LES GOUMIERS


Un goum était une unité de goumiers, soldats berbères marocains, appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l’armée de terre. Ils ont existé de 1908 à 1956.

Les goumiers se sont surtout illustrés lors de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les Groupements de tabors (régiments), tabors (bataillons) et goums (compagnies) ont obtenu, entre 1942 et 1945, dix-sept citations collectives à l'ordre de l'Armée et neuf à l'ordre du Corps d'Armée, puis en Indochine de 1946 à 1954.

Origine:

La création des premiers goums marocains remonte à 1908. Ils formaient à leur début une sorte de gendarmerie irrégulière destinés à assurer des patrouilles ou des missions de reconnaissance sur le territoire marocain. Ils seront régularisés en 1913 et placés sous l'autorité militaire française.

Organisation:

Un goum, l'équivalent d'une compagnie, regroupe environ 200 goumiers. En période de guerre, les goums sont regroupés en Tabor, équivalent d'un bataillon, de trois à quatre goums. Enfin, le GTM ou Groupement de tabors marocains, l'équivalent d'un régiment, est composé de trois tabors.

Durant la Seconde guerre mondiale, chaque GTM comporte près de 3 000 hommes dont un peu plus de 200 officiers et sous-officiers. Il comprend un goum de commandement et d'engin (CGE) et trois tabors.

Le CGE (environ 300 hommes) comprend notamment :

Une section de protection et de pionniers
Un peloton d'estafettes à cheval
Un peloton antichar et de mortiers
Un groupe muletier

Le Tabor (environ 900 hommes) comprend :

Un CGE composé d'une section de mortiers de 81, d'un peloton de cavaliers et d'un groupe du train
Trois goums de trois sections chacun

La proportions d'« indigènes » dans un GTM est de 77 à 78 %.

Les 4 GTM constituaient l’équivalent d’une forte brigade d’infanterie légère sous l’appellation de Commandement des Goums Marocains (CGM) aux ordres du général Guillaume.

Campagnes militaires:

Les goums marocains se sont particulièrement illustrés lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment lors de la campagne d'Italie au sein du Corps expéditionnaire français du Maréchal Juin, puis lors des campagnes de France et d'Allemagne. Ils ont été ensuite largement engagés en Indochine de 1946 à 1954 et ont également participé au début de la guerre d'Algérie jusqu'en 1956. Ils ont finalement été dissous et intégrés à l'Armée Royale Marocaine au moment de l'Indépendance en 1956.

Seconde Guerre Mondiale:

Quatre GTM marocains (environ 12 000 hommes) ont été formés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Commandement des Goums Marocains (CGM) avec ces quatre GTM est créé le 2 juin 1943 et placé sous les ordres du général Guillaume. Lorsque ce dernier succédera au général de Monsabert au commandement de la 3e division d'infanterie algérienne, le CGM restera sous son autorité.

Leurs pertes de novembre 1942 à mai 1945 furent de 1 638 tués (dont 166 officiers et sous-officiers) et d'environ 7 500 blessés. Seul quatre goumiers furent faits prisonniers.

Les généraux Alexander et Clark avaient une très haute opinion de la valeur militaire des goums.
Tunisie 1942-43.

En Tunisie, le général Alexander qui envoie les goumiers aider les alliés lors de la prise de Bizerte et Tunis les qualifiera de « fabuleux guerriers ».
Sicile 1943.

Le 4e GTM est utilisé en Sicile par le général Patton.
Corse 1943

Le premier département français à être libéré est la Corse. Libération à laquelle participe le 2e GTM qui est chargé de nettoyer les montagnes dominant Bastia. Le 3 octobre 1943 il prend le col de Teghime et sera cité à l'ordre de l'Armée.
Italie 1943-44

En Italie, l'exploit le plus retentissant des GTM a lieu en mai 1944 lors de la bataille du Monte Cassino au cours de laquelle dix mille goumiers pénètrent dans les monts Aurunci, bastion sud de la position allemande de Monte-Cassino, « nettoient» les collines depuis le Garigliano jusqu'au sud de Rome et éliminent en trois semaines de combats certaines des unités allemandes les mieux entrainées. Au cours de cet assaut des troupes françaises qui provoque la rupture de la ligne Gustav, le général allemand Kesselring écrit le 19 mai : « Les Français et surtout les Marocains ont combattu avec furie et exploité chaque succès en concentrant immédiatement toutes les forces disponibles sur les points qui faiblissaient ». La plupart des analystes militaires considèrent la manoeuvre des goumiers comme la victoire critique qui a finalement ouvert la route de Rome aux alliés.

