
Après un stage d’un an à l’Ecole de
la France d’Outremer, il retourne au Cameroun au Bureau des Finances puis
comme juge de paix.
Mobilisé sur place en septembre 1939
comme lieutenant, il est affecté aux forces de Police du Cameroun
Il prend une part active, à Yaoundé,
au ralliement de la ville à la France libre le 28 août 1940. Engagé dans les
Forces françaises libres, il participe aux opérations du Gabon avec le
Régiment de tirailleurs du Cameroun (RTC).
De retour au Cameroun, il prend le
commandement d'une compagnie du Bataillon de marche n° 5 en cours
d'instruction. Il est promu capitaine le 1er mars 1941.
Puis il forme et entraîne à Douala un
corps franc avant d'être affecté à la Compagnie de découverte et de combat
du Cameroun.
A la fin de 1941, il est muté au
Groupe nomade du Borkou au Tchad et participe aux opérations du Fezzan et
notamment à la prise d'Oum El Araneb.
Il combat en Tripolitaine puis en
Tunisie, où il est grièvement blessé, au Ksar Rhilane, le 10 mars 1943, par
mitraillage d'avion en allant se poster pour surveiller l'avance des blindés
allemands. Soigné en Egypte, il rejoint le Régiment de marche du Tchad (RMT)
dont il commande la 9e Compagnie, la Nueve, essentiellement composée
de volontaires espagnols.
Il participe à la campagne de France
avec la 2e Division blindée du général Leclerc et se distingue à la prise
d'Ecouché à la tête de sa compagnie avec laquelle il coupe une colonne
ennemie, avant de s'installer défensivement dans un secteur très difficile,
détruisant chars blindés, camions, contre-attaquant l'ennemi composé
d'unités SS et de Panzers et lui infligeant chaque jour de
grosses pertes dont plus de 300 prisonniers ; il contribue ainsi au maintien
de la position tout en gênant la retraite allemande.
Il conduit dans Paris, jusqu'à
l'Hôtel de Ville et la Préfecture de Police, où les patriotes sont cernés
par les forces allemandes, le premier détachement de la 2e DB dans la soirée
du 24 août 1944.
Il s'illustre encore à Vacqueville en
Meurthe-et-Moselle où il enlève le village âprement défendu par l'ennemi, le
conservant malgré un violent tir d'artillerie.
Il prend part activement ensuite aux
campagnes d'Alsace et d'Allemagne où, commandant un détachement d'Infanterie
et de chars, il accomplit avec succès contre un ennemi encore résistant, des
opérations de harcèlement et de nettoyage dans la région ouest de
Berchtesgaden, qui aboutissent à la prise d'un important matériel et de 1
200 prisonniers.
Raymond Dronne commande ensuite un
bataillon d'Infanterie blindée en Cochinchine et au Tonkin.
Il termine la guerre avec le grade de
chef de bataillon.
Raymond Dronne, né à Mayet (Sarthe),
8 mars 1908 et mort à Neuilly-sur-Seine le 5 septembre 1991, est un Français
libre, Compagnon de la Libération.
Il est connu comme étant le commandant du premier détachement de la 2e
division blindée à être entré dans Paris au soir du 24 août 1944, lors de sa
libération.
Biographie
Raymond Dronne est issu d'une famille de cultivateurs et de meuniers
installée depuis plusieurs siècles en Sarthe dans la région d'Ecommoy et de
Mayet. C'est du reste dans ces deux communes qu'il fait ses études primaires
avant de fréquenter le lycée du Mans et les universités de Leipzig et de
Berlin. Diplômé de l'École libre des sciences politiques, docteur en droit
de la faculté de Paris, il devient administrateur des colonies en 1937. Il
rallie la France libre en août 1940.
Il fut le capitaine français auquel le général Leclerc commandant de la 2e
division blindée ordonna le lancement de la libération de Paris en lui
lançant : « Filez droit sur Paris, entrez dans Paris ! ». Pour ce faire, il
eut sous ses ordres la 9e compagnie du Régiment de marche du Tchad
(surnommée la Nueve), constituée essentiellement de républicains espagnols
dont il parlait la langue. Il entre ainsi dans la capitale et se dirige
droit vers l'hôtel de ville qu'il atteint le soir du 24 août 1944. Il est
dit que la veille de cet épisode, il aurait fait effacer sa devise « Mort
aux cons » inscrite sur le drapeau qui ornait sa jeep3.
