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Les événements dans l'Est de la France de septembre 1944 à mai 1945
SEPTEMBRE 1944
8 septembre 1944.
Libération de Belleville (54).
15 septembre 1944.. La libération de Langres.
15 septembre 1944. La libération de Nancy.
19 septembre 1944..
Alors que les Américains pénétraient dans les faubourgs de Remiremont, à 30 km
de La Bresse, le maquis de la Piquante-Pierre, l'un des plus importants de la
région, situé entre Gerbamont, Rochesson et le Col de la Croix-des-Moinats,
constitué depuis longtemps déjà, était attaqué par des troupes allemandes
opérant grâce à la complicité de miliciens connaissant bien la région. Devant la
supériorité technique et numérique, les maquisards succombèrent et les derniers
défenseurs furent faits prisonniers, martyrisés ensuite par les S.S. et les
miliciens, et fusillés, les uns au Pré-de-l'Orme, les autres aux Combes. Au
total, 80 victimes.
Le 8 octobre, les premiers obus tombaient sur La Bresse et le 16, les troupes
françaises n'étaient qu'à quelques kilomètres de la localité. La population
vécut ainsi isolée, sans ravitaillement, sous les obus, jusqu' au 8 novembre,
qui marqua la déportation de plus de 400 hommes vers l'Allemagne. Grâce à un
exploit du marquis de La Thür, le convoi ne fut pas dirigé vers les camps de
concentration, mais vers la région de Pforzheim où le bombardement du 23 février
fit 18 morts parmi les Bressauds.
Le lendemain, les femmes, les vieillards et les enfants devaient quitter La
Bresse, sur ordre, et se diriger dans la forêt et la montagne, sous la tempête
de neige et les obus, avec quelques hardes, vers Blanfaing, hameau de Cornimont,
par le Lac des Corbeaux et le Col de la Vierge. Après quelques jours passés dans
les ruines des maisons de Xoulces, en première ligne, tout le triste convoi
réussit à passer dans les lignes françaises pour gagner la Haute-Marne, en
attendant la libération de sa petite patrie.
Mais le 13 novembre et les jours suivants, alors qu'il s'avérait impossible pour
les Allemands de tenir les positions pendant l'hiver, les troupes ennemies
mirent le feu et firent sauter volontairement tous les immeubles de
l'agglomération principale et la plupart des fermes de la montagne. Seuls,
l'église au Centre et quelques dizaines d'immeubles à Vologne et au Chajoux,
échappaient à la destruction totale, et c'est dans un amoncellement de ruines
sous lesquelles les rues mêmes disparaissaient, que les premiers soldats
marocains pénétrèrent le 18 novembre.
70% des immeubles rasés, 113 victimes, militaires ou civiles, plus d'un millier
de foyers détruits, tel était le bilan de cette dernière guerre, qui est le
troisième désastre du genre dans l'histoire de La Bresse.
Cependant, dès le retour, en décembre 1944, des premières familles évacuées et
avec le concours des personnes qui avaient pu échapper à la déportation ou à
l'exode, la vie reprenait ses droits. Peu à peu, les ruines se sont déblayées et
des pans de murs, des caves, des hangars, ont servi à abriter pendant plusieurs
mois les hommes qui se sont donnés pour but de faire revivre leur pays.
En 1945, des baraquements surgissent de tous côtés, donnant un asile provisoire
aux sinistrés
27 septembre 1944.Étobon(70) un tireur, 39 fusillés
Quelques semaines avant la Libération, le petit village d'Étobon, en
Haute-Saône, entrait dans la liste des villages martyrs. Le 27 septembre 1944,
et comme cela avait été le cas certains jours précédents, tous les hommes du
village ayant entre 16 et 60 ans devaient, sur ordre des Allemands, se rendre à
un rassemblement à la mairie, pour aller creuser des tranchées près d'Héricourt.
Mais la veille, l'adjoint au maire avait remarqué quelque chose de bizarre : les
chevaux des « cosaques » étaient sellés, et une sentinelle était en faction
devant la maison du maire. Le matin du 27, Gaston Pernol, un responsable du
maquis qui logeait chez une dame du village, avait eu lui aussi une étrange
impression en ouvrant la fenêtre : le village semblait cerné. Il conseilla alors
au jeune fils de sa logeuse de ne pas aller au rassemblement. Lui-même se
dirigea discrètement vers le centre du village et, s'apercevant que l'école
était gardée, entra le temple et s'y cacha dans la partie la plus haute du
clocher.
Le piège se referme
En début de matinée, ce sont donc quelques dizaines d'hommes du village et un ou
deux des environs qui se trouvaient rassemblés dans la petite salle de classe :
ils ne le savaient pas encore, mais le piège venait de se refermer sur eux. Deux
Allemands, que les maquisards avaient faits prisonniers puis libérés, ont alors
été amenés. Ils sont invités à désigner, parmi les hommes présents, ceux qu'ils
avaient vus au maquis lorsqu'ils y étaient eux-mêmes détenus. Ils en désignent
17 qui sont aussitôt emmenés dans une salle voisine. L'un d'eux, Henri
Croissant, a-t-il le pressentiment de ce qui va se passer ? Il grave, au coin
d'une fenêtre, cette inscription dédiée à sa fiancée : « Adieu, Germaine, mon
ange. H.C. ». On fait alors sortir des salles la totalité du groupe – les 17
sont maintenant encadrés à part – et on l'emmène en direction d'Héricourt. Bien
que non tenu de respecter la convocation allemande, le pasteur Marlier a voulu
accompagner ceux dont il a compris que le destin était scellé.
La fin pour 39 hommes
Mais on ne va pas jusqu'à Héricourt : on s'arrête au premier village, Chenebier.
Les hommes sont enfermés dans une vieille fabrique, interrogés, certains
frappés, puis on amène à nouveau un ex-prisonnier du maquis pour qu'il désigne
d'autres « résistants » : le nombre de 17 est insuffisant ; ce sont quarante
hommes qu'il faut. Cet Allemand-là, un nazi convaincu, désigne – parfois
visiblement au hasard, selon le témoignage du pasteur, toujours présent – 23
autres hommes. Avec les 17 retenus depuis Étobon, cela fait bien 40. Et tandis
que les autres sont emmenés en direction d'Héricourt, on annonce à ces
quarante-là qu'ils vont mourir. On leur fait vider leurs poches et, par groupes
de dix, on les fait sortir, traverser la rue, et s'aligner contre le mur du
temple, le visage face au mur. En tête du premier groupe : le maire, sa
casquette à la main. Lorsque arrive la dernière dizaine, un des condamnés
échange quelques mots avec l'officier allemand qui, alors, le met de côté :
ainsi ce groupe ne comportera que neuf hommes. C'est un volontaire qui les abat,
presque à bout portant. Un Sicilien servant sous l'uniforme allemand. Après le
massacre, il fera fièrement admirer sa mitraillette encore brûlante.
22 septembre 1944..
Libération de Lunéville.
3 octobre 1944. Libération vers midi de Ferdrupt par la 8e Compagnie du 1er R.P.C.
20 octobre 1944. Libération de Uckange
31 octobre 1944. En s'emparant de Baccarat à la grande surprise des allemands, la 2ème DB a largement débordée à l'est de la ville. Merviller, Vacqueville, Montigny sont libres, mais cet épisode n'est que la mise en place d'une base de départ pour le XV corps américains dans son offensive vers Sarrebourg et le nord de l'Alsace.
Novembre 1944 : l’armée allemande est en difficulté en Alsace. Les autorités allemandes qui dirigent alors la Ville prennent très discrètement la route de Marckolsheim.
11 novembre 1944. Libération de Thionville
14 novembre 1944.
Le 1er corps d'armée du général Béthouart déclenche l'offensive vers le Rhin de
part et d'autre du Doubs sur un front d'une vingtaine de kilomètres.
Après une préparation d'artillerie, quatre régiments de la 2e DIM (Division
d'Infanterie Marocaine) se lancent à l'attaque des positions allemandes de la
338.Infanterie-Division, couverte au sud par la 9e DIC (Division d'Infanterie
Coloniale) et soutenue par deux Combat Commands de la 5e DB (Division Blindée)
et de nombreux FFI (Forces Françaises de l'Intérieur).
La mission est de rompre le dispositif allemand et d'atteindre la vallée de la
Lisaine. La percée devra ensuite être exploitée en direction de Seppois et des
défenses de Belfort.
Les conditions météorologiques gênent considérablement la progression des chars
et des hommes. La neige, la pluie et la boue ralentissent les blindés (Sherman
et Stuart et Tank Destroyer).
15 novembre 1944.
Le 96e RG (Régiment du Génie blindé) déblaye la route pour permettre le passage
des blindés du CC 4 (Combat Command) sur la route d'Arcey.
Sur la droite du front, les fantassins du 6e RTM (Régiment de Tirailleurs
Marocains) progressent plus difficilement. Toutefois, en fin de journée
Vermondans et Ecurcey sont occupés.
16 novembre 1944. Le CC 4, soutenu par le 8e RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains), attaque sur la nationale 83 en direction d'Héricourt. Là encore, le terrain détrempé et les mines ne favorisent pas une progression rapide des troupes. Les chars du CC 5 et les tirailleurs du 5e RTM éprouvent les mêmes difficultés.
17 novembre 1944.
La progression reprend sur l'ensemble du front du 1er corps d'armée. Le CC 4 du
général Schlesser atteint la Lisaine à Héricourt où un pont est saisi intact.
Au soir du 17, après le passage de la Savoureuse à Valdoie, la bataille de
rupture est gagnée.
17 novembre 1944.
Libération de Badonviller
17 novembre 1944. Libération de Montbéliard
17 novembre 1944. Libération d'Héricourt par le C.C.4 et de Montbéliard par le C.C.5.
18 novembre 1944.
Les divisions s'élancent vers Belfort, le CC 6 atteint la Lisaine à Chagey.
Au centre, le CC 4 est bloqué par la résistance des troupes allemandes du Fort
du Mont Vaudois.
Cependant, la prise de Belfort n'est plus une priorité, l'objectif est l'axe
Fontenay-Cernay-Colmar.
18 novembre 1944. Libération de Buhl-Lorraine
19 novembre 1944. Libération de Metz. Les Français atteignent les premiers le Rhin, Seppois est libéré à 14h45 avec le concours du R.I.C.M.. Puis Feldbach, Jettingen, Helfrantzkirch et Rosenau(vers 18h30) sont libérés à leur tour.
20 novembre 1944.
DELLE - SEPPOIS: LE << trou de souris >>
En ce 20 novembre tout va pour le mieux pour la 1re DB en particulier pour les
trois groupements (Lépinay à l'ouest, Gardy au centre, Dewatre à l'est) du
Combat Command 3 de Caldairou.
Ceux-ci ont repris leur progression à 13h30. Moins de trois heures après, tous
leurs objectifs autour de Mulhouse sont atteints. Dewattre a dépassé
Ill-Napoléon et s'est installé à Battenheim. Là, il anéantit un bataillon
allemand de protection et un détachement d'élèves sous-officier. Ainsi, il coupe
la route du repli à une éventuelle retraite des troupes allemandes, basées à
Mulhouse, par le nord.
LES PONTS SAUTENT
Gardy entre à Mulhouse par Riedisheim. Les ponts sautent, l'ennemi se replie sur
les quatre casernes mulhousiennes. Lépinay suit de près Gardy et file vers
l'ouest, occupant Reiningue et Lutterbach.
A 20h, Caldairou, accompagné de son adjoint, fait irruption dans la Feldpost où
il fait prisonnier les vingt hommes qui trient le courrier et les soixante qui
dorment.
De ce côté-ci tout va bien. Ailleurs, les résultats sont nettement plus mitigés.
Ainsi, le groupement envoyé prendre le pont de Chalampé est bloqué à Hombourg.
Le pont de Chalampé rendra service jusqu'au bout à la XIXe armée allemande.
Le pire est ailleurs, en l'occurence au sud, entre Delle et Seppois, le <<trou
de souris>> des anciens de la 1re DB. Il s'agit de la seule route de
communication de cette division.
Certes, il y a une variante Courtelevant-Rèchésy mais elle ne concerne qu'une
partie de l'itinéraire et sa valeur technique est médiocre.
De surcroît, l'état des routes, après cinq ans de guerre et en raison des
conditions atmosphériques épouvantables, est lamentable.
Les bas-côtés détrempés, sont impraticables. Il est matériellement impossible
aux véhicules, quels qu'ils soient, de sortir des routes et des chemins, ce qui
limite considérablement les possibilités de manœuvres. Il n'y a pas possibilité
de procéder à des opérations de débordement. Quand à utiliser les chemins
transversaux, encore faudrait-il disposer d'autres cartes que de mauvaises
photocopies de cartes Michelin anciennes ou de celles du... calendrier des PTT.
20 novembre 1944, Saint-Louis est la première ville d'Alsace libérée du joug de l'occupation nazie.
20 novembre 1944. Libération de Rixheim, quant à la ville elle-même, elle dut subir de sérieux bombardements qui détruisirent 13 maisons, en en endommagèrent quelques centaines et provoquèrent le décès de 22 civils;
20 novembre 1944.
Libération de Montbéliard.« Lorsqu'on a pris le fort du Salbert, il était vide
de tout occupant. Nous n'avions guère de travail à ce moment-là. Mais trois
jours plus tard, au bois d'Arsot, j'ai vu passer quantité de blessés français.
Nos gars étaient très exposés, sous le feu de l'ennemi. Pris en charge par des
civils, un certain Mazilier a perdu une jambe. Le Dr Pierre était blessé à la
jugulaire et se croyait touché à la carotide. Il perdait beaucoup de sang, mais
sa vie n'était pas en danger. Les Allemands se défendaient avec tant
d'acharnement. Quand je reviens à Belfort, je me sens un peu chez moi. Les liens
créés il y a 60 ans ne se sont pas distendus. Je ne lui en veux pas, mais
Jean-Pierre Chevènement m'a même volé une citation : les anciens combattants ont
besoin de piété, pas de pitié. »
Jean Planque, Calais, 84 ans, médecin des Commandos d'Afrique.
« J'étais agent de liaison en Jeep entre l'état major et les
chars de combat du commando n° 6. Dans la nuit qui a précédé le 20 novembre, ça
a bataillé dur pour libérer le passage du canal. Mais nos chars, la nuit, ne
pouvaient rien faire, alors que le jour, leur puissance de feu était redoutable
! Avec l'appui des commandos et de la Légion, nous sommes entrés dans Belfort en
début de matinée. Pendant deux jours, les combats ont fait rage et j'ai été
blessé légèrement par un obus de mortier. À côté de moi, le capitaine Frois a
été touché plus sérieusement. Ça tirait vraiment de partout. On disait aux gens
: ne sortez pas ! A la Citadelle, les Allemands ont fini par tirer sur le
drapeau blanc. Du coup, nos troupes n'ont pas fait de quartier. On a attaqué
sans rémission. »
Raymond-René François, Creuse, 80 ans, 6e régiment de chasseurs.
20 novembre 1944.
Libération de Hirsingue. Le 3e escadron a pour mission de s'emparer d'Hirsingue.En
fin d'après-midi, les chars pénètrent dans le village malgré un violent barrage
d'artillerie.OUESSANT est en tête... Son conducteur, le cuirassier
Isidore Ygon, voit soudain, dans la fumée, un boche le pointant avec un bazooka.
Lâchant ses leviers, il se penche à droite, saisit la mitrailleuse de capot,
abat le tireur ennemi... Les Shermans sont dans la place. Le nettoyage du
village s'avère cependant difficile :l'ennemi est en forces... il se défend
âprement... la nuit tombe de plus en plus... OUESSANT tourne dans une rue... Au
même moment, lueur fulgurante... un bazooka vient d'éclater contre le volet de
conduite du char... Le cuirassier Ygon est mortellement blessé. Tout son flanc
gauche est arraché... Son cœur est presque à nu... Il rassemble ses dernières
forces...Il fera jusqu'au bout son devoir... plus que son devoir... Il sauvera
OUESSANT, il sauvera ses camarades irrémédiablement perdus si le char reste
immobilisé sous les coups de l'ennemi... Comme le levier de vitesse est dur à
passer ...
Voici enfin la marche arrière... Le Sherman recule, tourne...
Il est à l'abri d'une maison... Ygon peut mourir... Il meurt sans une plainte...
Le nettoyage se poursuit ; il continuera presque toute la nuit.
20 novembre 1944. Libération de Durmenach
20 novembre 1944. Libération de Hirtzbach, au petit matin, deux petits chars américains du RICM, en progression depuis Seppois-le-Bas sont les premiers à aborder le village du côté Sud. Le premier d’entre eux est piloté par le sergent-chef Pierre Colle, secondé par le soldat de 2ème classe Calixte Leprêtre. Les deux chars progressent lentement vers l’intérieur du village.
20 novembre 1944.Libération de Sierentz à 6 heures du matin par des troupes appartenant à un escadron du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), par deux automitrailleuses du Régiment Colonial de Chasseurs de Chars ainsi que par le deuxième Bataillon du 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale. L'armée allemande avait quitté le village après avoir abattu les arbres à la sortie nord de Sierentz, pour retarder l'avance des attaquants du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc, venant de Seppois, via Waldighoffen et Bartenheim. Faisant partie du régiment de reconnaissance de la 9e Division d'infanterie Coloniale, le plus décoré de France, les soldats français en reconnaissance sont commandés par le Lieutenant Colonel Le Puloch. Le curé Wersinger n'a pas manqué d'inscrire dans la chronique paroissiale de Sierentz l'arrivée des français: " Le 20 novembre 1944, à 6 heures du matin, les chars français arrivent sur la route de Bartenheim. Un aumônier dit la messe en passant, un lieutenant séminariste communie. Le commandant appelle le curé pour lui dire que les soeurs reprennent immédiatement la classe des filles. Ils passent. Le soir, un colonel de régiment de chars s-installe avec son état-major du presbytère. Il reste quelques jours."
20 novembre 1944.
Le fort Salbert est pris d'assaut tandis que des commandos pénètrent dans
Cravanche puis atteignent les premières maisons de Belfort où ils sont durement
contre-attaqués.
En début d'après-midi, le 2e escadron du 6e RC (Régiment de Chasseurs) franchit
le canal (grâce à un pont de 30 tonnes) lancé à Essert. Belfort est atteint et
les quatre ponts sont capturés intacts.
Toutefois, des réserves (Groupement Chappuis) doivent être employées pour
réduire les îlots de résistance. Le fort de Vaulois tombe le 21 novembre.
20 novembre 1944, Libération de
Belfort: Belfort sortait de quatre années d'occupation nazie. Précédés quatre
jours plus tôt du 8e Régiment de Tirailleurs Marocains venu affronter l'ennemi
en éclaireurs, les soldats de Rhin et Danube entraient par le faubourg des
Vosges. Mais rien n'était facile, ce matin-là.
Premières victimes
Issu du 2e Commando d'Afrique, Ben Abdel Slem Bouchaïb et Ben Boudjenaa
Lahoucine sont les premiers tués sur le pont du chemin de fer. Dans son char du
6e Régiment de Chasseurs d'Afrique, Ali Zmaïli est brûlé vif. Jacques Martin
meurt lui aussi sous le feu de l'ennemi. Bien d'autres vont tomber dans les
combats qui suivront. Mais sans attendre, dès le 20 novembre, le préfet Lucien
Laumet entre en fonction. Issu de la 4e Division Marocaine de Montagne, Pierre
Dreyfus-Schmidt retrouve son écharpe de maire. À l'aube du 25 novembre, le
drapeau tricolore flotte à nouveau au sommet du château.
21 novembre 1944, aux abords de Mulhouse : depuis la veille, le grondement des canons français s'est sensiblement rapproché. Plus leur bruit est clair, plus il est assourdissant et grandissant, plus les cœurs mulhousiens s'emballent. Ces canons, si insupportables autrefois, résonnent presque aujourd'hui comme une mélodie aux oreilles de la population. Occupée depuis plus de quatre ans, privée de tout, humiliée en permanence par ceux qu'elle appelle « les Boches », elle sent renaître une folle espérance. La rumeur courait depuis quelques jours, on disait les troupes américaines et françaises à Bartenheim, à Rosenau, à Altkirch, à Bruebach
21 novembre 1944.
libération de Hirtzbach, à 16 heures, les troupes du RICM entrent dans le
village. Les premiers sont des soldats marocains marchant à la file en suivant
leur mascotte, un bouc noir qui les précède : LE VILLAGE EST LIBERE !!!
Les libérateurs ne s’attardent que quelques heures à Hirtzbach pour s’y
restaurer, puis repartent à la poursuite des allemands.
21 novembre 1944.
Les chars du Combat Command 3 de la 1re DB sont à Mulhouse et entament un
interminable ballet dans les principale rues de la ville.
C'est qu'ils sont peu nombreux; il s'agit donc de tromper l'ennemi.
Les Mulhousiens, eux-mêmes, s'y laissent prendre dans un premier temps.
Ils pavoisent, envahissent les rues, totalement inconscients du danger; des
rassemblements se forment çà et là, ainsi faubourg de Colmar, devant l'hôtel
Bristol où le Kreisbauerfürer est assommé par la foule.
Mais les tireur isolés, des <<Panzerfaust>> commencent à se manifester. Près du
pont de la Doller, deux S.A. ratent un char et sont abattus au canon.
<<SANS PEUR ET SANS PITIÉ>>
Les chars traversent Bourtzwiller, arrivent à Pfastatt, font demi-tour pour
tenir la ligne de la Doller.
Combien sont-ils ce matin là les libérateurs de Mulhouse ? Une centaine. C'est
naturellement insuffisant pour pousser d'avantage. Quand aux Allemands, ils sont
solidement retranchés dans les casernes. Dans la nuit, ceux de la caserne
Coehorn décrochent pour aller renforcer les défenseurs de la caserne Lefebvre,
imposante construction qui date de Guillaume II.
Le commandant Daniel et ses huit compagnies de FFI sont heureusement renforcés,
l'infanterie de la 1re DB composée pour l'essentiel de 2e bataillon du 6e
Régiment de tirailleurs marocain (RTM) dont la devise figure, en caractères
arabes, sur son insigne: <<Sans peur et sans pitié>>.
Les FFI se battent avec eux dans le quartier de la gare du Nord, à Dornach.
Devant l'hôtel de ville, ils brûlent les symboles de l'occupation allemande.
L'anxiété des Mulhousiens grandit quand ils voient les préparatifs des
libérateur pour organiser des bases de défense en vue d'une attaque ennemie. Le
bruit se répand que les Allemands vont contre-attaquer en force et qu'ils auront
beau jeu avec le peu de troupes occupant la ville.
Les libérateurs ont effectivement du souci à se faire. Certes Altkirch, avec
bien des difficultés, est libéré par le sous-groupement Vallin qui, venant par
le sud, prend à revers les troupes qui bloquent à l'est la progression du
sous-groupement Durosoy. Les Allemands se replient alors sur Aspach. Illfurth
est atteint par le groupement Létang, troisième composante du Combat Command 1.
PREMIERE ALERTE
Mais, l'ennemi se ressaisit. Au nord-est de Mulhouse, il attaque le
groupement Dawattre (Du CC3). Il stoppe également la progression vers Chalampé,
à Ottmarsheim, préservant ainsi et le pont et un embranchement ferroviaire
capital.
Surtout, l'axe Delle -Seppois, vital pour la 1re DB, est coupé par des commandos
allemands appuyés par des chars au lever de jour, par une pluie battante, des
retranchements et des sous-bois détrempés.
A Suarce, village du Territoire de Belfort proche de la frontière, ils
anéantissent un élément du régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM) et du
9e zouaves qui attend les blindés français et filent en direction de la
frontière Suisse distante seulement d'une douzaine de kilomètres.
Simultanément, ils menacent Joncherey, Faverois, Courtelevant, occupent Lepuix.
Au soir, le RN 463 est bel et bien coupée entre Faverois et Seppois: or c'est
par là que passe tout le ravitaillement en carburant et en munitions de la 1re
DB.
Fort heureusement, la 5e DB a pris en compte l'offensive allemande.
Au soir, elle tient après des combats meurtriers menés par les tirailleurs
marocains, les légionnaire et les blindés des Combat Command 4 et 5, des points
forts sur une ligne Faverois - Courtelevant - Réchésy, fermés en carrés
défensifs au... milieu des infiltrations ennemies. Ce qui permet le passage d'un
convoi d'essence de la 1re DB.
Mais ce n'est là que la première en date d'une série d'alertes qui vont
compromettre, quatre journées durant, la victoire du 1er corps d'armée.
21 novembre 1944. Mulhouse est officiellement libérée mais les combats sont encore livrés en ville jusqu'au 26.(photo prise à Mulhouse)
21 novembre 1944.
Libération de Riedisheim Il est 8 heures du matin quand les
blindés, le bataillon d'infanterie portée, l'escadron de tanks et le groupe
automoteur d'artillerie s'ébranlent vers Mulhouse. C'est une unité de
reconnaissance du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc qui, la première,
foule le sol de notre commune. Occupée le 19 juin 1940 à 11 heures, il aura
fallu une attente interminable de 1616 jours pour connaître enfin le jour « j »
!
21 novembre 1944. Libération de Sarrebourg par la 7ème Armée américaine
22 novembre 1944. Metz tombe mais les forts ne seront définitivement réduits que le 13 décembre.
22 novembre 1944. Libération de St Die par La 7ème armée américaine
22 novembre 1944.libération de Carspach par les troupes du RICM.
22 novembre 1944.
Libération de Steinbourg vers midi, les cloches se mirent à sonner à toute
volée. Il y eut un bref mais violent engagement entre un escadron de la 2e DB et
un détachement allemand.
Puis ce fut la délivrance. Les villageois secoués à la fois par la joie et les
relents des peurs passées, contemplant étonné ce spectacle d'arbres et de
véhicules en flammes, de soldats français en uniforme américain, de prisonniers
hébétés, les mains dans la nuque, de villageois accourant à la curée des
véhicules intacts, guère effrayés par la pétarade des caisses de cartouches
enflammées, de blindés, de half-tracks et de jeeps se frayant un passage à
travers ce capharnaüm.
22 novembre 1944, 8 h du matin :à Mulhouse les blindés alliés commandés par le général de Lattre de Tassigny font leur entrée dans la ville. Partout, les habitants courent à leur rencontre, ignorant parfois le danger qu'ils représentent, couvrant les soldats de cadeaux. Partout s'échangent cigarettes, chocolat et bonbons, dans une allégresse indescriptible. Les lieux de résistance allemande sont immédiatement évacués et nettoyés. Deux immenses bûchers sont improvisés, place de la Réunion et faubourg de Colmar, pour y brûler drapeaux, uniformes et insignes à croix gammée.
22 novembre 1944.
Libération de Saverne. Au soir du 22 novembre, c'est la fête à Saverne libéré.
Leclerc a quarante-deux ans. Il vient de recevoir un cadeau d'anniversaire
exceptionnel: le général américain Patch, qui commande la 7e armée US (dont fait
partie la 2e DB)), lui adresse un ordre du jour qui se termine ainsi: <<Les
magnifiques résultats de cette attaque (NDLR: de la 2e DB) prouvent une mise sur
pied remarquable et une connaissance parfaite de la tactique blindée.
Ceci n'aurait jamais été possible sans l'art consommé de votre chef et
l'entraînement et la discipline de la division entière.
C'est un honneur d'avoir sous mon commandement une division alliée composé de
tels soldats. Je suis fier de vous avoir avec moi dans la lutte pour la
libération de la France et la poursuite de l'ennemi.
J'ai pleine confiance que votre division continuera à obtenir de nouveaux succès
signalés jusqu'à la défaite finale de l'adversaire>>.
STRASBOURG VILLE LIBRE
Le lieutenant général de l'US Army donne libre cours à sa joie. En cette journée
anniversaire de l'entrée des troupe françaises à Strasbourg en 1918, il sait que
la route de Strasbourg est ouverte.
L'un de ses subordonnés immédiats téléphone à Leclerc: <<Il est prévu que c'est
le VIe Corps US qui attaquera Strasbourg. Mais si vous êtes en avance sur le VIe
Corps c'est à vous d'y aller>>. Comme le VIe Corps n'a pas encore franchi les
Vosges, c'est donc à la 2e DB d'attaquer.
La perspective d'entrer bientôt dans Strasbourg, ville-symbole fait presque
oublier la belle réussite de la manœuvre en tenaille lancée tôt le matin par
Leclerc, manœuvre qui a abouti à la prise de Saverne. Parti à 10h 30, le
sous-groupement blindé Minjonnet a contourné Saverne par l'ouest, <<fonce>> sur
le col de Saverne vers Phalsbourg dans l'intention de prendre cette ville à
revers.
A 13h, il est dans Saverne, fait prisonnier le général allemand Bruhn qui se
rendait au col pour voir... Mais l'attaque sur Phalsbourg est remise à demain.
Massu, quelque peu ralenti par des abattis d'arbres à la sortie de
Reinhardsmunster, se trouve peu après 12h 30 à trois kilomètres de Saverne;
occupe les crêtes dominant la ville à l'est, une heure après; rentre dans
Saverne que vient de quitter Minjonnet; fait huit cent prisonniers; La surprise
a été totale.
Ce n'est plus le cas à l'autre extrémité de l'Alsace. Dans le Sungau, les
combats sont acharnés, les pertes nombreuses: les Allemands, en pleine
contre-offensive, perdent quelque deux cent tués, sept cent vingt prisonniers,
sept chars, huit canon. La 5e DB déplore la perte de quarante-neuf hommes, il y
a cent trente-neuf blessés. quatre chars ont été perdus.
<<VIGEUR ET INTELLIGENCE>>
De Lattre est bien obligé de reconnaître que son adversaire, le général Wiese,
<<réagit avec rigueur et une intelligence indiscutable>>. Wiese a prélevé ses
deux meilleurs divisions dans les Vosges, les renforce avec la 30e Division SS
et une brigade de chars Feldherrnhalle tout neufs. Son intention est de bétonner
un couloir à travers le dispositif français, avec pour môle Dannemarie et la
frontière Suisse, à hauteur de Porrentruy, pour objectif.
Lepuix, Chavanatte, Chavannes, Friesen changent de main, dans un sens comme dans
l'autre. La jonction de la 1re DB avec la 5e DB, à Altkirch, échoue.
A Mulhouse, les Allemands, solidement retranchés dans plus casernes, résistent.
Pis, des renforts arrivent d'outre-Rhin. Sausheim, Baldersheim, Battenheim sont
abandonnés par les unités françaises qui resserrent leur dispositif.
Les FFI commencent à évacuer les mobilisables et les insoumis qui s'étaient
cachés, particulièrement exposés en cas de retour en force des Allemands.
La ligne de front passe par Brunstatt, Morschwiller, la Doller, Modenheim,
Ile-Napoléon, la lisière de la forêt de la Hardt avec une tête de pont au nord
de la Doller (gare de Lutterbach et Heimsbrunn). Demain la journée sera dure.
23 novembre 1944 Libération de Strasbourg par la 2ème DB, au matin : à Strasbourg, le général Leclerc et ses hommes de la 2e DB qui ont parcouru plus de cent kilomètres en six jours, surprennent les Allemands sur le départ. Mêmes scènes de liesse et même joie collective de la population. 12500 Allemands sont faits prisonniers. Leclerc proclame : « Pendant notre lutte gigantesque de quatre années, menée derrière le général de Gaulle, la flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession. Nous avons juré d'y arborer de nouveau les couleurs nationales. C'est chose faite ». Il parle au cœur des Strasbourgeois. Il sera, avec de Lattre, le héros de cette libération alsacienne. Quelques jours plus tard, les Allemands se replient sur Kehl, de l'autre côté du Rhin, mais renforcent leur dispositif de lutte entre Sélestat et Mulhouse, constituant la fameuse « Poche de Colmar », qui ne sera crevée qu'en février 1945.
Une note de malaise
Responsable de Strasbourg, la 2e DB n'a pratiquement pas d'infanterie pour la
tenir. Le pont de Kehl résiste, les forts de la ceinture tiennent, le gouverneur
militaire, le général Veterrdt, s'est retranché avec 600 hommes dans le fort Ney
protégé par les inondations de la Wantzenau. Le centre de Strasbourg reste
videet... <<la présence muette de quinze mille civils allemands met une note de
malaise>>(note Repiton-Préneuf, chef du 2e bureau de la 2e DB). Ce dernier, à la
nuit, s'en va à l'hôtel de ville trouver des autorités civiles qui pourront
administrer la cité. <<Ces hommes seront extrêmement efficaces>> observe-t-il.
Tout comme à Strasbourg, les Allemands résistent dans les casernes à Mulhouse.
Les Mulhousiens reprennent courage lorsqu'ils voient ou apprennent en début
d'après-midi que le 6e régiment des tirailleurs marocains (RTM) prend d'assaut
la caserne Lefebvre, pièce maîtresse du dispositiff allemand. De fait, la
situation de la compagnie qui a réussi à pénétrer dans la caserne, devient
rapidement intenable.
Le char <<Austerlitz>> du lieutenant Jean de Loisy tente de la dégager en se
frayant un chemin dans la cour de la caserne. Un <<Panzerfaust>> tire, le char
est immobilisé. De Loisy est tué. Les tirailleurs battent en retraite. Deux
automoteurs de 103 prennent la caserne sous leurs feux. Et en détruisent
méthodiquement les superstructures.
<<Nouvelle crise chez nous>>
La 1re DB, qui subit des attaques incessantes dans son périmètre mulhousien, est
durement éprouvée dans le Sundgau de même d'ailleurs que les éléments de la 5e
DB engagé là. C'est que, dans la nuit du 22 au 23, les Allemands ont franchi la
route qui mène de Delle à Seppois et ce à la hauteur de l'usine électrique.
Au petit matin, une vingtaine de mitrailleuses lourdes et une cinquantaine de <<Panzerfaust>>
allemands entrent en action, du côté de Pfetterhouse, contre le 2e bataillon du
6e régiment d'infanterie coloniale (RIC). La contre attaque allemande atteint la
frontière suisse entre Réchésy et Pfetterhouse.
