G?ocide arm?ien



Le g?ocide arm?ien (Հայոց Ցեղասպանություն : Hayots Tseghaspanoutyoun en arm?ien, Ermeni Soykırımı en turc) a eu lieu d'avril 1915 ?juillet 1916. Les deux tiers des Arm?iens qui vivaient sur le territoire actuel de la Turquie ont ??extermin? au cours des d?ortations et massacres de grande ampleur3. Il fut planifi?et ex?ut?par le parti au pouvoir ?l??oque, le comit?Union et Progr?, plus connu sous le nom de ? Jeunes-Turcs ?, dirigeant l'Empire ottoman et engag?dans la Premi?e Guerre mondiale aux c?? des Empires centraux. Consid??comme l'un des tout premiers g?ocides du XXe si?le, il a co??la vie ?un million deux cent mille Arm?iens d'Anatolie et du haut-plateau arm?ien.

Pr?ar? et organis? depuis Constantinople, alors capitale de l'empire, les d?ortations et les massacres ont ??mis en ?uvre ?l'?helle locale par les responsables des divers districts et provinces charg? de rassembler leurs administr? arm?iens, ainsi que par les soldats et gendarmes ottomans qui escortaient les convois jusqu'au d?ert et proc?aient eux-m?es ?des ex?utions ou laissaient libre cours ?la violence de groupes de bandits arm? (surtout des Kurdes, qui ?aient en concurrence s?ulaire avec les Arm?iens dans le sud-est anatolien) ou de criminels lib?? en nombre par les autorit? afin de renforcer les rangs des forces combattantes ottomanes et regroup? dans ce qui sera connu comme l'? Organisation sp?iale ?.

Sa reconnaissance politique ?travers le monde fait encore l'objet de d?ats et de controverses, ?cause de la n?ation de ce g?ocide, notamment en Turquie. En d?embre 2011, le g?ocide est reconnu par 21 pays.


Contexte

De nombreuses zones d'ombre entourent encore le g?ocide arm?ien, que cela soit par absence de sources, ?cause de l'inaccessibilit?des sources existantes, ou encore le refus d'ouvrir les archives turques. Les travaux ?partir des archives bulgares, allemandes (est), russes, toutes contenant des documents int?essants car issus des chancelleries alli?s ou ennemies de l'Empire ottoman, n'ont commenc?que r?emment. Les archives ottomanes restent encore d'un acc? al?toire. ?ces difficult? ? physiques ? s'ajoutent bien s? les contradictions criantes entre les travaux de divers historiens, entretenues par la politique syst?atique de n?ation pour laquelle Ankara a opt? Cet article reprend les explications ayant re? l'aval de la grande majorit?des sp?ialistes, tout en signalant le cas ?h?nt les analyses minoritaires.


Population arm?ienne dans l'Empire ottoman avant 1915


La situation pr??ant le g?ocide permet en th?rie de comprendre ce qui s'est pass?et quelles en ont ??les cons?uences. Or, m?e l? les donn?s d?ographiques sur la population arm?ienne vivant dans l'Empire ottoman avant le d?lenchement de la Premi?e Guerre mondiale ne concordent pas, que l'on prenne celles du patriarcat arm?ien de Constantinople (plus ?ev?s) ou celles, officielles, des autorit? ottomanes (plus modestes).

On consid?e cependant, dans la plupart des estimations qu'entre un million et demi et deux millions et demi d'Arm?iens vivaient dans l'Empire ottoman avant le g?ocide.

Le patriarcat arm?ien a proc???plusieurs recensements durant les derni?es d?ennies du XIXe si?le : trois millions d'Arm?iens selon les statistiques apport?s par la d??ation arm?ienne au congr? de Berlin (1878), deux millions six cents soixante mille selon une nouvelle statistique datant de 1882. Finalement, les sources du patriarcat arm?ien donnent une population arm?ienne d'environ deux millions cent mille personnes ?la veille de la Premi?e Guerre mondiale7. Entre-temps avaient eu lieu les massacres hamidiens, les massacres de Cilicie et plusieurs vagues d'?igration, ce qui explique la d?ographie d?roissante.

