Alain de Boissieu Dean de Luigné
Le général De Boissieu à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) le 20.11.2004 à
11h30
Alain de Boissieu est né le 5 juillet 1914 à Chartres. Son père était
assureur-conseil. Après des études au Collège Sainte-Croix du Mans et à l'Ecole
Sainte-Geneviève de Versailles, il entre à l'Ecole Spéciale Militaire de
Saint-Cyr en octobre 1936.Sorti de l'E.S.M. dans la promotion du Soldat Inconnu,
le sous-lieutenant de Boissieu poursuit sa formation militaire à l'Ecole
d'Application de la Cavalerie de Saumur en septembre 1938. Il obtient également
trois certificats de Licence à la Faculté de Paris. Lors de la déclaration de
guerre, le sous-lieutenant de Boissieu sert au Groupe de Reconnaissance de la
10e Division d'Infanterie (15e G.R.D.I.).Chef de peloton de canons antichars, il
arrête une attaque ennemie, le 11 juin 1940, au nord d'Epoye, dans la Marne,
détruisant trois blindés et faisant preuve du plus grand calme et de la plus
grande énergie. Encerclés dans le bois de la ferme Milan par les Allemands qui
viennent de prendre le village voisin d'Epoye, les canons de 25 antichars, ne
pouvant tirer de nuit, doivent être sauvés de la capture.
Avec l'autorisation du commandant de la position de défense, le sous-lieutenant
de Boissieu décide de rassembler les 35 cavaliers de son peloton dans le layon
le plus large et de charger au sabre les Allemands qui surveillent les sorties
en direction de la plaine, tandis que les fantassins voisins couvriraient la
charge par une diversion. L'opération réussira avec quelques pertes et les
servants emballés se retrouveront sur la route de Beine ; Alain de Boissieu
confiera alors le peloton à son sous-officier adjoint, le maréchal des logis
chef Barbé, puis il reviendra à pied dans le bois de la ferme Milan pour prendre
le commandement des fantassins qui avaient protégé la sortie de son peloton. Les
fantassins rejoindront ainsi leur unité à Beine ; le sous-lieutenant de Boissieu
tentera avec le chef de bataillon de la Rochefordière, qui commandait la
position, de gagner le camp de Mourmelon et le 15e G.R.D.I. Ils seront faits
prisonniers le 12 juin dans une embuscade allemande à hauteur du mont Cornillet.
Deux fois cité pendant la campagne de France, c'est en Belgique, le 19 juin, au
cours du transfert de son détachement de prisonniers vers l'Allemagne, qu'il
prend indirectement connaissance, de l'appel prononcé la veille par le général
de Gaulle à la radio de Londres. Il tente de s'évader du train qui le transporte
à Mayence.
Promu lieutenant en septembre 1940 pendant sa détention, il s'évadera de l'Oflag
II D en Poméranie le 28 mars 1941 avec deux camarades, le sous-lieutenant Klein
et le lieutenant Branet, et gagnera l'U.R.S.S. où il est de nouveau interné,
après avoir demandé à rejoindre le général de Gaulle en Angleterre. L'offensive
allemande de juin 1941 joue en faveur des internés français, rassemblés dans un
camp à Mitchourine au sud de Moscou, dont une liste est communiquée aux nouveaux
alliés britanniques qui la transmettent aux Forces Françaises Libres. Avec 185
camarades, emmenés par le capitaine Billotte, Alain de Boissieu parvient à
rejoindre, par Arkhangelsk et le Spitzberg, l'Angleterre où il signe son
engagement dans les F.F.L., à Camberley, le 12 septembre 1941.Servant à
l'Etat-major particulier du général de Gaulle à Londres pour remplacer un
officier blessé, il suit un entraînement de parachutiste et de commando puis
prend part aux opérations de Bayonne à Pâques 1942 et au raid sur Dieppe en août
1942.En décembre 1942, le capitaine de Boissieu est envoyé en mission dans
l'Océan Indien, sous les ordres du général Legentilhomme. Il participe alors aux
opérations du rétablissement de l'autorité française à Madagascar et à Djibouti
avec le Bataillon de Marche n° 2 des F.F.L. En mars 1943, il rejoint, sur sa
demande, la Force "L" du général Leclerc en Tunisie et est affecté au 3ème
Bureau de l'Etat-major. La Force "L" devient, en juillet 1943, au Maroc, la 2e
Division Blindée. En février 1944, Alain de Boissieu sera affecté au
commandement de l'Escadron de Protection du général Leclerc et du P.C. avancé de
la 2ème D.B. avec un escadron de chars légers et d'obusiers de 75. Ses
lieutenants seront Pierre de la Fouchardière, Philippe Duplay et Hervé de
Lencquesaine. Il débarque en Normandie le 30 juillet 1944 et est blessé le 12
août à La Lande de Goult dans l'Orne par l'explosion d'un obus antichar de 75
alors qu'il aidait le chef du char "l'Ourcq" à sortir de sa tourelle, son tireur
blessé ; tous les servants seront tués à l'exception du capitaine de Boissieu
qui sera éjecté dans l'herbe. Il se distingue lors des combats de la forêt
d'Ecouves en réduisant une résistance blindée allemande. Il fait de même à
Paris, le 25 août 1944, lorsqu'il engage deux de ses pelotons contre un ennemi
fortement organisé au point d'appui du Luxembourg, parvenant à l'ébranler au
point de le faire capituler quelques heures plus tard. En Alsace, en décembre
1944, le capitaine de Boissieu est affecté sur sa demande au 501ème Régiment de
Chars de Combat (501e R.C.C.) dont il commandera la 3e Compagnie de chars
moyens.