Du côté de Dannemarie, le Combat Command 5 de la 5e DB tente de franchir le
canal du Rhône au Rhin: un escadron de chars Sherman, deux peloton de tanks
destroyers, une compagnie de la Légion, une section du génie. Cela se termine
mal: repli en direction de Chavannes, douze tués et 48 blessés dont deux
Shermans détruits.
A Aspach et à Ballersdorf, la 1re DB se heurte à des <<bouchons>> allemands
infranchissables. Seule consolation pour la 1re Armée: des rassemblements
blindés ennemis du côté de Manspach sont sérieusement pris à partie par les
155mm français.
23 novembre 1944. Libération d'Illkirch-Graffenstaden vers 11h30 par le 501R.C.C. de la 2e D.B
23 novembre 1944. Libération de Strasbourg.
23 novembre 1944. Le camp de Natzweiler -Struthof a été libéré
23 novembre 1944. Le village La Grande Fosse fut libéré par les troupes américaines.
24 novembre 1944. La 1er D.F.L. prend le Ballon d'Alsace
Prisonniers allemand dans Strasbourg
24 novembre 1944.
La XIXe ARMEE allemande perturbe considérablement depuis quelques jours
l'approvisionnement de la 1re DB en carburant et en munitions. Situation
intenable à la longue, que le général Bétouart qui commande le 1er corps d'armée
(de la 1re Armée) entend ne pas laisser perdurer.
Il faut donc, de toute urgence, assurer le dégagement des axes,
Courtelevant-Seppois et Réchésy-Pfetterhouse. Il confie cette mission à la 5e DB
du général de Vernejoul et lui promet une prompte relève en infanterie.
UN <<MARTEAU>>
Dès 7h 30, de violents bombardement d'artillerie s'abattent sur les troupes
allemandes concentrées dans ce secteur: 2000 coups autrement dit ce que les
artilleurs, dans leur jargon appellent un <<marteau>>.
Les soldats de l'infanterie coloniale, les célèbres Marsouins, reprennent leur
attaque sur l'axe Réchésy-Pfetterhouse, épaulés par les FFI de la brigade du
Languedoc. leur progression est dure, lente, coûteuse mais, finalement,
couronnée de succès.
Un peu plus de deux heures après le début de l'attaque, vers 11h tout est
terminé: 227 soldats du 308e Grenadier-Régiment battent en retraite et se font
interner en Suisse, accompagnés de deux chars. Pendant ce temps, le Combat
Command 4 procède, sans trop de difficultés, au nettoyage de la route de
Courtelevan-Seppois. De là, il s'oriente vers Altkirch afin d'attaquer par l'est
le pivot de la défense allemande: Dannemarie.
Urgence également dans la région mulhousienne. Dans la nuit du 23 au 24, il a
fallu repousser deux coups de main sur le carrefour d'Ile-Napoléon. En matinée,
le chef de la gare de la <<Grunhutte>> téléphone à Mulhouse: trois trains
bourrés d'hommes et de matériel viennent d'arriver d'Allemagne à Chalampé.
A l'est de Habsheim, dans la forêt de la Hart, l'ennemi concentre fantassins et
chars: la brigade blindée <<Feldherrnhalle>>, trois bataillons d'infanterie, le
SS-bataillon 2, les Kampfgruppen Diemer et Reutlingen. Des contres-attaques
allemandes sont repoussées par les chars et l'artillerie du Combat Command 2 de
la 1re DB à Schierbach, Rixheim et à Ile-Napoléon entre 11h et 17h.
A l'opposé, à l'ouest de Mulhouse le Combat Command 2 de la IIe DB évacue
Heimsbrunn mais se rétablit à Morschwiller. Bref, si la situation est rétablie à
peu près partout, les lignes de communication de la 1re DB sont toujours
menacées, la résistance des Allemands dans les casernes mulhousiennes ne faiblit
pas.
<<MON SABRE>>
A midi, en ce 24 novembre, De Lattre, qui a été obligé de revoir ses plans,
diffuse à midi son ordre général N°67 lequel dit, en substance, les choses
suivantes: le 1er corps d'armée (Bétouart) devra prendre Dannemarie, assurant
ainsi la sécurité de ses communications, parachever sa couverture sur le Rhin,
nettoyer Mulhouse, aller vers Burnhaupt.
Le IIe corps d'armée (Monsabert sur-nomé<<Mon sabre>>) qui a pris le
Ballon d'Alsace la veille et sur la route de Rougemont-le-Château, poursuivra sa
progression en direction de Burnhaupt par la Doller et Rougemont. Il s'agira de
tendre la main au 1er corps d'armée, encercler les derniers défenseurs de
Belfort, pousser au nord et prendre Thann et Cernay. Ce sera la <<manoeuvre de
Brunhaupt<<.
Grandes manœuvres dans le sud de l'Alsace, consolidation autour de Strasbourg.
La ville fait l'objet d'un nettoyage systématique rendu difficile par la
présence de milliers de civils allemands dont certains se transforment en
francs-tireurs.
L'on se préoccupe également d'une toujours possible contre-offensive allemande
au nord-est de la ville.
Deux reconnaissances de chars légers et d'automitrailleuses longent le Rhin en
direction d'Offendorf. Un détachement commandé par le capitaine d'Alençon
s'assure du pont sur l'iLL et tente d'obtenir la reddition du fort Ney, toujours
occupé par le gouverneur militaire de Strasbourg, le général Vatterodt.
Un détachement file vers le sud, direction Erstein et Benfeld, où il se heurte à
des éléments allemands qui tentent de s'infiltrer dans Strasbourg par
Graffenstaden. Le pont de Kehl, lui, tient toujours;
Les divisions d'infanterie US (dont la 44e composée de soldats originaires du
New Jersey donc souvent de lointaine origine hollandaise) viennent
progressivement soutenir le IIe DB.
Leclerc commence à administrer Strasbourg.
25 novembre 1945. L'ordre du jour diffusé la veille par de Lattre est formel: il s'agit d'encercler le XIXe armée allemande, le point de jonction des deux corps d'armée de la 1re armée française se situant à Brunhaupt.
Au matin, où en sont-ils ? Le 1er corps d'armée a, sur son aile gauche, la 9e division d'infanterie coloniale qui tient un front qui s'étend jusqu'à la Largue; la 5e DB est regroupée à Friesen et à Altkirch; la 1re DB occupe l'aile droite et donc Mulhouse. C'est à elle qu'il appartient de détacher un Combat Command pour en faire la liaison avec le 2e corps d'armée à Brunhaupt.
Belfort abandonné: En réalité, la 5e DB, censée attaquer Dannemarie, éprouve de grandes difficultés pour percer de même d'ailleurs que la 1re DB dont un Combat Command est stoppé à Galfingue et à Heimsbrunn. La 9e DIC n'est pas plus heureuse dans sa progression... immédiatement enrayée le long d'une ligne Chavannes-Suarce-Lepuis, puis entre la Suarcine et la Largue. Si rien, ou pas grand'chose, ne va pour le 1er corps d'armée, le deuxième est plus heureux. Son objectif, on le sait, est de progresser vers Burnhaupt par la Doller et Rougemont, d'encercler Belfort, de viser Thann et Cernay
25 novembre 1944 Fin des combats à Peleliou. Libération de Belfort et de Rimbach
25 Novembre 1944.
Libération de Lipsheim. Le matin du 25 novembre, nous entendîmes des bruits
bizarres. Mon père nous emmène au chantier et de là nous virent une colonne de
chars, de jeeps et de half-track venant de Geispolsheim.
L’émotion de la population était à son comble en entendant des soldats
américains parler français. En réalité c’était des Français de la 2ème DB du
Général Leclerc: les …… calots rouges !!
Le pont routier sur l’Andlau avait été miné et les Allemands l’avaient fait
sauter. Le lendemain toute la division a passé sur la voie de chemin de fer et
emprunté le pont ferroviaire qui n’avait sauté que partiellement. Nous donnions
un coup de main pour égaliser le ballast pour permettre aux cars de passer sur
les rails.
La 2ème D.B. partie en direction d’Erstein pour libérer cette ville.
Lors du passage sur les rails, le Général Leclerc était posté sur les marches du
restaurant Woerth « Restaurant de la Gare » pour assister à cette délicate
manœuvre.
Ma cousine Odile a remis un bouquet de fleurs à cette occasion, à l’équipage de
la 1ère automitrailleuse. Le conducteur était le futur Abbé Marion.
Quelques jours après, la division Leclerc a du repartir et se sont les
Américains qui les ont remplacés et c’est à ce moment là que l’anglais que les
Allemands m’ont fait apprendre m’a servi à faire l’interprète auprès des
autorités américaines (QG dans la maison de ma marraine).
Nous les jeunes, nous avons récupéré les armes et les munitions que les soldats
Allemands ont dû jeter.
A 14 ans on savait tirer au fusil de guerre, dégoupiller des grenades et jouer
avec les munitions.
Le Général de Lattre de Tassigny nous a fait visiter l’école des sous officiers
qui se trouvait à Westhalten (Tir à balles réelles au-dessus des têtes…)
Benoît MEYER
26 novembre 1944.
Libération de Ballersdorf par la 1e r DB et la 5e DB appuyée par les fantassins
de la Légion étrangère et du Bataillon FFI du colonel Berger.Le 12 Février 1943,
18 hommes dont 12 Ballersdorfois incorporés de force décident de se soustraire à
cette incorporation et sont arrêtés aussitôt dans la nuit. Trois d’entre eux
seront tués, un seul s’échappera, les 14 autres seront jugés sommairement et 13
seront fusillés le 17 février 1943.
26 novembre 1944. Dans la matinée des avions américains bombardent les
quartiers proches de la gare. La libération de Sélestat a commencé.
27 novembre 1944. Libération de Dannemarie par le C.C.4, aidé par la Brigade Alsace-Lorraine (F.F.I)
27 Novembre 1944. Libération de Wolfersdorf . Et le Sundgau est entièrement libéré.Libération de Spechbach, Enslingen et Balschwiller par le Combat Commande 5. Libération de Altenach, Manspach, Valdieu et au sud ouest Dannemarie, par la 9e Division Infanterie Coloniale. Plus au sud, Bernwiller, Galfingue et Spechbach-le-Haut sont libérés. Sainte-Marie-aux-Mines et libérée par la 36e Division Américaine. Quand à Masevaux , sa libération n'est obtenu qu'au prix de combats acharnés; le quartier de l'église, ainsi que le pont lui faisant face, ont beaucoup souffert.
28 novembre 1944 .À 16 heures, un communiqué radio du Quartier Général du 6è corps d'armée américain signalait: « La ville de Barr a été prise par les 1er, 3e et 7e bataillons d' infanterie du 411e régiment et du 7e C.C (Command Corps) et de la 103 division d'infanterie ». Libération de Soppe-le-Bas en début d'après midi par le 1er et 5e D.B. Au petit matin Gildwiller est atteint. A 10h accrochage à Falkwiller. Le CC5 perd deux tanks destroyers détruits par des canons d'assaut allemands embossés à Gildwiller. Deux groupes d'artillerie divisionnaire (dont un de 155 long encore en batterie dans la région de Boron-Chavannes) prépare alors l'assaut des blindés. A 15h30 Gildwiller et Hecken sont conquis. Une heure après les éléments de tête du C.C.5 sont à Diefmatten, soit à deux kilomètres de Soppe. Chars et légionnaires précédant la 2e Division d'infanterie marocaine, déboulent sur Mortzwiller et Soppe-le-Haut. Ce même jour la bataille de la Hardt commence;
29 novembre 1944. Didelot s'est emparé d'Erstein et des villages environnant, Rémy, à partir d'Obernai, a pris Benfeld et Sand.
30 novembre 1944. La Première Armée Française, épuisée, adopte sur ordre du Général de Lattre, une attitude défensive et cesse toute progression, repoussant son avancée vers Colmar. C'est ainsi que se forme la "Poche de Colmar" dans laquelle vont s'affronter les combattants durant deux longs mois d'hiver, dans le froid, la neige, le feu et le sang.
1er décembre 1944. Au soir, les
142e et 143e régiments d’infanterie U.S de la 36e Division atteignent la
périphérie de Sélestat.
En hâte les commandos allemands font sauter trois ponts de chemin de fer avant
de quitter la ville.
1 décembre 1944. Ce 1er décembre encore, le corps franc Pommiés émanation de l'ORA (organisation de résistance de l'armée) et composé essentiellement de soldats originaires du Sud-Ouest, libère Fellering et aux alentour du 21, Oderen. Partout, il est accueilli avec enthousiasme. A l'autre extrémité de la plaine d'Alsace du côté du Rhin, la brigade FFI du Languedoc - chargée d'empêcher les troupes allemandes de s'enfuir par la Suisse - patrouille le long de la rive à Huningue. Tout là-haut, dans le nord, la VIe Armée américaine dégage les abords nord de Strasbourg. Plus au sud, Leclerc et la 2e D.B. ainsi que les Américains de la 14e Armored Division, chargés de nettoyer les abords sud, s'approchent de Sélestat mais sont de plus en plus violemment contrés par l'ennemi. Néanmoins, la première phase de libération de la basse Alsace est terminée: la zone entre la Moder (la rivière qui traverse Haguenau) et Sélestat est complètement libérée.
2 décembre 1944. Aujourd'hui les Américains entrent dans Sélestat dont se sont retirées les troupes allemandes (en direction de l'ouest de la ville). Les blindés de la 2e D.B. atteignent péniblement, en raison des inondations, Rossfeld et Rhinau. Mais là, la 2e D.B. est bloquée - sur un arc de cercle passant Ebersheim, Kogenheim et Frisenheim - au cours de la nuit, par des tirs venant d'Allemagne. Lent et coûteux grignotage dans les Vosges: la 3e Division d'infanterie algérienne (DIA) réussit à s'emparer de la vallée de la Thur, de Kruth à Saint-Amarin. Nulle part, l'ennemi ne désarme pourtant. Ainsi, alors que Huningue a été évacué la veille par les Allemands, l'ennemi depuis, réagit durement avec ses mortiers et son artillerie basés sur la rive droite du Rhin. Les Français répondent. Les projectiles tombent un peu partout y compris du côté Suisse notamment sur les installations portuaires de <<petit-Huningue>>. Mais les blindés français, avec l'appui des FFI, procèdent au nettoyage de Saint-Louis et vont tenter de réduire la poche de Huningue et de Village-Neuf qui maintient le contact - grâce au bac de Weil - avec l'autre rive du Rhin.
2 décembre 1944.
Libération de Ranspach par la 1ère Armée Française du Général de Lattre de
Tassigny libére Ranspach.
2 décembre 1944. Constitue un moment fort dans la libération de la Ville
de Sélestat, une libération inachevée qui se solde par des accalmies suivies de
reprises des combats.
La bataille pour la libération de la ville s’achèvera en février 1945.
3 décembre 1944. Ce 3 décembre, les Combat Commands 4 et 5 de la DB s'en vont renforcer dans les Vosges (qui ne constituent pas à proprement parler un terrain idéal pour les manœuvres de blindés) le 2e Corps d' Armée.CONTRE ATTAQUE ALLEMANDE - Toujours ce 3 décembre, avant l'aube, un brutal coup de main allemand submerge le Pont-du-Bouc, détruit un pont Treadway lancé sur la canal du Rhône au Rhin par la 1er DB et isole nos points d'appui de la Grunhutte. Or celle-ci, depuis la veille, regroupe l'effectif de trois régiments d'infanterie, un peloton de chars du 5e régiment de chasseurs d'Afrique (RCA) ainsi qu'un peloton de tanks destroyer du 9e RAC. Chalampé n'est plus qu'à six kilomètres: on comprend que pour préserver le pont qui enjambe le Rhin et par lequel commencent à arriver en masse des renforts, l'ennemi veuille réduire ces positions françaises. D'autant que Touzet de Vigier commandant la 1er DB, avait l'intention de déborder la forêt de la Hart par le nord et s'apprêtait à lancer son Combat Command à travers la forêt pour prendre à revers les lisières ouest et menacer à l'est le pont de Chalampé. L'attaque allemande de Pont-du-Bouc compromet d'autant plus cette initiative que, simultanément, des <<Jagdpanther>>, quatre <<Kampfgruppen>> et cinq compagnies de SS, passent à la contre-attaque générale par l'est et l'ouest contre les Français coupés de leurs arrières au-delà du canal de Huningue. La tête de pont française est étranglée à sa base. La bataille fait rage toute la journée. D'urgence, l'on donne l'ordre à diverses unités (ainsi la fameux 15/2, en réserve à Drumenach, qui s'est particulièrement distingué à Courtelevant) de faire mouvement de toute urgence vers ce secteur. A 22h, une brève action de dégagement de la 4e division marocaine de montagne (D.M.M.) combinée avec une couverture d'artillerie massive et le lancement d'un pont de secours sur péniches, parvient à faire sortir de la nasse une partie des deux pelotons blindés et l'infanterie survivante. Mais la 1er armée laisse sur le terrain six chars Sherman, cinq tanks destroyers, sept half-tracks, huit jeeps, ainsi que 48 tués et 300 prisonniers tirailleurs marocains du 1er R.T.M. C'est un désastre. Touzet Du Vivier sera relevé de son commandement.
4 décembre 1944.
Lundi 4 décembre, au nord de Strasbourg, les Allemands opposent une vive
résistance à l'avance de la 7e Armée américaine. A Strasbourg le pont de Kehl
saute, miné par l'ennemi qui s'est replié en Allemagne - Combats dans Haguenau
et Sélestat - dans la nuit du 3 au 4, les tirailleurs marocains ont pris la
Schlucht et le Hohnek - La 36e Division d'infanterie US progresse dans le
vignoble en direction de Sigolsheim - Ribeauvillé est libéré - Dans Kaysersberg
menacé, les Allemands se préparent à l'assaut des Alliés.
LE VERROU DE KAYSERSBERG.
Ce même 4 décembre le major Georges Herbrechtsmeier, est bien préoccupé. Le 3
décembre, il a été nommé <<Kampfkommandant>> de Kaysersberg. Les Allemands ont
rapidement compris le plan de De Lattre qui consiste à investir Colmar par
l'ouest. Il s'agit donc de mettre en place des verrous: Kaysersberg en est un,
des plus essentiels. Le même jour il a reçu une nouvelle affectation et puis
aujourd'hui, on lui enjoint à nouveau de rester ! Ce qu'on lui demande, n'est
pas une mince affaire: tenir Kaysersberg avec 80 hommes. S'ajoute à cela la
mission de combler un vide de quatre kilomètres dans le dispositif de défense
allemand au nord de Kaysersberg, sur une ligne passant par les monts de
Sigolsheim et se terminant à Béblenheim. Herbrechtsmeier sait qu'il peut compter
sur l'encadrement des deux compagnies de 150 hommes qui ont été mises à sa
disposition. Mais qui dire des soldats? Ils sont soit trop âgés, soit sans
expérience militaire. Par ailleurs, ils manquent de tout: cartes, moyens radio,
vêtements chauds. La major <<Kampfkommandant>> inspecte les positions qu'il est
censé tenir. Mauvaise nouvelle: 40 de ses soldats se sont rendus aux Américains.
En soirée, un intense tir d'artillerie venu d'Aubure s'abat sur les positions
allemandes. Ribeauvillé est tombé la veille. La 36e divison d'infanterie
américaine (36e DIUS) progresse maintenant en direction de Riquewihr.
A Mittelwihr, directement menacé, six chars allemands prennent position. De
plus, une section de liaison aérienne (Lufnarichtenbteilung) occupe et
Mittelwihr et Bennwihr mais se retire dès qu'une unités US s'approche. Les
habitants, eux, s'abritent dans les caves ou se réfugient à Ribeauvillé,
Saint-Hippolyte et Tannenkirch. Le pire reste à venir pour les villages du
vignoble alsacien. La percée vers Colmar est également l'objectif des troupes de
la 1er armée française qui sont engagées dans les Hautes-Vosges. C'est une
vieille idée de De Lattre: << La première révélation de cette manœuvre se
rattache pour moi au souvenir d'une reconnaissance clandestine effectuée en 1913
en Alsace occupé alors que j'étais jeune lieutenant au 12e dragons: la porte
vosgienne de le Haute-Alsace, c'est le Ballon de la Schlucht, commandé par le
Hohneck et d'où l'on domine Munster.>> Or il fait de plus en plus froid. Et il
neige en abondance. La résistance allemande s'effrite dans les vallées de Thann
et de Metzeral. Les villages de la vallée de Saint-Amarin sont tour à tour
libérés. Dans la nuit du 3 au 4 décembre les tirailleurs marocains prennent le
Honeck et le col de la Schlucht et s'avancent vers Munster. Une nouvelle route
sur Colmar semble ouverte.
4 décembre 1944. Libération de Ribauvillé.
5 décembre 1944. Libération de Sarralbe sans combat
5 décembre 1944.
Pour le moment la 7e Armée américaine, qui a été chargée de libérer le Bas-Rhin,
si elle est globalement bien au nord de Strasbourg, n'en est pas pour autant au
nord du parallèle de Haguenau. De l'est à l'ouest du front nord-alsacien, la 3e
division d'infanterie US est devant Gambsheim, à proximité du Rhin; la 79e
bombarde Haguenau (25 000 obus en dix-sept jours); la 45e vient de prendre
Ingwiller; la 44e et la 100e poursuivent leur progression dans les Vosges de
Nord en direction de Bitche et de Hottwiller.
Les américains sont aussi à Mutzig, bien plus au sud, dans la vallée de la
Bruche; à Mutzig une compagnie du <<10th Engineer>> et le 30e régiment de la 3e
division d'infanterie US prennent le fort. Pas de n'importe quelle manière;
protégés par un écran de fumée, ils amènent dans les fossés du fort un véhicule
bourré de TNT. Celui-ci explose et éventre le fort: 82 soldats allemands se
rendent immédiatement.
UN ADVERSAIRE SUPPLÉMENTAIRE
Pendant ce temps, autour de la poche de Colmar, Béthouart, qui commande le 1er
corps d'armée (flanc sud de la poche) décide de porter son effort sur son aile
gauche, c'est-à-dire la 2e division d'infanterie marocaine. Celle-ci attaquera
Thann et Cernay pour ouvrir la voie aux blindés de Combat Command 6 (appartenant
à la 5e DB) et de la 1er DB. L'aile droite qui a beaucoup souffert ces jours-ci
dans les combats de la Harth, se contentera de tenir ses positions (9e division
d'infanterie coloniale-9DIC)
Sur les flans ouest et nord de la poche Monsabert ("Mon sabre") donne les
directives suivantes: la poche sera attaquée par le nord (2e DB) et par l'ouest
(36e division d'infanterie US). Les Américains seront couverts au sud par le
Combat Command 4 (5e DB) et par le 2e GTM (groupement de tabors marocains).
Simultanément, une opération sera mené en direction de Neuf-Brisach: les Combat
Commands envelopperont Colmar par l'est (Turckheim) et le sud (Sainte-Croix-en-Plaine).
Mais Béthouard, qui voulait attaquer tout de suite, est obligé d'ajourner son
attaque et Monsabert, lui, pense la lancer demain, 6 décembre. Tous deux sont
confrontés, à un adversaire supplèmentaire: les inondations.
5 décembre 1944. Libération d' Ingwiller. Les derniers Allemands retranchés dans la forteresse se sont rendus à 3 h du matin. Les Américains annoncent : « Le fort de Mutzig a déposé les armes ». Première journée sans coup de canon.
5 décembre 1944. les troupes Américaines s'emparent de la rive gauche de la Fecht. Les Allemands font sauter le pont de la rivière et s'accrochent à la rive droite. Le front de la fameuse "Poche de Colmar" passe par OSTHEIM. Le martyre commence. Il durera près de 60 jours. Quartier par quartier, les maisons sont pilonnées par l'artillerie et flabent. Terrés dans les caves souvent à la moitié ensevelis vivants ou asphyxiés, les habitants sont des morts en sursis.
6 décembre 1944. Libération de Sarreguemines
6 décembre 1944.
Malgré toutes ses démarches, Leclerc n'a pu éviter que la 2e DB soit mise à la
disposition de De Lattre. Le voilà, proximité oblige, placé sous les ordres du
général de Monsabert qui commande le 2e corps d'armée.
Les craintes de Leclerc se vérifient immédiatement: compte tenu de la situation
du moment et dans l'attente d'une offensive de la 1er armée, Monsabert confie à
la 2e DB tout un secteur au sud de Strasbourg. Ce n'est pas, à proprement
parler, la mission habituellement dévolue à une division blindée.
Leclerc décide d'aller voir Monsabert et de lui proposer d'exploiter en
direction de Marckolsheim et de Neuf-Brisach. Mais pour cela, il lui faut
l'appui d'une division d'infanterie du 2e corps d'armée. L'entrevue est fixés au
lendemain.
REPORTER AU LENDEMAIN...
Justement, Monsabert a prévu son offensive pour aujourd'hui. Les circonstances
ne sont guère favorables: les inondations empêchent le déploiement des blindés.
Au demeurant, à l'ouest, les Allemands le devancent, prennent l'initiative,
lancent des attaques sur Guémar, Ostheim et Zellenberg. A Bennwihr, l'attaque
menée par des unités SS progressent pour finalement échouer devant le couvent.
D'ailleurs, l'ensemble des contre-offensives menées par les troupes allemandes
ce jour-là se soldent par un échec. Mais elles auront empêché Monsabert de
déclencher les opérations qu'il avait prévus.
De son côté, Béthouart et son 1er corps d'armée sont bien obligés de prendre en
compte des conditions météorologiques particulièrement déplorables: il pleut
sans cesse en plaine, il neige tout le temps en montagne. Béthouart reporte à
demain son offensive en direction de Bitschwiller et Pont-d'Aspach.
Si le commandement est contrarié par le temps, les hommes subissent de plein
fouet les rigueurs d'un hiver particulièrement rude.
Embourbé dans la forêt de la Hart où il faut tenir impérativement, le 15-2 est
harcelé par des tirs de mortier qui ont, apparement, une forme de prédilection
pour le PC du bataillon installé dans un ancien abris de la ligne Maginot. Le
front est en train de pourrir; un coup de main hier sur Niffer, mené par le 23e
régiment d'infanterie coloniale, a échoué.
Il pleut également sur le vignoble. Le major Herbrechtsmeier,<<Kampfkommandant>>
de Kaysersberg, apprend la perte de Bouxhof près de Mittelwihr. Pour lui, non
plus, les nouvelles ne sont pas bonnes: la Wehmacht a perdu de nombreux soldats,
morts ou faits prisonniers. Mais à quelque chose, malheur est bon: il n'a plus
que la défense de Kaysersberg à assumer.
ACCENTUATION DES INTEMPÉRIES
Dans les Vosges et les Hautes-Vosges, tout est recouvert d'un épais manteau
blanc. Au col du Hundsruck, le bataillon Janson-de-Sailly, qui a énormément
souffert du froid et de l'humidité, sans parler d'un ravitaillement notoirement
insuffisant ou inadapté, est enfin relevé par un groupe de tabors marocains.
Le capitaine Auvray note: <<Nous croisons d'autres Marocains: ils montent
vers les lignes; à leur passage, la population s'empresse de leur fournir des
boissons chaudes. Tendance à l'accentuation des intempéries: pluie, neige,
gadoue, froidure.>>
Plus loin dans la vallée, défendant le col d'Oderen, du côté de Kruth, le corps
franc Pommiès est lui aussi à l'épreuve. Les escarmouches sont fréquentes dans
le secteur. Le lieutenant Pignada: <<Le bruit avait couru, avant que nous
montions à l'attaque, que les Boches étaient démoralisés et qu'ils se rendaient.
Nous attaquons donc. A ce moment, les Fritz nous accueillent par un tir
d'artillerie effroyable. C'est à ce moment qu'un de mes garçons, qui est à côté
de moi, me dit "ils se rendent, chef, mais ils commencent par rendre leurs
munitions".>>
Et les civils dans tout cela ? Les tirs de mortiers allemands s'abattent sur
Mulhouse, surtout sur les casernes mais les civils ne sont pas à l'abri. Le
couvre-feu est en vigueur de 19h à 6h du matin. Depuis quelques jours, les
sirènes avertissent les Mulhousiens dès que les obus tombent sur la ville.
A Lutterbach, des centaines de personnes sont terrées dans les caves de la
brasserie et du pensionnat. Au nord de la poche de Colmar, à Sélestat, les
habitants vivent dans la terreur de voir les Allemands revenir.
Bref, le moral de la population est fragile. Les militaires, eux, sont fatigués
de quatre mois de campagne ininterrompue. Le temps est pourri et, pour tout
arranger, Himmler vient, en personne, prendre le commandement des troupes
allemandes opérant dans la poche de Colmar.
7 décembre 1944. Libération de Sarreguemines.
7 décembre 1944.
Il n'est pas bon d'habiter à proximité de Pont-d'Aspach en ce début de mois de
décembre 44. C'est ce que doivent se dire les habitants de Scheighouse. Ainsi
hier 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, patron du village, un bombardement
s'est abattu sur les habitations de la commune. Il cesse, aujourd'hui, en
matinée: il n'est pas loin de 10h.
Les habitants se terrent dans les caves. Mais il faut tout de même donner à
manger au bétail: Les hommes sortent au péril de leur vie.
JALOUSIE ENTRE GÉNÉRAUX ?
Certains, mieux informés que d'autres ou plus optimistes, confient à leurs
proches: <<C'est aujourd'hui que la 1er Armée française donne l'assaut final>>.
L'assaut , Peut-être. Final ? Rien n'est moins sûr. Leclerc se présente à
Monsabert. Il propose son plan: percer en direction de Marckolsheim et de
Neuf-Brisach mais il lui d'une division d'infanterie. Monsabert refuse: Certes,
de Lattre a ordonné de mettre à la disposition de Leclerc et de la 2e DB, l'une
des meilleurs unités d'infanterie de la 1er armée française, le premier régiment
de chasseurs parachutistes (1er RCP), mais évidemment, cela ne fait pas une
division. Pour le reste, Monsabert, appliquant les consignes de De Lattre, va
prendre Colmar par l'ouest.
Jalousie entre généraux: Leclerc a eu Strasbourg, de Lattre veut Colmar ,
En attendant, Bédouard arrive, enfin, à lancer son offensive. Il lance le 8e
régiment de tirailleurs marocains (8e RTM) et le 3e régiment de spahis marocains
(3e RSM) sur Thann; Bitswiller est pris. Plus au sud, le 5e régiment des
tirailleurs marocains (5eRTM) passe la Doller à Pont-d'Aspach, mais n'arrive pas
à progresser en raison d'une forte opposition allemande.
Les Américains ne restent pas inactif. Ils s'avancent jusqu'au centre de
Mittelwihr, mais sont finalement repoussés. La 36e division d'infanterie US, en
revanche, remporte quelques succès dans la vignoble près de Sigolsheim.
Mais en face, l'ennemi se renforce. Depuis 48 heures, des renforts arrivent par
les ponts de Neuf-Brisach et de Chalampé. Pas moins de trois bataillons sont
affectés aux combats dans la vignoble. Himmler obtient des moyens
supplémentaires importants en hommes et en armement.
La résistance se durcit partout. La censure militaire française qui tient à ne
pas affoler la population, propose aux lecteurs de <<L'Alsace>> des lectures
réconfortantes: <<Leclerc est à dix kilomètres de Colmar. Rapidement, toute
résistance allemande s'effondre dans les Vosges>>, ect.
La 1er armée se sent obligée de publier une communication officielle sur l'état
du front, le 4 décembre, c'est-à-dire il y a trois jours.
Dans la Bas-Rhin, les troupes américaines poursuivent difficilement leur
progression. La 45e division d'infanterie US qui a pris Ingwiller le 5, bute
depuis sur les défenses allemandes à Mertzwiller. Le long du Rhin, la 79e
division d'infanterie américaine prend Gambsheim et se dirige vers Haguenau.
D'une manière générale, la 7e armée US a devant elle un adversaire fort
affaibli. Du 15 au 30 novembre, la 1er armée allemande a perdu plus de 17 000
hommes dont 4000 tués.
Cependant, les 14 000 hommes qui lui reste, semble fermement décidés à se battre
au corps à corps si nécessaire dans leurs abris bétonnés des lignes Maginot et
Siegfried.
Quand à la population civile, son sort est de plus en plus dramatique.
A Mulhouse, un réfugié, Maurice Koehler, qui est revenu au pays note: << La
présence de l'ennemi aux portes même de la ville n'est naturellement pas sans
justifier parfois certaines inquiétudes quand à un retour possible des Allemands
dont on ne saurait imaginer les conséquences... Ajoutons à cela un temps
exécrable, une boue affreuse dans de nombreuses rues défoncées, un manque total
de gaz et depuis huit jours d'électricité. Les petites réserves de bougies et de
pétrole s'épuisant rapidement, ce sont, après 5 h du soir, dans les maisons
comme en ville, d'épaisses et pénibles ténèbres. pendant deux jours, l'eau
elle-m^me a manqué>>.
8 décembre 1944 MITTELWIHR EN FLAMMES
Parce que, à vrai dire, les positions semblent figées sur différents fronts.
Tout au plus, note t'on que le 4e régiment de tirailleurs marocain (RTM)
s'engage sur Willer alors que, la veille, c'est le 8e RTM qui a atteind les
quartiers nord-ouest de Thann. Voilà pour le 1er corps d'armée commandé par
Bétouart.
Pour le 2e corps d'armée (Monsabert), dont de Lattre attend tout, en tous les
cas trop, la situation est stationnaire. L'on se bat pourtant, et durement, dans
le vignoble haut-rhinois. Les civils tentent de se réfugiés dans les caves. A
Sigolsheim, le maire, Charles Raees, blessé, conduit à Colmar, meurt ce jour.
