guerre, par le biais des « forces de police »
constituées avec le soutien des autorités suédoises. Le terme de « police »
servait de couverture pour ce qui était l'entraînement militaire pur et simple
d'une troupe aguerrie et bien équipée, qui atteignait environ 10 000 hommes le 8
mai 1945.
Analyse
Comme prévu, l'opération fut une victoire décisive pour l'Allemagne nazie. Le
Danemark et la Norvège sont tous deux occupés, et ce au prix de pertes humaines
relativement légères : 3 800 Allemands tués et 1 600 blessés. L'effet de
surprise a été quasi total, surtout au Danemark, et seule la région de Narvik
s'est avérée quelque peu problématique à conquérir. La Luftwaffe perdit environ
100 appareils, soit à peu près 10 % des forces engagées.
Toutefois, sur mer, l'invasion connut de sérieux contretemps. La Kriegsmarine a
ainsi perdu un croiseur lourd, deux croiseurs légers, dix destroyers et six
sous-marins, ces pertes laissant la marine de guerre affaiblie alors qu'Hitler
continuait à échafauder ses plans d'invasion de la Grande-Bretagne.
La flotte britannique connut elle aussi des pertes significatives, perdant un
porte-avions, deux croiseurs, sept destroyers et un sous-marin. Toutefois, leur
flotte étant bien plus importante, les Britanniques purent absorber les pertes
bien plus facilement que les Allemands. Le Royaume-Uni reçut du coup en plus
l'appui d'une part de la marine marchande danoise et surtout de la marine
marchande norvégienne, une des plus importantes du monde.
La marine française perdit un grand destroyer au cours de la campagne2, et la
marine royale norvégienne perdit un destroyer, deux navires de défense côtière,
et trois sous-marins se sabordèrent3.
Les Britanniques, en détruisant les installations portuaires à Narvik, obtinrent
ici un demi-succès. Les destructions empêchèrent tout départ de chargement
depuis le port durant six mois. Toutefois, les Alliés comptaient les empêcher
durant un an.
L'occupation de la Norvège par l'Allemagne se révéla une épine dans le dos des
Alliés durant les années qui suivirent. Les bombardiers à long rayon d'action
qui y furent basés par l'Allemagne contraignit la Grande-Bretagne à maintenir
dans le nord du pays quelques escadrilles de chasseurs, ce durant la bataille
d'Angleterre, et les raiders allemands purent utiliser la Norvège comme base de
ravitaillement et rejoindre l'Atlantique Nord en toute impunité. Après
l'invasion de l'URSS par l'Allemagne en 1941, les bases aériennes et navales
norvégiennes furent également utilisées par les Allemands pour interdire aux
Alliés l'envoi des convois de l'Arctique, infligeant des pertes sévères aux
tonnages expédiés. De plus, la présence du « roi solitaire », le cuirassé
Tirpitz, dans le fjord de Tronheim, et par la suite à Kaafjord, immobilisa à
Scapa Flow les plus grands navires de la Home Fleet de la Royal Navy.
L'occupation de la Norvège devint plus tard à son tour un fardeau pour
l'Allemagne, puisque ses longues côtes étirées offraient de nombreuses
opportunités pour des raids des Alliés durant les années suivantes. De plus, le
pays requérait d'importantes troupes d'occupation. Les effectifs de ces troupes
d'occupation atteignirent jusqu'à 400 000 hommes en 1944, troupes immobilisées
et inutilisables par exemple lors des débarquements alliés en France ou sur le
front russe.