Il est cité à nouveau, lors des opérations du 25 janvier au 2 février 1945,
pendant la campagne d'Alsace, où il prépare et fait exécuter à sa compagnie de
chars des opérations non appuyées par de l'Infanterie, du fait de l'épaisseur de
la neige, obtenant chaque fois un succès complet avec un minimum de pertes. Il
participera avec le capitaine Dronne à la première attaque d'un village de nuit
pour éviter les antichars qui protégeaient Marckolsheim. Promu chef d'escadrons
en juin 1945, il entre au Cabinet militaire du général de Gaulle à Paris, rue
Saint Dominique. Le 2 janvier 1946 à Paris, Alain de Boissieu épouse Elisabeth
de Gaulle. Après avoir suivi les cours de l'Ecole d'Etat-major à Paris, il se
voit refuser de servir en Indochine, s'étant occupé du retour du Prince Vinh San
en Annam, et il est affecté en Afrique équatoriale (août 1947-novembre 1949) au
Secrétariat de la Défense de l'ensemble AEF-Cameroun. Il retrouve ensuite le
501ème RCC, en qualité de responsable des services techniques, avant d'être
affecté à l'Etat-major de la Zone stratégique d'Afrique centrale (1952-1953) à
Dakar. Breveté de l'Ecole Supérieure de Guerre en 1955, le lieutenant-colonel de
Boissieu sert ensuite pendant une année à l'Etat-major du commandant en chef de
la Zone stratégique de l'Afrique centrale avec Etat-major à Paris. Ayant demandé
un commandement en Algérie, il est placé, en juin 1956, à la tête du 4ème
Chasseurs dans le Constantinois. Il y fait, dans des circonstances difficiles,
la preuve de ses qualités militaires "aussi bien dans la pacification de son
territoire que dans l'organisation et l'exécution des opérations" ; il reçoit la
Croix de la Valeur Militaire avec deux citations et la cravate de Commandeur de
la Légion d'Honneur. Promu colonel en septembre 1958, il devient directeur du
Cabinet militaire du Délégué général du Gouvernement Mr Paul Delouvrier et du
général Maurice Challe, Commandant en chef en Algérie. En octobre 1959 il
rejoint à Paris l'Inspection générale de l'Arme Blindée et de la Cavalerie comme
chef d'Etat-major avant de suivre, en 1961, les cours du Centre des Hautes
Etudes Militaires et de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale. Le
22 août 1962, le colonel de Boissieu accompagne dans leur voiture le Général et
Madame de Gaulle lors de l'attentat du "Petit Clamart". Alors que tous les
passagers sont indemnes, on relèvera 14 impacts de balles dans la carrosserie de
la Citroën DS alors que 100 douilles de fusils-mitrailleurs et 80 de
pistolets-mitrailleurs seront retrouvés sur les lieux. Le colonel de Boissieu
commande ensuite la 2e Brigade Blindée à Saint-Germain-en-Laye (septembre
1962-septembre 1964) et, promu général de brigade, reçoit le commandement de
l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et de l'Ecole Militaire Interarmes de
Coëtquidan (septembre 1964- septembre 1967)Le général de Boissieu commande
ensuite pendant deux ans la 7ème Division Mécanisée à Mulhouse avant d'être
nommé Inspecteur de l'A.B.C. et membre du Conseil Supérieur de la Guerre
(1969-1971).Général d'armée en mai 1971, il exerce les fonctions de chef
d'Etat-major de l'Armée de Terre jusqu'en février 1975. Vice-président du
Conseil Supérieur de l'Armée de Terre en 1972 et 1973.Grand Chancelier de la
Légion d'Honneur et Chancelier de l'Ordre National du Mérite (1975-1981)Membre
du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis novembre 1970, le général d'armée
Alain de Boissieu est nommé, en septembre 2002, Chancelier de l'Ordre de la
Libération par décret du Président de la République.
• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 18 janvier 1946
• Grand Croix de l'Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 39/45 (7 citations)
• Croix de la Valeur Militaire (2 citations)
• Médaille de la Résistance
• Médaille des Evadés
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• K.B.E. (G.B.)
• Commandeur de l'Ordre du Mérite des U.S.A.