Les contres attaques allemandes fusent: renforcées par trois nouveaux
bataillons, les troupes allemandes reprennent les positions qu'avait réussi à
occuper l'infanterie US après des combats acharnés. Les mortiers américains
pilonnent Bennwihr. Un duel de chars se déroule à l'entrée de Mittelwihr.
Des patrouilles alliées pénètrent dans la partie nord de Sigolsheim et occupent
le couvent.
Mitterwihr est en flammes en fin de journée.
Kientzheim est libéré mais le prix est lourd: 54 blessées, deux lieutenants
tués; le 1er régiment de chasseurs d'Afrique (1er RCA) perd le dixième de ses
effectifs, la légion la moitié. Mais il y a cent prisonniers allemands dont cinq
officiers.
Les français récupèrent un important matériel dont 33 bazookas !
A Ammerschwihr, le déluge de feu a commencé.
Là-haut dans le nord du Bas-Rhin, les troupes US continuent leur méthodique
progression: Mertzwiller qui a résisté pendant trois jours, vient de tomber au
nord-est de Hageunau qui est également libéré.
La libération de l'Alsace semble là en train de s'achever
9 décembre 1944.
De part et d'autre, la grande affaire, c'est la poche de Colmar (des alliés) et
de la t^te de pont en Alsace (des Allemands). Il ne faut pas attendre de cette
journée du 9 décembre des modifications importantes dans le tracé du front.
Car l'on est revenu, bon gré mal gré, à une conception de la guerre qui
s'apparente plus à celle de 14-18 qu'à celle préconisée par les grands
théoriciens des charges de blindés. Les alliés grignotent, les Allemands
répliquent: ainsi on prend et on perd Mittelwihr qui ressemble de plus en plus à
un amas de ruines.
Ce relatif immobilisme a des raisons: le temps exécrable y est sans aucun doute
pour quelque chose. Mais il y a aussi l'état des troupes.
PAS ASSEZ DE VOLONTAIRES FFI.
La 1er armée française a certes récupéré la 2e DB et la 36e division
d'infanterie US (36eDUIS) mais l'on sait que de Lattre et Lecrelc ne s'entendent
pas. En revanche, elle a perdu la 1er DFL (division française libre) composée
d'éléments expérimentés: Légion étrangère et coloniaux. La 1er DFL se
reconstitue à Vesoul; elle a tout de même perdu en deux mois 381 tués, 1748
blessés et 44 disparus.
De Lattre doit donc tenir un front qui compte quelque cent kilomètres de plus
depuis le 1er décembre. Or la 1er armée n'a pas connu de repos depuis quatre
mois. Plus grave: son matériel n'a pas été renouvelé. Les craintes de Leclerc
s'expliquent également par ceci: les Américains, naturellement, se servent
d'abord.
De plus, les pertes subie au cours des mois écoulés ne sont pas compensées, ni
en quantité, ni en qualité, par le recrutement de volontaires FFI. Ces derniers
sont dotés d'équipements hétéroclites et généralement insuffisant. De plus, ils
manquent d'expérience en matière de guerre conventionnelle.
En face, avec les renforts rameutés par Himmler, l'ennemi compte maintenant neuf
divisions et deux brigades de Panthers. L'armement allemand est souvent
supérieur au matériel américain en particulier pour ce qui concerne les blindés.
Les position de défense allemande sont solidement établies; leurs lignes de
communication resserrées alors que les alliés sont obligés de contourner par les
Vosges pour coordonner les deux volets du dispositif.
La XIXe armée allemande, qui dépend maintenant d'un groupe d'armée <<Oberrhein>>
(Haut-Rhin), est doté d'un <<personnel d'une qualité moyenne>> (selon les
normes allemande) <<manquant d'instruction>> mais <<doté d'un bon
moral>>.
LES LEÇONS DE HIMMLER
Le principal handicap de l'armée allemande dans ce secteur réside dans
l'ambiance exécrable régnant au commandement. Himmler, chargé personnellement
par Hitler de la direction du corps d'armée <<Oberrheim>>, fait preuve d'une
incompétence doublée de pratique de suspicion. Face à des généraux qui ont tout
de même cinq ans d'expérience, il prétend explique comment il faut faire
campagne. Après chaque combat, il ordonne des enquêtes comme si, de haut en bas
de la hiérarchie de la XIXe armée, l'ensemble des officiers étaient des lâches
ou des saboteurs. Seul l'officier national-socialiste (NSFO) du groupe d'armée
jouit de son entière confiance et voit ses pouvoir augmentés. Le général Wiese,
professionnel confirmé, auquel de Lattre a rendu hommage, n'attend qu'une seule
chose; être relevé de son commandement. Il le sera dès le 16 décembre.
Pour l'heure, l'on se bat dans le vignoble, autour de Thann, dans les Vosges.
Rien de bien décisif.
Mulhouse continu à vivre l'existence d'une ville du front. Sélestat tente de
s'organiser malgré la canonnade.
Là-haut dans le nord du Bas-Rhin, les américains poursuivent leur avance.
Bientôt, la frontière allemande !
Mais il est vrai que leur problématique est bien différente de celle des
Français ou des Allemands: pour les Français, il s'agit de reconquérir l'Alsace
arrachée pour la deuxième fois à la suite d'une défaite; pour les Allemands, de
défendre la première terre du Reich, menacée à l'ouest.
Pour les Américains, l'Alsace est un front secondaire dont la rupture ne permet
pas de frapper directement au cœur de l'Allemagne nazie..
10 décembre 1944.le 7ème corps américain (appartenant à la 1ère armée américaine) lance une attaque dirigée sur Duren, à l’ouest d’Aachen. Au sud, la 3ème armée américaine continue de défendre ses têtes de pont sur la rivière Saar.
10 décembre 1944.-
Au sud, Thann a été libéré par le 8e régiment de tirailleurs marocains et le
Combat Command 6 (groupement tactique de la 5e division blindée). Roderen
également. La centrale hydroélectrique de Kembs est récupérée par le 6e régiment
d'infanterie coloniale. Les combats se sont poursuivis dans le vignoble. Ce
dimanche, autour de Colmar, les forces allemandes ont réquisitionné les civils à
la messe ou au culte pour travailler aux terrassements et aux fossés anti-chars
Une contre-attaque allemande baptisée Habicht (épervier) viserait à réoccuper
les premiers sommets vosgiens et à prendre en tenaille les divisions
d'infanterie américaines.
Au nord, les troupes américaines, qui ont percé les défenses de Metzwiller il y
a quelques jours, ont libéré Bischwiller.
11 décembre 1944.
Au nord de Strasbourg, la progression de la VIIe armée américaine ne rencontre
guère d'obstacles. Haguenau, après dix sept jours de bombardements, est libéré
aujourd'hui par la 79e division d'infanterie US. Les troupes américaines vont
entrer maintenant dans l'outre-Forêt, viser Climbach, Soultz-sous-Forêts,
Wissembourg et Lauterbourg, se rabattre sur la ligne Siegfried après avoir
investi la ligne Maginot. Et le Bas-Rhin sera libéré.
Pour l'heure, toutes les unités US ont une seule consigne: foncer vers le nord,
direction l'Allemagne. Tout semble désormais simple, facile, évident..;
OBJECTIF CERNAY
Aucun de ces qualificatifs ne s'applique à la situation haut-rhinoise où les
forces alliées ont en face d'elles un ennemi farouchement déterminé à défendre
sa tête de pont en Alsace, la poche de Colmar qui hante les nuits du général de
Lattre.
Au sud-est de la poche, rien de bien notable si ce n'est que la zone entre le
canal de Huningue et le Rhin est aujourd'hui entièrement nettoyée par la 9e
division d'infanterie coloniale (9DIC).
Au sud-ouest, le général Bouthouart qui commande le premier corps d'armée de la
1er armée française veut prendre Cernay. La manœuvre du jour s'appuie sur un
double mouvement: l'un venant de l'ouest avec notamment le Combat Command 6 (de
la 5e division blindée, une fois de plus <<saucissonnée>>), l'autre du sud avec
le Combat Command 3 (CC 3 de la 1re DB).
Sur le terrain, l'offensive se traduit par des avancées successives: le (RAC de
la 5e DB) est à Leimbach en matinée. Il traverse les bois en direction d'Aspach-le-Haut
et d'Asparch-le-Bas. Un détachement, qui tente de passer par Michelbach, est
stoppé par la destruction du pont.
A 14 h 45, le 6e RAC est à Aspach-le-Haut. Une heure après ses chars entrent
dans le village, démolissent les nids de mitrailleuses et font une vingtaine de
prisonniers.
Non loin de là, à Schweighouse, l'on se doute bien qu'il va se passer quelque
chose. Le jour de la Saint-Nicolas, l'artillerie française, basée à
Bourbach-le-Bas, a bombardé le village afin de préparer un assaut qui n'est
finalement pas venu. Bilan: six vaches blessées qui ont terminé leur existence
terrestre dans les marmites.
Aujourd'hui, c'est après le déjeuner que les tirs reprennent. Les villageois
descendent dans leurs caves. Vers 16 h, arrêt des bombardements. Le silence
s'installe, pesant, lourd de menaces. Subitement, il doit être 17 h 30 environ
et la nuit commence à tomber, les rues du village s'animent: les soldats
français trempés, font leur entrée dans Schweighouse après avoir traversé la
Doller, avec de l'eau jusqu'à la ceinture.
RIEN NE SE FAIT
Au nord et à l'ouest de la poche Monsabert a révisé les ambitions du 2e corps
d'armée à la baisse. La 2e DB devra se borner à fixer l'ennemi qui lui fait
face, <<en lançant des attaques méthodiques et successives sur les villages
tenus par l'ennemi>>.
La division Leclerc est priée, ce faisant et par ailleurs, d'aider la 36e
division d'infanterie US à percer l'axe Kaysersberg, Andolsheim afin de
permettre le débordement de Colmar par l'est. Le Combat Command 4 (5e DB)
bouclera l'encerclement de Colmar en avançant sur un axe Hachimette, Trois-Epis,
Turckheim, Herrlisheim.
Rien de tout cela ne sa fait. En effet, les contre-attaques allemandes fusent:
sur le front de Sigolsheim (à l'ouest), au nord de Rhinau (à l'est),où des
troupes allemandes tentent de passer le Rhin d'Allemagne en Alsace.
Ce sont les prémices de l'opération Habicht. A Wintzenheim, au poste de
commandement de la 189e division d'infanterie allemande, le commandant en chef
(le général Wiese est encore là) et les chefs de corps des divisions mettent la
dernière main au plan d'attaque et aux préparatifs. Il y a là le fameux colonel
Zorn, celui même qui a infligé le 3 décembre un véritable désastre aux troupes
françaises à Pont-du-Bouc.
Une tension certaine règne au PC: Himmler, qui se mêle de tout dans les moindres
détails, sera présent demain, début de l'opération Habicht.
11 décembre 1944. La 7ème armée américaine entre à Haguenau en Alsace et avance au sud-est de Rohrbach. Les Allemands lancent des contre-attaques sur les têtes de pont de la 3ème armée américaine de la rivière Saar, elles sont toutes repoussées.
11 décembre 1944. Libération de Aspach - le - Bas et de Schweighouse
12 décembre 1944. La 1ème armée américaine bataille en direction de Duren, à travers la forêt Hurtgen. La 3ème armée américaine met en place une autre traversée près de la frontière allemande à l’est de la rivière Saar. Au sud, en Alsace, la 7ème armée américaine combat à Seltz.
12 décembre 1944.
La tragédie et le doute.
Cela s'est passé hier au Hohneck. Celui-ci avait été prit dans la nuit du 3 au 4
décembre par un détachement du régiment de FFI de France-Comté rattaché à la 3e
division d'infanterie algérienne (3e DIA) . Passablement éprouvé, froid et neige
font des ravages, il est relevé par la 1re compagnie du 4e régiment de
tirailleurs tunisiens '4e RTT).
Ceux-ci, retranchés dans l'hôtel qui se trouve au sommet du Hohneck, ont fait
l'objet d'une violente attaque au lance flamme et au Panzerfaust le 8.
Trois jours après, nouvelle attaque plus violente encore: il y a un mètre de
neige, les tirailleurs tunisiens, sans ravitaillement, sans service de santé, se
battent avec l'énergie du désespoir, sans même la possibilité d'un contact
radio, jusqu'à la dernière cartouche. On essaie de les dégager: c'est
impossible. Aujourd'hui, le Hohneck est à nouveau aux mains des Allemands.
SANS SKIS, SANS CAGOULE
Dans les Vosges, les troupes qui tiennent les lignes de crête et les fonds de
vallées redoublent de vigilance. Ainsi le corps franc Pommiès, qui a en charge
le secteur de Kruth, connaît-il les affres d'un hiver d'une rigueur extrême:
<<patrouilles de nuit toujours dans la neige, sans skis, la plupart du temps
sans cagoule; des tirs de mines, d'artillerie, de mortier... Les hommes sont en
ligne dans de mauvais abris, ils sont mal habillés et sourtout mal chaussés, il
fait très froid, la couche de neige augmente chaque jour>> (journal du 1er
bataillon du CFP - corp franc Pommiès)
Plus bas, dans le vignoble, la situation ne s'améliore pas. l'opération Habicht
lancée par la XIXe armée allemande vise à couper aux Alliés la seule voie
d'accès aux renforts venant des Vosges. C'est la 36e division d'infanterie US
qui est particulièrement visée: l'offensive allemande doit la prendre en
tenaille.
Himmler est au PC de Wintzenheim; il y passe la journée. Ses rapports avec les
officiers allemands qui, eux sont de véritables professionnels, continuent à se
dégrader.
Au soir, ordre est donne d'envoyer tous les officiers d'état-major sur le
terrain afin d'évaluer la situation. Consigne: faire parvenir un rapport toutes
les deux heures. Bilan mitigé de l'opération Habicht: sur le flanc est, le
Kampfgruppe Braun composé de deux bataillon de jeunesses hitlériennes (moyenne
d'age 18 ans) n'a pu entrer dans Mittelwihr. Le bataillon qui a investi
Beblenheim est coupé de gros de la troupe par des Sherman américains.
Sur le flanc ouest, le Kampfgruppe du major Reimer (deux batteries, aspirant et
officier d'active plus cinq cent aviateur peu entraînés) est arrivé jusqu'aux
premières maisons de Riquewihr mais n'a pu emporter la décision. Au centre, le
Kampfgruppe du colonel Ayrer (mille hommes bien entraînés dont de nombreux
sous-officiers, venus de Hesse via la gare de Colmar) manque de matériel de
transmission et d'armement lourd. D'ailleurs, Ayrer est tué à la tête de ses
soldats.
Himmler donne l'ordre de remettre cela demain. De Lattre, dans une instrution
secrète (IPS N°6), se résigne à mettre en chantier un plan minimum: sortir de la
montagne (trop meurtière), border l'ILL, libérer Cernay (enfin) et Colmar.
13 décembre 1944.
- La contre-attaque Habicht (épervier) lancée par Himmler a pris de plein fouet
la 36e division d'infanterie américaine. Sur le mont de Sigolsheim, les combats
ont été très violents. Mittelwihr a été de nouveau sous le feu. Une partie de la
population a été évacuée vers Ribeauvillé et ses alentours.
Une offensive de la 2e division blindée, ordonnée par le général Monsabert, se
heurte à forte résistance près de Witternheim. Le bataillon de chasseurs
parachutistes qui accompagnait le groupe de Guillebon a perdu, pour prendre le
village, 33 hommes et a eu 147 blessés. 12 décembre 1944 le 2e régiment
de spahis algériens de reconnaissance a pris le col du Bonhomme.Et 2e régiment
de spahis algériens de reconnaissance libère le village du Bonhomme.
Au nord de l'Alsace, les troupes américaines sont entrées dans Hatten.
13 décembre 1944.
La présence du Reichsfürer Himmler (investi de tous les pouvoirs par Hitler) au
PC de la XIXe armée allemande, pèse lourdement sur le déroulement de l'opération
<<Habicht>>. Le 64e corps d'armée s'est vu ordonner de prendre, dans la nuit du
12 au 13, Mittelwihr et les hauteurs de Sigolsheim.
UN MORAL EXTRAORDINAIRE
A 5h ce matin, tout repart. Les routes d'Aubure et de Sainte-Marie-aux-Mines
sont coupées. Une violente attaque, la plus dangereuse depuis le début des
opérations, a échoué la veille sur Sélestat mais l'insécurité règne: <<on ne
voit pas d'Américains. Les drapeaux français disparaissent en ville. Les FFI
retirent leurs brassards.>> L'anxiété gagne les communes voisines et, à
Sélestat, il n'est plus possible d'enterrer les morts, note Jules Pfister.
Dans le vignoble, à Mittelwihr, la population est évacuée sous un véritable
déluge de feu vers Beblenheim, Riquewihr puis Ribeauvillé. L'on se bat avec
acharnement sur le mont de Sigolsheim entre Allemands et 36e division
d'infanterie US dont les régiments font preuve d'un moral extraordinaire malgré
la perte d'une batterie d'artillerie et d'un dépôt de munitions (que l'ennemi
fait sauter).
En fin de journée, Ribeauvillé est préservé d'un retour des Allemands mais
ceux-ci, Himmler oblige, sont décidés à poursuivre l'offensive.
Mais il est dit que chaque journée désormais apporte aux alliés sa part de
tragédie. Celle-ci se déroule au nord de la poche de Colmar à Witternheim, à
quelque douze kilomètres au sud d'Erstein, PC de Leclerc. Justement, le patron
de la 2e DB n'est pas là.
Le groupement qui a lancé un emprunt, lui a demandé, compte tenu de sa grande
popularité auprès des Français, de venir parler à la radio, à Paris, en faveur
de l'emprunt, naturellement.
Malgré son absence, le 2e corps d'armée commandé par Monsabert, suivant une
directive de De Lattre, donne l'ordre d'attaquer à le 2e DB. Le GTV (groupe
tactique, terme français pour Combat Command) commandé par le colonel de
Guillebon et le 1er bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er
BCP) sous les ordres du chef de bataillon Jacques Faure, au cours de leur
offensive, se heurtent à une unité allemande intacte entre Witternheim et
Bindernheim.
Selon les sources différentes: <<Les parachutistes, concentrés dans un petit
bois, subissent passivement le feu et éprouvent de lourdes pertes>>; ou: <<privés
de soutien blindé, les parachutistes réussissent à reprendre le village au prix
de très lourdes pertes.>>
Quoi qu'il en soit, le résultat est le même: cette unité d'élite perd 33 tués,
147 blessés, soit 35% de ses effectifs. Résultat: les bataillon Faure sont
enlevés sans explication à la 2e DB. L'antagonisme De Lattre - Leclerc se
durcit.
D'ailleurs, M. Dietheim, ministre de la Guerre, en est bien conscient. Ce même
13 décembre, il écrit au général US Devers, commandant le 6e groupe d'armée US
(dont relève la 1re armée française) pour lui demander de détacher le 2e DB de
la 1re armée et de continuer à la faire prendre en charge logistique ment par
les américains.
Leclerc, lui aussi, a écrit à Jacob Devers qui lui a répondu.
Monsabert enregistre, quand à lui, un succès à l'ouest de la poche de Colmar:
hier, le 3e régiment de spahis algériens de reconnaissance (3e RSAR), venu du
nord, a pris le col du Bonhomme et fait la jonction avec le 2e RSAR, parti de
Fraize, plus à l'ouest dans les Vosges.
48 HEURES POUR SE REFAIRE
Pour le 1er corps d'armée, rien ne va plus. La veille, le Combat Command 3 (CC3
- 1re DB) a échoué devant Saint-André à Cernay, le CC6 (5e DB) devant
Vieux-Thann. Les tirailleurs marocains des 4e et 8e RTM subissent de violentes
contre-attaques. Bétouart ne peut que constater l'évidence: il n'a pas
suffisamment d'infanterie, ses artilleurs manquent de munitions. Il demande à de
Lattre l'autorisation de se mettre en position défensive. De Lattre accepte: le
1er corps d'armée a quarante-huit heures pour se refaire une santé.
A Hatten, petit village du Bas-Rhin, situé à une dizaine de kilomètres du Rhin
et une quinzaine de la frontière nord, une habitante, Lina Rinckel, note sur son
journal: <<Aujourd'hui, les premières troupes américaines sont entrées dans
Hatten qu'elle traversent dans un grand déploiement d'hommes, de matériel et de
blindés. Hatten n'en subit aucun dommage... A nouveau, nous respirons, espérant
que la guerre est définitivement terminée pour nous.>>
13 décembre 1944. La 1ème armée américaine réalise peu de progrès lors d’une nouvelle offensive à 35 kilomètres au sud de Duren. Les forces alliées s’emparent du fort Jeanne d’Arc, le dernier bastion allemand de Metz. La 7ème armée américaine rencontre des blindés allemands aux environs de Metz en Alsace, près de la frontière allemande.
13 décembre 1944. Mothern d'abord libéré par les américains fut repris par les Allemands qui avait lancé en janvier 1945 l'opération Nordwind. Le ralentissement de l’avancée américaine permit aux Allemands de se ressaisir et même d’organiser une contre offensive appelée " Opération Nordwind " et dans bien des villages, on eut la surprise désagréable de voir revenir les Allemands qu’on croyait chassés à jamais. La nouvelle occupation Allemande durera 10 semaines, le village de Mothern sera libéré une deuxième fois le 19 mars 1945.
13 décembre 1944.
Mothern d'abord libéré par les américains fut repris par les Allemands qui avait
lancé en janvier 1945 l'opération Nordwind. Le ralentissement de l’avancée
américaine permit aux Allemands de se ressaisir et même d’organiser une contre
offensive appelée " Opération Nordwind " et dans bien des villages, on eut la
surprise désagréable de voir revenir les Allemands qu’on croyait chassés à
jamais. La nouvelle occupation Allemande durera 10 semaines, le village de
Mothern sera libéré une deuxième fois le 19 mars 1945.
Dans la capitale de l'Alsace, il n'est cependant pas question de repos. Au nord
de la ville, La Wantzenau est inoccupée mais le Fort Ney qui sépare le village
de Strasbourg est rempli de troupes ennemies, essentiellement des services de
l'armée allemande qui s'est repliée au-delà du Rhin.
Encore tout rempli de joie d'avoir participé à la libération du nord de
l'Alsace, je reçois la mission de me rendre à La Wantzenau pour dégager le Fort
Ney. Pour cela, je dispose d'un peloton de chars, d'un escadron de FFI porté sur
camions et d'un civil alsacien, précieux interprète. Nous arrivons au village
vers minuit. Les habitants sont dans l'émoi. A l'aube du 26 novembre, a lieu un
échange de messages avec le Fort Ney. Le général Vaterrodt, d'abord très sûr de
lui, accepte finalement une reddition totale. Le colonel de Langlade qui
commande notre GTL me rejoint à La Wantzenau. Ensemble, nous partons vers le
Fort, escorté de deux chars et d'un peloton de FFI. Nous constaterons qu'il y
avait environ 600 hommes repliés dans le Fort.
Revenu à Strasbourg, je prends la fonction d'officier de renseignement du
régiment. Nous partons sans délai vers le Sud. A Meistratzheim (à l'est
d'Obernai), les chars ont dû se déployer et attaquer pour conquérir ce gros
village. Après Valff et Zellwiller, il fallut à nouveau attaquer pour
neutraliser les Allemands qui tenaient Sermersheim. Sélestat sera libéré avant
Noël car nous y arriverons le 21 décembre.
Cependant, dans le nord, le front américain recule. Nous partons en Lorraine, à
Postroff, puis à Oermingen, au sud de Sarreguemines. Le 18 janvier 1945, mon
régiment est rappelé vers Strasbourg. Revenu à Furdenheim, puis à
Mittelhausbergen, c'est vers Kilstett que mon régiment doit être engagé. Envoyé
en reconnaissance dans la soirée du 21 janvier, je passe à La Wantzenau. La
population est inquiète; elle est sans défense – Kilstett est occupé par un
bataillon FFI et menacé d'encerclement par des chars.
C'est la seconde fois que je me trouve dans ce village à un moment critique.
Heureusement, les chars du 12ème Chasseurs d'Afrique, appuyés de notre
artillerie dégageront les FFI de Kilstett. En détruisant plusieurs blindés, ils
neutraliseront l'avance allemande qui avait encerclé le village. Finalement,
l'ensemble de la poussée ennemie au nord de l'Alsace est totalement bloquée et
l'armée allemande, obligée de se replier.
Nous sommes alors engagés en appui de la 1ère Armée française commandée par le
général de Lattre. Celui-ci va tenter de refouler l'ennemi au-delà du Rhin, du
sud de Strasbourg à la Suisse. Nous stationnons d'abord à Duttlenheim pour
remettre les chars en état et nous préparer à l'offensive. Le 3 février 1945,
nous sommes à Mackenheim, le 6, nous atteignons Oberssasheim près du Rhin à 20
km au sud est de Colmar et nous obligeons notre adversaire à se replier en
Allemagne. Enfin, nous arriverons à notre dernière étape: Fessenheim.
Après la libération totale de la France, la 2ème DB est placée en réserve de
l'armée américaine. Mon régiment stationnera à Thionville, en Meurthe et Moselle
à 13 km à l'est de Badonviller, où je resterai du 16 au 26 février 1945..."
Général Robert d'Alançon.
14 décembre 1944. Les forces allemandes lancent une contre-attaque contre la 1ère armée française à Colmar en Alsace, ils s’emparent d’une zone dominant la route principale Mulhouse-Belfort, à 40 kilomètres au sud-ouest de Mulhouse. Pendant ce temps, la 3ème armée américaine continue d’avancer à l’est de Sarreguemines alors que la 9ème armée américaine atteint la rive de la rivière Roer.Jeudi 14 décembre, au sud de la poche de Colmar, le 1er corps d'armée de la 1re armée français, faut de munitions d'artillerie et en raison de l'équipement des troupes, est condamné à l'inaction. Au nord et surtout à l'ouest, Monsabert change ses plans: il attaquera en direction de Colmar dès demain. La bataille d'Orbey est imminente. Dans le vignoble, échec de l'opération Habicht. Ammerschwihr, Bennwihr, le mont de Sigolsheim sont le théâtre d'affrontements meurtriers. Les Américains font 830 prisonniers.
LES MENACES DE HIMMLER
Quand aux Allemands, l'on peut supposer que l'insuccès reconnu de l'opération <<Habicht>>
les a quelque peu douchés.
Dans ce dernier cas, c'est compter sans la pugnacité de Himmler, toujours
physiquement présent dans la poche de Colmar, et qui stimule les cadres de la
XIXe armée en les menaçant.
En réalité, personne ne reste inactif et tout se passe comme si l'on tentait de
terminer tant bien que mal des opérations engagées depuis plusieurs jours.
Ainsi, les troupes américaines, blindés et infanterie, pénètrent une fois encore
aujourd'hui dans Mittelwihr, complètement dévasté, mais elles sont une fois
encore repoussées.
Les pertes sont élevées de part et d'autre, mais les Américains se battent, bien
qu'exténués, avec succès. En deux jours, la 36e division d'infanterie US fait
quelque 830 prisonniers. Pour elle, le temps de la relève est proche.
Toujours dans le vignoble, à Bennwihr (qui a changé plusieurs fois de main ces
derniers jours et qui vient de subir la première attaque aérienne américaine),
la panique règne dans la population civile restée au village; celui-ci est pris
sous le feu de l'infanterie US et livré aux pillages des unités SS.
L'intervention des avions américains est consécutive à une demande pressante du
général de Lattre qui a demandé un fort appui aérien US ainsi que l'annulation
du départ de la 1re DB pour les poches de l'Atlantique.
Le mont de Sigolsheim continu à être le champ d'affrontements sanglants entre
Américains et Allemands. Il mérite bien son surnom de <<Blutberg>>. Le major
Hollermaier, <<kampfkommandant West>> s'y fait tuer. Le dispositif allemand
semble là s'effriter.
Partout, les combats se déroulent dans de vastes étendues de ruines. L'on s'y
bat pour pouvoir avancer d'un mètre. Une maison effondrée devient un fortin ou
un abri. Dans le vignoble, c'est Ammerschwihr qui est le plus à plaindre.
Pilonné depuis dix jours par l'artillerie US, le village est aux deux tiers
détruits? Le feu ravage des quartiers entiers. La récolte 1944 est détruite;
elle se montait à 40 000 hectolitres.
De plus Ammerschwihr sert de base arrière aux soldats allemands pendant
l'opération Habicht.
Dans les Vosges, la bataille d'Orbey est imminente. De part et d'autre, l'on for
bit ses armes. Faire sauter le verrou d'Orbey, c'est s'ouvrir la route vers
Kaysersberg et vers Colmar.
Le 2e corps d'armée lance trois groupements dans cette affaire: à l'est, le
Combat Command 4 (5e DB) de Schlesser, avec le 5e RTA (régiment de tirailleurs
algérien) comme infanterie, attaquera les Trois-Epis en passant par Labaroche; à
l'ouest, le 3e sphahis, une partie de 2e spahis, le 1er groupe de tabors
marocain et les FFI jurassiens du groupement Pator, le tout sous le commandement
du colonel Bonjour, vont tourner sur une trajectoire très montagneuse lac Blanc,
lac Noir, col de Bermont en direction d'Orbey.
Simultanément, le 2e corps d'armée va rompre le dispositif allemand au
nord-ouest de Colmar: la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) effectura
un parcourt en arc de cercle Wintzenheim - Herrlisheim - Sundhoffen à Horbourg.
De Sundhoffen à Horbourg, il n'y a que cinq kilomètres.
Voilà qui devrait permettre de liquider enfin (?) l'épineux problème de la poche
de Colmar.
Tout là-haut dans le nord du Bas-Rhin, la progression des troupes US semble
irrésistible: Wissembourg et Lauterbourg, donc la ligne Siegfried et
l'Allemagne, sont à portées de main.
15 décembre 1944. La 7ème armée américaine entre en Allemagne, le long de la frontière Palatinat, en Alsace entre Wissembourg et Lauterbourg. La 1ère armée française se regroupe après avoir été stoppée par les forces allemandes.
15 décembre 1944.
L'échec de l'opération Habitch (épervier) irrite Himmler, qui commande toujours
les opérations directement depuis Colmar. Il entend galvaniser la XIXe armée
allemande, qui a été renforcée. Dès avant son remplacement, le général Wiese
avait prévenu ses hommes : « Le courrier, les permissions, noël, tout cela
reviendra lorsque l'issue de la bataille aura été décidée et que l'ennemi sera
battu. Ce qui ne reviendra pas, c'est la chance que nous offre l'hiver ».
En face, le général de Monsabert, commandant le 2e corps d'armée, a lancé son
opération en direction d'Orbey, depuis le col du Bonhomme. L'offensive est dure,
mais, en soirée, les hommes du 4e régiment de tirailleurs tunisiens sont dans la
commune;
15 décembre 1944.UNE
<<ALLOCATION>> INSUFFISANTE
Au sud de la poche de Colmar, le 1er corps de la 1re armée française limite ses
ambitions à fixer l'ennemi sur place. Bétouart est dans l'incapacité matérielle
de lancer une attaque. C'est que <<l'allocation>> en munitions est de trente
coups par pièce d'artillerie et par jour. Or entre le 7 et le 14 décembre, le
1er CA en a tiré en moyenne quarante-trois. Autrement dit, il ne dispose plus,
avec une réserve de quelques centaines de coups, de quoi déclencher une attaque.
Cette impossibilité fait naturellement l'affaire des Allemands qui prélèvent des
unités au sud de la poche pour les transférer au nord et plus particulièrement
dans le secteur de Sigolsheim.
On comprend d'autant mieux les réticences de Leclerc et de sa 2e DB à relever de
la 1re armée française aux chiches approvisionnements comparativement à
l'opulence américaine.
15-16 décembre 1944. Libération de Orbey après de durs combats. Mais les Allemands s’accrochent sur les hauteurs des Huttes et de Tannach, libérées seulement début février 1945.
16 décembre 1944.
Les alliés sont aux portes de l'Allemagne. Hitler, devant l'imminence du danger,
lance une vaste contre-offensive. Le 1er janvier vit le début de l'opération
Nordwind, opération destinée à soulager les troupes allemandes engagées dans les
Ardennes, et aussi à reconquérir l'Alsace, et surtout Strasbourg, libérée depuis
le 23 novembre 1944.
Devant la violence de l'attaque, les Américains cèdent du terrain. A Hatten, ils
se retranchent dans le village et dans les casemates de la Ligne Maginot. La
bataille fera rage, à partir du 8 janvier, mettant en oeuvre de part et d'autre
artillerie, blindés et fantassins.
La casemate Esch est alors au centre d'âpres combats. Les Américains doivent
l'abandonner, sous la pression adverse. Puis les Allemands en feront un poste
d'observation et de commandement, et un poste de secours pour blessés. Les
Américains la prennent violemment sous leur feu, la façade arrière et les
cloches sont labourées de projectiles et d'obus.
Lors d'une contre-attaque, plusieurs chars américains prennent pour cible la
chambre de tir sud. Leurs obus entament fortement le surplomb de la dalle, où il
manquera plus d'un mètre de béton.
La bataille de Hatten-Rittershoffen sera très meurtrière. Près de 3000 soldats
allemands et américains périront. Le 21 janvier, les Américains décrochent et
sont refoulés par les Allemands jusqu'à Haguenau, avant que ceux-ci ne soient
refoulés à leur tour. Ces durs combats occasionneront beaucoup de pertes
humaines chez les habitants de Hatten où 83 personnes civiles laisseront leur
vie. Après la guerre, Hatten sera déclaré "village martyr".
15-16 décembre 1944. Orbey est libérée après de durs combats. Mais les Allemands s’accrochent sur les hauteurs des Huttes et de Tannach, libérées seulement début février 1945.
17 décembre 1944. Libération de Kientzheim.
17 décembre 1944.
