Les maquis Nivernais
La Résistance externe et Interne et les Maquisards :
La Résistance extérieure naît le 18 juin 1940 avec l'appel du général de Gaulle,
répondant au discours du maréchal Pétain de la veille en refusant l'armistice
signé et en encourageant la résistance militaire. De Gaulle est bien seul au
début, même si le 28 juin 1940, le gouvernement britannique le reconnaît
officiellement comme "chef de tous les Français libres".
Les ralliements à de Gaulle sont d'abord limités. La plupart des militaires
français réfugiés en Grande-Bretagne préfèrent l'Etat français né de la défaite
à une France combattante siégeant à Londres.
Quelques officiers (comme Leclerc) et des administrateurs (comme Eboué)
conduisent l'Afrique occidentale dans le camp de la France libre dès août 1940
atténuant l'échec du débarquement à Dakar en septembre 1940. En 1941, la
Nouvelle Calédonie, Tahiti, les possessions en Inde se rallient à leur tour,
permettant à de Gaulle d'asseoir sa légitimité auprès des Alliés britanniques,
puis américains et soviétiques. En décembre 1941, la France libre a une
représentation diplomatique à Londres et à Moscou.
Les résistants sont donc représentés par 2 groupes : les FFI (Forces Françaises
de l'Intérieur) très attachées à un patriotisme non radical, et reconnaissant
pour chef le Général de Gaulle...
... et les FTPF (Francs Tireurs Partisans Français) de sensibilité de gauche,
engagés sous l'autorité du Général Giraud, ce qui explique certains désaccords.
Dans la Nièvre, les FFI sont dirigés par le colonel Roche, et les FTPF par
monsieur de Champeaux et Roland Champenier.
L'armée française issue de l'armistice hésite un moment entre l'obéissance au
général Giraud, soutenu par les Américains et peu enclin à dénoncer le régime de
Vichy, et le ralliement au général de Gaulle.Finalement, avec le soutien
déterminant de la Résistance intérieure, c'est la seconde option qui l'emporte,
permettant à de Gaulle d'écarter Giraud et de rester le seul interlocuteur des
Alliés.
Les Forces Françaises Libres ou Forces Françaises de l'Intérieur
En 1941, les Forces Françaises Libres sont modestes. Elles regroupent les
troupes de Leclerc au Tchad (qui se sont illustrées à Koufra), quelques marins
et aviateurs en Grande-Bretagne et au Moyen Orient, après les opérations de
Syrie.
En juin 1942, la brigade de Koenig se distingue à Bir Hakeim. Ces forces
s'étoffent après le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942.
Dès 1943, les Forces françaises libres, équipées par les Américains, se battent
avec les Alliés. Un effort de mobilisation permet de constituer une armée de
500.000 hommes, en grande partie constituée d'Algériens et de Marocains, sous le
commandement de chefs ayant rompu avec Vichy (comme de Lattre de Tassigny ou le
général Juin).
Cette armée ss'engage à partir de 1943 en Italie, puis en France en 1944 : la
Division Leclerc débarque en Normandie et l'armée dirigée par de Lattre de
Tassigny débarque en Provence, la première participant à la libération de Paris,
la seconde remontant au travers du sud-est du pays, délivrant Marseille puis
Lyon avec l'appui de la Résistance intérieure qui a déclenché l'insurrection
nationale.
Au fur et à mesure de la libération du territoire français, les Forces
Françaises de l'Intérieur vont grossir les rangs de l'armée régulière pour
accroître le contingent français au sein des armées alliées.
Engagement d'honneur du "Franc-Tireur Partisan Français"
Je soussigné, déclare m'engager dans les rangs des F.T.P.F. pour servir avec
honneur en tous lieux et jusqu'à la Libération totale du territoire français. Je
jure de combattre avec fidélité et discipline dans les unités F.T.P.F. qui sont,
sur le sol de la patrie, l"avant-garde de l'armée de la France combattante. J'ai
conscience des devoirs que j'assume en appartenant aux forces de la Libération
nationale et de combattre aux côtés des soldats de l'armée du général de Gaulle
ilustrés à Bir Hakeim et de l'armée du G énéral Giraud.
En souscrivant formellement aux prescriptions du code d'honneur des F.T.P.F. je
m'engage :
1- A servir la France, me consacrant de toutes mes forces à l'action contre les
envahisseurs et les traîtres à leur solde afin que la France, libre de tout
occupant, retrouve son indépendance et sa souveraineté au milieu des nations
libres.
2- A exécuter avec discipline et conscience tous les ordres qui me seront donnés
par mes chefs, la discipline librement consentie, fermement appliquée, étant
indispensable à l'accomplissement de notre action et à la sécurité de nos
forces.
3- A garder le secret le plus absolu envers quiconque sur tout ce qui concerne
les unités F.T.P.F. et tout ce qui s'y rapporte, leur organisation, leur action,
leurs chefs, ainsi que toutes les organisations quelles qu"elles soient.
4- A résister, au cas où je serais fait prisonnier par l'ennemi ou par la police
dite française, à toutes les menaces comme aux pires tortures, à ne jamais
donner aucune déclaration ou indication quelle qu'elle soit, sur n'importe
quelle organisation de F.T.P.F ou autres, ou sur aucune personne connue et
inconnue, ou sur telle ou telle opération passée ou à venir.
5- A venger tous les crimes commis par l'ennemi ou ses policiers contre les
patriotes.
6- A rechercher tous les traîtres coupables de délation à l'égard d'un patriote
ou d'une organisation, et qui se sont par cela même condamnés au châtiment de la
peine de mort qui doit leur être appliquée dans le plus bref délai et sans
recours possible. Tout individu s'opposant à l'application du châtiment à
l'égard d'un délateur doit être considéré comme solidaire de sa trahison et puni
en conséquence.
