1re division blindée (Pologne)
La 1re division blindée polonaise (ou 1 Dywizja Pancerna en polonais)
(1942-1947) était une division polonaise qui opéra au sein des forces militaires
alliées durant la Seconde Guerre mondiale. Elle a servi sur le front de l'Ouest,
dans la bataille de Normandie puis dans la libération de la Belgique et de la
Hollande et la prise du nord de l'Allemagne.
Histoire
Création
En 1939, une forte proportion de Polonais, militaires ou civils, parviennent à
fuir la Pologne pour la France ou le Royaume-Uni, via la Hongrie ou la Roumanie.
Après la défaite française, certains Polonais qui ont participé à la campagne de
1940, ou engagés de la dernière heure, se retrouvent en Grande-Bretagne. C'est
la cas de son futur commandant, le général Stanislaw Maczek qui, après avoir
combattu vaillamment sur Montbard, gagne l'Afrique du Nord avant de passer en
Angleterre.
Dès 1940, le gouvernement polonais en exil que dirige Sikorski veut mettre en
place des unités nationales qui combattront à l'Ouest sous commandement
opérationnel britannique. C'est le cas pour la 1re division polonaise, formée de
Polonais de Pologne mais aussi d'autres venus de la diaspora des États-Unis, du
Canada, d'Argentine, du Brésil, d'Australie, de Belgique et bien sûr de France
(une petite poignée d'entre eux est d'ailleurs originaire du Calvados).
La Normandie
La division débarque en Normandie à la fin du mois de juillet 1944. Elle est
rattachée au 2e corps canadien (Simonds) de la 1re armée canadienne (Crerar). Le
4 août, elle est engagée dans l'opération Totalize aux côtés de la 4e DB
canadienne (Kitching). Mais elle subit plusieurs pertes dues à la résistance
opiniâtre d'éléments allemands et notamment de formations de la 12e SS
Panzerdivision Hitlerjugend. Cependant, une intervention énergique du 24e
lanciers réussit à sortir la force Worthington (4e DB) de l'encerclement.
Les 17 et 18 août, alors que les Canadiens combattent pour la libération de
Falaise, la 1re DB polonaise libère les bourgs de Jort et Morteaux-Coulibœuf.
Montgomery la détourne alors de son prochain objectif, Trun, laissé alors aux
Canadiens, pour l'orienter vers le secteur de Chambois-Coudehard, non loin
d'Argentan. Le but recherché est alors de faire jonction avec le 5e corps
d'armée américain de Gerow (80e DI, 90e DI et 2e DB française) qui vient du Sud.
Cette jonction permettra d'encercler les restes de la 7e armée allemande
(Hausser) qui tente de s'extraire de la poche de Falaise. Montgomery dit à
Maczek : « Vous êtes le bouchon de la bouteille, tâchez de tenir bon ».
Maczek scinde alors sa division en trois groupes de combat :
1. Le groupement Stefanowicz (1er RB, 9e et 10e chasseurs) qui doit se porter
sur le mont Ormel (nom de code « Maczuga » ce qui signifie massue), point
culminant de la région qui permet de tenir les colonnes allemandes sous le feu.
2. Le groupement Koszutski (8e chasseurs, 2e RB) pour le secteur de Coudehard.
3. Le groupement Zgorzelski (10e dragons, 10e chasseurs à cheval et 24e
lanciers) en direction de Chambois.
La 1re DB entame alors sa pression sur les troupes allemandes dès le 19 août.
D'ailleurs, un des groupements de combat, mal guidé par un civil français qui a
cru comprendre que les Polonais voulaient se diriger vers Champeaux (au lieu de
Chambois), se retrouve en plein dans le QG de la 2e Panzerdivision. Un rude
combat s'engage, finalement remporté par les Polonais.
Pendant ce temps, le groupement Stefanowicz atteint le mont Ormel et y attend
les blindés canadiens encore aux prises avec des arrière-gardes allemandes à
Saint-Lambert-sur-Dive, dont le pont sur la Dives est l'unique point de passage
avec le gué de Moissy de ce fleuve, petit certes, mais très encaissé.