- Kaysersberg a été libéré au matin par les troupes américaines (3e division
d'infanterie avec un régiment de la 36e DI), au prix de véritables combats de
rue. Le général de Monsabert a envoyé dans la zone le Combat Command 5
(groupement tactique blindé) qui a tenté de prendre Sigolsheim et Ammerschwihr,
sans succès jusqu'ici, mais a libéré Kientzheim.
L'opération « Wacht am Rhein » lancée par la Wehrmacht dans les Ardennes belges
a obligé la VIIe armée américaine (qui est en Basse-Alsace et dans l'Outre-Forêt)
à monter précipitamment vers le nord. Elle doit donc s'étirer sur près de cent
cinquante kilomètres entre Saint-Avold et Plobsheim. Une note de l'état-major
allemand précise la future contre-offensive « Nordwind », dont l'objectif serait
de reprendre Saverne puis toute l'Alsace, à partir du 31 décembre. Les troupes
allemandes commencent à se réorganiser dans ce but.
18 décembre 1944. Libération de Kaysersberg (photo prise à Kaysersberg)
18 décembre 1944. Libération de Ammerschwihr.par la 1ère armée française est maintenant à 6 Km de Colmar.
18 décembre 1944.
Le général américain Devers répond à de Lattre, qui lui avait demandé deux
divisions d'infanterie de renfort, que ses troupes ne doivent pas être plus
« épuisées » que d'autres, et qu'il doit, « avec les forces dont il dispose »,
repousser les Allemands au Rhin avant le 1er janvier 45. Il accepte de faire
relayer la 36e division d'infanterie par le 3e DI.
Craignant des parachutages à l'arrière, de Lattre a envoyé la 2e division
d'infanterie vers Belfort. Les combats se sont poursuivis dans le vignoble:
Ammerschwihr, en ruines, est repris.
Le 18 décembre 1944.
Le "Capitaine Goutierre" (Chevalier de la Légion d'Honneur) Remarquable
commandant de compagnie, digne des plus belle traditions de la Légion. Peut être
cité en modèle pour le combat en liaison avec les chars. A permis par son action
personnelle une parfaite coordination dans l'opération difficile de la prise d'Ammerschwir
de nuit. Par les judicieuses dispositions prises, a assuré le nettoyage du
village, et le maintien de l'intégrité du point d'appui, malgré une
contre-attaque et de violents tirs d'artillerie et de minen. A détruit un char
et fait 40 prisonniers."
Le capitaine Goutierre fut fait citoyen d'honneur d'Ammerschwir.
19 décembre 1944.
La contre-offensive allemande dans les Ardennes a commencé à avoir des effets en
Alsace. La IIIe armée américaine a du progresser vers le nord, laissant à la
VIIe armée le soin d'élargir son aile gauche. Son aile droite, le 6e corps du
général Devers, qui est en Alsace, tiendra-t-elle en cas de contre-attaque?
Un mois tout juste après l'entrée des troupes alliées en Alsace, la situation
reste périlleuse. Les troupes allemandes tiennent toujours la poche de Colmar
sur les flancs de laquelle les combats sont rudes et ont terriblement éprouvé
villes et villages, notamment dans le vignoble. La Iere armée française, qui
manque de munitions d'artillerie, est contrainte à une guerre d'usure. Une
partie du nord de l'Alsace n'a pas encore vu les alliés.
Le 20 décembre 1944.
enfin, les Allemands ordonnent l'évacuation de la population civile de leur
secteur vers Colmar. Le 25 décembre les Américains font de même. Lorsque enfin
la "Poche de Colmar" est réduite et l'Alsace définitivement libérée, que
reste-t-il d'Ostheim? UN AMAS DE RUINES, DES PANS DE MURS CALCINES, DES CLOCHERS
EVENTRES...
OSTHEIM fut détruit à 98%, 553 bâtiments, dont 165 maisons d'habitations sont
détruites à 100%, 27 immeubles sont sinistrés à 75%, 103 sont à moitié et 70 à
25%; la Mairie, les deux églises, une école, un moulin, deux scieries, une
fromagerie industrielle et le domaine de Schoppenwihr ne sont pas compris dans
ce triste tableau. 16 entreprsies commerciales et artisanales ne sont que
ruines, 6 entreprises sont détruites à 50%. Nos agriculteurs ont perdu 150
chevaux, 400 bovins, 270 porcs, 3500 à 4000 volailles, 90% de l'outillage et des
installations agricoles, 2000 arbres fruitiers sont déracinés ou touchés à mort,
la récolte de 1944 détruite, celle de 1945 insignifiante, par suite du minage de
80% de notre banlieue.
Enfin des pertes cruelles parmi la population sone venus s'ajouter au malheur de
nos sinistrés pour rendre leur sort plus tragique encore: les combats de la
Libération nous ont valu: 12 morts et 15 blessés civils.
Sur le Nid de Cigognes, construit, il y a de nombreuses années, sur le pignon de
la maison Ostermann - ancien Relais de la Poste aux Chevaux - avait défié la
tourmente. Mais quand au mois de mars suivant, les cigognes revenues sur leur
ancien nid se mirent à couver, le mur, déjà, n'était plus une ruine. Il était
devenu "symbole de vie".
Actuellement notre commune est complètement reconstruite et avec son Nid de
Cigognes, surmontant le Monument aux Morts des guerres 1914/18 et 1939/45, ses
deux églises, catholique et protestante, reconstruites dans un style moderne,
sur les bords de la Fecht, ses parterres fleuris, son caractère propre, coquet
et avenant, elle constitue un point d'attraction dans toute la région et bien au
delà, surtout depuis que la construction de la nouvelle déviation à fait d'OSTHEIM
un village paisible, où il fait bon séjourner.
20 décembre 1944.
Le retrait d'une division blindé, la 21e Panzer Division, au nord de l'Alsace,
pourrait donner à réfléchir sur les projets allemands. De fait, alors que la
contre-offensive de von Rundstedt commence à porter des fruits dans les Ardennes
belges, se prépare l'opération Nordwind qui lui est associée. A Zweibrücken
(Palatinat) se regroupent de nombreuses unités pour la préparer.
Sur les fronts alsaciens, la situation est bloquée. Les combats dans les Vosges
et dans le vignoble se sont poursuivis. Les Alliés sont coincés à huit
kilomètres de Colmar, qui a été bombardé, et où les autorités allemandes ont
réquisitionné tous les appareils radio;
22 décembre 1944.
Le général de Lattre s'est rendu depuis Montbéliard à Phalsbourg, au poste de
commandement (PC) de son supérieur, le général américain Devers, pour lui
demander à pouvoir marquer une pause de quelques jours. Une nouvelle offensive
est prévue par les deux hommes pour le 5 janvier. Dans ces conditions, le
général Devers attribue à la Iere armée trois groupes supplémentaires
d'artillerie, mais lui refuse les deux divisions d'infanterie qu'elle réclamait.
L'animosité entre de Lattre et Leclerc, qui irrite les Américains, est
clairement évoquée.
Les DNA publient un appel aux volontaires pour rejoindre les rangs de la
Brigade Alsace-Lorraine, qui est stationnée au sud de Strasbourg.
28 décembre 1944. Troisième libération de Sigolsheim, mais cette fois
c'est la bonne !!!
28 décembre 1944. Bennwihr, le jour de notre troisième libération, tous se calma. On voyait des soldats américains au bas du couvent dans la maison de M. BERNHARDT Paul. Dans la cave du couvent se trouvait encore un groupe de soldats SS bien armés. Le Père Ernest leur conseille de se rendre : « rendez-vous, ça n’a pas de sens de continuer ! » Ils ne voulaient pas. Le Père Ernest prit un tissu blanc qu’il noua à un bâton pour aller rejoindre les Américains. Il leur présenta la situation et eut pour réponse : « faites les descendre ! » Il demanda que quelqu’un l’accompagne. Un seul homme, un infirmier l’escorta et sans armes. Au couvent, un groupe attendait le résultat de cette démarche. Le Père Ernest leur expliquait ce qui ce passe et, sans attendre, M. GROELL Yves alla à l’escalier qui mène à la cave où se trouvaient les Allemands et il cria : « Jetez les armes ! les Américains sont là ! rendez-vous ! » Tous les Allemands sortirent de la cave les mains en l’air et virent avec étonnement le Père Ernest avec un seul soldat, américain. Le groupe se dirigea silencieusement vers les Américains qui étaient au bas pour se constituer prisonnier. Pendant tout le temps que dure les négociations, un homme se tenait devant le couvent, au milieu du chemin, avec à la main un bâton au bout duquel il avait noué un caleçon blanc. Cet homme était M. Joseph ZEHRFUSS-GILGENKRANTZ.
29 décembre 1944.
La 2e division blindée du général Leclerc, dont le PC est actuellement à
Erstein, s'apprête à quitter l'Alsace. Direction : la région de Sarre-Union, où
elle doit épauler la VIIe armée américaine. La 1ere division française libre
(1ere DFL), qui avait été entre temps envoyée à Royan, relaiera la 2e DB.
Les rumeurs de repli américain, face à la prochaine contre-offensive allemande
Nordwind, sont maintenant sur la place publique. L'angoisse est perceptible en
plaine d'Alsace. Une réunion franco-helvétique à Porrentruy a mis au point
l'éventuelle mise à l'abri de tous les enfants et adolescents du sud du
Haut-Rhin en Suisse proche à partir du 3 janvier.
La VIIe armée américaine a observé deux fortes concentrations de troupes
allemandes : dans la région de Sarrebrück et de part et d'autre du Rhin, y
compris dans la poche de Colmar.
30 décembre 1944.
Des appareils allemands ont bombardé Soultz-sous-Forêts et Surbourg, faisant
plusieurs morts et blessés, sans riposte de la défense contre-aérienne (DCA).
Le général de Gaulle est très inquiet de l'éventuel repli des alliés en Alsace :
il fait dire au général de Lattre (Iere armée) et au général américain Devers
(6e groupe d'armées) que « quoi qu'il pût arriver, Strasbourg devait être
défendu ». De Lattre, à son PC de Montbéliard, convoque le général Guillaume,
qui commande sa 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA). Il lui demande de
défendre Strasbourg.
Le juriste Marcel Prélot, qui a enseigné à Strasbourg de 1929 à 1939, a pris son
poste de recteur d'Académie en Alsace.
31 décembre 1944.
C'est à 23 heures qu'a commencé la contre-attaque allemande Nordwind, par une
attaque d'infanterie entre Bitche et Sarreguemines. L'opération, qui a pour
objectif d'éliminer la VIIe armée américaine, et, éventuellement, de reprendre
Strasbourg, a été préparée en quelques jours sur ordre de Hitler lui-même.
Mgr Charles Ruch, évêque de Strasbourg, a présidé en l'église catholique
Saint-Pierre-le-Jeune un office en mémoire du général Frère, gouverneur
militaire de Strasbourg mort au Struthof, et de tous les morts alsaciens de
cette 2e guerre mondiale. Les premiers éléments de la 2e division blindée ont
quitté hier soir Erstein, sans pouvoir réveillonner.
31 décembre 1944,
à 23 heures, commençait une importante contre-offensive allemande au Nord de
l'Alsace. L'opération « Nordwind », avec son cortège de souffrances, allait
faire un temps reculer les Alliés. Sur cette page méconnue, entretien avec
l'historienne Lise M. Pommois.
L'opération Nordwind est une initiative de Hitler lui-même ?
La bataille des Ardennes commence le 16 décembre. Après un succès initial dû à
l'effet de surprise, la donne change : les Alliés amènent des renforts, dont la
IIIe armée de Patton jusqu'alors en Moselle, et la météo permet le retour de
l'aviation alliée.
Hitler conçoit alors l'opération Nordwind en tenant compte de l'ambition de
Himmler, commandant en chef du nouveau groupe d'armées Oberrhein. Ce n'est que
le 28 décembre qu'il informe ses généraux : ils ont trois jours pour se
préparer. Von Rundstedt, qui commandait les forces sur le front Ouest,
désapprouvait autant Nordwind que l'offensive des Ardennes.
Où les Allemands trouvent-ils les troupes « fraîches » pour cette
contre-offensive ?
Elles n'étaient pas fraîches, à l'exception de la 6e division SS de montagne
Nord, venue de Finlande et qui n'est arrivée qu'au début janvier. La 17e
Panzerdivision ne comptait que 2200 hommes, au lieu de 12 000 ! La 21e PD
n'avait que 3 000 hommes, la 36e VGD, 2400. Les munitions manquaient pour
l'artillerie qui était tirée par des chevaux. Mais en tout, ce sont quand même
41 000 hommes qui ont été engagés dans Nordwind, dont deux divisions de SS.
En face, que restait-il ?
Les Américains souffraient d'une faiblesse comparable, en matériel et en hommes.
Comme la VIIe armée avait relayé la IIIe en Moselle, elle avait dû se replier du
Palatinat et adopter des positions défensives, laissant un no man's land au sud
de Bitche. L'Alsace du Nord était défendue par les 45e et 79e divisions
d'infanterie et la 14e division blindée. La 79e DI combattait depuis le 14 juin,
la 45e depuis le débarquement en Sicile en 1943... Le long du Rhin, les
Américains avaient placé des Task Forces, des régiments inexpérimentés envoyés
dans un secteur « tranquille » pour achever leur instruction. Hitler était au
courant.
Reprendre l'initiative... et reprendre
Strasbourg
Quel est l'objectif de Nordwind ?
D'abord, détruire la VIIe armée américaine en l'encerclant. Ensuite reprendre
l'initiative, principe de Hitler, pour pouvoir négocier. Enfin, reprendre
Strasbourg pour marquer une symbolique victoire morale et affaiblir le
gouvernement de de Gaulle.
Comment se déroulent les opérations ?
L'offensive commence dans la nuit du 31. L'attaque principale en Moselle échoue.
Par contre, le front s'effondre au sud de Bitche. Un moment, il est question que
les Alliés abandonnent l'Alsace. Les Allemands portent alors leur effort sur les
Vosges du Nord ; ils sont à Philippsbourg le 2, à Wingen-sur-Moder le 4.
Mais les Américains reprennent Philippsbourg le 5 et Wingen le 7. L'attaque est
alors transférée au sud de Wissembourg, d'abord contenue par la 79e DI, elle
glisse ensuite, le 9, vers Hatten et Rittershoffen, tenus par une Task Force.
Entre-temps, le 5, 800 Allemands envahissent le secteur
Offendorf-Herrlisheim-Gambsheim : l'état-major américain pense à une simple
patrouille. Trois opérations franco-américaines, dont deux avec la 3e division
d'infanterie algérienne, entre le 5 et le 20 janvier, ne peuvent réduire cette
tête de pont. La méconnaissance de la situation cause de lourdes pertes à la 12e
DBUS : 1 250 victimes et 70 véhicules détruits ou capturés.
Pour les civils, c'est l'horreur ?
Tout à fait. A Hatten et Rittershoffen, où se déroule aussi une véritable
bataille de chars, les civils sont dans les caves du 9 au 20, souvent mêlés aux
soldats. Les Allemands utilisent les lance-flammes. On y a dénombré 114 victimes
civiles.
A Herrlisheim, les civils, plus chanceux, ont été évacués outre-Rhin. Dans toute
la zone, des civils tentent de fuir. Et se heurtent, sur les routes, aux convois
américains qui montent vers le front. Et tout cela, avec le froid, la neige, la
glace.
La Moder comme ligne de front
Quand la situation se retourne-t-elle ?
Autour du 20 janvier, Eisenhower, pressé de préparer sa grande offensive de
printemps sur l'Allemagne, ordonne la réduction de la poche de Colmar. La VIIe
armée opère alors un repli stratégique sur la Moder en abandonnant les hauteurs
de Reipertswiller et le saillant de Hatten. Mais Norwind n'est pas terminé pour
autant : les 21 et 25 janvier les Allemands essaient de reprendre Kilstett, les
24-25 la menace pèse sur Haguenau où beaucoup de civils se sont réfugiés. On se
bat à Kaltenhouse, Schweighouse, dans la forêt d'Ohlungen et à Schillersdorf.
Le soir du 25, Hitler reconnaît l'échec et termine Nordwind. Il faut dire que,
depuis le 12, s'accélérait l'offensive soviétique pour laquelle il avait besoin
de ses troupes les meilleures. La Moder sert de ligne de front jusqu'au 15 mars.
Destructions massives
Les forces allemandes réoccupent donc une partie de l'Alsace...
En effet, et avec eux la Gestapo, qui mène son épuration, et reçoit des
dénonciations. Les civils sont très éprouvés et manquent de tout. Ici, les
soldats contribuent à les nourrir, là, ils pillent ce qui reste. Les
destructions sont massives.
Au total, Nordwind ne fut pas tout à fait un échec allemand ?
C'est difficile à analyser. Nordwind a prolongé la bataille des Ardennes en
fixant les Alliés en Alsace. Cela a aussi retardé la libération de la poche de
Colmar. Mais elle a en revanche empêché des divisions allemandes de se porter
sur le front russe. Côté américain, Nordwind a été méconnu, en raison d'une
rivalité de chefs, et injustement lié pour l'histoire à la bataille des
Ardennes. Mais ce fut la dernière offensive de Hitler sur le front ouest et
l'enjeu devait être considérable pour s'accrocher ainsi à de pauvres villages.
<< La journée n’a pas été mauvaise >>
Dans son message de Noël, le général Rasp, commandant de la XIXe armée allemande, avait dit à ses soldats << Le courrier, les permissions de Noël, tout cela reviendra lorsque l’ issue de la bataille aura été décidée et que l’ ennemi sera battu. Ce qui ne reviendra pas, c’est la chance que nous offre l’ hiver… En conséquence, vous et moi avons tous la même devise, soyons attentifs, concentrons notre volonté, combattons car qui gagnera cet hiver, gagnera la guerre.
Ces phrases, le commandant de la 159e Grenadier Division le major général Burky, en son PC installé dans le coquet village de Wattwiller, voit de lourds flocons de neige tomber, serrés et innombrables, sur la plaine. Car depuis le matin, les nouvelles les plus catastrophiques lui parviennent.
Pourtant, à son lever, rien que des information rassurantes et puis, subitement, alors que la vieille pendule alsacienne de sa chambre marque 7 h 15, un roulement sourd lui signal qu’il a tort d’ être rassuré, que sa patrouille de la veille au soir, comme les précédentes, s’ est trompée. Le front - des contrefort des Vosges à Mulhouse – s’ est brusquement réveillé.
Que s’ est-il passé en face ? Béthouart a complètement ré articulé son 1er corps d’armée. La 4e divisions marocaine de montagne (4e DMM) a pris la place de la 2e division d’infanterie marocaine (2e DIM) sur les hauteurs immédiatement au nord et à l’ ouest de Thann.
La 2e DIM, elle, s ‘est déplacée et resserrée dans la plaine face à la trouée de Cernay. La 9e division d’ infanterie coloniale (9e DIC), qui prolonge le front jusqu’à Mulhouse, a été renforcée par des unités nouvellement reconstituées : le 152e et le 2e bataillon de chasseurs (BCP).
Derrière les trois divisions d’ infanterie, la 1re DB a regroupé l ‘ensemble de ses chars.
Le jour J à 7 h 55, l’ infanterie part à l’ attaque. A ce moment là, il ne neige plus ou… pas encore. Tout est blanc : paysage, chars recouverts d’ une couche de peinture, hommes (pas toujours : l’armée française est loin d être riche quand à ses équipements).
<< La surprise est telle que les Allemand n’ ont même pas le temps de réagir >> C’est vrai dans ce secteur, ce n’ est pas le cas dans bien d’ autres endroits.
Le front du 1re corps d’ armée couvre 80 km ; les fronts d’ attaques 22 km dont 13 pour l’ attaque dite de rupture et 9 pour l’ action de couverture de la 9e division d’ infanterie coloniale.
Là, en tous cas, tout commence par aller très vite : le 5e régiment de tirailleurs marocain (5e RTM) fait sauter tous les points, de résistance le long de la lisière de la forêt du Nonnenbruch et avance dans le bois. Le 4e RTM enlève le ferme du Lutzelhof et l’ asile de Saint-André atteint le route Thann-Mulhouse. Il n ‘est plus qu’ à un kilomètre de l’ entrée sud de Cernay. L’ on peut entrevoir une exploitation rapide, la Thur franchie, Carnay tourné, la route de Colmar enfin ouverte.
A la gauche (à l’ est) du dispositif, le 1re RTM suivi du 1re régiment de tirailleurs algérien (1re RTA) connaît d’ entrée des difficultés pires encore sur les << pentes abruptes qui domines Thann au nord-est >>.
Les tirailleurs sont censés prendre le Herrenstubenkopf et attiendre ensuite Uffholz et Wattwiller. << Très vite, les difficultés s’ avèrent inouïes. Le pire tient à l’ épaisseur de la neige qui dépasse un mètre et sur laquelle les <<minen>> tombent dru. Pas un mulet ne réussit à suivre, beaucoup roulent dans les ravins. Pour la véhicules, il n ‘en est pas question. L’ évacuation des blessés ne peut s’ effectuer qu’ en les faisant glisser le long des pentes qui ressemblent bientôt à des toboggans sanglants.>>(De Lattre)
Les résultats sont plus probants dans le secteur tenu par la 9e dont l’ infanterie est commandée par le général Salan. Coup de main sur la Doller au petit matin, combats acharnés toute la journée. A 17 heures, Pfastatt est conquis par le bataillon Allain , un peu plus tard, Lutterbach par le bataillon de Loisy.
Après de violents combats de rues, le commandant Lacheroy (6e régiment d’ infanterie coloniale) libère Bourtzwiller avec le premier bataillon ; le 2e – avec le commandant Daboval – enlève Illzach ; fonce sur Kingersheim, entre dans la cité minière : il est 18 h 30.
De Lattre : << Allons ! malgré quelques déceptions, la journée n’ a pas été mauvaise. >>
Janvier 1945
1 janvier 1945. Eisenhower
ordonne d'accélérer le repli des troupes alliées en Alsace. De Gaulle lui fait
immédiatement part de son désaccord: "Le gouvernement français ne peut laisser
tomber Strasbourg aux mains de l'ennemi".
Développement de l'offensive "Nordwind"". La 1re division française libre relève
la 2e DB en Alsace. Son dispositif de défense apparaît d'entrée comme
particulièrement fragile.
1er janvier 1945. Hitler déclenche l'opération Vent du Nord. Celle-ci consiste en une offensive nocturne contre les positions alliées sur un front de 75 Km, entre Sarrebrück et Strasbourg. Celle-ci est conduite par la Ière armée du général Hans Von Obstelfeder et a pour but d'exploiter la faiblesse du VIe groupe d'armées américain causée par le repli de certaines de ses forces dans les Ardennes, plus au nord. Strasbourg est de nouveau menacée par les troupes allemandes.
1er et 2 janvier 1945. Le repli
américain a commencé devant la contre-attaque allemande Nordwind. Il doit
s'opérer en trois étapes : la ligne Maginot le 2, la Moder le 3, le pied des
Vosges le 4 janvier. L'état-major de la VIIe armée américaine a quitté Saverne
pour Lunéville.
Sur le terrain les troupes allemandes bombardent Wissembourg et attaquent vers
Wingen-sur-Moder. La 2e division blindée, qui partait vers la Lorraine, a
combattu la 17e SS Panzergrenadier division à Gros-Réderching (Moselle). A
Strasbourg, on parle d'évacuation d'autant plus que les troupes américaines ont
commencé à démonter leurs installations : dès l'après midi du 2, des centaines
de civils partent vers les Vosges, notamment la Haute-Bruche. Le général
Schwartz et les commandants des Forces françaises de l'Intérieur (FFI) Marceau
(Martial Kibler) et François (Georges Kiefer) refusent l'idée de quitter la
ville.
2 janvier 1945. La 1e DFL, après
un retour rapide de Jonzac, se trouve en ligne sur quarante kilomètres entre
Sélestat et Plobsheim, pour conserver la capitale alsacienne en exécution des
ordres du général de Gaulle. Les mesures prises se traduisent sur le terrain par
l'extension du secteur de la Division jusqu'à Ostheim, à 12 km. au sud de
Sélestat.Du sud au nord, le dispositif est le suivant : 1e Brigade sur l'Ill,
tient Sélestat. Ensuite la 2e Brigade prolonge la défense jusqu'à Ebersmunster;
un Groupement 8e RCA. avec le 3/13 est installé à Kogenheim où il fait la
liaison avec la 4e Brigade que renforce la Brigade Alsace-Lorraine. Cette
Brigade occupe le terrain entre l'Ill et le canal latéral du Rhin sur des
avant-postes que l'on n'a pas voulu céder à l'ennemi.
DE GAULLE ÉCRIT
Eisenhower n'a encore rédigé la lettre de confirmation aux unités concernées que
déjà, De Gaulle, lui, prend la plume pour exprimer son désaccord au commandant
en chef US: <<Le gouvernement français, quand à lui, ne peut évidemment laisser
tomber Strasbourg aux mais de l'ennemi sans faire tout ce qui lui est possible
pour la défendre. >>
De Gaulle donne, le même jour, ordre à de Lattre de défendre Strasbourg avec ses
seules forces si l'allié américain se retire. En réalité, de Gaulle comme de
Lattre savent que les troupes US sont déjà en train de se replier. De Lattre et
la 1re armée française sont également concernés par les directives d'Eisenhower;
mais nul, dans le camp français, n'est décidé à suivre le mouvement: moment,
rare, d' unanimité franco - française.
D'ailleurs, de Lattre a déjà confié au général Guillaume le soin de défendre
coûte que coûte et <<d'y faire>>, si besoin est <<Stalingrad>>.
Désormais , lettres, télégrammes et messages portés vont s' enchevêtrer à tous
les niveaux de décision: c'est que l'heure est grave, les nouvelles qui
parviennent du nord de l'Alsace sont très préoccupantes.
Et entre le moment où un ordre est donné et celui où il est exécuté, le temps
écoulé est fort variable.
Quoi qu'il en soit, après avoir écrit, de Gaulle envoie deux télégrammes: l'un à
Roosevelt, l'autre à Churchill. Il exprime son entier désaccord; cela ne va pas
favoriser sa participation éventuelle à la conférence de Yalta, main enfin...
Sur le terrain, l'attaque allemande se développe, comme prévu, dans le secteur
de Bitche. Les obus allemands s'abattent sur Wissembourg. Plus à l'ouest, la 2e
DB bloque la 17e SS Panzergrenadier Divison à Gros - Réderching en Moselle (qui
a été abandonné la veille en catastrophe par les Américains).
Plus au sud, la 1re division française libre (DFL) entre en Alsace par le col de
Schirmeck; elle vient de relever la 2e DB sur un front de 40 kilomètres, de
Plobsheim à Sélestat.
Sur 20 kilomètres, elle doit tenir la rive du Rhin: celui-ci constitue une
protection efficace contre les chars mais permet des infiltrations ennemies;
d'autant plus que les abords, forêt et marécages, sont difficiles à surveiller.
AUCUN OBSTACLE NATUREL
Ensuite, le front à tenir traverse dans presque toute sa largeur la plaine
d'Alsace de Rhinau à Ebersheim, perpendiculairement à l'ILL et au canal de Rhône
au Rhin. On peut rêver mieux comme positions défensives. Ajoutons qu'entre
Sélestat au sud et Ebersheim, il n'y a aucun obstacle naturel sur lequel
s'appuyer.
Surtout, la 1re DFL n'est pas... une division blindée; elle n'en a donc ni la
puissance de feu ni la mobilité et la ligne de front qu'il lui faut tenir lui
est simplement imposée par les circonstances. C'est là que s'est arrêtée la
progression de la 2e DB, tout simplement.
Les considérations strictement tactiques dicteraient un raccourcissement du
front de quelques 10 kilomètres mais cela aboutirait à abandonner, sans coup
férir, une dizaine de villages alsaciens qui ont accueilli dans la joie les
troupes de libération.
De Lattre a donc ordonné de maintenir la ligne de front suivante: Plobsheim -
Krafft, Gerstheim, Obenheim, Boofzheim, le long du Rhin, puis Herbsheim et
Rossfeld entre le canal et l'ILL, Kogenheim, Ebersmunster et Ebersheim, Sélestat
enfin.
Un dispositif dont chacun sait la fragilité.
3 janvier 1945. Le sort de
Strasbourg et d'une partie de l'Alsace s'est joué à Versailles : de Gaulle, Juin
et surtout Churchill ont réussi à convaincre Eisenhower de ne pas abandonner
Strasbourg. Ce dernier a modifié ses ordres et accepté que la Ire armée soit
chargée de la défense de la ville, dont le Premier ministre anglais a plaidé la
valeur symbolique dans le cœur des Français.
Sur le terrain, les Forces françaises de l'Intérieur (FFI), qui sont un petit
millier, appuyées par les gardes mobiles au nord et la brigade Alsace-Lorraine
au sud, s'apprêtaient à défendre seuls Strasbourg. Des milliers de civils ont
quitté la ville par un froid glacial.
Les autorités préfectorales et militaires, qui préparaient l'évacuation par
rail, ont finalement été prévenues dans l'après-midi de la suspension du repli
prévu. Par voitures à haut-parleurs, elles ont tenté de rassurer les
Strasbourgeois et d'interrompre ce nouvel exode.
La contre-offensive Nordwind avance dans les Vosges du Nord. A Colmar, le
journal le Kurier, imprimé au pays de Bade, publie une déclaration du Gauleiter
Wagner, assurant : « Le Reich revient ».
13h:TOUT EST POSSIBLE
La poussé par les bords de l'ILL vers Ensisheim, quelques gains péniblement
acquis dans la forêt domaniale de Colmar par la 75e division d'infanterie US.
Au pied des Vosges, la progression est plus satisfaisante. Peu avant midi, le
112e régiment d'infanterie US (112e RIUS qui appartient à une division d'élite,
la 28e DIUS) descend d'Ammerschwihr ou de ce qu'il en reste, entre dans
Turckheim, bloque la vallée de la Fecht, nettoie la petite poche d'Ingersheim.
Dans le même mouvement, le Combat Command 4 (5eDB) tient Obermorschihr et
atteint Sainte-Croix-en-Plaine.
Mais c'est au sud de la poche de Colmar que les alliés engrangent les meilleurs
résultats. Dopé par l'annonce de la prise de Colmar, le 1er corps d'armée
commandé par Béthouart remporte partout des succès significatifs. La 2e division
d'infanterie marocaine (2e DIM) atteint Wittelsheim et la sité de la Gare,
progresse vers la cité Rossalment et Pulversheim.
Bons résultats également pour le 9e division d'infanterie coloniale (9e DIC): le
23 RIC et un escadron du Combat Command 3 (1re DB) atteignent la route de
Wittelsheim à Ensisheim centre. De son coté, le Combat Command 1 (1re DB), parti
de la cité Sainte-Barbe n'est plus qu'à deux kilomètres, près de la cité
Sainte-Thérèse.
Peu avant 13h, en possession de l'ensemble de ces information, de Lattre pense
pouvoir réaliser, aujourd'hui encore, la jonction nord-sud sur un axe
Sainte-Croix-en Plaine, Ensisheim. Il envoie, par radio, ses instructions aux
commandants d'armée et précise: <<Sitôt cette jonction faite, assurer solidement
verrouillage débouchés Vosges et entamer vigoureusement débordement Hart et
deuxième jonction sur direction Ensisheim, Neuf-Brisach.>>
Vers 16h, le général Billotte, qui commande la 10e division d'infanterie sur le
front des Vosges centrales, annonce un début de décrochage dans son secteur.
Désormais, il va falloir essayer de couper la retraite des éléments ennemis
situés à l'ouest de l'ILL.
Répondant à l'insistance de général de Lattre, le 1er corps d'armée améliore ses
gains de la matinée. A 17h, les troupes françaises bordent la Thur de
Wittelsheim à Rossalment. Pulversheim est enlevé de même que la cité.
C'est plus dur devant Ensisheim, à la cité Sainte-Thérèse. Ce n'est qu'aux
alentours de 22h que les <<Coloniaux>> de la 9e DIC atteignent l'ILL, mais les
Allemands ont fait sauter le pont. et l'ILL est en crue... De leurs côté, les
Allemands se préoccupent surtout d'empêcher leurs unités à l'ouest de l'ILL
d'être coupées du gros de la poche. Mais s'ils installent aujourd'hui leur PC
avancé à Fessenheim, donc à onze kilomètres de Neuf-Brisach, cela signifie
qu'ils renoncent aux ponts de Brisach pour acheminer à l'est du Rhin troupes en
retraite et matériel. Ce sera donc Chalampé.
Le nord oublié
Qui, à l'annonce, hier, de la libération de Colmar, a pensé un seul instant au
front du nord de l'Alsace ? à Haguenau dont les quartiers nord sont toujours aux
mains des Allemands ? Pourtant la guerre continue dans cette partie de l'Alsace
où, à part la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) du général Guillaume,
tout l'effort de reconquête est pris en charge par des unités US.
Il faut liquider définitivement la poche de Gambsheim: combats acharnés à
Oberhoffen à dix kilomètres au sud-est de Haguenau. Demain, l'on tentera de
prendre Herrlisheim et Rohwiller.
De leur côté, les parachutistes de la 101e Airborne Division fêtent la réussite
de leur opération <<Oscar>>: un raid en direction de Neubourg et de Schweighouse.
En quelques heures, les parachutistes de MacAuliffe font trente-sept prisonniers
dont deux officiers, infligent des pertes sévères à l'ennemi<<plus que toute la
VIIe armée US n'en fera en deux mois!>>.Mais au prix de sept morts, six
disparus, vingt et un blessés.
4 janvier 1945 : Début de
l'avance du groupement d'attaque "Alsace", de Wissembourg sur Hatten et
Rittershoffen. Le 3, les Américains s'étaient dérobés et avaient évité le
contact.
