Bataille de Colmar du 20 janvier au 9 février 1945 

Témoignage d' un ancien du 21 R.I.C. durant la campagne d' Alsace

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Les événements dans l'Est de la France de septembre 1944 à mai 1945

 Vers la page 1945
 

 

     1944
 Octobre
 Novembre
 Décembre

SEPTEMBRE 1944


8 septembre 1944. Libération de Belleville (54)

15 septembre 1944.. La libération de Langres


15 septembre 1944. La libération de Nancy - place Stanislas


 


19 septembre 1944.. Alors que les Américains pénétraient dans les faubourgs de Remiremont, à 30 km de La Bresse, le maquis de la Piquante-Pierre, l'un des plus importants de la région, situé entre Gerbamont, Rochesson et le Col de la Croix-des-Moinats, constitué depuis longtemps déjà, était attaqué par des troupes allemandes opérant grâce à la complicité de miliciens connaissant bien la région. Devant la supériorité technique et numérique, les maquisards succombèrent et les derniers défenseurs furent faits prisonniers, martyrisés ensuite par les S.S. et les miliciens, et fusillés, les uns au Pré-de-l'Orme, les autres aux Combes. Au total, 80 victimes. 
Le 8 octobre, les premiers obus tombaient sur La Bresse et le 16, les troupes françaises n'étaient qu'à quelques kilomètres de la localité. La population vécut ainsi isolée, sans ravitaillement, sous les obus, jusqu' au 8 novembre, qui marqua la déportation de plus de 400 hommes vers l'Allemagne. Grâce à un exploit du marquis de La Thür, le convoi ne fut pas dirigé vers les camps de concentration, mais vers la région de Pforzheim où le bombardement du 23 février fit 18 morts parmi les Bressauds. 
Le lendemain, les femmes, les vieillards et les enfants devaient quitter La Bresse, sur ordre, et se diriger dans la forêt et la montagne, sous la tempête de neige et les obus, avec quelques hardes, vers Blanfaing, hameau de Cornimont, par le Lac des Corbeaux et le Col de la Vierge. Après quelques jours passés dans les ruines des maisons de Xoulces, en première ligne, tout le triste convoi réussit à passer dans les lignes françaises pour gagner la Haute-Marne, en attendant la libération de sa petite patrie. 
Mais le 13 novembre et les jours suivants, alors qu'il s'avérait impossible pour les Allemands de tenir les positions pendant l'hiver, les troupes ennemies mirent le feu et firent sauter volontairement tous les immeubles de l'agglomération principale et la plupart des fermes de la montagne. Seuls, l'église au Centre et quelques dizaines d'immeubles à Vologne et au Chajoux, échappaient à la destruction totale, et c'est dans un amoncellement de ruines sous lesquelles les rues mêmes disparaissaient, que les premiers soldats marocains pénétrèrent le 18 novembre. 
70% des immeubles rasés, 113 victimes, militaires ou civiles, plus d'un millier de foyers détruits, tel était le bilan de cette dernière guerre, qui est le troisième désastre du genre dans l'histoire de La Bresse. 
Cependant, dès le retour, en décembre 1944, des premières familles évacuées et avec le concours des personnes qui avaient pu échapper à la déportation ou à l'exode, la vie reprenait ses droits. Peu à peu, les ruines se sont déblayées et des pans de murs, des caves, des hangars, ont servi à abriter pendant plusieurs mois les hommes qui se sont donnés pour but de faire revivre leur pays. 
En 1945, des baraquements surgissent de tous côtés, donnant un asile provisoire aux sinistrés
27 septembre 1944.Étobon(70) un tireur, 39 fusillés 
Quelques semaines avant la Libération, le petit village d'Étobon, en Haute-Saône, entrait dans la liste des villages martyrs. Le 27 septembre 1944, et comme cela avait été le cas certains jours précédents, tous les hommes du village ayant entre 16 et 60 ans devaient, sur ordre des Allemands, se rendre à un rassemblement à la mairie, pour aller creuser des tranchées près d'Héricourt. Mais la veille, l'adjoint au maire avait remarqué quelque chose de bizarre : les chevaux des « cosaques » étaient sellés, et une sentinelle était en faction devant la maison du maire. Le matin du 27, Gaston Pernol, un responsable du maquis qui logeait chez une dame du village, avait eu lui aussi une étrange impression en ouvrant la fenêtre : le village semblait cerné. Il conseilla alors au jeune fils de sa logeuse de ne pas aller au rassemblement. Lui-même se dirigea discrètement vers le centre du village et, s'apercevant que l'école était gardée, entra le temple et s'y cacha dans la partie la plus haute du clocher.

