Commando Guillaume
Historique :
Le groupe de parachutistes du 3ème RPIMa reprend les traditions du « commando
Guillaume ».
Le 18 octobre 2003, à Carcassonne, la prise d'armes marquant la célébration de
la St Michel a eu pour point d'orgue la reprise des traditions du « Commando
Guillaume » par le groupe de commandos parachutistes du 3ème RPIMa.
Créé à Bayonne en 1956, le Commando embarque pour l'Algérie avec à sa tête le
lieutenant Guillaume. Dans cette contrée d'Afrique du nord, il s'illustre dans
la bataille d'Alger en apportant un concours décisif. Il est fréquemment engagé.
Au cours d'un accrochage, le lieutenant Guillaume est tué le 22 mars 1957 près
de Mouzaiaville.
Parce que promesse avait été faite que le Commando porterait le nom du premier
qui tomberait au champ d'honneur, cette unité allait désormais s'appeler «
Commando Guillaume ».
C'et alors que le frère du disparu, le lieutenant de vaisseau Guillaume, le
fameux "crabe-tambour" personnage de légende de la guerre d'Indochine demande à
être mis à la disposition de l'armée de terre dans le but de reprendre le
commandement du Commando. L'intérim est assuré par l'adjudant Bizet puis par le
lieutenant Titoulet. Ce dernier perd la vie lors d'un accrochage à l'oued Fodda.
Lorsque le lieutenant de vaisseau Guillaume est blessé en 1958, à la tête du
Commando, il est relevé par le lieutenant Dominique dont l'adjoint est le
lieutenant Hamel qui deviendra par la suite officier général.
Unité du « 3 »,le Commando s'illustre une nouvelle fois lors de l'opération
BIZERTE au cours de laquelle les 2ème et 3ème RPIMa réduisent un ennemi bien
supérieur en nombre.
Les résultats exceptionnels obtenus en opération par le « Commando Guillaume »
forcent l'admiration et le respect et lui donnent la réputation d'unité d'élite
à la devise légendaire : « observe et frappe ».
Le « Commando Guillaume » sera dissout le 1er janvier 1963, soit 5 mois après
son retour en France et son fanion déposé dans la salle d'honneur du 3ème RPIMa.
En cette matinée d'octobre 2003, lorsque le GCP du « 3 » aux ordres du capitaine
BERGER s'est mis en place aux côtés des anciens du « Commando Guillaume » et
lorsque le fanion de ce dernier est passé des mains du général HAMEL aux mains
du chef du GCP, l 'émotion qui régnait était à la hauteur de la glorieuse et
héroïque histoire de cette unité hors du commun.
Désormais, le devise « observe et frappe » a trouvé une nouvelle voie, celle de
commandos parachutistes du 3ème RPIMa dont les membres chercheront en toutes
circonstances à se montrer dignes du lourd héritage légué par leurs grands
anciens.
Rétrospective sur le commando Guillaume (1956 - 1962)
Le 1er janvier 1963, le "Commando GUILLAUME" est dissous comme d'autres unités
rapatriées d'ALGERIE et regroupées à NANCY.
Créé à BAYONNE fin 1956, il a combattu pendant six ans sur les sols algérien et
tunisien qu'il a marqués de sa sueur et de son sang, celui de ses 24 tués et de
sa cinquantaine de blessés.
Ces nombres sont impressionnants si on les rapporte à l'effectif du commando qui
fluctuait au rythme des relèves et des renforts, entre 50 et 80 combattants. Ils
doivent être comparés à ceux des pertes infligées à l'adversaire, soit 466
rebelles mis hors de combat, 278 armes récupérées, dont 7 fusils-mitrailleurs,
17 pistolets-mitrailleurs, 218 fusils et 36 armes de poing, le bilan de
l'opération de BIZERTE étant exclu de ce décompte.
Créé en 1956 à BAYONNE par le colonel GRACIEUX, commandant la 1° Demi-Brigade de
Commandos Coloniaux Parachutistes, le commando, aux ordres du lieutenant
Jean-Marie GUILLAUME, se compose de 3 "sticks" de combat et d'un petit élément
de commandement, pour un effectif total d'une cinquantaine de parachutistes se
répartissant à parts égales entre engagés et appelés. Il suit une instruction
spécialisée intensive suivie d'une rude période d'entraînement au combat en
terrain montagneux dans les PYRENEES.
Le 19 janvier 1957, le commando débarque à ALGER. Son arrivée a été précédée le
16 janvier, par l'attentat dit "du Bazooka", visant le Général SALAN, Commandant
en Chef Interarmées en ALGERIE. Elle coïncide également avec le début de la
"Bataille d'Alger", menée par la 10° Division Parachutiste du Général MASSU
contre l'organisation terroriste du FLN qui agit en ville.