Collection
insignes Gilles Witz
Il termine la guerre avec le grade de chef de bataillon et est nommé colonel
en 1947.
Il devint par la suite maire d'Ecommoy de 1947 à 1983, sénateur de 1948 à
1951, puis député de la Sarthe de 1951 à 1962 et de 1968 à 1978.
"Mort aux cons"

C'était ce qui était inscrit sur la Jeep du capitaine Dronne à la libération
de Paris. Il s'en excusa au général de Gaulle qui fit la remarque suivante ;
"Vaste programme, Dronne, vaste programme".
Décorations
Grand officier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération (décret du 29 décembre 1944)
Croix de guerre 1939-1945 (7citations)
Croix de guerre des TOE (2 citations)
Médaille de la Résistance
Médaille coloniale
Médaille des Blessés
Commandeur de l'Étoile Noire (Bénin)
Promu colonel en 1947, il quitte
l'Armée et se consacre à la vie politique et à l'écriture.
Maire d'Ecommoy (Sarthe) de 1947 à
1983.
Sénateur (1948-1951) puis député de
la Sarthe (1951-1962) et de nouveau député (1968-1978), il est président de
la Commission de la Défense Nationale à l'Assemblée (1976-1978)
Raymond Dronne est décédé à Ecommoy,
le 5 septembre 1991. Il à été inhumé à Mayet dans la Sarthe.
La Nueve

La 9e compagnie du régiment de marche du Tchad, qui faisait lui-même partie
de la 2e division blindée ou Division Leclerc, a été surnommée la Nueve
(chiffre « neuf » en espagnol, avec également l’idée de nouveauté). Cette
compagnie enrôlait 160 hommes dont 146 républicains espagnols souvent
anarchistes, mais aussi des soldats français, sous commandement français.
Tous avaient combattu lors de la Libération de l'Afrique du nord, puis
participèrent à la libération de la France5.
Son fait d'armes le plus connu est la participation à la libération de
Paris, puisque les hommes de la Nueve furent parmi les premiers à entrer
dans la capitale française au soir du 24 août 1944 avec 3 chars du 501e RCC,
Montmirail, Champaubert et Romilly, et des éléments du génie.
Histoire
Origines et formation de la 9e compagnie
Le 22 juin 1940, l'Allemagne impose l'armistice à la France. Les territoires
de l'Afrique du Nord française se rallient au gouvernement de Vichy.
Celui-ci se méfie des réfugiés espagnols, républicains qui ont fui l'Espagne
franquiste après 1939. Ces réfugiés sont poussés à choisir entre le travail
forcé en France métropolitaine, l'enrôlement dans la Légion étrangère ou le
rapatriement en Espagne. Pour des raisons évidentes, la plupart des vétérans
de la guerre civile espagnole choisissent d'être intégrés à l'armée
française. Après le débarquement allié du 8 novembre 1942 en Afrique du
Nord, les autorités françaises créent le Corps franc d'Afrique, un corps
régulier pour les combattants non-français, comme le capitaine Buiza, ancien
amiral de la marine républicaine. Il est en grande partie composé
d'Espagnols. Ils participent aux combats à partir de décembre 1942 contre l'Afrika
Korps en Tunisie. Les combats se poursuivent durant la première moitié de
l'année 1943, jusqu'à la conquête du port de Bizerte, qui marque la fin des
combats en Afrique du nord.
Le choix fut posé aux Espagnols d'intégrer la division Leclerc ou les forces
du général Giraud, qui venait de se rallier aux forces françaises libres. La
division Leclerc avait été constituée à partir de mai 1943 sous le nom de 2e
division française libre, puis en août après la fusion des FFL et de l'Armée
d'Afrique, sous son nom définitif de 2e division blindée, sous le
commandement du général Leclerc, en Libye. La plupart des Espagnols
rejoignirent les unités de Leclerc. Elle comptait 16 000 hommes, dont 2 000
Espagnols au début de l'année 1943. Ils étaient particulièrement nombreux
dans la 9e compagnie, 1re compagnie du 3e bataillon, ce qui lui valut le nom
de la Nueve ou la Española. Elle fut placée sous le commandement du Français
Raymond Dronne. La plupart des hommes étaient des socialistes, des
communistes, des anarchistes ou des non-encartés hostiles à Franco, d'autres
des déserteurs des camps de concentration réservés aux réfugiés espagnols en
Algérie ou au Maroc. Ils étaient bien des soldats de l'armée française, en
aucun cas une armée autonome, bien qu'il leur fût permis d'arborer le
drapeau tricolore républicain sur leurs uniformes. La compagnie étant
presque entièrement espagnole, la langue utilisée et l’encadrement
(sous-officiers, officiers) étaient également espagnols.
