LA MILICE FRANÇAISE
Pierre-LAVAL
Organisation de volontaires créée le 5 janvier 1943 par
Pierre Laval chef du gouvernement de
Vichy, comme << avant-garde du maintien de l'ordre >> et dont les statuts sont annexés à la loi du 31 janvier 1943 qui est son acte de naissance officiel.
Lorsqu'ils rejoignaient l'organisation dirigée par Joseph Darnand, les miliciens prononçaient un serment qui comporte les vingt et un points suivants. |
« Contre la lèpre juive, pour la pureté française» 1-Contre l'égoïsme bourgeois, Pour la solidarité française, 2-Contre le scepticisme. Pour la foi, 3-Contre l'apathie. Pour l'enthousiasme, 4-Contre la routine. Pour l'esprit d'initiative, 5-Contre l'influence. Pour le mérite, 6-Contre l'individualisme, Pour la société, 7-Contre l'ancienneté. Pour la valeur, 8-Contre l'anarchie. Pour la discipline, 9-Contre l'égalitarisme. Pour la hiérarchie, 10-Contre la vaine liberté. Pour les vraies libertés, 11-Contre la démagogie. Pour la vérité, 12-Contre la démocratie. Pour l'autorité, 13-Contre le trust. Pour le métier, 14-Contre le capitalisme international, Pour le corporatisme français, 15-Contre la tutelle de l'argent, Pour la primauté du travail, 16-Contre la condition prolétarienne, Pour la justice sociale, 17-Contre la dissidence gaulliste, Pour l'unité française, 18-Contre le bolchevisme. Pour le nationalisme, 19-Contre la lèpre juive. Pour la pureté française, 20-Contre la franc-maçonnerie païenne, Pour la civilisation chrétienne, 21-Contre l'oubli des crimes, Pour le châtiment des coupables. |
Laval en est la chef, Joseph Darnand le secrétaire général. Les volontaires viennent d'abord du Service d'ordre légionnaire (S.O.L.) dont Darnant avait été l'initiateur et qui regroupait maréchalistes convaincus et activistes de la légion française des combattants, mouvement de masse de la Révolution nationale.
Ses cadres sont donc à la fois des notables (médecins, avocats, notaires, ingénieurs, entrepreneurs), des membres de la vieille aristocratie
chevaleresque (La Rochefoucauld, Turenne, Bourmont, Vaugelas, Bernonville, ect...) et des officiers, particulièrement les officiers chasseurs alpins et de corps
francs, anciens camarades de combat de Darnant. Philippe Henriot y adhère dès mars 1943. Comprend une <<Avant garde>>, mouvement pour les jeunes de moins de dix-huit ans, et une <<Franc-garde>>, constituée seulement en juin 1943, <<Corps d'élite>> de volontaires organisés en unités permanentes et portant l'uniforme frappé
du
gamma, insigne de la Milice. Recrutant uniquement en zone Sud jusqu'au début 1944, publie un hebdomadaire, Combats, auquel collaborent des journalistes de talent, tel le futur François Chalais et une
pléiade de grands écrivains, dont plusieurs académiciens. Attaquée bientôt par les organes de la Résistance et la radio de
Londres (Maurice Schumann), perd en quelques mois, abattus, une centaine d'hommes, dont le premier est son chef-adjoint des Bouches-du-Rhône, de Gassovski. Mais, jusqu'en décembre 1943, Laval refuse de l'armer. Compte cependant 20 000
adhérents à l'automne 1943. Son école de cadres succède à Uriage à l'École nationale des cadres de la jeunesse.
A partir de novembre, comme suite à l'assassinat de son chef de Haute-Savoie, le capitaine Jacquemin, fait procéder à des représailles par son <<2e service>>: assassinats de Maurice Sarraut, de Victor Basch, ect. Entre au gouvernement de Vichy le 31 décembre 1943, sous la pression allemande, par la nomination de Darnant comme secrétaire général (puis secrétaire
d'État) au maintien de l'ordre; Dès lors, s'organise également en zone occupée, et passe de 1 000 à 5 000 hommes de janvier à mai 1944. En zone Sud, est envoyé, avec les gardes mobiles, réduire la concentration de maquis du plateau des Glières, en Haute-Savoie. Ses cadres chasseurs alpins (capitaine Raybaud) y sont opposés à leurs anciens camarades passés à l'Armée secrète (capitaine Anjot). S'efforce de prendre contact avec ses adversaires (il y a plusieurs rencontres) et, non sans succès, de protéger les prisonniers faits par les Allemands qui l'ont rejointe et mènent l'assaut (mars 1944).
Ailleurs, représailles et contre-représailles se succèdent, opposant miliciens et résistants, ces derniers allant, à Voiron, jusqu'à tuer toute une famille d'un milicien, dont la grand-mère de quatre-vingt-deux ans et un bébé de quinze mois. Certains chefs de la milice se rendent tristement célèbres par leurs exactions, tels Lécussan à Lyon et Chardonneau en Haute-Vienne.
Darnand fait mettre aux arrêts le premier et exécuter le second, mais ils ont plusieurs imitateurs qui ne reculent pas devant les tortures et les exécutions sommaires, en collaboration avec la Gestapo. Et Lécussan, libéré, récidive bientôt par le massacre de trente-six juifs de Saint-Amand-Montrond. Organise des cours martiales itinérantes, dont les participants, qui gardent secrète leur identité, prononcent de nombreuses condamnations. Est <<mobilisée>> après le débarquement de Normandie. Intervient en Limousin pour faire libérer nombre d'habitants de Tulle arrêtés comme otages par les SS, s'y rapproche, tout en combattant les F.T.P.F., de l'Armée secrète.
Ailleurs, lutte contre tous les maquis et contre les commandos de la Résistance, souvent au coude à coude avec les Allemands. Assassine le 20 juin l'ancien ministre Jean Zay, puis <<en représailles de l'assassinat de Philippe Henriot<<, participe (sans l'accord de Darnant) à l'assassinat de Georges Mandel.
Lorsque cède le front allemand de Normandie se rassemble dans chaque région et , par Belfort, rejoint l'Allemagne avec les familles de ses membres, non sans pertes, après que la maréchal
Pétain eut désavoué ses excès le 6 août. Trois régions toute fois ne peuvent forcer le blocus de la Résistance: <<Tarbes>>, <<Le Puy>>, <<Annecy>>, ainsi que l'école des cadres d'Uriage, et nombre de simples miliciens préfèrent rester en France où la plupart sont impitoyablement excécutés, souvent après avoir étés torturés.
En Allemagne, se divise en quatre fractions: l'une (2 000 hommes) engagée dans la division Waffen- SS Charlemagne, la deuxième restée avec Darnant et constituée en unité
anti-partisants qui passe en Italie, la troisième (comprenant surtout les femmes) affectées aux camps de travail, la
quatrième (80 hommes) passée aux écoles d'espionnage de la Gestapo et en partie parachutée ou infiltrée en France. Beaucoup de miliciens sont condamnés par les cours de justice après la Libération ou après la capitulation allemande. Onze de ses chefs sont exécutés, à commencer par Joseph Darnant.
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