La communauté de la citadelle
En avril 1790, la communauté de la
citadelle fut supprimée. Quant à la citadelle elle-même, elle fut broyée par les
tirs lors du siège de Strasbourg en 1870. Cette illustration nous montre les
ruines de l'église de la forteresse (Dessin de Schweitzer, Bibliothèque
alsatique du Crédit Mutuel).
Nous avons évoqué, dans les DNA du 27 juillet, la naissance de la Citadelle.
Cette fois, nous allons approcher quelques chroniques qui nous apprennent qu'une
petite communauté s'était installée au coeur de la forteresse, sorte de village,
se voulant indépendant, à quelques pas de la ville.
L'espion de l'empereur
Au royaume de France on ne manquait pas d'éloges pour qualifier la création de
cette forteresse contrôlant le pont du Rhin et rappelant aux Strasbourgeois la
présence du nouveau maître. L'empereur, lui aussi, se préoccupait de ce nouvel
obstacle à toute idée de reconquête. C'est ainsi que naquit la phobie des
espions ! Les mémoires de Happelius nous parlent d'une anecdote significative.
En 1683, alors que la citadelle formait encore un vaste chantier, un ingénieur
impérial fut dépêché à Strasbourg afin d'obtenir des renseignements sur la
valeur de l'ouvrage. Il s'installe, sous un faux nom, en qualité de négociant à
l'hôtel du Corbeau. Mais l'affaire était parvenue aux oreilles des agents
français en Allemagne et le roi, lui-même, avait été alerté.
Il recommanda au comte de Chamilly, commandant militaire en Alsace, de recevoir
avec tous les honneurs cet espion pour bien faire comprendre que toute l'affaire
était déjà largement ébruitée. Monsieur de Chamilly dépêcha une patrouille à
l'hôtel, fit venir à sa table l'homme qu'il salua de son vrai nom, lui révélant
que tout de sa mission était connu.
On peut imaginer l'angoisse de l'espion, pensant que ses dernières heures
avaient sonnées. En vérité, le comte l'invita au repas qu'il prenait avec ses
officiers en expliquant à son hôte que le roi lui-même lui avait recommandé de
le recevoir avec les honneurs en tant qu'officier de l'armée impériale.
Au cours de l'après-midi, notre espion fut promené à travers la citadelle pour
bien visiter le chantier ; le comte lui proposa même les plans afin qu'il puisse
convaincre l'empereur que la place de Strasbourg était maintenant imprenable.
Gratuité du terrain
et moins d'impôts !
Un chantier où oeuvrent des milliers d'ouvriers et militaires à, évidemment, ses
exigences. Rapidement des cabaretiers comprirent qu'il y avait là une clientèle
intéressante et du coup des baraques furent construites aux alentours afin de
proposer boissons et victuailles. Le Magistrat y voyait d'ailleurs son intérêt
puisque les taxes sur ces consommations étaient importantes et tombaient dans la
caisse de la Ville. Dès novembre 1681, il réglementa les prix.
Dans la plupart des grandes forteresses de l'époque, il était d'usage d'y
installer des civils dont les métiers étaient utiles à la garnison. Ainsi, dès
février 1684, le roi fit établir les lettres patentes qui permettaient aux
aubergistes, vivandiers, boulangers, bouchers de s'installer. A chacun,
l'ingénieur militaire désignait avec soin emplacement où il pouvait construire
son commerce ou échoppe.
Le terrain était cédé gratuitement en échange des services que rendait le
propriétaire. Ce terrain devenait sa propriété avec droit de vente et de cession
à ses héritiers. De plus, tous ces civils étaient exempts des billets de
logements (l'obligation de loger la troupe), étaient dispensés de diverses
impositions. Enfin, la communauté naissante échappait à la juridiction de la
Ville qui voyait là une atteinte à ses prérogatives.
Ces facilités d'établissement et la proximité d'une bonne clientèle entraîna une
véritable ruée vers la citadelle. En 1715, l'intendant d'Alsace, poussé par le
Magistrat, protesta auprès du roi contre cet engouement. Le Ministre ne pourra
que confirmer les dispositions qui régissaient la citadelle rappelant toutefois
que le roi était quelque peu surpris par cet engouement et la facilité avec
laquelle on avait cédé les lettres patentes, mais qu'il n'était pas question de
revenir sur ces avantages accordés.
