Le Général de division Jean-Baptiste Marchand
Jean-Baptiste Marchand, né le 22 novembre 1863 à Thoissey et mort le 13 janvier
1934 à Paris, est un militaire et un explorateur français, célèbre pour avoir
commandé la mission Congo-Nil.
Biographie
Jean-Baptiste Marchand est né le 22 novembre 1863 à Thoissey, dans le
département de l’Ain de Georges Marchand (menuisier né en 1834) et de Marie
Duplessy (née en 1843).
Son père étant trop modeste pour lui offrir de longues études, il entre dès
l'âge de 13 ans aux écritures chez un notaire. Engagé volontaire à 19 ans le 17
septembre 1883, à Toulon, comme simple soldat au 4ème Régiment
d’Infanterie de Marine. Il rejoint l’École militaire d’infanterie de
Saint-Maixent le 23 avril 1886. Il en sort sous-lieutenant le 18 décembre 1887 à
seulement 24 ans et, après six mois au 1er Régiment d’Infanterie de
Marine et devient officier de tirailleurs sénégalais. Il devait effectuer dès
lors l’essentiel de sa carrière outre-mer, principalement en Afrique (Sénégal,
Soudan français, Haut-Oubangui, etc.)
Lieutenant en janvier 1890, il participe aux opérations de la conquête du Soudan
français sous les ordres du colonel Louis Archinard (prise de Segou et de
Konakri) contre le sultan Ahmadou. Il est promu capitaine en décembre 1892 à 29
ans.
Le 22 juin 1896, il reçoit le commandement d’une mission d’exploration baptisée
"Mission Congo-Nil". Dans le contexte de la rivalité coloniale
franco-britannique en Afrique, le rôle de cette "mission Marchand" est
primordial. Il s’agit, en se portant les premiers sur le Nil depuis les
territoires d’Afrique occidentale sous contrôle français, de contester
l’hégémonie britannique sur le grand fleuve et d’implanter au sud de l’Égypte un
nouveau protectorat français. Pour cette expédition aussi hasardeuse des points
de vue sanitaire que militaire, logistique ou politique, Jean-Baptiste Marchand
ne néglige aucun détail. Faisant preuve de grande autorité et de la plus grande
minutie dans la préparation, il s’entoure d’officiers expérimentés, dont un
certain lieutenant (puis capitaine) Charles Mangin, le futur général Mangin de
la Grande Guerre.
Le 10 juillet 1898, la colonne arrive à Fachoda et renforce aussitôt les
défenses de la place. Les choses se compliquent avec l’arrivée le 19 septembre
1898 des forces de Lord Kitchener. Celui-ci vient de remporter la victoire
d’Omdurman et ne compte pas se voir contester le contrôle du Nil, de son delta
jusqu’à ses sources. Après quelques négociations les Britanniques établissent un
blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devient très vite
internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se tendent à un
point qui fait craindre, l’espace d’un instant, qu’une guerre soit possible.
Jean-Baptiste Marchand (nommé chef de bataillon entre-temps, le 1er octobre
1898) a toutes les peines du monde à communiquer avec Paris. En janvier 1899, un
accord est finalement trouvé entre les deux puissances coloniales. La Mission
Congo-Nil évacue Fachoda sur ordre. Elle a rempli sa mission mais ne pouvait
tenir tête indéfiniment à une armée britannique beaucoup plus puissante. Pour
éviter l'humiliation nationale, le gouvernement prétexte un mauvais état
sanitaire de la troupe de Marchand, aussi ce dernier est ulcéré.
Le 6 juillet 1899, le commandant Marchand est affecté au 4ème
Régiment d’Infanterie de Marine. Il est désormais nanti d’une popularité
nationale, qui semblait bien le promettre au plus bel avenir militaire. Le 5
janvier 1900, il est promu lieutenant-colonel, après seulement quinze mois
passés au grade de chef de bataillon. En septembre suivant, il partait pour la
Chine avec le corps expéditionnaire français chargé, au sein d’une force
internationale, de s’opposer à la révolte des Boxers. Il y sert jusqu’en avril
1902. De retour en France, il est nommé colonel le 1er octobre 1902 et prend la
tête du 8e Régiment d’Infanterie Coloniale. Le 17 mai 1904, il donne sa
démission de l’armée française suite notamment à l'affaire des fiches. Il est
alors chef de corps du 4ème R.I.C.
Départ de l’armée
Sa carrière civile a nettement moins d’éclat que sa carrière coloniale. Il entre
en journalisme et s’essaye à la politique, mais sans grand succès. C’est pendant
cet intermède qu’il épouse Raymonde de Serre de Saint-Roman et s’installe à
Saint-Roman-de-Codières dans le Gard, où il est élu en 1913 conseiller général
du canton de Sumène. Il le reste jusqu’en 1925.
Première Guerre mondiale
Il reprend l’uniforme avec le déclenchement de la Grande Guerre. En août 1914,
comme colonel de réserve il est nommé adjoint au général gouverneur de Belfort.
Le 8 septembre 1914, il prend le commandement de la 2ème brigade
coloniale. Il est blessé une première fois le 1er octobre 1914 par un
éclat d’obus qui lui fracasse le tibia. Il revient au front un mois plus tard,
incomplètement guéri. Le 20 février 1915, il est promu général de brigade, puis
devient commandant par intérim de la 10ème Division d’Infanterie
Coloniale le 14 mai 1915. Malgré quelques parenthèses, il conserve ce poste
jusqu’à la fin de la guerre. Le 25 septembre 1915, alors que ses troupes
participent à la deuxième bataille de Champagne, il est très grièvement blessé
au ventre par une balle de mitrailleuse. Mais il se rétablit et après une
période de convalescence il retrouve sa division.
Il est une nouvelle fois blessé le 17 octobre 1916 dans la Somme par un éclat
d’obus, mais refuse de se faire évacuer et conserve son commandement.
Le 4 avril
1917, il est nommé général de division du cadre des officiers de réserve. On le
trouve ensuite avec sa division sur le chemin des Dames, devant Verdun (secteur
de Douaumont), sur le saillant de Saint-Mihiel (hiver et printemps 1918) puis
devant Château-Thierry fin mai, où il interdit aux Allemands le passage de la
Marne. Il combat sur cette position jusqu’au 27 juin 1918, puis il y revient
après guerre le 21 juin 1925 pour participer à l’inauguration du nouveau pont
sur la Marne (il avait lui-même donné l’ordre de détruire le précédent).
Jean-Baptiste Marchand quitte l’armée définitivement le 4 avril 1919. Il meurt à
Paris le 13 janvier 1934 et est inhumé à Thoissey le 13 avril 1935.
Honneur
Décoration
Légion d’Honneur : Chevalier en 1892, Officier en 1898, Commandeur en 1913.
Ordre de l’Étoile noire du Dahomey : Officier en 1895.
Médaille Coloniale : Agrafes Congo, Soudan, et (en or) « De L’Atlantique à la
Mer rouge ».
Ordre du Sceau de Salomon (Éthiopie) : Commandeur en 1899.
Ordre de Sainte Anne (Russie) : 2ème classe en 1913
Officier de l’Instruction publique.
Monument au Commandant MARCHANT. Paris XII