7- A observer scrupuleusement toutes les règles de l'action illégale et
clandestine auxquelles sont soumis tous ceux qui combattent contre l'envahisseur
dans les conditions de l'occupation du territoire (ces principales obligations
et règles sont énumérées sans la note de service 210A sur la sécurité, dont je
déclare avoir pris connaissance).
8- A accomplir toutes les missions qui me seront confiées avec célérité, esprit
d'initiative et d'abnégation, à reconnaître pour chef, au cas où mon unité se
trouverait privée de son commandement au cours de l'action, soit son suppléant,
soit le meilleur et le plus expérimenté des combattants afin de mener l'action
jusqu'au bout.
9- A prêter au maximum aide à tout patriote en danger ou blessé et à faire le
maximum d'efforts pour l'aider à conserver ou à recouvrer la liberté.
10- A participer activement au recrutement de nouveaux combattants pour
renforcer les unités F.T.P.F, à accroître mon instruction militaire, à aider à
l'instruction de mes camarades, afin d'accroître la qualification de mon unité
par l'étude de l'art militaire, du maniement des armes, et surtout par un effort
constant pour accroître sa force offensive, ses moyens de combat et élever
toujours plus haut le niveau de son action.
11- A conserver toujours une conduite exemplaire afin que l'honneur des F.T.P.F
ne puisse être entâché par un acte indigne d'un soldat de la Libération
nationale et à faire respecter autour de moi la discipline, à faire régner la
discrétion, tout bavardage étant considéré comme un manquement grave à la
sécurité et à la discipline.
12- A observer à l'égard de tout patriote appelé à m'aider ou à m'héberger une
conduite exemplaire, à veiller à la ville ou à la campagne à l'observation
vigilante de toutes les mesures propres à assurer leur sécurité, à savoir passer
inaperçu, à restreindre au maximum mes entrées et sorties, à témoigner par ma
conduite et ma tenue de la gratitude à l'égard des patriotes qui m'aident à
accomplir ma mission, à renforcer par mon exemple leur foi dans la cause de la
Libération de la Patrie.
Origine des maquis nivernais :
L'occupation allemande dans la Nièvre a été ralentie du fait de l'encombrement
des routes et des voies ferrées créé par la débâcle militaire et par l'exode des
habitants du Nord de la France.
C'est le 16 juin 1940 que les troupes nazies arrivent du nord du département
pour être le lendemain à Nevers et passer le 18 dans l'Allier.
Sous l'occupation, le Nivernais-Morvan constitue une région présentant des
caractéristiques idéales pour abriter des maquis.
De fait, il en compta 48 au total.
La Nièvre entre en résistance
La première forme de Résistance est née naturellement, lorsque les soldats de
l'Armée Française exténués, ne voulant pas se rendre, se cachent dans les bois,
en particulier dans le Haut-Morvan et sont recueillis par les habitants qui
facilitent ensuite leur passage en zone libre.
Une autre forme se manifesta à la suite de l'installation d'un camp de
prisonniers français à Fourchambault : ravitaillement clandestin, évasions,
traversée de la Loire et franchissement de la ligne de démarcation par des
passeurs.
La troisième forme, la plus importante, prit naissance avec un afflux important
de jeunes, réfractaires au STO qui préfèrent passer aux maquis plutôt que de
partir travailler dans les usines allemandes.
Cette résistance rurale a puisé sa force dans l'isolement du Morvan des années
40, mais surtout dans la solidarité de nombreuses familles, et dans les valeurs
de notre République bien ancrées ici depuis le XIX siècle.
La plupart des maquis portaient le nom de leur chef. C'est sous ces noms qu'ils
entrèrent dans notre Histoire, et dans la légende de la Résistance Nivernaise
qui réunit près de 9000 hommes à la veille de la Libération, en plus des maquis
recencés. Quels étaient les motifs de ces engagements, qui conduisaient à
l'héroïsme sans y être forcément préparé (Amour de la liberté, refus de
l'oppression, une certaine idée de la France, foi ou goût de la justice,
camaraderie et fraternité des armes...)
Leur jeunesse et leur inconscience du danger fit le reste.
La technique employée
Le commandement FFI de la Nièvre donnait les instructions d'embuscade suivantes
:
"... Prendre position en bordure d'une voie que l'ont sait fréquentée et dans un
site bien protégé soit qu'il surplombe la route, soit parce que la végétation
permet une bonne dissimutation, une efficace protection, la possibilité d'un
repli rapide.
Lorsque le convoi passe, le fusil-mitrailleur placé en avant du dispositif a
pour mission de bloquer le premier véhicule. Toute la colonne est alors stoppée,
immobilisée et soumise pendant un court instant, cinq ou six minutes au maximum,
au feu intense et évidemment meurtrier des assaillants.
Le premier moment de surprise passé, les maquisards ont l'ordre formel de
décrocher, de se replier et de répéter l'opération un peu plus loin... C'est
ainsi que les Allemands auront la désagréable impression que voies et forêts
fourmillent de maquisards».
La résistance spirituelle : Les jocistes
Les catholiques et notamment les jocistes à travers leur approche religieuse, se
sont également engagés dans la résistance. On connaît d'ailleurs assez bien à
travers les films populaires sur cette période le rôle joué par l'Eglise et ses
serviteurs pour cacher ou héberger les juifs traqués par les allemands...
Cependant, un certain nombre d'entre eux ont été capturés, torturés et dans le
meilleur des cas, enrôlés comme travailleurs au service du IIIéme Reich.
La littérature historique traitant de cette période aborde assez peu le cas
spécifique de ces combattants de Dieu à travers la Résistance et l'Exil, ainsi
que le rôle qu'ils ont joué.
L'ouvrage d'Elie POULARD " Mémoires d'un Jociste déporté du travail - Résistance
spirituellle 1943-1945 ", Imprimerie Barlerin - Decize - 2005 - 120 pages. édité
par l'Association Départementale des Déportés du Travail de la Nièvre apporte
des témoignages intéressants à cet égard.
