Aufseherin est le terme allemand pour désigner une gardienne auxiliaire 1 des SS dans les camps de concentration nazis.
Irma Grese, née le 7
octobre 1923 à Wrechen (Feldberger Seenlandschaft, actuel Arrondissement de
Mecklembourg-Strelitz) et pendue le 13 décembre 1945 à la prison de Hameln,
était Aufseherin (gardienne auxiliaire Hilfspersonal SS) dans les camps de
concentration nazis de Ravensbrück, Auschwitz et de Bergen-Belsen. Surnommée «
la hyène de Belsen » à cause de son comportement particulièrement cruel et
pervers à l'égard des prisonniers, elle reste l'une des criminelles nazies les
plus connues.
Recrutement
Ces femmes provenaient généralement des classes sociales basse à moyenne et
avaient souvent peu d'expérience professionnelle. Les premières étaient des
gardiennes de prison débutantes, des coiffeuses, des contractuelles, des
chanteuses d'opéra, mais aussi des enseignantes à la retraite, etc. Ces
volontaires sincères avaient remarqué des petites annonces dans les journaux
allemands qui demandaient des femmes voulant démontrer leur amour pour le Reich
et rejoindre l'organisation Gefolge (auxiliaire) des SS pour les femmes, mais
qui était différente de celle des SS dont la conscription était obligatoire.
Carrières
Au début, en 1938, ces femmes furent entraînées à Lichtenburg. Après 1939, elles
s'entraînaient au camp de Ravensbrück, près de Berlin. Le camp de Stutthof
(Pologne) a également servi de centre de formation.
D'après l'article de Philippe Aziz, historien, « Selon les témoignages de
rescapé, ces femmes SS - en fait "auxiliaires féminines" - ont eu quelquefois
des comportements d'une brutalité inouïe et leur apparition semaient la terreur
parmi les détenues. Sur la transformation des nouvelles gardiennes en femmes
sadiques, nous citons le témoignage, rapporté par Philippe Aziz, de la
sociologue Germaine Tillon qui est accablant « ... certaines gardiennes
prenaient un plaisir évident à frapper les déportées et tout particulièrement
les plus faibles, malades ou visiblement effrayées. Les autres frappaient les
prisonnières "avec rudesse et simplicité, comme un paysan sur son âne". Elles
semblaient redoubler de zèle devant leurs collègues masculins comme si elles
voulaient mériter une considération spéciale en se montrant particulièrement
agressives. ».
En quelques jours, des jeunes femmes dont certaines étaient issues de la bonne
société, se transformaient, pour leur majorité, « en brutale geôlière d'un
troupeau de prisonnières
Affectations
En 1942, les premières gardiennes provenant de Ravensbrück arrivèrent à
Auschwitz et Majdanek. L'année suivante, les Nazis commencèrent la conscription
de femmes en raison de la pénurie de gardiens. Plus tard, durant la guerre, des
femmes s'entraînèrent aussi à une échelle moindre dans les camps de Neuengamme,
Auschwitz (I, II et III), Plaszow, Flossenbürg, Gross-Rosen, Vught et Stutthof.
Le nombre d'Aufseherinnen était généralement bas. Des 55 000 gardiens qui
servirent dans les camps, seules 3 600 furent des femmes. Et aucune gardienne
n'a jamais servi dans les camps d'extermination de Belzec, Sobibór, Treblinka ou
Chelmno.
Sept Aufseherinnen servirent à Vught, vingt-quatre servirent à Buchenwald,
trente-quatre à Bergen-Belsen, dix-neuf à Dachau, vingt à Mauthausen, trois à
Dora-Mittelbau, sept à Natzweiler-Struthof, vingt à Majdanek, 200 à Auschwitz et
ses camps annexes, 140 à Sachsenhausen, 158 à Neuengamme, quarante-sept à
Stutthof, à comparer aux 958 qui servirent à Ravensbrück, 561 à Flossenbürg et
541 à Gross-Rosen. Beaucoup de surveillantes travaillaient dans les camps
annexes en Allemagne, quelques-unes en France, Autriche, Tchécoslovaquie et
Pologne.
Promotions et avancements
La lecture des témoignages, tant dans la presse que dans les compte-rendus de
procès, a largement prouvé que l'univers concentrationnaire nazi était un milieu
brutal et sadique, dirigé par des hommes SS dont la mission est vite devenue
l'extermination des déportés, dans un univers d'où la pitié était vite balayée.
Les commandants des camps jugeaient vite leurs auxiliaires féminines sur leurs
capacités à brutaliser et même à tuer. Si une Aufseherin se montrait brutale,
sadique et sans pitié, elle devenait une collaboratrice utile à leur mission.
Elles remplissaient les conditions pour être promue aux grades supérieurs de
Rapportaufseherin (gardienne-chef), Erstaufseherin (première gardienne),
Lagerführerin (chef de camp, une haute position sociale) ou Oberaufseherin
(inspectrice senior, une très haute position sociale). Le plus haut rang jamais
atteint le fut par deux femmes, Anna Klein et Luise Brunner, et c'était le rang
de Chef Oberaufseherin (inspectrice senior en chef). Mais aucune gardienne ne
pouvait donner des ordres à un homme, quelles que soient les circonstances. Et
aucune gardienne n'a jamais atteint le grade de commandant dans le système
concentrationnaire. Elles étaient soit de rang équivalent aux hommes, soit sous
leur autorité. Ravensbrück fut le seul camp strictement féminin ; il était
dirigé par beaucoup de SS qui étaient assistés par quelques surveillantes.