Le piège se referme
En début de matinée, ce sont donc quelques dizaines d'hommes du village et un ou deux des environs qui se trouvaient rassemblés dans la petite salle de classe : ils ne le savaient pas encore, mais le piège venait de se refermer sur eux. Deux Allemands, que les maquisards avaient faits prisonniers puis libérés, ont alors été amenés. Ils sont invités à désigner, parmi les hommes présents, ceux qu'ils avaient vus au maquis lorsqu'ils y étaient eux-mêmes détenus. Ils en désignent 17 qui sont aussitôt emmenés dans une salle voisine. L'un d'eux, Henri Croissant, a-t-il le pressentiment de ce qui va se passer ? Il grave, au coin d'une fenêtre, cette inscription dédiée à sa fiancée : « Adieu, Germaine, mon ange. H.C. ». On fait alors sortir des salles la totalité du groupe – les 17 sont maintenant encadrés à part – et on l'emmène en direction d'Héricourt. Bien que non tenu de respecter la convocation allemande, le pasteur Marlier a voulu accompagner ceux dont il a compris que le destin était scellé.

La fin pour 39 hommes
Mais on ne va pas jusqu'à Héricourt : on s'arrête au premier village, Chenebier. Les hommes sont enfermés dans une vieille fabrique, interrogés, certains frappés, puis on amène à nouveau un ex-prisonnier du maquis pour qu'il désigne d'autres « résistants » : le nombre de 17 est insuffisant ; ce sont quarante hommes qu'il faut. Cet Allemand-là, un nazi convaincu, désigne – parfois visiblement au hasard, selon le témoignage du pasteur, toujours présent – 23 autres hommes. Avec les 17 retenus depuis Étobon, cela fait bien 40. Et tandis que les autres sont emmenés en direction d'Héricourt, on annonce à ces quarante-là qu'ils vont mourir. On leur fait vider leurs poches et, par groupes de dix, on les fait sortir, traverser la rue, et s'aligner contre le mur du temple, le visage face au mur. En tête du premier groupe : le maire, sa casquette à la main. Lorsque arrive la dernière dizaine, un des condamnés échange quelques mots avec l'officier allemand qui, alors, le met de côté : ainsi ce groupe ne comportera que neuf hommes. C'est un volontaire qui les abat, presque à bout portant. Un Sicilien servant sous l'uniforme allemand. Après le massacre, il fera fièrement admirer sa mitraillette encore brûlante.

22 septembre 1944.. Libération de Lunéville.


3 octobre 1944. Libération vers midi de Ferdrupt par la 8e Compagnie du 1er R.P.C.

20 octobre 1944. Libération de Uckange

31 octobre 1944. En s'emparant de Baccarat à la grande surprise des allemands, la 2ème DB a largement débordée à l'est de la ville. Merviller, Vacqueville, Montigny sont libres, mais cet épisode n'est que la mise en place d'une base de départ pour le XV corps américains dans son offensive vers Sarrebourg et le nord de l'Alsace.

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Novembre 1944 : l’armée allemande est en difficulté en Alsace. Les autorités allemandes qui dirigent alors la Ville prennent très discrètement la route de Marckolsheim.

11 novembre 1944. Libération de Thionville

14 novembre 1944. Le 1er corps d'armée du général Béthouart déclenche l'offensive vers le Rhin de part et d'autre du Doubs sur un front d'une vingtaine de kilomètres.
Après une préparation d'artillerie, quatre régiments de la 2e DIM (Division d'Infanterie Marocaine) se lancent à l'attaque des positions allemandes de la 338.Infanterie-Division, couverte au sud par la 9e DIC (Division d'Infanterie Coloniale) et soutenue par deux Combat Commands de la 5e DB (Division Blindée) et de nombreux FFI (Forces Françaises de l'Intérieur).
La mission est de rompre le dispositif allemand et d'atteindre la vallée de la Lisaine. La percée devra ensuite être exploitée en direction de Seppois et des défenses de Belfort.
Les conditions météorologiques gênent considérablement la progression des chars et des hommes. La neige, la pluie et la boue ralentissent les blindés (Sherman et Stuart et Tank Destroyer).