La Résistance au fil des ans
1940 :
Il semble que le premier noyau organisé se soit formé aux Ateliers de Vauzelles
pour se répandre assez rapidement dans certains secteurs nivernais, en
particulier dans les usines et à la SNCF.
Le 20 juin 1940 ,devant la menace de prise en gestion directe par l'occupant de
l'Administration des Ateliers de Vauzelles, Fouchère, Secrétaire du Syndicat des
Métaux, en accord avec quelques camarades et en l'absence de la Direction
retenue en zone libre, prit l'initiative de constituer un comité de gestion avec
un ingénieur et deux chefs d'ateliers présents à Nevers. Les Ateliers ouvriront
le 1er juillet 1940, ce qui permit de recruter sur place des patriotes
susceptibles d'accepter des missions dans la lutte contre l'occupant.
Un premier groupe est organisé pour l'impression et la distribution des Appels à
la Résistance, de tracts et de journaux qui paraissent dès septembre 1940.
Le corps médical, s'engage aussi dans la Résistance Nivernaise (service de
santé) avec Marius Durbet (futur maire de Nevers) sous la bannière de Pasteur
Valléry Radot et de Paul Milliez, avec comme principal objectif de ravitailler
les maquis en médicaments.
En novembre 1940 le Docteur Subert réunit dans son cabinet des Partisans
Nivernais de la lutte clandestine avec des officiers belges et un agent anglais
de l'Intelligence Service.
En décembre 1940, le Docteur Chanel ,en liaison avec les services gaullistes,
commence à recruter des patriotes dans le département de la Nièvre et se met en
rapport avec le Docteur Subert.
1941 :
En janvier 1941, ceux-ci prennent contact avec des parachutistes venus de
Londres à la recherche de terrains d'atterrissage et de parachutage.
C'est en janvier 1941 que le premier noyau de "Libération-Nord" est créé sur
l'initiative de Pierre Gauthé et six de ses camarades.
Création à Lormes d'un groupe de résistants, sous l'impulsion de Henri Dennes,
qui constitue la base du futur maquis "Sanglier".
Au même moment, les Groupes Francs, créés par Fouchère, qui plus tard deviennent
Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F), continuent leurs distributions
de tracts et sabotent le réseau haute tension à Vauzelles.
Le Docteur Subert fonde avec le Commandant Martin le "Groupement des Français du
Morvan" pour mener la lutte contre l'occupant et réagir contre les idées de
collaboration.
En avril 1941, les embarquements de troupes nazies continuent toujours sous la
menace des mitrailleuses.
En mai, le réseau téléphonique militaire est de nouveau saboté à
Pougues-les-Eaux.
Création par Jean Lavenant d'un groupe de résistants cheminots, intégrés plus
tard au groupe "Libération-Vengeance".
Fusion du Groupement du Docteur Subert avec celui du Capitaine Brice et du
Docteur Chanel.
Mise en place de l'organisation militaire
1941
Henri Ribière, Secrétaire Général de "Libération", donne l'ordre à son groupe
dans la Nièvre de préparer des formations militaires sur les instructions du
Général Köenig. Toutes les organisations de Résistance ayant reçu le même ordre.
Le noyau de "Libération" étant déjà surchargé d'autres missions, Pierre Gauthé
charge le Lieutenant-Colonel Roche de mettre sur pied cette organisation
militaire.
Il parcourt dès lors la Nièvre en vélo, par tous les temps, installant les
cadres de la future Armée qui en 1943 gagnera les maquis et permirent de
démoraliser l'occupant en le harcelant sans cesse.
Chaque arrondissement a son Chef, chaque canton son Responsable et lorsque vient
l'ordre de créer les Forces Françaises de l'Intérieur (F F I) le Colonel Roche
(qui s'appele Derenne, puis Moreau dans la clandestinité) avait largement
préparé le réseau.
C'est l'idéal patriotique qui pousse les jeunes à s'engager dans le Maquis.
(un jeune de Fourchambault vint même à pied au maquis, ses souliers n'ayant plus
de semelles.)
Les autorités allemandes réquisitionnent de plus en plus le bétail, les céréales
et toutes les ressources alimentaires pour les acheminer vers l'Allemagne
mettant la majorité des paysans du côté des résistants.
Des distributions massives de tracts, affiches et papillons renseignaient
exactement la population de tout le département.
1942 :
En avril 1942, de nouveaux sabotages, en particulier à la Thomson où un stock
considérable de pièces pour obus sont inutilisables.
Naissance et organisation du Maquis Camille avec Bernard (alias CAMILLE) et
Longhi (alias GRANDJEAN).
En mai, 42 patriotes participent aux attaques des feld-gendarmerie de Nevers et
de Prémery.
En juin, les services de l'Etat-Major sont attaqués à l'Hôtel de France. Le
matériel de sabotage d'engins de destruction sort maintenant régulièrement des
Ateliers de Vauzelles.
Les services spéciaux de la Gestapo sont attaqués en juillet 1942, rue Pasteur à
Nevers, et les chiens policiers neutralisés par empoisonnement. Un wagon de
ravitaillement militaire est incendié sur la ligne de Chagny.
En août, deux sabotages de ravitaillement militaire sont effectués sur la ligne
de Clamecy et du fourrage incendié. Un attentat à la bombe est exécuté contre le
siège de la L.V.F, place Wilson à Nevers. Un responsable FTP est arrêté.
A partir de ce moment-là, les actions de sabotage de voies ferrées ne se
comptent plus, il y en a plus de 40 sur la ligne de Chagny et autant sur les
lignes de Paris, Lyon et Bourges. Cela oblige l'armée allemande à se rabattre
sur le réseau routier où ils deviennent plus vulnérables. C'est alors que le
premier Maquis FTP se forme à la Fontaine-du-Bois près de Poiseux, alimenté pour
l'essentiel par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) et de
déportation de main-d'oeuvre en Allemagne. Il a pour chef Marquereau, et ses
embuscades complétent les sabotages des spécialistes du rail.