Si l'on prend les statistiques officielles ottomanes, on constate que le recensement de 1844 porte ?pr? de deux millions le nombre d'Arm?iens pour la seule Turquie d'Asie. Vingt ans plus tard, soit en 1867, le gouvernement ottoman fait publier le nombre de deux millions d?Arm?iens en Turquie d'Asie et quatre cent mille en Turquie d'Europe, soit un total de deux millions quatre cent mille. Puis, on constate que les Arm?iens et leur poids d?ographique deviennent un s?ieux probl?e lors des n?ociations en 1878 du trait?de San Stefano et du congr? de Berlin : en effet, la possible autonomie de l'Arm?ie est ?oqu? pour la premi?e fois. Le gouvernement ottoman pr?ente alors des nombres r?uits de pr? de la moiti? soit entre un million cent soixante mille et un million trois cent mille Arm?iens vivant sur le territoire ottoman. Il s'agit d?ormais pour le gouvernement de minimiser l'importance de cette minorit?qui attire par intermittence l'attention de la communaut? internationale et qui revendique de plus en plus ?ergiquement le respect de ses droits tels que d?inis par les trait? puis par la constitution ; d?ormais, les chiffres divergeront toujours grandement entre les sources arm?iennes et ottomanes. Auparavant, la logique ?ait diff?ente : plus il y avait d'Arm?iens, plus les autorit? pouvaient exiger d'imp?s selon le syst?e du millet.

Citons encore un dernier chiffre, celui de l'historien am?icain Justin McCarthy qui s'est pench?sur la d?ographie des Arm?iens ottomans et qui en a d?ombr? un million six cent quatre-vingt-dix-huit mille trois cent un8 en utilisant la th?rie des populations stables pour ?aluer les populations respectives des diff?entes communaut? peuplant la Turquie avant la Premi?e Guerre mondiale.


Contexte politique


La ? prise de conscience ? arm?ienne

En cette fin du XIXe si?le, les Arm?iens de l'Empire ottoman prennent conscience que leurs droits[Lesquels ?] sont bafou? par le sultan, et des groupes arm?iens, la plupart du temps r?olutionnaires, se forment. Ils d?oncent les m?hodes du sultan et veulent la libert?pour tous ainsi que l'?alit?entre Arm?iens et musulmans. Le parti armenakan est cr? en 1885, le parti hentchak (? la cloche ?) en 1886 (ou 1887), de tendance socialiste, et la F??ation r?olutionnaire arm?ienne dashnak en 1890 (de tendance relativement ind?endantiste). Les adh?ents de ces partis ram?ent l'espoir chez les Arm?iens de l'Empire ottoman (principalement paysans). ?l'inverse, l'?ancipation voulue par ces partis va ?re l'un des principaux motifs pour l'empire de massacrer les Arm?iens. Des soul?ements de faible ampleur se produisent dans des vilayets dans lesquels beaucoup d'Arm?iens vivent ? Ze?oun par exemple ? mais la r?ression ottomane sera sanglante et se terminera par des massacres, pr?udes du g?ocide.



La situation politique turque

D? la fin du XIXe si?le, un groupe d'opposants au sultan Abd?hamid II se forme et donne naissance au Comit?Union et Progr? (CUP), compos? essentiellement de nationalistes ou de progressistes turcs, les ? Jeunes-Turcs ?. Le CUP re?it le soutien de nombreux mouvements repr?entant les minorit? de l'empire, y compris des mouvements ind?endantistes ou autonomistes arm?iens comme le Dashnak. Cependant, cette alliance de circonstance trouve sa limite dans une question cruciale, celle de la cr?tion d'un ?at arm?ien autonome ou ind?endant. Les Jeunes-Turcs parviennent ?renverser le sultan en 1908 avec l'aide des mouvements minoritaires, et dirigent alors l'Empire ottoman. Les minorit? font leur entr? au parlement, les communaut? fraternisent. Mais ce n'est pas pour longtemps. Le CUP n'acceptant pas la cr?tion de l'?at arm?ien, les mouvements ind?endantistes cessent de lui apporter leur soutien et cherchent alors ?nouer d'autres alliances dans la r?ion, notamment aupr? des Russes. En 1909, les massacres de Cilicie, dans lesquels sont impliqu? des Jeunes-Turcs, vont semer encore plus le doute au sujet des intentions des Jeunes-Turcs envers les Arm?iens.


Violences ant?ieures au g?ocide

Massacres hamidiens, 1894-1896

Les massacres hamidiens, de 1894 ?1896, constituent le pr?ude, la premi?e s?ie d'actes criminels de grande ampleur perp?r? contre les Arm?iens de l'Empire ottoman. Ils eurent lieu sous le r?ne du sultan Abd?hamid II, connu en Europe sous le nom du ? Sultan rouge ? ou encore du ? Grand Saigneur ?, qui ordonna des massacres ?la suite de r?oltes des Arm?iens. Le nombre des victimes arm?iennes serait d'environ deux cent mille.