Tout au plus fallait-il, à l'avenir, suspendre l'établissement de nouveaux
civils dans la forteresse. Enfin, le Ministre demanda une expertise des
bâtiments pour connaître la valeur immobilière de toutes ces boutiques et
maisons.
Bouchers, boulangers,
cabaretiers,
filles de joie
Parmi les honnêtes commerçants s'étaient également glissées des professions
moins honorables. Un état de 1827, provenant du commandant de la division
militaire, se plaint de la présence de femmes de mauvaise vie et des
conséquences que cette présence entraînait au niveau de la santé et de la
discipline.
On pensa même réduire le nombre de soldats en garnison habituelle dans la
citadelle pour « enlever à ces dames la clientèle nécessaire » à l'exercice de
leur métier. Mais dès 1724 on compte plus d'une dizaine de cabarets dans la
place, on parle du Boeuf Noir, du Boeuf Rouge, des Deux Clefs. Un recensement,
effectué en 1820, note la présence dans la citadelle de trois cent
quatre-vingt-dix-sept personnes, non inclus les enfants de moins de quatorze
ans.
Tous ces habitants, juridiquement, relevaient de leur propre tribunal, au grand
mécontentement du Magistrat de la Ville. L'état dressé par le juge royal
Laquiante nous montre que cette population était plutôt pauvre, qu'il n'était
pas rare de voir ces sujets aller mendier en ville et même y commettre des
petits délits. Ils étaient spécialisés dans la contrebande puisqu'ils
s'approvisionnaient de l'autre côté du Rhin et arrivaient à se glisser en ville
sans contrôle.
Par ailleurs, il advenait que des femmes de la ville viennent accoucher à la
citadelle afin d'échapper à la honte ou « cacher leurs turpitudes et se
soustraire à la rigueur des règlements de police » note encore le juge. On
avait, apparemment, un sens plus social à la citadelle puisque, en outre,
fonctionnait une caisse de solidarité chargée d'aider les plus démunis.
On avait aussi, chaque année, une grande foire coïncidant avec la fête
paroissiale (nous verrons ce volet au prochain article). A cette occasion, on
organisait une grande loterie qui, elle encore, devait approvisionner la caisse
de secours au grand dam de la Ville qui notait qu'elle faisait concurrence à la
loterie « des enfants trouvés ».
Sources : F. Piton : « Strasbourg en 1681 », in Revue d'Alsace 1852. L. Klipfel
: « La communauté de la citadelle de Strasbourg », in La Vie en Alsace, 1938.
En 1870, après la défaite des troupes françaises, une
partie des Alsaciens, refusant l’annexion allemande s’est exilé soit en France –
c’est pourquoi les Alsaciens parlent de la France de l’Intérieur – soit en
Algérie où ils ont formé avec les Mosellans ceux que l’on a appelé les
Pieds-noirs.
On fait d'abord appel aux Alsaciens qui désirent rester Français et auxquels le
gouvernement a promis dès mars 1870, 100.000 hectares de bonnes terres: on
installe 1200 familles d'Alsace et du pays de Metz. (Document extrait du
mémoire" La colonie du cap et l'Algérie" écrit par Anne SANCHIS.
Considération stratégiques
Jusqu'à la fin du 18e siècle, la guerre avait toujours été conduite selon les
concepts en vigueur depuis le Moyen-Age. Les forteresses avaient été
naturellement dessinées en fonction de ces principes stratégiques ou tactiques.
C'est ainsi que les fortifications se situaient dans ou autour des villes ou sur
des points stratégiques en hauteur. L'envahisseur devait se diriger vers la
première forteresse, la maîtriser puis passer à la suivante ect...
Dès les premiers conflits qui opposèrent successivement à la quasi totalité de
l'Europe, Napoléon bouleversa considérablement cet ordre de choses. En adoptant
une stratégie visant à détruire l' ennemi en rase campagne il surprit et
subjugua beaucoup de stratèges tel Clausewitz, Domini, Molke, Colin ...