En novembre 1942, l'attaque près de Pouilly des services ennemis, donne accès à
des renseignements précieux grâce à la récupération des dossiers de l'Etat-Major
allemand.
Le 12 novembre, le Docteur Subert est arrêté et déporté à Buchewald où il trouva
la mort.
1943 :
Le gouvernement de Vichy a installé à Dijon un "service de répression des menées
antinationales" dirigé par le Commissaire Fourcade. Celui-ci envoie le 1er
octobre 1943 à Nevers une petite brigade de répression sous l'autorité de
l'inspecteur Dumontel, assisté de Messieurs Grimbaire, Berriot, Lebritz, Marais
et Kohler. Cette brigade procède à l'arrestation d'un certain nombre de
résistants : MM Robert Genet, Georges Leblond, Marcel Raveau, Georges Séverin,
Henri Bussières, René Lepetit, Roger Beauger, qui sont incarcérés puis torturés
à l'École Normale.
La résistance à l'hôpital : Charles Bourdillon
Suite à ces exactions, ce médecin de la prison et de l'hôpital de Nevers,
constate puis tente de s'opposer aux tortures. Il juge nécessaire d'alerter M.
Tardivat, substitut du Procureur de la République. Il le rencontre à son
domicile 9 rue de la Chaussade, puis décide d'hospitaliser les victimes et de
demander un rendez -vous au préfet Dramard qui le reçoit en présence de
l'inspecteur Dumontel et du substitut. Cet entretien est l'occasion d'exprimer
une vigoureuse protestation contre les tortures. Le Préfet s'étonne,
l'Inspecteur Dumontel s'indigne que l'on puisse critiquer ses méthodes de lutte
contre le terrorisme.
Charles Bourdillon adresse alors une solennelle protestation au Préfet de la
Nièvre et au Maire de Nevers (en même temps Président de la Commission
Administrative de l'Hôpital). Apprenant que l'inspecteur Dumontel veut
réincarcérer Leblond, il établit un faux diagnostic d'appendicite. Leblond sera
opéré par le docteur Duncombe. Le 6 novembre 1943, six résistants hospitalisés,
dont Leblond s'évadent de l'hôpital. Aussitôt révoqué par le Préfet Dramard, le
docteur Charles Bourdillon abandonne ses fonctions de médecin de l'hôpital et de
médecin de la prison.
Beaucoup plus tard (mai 1944), Charles sera longuement interrogé par le
capitaine Mohr (Gestapo de la rue Jeanne d'Arc), et ressortira libre de cet
interrogatoire. Apparemment selon M Salauze, Directeur Départemental de la Santé
son dossier n'était pas encore parvenu de Dijon à Nevers. Encore plus tard, le
1er juin 1944, il sera réintégré dans ses fonctions par de Beaumais, le dernier
préfet de Vichy . Le procès de la Spac aura lieu le 26 février 1945 (témoignages
de Marlin et de Bourdillon) : Fourcade et Dumontel seront condamnés à mort.
Louis Aubin alias Bernard avec Naudin de Saulieu, organisent un maquis dans la
Forêt Chenue à Saint-Brisson.
Londres est régulièrement tenu informé des mouvements de troupes allemandes par
l'équipe de "Libération" de Nevers.
Nevers est un noeud ferroviaire sentiel pour les allemands, "Centre-Rames" de
toute la France pour les les transports par rail. Il a son siège rue
Jeanne-d'Arc, à côté du dispatching SNCF avec lequel il travaille.
A ce service se trouve Angelard, Sous-Chef de Gare dispatcher, maire de
Varennes-Vauzelles. Il permet de transmettre de précieux renseignements sur les
mouvements des troupes allemandes.
Les groupes nouvellement constitués commencent à se manifester en arrêtant les
réquisitions de bétail de Saint-Brisson et Montsauche (maquis Bernard), par des
déraillement de trains et incendies de wagon (Maquis Louis) sur la ligne de
Nevers à Chagny, aux Ardillys et à Luzy. Une bombe incendiaire placée dans un
wagon de munitions fait exploser le train à Chagny. Le Capitaine Louis du
War-Office prend le commandement du Maquis Louis le 28 décembre 1943 et entre en
contact avec le Colonel Roche à Saint-Honoré.
Le 14 mars 1943, sous le contrôle du Bureau des Opérations Aériennes (B.O.A), et
sous la direction du Capitaine Pichard (alias Picolo), le premier parachutage de
la région (et un des premiers de la Nièvre) a lieu dans la plaine de Soumard,
sur la commune de Saint-Andelain.
1944 :
L'année 1944 fut l'année des combats qui ont abouti à la libération du
département.
On compte maintenant 48 maquis dans la Nièvre regroupant 11.600 hommes environ.
18 maquis ou groupes sont rattachés au groupe "Libération Nord", 16 maquis
composent le "Bataillon Roland" avec 16 compagnies rattachées au "Front
National" (qui n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui !!!). L'unité
d'action se forge au cours des combats, les uns se portant au secours des
autres. L'unité de commandement se réalise ,après le débarquement, sous la
responsabilité d'un Etat-Major départemental installé au Maquis d'Ouroux dont le
chef militaire était le Colonel Gaston Roche.
Leurs actions sont nombreuses et déterminantes mais exposent à des représailles
sanglantes :
Au cours du premier semestre 1944, la nervosité de l'armée allemande est à son
comble : accrochages avec les maquis, massacres de Druy-Parigny (voir ouvrage
d'Emmanuel de MAIGRET "Un village... Une guerre. Druy Parigny 1939-1944,
Editions de la Morande - Paris - 2004 - 137 pages), incarcération et assassinat
de médecins résistants : Fanjoux de Cercy la Tour et Lévêque de
Jouet-sur-l'Aubois sont emprisonnés, Hélion de Saint Saulge, et Dollé de Luzy
sont assassinés.
