Charles Alphonse Rusconi
 

et les Commandos en Indochine

Commando 23 commando Rusconi


 

Charles Alphonse Rusconi naît en Suisse, le 13 mai 1918, d'une famille corse.

 

En 1936, dès l'âge de dix huit ans, il s'engage au 10e régiment de tirailleurs sénégalais. C'est un garçon trapu, solide, d'aspect viril. Trois ans plus tard, lorsque la deuxième guerre mondiale commence, il est sergent. Volontaire pour les corps francs, il devient le chef d'un commando chargé d'opérer sur l'arrière du dispositif allemand. C'est ainsi qu'en mai 1940, il sauve un officier blessé dans les lignes ennemies en le dégageant à la grenade et en le ramenant sur ses épaules.  

Devant l'offensive allemande, l'armée française largement surclassée en moyens matériels et en armement, se voit contrainte de se replier, mais le sergent Rusconi n'est pas de ceux qui baissent les bras. Le 2 juin 1940, il investit un poste de commandement ennemi. Soixante dix soldats et officiers sont faits prisonniers ; un armement lourd ainsi que les archives divisionnaires sont récupérés. Après ce coup d'éclat, le sergent Rusconi poursuit sans relâche ses missions retardatrices jusqu'au 26 juin, jour où il est blessé par une rafale de mitrailleuse. Capturé par les troupes allemandes, il est soigné, mais deux mois plus tard, à peine rétabli, il s'évade.  

C'est en février 1948 que le lieutenant Rusconi, à sa demande, rejoint l'Indochine. Il forme un commando composé de Sénégalais et de Vietnamiens, qui va opérer sur la rive gauche du Fleuve Rouge. Avec une efficacité égale à celle du commando des Tigres Noirs de l'adjudant Vandenberghe qui opère sur l'autre rive du fleuve, cette petite unité mixte, où règne un esprit d'émulation, va infliger au Viet-minh des pertes considérables par des coups de main et embuscades incessants. Grâce à ces exploits, la province retrouve une paix relative.  

Ayant rempli avec succès cette mission, le commando Rusconi se voit chargé d'aller opérer sur les rives du fleuve Day (Nghia Lo), où il va reprendre ses incursions à l'intérieur des zones tenues par le Viet-minh. Il accomplit de nouveaux actes de bravoure aux résultats impressionnants en termes de prisonniers et d'armes récupérées. Mais dans la nuit du 6 au 7 février 1952, le commando est trahi. Une centaine de combattants du Viet-minh pénètrent par surprise dans le poste endormi et c'est le carnage. La plupart des hommes sont abattus avant d'avoir pu se servir de leurs armes. Quelques survivants combattent jusqu'au bout de leurs forces à l'arme blanche. Le lieutenant Rusconi, pistolet au poing fait face, mais tombe sous les balles et meurt sans un cri.  

Le lieutenant Charles Alphonse Rusconi, chef de commando exemplaire, magnifique soldat, mort au combat à l'âge de trente trois ans, était officier de la légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre des TOE avec palmes qui lui avait été remise par le général de Lattre de Tassigny. Il avait été quatre fois blessé et était titulaire de dix citations dont six à l'ordre de l'armée.

 


Comme VANDENBERGHE, le Lieutenant RUSCONI (1919-1952), obtient d'étonnants résultats grâce à son audace, ses décisions rapides, son influence sur ses hommes. En 1940 déjà, c'est l'homme des patrouilles profondes et périlleuses.
En 1948 il trouve le premier théâtre de ses exploits dans la banlieue d'Hanoi. Son commando réunit des Sénégalais et des Vietnamiens, excellent mélange. "Ca y est petit beaucoup, mais y a malin trop" disent les Bambaras en riant. Puis c'est la guerre en rizière. La paix revenue dans son secteur, il redonne confiance aux paysans, à la jeunesse. Enfin, il va avec ses Sénégalais et ses supplétifs vers son destin au bord du Day, dans les massifs calcaires. C'est là qu'il meurt près de Phu ly : 4 fois blessé, Officier de la Légion d'Honneur, dix citations.

 

De janvier à juin 1951, le général Giap, qui commande les forces du Viet-Minh, emporté par son succès sur la R.C.4, lance trois offensives importantes pour la conquête du delta tonkinois.

 

Elles sont transformées en sanglantes défaites, grâce à l’élan donné au corps expéditionnaire français par le général de Lattre de Tassigny, commandant en chef et haut-commissaire en Indochine depuis décembre 1950.

 

Entre-temps, ce dernier avait entrepris, pour mettre le delta à l’abri d’un déferlement Viet-Minh, l’édification d’une ligne d’ouvrages bétonnés et fait exécuter un programme de développement de l’armée vietnamienne.