Le commando est installé dans le quartier d'HYDRA, sur les hauteurs d'ALGER, là
où se trouve le QG des TAP. Il est rattaché, pour administration, au 2° Régiment
de Parachutistes Coloniaux commandé depuis peu par le Lt-Colonel FOSSEY-FRANCOIS.
Le chef du commando reçoit pour mission d'assurer la protection rapprochée du
Général SALAN au siège de son Etat-Major, lors de ses déplacements et à son
domicile. Il affecte un de ses trois sticks de combat, à tour de rôle, à cette
mission.
A partir d'HYDRA et avec un effectif opérationnel réduit, le Lt GUILLAUME va
effectuer d'audacieuses reconnaissances et infiltrations en KABYLIE et dans le
secteur de Blida où sévissent des bandes de rebelles que leur effectif et leur
armement rendent redoutables.
C'est au cours d'un de ces raids qu'il va tomber, le 22 mars 1957, dans la
région de MOUZAÏAVILLE. Encerclés par une forte bande de rebelles qui les
exhortent à se rendre, les 32 parachutistes résistent pendant plusieurs heures
et brisent plusieurs attaques ennemies.
Le Lieutenant GUILLAUME a été tué dès le début du combat. Son adjoint,
l'Adjudant BIZET, prend le commandement de l'unité et, à la tombée de la nuit,
il lance ses hommes à l'assaut, brise l'encerclement et disparaît dans les
couverts à la faveur de l'obscurité. Seul le parachutiste NIJEAN, blessé, tombe
entre les mains des rebelles. Son corps mutilé sera retrouvé le lendemain,
proche de celui du Lieutenant, par le Caporal-Chef WEILER revenu sur les lieux
avec une compagnie héliportée du 3° RPC. Plusieurs dizaines de cadavres de
rebelles jonchent le lieu de la bataille.
Le Lieutenant GUILLAUME avait décidé, lors de la création du commando que
celui-ci serait baptisé du nom du premier tué au combat. L'unité s'illustrera
désormais sous l'appellation de "Commando GUILLAUME".
Regroupé et basé maintenant aux pieds du Djebel OUARSENIS, près du barrage de
l'Oued FODDA, à une vingtaine de kilomètres à l'Est d'ORLEANSVILLE, le commando
opère en bordure du domaine du Bachaga BOUALEM, aux ordres de l'Adjudant BIZET
qui cède son commandement au Lieutenant Louis TITOULET arrivé de BAYONNE fin
juin 1957. Cet officier sera tué quelques jours plus tard, le 7 juillet, dans
des conditions comparables à celles qui ont coûté la vie à son prédécesseur.
Entre temps, le Lieutenant de Vaisseau Pierre GUILLAUME, aîné de Jean-Marie,
s'était porté volontaire, dans un geste qui force le respect, pour remplacer son
frère au combat. Ayant obtenu, fait rarissime, son détachement de la Marine
Nationale, il suit une formation de " Commando-Para" à PAU et à BAYONNE et il
prend, à son tour, le 14 juillet 1957, le commandement du commando qui porte
maintenant son nom.
Cet officier de la "Royale" que Pierre SCHOENDORFFER rendra célèbre dans un film
sous le surnom de "crabe-tambour", s'est déjà illustré contre le Viet-Minh, dans
les méandres du MEKONG, au commandement d'une "Dinassaut" (Division navale
d'assaut). Il découvre le combat terrestre d'infanterie, l'infiltration de nuit
entre les "schouffs" ( guetteurs rebelles), l'embuscade, la recherche du
renseignement et l'action brutale par surprise.
Il s'impose d'emblée dans ce rôle complexe et impressionne ses cadres et ses
hommes par son esprit inventif, son mépris du danger et ses qualités d'homme de
cœur. Il les surprend également par son vocabulaire de cap-hornier et son
aisance à se guider la nuit aux étoiles.
Mais le Commandement, méfiant, s'inquiète un peu de voir un marin à la tête
d'une unité de commandos parachutistes de l'Armée de Terre. C'est pourquoi, le
Colonel CHATEAU-JOBERT qui a remplacé à BAYONNE le Colonel GRACIEUX, promu
général et affecté à ALGER, met en place, le 26 août 1957, le Lieutenant Jean
DOMINIQUE comme adjoint au chef du commando GUILLAUME.
Ils vont, ensemble et en parfaite entente, parcourir toute la Zone Ouest
Algéroise (ZOA), s'infiltrant dans les zones rebelles par de longues
progressions nocturnes et surprenant des unités ennemies en déplacement ou au
repos dans des refuges très éloignés des postes tenus par nos forces.