<<Le groupement d'attaque "Alsace" était constitué du 39ème corps d'armée avec :
245ème " Volksgrenadier-Division "
25ème " Panzergrenadier-Division "
21ème " Panzer-Division "
7ème " Fallschirmjäger-Division " >>
5 janvier 1945. Alors que 39e
corps allemand avance vers le sud, la 553e Volksgrenadier-Division traverse le
Rhin, près de Rhinau, et s’arrête de l'autre côté du fleuve pour former une tête
de pont, vers Drusenheim et Gambsheim.
5 janvier 1945. Libération d'Herrlisheim.
Herrlisheim connu des moments sanglants pendant trois jours et trois nuits.
5 janvier 1945. Trois escadrons
du 4ème régiment de la Garde reçoivent pour mission particulière de contenir une
poussée allemande menaçant par l'axe nord la ville de Strasbourg. Ces unités,
conduites par le capitaine Riehl, progressent, en longeant la voie ferrée,
jusqu'au village de Kilstett malgré la pression exercée par 1600 soldats
allemands. Cette opération se déroule sous le feu de l'artillerie ennemie. En
deux heures, les pertes des escadrons s'élèvent à quatre tués, le lieutenant
Cambours et les gardes Bardin, Kemberg et Lannoy, et près d'une quinzaine de
blessés.
Malgré la puissance de feu de l'adversaire, les gardes poursuivent leur effort
en direction des lisières de Bettenhoffen brisant l'élan des troupes allemandes.
En fin d'après-midi les gardes se replient sur Kilstett et y installent un
dispositif défensif pour rejeter une attaque attendue dans la nuit. Toutefois,
les allemands renoncent finalement à leur projet, et à l'aube c'est une
compagnie américaine qui pénètre dans le village. Les sacrifices consentis par
les escadrons du 4ème régiment de la garde ont sauvé Strasbourg d'un retour de
l'occupant. Honorant la gendarmerie, leur action perpétue les traditions
combattantes de l'Institution et offre à tous les personnels un exemple des plus
vertus les plus élevées.
Bien connu des escadrons de gendarmerie mobile du groupement de Strasbourg, et
plus largement ceux de la 7ème Légion de gendarmerie mobile, ce fait d'arme
témoigne de l'engagement des unités de gardes républicains mobiles lors des
combats de la Libération.
La tête de pont allemande près de Gambsheim s'est renforcée :
la 553e VolksGrenadier-Division (VGD) a passé le Rhin est occupe des positions
entre Kilstett et Drusenheim. Une contre-attaque de la Task Force Linden
américaine, appuyée par des Forces françaises de l'Intérieur (FFI), tentant de
rejeter les Allemands outre-Rhin, a échoué. En revanche, l'infanterie américaine
a repris Philippsbourg.
L'ordre du jour de Himmler, qui commande le groupe d'armées Oberrhein en pays de
Bade, a fixé l'objectif que, dans « quelques jours (...) le drapeau à la croix
gammée flotte de nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ». L'inquiétude est
grande dans la capitale alsacienne, où les autorités civiles et militaires
tentent de rassurer la population. Le général Touzet du Vigier, nommé gouverneur
militaire de Strasbourg et commandant de la 10e région militaire, est arrivé à
son poste.
Dans les DNA (dernières nouvelles d'Alsace), un éditorial non-signé, titré «
Protester », rappelle les protestations de Vichy, dès 1940, contre l'annexion de
fait de l'Alsace-Moselle, mais note que « protester est vain quand on ne peut
appuyer sa protestation par la force ».
7 janvier 1945. La 25e Panzergrenadier-Division et la 245e Volkgsgrenadier-Division attaquent Stundwiller et sont ainsi à 4 kilomètres de Hatten.
7 janvier 1945. Il neige. Les
premiers Allemands entrent à Hatten. Le 8 janvier, on passe à des affrontements
plus intenses. L'artillerie entre en jeu. Des chars allemands progressent vers
Hatten, puis Rittershoffen. Les combats s'intensifient et la population se terre
dans les caves. La bataille commence.
Un déluge de feu et de fer va s'abattre sur les deux localités où le front bouge
sans cesse au gré des attaques et des contre-attaques. Des scènes d'horreur se
déroulent lors des combats d'étage à étage, de maison à maison, mais aussi dans
les caves où s'entassent jusqu'à vingt enfants, femmes et vieillards.
7 janvier 1945. L'attaque
allemande se déclenche, Deux colonnes solidement étoffées en chars (Brigade
Feldhernhalle) foncent vers le nord parallèlement au Rhin. La 4e Brigade (de la
13e Demie Brigade de Légion Étrangère)subit le choc, arrête in extremis (BM 21
et Brigade A.L.) les chars de pointe allemands sur l'Ill. Les centres de
résistance d'Obenheim Boofzheim (BM 24) et de Rossfeld Herbsheim (BIMP)
résistent durant trois jours aux assauts allemands. Le BM 24 finit par être
submergé malgré les contre-attaques de la 1e Brigade (BM 11, 8e RCA., 1e RFM).
Le BIMP, un moment renforcé par des éléments des FTA et du 22e BMNA, doit être
relevé. Une opération exécutée avec des blindés du Groupement Mozat de la 5 DB
du 8e RCA et du 1e RFM, et les parachutistes du 1e RCP, permettent de faire
relever le BIMP par le 1/13. Mais le 11, la chute d'Obenheim rend inutile le
maintien de ce bataillon de Légion en avant de la ligne de résistance de l'Ill.
Il exécute donc son repli dans la nuit du 10 au 12.
7 janvier 1945. Les troupes
allemandes ont attaqué les positions de la ligne Maginot qu'occupent les
Américains dans le secteur d'Aschbach, Stundwiller et Ingolsheim. En revanche,
elles ont abandonné Wingen-sur-Moder, que récupèrent les Américains.
La contre-offensive Nordwind a dorénavant évolué. Outre l'attaque au nord et
l'installation de la tête de pont à Gambsheim, qui résiste aux Alliés et
inquiète Strasbourg, une troisième offensive allemande est partie de la poche de
Colmar.
La XIXe armée a en effet attaqué vers le Nord en direction d'Erstein. Cette
opération baptisée Sonnenwende (solstice), animée par la 198e division
d'infanterie, épaulée par la 106e brigade de Panzer, est très préoccupante pour
Strasbourg, protégée au sud par des éléments de la 1ere division française
libre. Le bataillon de marche 21 défend notamment avec succès le pont de Krafft.
Le général de Lattre de Tassigny a fait afficher à Strasbourg un message à la
population lui annonçant que la Iere armée « a désormais la mission de défendre
la cité, chère entre toutes à nos âmes de soldats ».
8 janvier 1945. Les deux
divisions blindées allemandes (21e Panzergrenadier-Division et 25e PGD) prévues
pour l'opération Nordwind, et qu'avaient jusqu'ici retenues les ordres de
Hitler, sont désormais entrées sur le champ de bataille. Leurs premiers groupes
d'assaut, franchissant la ligne Maginot, se dirigent vers Hatten, Rittershoffen
et Hohwiller.
La tête de pont allemande de Gambsheim a essuyé une nouvelle contre-attaque de
la 12e division blindée américaine via Bischwiller et Rohrwiller, mais l'a
repoussée par un barrage d'artillerie.
Au sud de Strasbourg, l'attaque de la XIXe armée allemande venue de la poche de
Colmar se concentre sur Obenheim, où se sont regroupés les maigres moyens de
défense de la 1ere division française libre -notamment le bataillon de marche
24- et la brigade Alsace-Lorraine.
9 janvier 1945. Le 1er bataillon du 315e régiment d'infanterie américain est bloqué à Hatten, en raison de l'avance de la 21e Panzer-Division.
9 janvier 1945. Deux batailles
importantes ont commencé à Hatten-Rittershoffen, où sont arrivées les deux
PanzerDivision prévues pour l'opération Nordwind (25e et 21e), et à Herrlisheim,
dans la tête de pont de Gambsheim. Américains et Allemands s'y affrontent dans
des combats qui affectent durement la population civile, terrée dans les caves.
Au sud de Strasbourg, Obenheim, où étaient encerclés le bataillon de marche 24
et plusieurs commandos de la Brigade Alsace-Lorraine, a été attaqué. Les hommes
de la Brigade se sont dégagés vers Plobsheim. Désormais, les troupes allemandes
ont repris une bonne partie du triangle entre le Rhin et l'Ill, de Sélestat à
Erstein, à l'exception notable d'Obenheim.
10 janvier 1945. Les hommes de la 1e DFL arrêtent de justesse les chars allemands à 25 km au sud de Strasbourg. La lutte est acharnée dans tout le secteur. Le BM 24 est encerclé et anéanti, le 11, dans le village d'Obenheim.
10 janvier 1945. Les combats ont
été rudes dans la région de Hatten et Rittershoffen. Les Allemands ont fait
évacuer quelques heures le village d'Obersteinbach. Une contre-attaque allemande
vers Zinswiller a été bloquée par l'infanterie américaine.
Au nord de Strasbourg, les blindés américains de la 12e division blindée ont
attaqué à Herrlisheim en appui de leur infanterie, mais se sont repliés en
soirée après de lourdes pertes.
Au sud de Strasbourg, le bataillon de marche 24 a été entièrement laminé à
Obenheim, tandis que le bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique a pu
être relayé à Rossfeld et Herbsheim et rejoindre Benfeld.
Les Dernières Nouvelles d'Alsace, qui paraissent toujours sur une simple page
recto-verso, ont publié un reportage sur le camp du Struthof et les premiers
chiffres des malgré-nous, dont le nombre est alors estimé à 150 000.
11 janvier 1945. Les 25e Panzergrenadier-Division et 21e Panzer-Division continuent leurs attaques sur Hatten et Rittershoffen, et occupent les deux tiers de Rittershoffen.
11 janvier 1945. A peine la 1ère DFL est-elle installée sur ses nouvelles positions au sud de Strasbourg que le commandement allemand déclenche l’ opération Sonnenwende en vue de reprendre la capitale alsacienne par le Sud. Elle est conduite par la 198ème DI allemande renforcée par la brigade blindée « Feldernhale », équipée de cinquante chars lourds Tigre et Jagdpanther, qui attaque en tête appuyée par les 305ème et 308ème régiment de Panzergrenadier équipés pour le combat dans le froid et le neige. Elle arrive devant Osthouse tenu par le BM 21 (Cne Oursel) qui défend le pont de l’ Ill, et pousse sur Erstein (15 kilomètres de Strasbourg) dont le pont est détruit. Il en est de même à Kraft dont le BM 21 fait sauter le pont. A Roosfeld et à Herbsheim, les positions tenues par le BIMP (Cne Magendie) sont menacées. Par contre le BM 24 (Cba Coffinier) qui occupe Obenhein, à 7 kilomètres à l’ Est, entre le canal et le Rhin, est encerclé. Toutes les tentatives effectuées les 8 et 9 avec tous les moyens disponibles de le division et le renfort d’ éléments de la 1ère DB en vue de le dégager échouent, le BM 11 (Cne Brisbarre), le BM 5 (Cne Hautefeuille) et le 22ème BMNA (Cba Bertrand) éprouvant des pertes sérieuses et le premier est même menacé à son tour d’ encerclement. Mais les ordres sont formels : pas question de le replier à l’ Ouest de l’ Ill (il est une des clés du dispositif). Attaqué en force par l’ adversaire, il va succomber dans la matinée du 11 vers 11h 00 après deux jours de durs combats. A l’ aube, le lieutenant Vilain, l’ aspirant Cailliau et le caporal Uginet sont les seuls à rejoindre Osthouse sur les 772 gradés et marsouins que comptait le bataillon. Cinq sous-officiers et soldats seront camouflés par les habitants et ne rejoindront les nôtres que le 31 après la seconde libération du village. Les autres sont tués, blessés ou prisonniers. Leur héroïque résistance a toutefois permis de stopper le contre-attaque allemande mais elle a coûté à la division : 99 tués dont 40 officiers, 588 blessés, 400 hommes évacués pour pieds gelés, 50 disparus et 600 prisonniers.
12 janvier 1945. Pluie d'obus sur
Wintzenheim
Le 12 janvier, après une matinée relativement calme, l'artillerie s'était
manifestée plus bruyamment vers le soir. Quelques temps après la tombée de la
nuit, à partir de 18h30, plusieurs obus de gros calibre s'abattirent sur la
localité. Un obus toucha la maison du Dr Kretz située dans la rue Principale
(actuel 47 rue Clemenceau), un autre éclata devant les immeubles Gaudel et
Gspann et les endommagea, deux autres projectiles tombèrent dans l'actuelle rue
de la Victoire, qui, à l'époque avait été dénommée "Wolfsgasse" et n'était qu'un
cul-de-sac avec deux ruelles perpendiculaires au fond, également en impasse. Ces
obus provoquèrent un incendie qui se propagea avec une extrême rapidité car le
quartier était un seul pâté de maisons très anciennes où le bois constituait un
aliment de choix pour le feu. Celui-ci gagna bientôt les immeubles Aloyse
Muller, Louis Dietrich, la grange et l'écurie de M. A. Muller, la maison Jules
Schuller, où avait habité la famille Joseph Jung, et les maisons des familles
Albert Bernhart, veuve Kling et André Zibolt.
Faisant fi du danger, les pompiers, sous le commandement de M. Kleim, se mirent
aussitôt à combattre le feu. Des civils et des militaires se joignirent à eux.
Malheureusement, ils ne disposaient que d'une modeste pompe à main alimentée par
la fontaine publique. Les tuyauteries gelèrent très vite, car neige et froid
glacial sévissaient (-18°). Afin de poursuivre le combat contre le feu, une
chaîne de solidarité humaine se mit en place, qui se passait les seaux d'eau de
main à main. On y vit des femmes, dont les vêtements aussi étaient gelés par
l'eau, et qui pourtant continuèrent stoïquement à aider.
Un quart d'heure à peine s'était écoulé depuis le début de l'opération de
sauvetage quand un nouvel obus éclata au milieu des pompiers, des militaires et
des civils. Ce fut alors un véritable carnage : cinq pompiers, quatre civils et
une dizaine de soldats furent tués sur le coup, un pompier et deux autres civils
devaient succomber à leurs graves blessures dans les jours qui suivirent. Cinq
autres habitants furent grièvement blessés, dont deux restèrent infirmes.
Voici la liste des tués de cette terrible nuit d'épouvante. Pompiers : Zehler
Émile, Joerg Frédéric, Meyer Eugène, Parmentier Paul et Jung Joseph. Civils :
Schuller Jules et son fils Pierre (14 ans), Zibolt Eugène, Riedinger Paul. Le
lendemain matin, les habitants se recueillirent devant les dépouilles alignées
dans la cour du presbytère. Plusieurs blessés avaient été évacués sur Colmar où
de nouveaux décès furent à déplorer dans les jours qui suivirent : Bernhart
Albert, le pompier Muller Joseph, et Mlle Blauler Marie. Avaient également été
blessés : Mme Kling et sa fille Antoinette, Mlle Roth Mariette, Braun Joseph qui
devint aveugle et Mlle Zibolt Lucie qui fut amputée d'un pied.
Un grand calme succéda à l'éclatement de l'obus meurtrier, l'épouvante avait
saisi les survivants. Les pompiers interrompirent leur combat contre les flammes
et pendant quelques minutes on n'entendit plus que le crépitement de l'incendie,
le lointain roulement de la canonnade et les gémissements étouffés des blessés.
Lorsque les sauveteurs se ressaisirent enfin, le froid avait fait geler l'eau
dans les tuyaux et les pompiers durent capituler. Certains y voient la main de
la providence car vers 22 heures, un autre obus éclata au milieu du sinistre.
Mais il n'y avait plus personne dans les alentours.
Le lendemain, alors que l'incendie continuait, d'autres projectiles tombèrent
encore dans le même quartier et en divers endroits de la cité. Et le cauchemar
continua. De ci, de là, les obus semèrent la dévastation, causant d'autres
victimes. Le 17 janvier, M. Jamm fut tué et plusieurs autres personnes blessées.
Le 12 Janvier 1945. Le 1er Escadron (du 7e R.A.C.)relève à NORDHOUSE le 3ème R.S.A.R. il passe sous le commandement du commandant MAUCHE, et a pour mission le barrage de la coulée comprise entre l’ILL et la zone boisée Ouest et Sud-Ouest d’HINDlSHElM.
12 janvier 1945. Les 25e
Panzergrenadier-Division et 21e Panzer-Division continuent leurs attaques sur
Hatten et Rittershoffen, et occupent les deux tiers de Rittershoffen.
A l'appui de violents tirs d'artillerie sur ces deux villages (on pense aux
pauvres civils dans les caves !), les Américains essayent de repousser les
Allemands hors de Hatten et Rittershoffen
12 janvier 1945. Au nord, la 14e
division blindée américaine a repris les trois-quarts de Rittershoffen, mais les
combats se poursuivent, ainsi que dans le secteur du Scharzenberg où une
compagnie du 275e régiment d'infanterie a été laminée. Une offensive allemande
partie du sud de Wissembourg tente de faire la jonction avec la tête de pont de
Gambsheim
Au sud de Strasbourg, après une tentative infructueuse des blindés français de
joindre Herbsheim dans la nuit, les Alliés ont décroché de cette commune et de
Rossfeld à l'aube.
Le 12 janvier 1945. Les batteries
US, installées à l'observatoire des Trois-Epis, avaient canonné la cave à bières
Molly (Wintzenheim) qui abritait le quartier général allemand du secteur*. Tous
les obus ne touchèrent pas leur but, et il y eut une dizaine de morts dans la
population civile, parmi les pompiers et secouristes, sans compter plusieurs
maisons détruites par les tirs.
Odile Bouvier se souvient : ces caves étaient occupées par beaucoup de gens
venant des villages sinistrés tels que Ingersheim, Bennwihr, Mittelwihr, etc, et
ce à partir de novembre 1944 jusqu'au début janvier 1945. Là, en une matinée,
tout le monde a du déguerpir pour permettre au QG allemand de s'y installer. Il
y resta jusqu'au 2 février 1945, jour de la Libération de Wintzenheim.
13 janvier 1945. Le danger semble
s'être quelque peu éloigné de Strasbourg. La ligne de défense sud est désormais
sur l'Ill. Le général Leclerc écrit au général Garbay, commandant la Iere
division française libre, pour le féliciter : « En somme, la 1ere DFL aura
probablement sauvé Strasbourg après que la 2e DB l'a prise ».
Pourtant, depuis la tête de pont de Gambsheim, solidement renforcée, s'ébauche
une forte attaque vers l'ouest. Des éléments de la 10e division SS de Panzers
ont traversé le Rhin.
En Alsace du Nord, l'opération Nordwind se prolonge, mais les Américains
semblent désormais contenir l'assaut. A Hatten et Rittershoffen, la situation
est bloquée et l'on se bat maison par maison.
Autour de la poche de Colmar, la Iere armée échafaude de nouveaux plans,
consciente du risque grave que constitue la présence de la puissante XIXe armée
allemande au centre de l'Alsace. De Lattre a demandé des renforts au général
Devers.
14 janvier 1945. Sur le front
nord de l'Alsace, il y a guère comme unités française que la 3e division
d'infanterie algérienne (3e DIA) du général Guillaume. La majeure partie de ce
secteur est tenue par des troupes américaines, qui, tout au long de ces
dernières semaines, ont été à la peine.
Ainsi la 14e Armored Divison (blindée US) qui a été durement éprouvée par les
combats sanglants de Hatten et de Rittershoffen. Toujours rattaché au VIe corps
d'armée US du général Devers, cette unité se refait une santé dans les environ
de Wilwisheim, Saessolsheim et Furchhausen (entre Strasbourg et Saverne,
important centre arrière US): l'on répare les chars et les véhicules qui en ont
bien besoin; de nouvelles recrues viennent remplacer les morts et blessés. Et
l'on s'entraîne dur. Un Combat Command participe à la prise d'Oberhoffen.
15 janvier 1945. La ville la plus
septentrionale d'Alsace est aussi celle qui connaît depuis quelques semaines le
destin le plus tragique: Wissembourg a été occupé une première fois par l'armée
du 3e Reich en 1940; elle a été libérée le 16 décembre par les Américains et
vient le 4 janvier, d'être à nouveau occupée par les Allemands.
L'on imagine la situation morale et matérielle des habitants de Wissembourg,
tant ceux qui se sont enfuis le 3 janvier après le départ précipité des
Américains que ceux qui, vaille que vaille, sont testés.
16 janvier 1945. Une partie de la 21e Panzer-Division, totalement épuisée, est remplacée par la Fallschirmjägereinheit (unité parachutiste). Ses combattants, à l'aide de lance-flammes, tentent en vain de repousser les Américains hors de Rittershoffen.
16 janvier 1945. Les « chasseurs
alpins » allemands (6e SS Gebirgs Division) ont réussi à encercler cinq
compagnies (500 hommes) du 157e régiment d'infanterie américaine sur les
hauteurs au nord-est de Reipertswiller. Les tentatives pour rompre cet
encerclement ont pour l'instant échoué. Dans le secteur de Hatten-Rittershoffen,
une nouvelle journée de terribles combats n'a guère modifié les positions.
Dans la tête de pont de Gambsheim, deux groupements tactiques de blindés
américains ont attaqué vers Offendorf, désormais poste de commandement de la 10e
division de Panzers. Mais ils ont été repoussés et ont subi de lourdes pertes.
De même, la 3e division d'infanterie algérienne n'a pas réussi à avancer vers
Gambsheim.
Le risque est désormais celui d'une jonction entre les forces allemandes au sud
de Wissembourg et celles de la tête de pont de Gambsheim. En revanche, le front
est stabilisé au sud de Strasbourg sur la ligne de défense de l'Ill.
17 janvier 1945. Une nouvelle
tentative des Alliés pour ravitailler et dégager les cinq compagnies du 157e
régiment d'infanterie américaine, encerclées au nord-est de Reipertswiller, a
échoué. La zone est pilonnée par l'artillerie allemande : Niederbronn-les-Bains,
Wildenguth, Rothbach, Zinswiller ont notamment été touchés. A Hatten et
Rittershoffen, sous la neige, les Américains ont tenté deux contre-attaques avec
le 315e régiment d'infanterie et le groupement tactique de la 14e division
blindée, sans succès et avec de lourdes pertes.
Dans la tête de pont de Gambsheim, la 12e division blindée américaine a beaucoup
souffert en tentant de libérer Herrlisheim où deux bataillons ont été capturés
par la 10e SS Panzer Division.
Le général américain Devers a avancé la date de l'attaque sur la poche de Colmar
: elle est désormais fixée au 20 janvier. Le général de Lattre est contrarié :
il espérait avoir jusqu'au 22 pour approvisionner ses troupes, notamment en
carburant.
18 janvier 1945. Le piège s'est
refermé autour des cinq compagnies du 157e régiment d'infanterie américaine près
de Reipertswiller. Le commandant du régiment, le colonel Walter P. O'Brien, a
informé sa division (la 45e DI) que la situation est désespérée.
A Hatten et Rittershoffen, des civils ont fui, profitant d'une nuit relativement
calme, avant que l'artillerie américaine ne se déchaîne sur les lignes
allemandes. Mais l'attaque qui suit ce pilonnage a été elle-même bloquée par
l'artillerie allemande.
L'attaque de la poche de Colmar se prépare : comme en novembre, la Iere armée
commence par une campagne d'intoxication. Elle tente de faire croire au départ
de la 1ere division blindée vers le nord et à une permission du général
Béthouart, commandant le 1er corps d'armée.
19 janvier 1945. Les troupes allemandes avancent de Solingen vers le Rhin, jusqu'à Roeschwog et Sessenheim, mais ne peuvent soulager les Allemands à Hatten et Rittershoffen.
19 janvier 1945. L'infanterie
américaine a, une nouvelle fois, échoué à dégager les cinq compagnies de son
157e régiment d'infanterie encerclées au nord-est de Reipertswiller. Malgré
l'aide du 179e RI et l'appui de blindés, l'étau allemand n'a pu être desserré.
A Hatten et Rittershoffen, de nouvelles attaques américaines, depuis
Leiterswiller, ont échoué. Le général allemand Blaskowitz, présent dans le
secteur, a confirmé que l'objectif était désormais de faire la jonction avec la
tête de pont de Gambsheim, plus au sud. La 21e Panzer Division et la 25e
Panzergrenadier Division s'y préparent. Dans la tête de pont elle-même, les
forces allemandes poussent vers l'ouest : Sessenheim et Drusenheim sont prises.
Mais l'aviation alliée réussit à contenir la 10e SS Panzer Division, qui tente
d'avancer vers Strasbourg.
20 janvier 1945. Le 6e corps américain est obligé de se retirer de Hatten et de Rittershoffen, et de retraiter sur la Moder près de Haguenau. Les difficiles affrontements et les revers subis à Hatten et Rittershoffen en sont la raison, mais aussi le danger d'un éventuel encerclement par les Allemands pouvant déboucher par la tête de pont établie plus au sud, près de Sessenheim en direction de Haguenau.
20 janvier 1945. le 1er corps d’armée repart à l’attaque entre Thann et Mulhouse, avec deux divisions marocaines, la division coloniale et la 1re DB dans des conditions atmosphériques épouvantables (tempêtes de neige, verglas, thermomètre descendant jusqu’à – 30°). Des combats acharnés se déroulent dans la neige, au milieu des champs de mines, face à des contre-attaques allemandes appuyées par des chars lourds. L’ardeur et l’opiniâtreté des troupes d’Afrique finissent par l’emporter.
Le 20 janvier 1945.
Les 1e et 2e Brigades (de la 13e Demie Brigade de Légion Étrangère) sont en
place au sud de Sélestat. Elles ont pour mission de couvrir le flanc nord de la
3e DIUS chargée d'ouvrir la route à la 5e DB. Inversement, les Allemands
fourniront leur effort principal contre la 1e DFL.
Il s'agit pour eux, dans un premier temps, de bloquer
l'offensive de la 1e Armée en conservant le môle de résistance des bois au sud
de Sélestat, puis, dans un deuxième temps, d'empêcher cette offensive alliée de
couper en deux la "poche de Colmar". Leur action visera à gagner le temps
nécessaire à l'évacuation des troupes allemandes de la partie nord.
20 janvier 1945. Illzach est libéré. En novembre 1944, les troupes françaises libèrent Mulhouse et Modenheim mais les Allemands se replient sur Illzach et leur résistance s'y concentre. Durant quatre semaines, le village fut soumis à des bombardements terrestres continuels. Des civils sont tués. Mi- novembre, les habitants sont évacués vers d'autres villages.
20 janvier 1945. Libération de Lutterbach. A partir du 22 novembre 1944 et durant 9 semaines, les habitants se trouvent alors littéralement pris entre deux feux. Prés de 1800 d'entre eux se réfugient dans les caves voûtées de la brasserie où ils survivent dans des conditions atroces jusqu'à la Libération par la Première Armée Française.
20 janvier 1945. L'état-major du général de Lattre annonce dans un communiqué la prise de Pfastatt à 16 heures par le 1er bataillon du 23e R.I.C. Avec nous se trouvaient des chars de la 1 ère D.8., les pionniers du génie qui ont établi le pont dans de très mauvaises conditions, sans oublier les artilleurs et surtout notre remarquable service de santé.
20 janvier 1945. La Libération
PFASTATT A l'aube du 20 janvier 1945, la 1ère compagnie du 23e est rassemblée
dans un hangar de la gare du Nord de Mulhouse. Dehors, il fait très froid, le
sol est gelé et enneigé. La veille une messe dite par le Père Laudrin, aumônier
divisionnaire, avec absolution collective, ne présage rien de bon. Nous sommes
là, anxieux, attendant la fin du déluge de fer et de feu. Le tir de l'artillerie
est intense. Avec ce qu'ils leur balancent, il ne doit pas rester grand-chose en
face.
Je suis tireur au fusil-mitrailleur du 3e groupe de la 3e section commandée par
un jeune aspirant (certainement l'aspirant Vallon qui repose au cimetière des
ValIons). Il vient de remplacer l'adjudant-chef Marty, blessé la veille au cours
d'une reconnaissance sur la Doller.
Notre objectif principal est la prise de la «maison verte», fortement tenue,
protégée par un glacis de 40 à 50 mètres. Il y a aussi, entre eux et nous, la
Doller, petite rivière peu profonde et qui doit se traverser facilement.
D'ailleurs, pour ne pas nous mouiller les pieds, on nous a doté de bottines
«waterproof», très efficaces jusqu'aux genoux, mais pas au-dessus, ce qui est
très désagréable. La rivière est en crue.
Le fond très inégal nous fait trébucher dans l'eau glacée. La présence dans
notre groupe de J.-F. Chiappe va nous valoir l'attribution d'un lance-flammes.
Dès le passage de la rivière, la bataille fait rage. La progression semble
impossible. En tentant de franchir la berge, le sergent Martin qui commande le
2e groupe est tué avec deux de ses hommes, Defaut et Noblot. Le lance-flammes ne
peut être utilisé. J.-F. C et E.V. sont grièvement blessés. A trois ou quatre,
nous parvenons à franchir la berge, mais nous sommes stoppés. Allongés dans la
neige, nous ripostons vivement. L. et B. qui tentent de nous rejoindre sont
blessés à leur tour. Notre situation est très périlleuse et nous ne pouvons
rester là. Avec Albert Ludwig nous fonçons sur la maison verte. On passe...
objectif atteint. Les défenseurs se rendent, mais la bataille n'est pas finie
pour autant... Les copains de la 1 ère section, emmenés par René Hugues et
Calfusis nous rejoignent. D'autres n'y parviendront jamais. Le lieutenant Feyler
a été blessé au début de l'attaque. Giberti se fera tuer à moins de cinq mètres
de nous. Un peu plus tard, au cours de la progression vers le château, le
sergent-chef Guede, un grand ancien, tombe à son tour et nous aurons la
tristesse de retrouver le corps de notre copain Philippe de la 2e section qui a
sauté sur une mine anti-char. Mais cela est l'histoire de la 2e section
commandée par le lieutenant Leloup, Père blanc venu d'Afrique, qui sera tué
quelques jours plus tard à Meyershof.
L'état-major du général de Lattre annonce dans un communiqué la prise de
Pfastatt à 16 heures par le 1er bataillon du 23e R.I.C. Avec nous se trouvaient
des chars de la 1 ère D.8., les pionniers du génie qui ont établi le pont dans
de très mauvaises conditions, sans oublier les artilleurs et surtout notre
remarquable service de santé.
Ce jour-là, ma première compagnie s'est battue... La prise de Pfastatt aura
coûté la perte d'une soixantaine d'hommes dont dix morts.
Le capitaine Escard, très éprouvé, sera remplacé par le lieutenant Agostini...
La campagne d'Alsace n'est pas finie. Ma pensée va vers mes copains de la 3e
section qui tomberont à leur tour. Coste, Lermonier et Brumand qui, grièvement
blessé, ne s'en remettra jamais et décédera quelques années plus tard. Nulle
part, dans les livres relatant l'histoire de notre division, on trouve trace de
la prise de Pfastatt ou plus exactement du rôle joué par la 1 ère compagnie.
Voilà qui est fait...
Témoignage de René Ruchon,
Tireur au fusil mitrailleur du 3e groupe de la 3e section de la 1ère compagnie
du I/23e R.l.C.
20 janvier 1945. Les Alliés sont
depuis deux mois en Alsace. Mais la région est loin d'être libérée. Deux grandes
zones sont toujours sous la botte de l'armée allemande : l'Alsace du Nord au
delà de la Moder, et la poche de Colmar. En forme de poire allongée, elle a son
sommet au sud d'Erstein, sa base au nord de Mulhouse, ses flancs sur le Rhin et
les Vosges.
Au nord, la contre-offensive allemande Nordwind est en bout de course. Elle
s'épuise après les terribles combats de Herrlisheim et de Hatten-Rittershoffen,
notamment. Mais elle a forcé la VIIe armée américaine à se replier sur la Moder.
Au centre, la poche de Colmar, où la XIXe armée allemande a été considérablement
renforcée, n'est pas seulement un bastion défensif : c'est de là que sont
parties plusieurs attaques dangereuses sur Strasbourg début janvier.
185 km de front
Pour les Alliés, réduire la poche de Colmar est devenue une priorité, pour
protéger Strasbourg, ville-symbole, pour raccourcir le front qui pour l'instant
contourne la poche par les Vosges, et, à terme, pour entrer sur le territoire
allemand. L'homme-clef, c'est le général de Lattre de Tassigny. Le commandant de
la Iere armée française, qui inclut des troupes américaines, est le maître
d'œuvre des opérations. Il lui faut réussir en janvier-février ce qui a été raté
en novembre-décembre.
Sur le papier, les forces semblent équilibrées. Sur un front de 185 kilomètres,
la XIXe armée allemande du général Rasp a huit divisions, la Iere armée aussi.
Mais l'état des troupes n'est pas le même : les Alliés ont plus d'effectifs et
trois divisions blindées, contre une côté allemand. Surtout, ils peuvent compter
sur des renforts en cours d'opération (ce sera le cas avec l'arrivée du 21e
corps US). Pour le reste, il est clair qu'en plein hiver (et celui-ci est
rigoureux), celui qui a pu préparer sa défense et s'abriter a un avantage sur
celui qui attaque.
Le plan de de Lattre est celui, classique, de la tenaille : ses deux corps
d'armée attaqueront, l'un au sud, l'autre au nord, et essaieront d'entourer la
poche en refermant leur dispositif le long du Rhin, à l'est de Colmar. La
jonction devrait se faire vers Neuf-Brisach. Cela éviterait des combats dans
Colmar.
Une attaque en tenaille
Le 1er corps attaque en effet le 20 janvier, au sud, piétine devant Cernay,
avance lentement dans le bassin Potassique, prend Vieux-Thann le 28, mène une
attaque blindée sur Ensisheim dans les premiers jours de février. Le 2e corps,
lui, attaque le 22 janvier au soir vers Saint-Hippolyte, Guémar et Ostheim, mène
pendant une semaine une très rude bataille à Jebsheim puis Grussenheim.