Le 26 juin 1944, les Nazis arrivent à Dun-les-Places. A 20h30, tous les hommes
se trouvant dans le village sont rassemblés sous le porche de l'église et sont
fusillés. La population enfermée dans les maisons attend. La nuit du 27 au 28 va
lui sembler éternelle au milieu des détonations, du crépitement des flammes, de
la fumée des incendies. Après que les nazis s'éloignent avec leur butin, les
survivants pourront établir le bilan de notre "Oradour Nivernais" seulement le
28 au matin : 27 cadavres, dont certains mutilés, rangés dans l'église dont la
porte est criblée de balles, attestent s'il le fallait de l'horreur de la
réalité du fascisme nazi.
Quelques jours après le bombardement de Nevers par l'aviation alliée le 16
juillet, et avant leur départ définitif du 6 septembre, les allemands font
sauter le viaduc de chemin de fer le 3 septembre.
Le bombardement de Nevers
Le 3 septembre 1944, Nevers est bombardé de façon massive et générale à la
lumière des fusées éclairantes par les Britanniques, et suivi d'un passage de
plusieurs chasseurs américains ensuite.
Contrairement aux frappes habituelles et très "ciblées" de la RAF, ce fut un
enfer qui se voyait et s'entendait à plus de 20 km à la ronde.
Ce bombardement a fait 162 victimes civiles françaises, et 21 allemands.
S'en suivra le bombardement de Neuvy sur Loire, cette fois-ci par les americains...
Les femmes nivernaises dans la Résistance
Très jeune, la princesse M.D. de Croy, a participé à la Résistance comme agent
de liaison.
L'oeuvre du Chanoine du Grey, en fait peu état car elle a supprimé dans son
témoignage que sa famille avait travaillé dans la Résistance et que sa mère fut
décorée de la Légion d'honneur par Monsieur Mitterrand suite à la façon
exemplaire dont elle a évité le pire pour son village de Saint-Benin lors des
évènements du 4 septembre 1944.
Ce 4 septembre, suite à une escarmouche, une unité en repli prend 22 otages à
Saint-Benin d'Azy, et sans l'intervention de la Princesse de Croÿ et du docteur
Franck Bernard, ils auraient été fusillés.La famille de Croy a aussi hébergé 25
enfants juifs.
Autre cas évoqué par Christophe THIERRY et Janette COLAS "une employée des
postes résistante à Clamecy" (mémoire maîtrise) - Université de Bourgogne, Dijon
: 1996 - 128 p. + annexes.
A la Libération, le Gouvernement Provisoire se substitue à l'administration de
Vichy. Le nouveau préfet de la Nièvre est M Jacquin, les maires de Nevers issus
de la résistance sont : Léon Sainson, puis Marcel Barbot, puis Marius Durbet.
LES MAQUIS
Le maquis Bernard
La commune d'Ouroux-en-Morvan abrita le maquis Bernard, Haut lieu de la
résistance en Morvan. Fondé en 1943 par le capitaine Louis Aubin, ce maquis fut
l'un des plus anciens et des plus importants maquis local et compta jusqu'à 1200
hommes début septembre 44. La présence à ses cotés à partir de juin 44 à la fois
de l'état Major départemental de la résistance nivernaise et des parachutistes
anglais des fameux S.A.S (Special Air Service).
Le cimetière franco-anglais, compte 27 tombes, toujours entretenues en souvenir
de tous les combattants morts, et rappelle qu'Ouroux-en-Morvan était le PC de la
Résistance Nivernaise. Le maquis Bernard marqua la vie de toute la région,
notamment par le soutien qu'il trouva auprès d'une population particulièrement
motivée et dévouée à sa cause. Sa présence et les nombreuses luttes qu'il mena
contre l'occupant permirent à cette partie du territoire nivernais d'être
libérée avant le reste de la Nièvre et à la commune de devenir préfecture de la
Nièvre pendant plusieurs semaines, à partir de mai 1944.
M. Bachaud, sous préfet honoraire, écrivait à ce sujet : "Le Général De Gaulle
avait désigné M. Jacquin, un haut fonctionnaire des Finances, comme Préfet de la
Nièvre libérée. En effet, tous les Préfets en place sous le gouvernement de
Vichy devaient être remplacés. M.Jacquin me choisit comme Chef de Cabinet. Il
décida de se fixer dans la Nièvre où il arriva le dimanche précédant l'Ascension
1944. Après un court séjour à Châtillon en Bazois, pour des raisons de sécurité,
M.Jacquin vint à Nevers. Je l'hébergeais à mon appartement Place saint Laurent.
Mais, quelques jours après l'arrivée du Préfet dans la Nièvre, le Colonel Roche
Commandant Départemental des FFI et P.Gauthé qui avaient été chargés de
constituer le Comité Départemental de la Libération, avaient dû partir
précipitamment de Nevers, la Gestapo s'étant présentée à leur domicile.
Ils trouvèrent d'abord asile à Saint-Honoré-les-Bains où ils restèrent quelques
semaines. Mais les communications étaient difficiles et cette séparation posait
des problèmes. L'état Major F.F.I. s'étant en définitive installé dans les bois
de Coeuzon, le Préfet et moi-même l'y rejoignîmes. C'est de Nevers que M.Jacquin
et moi sommes partis pour Ouroux après une escale à Champvert, en attente d'un
véhicule. M. Jacquin fut hébergé à l'Huis-Miré.
Il fallait à la Préfecture un minimum de matériel pour fonctionner. Ayant appris
que l'abbé Pean, patriote sûr, possédait une machine à ronéotyper, nous lui
avons demandé de nous la prêter, ce qu'il fit volontiers. Il fallait une
dactylographe. Une jeune fille étudiante en vacances et qui savait taper, se mit
bénévolement à notre disposition.