En quelques mois, le commando GUILLAUME réussit à créer une ambiance
d'insécurité chez l'adversaire en opérant dans les zones difficiles d'accès et
escarpées de l'OUARSENIS, au Sud, et du DAHRA ou du BISSA, au Nord. Les pertes
rebelles dépassent la centaine, le commando compte quatre tués.
Le Commandant de la ZOA considère maintenant le commando comme son fer de lance
et estime que le cantonnement d'Oued FODDA est un peu trop éloigné de son centre
de décision opérationnelle. C'est pourquoi, l'unité vient s'installer près du PC
de la ZOA, sur la Base Aérienne d'ORLEANSVILLE où il est chaleureusement
accueilli par les camarades de l'Armée de l'Air.
Le rattachement administratif au 2° RPC stationné à CASTIGLIONE étant un peu
compliqué, le commando est rattaché à la 114° compagnie de QG des TAP, basée à
HYDRA et dont le corps support est la BAP/AFN de BLIDA. Il en sera de même,
quelques mois plus tard, pour le commando d'Extrême Orient, le fameux "commando
DAM SAN".
Le commando GUILLAUME avait acquis sa notoriété en cette fin d'année 1957 et son
chef voulait lui donner les marques de son identité. Avec le concours du
Lieutenant DOMINIQUE, il crée l'insigne de l'unité comportant un parachute
ouvert dans un ciel bleu, à l'intérieur d'un grand G amarante posé sur une ancre
d'or portant l'inscription en noir "Commando GUILLAUME". Sur le G, s'inscrit la
devise qu'ils ont choisie, "Observe et Frappe".
Un fanion est créé ensuite qui sera de couleur amarante avec l'insigne brodé sur
une face et sur l'autre face, bleu marine, l'inscription en lettres d'or
"Brigade de Parachutistes Coloniaux - Commando GUILLAUME".
Début décembre 1957, lors d'une opération dans le secteur de TENES, le Lt de
Vaisseau GUILLAUME fait une mauvaise chute en pleine action de poursuite. Il est
sérieusement blessé et la Marine Nationale en profite pour exiger la fin de son
détachement dans l'Armée de Terre. Le 12 mars 1958, il rejoint la "Royale" après
avoir passé son commandement au Lieutenant DOMINIQUE qui aura pour adjoint
l'Adjudant Jean TALAMAS.
Le nouveau chef du commando est un véritable "seigneur de la guerre", un chef
exceptionnel au combat. Il va exploiter au mieux l'expérience chèrement acquise
par ses sous-officiers et parachutistes parfaitement entraînés. Sous son
autorité ferme et sans concessions, dans la période où l'adversaire est au
zénith de sa puissance, les résultats vont devenir brillants et l'âme du
commando va se forger dans la poursuite d'un ennemi qu'il va combattre et
dominer avec ses propres armes, l'endurance, la ruse, la surprise et l'audace.
Dans les dix-huit mois de son commandement, le commando va réaliser ses plus
beaux faits d'armes. Blessé le 20 septembre 1958, le Lieutenant DOMINIQUE est
nommé capitaine, à titre exceptionnel, le 1 février 1959 et fait Chevalier de la
Légion d'Honneur en mars de la même année.
Le Lieutenant Jean-Claude HAMEL qui lui est affecté comme adjoint le 7 octobre
1958 et lui succèdera, déclarera, le 22 octobre 1959, à l'occasion de la
passation de commandement de son prédécesseur, : "Tu avais su nous insuffler ton
esprit offensif et vainqueur. Les résultats obtenus depuis ton arrivée au
commando sont éloquents, 275 rebelles mis hors de combat, 166 armes saisies,
dont 5 fusils-mitrailleurs."
D'octobre 1959 à juin 1960, le commando aux ordres du Lieutenant HAMEL, continue
d'opérer sur l'ensemble de la ZOA, tantôt de façon autonome aux ordres directs
du Général commandant cette zone, tantôt à la disposition d'un Colonel
commandant de secteur et parfois en renfort du Groupement de Commandos
Parachutistes de Réserve Générale (GCPRG) aux ordres du Commandant ROBIN.
Depuis l'été 1959, le contexte opérationnel a totalement changé dans la ZOA. Le
plan CHALLE qui s'est appliqué, de février à mai, sur l'OUARSENIS et la DAHRA, a
pratiquement anéanti toutes les unités rebelles et détruit leur organisation de
soutien. Ne restent plus que quelques groupes de "Fellaghas" très dispersés et
qui, pour pouvoir survivre, fuient le combat et se déplacent sans cesse.