A Ribeauvillé, le 24, de Lattre réclame au général Devers de l'infanterie
supplémentaire. Le 25, celui-ci lui accorde le 21e corps d'armée US qui
intervient au nord, avec le 2e CA. Les opérations s'accélèrent alors : le
dégagement de la route de Neuf-Brisach permet à la 28e division d'infanterie
américaine de se diriger vers Colmar au nord. Mais elle laisse, avec noblesse,
les éléments de la 5e division blindée française entrer les premiers dans la
ville le 2 février.
La XIXe armée s'échappe
La jonction se réalise le 5 février, avant que ne soient libérés Vogelgrun,
Neuf-Brisach et Chalampé, pendant que dans les Vosges les forces allemandes sont
disloquées. Mais entre temps, la XIXe armée a « sauvé les meubles », en
l'occurrence 50 000 hommes, 60 chars et 500 canons qui ont pu s'échapper
outre-Rhin. Le 9 février, quand explose le pont de Chalampé, il n'y a plus un
soldat allemand libre dans l'ancienne poche de Colmar.
Le 10 février, le général de Gaulle est acclamé à Mulhouse et Colmar, puis à
Strasbourg le 11. Mais il faudra encore quarante jours pour libérer l'Alsace du
Nord.
21 janvier 1945. Hier pendant que
le 1er corps d'armée lançait, dans des condition difficile mais partiellement
couronnées de succès (notamment dans la région mulhousienne), son offensive
contre le sud de la poche de Colmar, que se passait-il donc au nord de
Strasbourg ?
Dans le secteur des Vosges, entre Bitche et Saverne, à Reipertswiller, après
avoir tenté une dernière fois en matinée de rompre l'encerclement de cinq
compagnies du 157e régiment d'infanterie US, la 45e infantry Division Américaine
ordonne le repli. Les assiégés de Reipertswiller tentent une ultime et sanglante
percée. 400 GI's dont une vingtaine d'officiers sont fait prisonniers.
A Hatten, c'est quasiment terminé aussi, mais différemment. Les Américain
s'attendaient à une attaque qui n'est pas venue. Ils ont alors, avec une
cinquantaine de chars, poussé jusqu'à Rittershoffen. Durs combat encore, mais le
cœur n'y est plus: rencontrant dans la nuit une patrouille allemande, une
patrouille US s'abstient de tirer et se retire.
Acte prémonitoire: aujourd'hui vers 11h, les troupes US quittent Hatten et
Rittershoffen. Le brouillard et la neige leur permettent de procéder à cette
évacuation en toute discrétion. Les Allemands s'empressent d'occuper les deux
villages et en reste là.
La tournée des popotes. De Lattre remonte le moral de Bétouart et (avec lui) s'en va faire la tournée des popotes en pleine nuit. A Mulhouse, Molière et Salan (9e division d'infanterie coloniale) ainsi que Sudre (1re DB) n'ont pas d'états d'âmes: c'est dur mais leurs coloniaux et leurs chars passeront. Ensuite direction Soppe-le-Bas, PC de la 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM): il faut plus de trois heures, les conditions climatiques et l'état des routes aidant, pour y arriver. Carpentier et son état-major de la 2e DIM sont là; le général Hesdin, commandant le 4e division marocaine de montagne (4DMM), aussi <<qui reste solide>> (de Lattre dixit). Moment dramatiques: c'est là que les soldats ont le plus souffert et leurs chefs demandent une pause. De Lattre relève les énergies, persuade, commande.
21 janvier 1945. Libération de
Kilstett
21 janvier 1945. L'attaque du 1er corps d'armée au
sud de la poche de Colmar s'est heurtée à de sérieuses difficultés : outre la
météo, qui s'est aggravée, la résistance allemande s'est montrée très solide. La
4e division marocaine de montagne est bloquée sur l'aile gauche, la 2e division
d'infanterie marocaine doit reculer sur la route Thann-Mulhouse, la 9e division
d'infanterie coloniale subit des contre-attaques à Kingersheim. En fin de
journée, le général Béthouart (1er corps) dit son inquiétude au général de
Lattre. Le commandant de la Iere armée tente de le remettre en confiance. Il ira
dans la nuit aux PC de Mulhouse (9e DIC et 1ere DB), de Soppe-le-Bas (2e DIM) et
de Masevaux (4e DMM) galvaniser ses officiers.
Au nord, les troupes américaines poursuivent leur repli sur la Moder, à
l'affolement des populations civiles. Beaucoup de villageois fuient sur les
routes, paniqués du retour des forces allemandes. Hatten et Rittershoffen, en
ruines, sont abandonnés et immédiatement réoccupés
De la tête de pont de Gambsheim a démarré une attaque sur Kilstett : le 39e
Panzerkorps a encerclé la commune que tient le 3e régiment de tirailleurs
algériens.
21janvier 1945. Les Américains se replient sur la Moder, les Allemands avancent vers Haguenau. Le 22 la bataille de Hatten - Rittershoffen est terminée : elle a laissé un champ de ruines et de désolation. Sur les 360 maisons que comptait Hatten, seules 30 sont réparables ! Il y a près de 1 500 morts et blessés dans chaque camp. La population paie également un très lourd tribut : 83 morts à Hatten, 31 à Rittershoffen, sans compter les blessés et handicapés à vie.
Hier soir, Kilstett était inverti par deux bataillons allemands. A quelques kilomètre de la capitale alsacienne se joue une fois de plus le sort de Strasbourg et c'est de la capacité à résister de 3e régiment de tirailleurs algérien (3e RTA) que tout dépend.
Aussi avec plus d'énergie et de courage que jamais, légionnaires tirailleurs, équipages de chars, forcent la barrière du GT Langlade atteignent le passage à niveau nord de Kilstett, poussent vers Gamsheim. L'infanterie française parvient aux premières maisons du village. Alors, dans un dernier sursaut de volonté, les survivants du 3e bataillon font éclater la ceinture ennemie se ruent sur les assaillants! surpris par la violence de cette réaction, pris à leur tour entre deux feux, les bataillons Schmidt et Treutler sont décimés.
22 janvier 1945. En soirée a
commencé la seconde phase de l'attaque vers Colmar, cette fois-ci au nord de la
poche. Le 2e corps d'armée du général de Monsabert, qui s'est vu refuser des
renforts, a ouvert son attaque avec la 3e division d'infanterie américaine.
Partis de Bergheim, deux de ses régiments ont traversé la Fecht.
Au sud de la poche, le 1er corps d'armée a un peu modifié son dispositif : c'est
la 2e division d'infanterie de montagne qui attaque vers Reiningue, libérée dans
la nuit. Une contre-attaque allemande sur Kingersheim est stoppée.
Dans la tête de pont de Gambsheim s'est déroulée une bataille-clef à Kilstett.
Les grenadiers allemands ont occupé une partie du village tenu héroïquement par
le 3e régiment de tirailleurs algériens. Alertée dans la nuit, la 2e division
blindée française a envoyé un groupe de combat depuis Obernai. Épaulés par des
chasseurs-bombardiers alliés, ces blindés ont atteint Kilstett et fait 350
prisonniers, écartant ainsi une nouvelle menace sur Strasbourg.
Avec le repli américain sur la Moder, les Allemands réoccupent progressivement
les villages abandonnés en Alsace du Nord. Haguenau s'inquiète : des troupes
allemandes se sont regroupées au nord de la ville bombardée par des mortiers.
Les Américains ont fait sauter les ponts sur la Moder.
22 janvier 1945. Libération de Reiningue
22 janvier 1945. Date de la libération de la commune de Ostheim par la 3e division d'infanterie américaine. « Jusqu'à vers Noël nous étions dans les caves. Les Américains avaient pratiquement des horaires fixes pour bombarder. Mais pas toujours. On n'avait ni l'eau courante, on ne pouvait pas se laver, ni faire de feu. Pas d'alimentation adéquate. Ce que les Américains n'avaient pas bombardé, les Allemands l'incendiaient ».
22 janvier 1945. A la suite du retrait des Américains, ordre fut donné à la 25e Panzergrenadier-Division de les poursuivre vers Betschdorf en passant par la forêt de Haguenau, jusqu’à la rivière Moder.
22 janvier 1945 . Les allemands décrocheront définitivement du Rhin. Le cauchemar est terminé, sauf pour ceux qui ont perdu des êtres chers ou qui devront passer sous les fourches caudines de la suspicion ou de l'épuration. La ville mettra du temps à panser toutes ses plaie. Strasbourg meurtrie, va réapprendre à vivre.
23 janvier 1945. Libération de Illhauersen
23 janvier 1945. Libération de
Retzwiller, lors de la deuxième guerre mondiale, plusieurs habitants furent
fusillés pour avoir fait partie du groupe de "l'affaire de Ballersdorf".
23 janvier 1945. Libération de Ostheim
23 janvier 1945. Le 2e corps d'armée, au nord de la
poche de Colmar, a développé son attaque commencée la veille : les deux
régiments d'infanterie américaine qui ont passé la Fecht ont progressé. Le 30e
RI a atteint et franchi l'Ill au pont de Maison-Rouge, mais une contre-attaque
allemande l'a coupé de sa tête de pont, et l'ouvrage s'est effondré au passage
des blindés. Le 7e RI est entré dans Ostheim, suivi du 254e RI qui a avancé
jusqu'à la Weiss. La 1ere division française libre a atteint l'Ill et libéré
Illhauersen.
Au sud de la poche, le front n'a guère bougé. Rischwiller a été pris par les
Alliés. Le général de Lattre a transféré son PC de Montbéliard à Rothau, dans la
vallée de la Bruche.
Au nord de l'Alsace, la menace se précise sur Haguenau. La 10e SS Panzer
Division se regroupe. La 25e Panzergrenadier Division traverse la forêt de
Haguenau ; son PC s'installe à Drusenheim, dont les civils restant ont été
évacués outre-Rhin.
23 janvier 1945. la 1e DFL
attaque. La 2e Brigade (de la 13e Demie Brigade de Légion Étrangère) traversant
les terrains inondés ou couverts de neige, parsemés de mines indétectables,
franchit en canot l'Ill et toutes les rivières glacées qui coulent
perpendiculairement à la direction de l'assaut. Vers le milieu de la nuit, le
bois de l'Illwald est conquis.
De son côté, le 1/13 s'empare en un coup de main à l'aube d'Illhausern, faisant
quatre-vingts prisonniers, mais il ne peut déboucher sur Elsenheim.
Quatre jours durant, les deux brigades attaquent, subissant des pertes et ne
pouvant déboucher. Les 2/13 et 3/13, jour après jour, s'épuisent face à un
ennemi tenace dont les postes de combat sous rondins abritent les armes
automatiques ou des chars puissants.
24 janvier 1945. Journée chaude
pour Haguenau. La 10e SS Panzer-Division a attaqué en direction de Bischwiller
et du camp militaire d'Oberhoffen, près duquel se sont déroulés de violents
combats. Une tête de pont allemande a été établie en fin de journée entre
Schweighouse-sur-Moder et Neubourg, au sud de la Moder.
Dans la poche de Colmar, dans la zone du 1er corps d'armée, la 2e division
d'infanterie marocaine a attaqué en direction de Wittelsheim, tandis que la 9e
division d'infanterie coloniale a repoussé une contre-attaque. Dans le secteur
du 2e corps d'armée, la défense allemande s'est renforcée ; le 7e régiment
d'infanterie US a cependant réussi à prendre un pont sur la Fecht. Dans la
soirée, le général de Lattre, en réunion à son PC de Ribeauvillé avec le général
américain Barr, chef d'état-major du général Devers, a lancé un défi : si le 21e
corps d'armée US lui est donné en renfort, il promet de réduire la poche de
Colmar avant le 10 février.
25 janvier 1945. Tard dans la
soirée, le Führer a ordonné l'arrêt de la contre-offensive Nordwind en Alsace du
Nord. Il a renoncé aussi à l'opération programmée sur Metz, Zahnarzt.
L'explication est accessible à tous : les DNA annonçaient le matin même que «
les Russes ont atteint l'Oder sur un front de 60 km ». Les meilleures unités
allemandes présentes en Alsace vont être rapidement envoyées sur le front Est.
La Iere armée française a poursuivi son offensive contre la poche de Colmar. Le
1er corps d'armée a progressé dans le bassin potassique, le 2e corps d'armée se
bat sur l'Ill, et rencontre de sérieuses résistances, notamment à Jebsheim. Mais
le général de Lattre a reçu une bonne nouvelle : le 21e corps américain est mis
sous ses ordres, comme il le demandait, et le général Milburn, qui le commande,
s'est présenté à son PC de Barembach, près de Schirmeck, dans la matinée.
25 janvier 1945. A 23 heures, le
téléphone du poste de commandement (Gefechtsstand) de cette Division retentit :
Bien que cet endroit de la Moder fût très bien défendu contre les attaques
américaines, Hitler ordonna, à l'étonnement de tous:
- de se dégager de la tête de pont
- de s'éloigner de l’ennemi,
- de se retirer de l'Alsace.
Quelle était la cause de l’arrêt de l’opération " Nordwind " :
L'avancement des armées soviétiques sur la ligne d'arrêt de la rivière Weichsel
obligea le haut commandement de retirer, sans plus attendre, les meilleures
forces du front ouest afin de les lancer sur le front est où le danger se
faisait de plus en plus menaçant.
C'est ainsi que la 25e Panzergrenadier-Division recula sur Wissembourg, puis se
dirigea sur Germersheim, pour embarquer à bord de trains en partance pour
Kustrin an der Oder.
On peut se douter de l'état de désabusement des unités et des soldats allemands
qui furent impliqués dans les combats souvent endurés dans la glace et la neige,
et qui avaient fait reculer l'adversaire en direction de Strasbourg. Tous leurs
efforts furent anéantis d'un seul coup.
Comme l'offensive des Ardennes, l'opération Nordwind échoua également.
Les buts de l’opération, soit la coupure de la 7e armée américaine et la reprise
de Strasbourg ne furent même pas partiellement atteints.
A la fin du mois de mars, les alliés atteignirent le Rhin et le traversèrent à
Remagen et à Oppenheim.
26 janvier 1945. Au nord de la
poche de Colmar, le 2e corps d'armée a, semble-t-il, débloqué, la situation :
l'Ill a été franchi en plusieurs points et la 5e division blindée se dirige vers
Neuf-Brisach, tandis que la 3e division d'infanterie US a pris Riedwihr et
combat encore à Jebsheim - clef de défense du canal du Rhône-au-Rhin. Au sud, le
1er corps d'armée, pris dans une tempête de neige et manquant de munitions, a
maintenu ses positions dans le bassin potassique.
Sur la Moder, la pression allemande s'est relâchée. La 25e
Panzergrenadier-Division s'est repliée et se prépare à quitter l'Alsace. En
face, les Américains se sont réorganisés : la 101e Airborne Division,
prestigieuse division parachutiste, dont l'état-major s'est installé à
Hochfelden, a pris position entre Dauendorf et Schweighouse, entre les 103e et
79e divisions d'infanterie.
Au coeur de la nuit, une attaque allemande sur Kilstett, au nord de Strasbourg,
a été bloquée par le 3e régiment de tirailleurs algériens et deux escadrons de
la Garde républicaine.
27 janvier 1945. Au matin, les
blindés amis attaquent de flanc le bois d'Elsenheim, permettent enfin au 3/13 de
déboucher. Les 1e et 2e Brigades arrivent sur la Blind et le 28 janvier la
bataille atteint son point culminant. Sous la protection du 1/13, le Bataillon
du Génie jette un pont, sous le feu, sur la Blind.
Nos unités résistent (La 13e Demie Brigade de Légion Etrangère) encore à trois
journées de violentes contre-attaques allemandes et le 31 janvier, face au nord,
notre ligne avancée est jalonnée par les villages d'Heidelsheim, Ohnenheim,
Marckolsheim. Le 1e RFM et le 8e RCA tendent la main à la 2e DB vers Sundhouse
L'exploitation commence. Au soir du 11 février, la DFL est au bord du Rhin sur
tout son front.
Sur les 5 400 pertes de la Division pendant ce mois de janvier, les formations
de Légion comptent pour un total de 1 036. C'est donc une Division saignée à
blanc qui est venue à bout d'un ennemi solidement organisé et bien décidé à se
battre.
27 janvier 1945. Les quartiers
sud de Cernay ont enfin été atteints par la 4e division marocaine de montagne,
dans le secteur du 1er corps d'armée. La 9e division d'infanterie coloniale,
elle, a pris la filature de la cité Kuhmann.
Dans le secteur du 2e corps, le 30e régiment d'infanterie US, appuyant la 5e
division blindée, a pris Holtzwihr et Wickerswihr et atteint le canal de Colmar.
A Jebsheim et à Grussenheim, des combats meurtriers ont commencé : le 254e
régiment d'infanterie US est entré dans Jebsheim tandis que la 2e division
blindée française a échoué devant Grussenheim, le chantier d'un pont flottant
que tentait de lancer le génie sur le Blind ayant été attaqué à la mitrailleuse
lourde.
Sur la Moder, le face-à-face entre Allemands et Américains est devenu une guerre
de positions, avec de simples opérations de patrouilles. De part et d'autre on
manque d'effectifs, de munitions, de carburant, d'autant plus, côté allemand,
que la Ire armée doit céder des canons pour le front Est.
28 janvier 1945. Dans le secteur
du 2e corps d'armée, au nord de la poche de Colmar, des combats acharnés ont eu
lieu à Jebsheim et Grussenheim. Le lieutenant colonel Putz a été tué lors d'un
nouvelle attaque à la mitrailleuse lourde sur le chantier du pont sur la Blind.
En fin de journée, Grussenheim est pris, mais les pertes sont très lourdes. A
Jebsheim, les Américains du 254e régiment d'infanterie ont enfin investi tout le
village.
Au sud de la poche de Colmar, le 1er corps d'armée est entré dans Vieux-Thann
avec la 4e division marocaine de montagne.
La 103e division d'infanterie américaine, en Alsace du Nord, a mené avec succès
un raid-éclair, avec 30 hommes, sur Rothbach pour vérifier la présence du 11e
régiment de SS.
29 janvier 1945. Le 21e corps
d'armée américain s'est lancé dans l'offensive sur la poche de Colmar, en
renfort et sous les ordres de la Iere armée française. Après une forte
préparation d'artillerie, les unités d'assaut de deux régiments de la 3e
division d'infanterie (7e et 15e) ont passé le canal de Colmar sur des canots
pneumatiques, en fin de soirée. L'objectif est de passer derrière Colmar en
direction de Neuf-Brisach et du Rhin.
Les forces allemandes ont tenté de récupérer Jebsheim et Grussenheim, sans
succès, mais les pertes sont lourdes de part et d'autre. Au sud de la poche,
Wittelsheim, objectif prioritaire, est pris en tenaille par les 4e et 8e
régiments de tirailleurs marocains.
C'est désormais, au nord de la Moder où le front est stable, le
SS-Oberstgruppenführer Paul Hausser qui commande la Heeresgruppe G, le groupe
d'armées Oberrhein ayant été dissous.
30 janvier 1945. Libération de
Fortschwiller et Wihr-en-Plaine
30 janvier 1945. Le 21e corps d'armée américain a
établi une solide tête de pont au delà du canal de Colmar : il frôle Andolsheim
après avoir pris Fortschwiller et Wihr-en-Plaine, malgré les contre-attaques
allemandes. Mais la route de Neuf-Brisach n'est pas encore dégagée, et les
combats ont été rudes à l'est de Jebsheim.
Simultanément, la 2e division blindée, engagée depuis plusieurs jours dans la
liquidation de la petite poche créée au nord de Sélestat, voit le fruit de ses
efforts : les troupes allemandes commencent à décrocher.
Au sud de la poche, l'encerclement de Wittelsheim échoue, mais la 9e division
d'infanterie coloniale a investi Wittenheim.
Les DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace) reprennent avec prudence une dépêche de
Stockholm : les Allemands auraient mis au point une bombe volante V-4
intercontinentale capable d'atteindre New-York.
31 janvier 1945. La 3e division
d'infanterie US (unité du 21e corps) a tenté d'amplifier sa tête de pont, au
nord de la poche de Colmar, au-delà du canal : mais les 7e et 230e régiments
d'infanterie US et la Combat Command 4 de la 5e division blindée française ont
été bloqués à Horbourg, à l'est de Colmar, tandis que le CC 5 et les commandos
de France du commandant d'Astier de la Vigerie sont pris dans des combats de rue
à Durrenentzen.
Au sud de la poche, le général Béthouart a réorienté son dispositif : désormais,
il veut porter l'effort du 1er corps d'armée en direction d'Ensisheim. Mission
confiée à la 1ere division blindée, appuyée par la 9e division d'infanterie
coloniale.
Au nord de Strasbourg, dans la nuit, le 142e régiment d'infanterie US attaque
vers Oberhoffen, tenu par la 257e Volksgrenadier Division, et vers Drusenheim.
Février 1945
1er
février 1945. Libération de Marckolsheim et Artzenheim
1er février 1945. Sur le front nord, les Allemands ont été repoussés au nord de
la Moder. La 101e Airnborne division US a même mené dans la nuit une opération,
baptisée Oscar, au nord de la rivière, vers Neubourg et Schweighouse. A 3 h du
matin, 3 compagnies ont franchi l'eau, combattu pendant 2 heures, puis repassé
la Moder avec 37 prisonniers, dont deux officiers.
La proche résiduelle au nord de Sélestat a été réduite : Marckolsheim et
Artzenheim ont été libérés.
Au nord et à l'est de Colmar que les opérations se sont accélérées. Le 290e
régiment d'infanterie US est dans Horbourg et Andolsheim, le 291e dans la forêt
de Colmar. La pointe du 21e corps d'armée US n'est plus qu'à 3 kilomètres de
Neuf-Brisach.
Le général de Lattre, inquiet d'éventuelles destructions à Colmar, décide
d'attaquer Colmar avec la 28e division d'infanterie US et le Combat Command 4 de
la 5e division blindée le lendemain.
2 février 1945. Des
élément du C.C.4 (5e D.B.) du général Schesser pénètrent dans Colmar enfin
libérée. Libération de Wintzenheim,Alliés s'étaient emparés de Wintzenheim par
surprise. Au lieu de déboucher de la vallée de Munster, où les Allemands les
attendaient, ils vinrent avec leurs chars de Colmar et de Logelbach en coupant à
travers les vignes. Le vignoble fut durement malmené par les nombreux blindés.
Enfin, le 2 février vers 16h15, les blindés français du sous-groupement A du
lieutenant colonel du Breuil, appuyé par les combattants du sous-groupement B du
commandant Préval* atteignirent les quartiers périphériques à l'Est du village
et traversaient quelques minutes plus tard les rues de Wintzenheim sous les
acclamations délirantes de la population. Une colonne de 20 chars Sherman, de
chars de combat plus petits et d'auto-mitrailleuses, avait remporté la victoire.
Ce fut un jour de liesse, car il marquait la fin d'une tragédie et des
hostilités pour la population. L'accueil fait par la population aux libérateurs
fut délirant, comme partout ailleurs. Dans la journée du même 2 février, des
fonctionnaires de la préfecture, à Colmar, vinrent trouver M. Tannacher. Maire
obligé par l'occupant de démissionner en 1940, il fut pressenti pour prendre
derechef en main l'administration municipale. "Voulez-vous accepter à nouveau le
poste de maire ? J'ai cherché mon écharpe de maire français, que j'avais
conservée durant les années de l'occupation, et je m'en suis ceint". L'accueil
fait par la population aux libérateurs fut délirant, comme partout ailleurs.
Dans la journée du même 2 février, des fonctionnaires de la préfecture, à
Colmar, vinrent trouver M. Tannacher. Maire obligé par l'occupant de
démissionner en 1940, il fut pressenti pour prendre derechef en main
l'administration municipale. "Voulez-vous accepter à nouveau le poste de maire ?
J'ai cherché mon écharpe de maire français, que j'avais conservée durant les
années de l'occupation, et je m'en suis ceint".
Ce fut par la suite une série incessante de fêtes et de cérémonies, au fur et à
mesure du passage dans la cité de nouvelles unités de l'armée de la Libération.
Après avoir assuré le redémarrage de l'administration française à Wintzenheim,
le maire de la Libération se démit de ses fonctions lors des élections d'octobre
1945.
2 février 1945. La libération de Colmar.
2 février 1945 - Le C.C.4, par une " manœuvre de cavalerie ", libère Colmar où le Général de Gaulle entrera solennellement le 10 février. La 5ème D.B est citée à l'ordre de l'Armée.
2 au 6 février 1945.Libération de la commune de Obersaasheim
2 février 1945. Colmar
est libre. Le 109e régiment d'infanterie US a ouvert le terrain à l'aube par le
nord, puis a laissé passer les chars du Combat Command 4 (groupement tactique)
de la 5e division blindée française (Schlesser). Le groupement Le Préval était
dans la place en fin de matinée, suivi des groupements Chambost et du Breuil.
Eguisheim, Wettolsheim, Wintzenheim sont aussi libérés.
Parallèlement, les forces américaines ont approché de Neuf-Brisach et en
menacent le pont. Une nouvelle bataille s'amorce : celle qui devrait empêcher
les restes de la XIXe armée allemande de s'évader de la poche de Colmar par le
pont de Chalampé, qu'ils tiennent solidement.
Pour cela, l'avancée du 1er corps d'armée au sud de la poche de Colmar semble
bien lente pour boucler l'encerclement. De Lattre entend donc faire intervenir
les 12e et 2e divisions blindées, la première vers Ensisheim, la seconde vers
Chalampé.
3 février 1945. Après la
libération de Colmar, une course de vitesse s'est engagée pour éviter que la
XIXe armée allemande ne réussisse à s'échapper du reste de la poche par le pont
de Chalampé. Le 21e corps d'armée américain a donc lancé son 7e régiment
d'infanterie sur Biesheim et le 75e dans la forêt de Colmar, tandis que les
blindés du Combat Command 4 se sont approchés de Sainte-Croix-en-Plaine.
Au sud, le 1er corps d'armée a enfin réussi à rompre les résistances allemandes
: il est désormais au bord de la Thur, de Cernay à Ensisheim, et au bord de
l'Ill, d'Ensisheim à Mulhouse.
Sur les autres fronts, la 10e division d'infanterie et le régiment des Forces
françaises de l'Intérieur de Franche-Comté sont intervenus dans les Vosges (au
sud de la route des Crêtes), et plusieurs relèves ont été observées, côté
américain et côté allemand, de part et d'autre de la Moder. On s'est battu à
Oberhoffen, au sud-est de Haguenau.
13h TOUT EST POSSIBLE
La poussée par les bords de l'Ill vers Ensisheim? quelques gains péniblement
acquis dans la forêt dominicale de Colmar par la 75e division d'infanterie US.
Au pied des Vosges? la progression est plus satisfaisante. Peu avant midi, (le
112e RIUS qui appartient à une division d'élite, la 28e DIUS) descend d'Ammerschwiller
ou de ce qu'il en reste, entre dans Turckheim, bloque la vallée de la Fecht,
nettoie la petite poche d'Ingersheim.
Dans le même mouvement, le Combat Command 4 (5e DB) tient Obermorschwiller et
atteint Saint-Croix-en-Plaine.
Mais c'est au sud de la poche de Colmar que les alliés engrangent les meilleurs
résultats. Dopé par l'annonce de la prise de Colmar, le 1er corps d'armée
commandé par Béthouart remporte partout des succès significatifs. La 2e division
d'infanterie marocaine (2e DIM) atteint Wittelsheim et la cité de la Gare,
progresse vers la cité Rossalmend et Pulversheim.
Bon résultats également pour la 9e division infanterie coloniale (9e DIC): le
23e RIC et un escadron du Combat Command 3 (1er DB) atteignent la route de
Wittelsheim à Ensisheim centre. De son coté, le Combat Command1 (1re DB), parti
de la cité Sainte-Barbe n'est plus qu'a deux kilomètres de la cité
Sainte-Thérèse.Peu avant 13h, en possession de l'ensemble de ces information, de
Lattre pense pouvoir réaliser aujourd'hui encore, la jonction nord-sud sur un
axe Sainte-Croix-en-Plaine - Ensisheim. Il envoie par radio, ses instructions
aus commandants d'armée et précise: <<Sitôt cette jonction faite, assurer
solidement verrouillage débouchés Vosges et entamer vigoureusement débordement
Hart et deuxième jonction sur direction Ensisheim - Neuf-Brisach.>>
Vers 16h le général Billotte, qui commande la 10e division d'infanterie sur le
front des Vosges centrales, annonce un début de décrochage dans son secteur.
Désormais, il va falloir essayer de couper la retraite des éléments ennemis
situés à l'ouest de l'Ill.
Répondant à l'insistance de général de Lattre, le 1er corps d'armée améliore ses
gains de la matinée. A 17h, les troupes françaises bordent la Thur de
Wittelsheim à Rossalmend. Pluversheim est enlevé de même que la cité.
C'est plus dur devant Ensisheim, à la cité Sainte-Thérèse. Ce n'est qu'aux
alentours de 22h que les <<coloniaux>> de la 9e DIC atteignent l'Ill, mais les
Allemands ont fait sauter le pont. Et l'Ill est en crue... De leur côté, les
Allemands se préoccupent surtout d'empêcher leurs unités à l'ouest de l'Ill
d'être coupées du gros de la poche. Mais s'ils installent aujourd'hui leur PC
avancé à Fessenheim, donc à onze kilomètres de Neuf-Brisach, cela signifie
qu'ils renoncent aux ponts de Brisach pour acheminer à l'est de Rhin troupes en
retraite et matériel. Ce sera donc Chalampé.
4 février 1945. «Les
Allemands vont-ils se replier sur la rive droite du Rhin ?» ont titré les DNA.
De fait la jonction des alliés à l'est de l'ancienne poche de Colmar n'est
toujours pas réalisée. Le dégel, qui grossit les cours d'eau, complique les
opérations. Le 21e corps américain, au nord, est bloqué à Biesheim (3e régiment
d'infanterie) et à Appenwihr (75e RI). Au sud de Colmar, la 12e division blindée
américaine est arrêté près de Sundhoffen, Sainte-Croix-en-Plaine et Herrlisheim.
Au sud, en revanche, l'avance a repris, avec notamment une poussée spectaculaire
de la 4e division marocaine de montagne qui libère Cernay, Soultz, Wattwiller,
Guebwiller et une partie de Rouffach.
4 février 1945. Soultz est libérée par les éléments de la 4e D.M.M. du Commandant Bastiani.érée
4 février 1945. la 4e DMM tend la main à la 12e division américaine venant de Colmar. Tandis que le 2e corps d’armée « monte la garde sur le Rhin » le 1er corps d’armée court au Danube, qu’il atteint le 21 avril, dans la région de Tuttlingen..
4 février 1945. Libération de Guebwiller, par un groupe de blindé du 4ème Régiment de Spahis Marocains.Puis libération Neuf-Brisach.
4 février 1945. A 7 h 30,libération de Cernay alors que le curé Brendlen de Vieux-Thann célèbre la messe, les soldats français du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains pénètre dans Cernay, alors que le 1er Régiment de Tirailleurs Algériens occupe la cité Baudry, pour rejoindre Steinbach, Uffholtz et Wattwiller. Heureux, Cernéens et Vieux-Thannois mêlés, sortent un à un dans les rues, pour faire la fête aux libérateurs...
4 février 1945. Libération de Turckheim par le 112e Régiment d'Infanterie US de la 28e Division d'Infanterie commandée par le Général Cotta.
4 février 1945. Ce
matin-là, c'était le... 4 février ! Colmar avait été libérée deux jours avant,
mais les habitants de Sundhoffen n'en savaient rien. « Plus tard, j'ai appris
que des obus étaient tombés au nord de la commune. Au sud, à quelques centaines
de mètres de là, personne ne le savait... ».
L'histoire est faite finalement des témoignages humains. Ceux qui n'ont pas vu
tomber d'obus vous jureront que Sundhoffen n'a pas été bombardée. Ceux du nord
affirmeront que la commune a été prise sous un feu d'artillerie d'enfer.
Le temps qu'il faisait
Exemple tout simple : le temps qu'il faisait le 2 février à Colmar. Certains
affirment qu'il gelait à pierre fendre. Ce qui est contredit par les notes du
général Schlesser (commandant du Combat Command N° 4) : lors de sa manœuvre de
contournement de Colmar, dans la nuit du 1er au 2 février entre Sundhoffen et
Ostheim, certains de ses chars se sont enlisés dans la boue du Ried.
Renseignement pris auprès des archives de la météo (à l'Institut de physique du
globe), il a fait effectivement très froid jusqu'à fin janvier, mais le redoux
s'est ensuite installé.
Autre exemple : le 2 février a été retenu pour l'entrée officielle des troupes
alliées dans Colmar. Or il est vraisemblable que quelques éclaireurs étaient
déjà dans la ville dès la fin janvier. Un témoignage précis indique que des G
I's ont patrouillé le soir du 31 janvier rue du Ladhof et que deux d'entre eux
ont passé la nuit dans les locaux de l'entreprise Sommereisen, rue des Belges,
au nord de Colmar.
Détails ? « L'histoire est faite de ce genre de « détails » dont la découverte
peut apporter un éclairage différent », commente Alfred Wahl. Et c'est tout le
talent de l'historien que de savoir faire la part des choses entre le nez de
Cléopâtre et l'avenir du monde...
L'historien: Alfred Wahl
5 février 1945. Libération de Ste Croix en Plaine. Au cours de la seconde guerre mondiale, si les combats de la traversée du Rhin en juin 1940 épargnèrent l'agglomération, la bataille de décembre 1944 à février 1945 fut plus meurtrière. Après la libération de Colmar le 2 février, le Général de Lattre de Tassigny décida de réduire dans les plus brefs délais la poche de Colmar.Les bastions de la ligne de combat longue de 90 km et dans laquelle se trouvait Ste Croix en Plaine, sont enfoncés les uns après les autres, à la suite de combats meurtriers. L'ouragan de feu et de sang se rapprochera de la localité et y pénétrera. Le tribut payé pour sa libération fut assez lourd. Libération de Rouffach.