15 novembre 1944. Le 96e RG (Régiment du Génie blindé) déblaye la route pour permettre le passage des blindés du CC 4 (Combat Command) sur la route d'Arcey.
Sur la droite du front, les fantassins du 6e RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains) progressent plus difficilement. Toutefois, en fin de journée Vermondans et Ecurcey sont occupés.

16 novembre 1944. Le CC 4, soutenu par le 8e RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains), attaque sur la nationale 83 en direction d'Héricourt. Là encore, le terrain détrempé et les mines ne favorisent pas une progression rapide des troupes. Les chars du CC 5 et les tirailleurs du 5e RTM éprouvent les mêmes difficultés.

17 novembre 1944. La progression reprend sur l'ensemble du front du 1er corps d'armée. Le CC 4 du général Schlesser atteint la Lisaine à Héricourt où un pont est saisi intact. 
Au soir du 17, après le passage de la Savoureuse à Valdoie, la bataille de rupture est gagnée.  

17 novembre 1944. Libération de Badonviller

17 novembre 1944. Libération de Montbéliard  

17 novembre 1944. Libération d'Héricourt par le C.C.4 et de Montbéliard par le C.C.5.

18 novembre 1944. Les divisions s'élancent vers Belfort, le CC 6 atteint la Lisaine à Chagey. 
Au centre, le CC 4 est bloqué par la résistance des troupes allemandes du Fort du Mont Vaudois. 
Cependant, la prise de Belfort n'est plus une priorité, l'objectif est l'axe Fontenay-Cernay-Colmar. 

18 novembre 1944. Libération de Buhl-Lorraine

19 novembre 1944. Libération de Metz. Les Français atteignent les premiers le Rhin, Seppois est libéré à 14h45 avec le concours du R.I.C.M.. Puis Feldbach, Jettingen, Helfrantzkirch et Rosenau(vers 18h30) sont libérés à leur tour.

20 novembre 1944. DELLE - SEPPOIS: LE << trou de souris >>
En ce 20 novembre tout va pour le mieux pour la 1re DB en particulier pour les trois groupements (Lépinay à l'ouest, Gardy au centre, Dewatre à l'est) du Combat Command 3 de Caldairou.
Ceux-ci ont repris leur progression à 13h30. Moins de trois heures après, tous leurs objectifs autour de Mulhouse sont atteints. Dewattre a dépassé Ill-Napoléon et s'est installé à Battenheim. Là, il anéantit un bataillon allemand de protection et un détachement d'élèves sous-officier. Ainsi, il coupe la route du repli à une éventuelle retraite des troupes allemandes, basées à Mulhouse, par le nord.
LES PONTS SAUTENT
Gardy entre à Mulhouse par Riedisheim. Les ponts sautent, l'ennemi se replie sur les quatre casernes mulhousiennes. Lépinay suit de près Gardy et file vers l'ouest, occupant Reiningue et Lutterbach.
A 20h, Caldairou, accompagné de son adjoint, fait irruption dans la Feldpost où il fait prisonnier les vingt hommes qui trient le courrier et les soixante qui dorment.
De ce côté-ci tout va bien. Ailleurs, les résultats sont nettement plus mitigés. Ainsi, le groupement envoyé prendre le pont de Chalampé est bloqué à Hombourg. Le pont de Chalampé rendra service jusqu'au bout à la XIXe armée allemande.
Le pire est ailleurs, en l'occurence au sud, entre Delle et Seppois, le <<trou de souris>> des anciens de la 1re DB. Il s'agit de la seule route de communication de cette division.
Certes, il y a une variante Courtelevant-Rèchésy mais elle ne concerne qu'une partie de l'itinéraire et sa valeur technique est médiocre.
De surcroît, l'état des routes, après cinq ans de guerre et en raison des conditions atmosphériques épouvantables, est lamentable.
Les bas-côtés détrempés, sont impraticables. Il est matériellement impossible aux véhicules, quels qu'ils soient, de sortir des routes et des chemins, ce qui limite considérablement les possibilités de manœuvres. Il n'y a pas possibilité de procéder à des opérations de débordement. Quand à utiliser les chemins transversaux, encore faudrait-il disposer d'autres cartes que de mauvaises photocopies de cartes Michelin anciennes ou de celles du... calendrier des PTT.