Dès l'automne 1959, le commando d'Extrême Orient prépare sa dissolution et le
GCPRG intervient avec insistance auprès du Commandement pour prendre sous sa
coupe le commando GUILLAUME. Ce sera chose faite le 1 décembre 1959 mais il est
convenu qu'il continuera à être employé de façon autonome, en ZOA, jusqu'au
départ du Lieutenant HAMEL.
En avril 1960, l'unité reçoit un renfort de 22 Harkis lui permettant de disposer
de quatre "sticks" de combat. Ces personnels supplétifs s'intégreront sans
difficultés et sauront se faire apprécier. A une triste exception près, ils
serviront loyalement malgré la détérioration rapide de la situation politique.
Affecté comme instructeur à SAINT-CYR-COËTQUIDAN, le Lieutenant HAMEL transmet
son commandement, le 24 juin 1960, au Capitaine FLORES.
Le Capitaine FLORES est une figure emblématique des Parachutistes Coloniaux.
Très connu sous le pseudonyme de "BIR HAKEIM", pour avoir combattu là-bas comme
Caporal en 1942, cet ancien commandant de compagnie au 3° RPC du Colonel BIGEARD
est renommé pour son flair, sa "Baraka", son mépris pour la topographie et son
manque d'attrait pour la paperasse.
Son arrivée coïncide avec la fin de l'autonomie opérationnelle du commando et
surtout avec un tournant de la situation en ALGERIE. L'année 1960 aura vu la
déroute de la rébellion intérieure qui depuis 1958 a perdu 50% de ses effectifs,
mais aussi la naissance du concept gaullien "d'Algérie algérienne"... Il y a eu
"l'affaire des barricades" et la "tournée des popotes", le départ du Général
CHALLE, partisan de l'Algérie Française, et les entretiens secrets avec des
chefs rebelles...
Ces évènements vont avoir des conséquences néfastes sur le moral des unités,
provoquer des mutations préventives d'officiers suspects de sympathie pour
l'Algérie française et aboutir au référendum de janvier 1961, annonciateur du
Putsch des Généraux d'avril 1961.
Quant à la rentrée du Commando Guillaume dans le giron du GCPRG, elle ne sera
pas bénéfique. L'unité y perdra sa liberté d'action, les relations privilégiées
qu'elle avait avec les instances des Parachutistes Coloniaux et le Commandement
local de ses zones d'opérations.
Le Capitaine FLORES va être rapidement muté à la base arrière du GCPRG pour y
former des harkis et, le 1 octobre 1961, son adjoint, le Lieutenant François
LEONARDI, prendra le commandement par intérim pendant la période difficile où le
commando continue d'opérer, avec un encadrement amoindri, dans une zone sensible
du Nord-Constantinois, et alors même que le GCPRG va perdre son patron, le Chef
de Bataillon LAMOULIATTE, et son adjoint opérationnel, le Capitaine Guy PERRIER,
tous deux affectés brusquement à d'autres fonctions en Métropole.
Fin novembre 1960, c'est le retour dans l'Algérois. A la mi-décembre 1960, le
Lieutenant LEONARDI reprend sa place d'adjoint, après que le Capitaine
CASTAGNONI ait été affecté au commandement du commando qu'il quittera au
lendemain du Putsch d'Alger d'avril 1961, en même temps que d'autres officiers
du GCPRG, plus ou moins accusés de complicité avec les putschistes, seront
écartés ou internés.
Suite à ces évènements et sous les ordres du Lieutenant Jean-Marie BOUQUET,
puis, à partir d'octobre 1961, du Capitaine Michel DANET, le commando Guillaume
est rattaché au 3ème RPIMa. Il participera brillamment au sein de ce régiment à
la prise de BIZERTE, en juillet 1961, et aux opérations menées en Algérie entre
la fin de 1961 et le début de 1962.
Finalement, c'est en Métropole et à son dernier chef que reviendra le pénible
devoir de rendre un ultime hommage aux morts du commando et de procéder, au
début de 1963, aux formalités de la dissolution.
Le fanion original du commando Guillaume est déposé au Musée des Parachutistes à
PAU. Le fanion reçu après le putsch de 1961, lors de l'intégration de cette
unité au sein du 3ème RPIMa, était détenu par ce régiment.
Le Ministre de la Défense ayant donné son accord pour que le Groupement Commando
du 3ème RPIMa reprenne le nom et les traditions du commando GUILLAUME, le Général
HAMEL, entouré de 23 Anciens, lui a officiellement remis cet emblème au cours
d'une cérémonie organisée le 18 octobre 2003 à CARCASSONNE.
D'après les souvenirs du Général HAMEL,
du Colonel LEONARDI et de quelques Anciens.