En France, Jean Jaur? d?on? le massacre des populations arm?iennes dans un discours ?la Chambre des d?ut? le 3 novembre 1896.



Massacres de Cilicie (d'Adana), 1909

Article d?aill?: Massacres d'Adana.

Autre pr?ude au g?ocide arm?ien, les massacres de Cilicie (ou d'Adana) eurent lieu entre les 14 et 27 avril 1909. Ils s'?endirent aux zones rurales ciliciennes et ?diff?entes villes : Adana, Hadjin, Sis, Ze?oun, Alep, D?tyol. Environ trente mille Arm?iens y laiss?ent leur vie, dont vingt mille dans le seul vilayet d'Adana.

Des troupes constitutionnelles ottomanes particip?ent aux massacres. St?hen Pichon, ministre des Affaires ?rang?es, portera l'accusation ?la Chambre fran?ise, s?nce du 17 mai 1909 :

? Il est arriv?malheureusement que des troupes qui avaient ??envoy?s pour pr?enir et r?rimer les attentats y ont, au contraire, particip? Le fait est exact. ?


Entr? en guerre de l'Empire ottoman

Le 1er novembre 1914, apr? avoir ??depuis ao? sollicit?par l'Allemagne, l'Empire ottoman entre dans la Guerre mondiale aux c?? des puissances centrales. De nouveaux fronts s'ouvrent alors, dont un sur la fronti?e caucasienne avec la Russie. La troisi?e arm? ottomane, qui s'est engouffr? sans pr?aration logistique en Transcaucasie, est ?ras? en janvier 1915, ? Sarikamish.

?Istanbul, Enver Pacha accuse les Arm?iens de la r?ion de pactiser avec les Russes. Les dirigeants du CUP d?ident de profiter de l'occasion de la guerre pour r?oudre d?initivement par l'extermination des Arm?iens la ? Question arm?ienne ? (Ermeni sorunu) qui, depuis le congr? de Berlin de 1878, est l'un des points les plus ?ineux de la ? Question d'Orient ?. En outre, anim? par une id?logie nationaliste turquiste et panturquiste, ils voient dans les Arm?iens un obstacle majeur ?leur unification ethnique en Anatolie et ?leur expansion dans les pays de langue turque d'Asie centrale.

La justification avanc? est qu?il s?agit d?une r?ction face aux d?ertions d?Arm?iens qui eurent lieu dans certaines r?ions (en partie ?cause des conditions inflig?s aux chr?iens dans l?arm? ottomane), mais surtout face aux quelques actes localis? de r?istance : le cas le plus important, Van, sera pr?ent?par le gouvernement comme une r?olution, un soul?ement, version d?entie par tous les rapports des t?oins italiens, allemands ou am?icains (consuls, missionnaires, enseignants?) qui expliquent que les Arm?iens ont organis?une d?ense de la ville pour ?iter de subir un massacre.


Les massacres


En f?rier 1915, le comit?central du parti et des ministres du cabinet de guerre, Talaat Pacha et Enver en particulier, met secr?ement au point un plan de destruction qui sera ex?ut?dans les mois suivants. Il est pr?ent? officiellement comme un transfert de la population arm?ienne ? que le gouvernement accuse de collaborer avec l'ennemi russe ? loin du front. En fait, la d?ortation n'est que le masque qui couvre une op?ation d'an?ntissement de tous les Arm?iens de l'empire.

La premi?e mesure est le d?armement des soldats arm?iens enr?? dans l'arm? ottomane. Ils sont employ? ?des travaux de voirie ou de transport et, au cours de l'ann? 1915, ?imin? par petits groupes. Puis les Jeunes-Turcs, ?la recherche des preuves d'un complot arm?ien, proc?ent ?des perquisitions et ? des arrestations, lesquelles frappent particuli?ement en premier lieu les notables et intellectuels arm?iens de Constantinople, arr?? les 24 et 25 avril, d?ort? puis tu?. Cet ??ement marque le v?itable point de d?art du g?ocide. Le nombre de morts est ?alu?entre deux cents et six cents personnes. D? que l'? intelligentsia ? (l'?ite) d'un peuple est annihil?, il est plus facile d'exterminer le reste de la population. La destruction des populations arm?iennes est op?? en deux phases successives : de mai ?juillet 1915 dans les sept provinces ? vilayets ? orientales d'Anatolie ? quatre proches du front russe : Tr?izonde, Erzurum, Van, Bitlis, trois en retrait : Sivas, Kharpout, Diyarbakır ? o?vivent pr? d'un million d'Arm?iens ; puis, ?la fin de 1915, dans d'autres provinces de l'empire. L'?oignement de nombre des victimes du front, lors des diff?entes phases des massacres, enl?e toute vraisemblance ? l'accusation de collaboration avec l'ennemi.