Dominique KAPP
Le système prussien des années 1850
Celui-ci fut développé par les ingénieurs allemands au début du 18e siècle. Il
s'inspira des particularités en vigueur, des progrès de l'artillerie, et des
idées novatrices notamment de Montalembert. La singularité majeure réside dans
l'absence de bastions remplacés par des caponnières-casemates. De là les armes à
feu peuvent couvrir le fossé et les murs.
L' enceinte peut alors être rectiligne en affectant un plan polygonal. Notre
exemple représente le fort de Friedrichau construit vers 1850 sous la direction
de l'ingénieur prussien Von Prittwitz. Il représente un des éléments de la
ceinture fortifiée d' Ulm (entre Stuttgart et Munich) érigée de 1842 à 1859. Ces
défenses consistent en deux anneaux : les fort de l'anneau intérieur représente
les " Kernwerke ", l'anneau extérieur se compose de 14 forts détachés. Dans
cette ceinture fortifiée, oeuvre jusqu'à 100 000 hommes. C'est sur ce modèle que
sera érigée la ceinture de Strasbourg. Dominique KAPP
La ceinture fortifiée de Strasbourg
Sous l'impulsion du Général von Moltke, chef de l'état major allemand, un
nouveau système de défense de la ville de Strasbourg est mis au point. Extraits
du rapport des Généraux von Moltke et von Kameke adressés à l'Empereur Guillaume
II le 2 juin 1871 : " Les fortifications de Strasbourg, dans leurs états actuel,
laissent à désirer... Toutes ces imperfections ne pourront être corrigées que
par la mise en place de forts détachés distant de 4 à 6 km... "
Quatorze forts sont ainsi prévu, autour de Strasbourg pour empêcher les français
de revenir. La construction démarra en 1872 : trois forts à l'Est du Rhin, onze
à l'Ouest, donc en Alsace. Des travaux gigantesques auxquels participèrent sur
chaque site des centaines d'ouvriers : il fallut approvisionner les chantiers en
grès des Vosges ; à Lingolsheim on extrait le sable en grande quantité, et à
proximité de chaque fort on creuses des gravières pour récupérer mes matières
indispensables.
Un fort détaché a pour mission de retenir les assaillants
d'une place forte (Strasbourg en l'occurrence ). L'ouvrage doit lui-même pouvoir
résister à un siège, sa configuration est telle qu'il peut se défendre contre
des attaques de tous cotés. En temps de paix une quarantaine d'hommes desservent
le fort, mais en temps de guerre l'effectif pouvaient atteindre sept cent
soldats.
En 1914, à la déclaration de la 1ère guerre mondiale, Strasbourg est la plus
formidable forteresse du IIe Reich. Outre la ceinture de casemates qui entoure
le noyau urbain (Kernwerke) vaste d'un millier d'hectares, on peut dénombrer sur
un périmètre de 59 km.
-14 forts détachés
-5 ouvrages intermédiaires
-1 batterie d'artillerie sous coupole
-4 batterie d'artillerie sous bouclier
-3 points d'appuis d'infanterie
-25 abris d'infanterie
-33 abrit d'artillerie
-44 abris à munition
-des zones inondables
-un chemin de fer reliant les forts
-une route des forts
-une ligne téléphonique entre les forts
19 juillet
La guerre de 1870 éclate
Napoléon III déclare précipitamment la guerre à la Prusse à la suite à la
provocante dépêche d'Elms rédigée par le chancelier Bismarck le 13 juillet.
L'alliance germano-prussienne mobilise 800 000 hommes contre seulement 250 000
pour la France. La guerre de 1870 sera expéditive. En un mois et demi les armées
prussiennes captureront Napoléon III à Sedan et marcheront sur Paris.
Le 3 Août 1870
Les armées allemandes envahissent l'Alsace par le nord. Les troupes françaises
sont bien inférieures en nombre et surtout très mal organisées. L'état major
français est à la limite de l'incompétence. De ce fait, l'Alsace est rapidement
prise par les Allemands. Strasbourg/Straßburg capitule après avoir été
bombardée.