20 novembre 1944, Saint-Louis est la première ville d'Alsace libérée du joug de l'occupation nazie.

20 novembre 1944. Libération de Rixheim, quant à la ville elle-même, elle dut subir de sérieux bombardements qui détruisirent 13 maisons, en en endommagèrent quelques centaines et provoquèrent le décès de 22 civils;

20 novembre 1944. Libération de Montbéliard.« Lorsqu'on a pris le fort du Salbert, il était vide de tout occupant. Nous n'avions guère de travail à ce moment-là. Mais trois jours plus tard, au bois d'Arsot, j'ai vu passer quantité de blessés français. Nos gars étaient très exposés, sous le feu de l'ennemi. Pris en charge par des civils, un certain Mazilier a perdu une jambe. Le Dr Pierre était blessé à la jugulaire et se croyait touché à la carotide. Il perdait beaucoup de sang, mais sa vie n'était pas en danger. Les Allemands se défendaient avec tant d'acharnement. Quand je reviens à Belfort, je me sens un peu chez moi. Les liens créés il y a 60 ans ne se sont pas distendus. Je ne lui en veux pas, mais Jean-Pierre Chevènement m'a même volé une citation : les anciens combattants ont besoin de piété, pas de pitié. »
Jean Planque, Calais, 84 ans, médecin des Commandos d'Afrique.

« J'étais agent de liaison en Jeep entre l'état major et les chars de combat du commando n° 6. Dans la nuit qui a précédé le 20 novembre, ça a bataillé dur pour libérer le passage du canal. Mais nos chars, la nuit, ne pouvaient rien faire, alors que le jour, leur puissance de feu était redoutable ! Avec l'appui des commandos et de la Légion, nous sommes entrés dans Belfort en début de matinée. Pendant deux jours, les combats ont fait rage et j'ai été blessé légèrement par un obus de mortier. À côté de moi, le capitaine Frois a été touché plus sérieusement. Ça tirait vraiment de partout. On disait aux gens : ne sortez pas ! A la Citadelle, les Allemands ont fini par tirer sur le drapeau blanc. Du coup, nos troupes n'ont pas fait de quartier. On a attaqué sans rémission. »
Raymond-René François, Creuse, 80 ans, 6e régiment de chasseurs.

20 novembre 1944. Libération de Hirsingue. Le 3e escadron a pour mission de s'emparer d'Hirsingue.En fin d'après-midi, les chars pénètrent dans le village malgré un violent barrage d'artillerie.OUESSANT est en tête... Son conducteur, le cuirassier Isidore Ygon, voit soudain, dans la fumée, un boche le pointant avec un bazooka. Lâchant ses leviers, il se penche à droite, saisit la mitrailleuse de capot, abat le tireur ennemi... Les Shermans sont dans la place. Le nettoyage du village s'avère cependant difficile :l'ennemi est en forces... il se défend âprement... la nuit tombe de plus en plus... OUESSANT tourne dans une rue... Au même moment, lueur fulgurante... un bazooka vient d'éclater contre le volet de conduite du char... Le cuirassier Ygon est mortellement blessé. Tout son flanc gauche est arraché... Son cœur est presque à nu... Il rassemble ses dernières forces...Il fera jusqu'au bout son devoir... plus que son devoir... Il sauvera OUESSANT, il sauvera ses camarades irrémédiablement perdus si le char reste immobilisé sous les coups de l'ennemi... Comme le levier de vitesse est dur à passer ... 
Voici enfin la marche arrière... Le Sherman recule, tourne...
Il est à l'abri d'une maison... Ygon peut mourir... Il meurt sans une plainte... Le nettoyage se poursuit ; il continuera presque toute la nuit.