Dans les provinces orientales, l'op?ation se d?oule en tous lieux de la m?e mani?e. Les s?uences suivantes se produisent syst?atiquement dans les villes et les bourgs :
perquisitions dans les maisons des notables civils et religieux ;
arrestation de ces notables ;
tortures pour leur faire avouer un pr?endu complot et des caches d'armes ;
d?ortation et ex?ution des prisonniers ?proximit?de la ville ;
publication d'un avis de d?ortation ;
s?aration des hommes qui, li? par petits groupes, sont ex?ut? dans les environs de la ville ;
?acuation de la totalit?de la population arm?ienne r?artie en convois de femmes, d'enfants et de personnes ??s qui quittent la ville ?intervalles r?uliers, ?pied, avec un maigre bagage ;
enl?ement dans le convoi de femmes et d'enfants conduits dans des foyers musulmans ;
d?imation r?uli?e des convois par les gendarmes charg? de les escorter, des bandes kurdes ou des miliciens recrut? ?cette fin.

Seules quelques milliers de personnes survivent ?cette d?ortation. Dans les villages, ?l'abri des t?oins, tous les Arm?iens sont tu?, ?l'exception de quelques femmes ou enfants enlev?. Dans les vilayets de Bitlis et de Diarb?ir, presque tous les Arm?iens sont assassin? sur place.
Dans le reste de l'empire, le programme prend les formes d'une d?ortation, conduite par chemin de fer sur une partie du parcours, les familles restant parfois r?nies. Les convois de d?ort? ? environ 870 000 personnes ? convergent vers Alep, en Syrie, o?une Direction g??ale de l'installation des tribus et des d?ort? les r?artit selon deux axes : au sud, vers la Syrie, le Liban et la Palestine ? une partie survivra ; ?l'est, le long de l'Euphrate, o? des camps de concentration, v?itables mouroirs, sont improvis?. Les d?ort? sont peu ?peu pouss? vers Deir ez-Zor. L? en juillet 1916, ils sont envoy? dans les d?erts de M?opotamie o?ils sont tu? par petits groupes ou meurent de soif. Les derniers regroupements de d?ort? le long du chemin de fer de Bagdad, ?Ras-ul-A?, ?Intilli sont, eux aussi, extermin? en juillet 1916. Seul survit un tiers des Arm?iens : ceux qui habitaient Constantinople et Smyrne, les personnes enlev?s, les Arm?iens du vilayet de Van, sauv? par l'avanc? de l'arm? russe, soit deux cent quatre-vingt-dix mille survivants. Quelque cent mille d?ort? des camps du sud surv?urent ?alement.

Les massacres des populations pontiques, assyro-chald?-syriaques et y?idies


Les faits sont connus d? mai 1915 via les rapports de diplomates neutres et les t?oins appartenant aux nombreuses missions, ?oles et h?itaux pr?ents dans l'Empire ottoman. La presse de l'?oque, en particulier aux ?ats-Unis et au Canada, se fait l'?ho de l'indignation soulev? par ces r??ations. Apr? la guerre, le r?ime Jeune-Turc ayant disparu depuis octobre 1918, des proc? montrent la r?lit?des massacres et r??ent l'existence d'une organisation criminelle, l'Organisation sp?iale, qui a orchestr?les destructions de la population arm?ienne.

Lorsque, ?la fin de 1916, les observateurs font le bilan de l'an?ntissement des Arm?iens de Turquie, ils peuvent constater que, ?l'exception de trois cent mille Arm?iens sauv? par l'avanc? russe et de quelque deux cent mille habitants de Constantinople et de Smyrne qu'il ?ait difficile de supprimer devant des t?oins, il ne persiste plus que des ?ots de survie: des femmes et des jeunes filles enlev?s, disparues dans le secret des maisons turques ou r?duqu?s dans les ?oles islamiques comme celle que dirige l'ap?re du turquisme Halide Edip ; des enfants regroup? dans des orphelinats pilotes ; quelques miracul? cach? par des voisins ou amis musulmans ; ou, dans des villes du centre, quelques familles ?argn?s gr?e ?la fermet?d'un vali ou d'un ka?akan. Ces massacres auront co??la vie ?un nombre d'individus variant, selon les auteurs, de six cent mille ?un million et demi de personnes.

 

1905 Arm?iens massacres en Anatolie.

Enfants victimes d'un massacre

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