En septembre 1943, la compagnie, avec l'ensemble de la division, est
transférée à Rabat, au Maroc, où la division reçoit un équipement américain
: 160 chars de combat M4 Sherman, 280 blindés half-track M3 et M-8 Greyhound,
camions Dodge, GMC, Brockway, Diamond et nombreuses jeeps. Les Espagnols
donnent à leurs véhicules des noms originaux, rappelant pour la plupart des
événements de la guerre d'Espagne. La jeep de l'unité de contrôle est
baptisée « Mort aux cons » et le halftrack « Les Cosaques ». La 1re section
de combat baptise ses véhicules « Don Quichotte », « Cap Serrat », « Les
Pingouins » d'après le surnom « Espingouins » donné par les soldats français
aux Espagnols (le nom de « Buenaventura Durruti », proposé par des
anarchistes, est refusé par les supérieurs français), « Madrid » et
Guernica. La 2e section de combat donne à ses haltracks les noms de «
Résistance », « Teruel », « España Cañi » (puis « Libération »), « Nous
Voilà » et « Ebro ». La 3e section de combat baptise les siens « Tunisie »,
« Brunete », « Amiral Buiza », « Guadalajara », « El Canguro » et «
Santander » ; les noms de « Catapulte », « Belchite », Rescousse pour le
halftrack de dépannage sont aussi utilisés. Les équipages d'origine
espagnole furent également autorisés à peindre le drapeau de la Seconde
République espagnole sur leurs véhicules blindés.
Opérations : de la Normandie à Berchtesgaden
La division Leclerc est transférée du Maroc en Grande-Bretagne et ne
débarque en Normandie qu'au début d'août 1944. La 9e compagnie débarque sur
la plage d'Utah Beach, dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1944. La 2e DB
est alors intégrée à la 3e armée américaine, dirigée par le général George
Patton. La Nueve est engagée dans des combats contre des unités allemandes
aux alentours de Château-Gontier et Alençon. Du 13 au 18 août, la compagnie
combat en avant-garde de la division à Écouché. Elle fait prisonniers 130
soldats allemands. Le 16, les divisions Waffen-SS Adolf Hitler et Das Reich,
les 9e et 116e divisions Panzer et la 3e division parachutiste attaquent la
2e DB : les combats durent jusqu'à l’arrivée de la 2e armée britannique en
renfort. Le caractère des anarchistes combattant dans l’unité se révèle lors
de cette bataille : une unité de mortiers fait ainsi un coup de main 3 km en
arrière des lignes allemandes le 14 août, faisant 130 prisonniers et
s’emparant en outre de 13 véhicules, et libérant 8 Américains.
La ville de Paris se soulève contre l'occupation allemande, le 20 août 1944.
Charles de Gaulle insiste auprès du commandement suprême des forces alliées
pour que les troupes françaises libres soutiennent cette insurrection. De
Gaulle soutient Leclerc, qui veut tirer parti de l'insurrection de la
Résistance française pour libérer rapidement Paris. Le 23 août 1944, la
compagnie se met en route avec toute la division, en direction de Paris. Le
24 août, vers 20 heures, la 9e compagnie, accompagnant un peloton de chars
du 501e RCC, entre dans Paris par la porte d'Italie. C’est la section du
lieutenant Amado Granell qui parvient la première à l’Hôtel de ville, à 21 h
22. Parmi les unités arrivées place de l'Hôtel-de-Ville, le halftrack « Ebro
» tire les premiers coups de feu contre un ensemble de mitrailleuses
allemandes. Le lieutenant Amado Granell, ex-capitaine anarchiste de la
Colonne de fer, est le premier officier « français » reçu par le Conseil
national de la Résistance. En attendant la capitulation du général allemand
von Choltitz, gouverneur de Paris, la Nueve est envoyée pour occuper la
Chambre des députés, l'hôtel Majestic (siège de la Gestapo à Paris) et la
place de la Concorde. Dans l'après-midi du 25 août, à 15 h 30, la garnison
allemande se rend, tandis que le général von Choltitz est fait prisonnier
par trois Espagnols, dont un civil vivant à Paris, avant d'être remis à un
officier français.