A la préfecture d'Ouroux, on préparait les décisions qu'il y aurait à prendre
une fois la Nièvre libérée et le Préfet installé à Nevers. Préfecture
potentielle pour l'ensemble de la Nièvre, elle pouvait être "de plein exercice"
pour la partie libérée du Morvan Nivernais. M. Le Préfet Jacquin y reçut
plusieurs Maires ou personnalités pour régler des problèmes locaux."
Commémoration du souvenir du maquis Bernard
Par l'installation d'une effigie en bordure de la D.977 bis, reliant Corbigny à
Montsauche, au lieu dit "Pont du Boulard". La statue représente un maquisard
avec un fusil en bandoulière sur l'épaule droite.
Bibliographie
2 supports audios (cassette et C.D) réalisés par l'Amicale du Maquis Bernard
retracent le contexte dans lequel le maquis s'est créé, et sur les conditions de
vie des maquisards. (textes, commentaires, chants).
Durée 78 mn.
Vente - (Office de Tourisme d'Ouroux) : CD 16 € / cassette 15 €
" Promenons nous dans les bois " du docteur Alec PROCHIANTZ (chirurgien au
maquis)
Cet ouvrage retrace quatre mois de la vie d'un chirurgien dans le maquis.
Vente - (Amicale du Maquis Bernard) : 15 €
Le Maquis Beynac
Commandé par Jean Thel.
Le Maquis Camille
Jean LONGHI.
Né à CORTE (Corse), le 9 aout 1911, il suit sa famille à Vincennes pour la
mobilisation de son père en 14.
Militant communiste, il sera dessinateur à la cartoucherie de Vincennes. A la
grande crise, Jean restera deux ans chômeur. Il deviendra ingénieur à Colombes
en 1934, militera à la CGT et au PCF.
Spécialiste de l'armement, il sera envoyé par le PCF en Espagne.
Il dirigera un atelier de fabrications de pistolets mitrailleurs Beretta, avec
800 personnes sous ses ordres, essentiellement des femmes.
La victoire de Franco le ramène en France en 1939.
Pourchassé, il se réfugie dans le Morvan avec Paul Bernard en octobre 1941. Il
sera là pour la réception du premier parachutage anglais sur le Morvan, le 22
novembre 42, près de Saint Leger Vauban.
Il gagne la Nièvre avec Paul Bernard (Camille), et fondera un des premiers
maquis locaux : "Camille".
Fin 1943, il est nommé par le Service National Maquis responsable de tous les
maquis FFI de la Nièvre. Il a de bonnes relations avec Roland Champenier
installé à l'ouest du département.
Au Maquis Camille, il recoit après le 6 juin 44 les groupes SAS et les missions
JEDBURGH, et crée avec sa soeur un service de santé et un hôpital de campagne au
château de Vermot.
Il participera avec le commandant Roche à la libération de Nevers le 9 septembre
1944.
Démobilisé le 8 mai 1945, il partira travailler à Fourchambault, en Afrique du
nord, puis à Toulouse.
Il revient en 1978 à Saint Martin du Puy, prenant un rôle là encore essentiel
dans tous les travaux sur la Résistance dans la Nièvre, y compris le Musée de
Saint-Brisson.
Il nous a quittés le jour de Noël 2005 à Saint Martin du Puy.
Le Bloc maquis Decize
Créé à partir du 15 juillet 1944, par le Commandant de Soultrait (nom de maquis
Fleury), à la demande du Colonel Roche (commandant militaire du département de
la Nièvre ), il regroupe différentes unités implantées à proximité de Decize et
comporte plusieurs sections :
La « Compagnie Mercier »
commandée par le Sous-Lieutenant Mercier (nom de maquis : Blanc)
S'illustra notament par la destruction fin juin 1944 de la pompe située sur la
ligne de chemin de fer, à Béard, qui approvisionnait en eau les locomotives...
(restait plus que celle de Cercy-la-Tour. Les maquisards repartirent sans
encombres par la route de Chaluères, après avoir miné la voie dans la tranchée
d'Apilly.
Elle est aussi l'auteur, le 25 août 1944, de l'attaque du four à chaux près de
Sougy-sur-Loire.
La « Compagnie Dunkerque »
commandée par le Sous-Lieutenant Dumeurger (nom de maquis Jones).
Charles Binon entra dans la « Compagnie Dunkerque» sous les ordres du
Sous-Lieutenant Dumeurger, qui l'avait baptisée ainsi, parce que son régiment,
le 104ème d' Artillerie, avait réussi à s'embarquer avec les Alliés en mai 1940
à Dunkerque, contrairement à beaucoup d'autres.
Ce maquis ne resta jamais très longtemps au même endroit : de Vanze, près de
Verneuil, il s'installa ensuite à Lomboue, à quelques kilomètres d'Anlezy, vers
le 12 août.
"... Il comprenait seulement une douzaine d'hommes. Peu armés, il avaient
néanmoins un fusil-mitrailleur F.M. 24 trouvé dans une mare, au canon rouillé,
une mitrailleuse, quelques carabines et revolvers.
En tant que sous-officier d'active (il était sergent-chef), Binon reçut l'ordre
de contacter des officiers de réserve.
Il est allé voir Monsieur Guyot, maître d'école de Ville-Langy, puis Monsieur
Lacour, maître d'école d'Anlezy, qui acceptèrent sans réticence de les
rejoindre.
Le 30 août, deux gendarmes, un maréchal des logis et un adjudant - qui les
avaient rejoint au maquis - arrivèrent avec la voiture de liaison au carrefour
du Petit Lugues. L'un d'eux connaissait Madame Lemaître, qui tenait le bistrot
du carrefour, et bien qu'ayant reçu l'ordre de ne pas s'arrêter « On va avoir
deux ou trois paquets de tabac, et elle va nous payer un canon... »
A l'instant où ils entraient dans le café du carrefour, avec les hommes de la
seconde voiture, arriva un petit détachement allemand.