Le même jour, le capitaine Waters du 358e régiment de la 90e DI américaine se
présente dans Chambois où il aperçoit deux officiers qu'il croit être
britanniques1. Ce sont en fait le major Zgorzelski et l'un de ses subordonnés.
La poche de Falaise est alors « physiquement » fermée.
Américains et Polonais vont passer les deux jours suivant à repousser avec
acharnement des contre-attaques venues du camp d'en face.
Néanmoins, le groupement Stefanowicz (environ 2 000 hommes) est toujours isolé
sur son promontoire dominant le « Couloir de la Mort » au milieu de 100 000
Allemands en retraite. Apprenant cela, Hausser, en relation avec von Kluge,
Eberbach (5e Panzerarmee), Bittrich (2e corps blindé SS) et Meindl (2e corps de
parachutistes) ordonne de forcer le passage par une contre-attaque conjointe. Le
2e corps de parachutistes (353e DI et 3e division de paras) lancera une
contre-attaque depuis l'extrémité Est de la poche sur Coudehard, tandis que des
« Kampfgruppen » des 2e division SS Das Reich (Baum) et 9e panzerdivision SS
Hohenstauffen (Bock) forceront le secteur polono-canadien. Le 21 août, après une
minutieuse et efficace préparation d'artillerie, les restes du
SS-Panzergrenadier Regiment 4 « Der Führer » (2e SS), appuyés par des blindés,
s'élancent sur les pentes du Mont-Ormel en chantant « Deutschland über alles »
(authentique).
Un combat digne de la Grande Guerre s'engage alors. Isolés, les Polonais de
Stefanowicz (qui ne tarde pas à être blessé) repoussent plusieurs fois les
Waffen-SS. Cependant, les munitions commencent à manquer, les Polonais se
battent alors au couteau, à la baïonnette, au casque, à mains nues voire à la
bouteille. Un officier de chasseurs va jusqu'à ordonner à ses hommes de ne tirer
qu'à bout portant sur les Allemands. Dans les sous-bois, on voit même se
produire des duels à la grenade d'arbre en arbre. Toutefois, une troisième
contre-attaque engage alors les restes du 2e corps de parachutistes sur
Coudehard. Cette fois-ci, avec la pression combinée des Panzer SS, les Polonais
doivent lâcher prise sur plusieurs secteurs. Sur le mont Ormel, Stefanowicz,
alarmé dit à ses officiers : « Messieurs c'est la fin, il est inutile de se
rendre aux SS. Mourons pour la Pologne et la civilisation. »
Le 22 au matin, les chars canadiens du 22e RB (Canadian Grenadier Guards)
dégagent enfin Saint-Lambert-sur-Dives et parviennent aux pieds des coteaux du
Mont-Ormel. C'est alors que, n'y tenant plus, les chasseurs à pied s'élancent en
hurlant dans une furieuse contre-attaque qui brise l'isolement. Des soldats
canadiens affirment que des fantassins polonais leur sont tombés dans les bras
en pleurant. La bataille de Normandie est terminée. La 1re DB polonaise a perdu
près de 2 000 hommes depuis le début de son engagement. Sur le mont Ormel, on a
relevé plus de 100 tués, près de 1 000 blessés et seulement une soixantaine
d'hommes étaient encore en état de combattre. Les Canadiens n'ont pas tardé à
parler de « Polish battlefield » (champ de bataille polonais).
Le « bouchon » a tenu bon, mais la lenteur des Canadiens et aussi les réticences
de Bradley de lancer ses unités plus au nord ont permis aux meilleures unités
allemandes et à un nombre non négligeable d'officiers supérieurs de s'échapper (Meindl,
Hausser…)
Le sacrifice des Polonais n'a cependant pas été vain, puisqu'il a permis aux
Alliés de faire définitivement sauter le verrou normand. S'ils ont perdu des
effectifs, les hommes de Maczek ont aussi rendu coup pour coup à l'ennemi, de
par leur ardeur au combat, leur courage et l'esprit de revanche qui les animait.
Pour ce fait d'armes, le général Maczek sera fait grand officier de la Légion
d'honneur de par le souhait du général de Gaulle.