20 novembre 1944. Libération de Durmenach 

20 novembre 1944. Libération de Hirtzbach, au petit matin, deux petits chars américains du RICM, en progression depuis Seppois-le-Bas sont les premiers à aborder le village du côté Sud. Le premier d’entre eux est piloté par le sergent-chef Pierre Colle, secondé par le soldat de 2ème classe Calixte Leprêtre. Les deux chars progressent lentement vers l’intérieur du village.

20 novembre 1944.Libération de Sierentz à 6 heures du matin par des troupes appartenant à un escadron du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (RICM), par deux automitrailleuses du Régiment Colonial de Chasseurs de Chars ainsi que par le deuxième Bataillon du 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale. L'armée allemande avait quitté le village après avoir abattu les arbres à la sortie nord de Sierentz, pour retarder l'avance des attaquants du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc, venant de Seppois, via Waldighoffen et Bartenheim. Faisant partie du régiment de reconnaissance de la 9e Division d'infanterie Coloniale, le plus décoré de France, les soldats français en reconnaissance sont commandés par le Lieutenant Colonel Le Puloch. Le curé Wersinger n'a pas manqué d'inscrire dans la chronique paroissiale de Sierentz l'arrivée des français: " Le 20 novembre 1944, à 6 heures du matin, les chars français arrivent sur la route de Bartenheim. Un aumônier dit la messe en passant, un lieutenant séminariste communie. Le commandant appelle le curé pour lui dire que les soeurs reprennent immédiatement la classe des filles. Ils passent. Le soir, un colonel de régiment de chars s-installe avec son état-major du presbytère. Il reste quelques jours."

20 novembre 1944. Le fort Salbert est pris d'assaut tandis que des commandos pénètrent dans Cravanche puis atteignent les premières maisons de Belfort où ils sont durement contre-attaqués. 
En début d'après-midi, le 2e escadron du 6e RC (Régiment de Chasseurs) franchit le canal (grâce à un pont de 30 tonnes) lancé à Essert. Belfort est atteint et les quatre ponts sont capturés intacts. 
Toutefois, des réserves (Groupement Chappuis) doivent être employées pour réduire les îlots de résistance. Le fort de Vaulois tombe le 21 novembre. 

 20 novembre 1944, Libération de Belfort: Belfort sortait de quatre années d'occupation nazie. Précédés quatre jours plus tôt du 8e Régiment de Tirailleurs Marocains venu affronter l'ennemi en éclaireurs, les soldats de Rhin et Danube entraient par le faubourg des Vosges. Mais rien n'était facile, ce matin-là.
Premières victimes
Issu du 2e Commando d'Afrique, Ben Abdel Slem Bouchaïb et Ben Boudjenaa Lahoucine sont les premiers tués sur le pont du chemin de fer. Dans son char du 6e Régiment de Chasseurs d'Afrique, Ali Zmaïli est brûlé vif. Jacques Martin meurt lui aussi sous le feu de l'ennemi. Bien d'autres vont tomber dans les combats qui suivront. Mais sans attendre, dès le 20 novembre, le préfet Lucien Laumet entre en fonction. Issu de la 4e Division Marocaine de Montagne, Pierre Dreyfus-Schmidt retrouve son écharpe de maire. À l'aube du 25 novembre, le drapeau tricolore flotte à nouveau au sommet du château.

21 novembre 1944, aux abords de Mulhouse : depuis la veille, le grondement des canons français s'est sensiblement rapproché. Plus leur bruit est clair, plus il est assourdissant et grandissant, plus les cœurs mulhousiens s'emballent. Ces canons, si insupportables autrefois, résonnent presque aujourd'hui comme une mélodie aux oreilles de la population. Occupée depuis plus de quatre ans, privée de tout, humiliée en permanence par ceux qu'elle appelle « les Boches », elle sent renaître une folle espérance. La rumeur courait depuis quelques jours, on disait les troupes américaines et françaises à Bartenheim, à Rosenau, à Altkirch, à Bruebach

21 novembre 1944. libération de Hirtzbach, à 16 heures, les troupes du RICM entrent dans le village. Les premiers sont des soldats marocains marchant à la file en suivant leur mascotte, un bouc noir qui les précède : LE VILLAGE EST LIBERE !!! 
Les libérateurs ne s’attardent que quelques heures à Hirtzbach pour s’y restaurer, puis repartent à la poursuite des allemands.