Le lendemain, les troupes alliées entrent dans Paris en triomphe. Les
Espagnols participent au défilé de la victoire et forment l’escorte du
général de Gaulle sur les Champs-Elysées. Ils défilent en portant les
couleurs de la Seconde République espagnole, et pendant quelques minutes,
une bannière géante aux mêmes couleurs ouvre le défilé. Les protestations
ultérieures du régime de Franco sont ignorées par le gouvernement français.
La 9e compagnie est cantonnée au bois de Boulogne du 27 août au 9 septembre,
avant de repartir combattre. Le 12 septembre, la compagnie se fait remarquer
à Andelot, où 300 soldats allemands sont faits prisonniers. Le 15, les
hommes de la Nueve traversent la Moselle au niveau de Châtel-sur-Moselle et
établissent une tête de pont face aux lignes allemandes. Le général de
Gaulle reconnaît la valeur de l'unité, et le 26 septembre, il remet
personnellement des décorations aux soldats dans la ville de Nancy. Le
capitaine, Raymond Dronne, le sous-lieutenant canarien Miguel Campos, le
sergent catalan Fermín Pujol et le caporal galicien Carmiño López reçoivent
la Médaille militaire et la Croix de guerre 1939-1945. Les combats en Alsace
commencent en novembre 1944. Le 23 novembre, la Nueve entre dans Strasbourg,
dernière grande ville française occupée. Le 1er janvier 1945, le capitaine
Dronne leur rend hommage dans une lettre :
« Les Espagnols se sont remarquablement battus. Ils sont délicats à
commander mais ils ont énormément de courage et une grande expérience du
combat. Certains traversent une crise morale nette due aux pertes subies et
surtout aux événements d'Espagne. »
La 2e DB est relevée fin février pour cinquante jours de repos, dans la
région de Châteauroux. Fin avril, elle reprend les combats jusqu'à la prise,
le 5 mai, du « Nid d'Aigle », à Berchtesgaden. À ce moment, les pertes de la
9e compagnie s'élevaient à 35 morts et 97 blessés. Il ne restait plus que 16
Espagnols actifs dans la Nueve, beaucoup ayant été affectés à d'autres
unités de l'armée française. À la fin de la guerre, quelques-uns suivirent
Leclerc en Indochine, certains partirent avec des véhicules blindés en
direction de l'Espagne franquiste, tandis que d'autres retournaient à la vie
civile en acceptant la nationalité française qui leur était proposée pour
avoir combattu au sein des troupes françaises.
Plus de cinquante membres de la compagnie reçurent la Croix de guerre.
Postérité et hommages
Le rôle de ces Espagnols tombe rapidement dans l'oubli. Aujourd'hui, rares
sont les soldats de la Nueve encore vivants, mais leur part dans la
Libération de la France, et surtout de Paris, est reconsidérée.
C’est le 25 août 2004 que la ville de Paris a rendu (enfin) officiellement
hommage aux Espagnols de « La Nueve »7. Une plaque « Aux républicains
espagnols, composante principale de la colonne Dronne » a été inaugurée quai
Henri-IV, en présence de Bertrand Delanoë, du président du Sénat espagnol,
Francisco Javier Rojo, de l'ambassadeur d'Espagne, Francisco Villar, et de
deux survivants, Luis Royo Ibañez et Manuel Fernandez. Une plaque similaire
a été posée square Gustave-Mesureur, place Pinel (Paris 13e), une autre au
centre de la place Nationale, (Paris 13e).
Le 24 février 2010, la mairie de Paris a remis la Grande Médaille de Vermeil
à Manuel Fernandez, Luis Royo Ibañez et Raphaël Gomez.
Le 25 août 2012, les militants anarchistes venus célébrer la mémoire des
combattants libertaires de La Nueve lors de la cérémonie publique, ont été
arrêtés pour « attroupement illégal ».
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