Penthièvre 1962 1965
Le dimanche 9 décembre 1962, a bord de la Bidassoa, au large du fort de
Penthièvre. La mer est fortement agitée. Le capitaine nous fais monter sur le
pont et nous montre la direction du fort : « C’est là qu’il faut aller » Je
distingue à peine le fort dans la brume. Je fais remarquer au capitaine que la
mer est trop grosse pour effectuer le débarquement… Il faut y aller.
Les feux sont au vert. L’ordre nous est donné pour le lancement des moteurs des
9 chars alligators. Après 54 tours de manivelles pour éviter un blocage
hydrostatique, les moteurs sont lancés. Quel vacarme. Quelle fumée dans la cale
du navire. Les marins ont oublié de mettre en route les ventilateurs. J’étouffe,
je remonte sur le pont avec tous les militaires. Enfin lorsque tout est en
ordre, je descends dans la cale pour m’apercevoir que tous les oiseaux, canaris
etc. que l’escadron emporte d’Algérie sont morts asphyxiés.
Un après l’autre, les chars basculent par la rampe dans la mer démontée. Un
alligator ne pas démarre. Je le tracte avec mon char. Il démarre,
malheureusement au bout de 5 minutes en mer il est en perdition. Il coule, les
membres de l’équipage flottent grâce à leurs gilets de sauvetage. Je m’approche
pour les secourir mais en vain. Les chenilles à godets risquent de les blesser.
Une vedette de la marine surgit et les récupère.
J’ai mis plus de 2 heures pour atteindre le fort. Il manque quatre chars à
l’appel. Un qui a coulé et les trois autres sont échoués du coté de Kerjouanno
avec les équipages frigorifiés, et réconfortés par la population.
Par la suite, un autre incident heureusement sans gravité va arriver.
Un jour de janvier ou février 1963, un GMC chargé de 2000 litres d’essence en
fûts s’apprête à faire le pleins des alligators qui se trouvent en contre bas du
fort.(A droite en montant). Le soutier debout sur le marchepied avant droit
descend pendant que le GMC parcours encore 5 à 6 mètres. Boum ! La roue avant
droite du camion vient de rouler sur une mine anti-char datant de la seconde
guerre mondiale. L’avant du GMC est volatilisé,le conducteur est éjecté avec le
siége du camion. Il n’est que choqué. Par la suite le service de déminage va
dénombrer une quarantaine de mines en état de fonctionnement..
***
Comment se passe un embarquement sur un BDC (Bâtiment de Débarquement de
Chars) tel que l’Argence, La Bidassoa, Le Blavet…
Le BDC mouille au large, Les alligators orbitent sur un coté du navire. Lorsque
l’équipage reçoit l’ordre d’embarquer, il se présente en rasant la rampe
d’embarquement en présentant l’arrière du char. Les marins lancent deux « bouts
» vers le char, l’équipage les amarre sur les bittes qui se trouvent à l’arrière
puis les marins halent le char et lorsque les deux chenilles touchent la rampe,
le pilote accélère a fond. Le chef de char à la place du co-pilote, fait face à
la porte d’entrée et montre d’une main au pilote, qui ne voit rien, comment
manoeuvrer pour ne pas se mettre de travers. Opération très difficile qu’il faut
bien souvent recommencer plusieurs fois. Un jour j’ai eu la surprise de voir
dans mon LVT, parmi les à embarquer le lieutenant de vaisseau TABARLY, très
impressionné de la difficulté des embarquements.
J’ai obtenu en 1963 mon Brevet d’armes du 2° degré sur AML 60).
Pour la petite histoire : Lors de mon arrivée, je suis logé dans le bâtiment «La
redoute » qui se trouve le long de la route, en face du passage à niveau, sans
eau et un mirus, petit poêle à charbon comme chauffage.
Devant la porte une citerne à eau gelée. Agréable pour un mois de décembre
Panhard AML 60/90
Caractéristiques générales
Équipage 3
Longueur 4,15 m
Largeur 1,97 m
Hauteur 2,07 m
Masse au combat 5,5 t
Blindage et armement
Blindage
Armement principal AML 60 : Mortier de 60 mm à chargement par la culasse.
AML 90 : Canon de 90 mm GIAT F1
Armement secondaire 2 mitrailleuses de 7,62 OTAN
Mobilité
Moteur Panhard Model 4 HD 4-cylindres refroidi par air
90 CV à 4700 tr/min
Suspension
Vitesse sur route 90 km/h sur route
Puissance massique
Autonomie 600 km
L’automitrailleuse légère (AML) fabriquée par la firme Panhard équipa l’armée de
Terre française au cours des années 1960. Elle était proposée avec un mortier
(AML 60) ou un canon (AML 90). La France les a aujourd'hui remplacées mais de
nombreux pays africains en possèdent encore.
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