21 novembre 1944. Les chars du Combat Command 3 de la 1re DB sont à Mulhouse et entament un interminable ballet dans les principale rues de la ville.
C'est qu'ils sont peu nombreux; il s'agit donc de tromper l'ennemi.
Les Mulhousiens, eux-mêmes, s'y laissent prendre dans un premier temps.
Ils pavoisent, envahissent les rues, totalement inconscients du danger; des rassemblements se forment çà et là, ainsi faubourg de Colmar, devant l'hôtel Bristol où le Kreisbauerfürer est assommé par la foule.
Mais les tireur isolés, des <<Panzerfaust>> commencent à se manifester. Près du pont de la Doller, deux S.A. ratent un char et sont abattus au canon.

<<SANS PEUR ET SANS PITIÉ>>
Les chars traversent Bourtzwiller, arrivent à Pfastatt, font demi-tour pour tenir la ligne de la Doller.
Combien sont-ils ce matin là les libérateurs de Mulhouse ? Une centaine. C'est naturellement insuffisant pour pousser d'avantage. Quand aux Allemands, ils sont solidement retranchés dans les casernes. Dans la nuit, ceux de la caserne Coehorn décrochent pour aller renforcer les défenseurs de la caserne Lefebvre, imposante construction qui date de Guillaume II.
Le commandant Daniel et ses huit compagnies de FFI sont heureusement renforcés, l'infanterie de la 1re DB composée pour l'essentiel de 2e bataillon du 6e Régiment de tirailleurs marocain (RTM) dont la devise figure, en caractères arabes, sur son insigne: <<Sans peur et sans pitié>>.
Les FFI se battent avec eux dans le quartier de la gare du Nord, à Dornach. Devant l'hôtel de ville, ils brûlent les symboles de l'occupation allemande.
L'anxiété des Mulhousiens grandit quand ils voient les préparatifs des libérateur pour organiser des bases de défense en vue d'une attaque ennemie. Le bruit se répand que les Allemands vont contre-attaquer en force et qu'ils auront beau jeu avec le peu de troupes occupant la ville.
Les libérateurs ont effectivement du souci à se faire. Certes Altkirch, avec bien des difficultés, est libéré par le sous-groupement Vallin qui, venant par le sud, prend à revers les troupes qui bloquent à l'est la progression du sous-groupement Durosoy. Les Allemands se replient alors sur Aspach. Illfurth est atteint par le groupement Létang, troisième composante du Combat Command 1.
PREMIERE ALERTE
Mais, l'ennemi se ressaisit. Au nord-est de Mulhouse, il attaque le groupement Dawattre (Du CC3). Il stoppe également la progression vers Chalampé, à Ottmarsheim, préservant ainsi et le pont et un embranchement ferroviaire capital.
Surtout, l'axe Delle -Seppois, vital pour la 1re DB, est coupé par des commandos allemands appuyés par des chars au lever de jour, par une pluie battante, des retranchements et des sous-bois détrempés.
A Suarce, village du Territoire de Belfort proche de la frontière, ils anéantissent un élément du régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM) et du 9e zouaves qui attend les blindés français et filent en direction de la frontière Suisse distante seulement d'une douzaine de kilomètres.
Simultanément, ils menacent Joncherey, Faverois, Courtelevant, occupent Lepuix.
Au soir, le RN 463 est bel et bien coupée entre Faverois et Seppois: or c'est par là que passe tout le ravitaillement en carburant et en munitions de la 1re DB.
Fort heureusement, la 5e DB a pris en compte l'offensive allemande.
Au soir, elle tient après des combats meurtriers menés par les tirailleurs marocains, les légionnaire et les blindés des Combat Command 4 et 5, des points forts sur une ligne Faverois - Courtelevant - Réchésy, fermés en carrés défensifs au... milieu des infiltrations ennemies. Ce qui permet le passage d'un convoi d'essence de la 1re DB.
Mais ce n'est là que la première en date d'une série d'alertes qui vont compromettre, quatre journées durant, la victoire du 1er corps d'armée. 