2 septembre 1870
Napoléon III vaincu à Sedan
L'armée des princes de Prusse et de Saxe encercle Sedan (Ardennes). Napoléon III,
présent dans la ville, capitule et est fait prisonnier. L'Assemblée proclamera
alors la fin de l'Empire et le début de la IIIème République. L'empereur
s'exilera en Angleterre où il mourra trois ans plus tard.
19 septembre
Début du siège de Paris par les Prussiens
La capitale est encerclée par les troupes prussiennes. La ville est bombardée
chaque jour. Les hommes valides, sous le commandement de Gambetta, sont enrôlés
dans une garde nationale pour desserrer le blocus qui va durer, dans le froid et
la faim, cinq mois, malgré les différentes tentatives de sortie des parisiens.
La France capitule le 28 janvier 1871
7 octobre 1870
Gambetta quitte Paris en ballon
Suite à la prise de Paris par les Prussiens au mois de septembre, le
gouvernement de défense national décide d'envoyer son ministre de l'intérieur,
Léon Gambetta, à Tours afin d'organiser la résistance. Pour ce faire il est
obligé d'employer la voie des airs et quitte la capitale en ballon accompagné de
deux autres membres du gouvernement. Il devient alors ministre de la Guerre et
organise de nouvelles armées pour délivrer Paris.
27 octobre 1870
Bazaine défait à Metz
Le maréchal François Achille Bazaine capitule à Metz avec son armée de 180 000
hommes. La guerre entre la France et la Prusse a aboutit deux mois plus tôt à la
capture de Napoléon III à Sedan. L'armée de Bazaine était le dernier espoir de
la France. Trois ans plus tard, Bazaine passera en Conseil de guerre. Condamné à
mort, il sera gracié par le maréchal-
4 novembre 1870
Début du siège de Belfort
Le maréchal prussien Moltke à la tête de 40 000 hommes établit un siège à
Belfort. La ville est gouvernée par le colonel français Denfert-Rochereau qui va
la défendre pendant 104 jours. Belfort ne se rendra qu'après la capitulation
française et sur ordre du gouvernement, le 18 février 1871.
19 janvier
Trochu échoue à Buzenval
Alors que Paris est assiégé par les allemands depuis le 9 septembre 1870, le
général Trochu, chef du gouvernement provisoire de défense nationale, organise
une sortie avec la garnison de Paris. Sa tentative pour forcer le blocus
prussien échoue à Montretout et Buzenval, les actuelles communes de Garches,
St-Cloud et Rueil. Le bilan est lourd : 5 000 morts. Trochu démissionnera de ses
fonctions le 22 suite à ce cuisant échec. "Trochu, du verbe trop choir", dira de
lui Victor Hugo. Paris, qui continue d'être bombardée quotidiennement, est
perdu. La ville capitulera le 28.
le 8 février1971
après un vote avec une faible participation, l'Alsace envoie à l'Assemblée
Nationale française 22 députés francophiles. Cependant les députés français
votèrent à 83% pour la cession de l'Alsace et de la Lorraine thioise à l'Empire
allemand tout juste proclamé. La France abandonnait sans remords l'Alsace !
Une importante partie de la bourgeoisie alsacienne francisée décida d'émigrer en
France. L'autre partie resta en Alsace et se livra à une propagande
anti-germanique violente, qui répercutée en France donna au français une vision
des plus déformées de la situation en Alsace.
18 février 1871
Denfert-Rochereau évacue Belfort
La garnison de Belfort au sud de l'Alsace, ultime bastion français à résister à
l'invasion prussienne, se rend. Assiégé depuis la 4 novembre 1870, le gouverneur
de la ville Pierre Denfert-Rochereau accepte de rendre les armes alors que Paris
a déjà capitulé depuis le 28 janvier. Le président du gouvernement de Défense
nationale, Adolphe Thiers, obtient de la Prusse que le territoire de Belfort
reste français. En échange, la France doit céder à l'occupant une partie
supplémentaire de la Lorraine. Belfort pour sa conduite héroïque face aux
assiégeants deviendra un département français.