Nord de la France, Belgique et Hollande, fin de la guerre.
Fin août 1944, toujours incorporée à la 1re armée canadienne, la division passe
la Seine, libère Abbeville en septembre 1944 (Maczek en sera fait citoyen
d'honneur), Le Parcq et ses environs et Saint-Omer et se dirige vers la Belgique
où elle délivre Ypres. Elle participe à la bataille de l'Escaut. Durant l'hiver
1944-1945, elle est faiblement engagée face à la contre-offensive allemande des
Ardennes. C'est lors d'un accrochage que meurt le prince André Poniatowski,
descendant du maréchal de Napoléon.
En mars-avril 1945, la division participe à la libération de la Hollande et
termine la guerre par la prise, le 5 mai 1945, du port allemand de Wilhemshaven,
où elle recueille d'ailleurs un nombre important de prisonniers polonais.
Après la guerre
Les accords de Potsdam ont stipulé que la Pologne serait placée dans la zone
soviétique avec un gouvernement d'unité nationale. Mais rapidement les
communistes prennent le pouvoir. Les Polonais ayant combattu à l'Ouest se
retrouvent déchus de leur nationalité.
La division blindée polonaise ne sera pas invitée à participer au défilé de la
Victoire allié le 8 juin 1946 à Londres.
On sait maintenant qu'un nombre important de soldats de la 1re division blindée
ont pu retourner en Pologne. Le reste, la grande majorité, choisit l'exil dans
plusieurs pays d'Occident. Beaucoup ont connu une difficile réinsertion, à
l'image du général Stanislaw Maczek qui, mis prématurément à la retraite,
termina sa vie active comme vendeur de journaux et comme barman à Édimbourg.
Les soldats de la division tombés au combat reposent désormais dans le cimetière
de Grainville-Langannerie, dans le Calvados entre Caen et Falaise et au
cimetière polonais de Breda.
Aujourd'hui, la 1re division blindée est devenue une unité de référence au sein
des nouvelles forces armées polonaises.
Composition
La 1re division polonaise qui deviendra 1re division blindée polonaise est
placée sous les ordres du général Maczeck. Elle est formée à la britannique, une
brigade blindée, une brigade d'infanterie motorisée, une forte artillerie ainsi
que les services auxiliaires de maintenance, du génie, de transmission et
d'approvisionnement. La division s'entraîne durant près de quatre ans en Écosse.
En 1944 elle compte plus de 13 000 hommes. C'est une unité de tradition, son
insigne, un casque ailé, rappelle les hussards polonais qui furent de
redoutables combattants durant près de trois siècles contre les Cosaques et les
Turcs.
Détail :
• Commandant : général Stanislaw Maczeck
o 10e régiment de chasseurs à cheval ; reconnaissance blindée
(lieutenant-colonel Maciejewski)
• 10e brigade de cavalerie (colonel Majewski)
o 1er régiment blindé (lieutenant-colonel A. Stefanewicz)
o 2e régiment blindé
o 24e régiment de lanciers
o 10e régiment de dragons (major W. Zgorzelski)
• 3e brigade d'infanterie (colonel Wladyslawec)
o 8e bataillon de chasseurs à pied « chemises sanglantes »
o 9e bataillon de chasseurs à pied « chasseurs des Flandres »
o 1er bataillon de chasseurs de Podhale (bataillon vétéran de Narvik)
o Escadron Indépendant de Mitrailleuses lourdes (CKM szwadron Ciężkich Karabinów
Maszynowych)
• artillerie divisionnaire (colonel Noël)
o 1er régiment d'artillerie
o 2e régiment d'artillerie
o 1er régiment d'artillerie antichar
o 1er régiment d'artillerie antiaérien
La division reçoit du matériel et de l'équipement britannique (armes
individuelles, artillerie et mortiers, Bren Carriers, Scout Cars, chars Cromwell
attribués au régiment de reconnaissance, Sherman Firefly) et américains (chars
Sherman M4, Half-tracks)
Campagne de la 1re Division Blindée Polonaise sur le front de l'Ouest