Camps, noms et grades
La surveillante en chef à Allendorf était Kaethe Hoern; à Auschwitz Johanna
Langefeld, Maria Mandel, Margot Dreschel, Irma Grese et Elisabeth Volkenrath.
À Belzig, la chef des gardiennes était Hedwig Ullrich.
À Bergen-Belsen, les deux surveillantes étaient Irma Grese et Elisabeth
Volkenrath, tandis qu'Herta Ehlert servait comme gardienne adjointe.
La Lagerführerin Kuegler servait comme chef du camp annexe de Bolkenhain.
Johanna Wisotzki était Oberaufseherin à Bromberg Ost tandis qu'Ilse Koch était
appointée chef gardienne à Buchenwald.
Dans le camp annexe de Danzig Langfuhr, Gerda Steinhoff commandait toutes les
surveillantes et déportées, à Dora-Mittelbau, c'était Erna Petermann.
Au camp annexe de Ravensbrück, Dresden Universelle, Charlotte Hanakam était chef
surveillante et à Flossenbürg, ce grade fut donné à trois femmes à trois moments
différents ; Gertrud Becker, Dora Lange et Gertrud Weniger.
Dans le camp auxiliaire de Graslitz, Marianne Essmann fut promue gardienne en
chef, à Gross-Rosen, Jane Bernigau, à Gruenberg, Anna Viebeg servait comme chef
Oberaufseherin, tandis qu'Anna Jahn et Hela Milefski servaient comme
Lagerleiterinnen en second (directrices de camp remplaçantes).
À Gruschwitz-Neusalz, camp annexe de Gross-Rosen, Elisabeth Gersch en avait la
charge, à Hamburg-Wandsbek, Annemie von der Huelst.
Le camp annexe d'Hanau en Allemagne était supervisé par la chef surveillante
Lydia Neudert.
À Helmbrechts, un camp annexe de Flossenbürg construit près de Hof Allemagne,
originellement Martha Dell' Antonia était à la tête de plus de vingt-deux
gardiennes. À la fin de 1944, elle fut remplacée par l'amante du commandant
Doerr, Herta Hegel.
À Hirtenberg, Jane Bernigau servit quelque temps comme chef surveillante, à
Holleischen, Dora Lange.
Le minuscule camp annexe de Kratzau II en Pologne fut surveillé par Gertrud
Becker, Lenzing par la Lagerführerin Schmidt et l'Oberaufseherin Margarete
Freinberger.
Majdanek fut supervisé par Else Ehrich, assistée par les chefs surveillantes
adjointes Hermine Braunsteiner, Else Weber, Redeli, Ellert et Elisabeth Knoblich.
Mauthausen fut supervisé plus de deux années par deux femmes, Jane Bernigau et
Margarete Freinberger.
Neuengamme en Allemagne du Nord fut supervisé par les chefs gardiennes Annemie
von der Huelst et Inge Marggot Weber tandis qu'une femme nommée « Anna »
commandait le camp annexe de Nurnberg-Siemens.
À Oberalstadt, Irmgard Hofmann en était la Lagerführerin.
À Obernheide, Gertrud Heise était la chef de sept femmes SS, à Oederan, Dora
Lange et à Plaszow, Alice Orlowski.
Ravensbrück était le centre de formation des gardiennes. Comme chefs de ces
gardiennes, il y avait Jane Bernigau, Margarete Gallinat, une femme nommée
Small, Maria Mandel, Johanna Langefeld, Greta Boesel, Else Grabner, Kaethe Hoern,
Erna Rose, Anna Klein, pendant que Dorothea Binz leur servait d'assistante.
Rochlitz était supervisé par Marianne Essmann, Sachsenhausen par Ilse Koch et
plus tard par Hilde Schlusser et Anna Klein.
Des généraux SS de Stutthof promurent Johanna Wisotzki et Gerda Steinhoff au
grade de surveillantes en chef (Oberaufseherin), tandis qu'au camp de
concentration de Theresienstadt ce grade fut donné à Hildegard Neumann.
Ruth Closius supervisait Uckermark, Margarete Gallinat surveillait à Vught,
Susanne Hille était chef des gardiennes à Unterlüss et Hilde Hahn surveillait
dans le camp annexe de Flossenbürg, Zwodau.
Expiation
De nombreuses auxiliaires féminines de la SS ont été capturées par les troupes
alliées ou les polices de États libérés. D'anciens gardes SS et leurs
auxiliaires (Kapos) ont aussi été capturés.
Deux blocs se sont constitués en Europe (l'est et l'ouest) correspondant à des
zones d'occupation de l'Allemagne vaincue. Des procès ont été tenus à l'encontre
des gardiens et gardiennes de camps de tous grades. Des verdicts ont été
prononcés à l'encontre de ceux reconnus coupables de crimes contre l'humanité ou
de crimes de guerre.
À l'est
Le premier Procès du Stutthof (en Pologne) eut à juger 13 accusés. Il se termina
par la condamnation à mort et la pendaison publique de cinq accusées et de la
condamnation d'une sixième à un peine de prison de 15 ans. Une demande de grâce
reçut un avis favorable de la cour mais fut rejetée par le Président polonais.
Six hommes dont le commandant du camp et des kapos furent aussi condamnés et
exécutés. Il y eu deux autres procès du Stutrhoff avec d'autres condamnations à
mort, des peines d'emprisonnement et des relaxes.
À l'ouest
Les tribunaux anglo-américains furent moins sévères mais il y eut aussi des
condamnations à mort et des exécutions non publiques.