10 mai 1871
Le traité franco-prussien de Francfort
Le gouvernement provisoire de la France accepte le paiement d'une indemnité de 5
milliards de francs-or, la présence d'une armée d'occupation jusqu'au paiement
de cette somme et surtout la cession de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine.
Cette victoire renforcera le chancelier Otto von Bismarck et lui permettra
d'unifier les Etats allemands autour de la Prusse
La naissance du Reichsland
L'Alsace se retrouve donc sous la domination de la Prusse composante majeure de
l'Empire allemand. Dès lors naquit un courant pour réclamer un gouvernement
alsacien autonome dans le cadre de l'Empire, afin d'éviter la mainmise de
Berlin, comme jadis celle de Paris. Il est alors créé un territoire appelé
"terre d'Empire" (Reichsland) (carte ci-contre) regroupant l'Alsace et la
Lorraine thioise, ayant pour capitale Strasbourg/Straßburg.
L'Alsace est la proie du Kulturkampf de Bismark dirigé contre la religion. Ce
Kulturkampf rencontre une vive opposition de la part de la population. La fin du
Kulturkampf réconciliera le clergé avec le nouveau pouvoir.
Un nouvel âge d'or pour l'Alsace
Le Reichsland est une période de formidable essor économique. Les capitaux venus
d'autres états de l'Empire contribuent à une industrialisation solide de
l'Alsace. Les voies ferrées passent de 700 à 1900 Km en 40 ans; le réseau
d'Alsace-Lorraine est alors l'un des plus modernes et denses d'Europe.
Les Alsaciens bénéficieront aussi d'avancées sociales sans précédente et sans
équivalent pour l'époque: assurance maladie (1883), protection contre les
accidents du travail (1885), assurance vieillesse (1885). Le régime des
associations (1908), comme celui des assurances maladies est encore en vigueur
de nos jours en Alsace et en Lorraine thioise, et est encore plus avantageux que
le système français. L'Alsace connaît un intéressant développement économique et
urbain. Strasbourg/Straßburg est enfin dotée d'une université moderne.
Culturellement, du fait du contact vivant avec la langue allemande, l'Alsace
connaît un renouveau important : le Théâtre Alsacien naît en 1898, le musée
alsacien est créé en 1900... Un courant pro-européen et antimilitariste naît
sous la direction des jeunes René Schickele et Hans Arp. (ci-contre illustration
de Leo Schnug).
Politiquement, quatre courants se dessinent: un courant socialiste émergeant
ainsi que deux courants très minoritaires (un nationaliste pro-français
entretenu par une violente propagande, l'autre pro-prussien) et un mouvement
largement majoritaire qualifiable de pro-alsacien.
1911: le 31 Mai, jour historique, l'Alsace-Lorraine se voit dotée d'une
constitution lui accordant son autonomie. Elle est dotée d'un parlement
(l'actuel Théâtre National de Strasbourg) comprenant deux assemblées et des
ministères.
L'armée française 1871-1914
Après le desastre de 1870, qui a mis en lumière les faiblesses criantes de
l'armée, le pays met en place une profonde réforme de l'armée. Sous la
présidence du maréchal de Mac Mahon et sous l'impulsion des ministres de la
guerre les généraux du Barail et de Cissey, l'organisation et le recrutement de
l'armée sont repensés.
En particulier, l'armée est refondue en grandes unités (corps d'armée, divisions
et brigades) dont l'organisation est mise en place dès le temps de paix, selon
des circonscription territoriales définies et dont les commandants désignés ont
la charge de leur préparation ainsi que de leur conduite au combat si
nécessaire. Cette organisation permanente, sur le modèle prussien, assure une
préparation plus satisfaisante des troupes et évite que ne se reproduisent les
terribles désordres de l'armée imperiale en aout 1870.
Ces corps d'armée, au nombre de 19 (portés à 22 en 1914) sont regroupés en
armées dont la concentration et le plan d'opération sont définis dès le temps de
paix. A cette organisation s'ajoute le Gouverneur de la place de Paris, commandé
par un général détenant le premier rang hiérarchique des généraux de corps
d'armée.