Alertés, les hommes ressortirent, et, comprenant leur malheur, s'enfuirent comme
une volée de moineaux, sauf un, Guyot, qui tira un coup de fusil et tua un
Allemand, avant de se sauver.
Quant à celui qui tenait le fusil-mitrailleur, il le jeta dans la haie pour
courir plus vite.
Les Allemands lancèrent aussitôt des grenades incendiaires à l'intérieur de la
maison, et tirèrent des rafales d'armes automatiques par les fenêtres, qui
mirent le feu au bâtiment. Il n'y eut aucune victime civile, mais la vieille
camionnette brûlait : elle fut tout de même récupérée par la suite...
Après cet épisode peu glorieux, le maquis, pour se rapprocher de l'axe
Nevers-Decize, s'installa au Domaine Grillot, au milieu du bois du Pavillon,
entre Trois-Vèvres et Druy.
Le 31 août, l'embuscade de la ferme de l'Etang fut montée..."
(Selon l'ouvrage d'Emmanuel de Maigret : "Un village, une guerre" Druy-Parigny
1939-1944)
Le Capitaine Lacour devînt chef de compagnie, et créa à son tour la troisième
compagnie du Bloc, aidé par un sous-officier d'active, Ponge.
Nouveaux groupes rattachés plus tard :
- La «Compagnie Chabet» créée par le Capitaine Emile Gribet (norn de naquis
Henri) en forêt de Chabet, à coté d'Âzy-le-Vif.
- un autre groupe de maquisards se constituera en forêt de Munet, dirigé par le
Capitaine Viard (nom de maquis Georges).
- D'autres compagnies seront créées par la suite, par le Lieutenant Guyot...
Regroupement tardif, mais à une période où rien n'était encore joué.
Les troupes alliées progressaie, mais très lentement et 60 jours après le
débarquement, la Bretagne devait être libérée jusqu'à une ligne Lisieux-Tours.
Or la lère armée americaine n'avait pas encore atteint Saint-Lô !
Quant à la 2éme armée britannique, elle avançait avec difficultés au sud-ouest
de Caen.
Le maquis Camille
CHOFFEL Catherine - Le maquis Camille. Action, représentation et mémoire. Un
exemple de Résistance en Morvan.- Université de Paris X : 1986. - 205 p. +
annexes.
Le maquis Daniel
LE BOURNOT Georges et Lise : Maquis Daniel. Nièvre. - 52 p., ill
Le maquis des Fraîchot
En raison de ses fortes capacités d'accueil, Saint Honoré intéressait fortement
les Allemands.
Les unités motorisées de la Vehrmacht entrent dans Saint-Honoré le 17 juin 1940
vers 16 heures. (elles sont à Luzy vers 17 Heures).
Un bataillon occupe les Hôtels, les Thermes, le Casino, la cavalerie
s'installant au château de la Montagne, les prisonniers étant rassemblés à la
Poterie tandis que quelques villas de particuliers sont aussi réquisitionnées..
La chaufferie des Thermes fonctionne en trois huit durant tout l'hiver très
rigoureux de 1940/1941 pour assurer le chauffage de l'hôtel Thermal, devenu
aujourd'hui le Bristol.
Les derniers éléments du bataillon de la Vehrmacht quittent Saint-Honoré à la
fin du mois de mai 1941.
Les Hôtels du Parc et du Morvan sont transformés en hôpitaux, puis occupés par
la troupe.
Mais de nombreuses familles juives y trouvent également refuge ; de nombreuses
rafles et arrestations s'en suivent.
La résistance s'organise, le Maquis des Fraîchots est créé occupant les monts et
forêts avoisinants, et conserve l'Hôtel du Guet pour centre.
De nombreuses actions furent menées jusqu'à la libération de St Honoré et
l'arrivée des alliés dans l'après midi du 12 septembre 1944.
Parachuté par le S.O.E (Special Operations Executive), le Capitaine Paul
Sarrette crée en 1944 un maquis de 1900 hommes dans les forêts avoisinants le
Mont Beuvray.
Il est soutenu par les patriotes du Morvan comme Georges Perrandin, propriétaire
de l'Hôtel du Guet, à Saint-Honoré les Bains, dont l'établissement sera
successivement : hôpital militaire, dépôt de l'armée allemande, centre de luttte
contre le S.T.O et Q.G de la résistance nivernaise.
Ainsi organisé et après s'être fait parachuté des armes lourdes, avec l'appui de
la R.A.F, le Maquis des Fraîchots mène de nombreuses actions jusqu'aux
débarquements.
Monsieur Jault, l'actuel propriétaire de l'Hôtel du Guet, l'a transformé en
musée, en hommage aux combattants de l'ombre.
On y découvre une foule de documents (journaux, tracts, photos...)
Le Maquis Julien
Fondé en janvier 1944, suite à la rencontre entre le colonel Pierre-Louis-Julien
Hennéguier et le Colonnel Jarry, délégué militaire pour la région Nord du
Général de Gaulle. Il lui est confié le commandement d'un groupe d'action
immédiate, qui s'illustrera dans le Morvan pour son efficacité redoutable.
Pierre Henneguier (1913 - 1992) ; alias "Gil" ou "Julien" fut démobilisé en
juillet 1940. Il renonce provisoirement à son métier de journaliste et
s'installe avec sa famille à Marseille.
Il y fonde une entreprise de transport, sous le couvert de laquelle avec 3 de
ses amis et quelques employés, il crée le premier réseau de résistance
marseillais. Arrêté en décembre 1941, puis relâché, il continue ses missions
avant de se faire contrôler en août 1943 par les allemands, dans un train
roulant en direction de Nice, entre Fréjus et St-Raphaël. Il s'en échappe de
justesse au prix d'une triple fracture du poignet et reprend ses activités au
début de l'année 1944, à la tête du maquis Julien.
Le maquis Longhi
Créé en 1942 et dirigé par Longhi alias GRANDJEAN.