Les goumiers entrent dans Sienne le 3 juillet 1944 et terminent la campagne à San Gimignano.

France 1944-45:

En aôut 1944, environ dix mille goumiers participèrent aux opérations de la 1re armée française dans le sud et l'est de la France. « Jamais la route des Maures n'a autant justifié son nom » écrira le maréchal de Lattre. Les 1er, 2e et 3e GTM jouèrent un rôle important dans la libération de Marseille en aôut 1944 et furent cités à l'ordre de l'Armée. Les goumiers sont ensuite utilisés dans les Alpes en automne puis dans les Vosges lors des combats meutriers de l'hiver 1944-1945.

Allemagne 1945:

En février 1945, le 4e GTM remplace le 3e GTM rentré au Maroc et participe avec les 1er et 2e GTM à la campagne d'Allemagne. Les GTM nettoient d'abord la forêt de Haguenau des Allemands qui l'occupaient, franchissent le Rhin puis forcent la ligne Siegfried. Ils poursuivent sur Stuttgart, puis vers la Bavière et le Tyrol.

Guerre d'Indochine:

Neuf Tabors marocains (1er, 2e, 3e, 5e, 8e, 9e, 10e, 11e et 17e) ont participé à la guerre d'Indochine, de 1945 à 1954 et s'illustrent notamment lors de la bataille de la RC 4 et à Dien Bien Phu. Le total des tués au combat ou morts en captivité s’élève à 787 (dont 57 officiers et sous-officiers).

Les goumiers marocains: soldats différenciés des autres par leur tenue originale:

Dans les rangs de la 1ère armée française débarquée en France en août 1944, uniformément équipée de tenues américaines kaki, les goumiers marocains ne passaient pas inaperçus. L'originalité de leurs tenues, fabriquées localement au Maroc, tranchait sur le reste de l'armée.

Chaque goum, étant une unité administrative, avait son propre modèle de "djellaba", sorte de pèlerine à manches, grossièrement tissée en laine épaisse, de teinte grisâtre, rendue imperméable par la présence de poils de chèvre et de laines de couleurs différentes. En général, s'y mêlaient de longues rayures blanches, noires, grises ou brunes. Quelques-unes étaient chinées. Mais pendant la campagne 1944-1945, les goumiers portaient tous une djellaba couleur muraille à raies brunes et noires, moins voyante. Un capuchon ("koub") servait à couvrir la tête par temps de pluie ou de neige, mais il était plus souvent utilisé comme sac à provisions. Le goumier percevait aussi une "gandoura" (blouse longue à manches courtes ou sans manches), une ample veste, un "séroual" (pantalon venant à mi-jambes). Ses jambes étaient protégées par des "tariouines" (bas de laine sans pied).
Les chaussures ("naâïl", pluriel de "naâla") étaient constituées par des plaques rectangulaires de peau de boeuf non tannée entourant la plante du pied, les poils restant à l'extérieur. Elles étaient fixées à la cheville par des cordelettes en palmier. Par la suite, lorsque le frimas les saisit en montagne, les goumiers eurent droit aux brodequins ou aux snow-boots.
Une sacoche en cuir ("choukara") leur servait de musette, elle était portée en bandoulière, alors qu'un poignard américain était le plus souvent glissé dans la ceinture retenant les cartouchières.
Comme coiffure, les goumiers portaient le "khiout" (constitué par un écheveau de laine brune) ou la "rezza" (coiffure marocaine particulière), parfois le chèche kaki clair. Pendant les opérations en Europe, les goumiers portèrent le casque américain "Mle 17 A 1" (type "plat à barbe"), parfois placé au-dessus de la "rezza" et souvent recouvert d'un filet de camouflage. Les cadres français portaient le képi bleu-clair des Affaires indigènes ou le bonnet de police (pendant la période de l'armistice 1940-1942, ces cadres portaient le béret basque)

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