 

Dans sa tactique, venait en bonne place la constitution de commandos; le chef de bataillon Fourcade est relevé de son commandement du 1er B.C.P. pour en assurer l’organisation.

 

Au nombre de huit à l’origine, dont quatre précurseurs commandés par des officiers ou sous-officiers imaginatifs et dynamiques, hommes de terrain : Delayen, Rusconi, Romary et Vandenberghe, ils seront quarante-cinq à la fin de 1951.

 

Un commando comprend en général une centaine de supplétifs vietnamiens encadrés par un officier ou un sous-officier confirmé, quatre sous-officiers et un gradé radio.

Ces cadres européens, toujours volontaires, provenaient de toutes les armes. Il s’agissait la plupart du temps d’éléments ayant la pratique des autochtones.

 

Ce n’était pas sans risque. Le Dich Van, organisme chargé d’infiltrer les unités supplétives ou de l’armée vietnamienne, bien souvent par de sinistres pressions sur les familles, n’était pas sans agir. C’est ainsi que furent assassinés, avec une partie de leurs effectifs, Rusconi (cdo 23), Vandenberghe (cdo 24), et Nédelec (cdo 35). Robert et Besnard y échappèrent de justesse, les complots ayant été éventés.

 

La mission première des commandos était de recueillir des renseignements. Pour cela monter des embuscades et exécuter des coups de main en territoire ennemi, observer des mouvements d’unités, surprendre des réunions politiques, par des actions audacieuses jeter le trouble chez l’adversaire et faire des prisonniers.  

Parlant de ses commandos, le général Fourcade disait :
« Ils évoluaient par petits éléments, et grâce à leur ardeur, leur mépris du danger, l’initiative de leurs chefs, au courage et au dévouement jamais démenti de leurs hommes, les commandos Nord Vietnam ont acquis et mérité leur réputation d’être toujours sur la brèche ».


Le bilan, c’est la palme qui orne leur fanion avec la citation suivante :  

« Unité d’élite qui s’est illustrée de septembre 1951 à juillet 1954 sur tous les champs de bataille du Nord Vietnam et du Laos, par la témérité de ses coups de main et la grandeur de son esprit de sacrifice. »

Colonel (H) Michel Reeb,
Président de l’Association Nationale des Commandos Nord-Vietnam.


 

Au Tonkin :
- Le Commando 10 "Leyon"  du 2ème BEP (c'est-à-dire légion ou peut-être lion, prononcé à la vietnamienne) qui prend le nom de Commando de Préville, du nom de son premier chef tué au combat.

 

- Le Cdo Constant, du Caporal-chef Constant du 1er BEP.


- Le Commando 13 sous les ordres du capitaine Delayen puis du lieutenant Bui Pho Chi dit Roger, deux fois cité à l'ordre de l'Armée.


- Le Commando 17 du lieutenant Henry, cité à l'ordre de l'Armée.


- Le Commando 20 à base de supplétifs Muong.


- Le Commando 23 formé d'Africains et de Tonkinois, sous les ordres du lieutenant Rusconi dit "Le Sanglier".


- Le Commando 24 de l'adjudant-chef Vandenberghe, cité à l'ordre de l'Armée.


- Le Commando de débarquement 61 du lieutenant Forray, actuel Grand Chancelier de la Légion d'Honneur.


- Les Commandos Thaïs du lieutenant Wieme de Ruddere, ayant agi dans la cuvette de Diên Bien Phu en 1953 et 1954.

 

D'autres unités semblent avoir été dépourvues de numéro, tel le Commando Lasserre dit également Peloton de Reconnaissanc de la Zone Ouest opérant dans le Ha Dong, ou le Commando Robert.

 

 

 Source: Monsieur Lezin Denis

Autre source:

7 février 1952 : mort du lieutenant Charles Rusconi (Phu Ly)
Chef du commando 23, Rusconi est beaucoup moins célèbre que l’Adjudant-chef Vandenberghe (commando 24) mais présente pourtant le même profil et la même efficacité lors des missions d’action dans la profondeur. Il finit lui aussi comme Vandenberghe (assassiné 1 mois avant), trahi par un ancien vietminh « retourné » sur lequel le Dich Van (service d’action psychologique Viet) faisait pression. Il meurt avec la quasi-totalité de son commando dans la nuit du 7 au 8, submergé par une compagnie vietminh que le traitre a fait pénétrer dans le camp. La particularité de son commando : vietnamiens et sénégalais. Ses soldats sénégalais disaient de lui : « Petit, mais malin ! »

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