Le maquis Louis
Le Capitaine Louis du War-Office prend le commandement du Maquis Louis le 28
décembre 1943 et entre en contact avec le Colonel Roche à Saint-Honoré.
S'est illustré par des déraillement de trains et incendies de wagon sur la ligne
de Nevers à Chagny, aux Ardillys et à Luzy. Une bombe incendiaire placée dans un
wagon de munitions fait exploser le train à Chagny.
Bibliographie :
SAUGE Carine - Un maquis original LOUIS, War Office- Association pour la
Recherche sur l'Occupation et la Résistance en Morvan, Saint-Brisson : 1999. -
151p., ill.
Le maquis Le Loup
Georges MOREAU ex-coifeur à CLAMECY est trés connu. Son palmarés entre 1940 et
1944 est des plus éloquent. C'était un grand meneur d'hommes. Le 1er avril 1944
cinq résistants commandés par MOREAU, qu'on appelle pas encore "Le Loup"
prennent le maquis, prés de Creux (commune de Villiers-sur-Yonne) au lieu-dit La
Cage-au-Loup, ce qui donnera son nom au maquis et à son chef.
Reconnu officiellement le 1er juillet 1943, Dagain de Libération-Nord, lui
procure un téléphone clandestin qui lui permet de communiquer avec Jeanne COLAS
postière à CLAMECY et avec l'état-major d'OUROUX. Ce maquis un des plus combatif
de la Nièvre deviendra plus tard le 7 ème bataillon de la Nièvre, puis le 3ème
bataillon du 4ème RI.
Le maquis Marquereau
S'est particulièrement illustré le 15 août 1944 lors des affrontements de
Moussy-Forcy.
La Fédération des Anciens du Maquis Mariaux conduite par Guy de Maumigny (88,
avenue Colbert à Nevers - 03 86 61 43 02) édite un bulletin de liaison
semestriel.
Il se souvient :
" A la suite des combats victorieux de Moussy-Forcy, un car de notre maquis a
croisé un convoi allemand qui, nous l'avons appris par la suite, avait déjà été
attaqué par un autre maquis dans la région de Lormes. L'échange de tirs a été
immédiat, l'ennemi était sur ses gardes, tandis que nos malheureux camarades
épuisés par quatre jours de combat, circulaient dans un car qui se révéla être
une souricière, le convoi allemand continua sa route en direction de
Château-Chinon, mais deux de nos camarades laissèrent leur vie dans cette
rencontre (le sous lieutenant Lucien Gaigne, 52 ans, militaire de carrière ayant
baroudé sous toutes les latitudes et le jeune Marcel Conrad qui n'avait que 17
ans) et des blessés furent soignés sur place par la population."
En faisait aussi partie : Raymond Girardin, Jean Gobet, Raymond Peudepièce...
Bibliographie
Maquis Mariaux - s.éd., s.l.: s.d. - n.p. (manuscrit)
Maquis Mariaux - Journal de marche. - s.éd., s.l. : s.d. - 69 p.
Le maquis Marquereau
Premier Maquis FTP formé à la Fontaine-du-Bois près de Poiseux en 1942, alimenté
pour l'essentiel par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) et
de déportation de main-d'oeuvre en Allemagne. Il a pour chef Marquereau
Le réseau Pat O'Leary et Edouard MILLIEN
Monsieur MILLIEN occupait le poste de chef de division à la préfecture de
Nevers. Dans cette situation, il fit preuve d'un esprit combatif hors du commun.
Ancien combattant de la guerre 1914-1918 (titulaire de la croix de guerre),
rescapé des éparges, de la Tête à Vache, des Hauts de Meuse, «le chef» comme on
l'appelait, fut un homme remarqué et apprécié de tous ceux qui l'ont connu.
A 45 ans il entrait en résistance et se sentit poussé par le devoir d'agir au
mieux pour défendre une deuxième fois sa patrie. Son poste à la préfecture s'y
prêtait particulièrement pour établir des documents qui ont sauvé la vie de
nombreux résistants.
Il devint le chef du réseau PAT O'LEARY.
Ce réseau était spécialisé dans l'évasion des aviateurs alliés abattus dans les
pays occupés par l'ennremi et qui devaient regagner l'Angleterre afin de
continuer le combat. Grâce à édouard MILLIEN, un grand nombre de pilotes ont
ainsi pu rejoindre l'aviation anglo-américaine qui manquait cruellement
d'effectifs navigants. Cette action était grandement facilitée par les faux
vrais papiers fournis et établis par Edouard MILLIEN.
Malheureusement cette action était très dangereuse et, le 25 février 1942,
Edouard MILLlEN est arrêté à son bureau de la préfecture. à Dijon, le tribunal
demande contre lui la peine de mort mais à la dernière minute, celle-ci est
commuée en travaux forcés. Transféré à la prisonde Karlsruhe puis ensuite à
Bruchsal, où il reste près de trois ans, il termine à la forteresse de
Vaihingen-sur-Enz.
C'est là qu'il est libéré par les Américains. Une Nivernaise, Mlle de NADAILLAC,
le découvre dans un état pitoyable.
De retour dans sa campagne nivernaise, il reprend des forces mais le mal est
trop profond et l'emporte. La modestie d'édouard MILLIEN lui fait renoncer à
tout honneur dont le poste de préfet qui lui a été proposé.
Le square des Déportés près de cette Loire qu'il a tant aimé porte son nom. Il
était titulaire de la Légion d'honneur, de la médaille militaire et de la
médaille de la Résistance.
Le maquis Sanglier
En 1941, création à Lormes d'un groupe de résistants, sous le commandement
d'Henri Dennes, qui constitue la base du futur maquis "Sanglier".
Le réseau Turma-Vengeance
Pour quelques résistants nivernais, ce réseau a été la première forme de leur
action, dont : Roger Bertin, Ronbert Gaudry, Albert Graillot, Adrien Lévèque,
Guy de Maumigny, Christian de Saint-Phalle...