5 février 1945. Dans la
journée, la route des Crêtes est atteinte, par une section de la 2ème Cie (JANDEAU),
malgré 2 mètres de neige, dans un terrain infesté de mines. Les 3ème et 1ère Cie
occupent respectivement Sauvas, et le Griepkopf; la 2ème Cie attaque en
direction de "Le Breitfirst" par la vallée du Runsche. Mais là aussi, la neige
et les mines retardent la progression. La marche est très lente. Le chef POMMIES
arrête la progression du 1er Bataillon qui se regroupe à Krüth.
Seul le groupe de commando poursuit sa marche. Après un raid audacieux et 14
heures de marche dans la montagne et la neige il atteint successivement le Lac
de la Lauch, Niederlauchen, et Linthal dans la vallée de la Lauch, réalisant en
ce point la liaison avec les troupes françaises qui descendaient la plaine
d'Alsace.
Pendant ce temps, sous les ordres du Capitaine DOUMENC, les démineurs font
sauter les mines antichars; le pont au Runsche est rétabli. La Campagne des
Vosges est terminée.
A cette minute, le Corps Franc Pommiès terminait la mission qu'il s'était
assignée :
participer à la libération totale de la France.
5 février 1945. La
jonction du 21e corps américain et du 1er corps d'armée français a été enfin
réalisée à Rouffach. Ce sont les blindés de la 12e DB et les premiers éléments
de la 4e division marocaine de montagne qui ont pu ainsi couper en deux la poche
de Colmar. En revanche, l'avancée le long du Rhin, de nuit, a été plus pénible,
malgré un puissant éclairage artificiel : la 3e divison d'infanterie US tente
d'ouvrir la route à la 2e division blindée, et le 15e régiment d'infanterie a
atteint Neuf-Brisach où les Allemands ont fait sauter les ponts (rail et route).
Au sud, Ensisheim a été libéré par le 2e régiment d'infanterie coloniale
Au soir du 5 février, la XIXe armée allemande n'occupe plus qu'un rectangle de
35 km sur 20, mais dispose de trois passages pour sa retraite, à Balgau,
Blodelsheim et Chalampé. En Alsace du Nord, on se bat toujours à Oberhoffen,
entre la 257e Volks-Grenadier-Division et le 142e régiment d'infanterie
américain. Dans les Vosges, les Alliés maîtrisent désormais la situation, ayant
atteint Munster et au Ballon de Guebwiller.
5 février 1945. <<
Marseillaises et prise d'armes dans Colmar, et puis la jonction à Rouffach, dans
une aube froide, par le mince fil d'homme en Kaki serrant la main à un autre
homme en kaki, au centre du bourg désert >> : Claudine Chonez, correspondant de
guerre, en quelques mots, dresse l'ecte de décès de la poche de Colmar.
Ainsi, à 7h du matin, le major Scott (Combat Command A de la 12e division
blindée US, <<Armored Division>>) échange un vigoureux <<shake hand>> avec le
colonel Deleuze (à la tête de 4e régiment de spahis marocain accompagné de
tirailleurs de 1er RTM); cette poignée de main sanctionne la coupure de la poche
de Colmar.
CHALAMPÉ SEUL...
Les spahis étaient sur place depuis la veille. Les Américains, au nord, ont
lancé leur offensive dès 2 h le matin. Tout se complique désormais pour la XIXe
armée allemande; d'autant plus que, partout, les alliés ont mis à profit la nuit
pour progresser, en mettant à profit des techniques diverses.
La plus originale est sans conteste celle utilisée par le général US O'Daniel,
commandant la 3e division d'infanterie US (3e DIUS). Celle-ci a pour mission de
se glisser en pleine nuit entre Neuf-Brisach et le Rhin. De Lattre: <<J'avoue
mon inquiétude à Milbrun: n'est-ce pas bien délicat?>>. <<J'ai ce qu'il faut>>
interrompt O'Daniel, mytérieux et un rien fâché. Effectivement, sans être tout à
fait Josué, capable de commander au soleil, O'Daniel est maître de la lune...
Les puissants feux de projecteurs spéciaux reflétés par les nuages engendrent
sur un front de trois kilomètres un clair de lune artificiel qui à minuit,
permet au chef de la 3e DIUS de réaliser son plan... Sous les rayons de cet
astre made in USA, l'opération se déroule méthodiquement.>>
Après la manufacture de tabac et la gare (à 4h), Volgelsheim (à 6h), la caserne
Abbatucci et le bois Boulay sont enlevés.
Mais le fort Mortier résiste. Pendant ce temps, le 2e bataillon du 15e RIUS
s'est infiltré jusqu'au Rhin mais les deux ponts, le routier et le ferroviaire,
ont été détruits par les allemands. Il ne reste plus à l'ennemi, comme artère
vitale, que le pont de Chalampé. Or la 2e DB est chargée de lui couper cet
accès. Encore faut-il lui ouvrir la route tâche que doit, justement, remplir le
3e division d'infanterie US. En attendant, le groupe tactique Langlade (avec
Massu) enlève Logelheim puis Hettenschlag.
Au sud de la furure ex-poche de Colmar, <<bien que ne disposant pas de clair de
lune de commande>> (de Lattre dixit), Bétouart a activé son corps d'armée tout
au long de la nuit du 4 au 5. A l'aube, le Command 3 de la 1re DB a traversé
Ungersheim et occupe la rive gauche de l'Ill de Réguisheim à Oberentzen avec
l'appui de la 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM).
Le plus dur n'est pas loin et il est le lot de la 9e division d'infanterie
coloniale (9e DIC). L'objectif est Ensisheim dont la date de libération avait,
initialement, été fixée au... 1er février. Il faut franchir l'Ill.
<<Le général Mortière a choisi, pour point de franchissement de l'Ill, le coude
qui fait saillie dans le bois de Réguisheim, couvert autorisant une mise en
place relativement discrète des unités d'assauts>> (de Lattre)
La relativité de la discrétion se vérifie à la réaction de l'ennemi d'autant
plus que les moyens de franchissement de l'Ill sont dérisoires (six canots et
des radeaux de fortune). Les pertes française sont importantes. Finalement, à
22h30, le 2e régiment d'infanterie coloniale (2e RIC) pénètre dans Ensisheim.
Les Allemands décrochent dans la nuit: à 6 h du matin, Ensisheim est entièrement
libéré.
BAD KROTZINGEN A MINUIT
Le décrochage d'Ensisheim s'inscrit dans un mouvement d'ensemble de la XIXe
armée allemande. Tout au long de la journée, les unités se sont repliées en
direction de Rhin, même la 16e Voksgrenadier Division, basée dans la région de
Munster, est arrivée, pour l'essentiel, à les rejoindre. Les Allemands passent
sur la rive est du Rhin soit par bacs, soit par le pont de Chalampé malgré
l'artillerie et les bombadements alliés.
Cela dit, le groupe d'armée (<<Heeresgruppe>>) croit pouvoir récupérer de
grandes unités pour les injecter sur un autre front. Il ignore totalement leur
état réel: pas moins de vingt bataillons d'infanterie ont dû être dissous en
raison des pertes...
A 16h 45, la XIXe armée allemande envoie un télex au groupe d'armée; il comporte
un calendrier d'évacuation dont le terme est la nuit du 9 au 10 février. A ce
moment, la tête de pont en Alsace sera abandonnée.
Le télex, réceptionné à 18h, ne rencontre aucune objection. Les ordres sont
donnés en conséquence. A minuit, le PC de la XIXe armée est installé à
Bad-Krotzingen sur la rive est du Rhin, en Allemagne.
5 au 6 février 1945. Libération de Volgelsheim, des bombardements causèrent la destruction de 20 maisons et en endommagèrent 80 autres.
6 février 1945. Le 21e
corps d'armée américain et le 1er corps d'armée français sont proches de faire
leur jonction. Au nord, la 3e division d'infanterie a libéré Vogelgrun et stoppé
devant Algolsheim ; le 30e régiment d'infanterie est entré dans Neuf-Brisach
évacué par les Allemands, et le 28e division d'infanterie est arrivée au canal
du Rhône-au-Rhin.
Au sud, pendant que le génie lance des ponts sur l'Ill pour laisser passer la
1ere division blindée, l'infanterie de la 2e division d'infanterie marocaine et
la 9e division d'infanterie coloniale ont atteint Hirtzfelden et Munchhouse.
6 février 1945. Libération de Sausheim, Le village fut beaucoup plus durement touché par la seconde guerre mondiale. Il fut détruit à 75 %. Libération d' Ensisheim. Libération de Algolsheim par les alliés, après son bombardement qui causera de nombreux dégâts. Libération de Appenwihr. Libération de Weckolsheim
6 février 1945. Le Rhin est occupé par les Français de COLMAR à BALE
7 février 1945. Les
blindés du Combat Command 3 (groupement tactique) de la 1ere division blindée
ont franchi l'Ill à Ensisheim et se sont battus à hauteur du canal du
Rhône-au-Rhin, appuyés par l'infanterie du 8e régiment de tirailleurs marocains
qui a établi une tête de pont à la ferme de Schoefferhoff. Au nord, le 21e corps
américain progresse : Heiteren, Balgau sont libérés, et le sous-groupement Massu
de la 2e division blindée française suit.
Mais pendant ce temps, la XIXe armée allemande s'échappe par le pont de Chalampé
malgré les bombardements de l'aviation alliée. 20 000 hommes, 16 blindés et 100
canons seraient passés rien qu'en ce jour outre-Rhin !
7 février 1945. Le 1er Bataillon (du Corps Franc ) rejoint Cornimont à pied par le col d'Oderen. C'est le repos et les premières permissions.
8 février 1945. Libération de Geiswasser
8 février 1945. Une prise d'armes est organisée sur la place Rapp (du nom d'un Général de Napoléon originaire de Colmar) en l'honneur du Général de Lattre de Tassigny et une autre le 10 en l'honneur du Général de Gaulle. L'escadron va couler quelques jours heureux et prendre un repos bien mérité. On parle même de permissions. Les premières pour la plupart d'entre nous. En attendant, les 7 chars(1RAC) qui nous restent sont parqués au quartier RAPP et on remet le matériel en état. Etant, d'une part, un de ceux qui avaient quitté la France depuis le plus longtemps ( près de 3 ans et demi ), et d'autre parte un de ceux qui habitent le plus loin, je suis un des premiers à partir pour une permission de 10 jours plus 4 jours de délais de route car il faut compter avec les difficultés de transport, les voies ferrées n'étant pas partout totalement remises en état. Raymond Lescastreyres
8 février 1945. La
jonction nord-sud a été bouclée autour de ce qui fut la poche de Colmar : le
Combat Command 3 (groupement tactique) de la 1ere division blindée (1er corps
d'armée) est entré au sud de Fessenheim. Au nord, arrivait le sous-groupement
Gribius de la 2e division blindée, subordonnée alors au 21e corps d'armée
américain. Les combats se sont poursuivis à l'ouest du Rhin et dans la forêt de
la Hardt. Au soir, quatre communes sont encore tenues par les Allemands dans le
Haut-Rhin : Rumersheim, Bantzenheim, Ottmarsheim et... Chalampé où le pont voit
s'échapper les restes de la XIXe armée allemande, malgré un ordre contraire de
Hitler.
Si le Haut-Rhin est désormais presqu'entièrement libéré, les combats continuent
au nord. Oberhoffen, objet de combats acharnés, est en ruines. Les civils au
nord de la Moder vivent dans des conditions très pénibles, avec les militaires
allemands et le retour de la Gestapo.
9 février 1945. A 8 h,
les Allemands ont fait sauter le pont de Chalampé après le passage de leurs
derniers soldats sur la rive droite du Rhin. Il n'y a plus de poche de Colmar.
Le général de Lattre (1ere armée française), qui passe les troupes en revue à
Colmar, lance un communiqué de victoire : « Les forces alliées de la Iere armée
française bordent le fleuve sur toute l'étendue de leur secteur. Elles ont tenu
la parole de Turenne : il ne doit pas y avoir d'homme de guerre au repos tant
qu'il restera un Allemand en deçà du Rhin ».
Ce n'est qu'en partie vrai puisque le Nord de l'Alsace est toujours sous la
botte allemande, dans la zone confiée à la VIIe armée américaine. Et qu'une rude
bataille se poursuit à Oberhoffen.
Les Allemands, avant leur retraite, ont labouré les voies ferrées avec un engin spécial appelé " Schienenwolf " (loup ferroviaire), endommageant partiellement d'importantes sections de lignes comme à Montreux-Vieux.
9 février 1945.
Libération de Chalampé. Un témoignage:((Le Riedisheimois Gaston Wira, incorporé
de force comme auxiliaire de la défense aérienne, a assisté à la libération de
Chalampé le 9 février 1945.))« De septembre à novembre 1944, je faisais partie
de la batterie de DCA allemande chargée de défendre les deux ponts de Chalampé.
Après la percée de la 1re DB par Delle, Seppois et Bartenheim, nous nous sommes
repliés sur la rive allemande du Rhin. De là, nous avons été mutés sous bonne
garde en Tchécoslovaquie, puis à Leipzig. Le 16 janvier 1945, j'ai réussi à
déserter avec deux camarades. Revenus à Fribourg, nous avons franchi le Rhin le
19 janvier. En 19 jours, mon périple m'a alors mené à pied de la fameuse "poche
de Colmar" par Guebwiller jusqu'à Chalampé-le-Bas. » En faisant escale à
Battenheim, le hasard lui a fait rencontrer la famille Charles Wolff de
Chalampé. C'est par elle que le jeune homme a appris que la commune était
évacuée et que la famille Arthur Hug se trouvait à Chalampé-le-Bas chez Joseph
Fritschy ainsi que les familles Baumgartner, Henri Schirmer et le curé
Kannengiesser. Les duels d'artillerie continuaient entre Sausheim, occupé par
les Français, et Ensisheim encore allemande. « Sans le savoir, je me trouvais
donc dans le Nomansland. Le lendemain, je marchais par la Hardt vers Munchhouse
puis par Rumersheim vers Chalampé-le-Bas. C'est là que j'ai retrouvé mon ami
Raymond Hug qui m'a accueilli avec les siens dans une maison sans confort et
sans électricité, mais entourée de tranchées allemandes. J'y ai vécu la retraite
de la Wehrmacht ». Pour cette dernière, l'accès au pont de chemin de fer de
Chalampé a été un vrai calvaire. La route était livrée aux attaques aériennes
alliées. Les chemins des champs étaient jour et nuit sous le feu de l'artillerie
française. Les cadavres de soldats et de chevaux, les carcasses de camions
jonchaient la route de Munchhouse - Bantzenheim - Chalampé. « Le 6 février, les
tirs d'artillerie s'intensifiaient, mais notre secteur restait épargné. Au loin,
une forte lueur d'incendie témoignait du "Barakenlager" de Neuenburg en flammes.
Les 7 et 8 février étaient plutôt calmes. Ayant endossé des effets civils,
j'accompagnais Henri Schirmer à Bantzenheim, chercher du pain. Au retour, une
sentinelle allemande nous a interceptés, et nous a conduit chez le lieutenant
qui après une fouille minutieuse nous a heureusement relâchés».
Caché dans la cave
Au retour, nos amis étaient désespérés. Un commando SS venait d'arrêter le curé
Kannengiesser et Hubert Hug, les accusant d'avoir sectionné les câbles
téléphoniques de la "Panzerbrigade" battant en retraite. L'après-midi, ils
revenaient et emmenaient également Henri Schirmer. « Les voyant arriver,
Joséphine Hug avait l'heureux réflexe d'ouvrir la trappe de la minuscule cave,
de m'y pousser et de placer le lit du petit Pierre sur la trappe. S'ils avaient
trouvé le déserteur que j'étais à ce moment-là, j'aurais eu droit au peloton
d'exécution. Le soir du 8 février, une explosion de très forte intensité a
déchiré la nuit. Le pont du chemin de fer de Chalampé avait sauté. Peu après
nous avons perçu le mugissement d'un blindé allemand, le dernier à vouloir
franchir le pont du Rhin. C'était trop tard ! Nous l'avons retrouvé après la
libération au débouché de la rue de la Victoire, la tourelle arrachée. Le matin
du 9 février un tir nourri d'artillerie a arrosé Chalampé. Nous avons décidé
d'aller nous réfugier ailleurs et, au moment de sortir de la cour, je me suis
rendu compte que les tranchées allemandes étaient vides. Mais au loin, des blocs
de boue (ndlr : des blindés sur une route inondée) se dirigeaient vers nous.
J'ai compris et j'ai hurlé de joie : "Les Français arrivent !" » C'est ainsi que
Gaston Wira a vécu la libération de Chalampé, la dernière commune du sud de
l'Alsace à être revenue à la France.
Âgé de 16 ans, Gaston Wira a déserté de l'armée allemande le 16 janvier 1945.
Caché par la famille Hug, il a réussi à échapper à l'occupant allemand.
9 février 1945. De Lattre envoya ce communiqué : "Au 21e jour d'une âpre bataille au cours de laquelle les troupes américaines et françaises ont rivalisé d'ardeur, de ténacité et de sens manœuvrier, l'ennemi a été chassé de la plaine d'Alsace et a dû repasser le Rhin." Ce communiqué reflète parfaitement la réalité.
10 février 1945. Les
Allemands recommencent à mobiliser des civils dans le Nord de l'Alsace. Exemple
: à Niederbronn, hommes et femmes doivent creuser des tranchées.
Le reste de l'Alsace fête la victoire : le général de Gaulle est passé à
Mulhouse, où il a présidé une prise d'armes et prononcé un discours depuis le
perron de l'hôtel de ville. A Colmar, il a décoré les généraux de Lattre et
Leclerc, ainsi que les généraux américains Milburn et O'Daniel, avant de
rejoindre Strasbourg dans la soirée.
11 février 1945. Le
général de Gaulle a assisté à un solennel Te Deum dans la cathédrale de
Strasbourg, aux côtés de Mgr Ruch, puis présidé une réception en l'hôtel de
ville, avec le maire Charles Frey, avant un défilé de troupes place Broglie.
Le Nord de l'Alsace - qui se sent oublié - souffre. L'armée allemande, très
affaiblie, utilise tous les moyens possibles pour dissuader les Alliés : elle
construit des leurres (faux soldats, faux véhicules). A Gumbrechtshoffen, elle a
réquisitionné, ce jour, des chevaux pour tracter un blindé à court de carburant.
Journée décisive dans l'ancienne tête de pont de Gambsheim : Oberhoffen, où se
bat avec acharnement depuis plusieurs jours la 257e Volks-Grenadier-Division. La
commune, évacuée et sinistrée, est enfin libérée par le 142e régiment
d'infanterie américain.
12 février 1945. La
réduction de la tête de pont de Gambsheim, formée lors de l'opération Nordwind,
semble désormais acquise, après la libération d'Oberhoffen. Mais on se bat
encore à Drusenheim et Offendorf.
Le général de Gaulle s'est rendu à Saverne, PC des forces américaines, et a
décoré plusieurs officiers alliés, dont le général Patch, commandant la VIIe
armée.
Les artilleries allemandes et américaines échangent régulièrement des tirs en
Alsace du Nord, y faisant des victimes civiles et provoquant des dégâts.
13 février 1945.
L'ancienne tête de pont de Gambsheim est presque réduite, mais on s'y bat
encore. Des tirs d'artillerie, venus d'outre-Rhin, ont été signalés dans le
Haut-Rhin, à Hésingue et Bartenheim.
Le général américain Devers a officiellement félicité le général de Lattre pour
« les qualités magnifique de chef dont [il] a fait preuve comme général
commandant la Iere armée française dans la réduction de la poche de Colmar. »
14 février 1945. Le
quartier général du 6e groupe d'armées a signalé que des obus d'artillerie
étaient tombés sur Brumath et que l'artillerie alliée avaient pris pour cible
quinze chars ennemis près de Mietesheim, à l'aube. La zone industrielle d'Oberhoffen
est annoncée comme « nettoyée ».
L'aviation américaine a bombardé le poste de commandement (PC) de la 6e division
de montagne allemande près d'Eguelshardt : y sont tombées 16 bombes de 500
livres et 8 bombes incendiaires.
14 février 1945. A Rouffach, premiers pas de l' Ecole des cadres de la 1re armée. De Lattre: "Ils ont une âme de vainqueurs, nous leur ferons une âme de conquérant! "
15 février 1945. La
situation est stable sur le front nord en Alsace, mais le QG du 6e groupe
d'armée signale que l'artillerie allemande a profité d'une bonne visibilité pour
bombarder des « positions avancées ». Des obus sont tombés sur Saverne.
Plus à l'Est, l'artillerie allemande a également tiré sur des faubourgs de
Strasbourg et sur les environs de Gambsheim. L'artillerie alliée a réagi par «
des tirs violents » sur Sundheim, au sud de Kehl.
16 février 1945. Le
quartier général des forces expéditionnaires alliées a annoncé qu'enfin, la
région d'Oberhoffen a été « nettoyée ». Il a calculé par ailleurs que la
réduction de la poche de Colmar a fait quelque 20 000 prisonniers allemands.
Au nord de l'Alsace, la VIIe armée américaine a mené une activité de
patrouilles. Pfaffenhoffen et Obermodern ont été les cibles de l'artillerie
allemande.
Les DNA datées de ce jour publient un message de Charles Frey, maire de
Strasbourg, demandant à ses concitoyens d'enlever toutes les affiches et
inscriptions allemandes des murs et enseignes de la ville.
17 février 1945. Une relève importante a commencé sur le front d'Alsace du Nord. La 45e division d'infanterie américaine est remplacée par la 42e, dite « Rainbow », entre Wingen-sur-Moder et Rothbach. Les Allemands, de leur côté, ont ré instauré la levée populaire, le Volkssturm, dans la zone qu'ils contrôlent en Alsace du Nord. Par exemple à Rothbach, ce jour ont été convoqués tous les hommes entre 16 et 55 ans. Dix obus sont tombés en deux jours sur Niederbronn-les-Bains.
18 février 1945. A
Rouffach, le général de Lattre a ouvert son École des cadres de la Iere armée,
confiée au commandant Lecoq : les stagiaires y passent six semaines à tour de
rôle. L'un des objectifs est de mieux intégrer les Forces françaises libres. La
1ere division française libre apprécie modérément.
Les DNA-(dernières nouvelles d'Alsace) publient une interview d'André Malraux,
alias colonel Berger, commandant la brigade Alsace-Lorraine. « Voyez-vous, les
Alsaciens savent se battre. Et ils avaient des raisons impérieuses de se battre
», explique-t-il au journaliste alsacien.
Sur le front nord, des obus de calibre 380 mm ont été tirés sur Saverne : les
pièces sont probablement près de Reichshoffen.
19 février 1945. Le
quartier général du 6e groupe d'armées a signalé « plusieurs tentatives
d'infiltration » de l'ennemi près de Sarreguemines. Sur le front de la Iere
armée française, des tirs de mortier ont visé Rhinau et un groupe ennemi a tenté
de passer le Rhin à hauteur de Blodelsheim. La 1ere division française libre
(1ere DFL) a commencé à se regrouper autour de Sélestat.
Les Alsaciens de Paris ont célébré la libération de l'Alsace, rassemblés devant
la statue symbolisant Strasbourg. Pourtant, une large bande de l'Alsace du Nord
est encore tenue par la Iere armée allemande.
20 février 1945. « Vive
activité de patrouilles » dans le secteur de la VIIe armée, c'est-à-dire en
Alsace du Nord, a signalé le quartier général du 6e groupe d'armées. Au sud des
positions avancées de la Iere armée ont été attaquées près de Fessenheim
(Haut-Rhin), au sud de Neuf-Brisach.
Dans l'Alsace du Nord, les troupes allemandes réquisitionnent pour se nourrir. A
Nierderbronn-les-Bains, ce sont 60 vaches qui ont été saisies ces jours-ci.
Dans les états-majors alliés se prépare la phase d'attaque suivante. L'enjeu,
pour les Français - et notamment la Iere armée du général de Lattre -, est de
participer à l'entrée sur le territoire allemand.
21 février 1945. Une
patrouille allemande qui avait traversé le Rhin près de Niffer a été repoussée,
annonce le quartier général du 6e groupe d'armées. Sur le front nord, des
désertions de soldats allemands ont été signalées : il s'agit en général
d'incorporés des pays occupés. Ainsi deux Croates du 11e régiment de SS se
sont-ils rendus ce jour à Wildenguth, près de Wingen-sur-Moder.
En Alsace, la présence de nombreux soldats musulmans de la Ire armée oblige à
rappeler leurs traditions religieuses pour ne pas provoquer d'incidents. Un
arrêté du gouverneur militaire de Strasbourg, le général Touzet du Vigier,
publié dans les DNA, interdit par exemple aux débits de boissons de servir de
l'alcool aux militaires musulmans.
22 février 1945. Jour de
fête aujourd'hui à Mulhouse; le premier convoi partant de Paris par voie ferrée
est annoncé en gare pour 15 h 30. Il s'agit d' une michelin. L' autorail aura à
son bord de nombreuses personnalités dont M. Goursat, directeur général de la
SNCF.
Il a fallu trois mois pour remettre le tronçon Lure-Mulhouse en état. Le tunnel
de Chamagney et le viaduc de Dannemarie ont été reconstruits par le génie de la
1re armée française. Le débat sur l' épuration bat son plein.
23 février 1945. Relève dans les troupes allemandes au nord de l'Alsace : le 90e
corps a pris le contrôle du secteur de Bitche. Des troupes rescapées des combats
de la poche de Colmar sont dorénavant amenées en renfort en Alsace du Nord.
En face, l'artillerie américaine poursuit ses tirs réguliers : à Offwiller, 31
obus sont tombés ce jour sur le centre du village, faisant 20 victimes, selon la
103e division d'infanterie américaine. Quand la météo le permet, c'est
l'aviation qui procède parfois à des bombardements : Obersteinbach a été
bombardé ce 23 février et une adolescente de 13 ans y a été tuée.
24 février 1945. On ne se
bat pas qu'en Alsace du Nord. En soirée, des patrouilles allemandes ont traversé
le Rhin en plusieurs endroits (Marckolsheim, Neuf-Brisach, Nambsheim,
Ottmarsheim), et ont été repoussées dans la nuit.
Les DNA publient un reportage signé Pierre Frédérix sur le château de La
Hunebourg, dans les Vosges alsaciennes, dont le propriétaire, l'autonomiste pro
nazi Karl Spiesser, est en fuite. Le reporter précise qu'il a entendu des
explosions et vu de la fumée dans la zone de Bitche et Wissembourg.
25 février 1945. Un obus
de 280 mm est tombé sur Saverne, qui héberge une base américaine de la VIIe
armée : dix militaires ont été tués, quatorze autres blessés.
Les DNA publient un article sur Radio Strasbourg, « la voix de la France en
Alsace », qui attend la reconstruction de son émetteur.
26 février 1945.
Le port de
Strasbourg a fait l'objet de deux « tentatives de raid » allemandes, repoussées
par l'armée française.
En ces derniers jours de février se prépare une opération majeure des alliés
pour la mi-mars. Il s'agit de percer définitivement les défenses allemandes à
l'Ouest. La VIIe armée aura pour objectif la ligne Siegfried. Accessoirement,
cette opération devrait libérer la portion d'Alsace encore sous la botte
allemande, au nord de la Moder.
27 février 1945. Les
Forces françaises de l'Intérieur (FFI) d'Alsace ont été dissoutes par le
gouverneur militaire de Strasbourg, commandant la Xe région militaire, le
général Touzet du Vigier.
Le tribunal militaire régional a prononcé une condamnation à mort : celle d'un
homme qui, le 8 février, avait mortellement blessé le contrôleur principal des
Domaines, Léon Weber.
L'évêque de Strasbourg, Mgr Ruch, revenu à Strasbourg en décembre et qui avait
accueilli de Gaulle à la cathédrale le 11 février, est allé remercier le diocèse
de Périgueux de l'avoir accueilli durant la guerre.
28 février 1945. Dans la
région de Haguenau, des tirs de mitrailleuses allemandes ont pris à partie des
unités américaines. L'aviation française (31e et 34e escadres du 1er corps
aérien) a bombardé la zone industrielle au nord de Fribourg-en-Brisgau, en pays
de Bade.
Le couvre-feu à Strasbourg, annoncent les DNA, sera repoussé de 18 h à 20 h au
1er mars. Un certain abbé Pierre « aumônier du maquis » a rencontré la presse à
Strasbourg (il ira à Mulhouse le lendemain donner une conférence) : il s'agit
bien du futur fondateur des communautés d'Emmaüs. Il a alors 32 ans et est
envoyé en tournée par le ministère de l'Information.
Mars 1945
1er
mars 1945.
En Alsace du Nord, l'artillerie alliée tire régulièrement. Ainsi
Nierderbronn-les-Bains a-t-elle été bombardée dès l'aube. A Offwiller, trois
maisons, où étaient installés des postes d'obervation allemands, ont été
détruites.
Les DNA publie un article de Roger Koeffler commémorant la prise de Koufra
(Libye) par le général Leclerc il y a quatre ans, Koufra « où des troupes
françaises tiennent garnison (...) relevant celles que leur chef avait promis de
conduire jusqu'à Strasbourg ». Le journal donne aussi le nom de deux malgré-nous
alsaciens libérés par les Russes : Richard Mourlan (Barembach) et Pierre Knab
(Mulhouse).
2
mars 1945.
Des avions alliés, en rase-mottes au-dessus de Niederbronn-les-Bains, ont tiré à
la mitrailleuse. L'artillerie a visé des dépôts autour du marché, mais a raté sa
cible et endommagé plusieurs maisons au nord de la ville.
L'aviation alliée croit avoir décelé des signes de repli des troupes allemandes
sur la rive gauche du Rhin, selon le quartier général de la 2e armée aérienne
tactique.
3 mars 1945. Les Américains ont tenté d'établir une tête de pont à Haguenau au nord de la Moder. Une compagnie du 143e régiment d'infanterie US a franchi la rivière et pris une à une onze maisons. Elle a été relevée dans la journée par un bataillon du 141e régiment d'infanterie. Mais une contre-attaque allemande a récupéré neuf de ces maisons au cours d'un véritable combat de rue.
4
mars 1945.
Le général de Gaulle s'est rendu ce jour à Oradour-sur-Glane, en Limousin. « Ce
qui s'est passé à Oradour, a-t-il déclaré, est un symbole des malheurs de la
patrie ».
A Niederbronn-les-Bains, très exposées au tirs, plusieurs maisons ont été
bombardées par les alliés et deux fillettes tuées.
Un court article dans les DNA justifie la baisse de la ration journalière de
matières grasses de la population bas-rhinoise (300 gr au lieu de 500) : il
s'agit de solidarité avec la zone récemment libérée de la poche de Colmar dont
les stocks ont été vidés par les Allemands.
5
mars 1945.
L'idée d'une opération alliée sur le Rhin a repris corps : désormais les forces
américaines ont atteint la région de Cologne (Rhénanie du Nord-Westphalie).
Comme elles ne visent plus Berlin, laissé à l'Armée Rouge, il est probable
qu'elles décident d'aligner le front ouest. En clair, conquérir la
Rhénanie-Palatinat, dans la zone de Coblence et Mayence, tâche confiée à l'ouest
à la IIIe armée du général Patton, que devrait rejoindre au sud à la VIIe armée,
celle, justement qui s'est arrêtée, en Alsace, sur la Moder. Ce sera peut-être
-enfin- la chance du nord de l'Alsace, bien oublié jusqu'ici.
Ces jours-ci, on y échange surtout des tirs d'artillerie. Par exemple,
l'artillerie américaine a tiré ce 5 mars sur des positions au sud-est d'Offwiller.
L'infanterie s'y bat aussi à Haguenau pour quelques maisons au nord de la Moder.
6
mars 1945.
Les combats se sont poursuivis à Haguenau pour un pâté de maison au nord de la
Moder. L'espoir de voir enfin reprise l'offensive américaine au nord de l'Alsace
renaît : des éléments de la Iere armée US sont en effet entrés dans Cologne et
les DNA de ce jour soulignent que « les alliés, méthodiquement, alignent leurs
forces face au Rhin ».
Le journal, qui, pour la première fois depuis sa reparution, paraît sur 4 pages,
publie un reportage sur Colmar ; le journaliste André Gaubt note que la ville «
a de l'électricité et même un peu de gaz, de quoi faire envie aux ménagères
strasbourgeoises ».
7
mars 1945.
Le Rhin est franchi par les troupes alliés, à 300 km de Strasbourg, à Remagen
(Rhénanie-Palatinat), au sud de Bonn, dont le pont ferroviaire est pris par des
éléments de la Iere armée américaine.
Le général américain Devers a informé le général français de Lattre de
l'imminente attaque de sa VIIe armée. L'opération, qui libérerait Wissembourg, a
un nom : Undertone, qui a le double sens de « nuance » ou de « murmure ». La 3e
division d'infanterie algérienne (Iere armée française) aurait pour mission
d'appuyer l'attaque américaine, en avançant le long du Rhin jusqu'à Lauterbourg.
A Haguenau, les soldats américains ont repris le pâté de maisons, au nord de la
Moder, disputé depuis plusieurs jours.
Le maire d'Ammerschwihr, dans les DNA, demande le déminage du vignoble avant le
printemps, faute de quoi les vendanges seront perdues cette année et compromises
pendant trois ans.
8
mars 1945.
La 1ere division française libre a reçu l'ordre de quitter l'Alsace : elle doit
rejoindre la frontière franco-italienne dans les Alpes.
En Alsace du Nord, les échanges d'artillerie se poursuivent : à
Niederbronn-les-Bains, des bombes incendiaires sont tombées sur l'imprimerie
Willm dans la soirée.
9 mars 1945.