Le sommet de la hiérarchie militaire s'articule au sein du Conseil Supérieur de
la Guerre, organe placé sous la Présidence du ministre de la guerre, composé des
généraux de division inspecteurs d'armée, du chef de l'état major général et du
vice président du conseil supérieur de la guerre, chargé (à partir de 1890) du
commandement suprème de la masse de manoeuvre. Cet organisme est obligatoirement
consulté pour tout projet concernant l'armée, ainsi que de la préparation des
plans militaires.
Les commandants de corps d'armée
Gouverneur militaire de Paris
1er Corps (Lille)
2eme Corps d'armée (Amiens)
3eme Corps d'armée (Rouen)
4eme Corps d'armée (le Mans)
5eme Corps d'armée (Orléans)
6eme Corps d'armée (Chalons)
7eme Corps d'armée (Besancon)
8eme Corps d'armée (Bourges)
9eme Corps d'armée (Tours)
10eme Corps d'armée (Rennes)
11eme Corps d'armée (Nantes)
12eme Corps d'armée (Limoges)
13eme Corps d'armée (Clérmont Ferrand)
14eme Corps d'armée (Lyon)
15eme Corps d'armée (Marseille)
16eme Corps d'armée (Montpellier)
17 eme Corps d'armée (Toulouse)
18eme Corps d'armée (Bordeaux)
19eme Corps d'armée (Alger)
20eme Corps d'armée (Nancy)
Corps d'armée colonial
La guerre de 1914-1918
La déclaration de la guerre entraîne l'investissement de l'autorité militaire
prussienne des pleins pouvoirs. A peine 8% des Alsaciens choisiront de s'engager
dans l'armée française malgré l'intense campagne de propagande menée par les
agents français en Alsace. La guerre devient vite une boucherie d'une ampleur
inconnue jusqu'alors.
Les alsaciens présents sur le sol français au moment de la déclaration de guerre
et n'ayant pas la nationalité française sont arrêtés et placés en camp de
concentration. Ce sera le cas pour un alsacien célèbre: Albert Schweitzer, futur
prix Nobel de la paix.
A la fin de la guerre, l'Alsace connaît comme le reste de l'Empire allemand une
révolution socialiste. Partout se créent des conseil d'ouvriers et de soldats
qui se hâtent de proclamer la République d'Alsace-lorraine afin de prendre de
court les armées françaises.
La République d'Alsace-Lorraine connaîtra sa fin avec la trahison de certains de
ses chefs et l'entrée des troupes françaises. La fin de la guerre sera un
soulagement immense pour la population.
Le combat du pont du canal le 15 août 1870
Le 16 août 1870, mille de nos soldats enfermés à Strasbourg firent une sortie
sous le commandement du Colonel FIEVET pour réquisitionner des vivres à Illkirch,
Neudorf - Neuhof. Une quarantaine d'entre eux avancèrent jusqu'au pont du canal
à Illkirch où ils livrèrent un combat d'une heure et demie. Le Colonel FIEVET
fut mortellement blessé. En face, les troupes ennemies étaient supérieures en
nombre (900 hommes et 6 canons). N'ayant plus de munitions, ils furent obligés
de se retirer. Trois furent fait prisonniers, dix-huit furent blessés. Les neufs
morts furent enterrés à l'endroit où ils étaient tombés. En 1874, les habitants
d'Illkirch-Graffenstaden érigèrent un monument à ces braves sous lequel, en
1905, leurs ossements furent ensevelis.
Après l'échec de la tentative du Colonel FIEVET, de sortir du siège
de
Strasbourg à la Hollau (entre Strasbourg et Illkirch-Graffenstaden)
le 16 août, des blessés français furent transportés à Ostwald où l'école avait
été transformée en hôpital militaire. Quatre d'entre eux y décédèrent.Leurs noms
furent gravés sur un monument commémoratif. Il s'agit de :
MIDAVAINE ADOLPHE - RISSACHER LOUIS - QUARTIER LOUIS - SOUANIN JEAN
Sur le socle du monument aux morts,on peut lire l'inscription suivant : QUATRE
BRAVES FRANÇAIS MORTS A OSTWALD DES BLESSURES RECUES LE 16 AOUT 1870 - A LA
SORTIE D'ILLKIRCH.