La nouvelle du franchissement du Rhin à Remagen (entre Coblence et Bonn), que
publient les DNA ce jour, est saluée comme un signe d'espoir. Désormais,
l'opinion publique comprend que l'objectif est de s'aligner sur le Rhin pour
mieux le franchir, ce qui est de bon augure pour l'Alsace du nord, où les
bombardements alliés continuent.
Les préparatifs de l'opération Undertone n'ont pas échappé aux forces
allemandes.
10
mars 1945.
Les ordres officiels ont été donnés pour l'opération Undertone. Le général
américain Devers (6e groupe d'armées) confie la mission d'une attaque vers
Sarrebruck et Wissembourg à la VIIe armée du général Patch. En terre alsacienne,
c'est son 6e corps, augmenté de troupes françaises (3e division d'infanterie
algérienne et Combat Command n°6 de la 5e division blindée) qui doivent agir.
Le front allemand, au nord de l'Alsace, est en plein réorganisation. Le 90e
corps d'armée vient de s'étendre jusqu'au Rhin, à l'est, tandis que l'aile ouest
est désormais sous l'autorité du 13e corps SS.
La multiplication des désertions dans les lignes allemandes, notamment sur le
front ouest, a poussé Hitler à promulguer un arrêté indiquant qu'allocations
familiales et autres remboursements seront supprimés aux familles des
déserteurs.
13
mars 1945.
L'opération Undertone est imminente en Alsace du nord et sa date n'est plus un
secret : ce sera le 15 mars. L'aviation alliée a fait ce jour sur la zone, 115
sorties avec 36 chasseurs-bombardiers.
A Haguenau, la 141e division d'infanterie américaine a tenté d'élargir sa tête
de pont au nord de la Moder, sans succès.
Dans les DNA, le recteur Prélot expose ce que sera l'université de Strasbourg
dont les cours reprendront à l'automne. Aux sept facultés - dont les deux de
théologie, catholique et protestante - seront ajoutés trois instituts : Hautes
études alsaciennes, Hautes études étrangères (qui remplacera le Centre d'études
germaniques) et Etudes coloniales...
14 mars 1945. Au nord
de l'Alsace, la préparation aérienne de l'opération Undertone s'est accentuée.
L'aviation alliée (12e Tactical Air Command) a détruit les routes à l'ouest de
Mouterhouse. En même temps, les bombardiers de la 8e Air Force ont pilonné les
fortifications du West Wall, la double ligne de défense allemande.
Le général de Lattre, à Paris, a rencontré la presse. Il a fait le point sur les
pertes de la Iere armée depuis le débarquement de Provence en août (10 000 tués,
dont 80% en Alsace, et 32 000 blessés). Questionné sur la date de l'entrée de
l'armée française en Allemagne, il a répondu prudemment : « Je ne sais quand,
mais elle y entrera sûrement ».
15 mars 1945.
L'opération Undertone est lancée au nord de l'Alsace. Elle a commencé par un
puissant bombardement aérien -qui a fait des victimes civiles, notamment à
Reichshoffen et Niederbronn. La VIIe armée américaine a attaqué sur toute la
largeur du front, avec son 21e corps à l'ouest de la Sarre, le 15e à l'est et le
6e corps d'armée autour de Haguenau.
Au sein de ce corps d'armée, la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA,
française) a franchi la Moder, mais a été bloquée par les champs de mine, les
tirs de mitrailleuses et la résistance du camp d'Oberhoffen. Elle a peu
progressé.
Les troupes allemandes face à cette offensive -soit sept divisions de la Iere
armée allemande, dont plusieurs très affaiblies- n'ont pas réussi à maintenir
une ligne de défense. En revanche, plusieurs de leurs contre-attaques ont
compliqué l'avancée alliée, par exemple à Uttenhoffen.
15 mars 1945. A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, après avoir été libéré par les troupes américaines fin novembre 1944, Bitschhoffen a été de nouveau occupé par les Allemands fin janvier 1945. Dans le cadre de l'offensive des Ardennes menée par Von Runstedt et l'opération Nordwind, visant à reprendre Strasbourg et toute l'Alsace, le front se stabilisait à partir de ce moment sur la Moder de sorte que Bitschhoffen, tenu par les Allemands, avait à subir pendant un mois et demi, le tir d'artillerie et le bombardement des troupes américaines. Quand, au matin du 15 mars 1945, le village a été pris d'assaut et libéré par les Américains, Bitschhoffen était en ruines car 90 % des bâtiments étaient détruits. Après la guerre, la reconstruction s'est étendue sur plusieurs années de sorte que les habitants avaient à endurer les pires privations. L'église détruite a été reconstruite à un autre emplacement.
16 mars 1945. Forte progression de la 42e division d' infanterie US à l' ouest de Haguenau. Le secteur nord de Haguenau et nettoyé par la 36e DIUS. A l' est, le 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4RTT) enlève le camps d' Oberhoffen et le 3e RTA (régiment de tirailleurs algériens) le village de Schirrheim. Interventions de l' aviation française en soutient de la 1re armée.
Aujourd'hui est une grande journée pour l' armée américaine. Elle franchit massivement la Moselle en Allemagne. Dans le sud des Alpes, le 1re division française libre (1re DFL) relève la 44e brigade américaine.
17 mars 1945. Les Alsaciens invités à déclarer leurs avoir à l' étranger et en or. Le gouvernement laisse le choix entre une régularisation peu coûteuse et des sanctions très sévères à ceux qui seraient en infration. Dans le nord du Bas-Rhin, le guerre continue. Avancée des troupes américaines. Niederbronn, Soufflenheim, Drusenheim, Fort-Louis sont libérés. Les Français élargissent leur créneau.Dans la nuit du 16 au 17, l' adversaire rompt le contact, non sans avoir tenté de masquer son décrochage par une vive contre-attaque de SS menée jusqu'au corps à corps contre les Algériens à Schirrheim. Aussitôt, la poursuite s' engage. Plus gêné par le nombre incroyable de mines que par le feu, le 3e régiment de tirailleurs algériens (3e RTA) occupe soufflenheim et Koenigsbruck, pendant que le 3e régiment de spahis algériens (3e SPAR) et le Combat Command 6 prennent Drussenheim et Fort-Louis avant de retrouver le contact à Roeschwoog.
Pendant ce temps Guillaume a lancé, en pleine forêt de Haguenau, le 1er groupement de tabors marocains (1er GTM- colonel LeBlanc). Méprisant les mines sur lesquelles sautent trop souvent les hommes de tête de leurs colonnes, les goumiers la traversent tout entière et débouchent à Rittershoffen sans rencontrer d' ailleurs un seul élément allié. Grâce à ce mouvement audacieux, nous sommes à quatorze kilomètres à l' ouest du Rhin alors que la limite de notre secteur ne s' en écarte que de six kilomètres (de Lattre).
18 mars 1945.Première bombes volantes japonaises dans le Pacifique. Le 14e division blindées US en phase d' exploitation. Wissembourg à portée de canon. Retour à Hatten et Rittershoffen complètement détruits. La 3e division d' infanterie algérienne continue à élargir sa zone d' action. l' armée française a son créneau sur la Lauter. Entrevue Devers, de Lattre à Phalsbourg.
Les événements se précipitent dans le nord de l' Alsace. Il apparaît clairement que les Allemands, au prix d' actions de retardement, se replient en direction de la ligne Siegfried. Exploitant la percée de la 36e division d' infanterie US (36e DIUS), la 14e division blindée se lance alors dans une phase d' exploitation.
Le groupe de combat A mené par le 25e bataillon de chars, regroupé autour de Ringendorf, traverse la forêt de Haguenau, atteind Mertzwiller, Morsbronn, Surbourg, Hohwiller et se dirige sur Leiterswiller.
19 mars 1945. Libération de Wissembourg par les Américains, mais il y eu une première libération le 16 décembre 1944.
19 mars 1945. Le nord du Bas-Rhin est entièrement libéré. A 16h 30, les Tunisiens de la 1er Armée s'emparent de Scheibenhard.
19
mars 1945.
Dès hier, les GI's ont passé la frontière entre l'Alsace et l'Allemagne du côté
de Obersteinbach. Il s'agit de la 42e division d'infanterie dite <<Rainbow>>
(Arc-en-ciel) parce que ses soldats viennent de tous les Etats des USA.
Aujourd'hui, c'est au tour des Français, tout à l'est.
A l'issue de leur entretient d'hier, Devers et de Lattre ont décidé que la 3e
division d'infanterie algérienne (3e DIA) et la 5e DB formeront une <<Task
Force>> commandée par Monsabert et qui passera en Allemagne. Monsabert sera sous
les ordres tactiques de la 7e armée américaine jusqu'à la rivière Erlen. Au
delà, il repassera sous le commandement de la 1re armée française qui disposera
de son créneau sur le Rhin au nord de l'ancienne frontière.
Immédiatement prévenu, Monsabert se rend à Saverne au PC du général Brooks qui
lui fait part de la mission dévolue à sa "Task Force"": <<Attaquer en direction
de Kandel, détruire les forces ennemies au sud de la rivière Erlen et s'emparer
dans sa zone des passages du Rhin>>. Autrement dit: forcer la ligne Siegfried.
<<Or, en cette charnière, la ligne Siegfried est d'une particulière solidité.
Utilisant tous les couverts du Bienwald, elle consiste en des centaines de
bunkers placés en quinconce tous les 150 mètres, sur une profondeur de sept
kilomètres. La plupart sont invisibles et tous sont protégés par des réseaux
multiples de barbelés, d'innombrables champs de mines et d'immenses abattis
diaboliquement piégés>> (De Lattre)
<<Pour rompre cette barrière que notre armée de 39 n'a pas osé affronter>>, de
Lattre renforce les effectifs de Monsabert avec l'apport notamment de la 2e
division d'infanterie marocaine (2e DIM) commandée par le général Carpentier.
Sur le terrain, comment se présente la situation ? Au petit jour, la
reconnaissance d'un escadron de chars légers du côté de Lauterbourg n'a rien
donné. On ne passera pas par là. En début d'après-midi, les patrouilles du 3e
régiment de tirailleurs algériens (3e RTA) au nord de Salmbach sont
impitoyablement contrés. On ne passera pas par là non plus.
Il apparaît donc que pour franchir la Lauter (dont la frontière suit le cours°,
il ne reste que la <<solution de Scheibenhard>>.
Le général Guillaume fait appeler le capitaine Sahuc qui commande deux
compagnies de pointe du 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT). Le
général est dans sa jeep avec son chauffeur et, à ses côtés, un officier.
Le capitaine Sahuc raconte: <<De là où la jeep est arrêtée en plein champ, on
peut apercevoir vers le nord une immense étendue de bois, et, presque en bordure
de cette forêt, les pointes des deux clochers, Scheibenhardt (premier village
allemand) et, à notre droite, Lauterbourg. Etendant sa main droite et me
montrant du doigt l'horizon, le général Guillaume me dit: <<Vous voyez, Sahuc,
cette forêt, c'est le Bienwald. C'est l'Allemagne; il faut y entrer>>. <<Bien,
mon général>>.
<<Connaissant sa manière laconique de s'exprimer, je comprends vite que
l'entretien est terminé. Je salue et reprends mon poste derrière les éléments
avancés de ma compagnie>>.
En fait, il y a deux Scheibenhard qui, à l'origine, formaient une seule localité
au milieu de laquelle coulait une rivière, la Lauter. L'histoire a voulu que la
rive droite devienne française et la rive gauche allemande. Les noms des deux
villages, diffèrent que par le <<t>> ajouté à l'allemande mais les habitants
sont souvent en parenté.
A 16h 30, l'attaque commence. <<Tandis que les mitrailleuses lourdes et les tank
destroyers aveuglent les habitations de la rive nord, la 6e compagnie de
capitaine Sahuc cherche un passage guéable. Une section échoue dans son
entreprise, une autre passe, avec de l'eau jusqu'à la poitrine.
Immédiatement derrière elle, les pionniers du bataillon lancent une passerelle
de fortune. Et le corps à corps commence, entre Tunisiens et les SS.
<<Se battre en Allemagne... Le sol ennemi électrise nos hommes. A la grenade, au
bazooka, les maisons éventrées sont conquises. Et c'est à la lumière de ces
incendies que le combat se poursuit à la chute du jour, jusqu'à 20 h 30.
Scheibenhardt est alors en notre possession. 16 mars: une grande date pour les
cœurs français>>(De Lattre)
20 mars 1945. Quelques villages ne sont pas encore libérés: Ingolsheim, Kauffenenheim... Durcissement des ordres venant de Berlin. Hitler ordonne d'appliquer la tactique de la " terre brûlée". Speer tente de s'y opposer. L'Alsace l'a échappé belle.
20
mars 1945.Toute
l'Alsace n'est pas encore libérée. Il reste çà et là dans le nord du Bas-Rhin
quelques villages dont l'accès a été rendu difficile: route encombrée d'abattis
ou plus généralement ponts détruits par l'ennemi lors de sa retraite. Il en va
ainsi d'Inglosheim qui est libéré par la suite par des troupes venant de
Schoenenbourg et allant vers Riedselt ou de Kauffenheim, totalement isolé par la
destruction des ponts qui donnent accès à la localité. Les troupes françaises
avaient pourtant libéré toutes les localités avoisinantes dès le 18.
Voici venu le temps des derniers ordres du jour pour ce qui concerne la
libération de l'Alsace.
Le général US Brooks écrit au général Guillaume, commandant de la 3e division
d'infanterie algérienne: << C'est à vous et aux troupes qui relèvent de votre
commandement qu'à échu le grand honneur de rejeter jusqu'au dernier, de le terre
d'Alsace et de celle de France, l'envahisseur boche.
J'ai longtemps soutenu que le commandement d'une division au feu est l'ultime
récompense de tout soldats mais, en plus, bouter hors de son pays le dernier
envahisseur est un honneur et un privilège qui sont l'apanage de peu d'hommes de
guerre. Le 6e corps d'armée US en entier applaudit à votre victoire.>>
Bel hommage mais erreur au plan de la stricte vérité historique: pour retrouver
l'intégralité du territoire national, il faut encore liquider les poches de
l'Atlantique et ramener la frontière à son état antérieur dans les Alpes.
31mars 1945. Le Rhin est franchi par les armées françaises.
2 avril 1945. Le I /21e RIC (Lcl Delteil), commandé par le Cba Pâris de Bollardière, franchit d’assaut le Rhin à Leimersheim (au Nord de Strasbourg) en dépit de la force du courant, de la largeur du fleuve et de la vigoureuse défense allemande et crée une tête de pont sur la rive Est du fleuve. De nombreux actes d’héroïsme individuels sont accomplis au cours du combat. Les IIe et IIIe btns suivent, ce dernier franchissant de nuit et sous un violent bombardement d’artillerie. Un monument érigé à cet endroit sur la rive gauche du fleuve rappelle ce fait d’arme.
6 mai 1945. La 2e DIM est à la sortie du tunnel de l’Arlberg. C’est la fin de la guerre.
8 mai 1945. De Lattre appose à Berlin le paraphe d’un Français au bas de l’acte de reddition des armées hitlériennes vaincues.
Les
pertes globales de la 1re armée, en France et en Allemagne, se sont
élevées, du 15 août 1944 au 8 mai 1945 à 9 237 tués, dont 5 260 Nord-africains,
et à 34 714 blessés, dont 18 531 Nord-africains. Et pourtant...
Au moment où s’affirme la victoire contre le nazisme, Gaston
Monnerville, qui était né en Guyane, proclame, le 25 mai 1944 : « Sans l’Empire,
la France ne serait qu’un pays libéré ; grâce à son Empire, elle est un pays
vainqueur ». À la fin de l’année, le ministre René Pleven assure : « En ce
moment la France est sans doute plus consciente qu’elle ne l’a jamais été de la
valeur de ses colonies. »
L’image de la France sauvée par ses colonies est ainsi
enracinée dans bon nombre d’esprits. D’un côté, le régime pétainiste avait
refusé de poursuivre le combat à partir de l’Empire et s’était compromis dans la
collaboration avec l’Allemagne nazie ; de l’autre, la France libre s’est appuyée
sur l’outre-mer pour reconquérir la métropole.
La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement en Europe le 8 mai 1945,
à 23h01, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie.
Hitler s'étant suicidé une semaine plus tôt, le 30 avril, dans son bunker de
Berlin, c'est à l'amiral Dönitz qu'il revient de demander la cessation des
combats aux puissances alliées, les Anglo-Saxons et les Soviétiques.
Karl Dönitz envoie le général Gustav Jodl, à Reims (France), nouveau chef
d'état-major de la Wehrmacht, au quartier général des forces alliées du général
Dwight Eisenhower.
Celui-ci est installé dans le grand bâtiment de briques rouges de l'Ecole
professionnelle de Reims (c'est aujourd'hui un collège qui porte le nom de lycée
Roosevelt).
Le général allemand signe dans la nuit du 7 au 8 mai, à 2h 41, la capitulation
sans condition de l'Allemagne. En d'autres termes, il fait savoir aux Alliés que
les troupes allemandes sont dans l'incapacité de poursuivre les combats et se
mettent à la discrétion des vainqueurs (*).
Côté vainqueurs, l'acte de capitulation est signé par le général Walter
Bodell-Smith, chef d'état-major du général Eisenhower, commandant suprême des
Alliés. et le général soviétique Ivan Sousloparov.
Le général français François Sevez, chef d'état-major du général de Gaulle, est
invité à le contresigner à la fin de la cérémonie en qualité de simple témoin.
La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h 01 (mais certaines
troupes allemandes résisteront au-delà de cette date, notamment dans la place
forte de Saint-Nazaire).
Mécontent que la capitulation ait été signée à Reims, dans une zone occupée par
les Anglo-Saxons, le dictateur soviétique, Staline, exige qu'elle soit également
ratifiée dans la capitale allemande, au quartier général des forces soviétiques
du maréchal Joukov, dans le quartier de Karlshorst.
Cette formalité étant accomplie, le 8 mai 1945, à 15 heures, les chefs d'État et
de gouvernement alliés, dont le général de Gaulle, annoncent simultanément sur
les radios la cessation officielle des hostilités en Europe.
Aux États-Unis, l'annonce de la victoire revient au président Harry Truman, son
prédécesseur Franklin Roosevelt étant mort d'épuisement et de maladie le mois
précédent, le 14 avril 1945.
La capitulation n'est pas la paix
Après la capitulation de l'Allemagne nazie, les hostilités se poursuivent avec
acharnement dans l'océan Pacifique contre le Japon de l'empereur Showa.
La fin véritable de la seconde guerre mondiale n'a lieu que le 2 septembre 1945,
près de quatre mois plus tard, avec la capitulation du Japon suite aux deux
explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945.
Les Américains distinguent ainsi le V-E (Victory-Europe) Day, jour de la
victoire en Europe et le V-J (Victory-Japan) Day, jour de la victoire sur le
Japon.
Commentaire : la France et la capitulation
La France, bien qu'officiellement retirée de la guerre depuis l'armistice (*) de
1940, a été présente lors de la signature de l'acte de capitulation, aux côtés
de l'Angleterre, des États-Unis et de l'URSS.
Charles de Gaulle avait convaincu Winston Churchill d'accorder ce privilège à
son pays. Pour le chef de la France libre, le conflit qui s'achevait avait
commencé non pas en 1939 mais en 1914. Au terme de cette guerre de trente ans,
il estimait que son pays avait bien mérité de la Victoire.
Le gouvernement du général de Gaulle est donc représenté à Berlin par le chef de
la 1ère armée française, le général Jean de Lattre de Tassigny.
Lorsque celui-ci exige qu'un drapeau français soit joint aux drapeaux anglais,
américain et soviétique dans la salle de capitulation, il s'attire cette
réflexion d'un officier britannique : «Et pourquoi pas le drapeau chinois ?»
Le maréchal Keitel, commandant en chef de l'armée allemande, s'exclame pour sa
part en voyant le drapeau français : « Ah, il y a aussi des Français ! Il ne
manquait plus que cela !»
Négligeant de commémorer la capitulation du 7 mai, à Reims, à laquelle ils n'ont
eu aucune part, les Français ont choisi par la suite de commémorer exclusivement
le 8 mai 1945.
En 1975, le président Giscard d'Estaing a prétendu mettre un terme à cette
commémoration par souci de réconciliation avec les Allemands... mais au grand
scandale des associations d'anciens combattants.
En 1981, le 8 mai est redevenu férié... et chômé qui plus est. L'attention
portée à cette célébration paraît d'autant plus incongrue que le 8 mai 1945 est
aussi marqué par la répression sanglante de Sétif.
A noter que ni les Anglais, ni les Américains ne chôment le 8 mai quoi qu'ils
aient les meilleures raisons du monde de commémorer cet anniversaire.
Quant aux Russes, c'est le 9 mai qu'ils célèbrent la capitulation de l'Allemagne
nazie !
André Larané
Témoignage d' un ancien du 21e R.I.C. Monsieur Abel Mangin
CAMPAGNE D' ALSACE 1944/1945
Originaire
de la Hte Marne, Je me suis engagé au 1/21 RIC le 27 Janvier 1945 à 17 Ans.
C'est un Sergent Chef, blessé dans le Doubs, qui rejoignait la 2° Cie du 21 RIC
après une convalescence dans mon pays ,Sommeville en Hte Marne, qui m'a emmené
avec lui après un voyage épique par Chaumont, Langres, Vesoul, Belfort , car il
n'y avait pas de train, il fallait faire du stop avec les camions militaires
avec tous les aléas que cela comportaient.
J'ai donc rejoint le 21 RIC et la 2° Compagnie à l'Isle Napoléon où elle tenait
position sur le canal du Rhône au Rhin, elle y avait relevé des éléments du 1er
RTM (1er Régiment de Tirailleurs Marocains) La base arrière de la Cie était à
Rixheim. Étant en civil , j'ai été habillé et équipé à cet endroit, j'ai passé
une visite médicale sommaire et je suis devenu marsouin!
Le premier
bataillon du 21 Ric était positionné au Nord de l'écluse de Hombourg. la 1ere
Cie étant au pont du Bouc, le 2° est entre le pont et le stand et la 3° ,
installée dans la maison Forestière de Gehren.
C'est la guerre de position , les Allemands étant très proches, 100 mètres
séparant les premières lignes.
Les trous laissés par le 1er RTM, étaient dérisoires, le sol étant très gelé,
l'hiver 1944/1945, en Alsace,a été très rigoureux entre -20 et -25° .Je me
souviens que les rues du village étaient couvertes de verglas, les fontaines
étaient gelées.
Coups de mains et patrouilles sont le quotidien des hommes en position. Les Allemands sont mordants , leurs patrouilles s'aventurent sur notre rive pour y tendre des embuscades, le jour de Noël coûtera 7 blessés au Bataillon . Les premières gelures occasionnent des évacuations.
La nuit de la ST Sylvestre est fêtée par les Allemands avec une débauche de tirs mortiers et grenades qui font 4 blessés
Le 8 janvier 45, le Bataillon passe en réserve du régiment à Rixheim; il était
temps , car les hommes sont sales, car il n'a pas été possible de se laver
pendant les 16 jours de position.
Le 15 Janvier, le bataillon repart en ligne , au nord de Rixheim à l'Ile Napoleon, les condition n'y sont pas meilleures qu'auparavant, le ravitaillement laisse à désirer en raison des conditions hivernales et la faim tenaille beaucoup de jeunes soldats. Pour éviter d'être repérés sur la position , les marsouins se fabriquent des espèces de chasubles avec des draps trouvés sur place .
Le 20
Janvier , début de l'offensive contre la poche de Colmar, les 23 RIC- 6 RIC et
le RICM sont engagés immédiatement. Le 21° Ric restant à l'Ile Napoleon pour
tenir ce point stratégique. La division toute entière se bat dans les Cités de
Potasse des environs de Mulhouse , le neige et le froid sont au rendez vous, ce
qui surprend les Allemands qui ne s'attendaient pas à une offensive dans des
conditions pareilles.
Le 29 Janvier , le Bataillon est relevé par le 31° Bataillon de Chasseurs à
pieds. Il gagne la caserne Lefebvre à Mulhouse , laissée libre depuis peu par
les troupes allemandes . Dans la cour, traînent encore des équipements
abandonnés à la hâte, sur les murs et dans les couloirs des inscriptions en
gothique à la gloire de l'Allemagne, et j'y remarque des prisonniers allemands
occupés à diverses corvées.
Les quelques jours dans cette caserne , sont occupés par des séances de tir et le rééquipement individuel, perception de munitions, il est même question de nous fournir de véritables chasubles blanches , car il neige toujours autant , mais cela restera utopique comme toujours dans notre bonne armée; il y a les idées et rien derrière!!
Le 1er Février, veillée d'armes pour le Bataillon, briefing organisé dans les chambrées par les Officiers et les S/Off, nous attaquons demain au petit jour , la Cité Ste Barbe avec l'appui de quelques Tanks Destroyers du RCCC. Il semblerait il y a quelques jours , qu'un Bataillon de Zouaves , n'aurait pas réussi à prendre cette Cité et il y aurait laissé beaucoup de monde. Effectivement, en arrivant aux abords du point de départ de notre attaque , j'ai vu sur le côté de la route, un obusier sans doute du RICM, calciné et trois corps carbonisés sur le côté, ce qui laisserait présumer qu'effectivement , il y avait eu quelque chose quelque temps auparavant!
La dernière nuit à la caserne Lefebvre n'a pas été particulièrement bonne, car à la veille d'une attaque pleine d'incertitudes, l'esprit travaille et on a du mal à trouver le sommeil, on pense à beaucoup de choses et en particulier à la mort et alors l'angoisse commence à poindre le bout de son nez!
Le 2 Février vers 5 H du matin , c'est le réveil et le café avec une forte dose de rhum et embarquement dans les GMC du groupe de transport de la 9° DIC , direction Wittenheim, au nord de Mulhouse et son usine de Potasse
Notre base
de départ sera le bois de Jungholtz, à 500 mètres à l'Ouest de la Cité.
Les GMC, nous laissent à quelques kilomètres du bois
et nous continuons à pieds pour l' atteindre . La Cie s'y installe dans la nuit
. Certains commencent à creuser des trous , c'est l'ABC du fantassin , mais cela
fait du bruit qui parvient aux oreilles de l'ennemi. Celui-ci ayant réglé ses
tirs suite à l'attaque précédente envoie un déluge d'obus de tous calibres dès
6 heures 30.
C'est bientôt l'enfer dans le bois , il y a déjà des morts et des blessés, mon
groupe perd son caporal tué par un éclat d'obus et de nombreux blessés . IL va
falloir déboucher sur un glacis devant le bois, toutes les armes tonnent , et
c'est un beau feu d'artifice avec les balles traçantes et les obus qui forment
des arabesques dans le ciel , il fait encore nuit.
les premières lignes sont atteintes et les premiers prisonniers sont faits, la
progression continue le long d'un espèce d'étang gelé , avant de parvenir aux
premières maisons, les tireurs d'élite Allemands installés dans les greniers des
maisons font un carton sur tout ce bouge, il faut sauter par dessus les petites
clôtures de chaque maison et ce qui prend parfois du temps, ce qui n'est pas
recommandé ce matin !
L'objectif de la 2° Cie est le centre de la Cité où se trouve l' église , les écoles , la Mairie, la progression est difficile et les pertes nombreuses, mais le but est atteint dans le milieu de la matinée, l'église sert à la fois d'infirmerie et de morgue , car de très nombreux cadavres y sont allongés, certains me sont connus comme le sergent ROY qui vient de se faire tuer d'une rafale de MG, par un allemand dissimulé dans une descente de cave , pour les Allemands tous les coups sont bons. Ma section se repose un instant dans le couloir d'une école avant de reprendre sa progression vers les lisières Sud de Ste Barbe
La 1ere Cie , a pour objectif l'usine de Potasse, sur la partie droite de la Cité, le début de l'attaque se passe bien, elle fait une trentaine de prisonniers , mais elle est bientôt stoppée par une vive résistance , une contre attaque allemande appuyée par deux chars oblige même une section en pointe à se replier.
La 3° Cie , elle aborde la partie droite de la Cité , elle est tout de suite prise à partie et compte déjà de nombreux tués.
A 16
Heures , grâce à l'arrivée des tanks Destroyers du RCCC (Régiment Colonial de
Chasseurs de Chars) dans la zone sécurisée, car les chars n'aiment pas trop les
panzerfaust, les Allemands se replient laissant sur le terrain un char qui a été
pris à partie par les TD du RCCC, ils prennent la direction d'Ensisheim. La cité
Ste Barbe est libérée mais au prix de nombreux tues 32 et 83 blessés - 6
disparus pour le 1er Bataillon du 21 RIC.
Les habitants sont heureux d'être libérés mais la joie est tempérée par les
nombreux morts civils car la cité et la ville de Wittenheim étaient soumises
depuis plusieurs jours à de nombreux tirs d'artillerie causant des dommages
parmi les civils.
La cité est presque entièrement tenue sauf dans la direction de Ruelisheim, aussi le bataillon s'installe défensivement , la 1ere Cie à l'usine de potasse; la 2° dans la partie Nord et la 3° à l'Est et au Sus Est.
Le 3
février, le 21 RIC nettoie les abords de la Cité , Ruelisheim est occupée par la
3° Cie .
le 4 février , attaque d'Ensisheim par le nord et le sud . Le 1er Bataillon doit
franchir l'ILL entre Ruelisheim et Ensisheim , une patrouille de la 2° section
envoyée pour reconnaître les passages éventuels entre les fermes St Jean et St
Georges, subi un tir d' artilllerie sur le chemin du retour et perd un marsouin
tué par un éclat d'obus.
5 Février ,
attaque d' Esisheim par le 21° RIC, avec le franchissement de l'Ill dans de
très mauvaises conditions (montée des eaux , vive réaction allemande) mais
l'opération est réussie avec l'aide du 6° Ric et de la 1 ere DB.
Le 6 Février, le 1/21° RIC, prend position à Ste Thérèse.
Le 8 Février le Bataillon se porte sur Bantzenheim, à travers la forêt de la Hardt , les Allemands ont constitué une ligne fortifiée le long du canal du Rhône au Rhin et la 2° Compagnie est clouée au sol, impossible d'avancer, car l'ennemi bien retranché derrière le canal, tire sur tout ce qui bouge , déja deux tués à ma Section , dont un sergent chef de groupe vétéran de l'Ile d'Elbe, de Toulon et des combats du Doubs . Il faut se replier sans pouvoir ramener les corps tant les tirs sont meurtriers . Ils ne seront récupérés qu'à la nuit tombée par une patrouille de volontaires. Il s'agissait du Sergent PORCHE mon Chef de groupe et du marsouin Combray, et ils sont ramenés à la base de départ. Le lendemain , la progression reprend, le canal de la Hardt est franchi sans encombre, car l'ennemi a abandonné ses positions dans la nuit. Nous occupons la station de Chemin de Fer et la Maison Forestière d'Ottmarsheim.
Bantzenheim
est libérée le 9 Février au prix de lourdes pertes au 3° Bataillon du 21 ° RIC
(14 Tués 28 Blessés à la 11° Compagnie ) les Allemands , se battent avec
l'énergie du désespoir car le RHIN est là.
Dans la foulée , nous investissons Chalampé et nous pouvons contempler le Rhin
tout en restant masqué, car de l'autre côté , les Allemands sont vigilants.
La bataille de la poche de Colmar est terminée. Cette bataille est la plus
meurtrière de la campagne 1944.45 pour le 1/21°RIC 48 Morts en huit jours , dont
45 pour la libération de la Cité Ste Barbe.
Le 1/21 RIC
est dirigé le 12 Février, sur la Caserne Lefebvre à Mulhouse, Il y restera
jusqu'au 17, recevant des renforts en provenance du 7° Bataillon de marche de
Normandie .
Le 17 Février , départ du bataillon vers Matzenheim, au Sud de Strasbourg, pour
un repos bien gagné.
Le 26 Février il part relever la Brigade Alsace Lorraine à Stockfeld , près de Strasbourg, dans les blockhaus en bordure du Rhin. Les conditions d'installations ne sont pas fameuses , car tous les blockhaus ont été dynamités par les Allemands avant leur départ. Le bataillon est étiré sur 6 KMs. Le temps passe en faction et en patrouille le long de la digue du Rhin. Les Allemands toujours accrocheurs, passent souvent le Rhin en canot et viennent tendrent des embuscades qui nous causent quelques pertes .
Ils font des prisonniers que le Régiment libérera en Forêt Noire plus tard.
Relevé par le 2° Bataillon du 21 RIC, le 12 Mars , nous partons en cantonnement à Illkirch-Graffenstaden
le 19 Mars , arrivée à Plobsheim où nous remplaçons le III/21 RIC au fort Hoche au Sud de Strasbourg. Cette garde au Rhin prendra fin le 31 Mars 45 quand le régiment fera route vers la frontière Allemande et LEMERSHEIM mais ceci est une autre histoire.
Ce récit fragmentaire provient d'une part de mes souvenirs en tant que participant aux actions de ma Cie ,et d'autre part pour ce qui concerne les autres unités du régiment tels les pertes, renseignements et mouvements des unités engagées, du livre "Du Bataillon de la Hte Marne au 21° RIC 1944/1945" de Lionel Fontaine de St Dizier, Haute Marne, qui a fait un véritable travail de recherches pendant des années pour retracer l'histoire des Hauts Marnais venant des maquis de Haute Marne et engagés au 21° RIC.
Abel - MANGIN
<<Croche et tient >>l'ancienne
et belle devise de notre régiment,définit sa conduite au feu. Croche l'unité
reconnaît l'ennemi puis se précipite pour le saisir à la gorge. Tient,elle le
fixe et immobilise sa prise malgré ses soubresauts.
Le général Robert Vial.
Le général Vial a commandé la 1re Compagnie du 21e RIC en 1944-1945.A la tête de
son unité,lors de l'attaque de la cité Sainte-Barbe en Alsace le 3 février
1945,il a été grièvement blessé et a perdu la vue.