21 novembre 1944. Mulhouse est officiellement libérée mais les combats sont encore livrés en ville jusqu'au 26.(photo prise à Mulhouse)

21 novembre 1944. Libération de Riedisheim Il est 8 heures du matin quand les blindés, le bataillon d'infanterie portée, l'escadron de tanks et le groupe automoteur d'artillerie s'ébranlent vers Mulhouse. C'est une unité de reconnaissance du Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc qui, la première, foule le sol de notre commune. Occupée le 19 juin 1940 à 11 heures, il aura fallu une attente interminable de 1616 jours pour connaître enfin le jour « j » !

21 novembre 1944. Libération de Sarrebourg par la 7ème Armée américaine 

22 novembre 1944. Metz tombe mais les forts ne seront définitivement réduits que le 13 décembre.

22 novembre 1944. Libération de St Die par La 7ème armée américaine

22 novembre 1944.libération de Carspach par les troupes du RICM.

22 novembre 1944. Libération de Steinbourg vers midi, les cloches se mirent à sonner à toute volée. Il y eut un bref mais violent engagement entre un escadron de la 2e DB et un détachement allemand.
Puis ce fut la délivrance. Les villageois secoués à la fois par la joie et les relents des peurs passées, contemplant étonné ce spectacle d'arbres et de véhicules en flammes, de soldats français en uniforme américain, de prisonniers hébétés, les mains dans la nuque, de villageois accourant à la curée des véhicules intacts, guère effrayés par la pétarade des caisses de cartouches enflammées, de blindés, de half-tracks et de jeeps se frayant un passage à travers ce capharnaüm.

22 novembre 1944, 8 h du matin :à Mulhouse les blindés alliés commandés par le général de Lattre de Tassigny font leur entrée dans la ville. Partout, les habitants courent à leur rencontre, ignorant parfois le danger qu'ils représentent, couvrant les soldats de cadeaux. Partout s'échangent cigarettes, chocolat et bonbons, dans une allégresse indescriptible. Les lieux de résistance allemande sont immédiatement évacués et nettoyés. Deux immenses bûchers sont improvisés, place de la Réunion et faubourg de Colmar, pour y brûler drapeaux, uniformes et insignes à croix gammée. 

22 novembre 1944. Libération de Saverne. Au soir du 22 novembre, c'est la fête à Saverne libéré. Leclerc a quarante-deux ans. Il vient de recevoir un cadeau d'anniversaire exceptionnel: le général américain Patch, qui commande la 7e armée US (dont fait partie la 2e DB)), lui adresse un ordre du jour qui se termine ainsi: <<Les magnifiques résultats de cette attaque (NDLR: de la 2e DB) prouvent une mise sur pied remarquable et une connaissance parfaite de la tactique blindée.
Ceci n'aurait jamais été possible sans l'art consommé de votre chef et l'entraînement et la discipline de la division entière.
C'est un honneur d'avoir sous mon commandement une division alliée composé de tels soldats. Je suis fier de vous avoir avec moi dans la lutte pour la libération de la France et la poursuite de l'ennemi.
J'ai pleine confiance que votre division continuera à obtenir de nouveaux succès signalés jusqu'à la défaite finale de l'adversaire>>.
STRASBOURG VILLE LIBRE
Le lieutenant général de l'US Army donne libre cours à sa joie. En cette journée anniversaire de l'entrée des troupe françaises à Strasbourg en 1918, il sait que la route de Strasbourg est ouverte.
L'un de ses subordonnés immédiats téléphone à Leclerc: <<Il est prévu que c'est le VIe Corps US qui attaquera Strasbourg. Mais si vous êtes en avance sur le VIe Corps c'est à vous d'y aller>>. Comme le VIe Corps n'a pas encore franchi les Vosges, c'est donc à la 2e DB d'attaquer.
La perspective d'entrer bientôt dans Strasbourg, ville-symbole fait presque oublier la belle réussite de la manœuvre en tenaille lancée tôt le matin par Leclerc, manœuvre qui a abouti à la prise de Saverne. Parti à 10h 30, le sous-groupement blindé Minjonnet a contourné Saverne par l'ouest, <<fonce>> sur le col de Saverne vers Phalsbourg dans l'intention de prendre cette ville à revers.
A 13h, il est dans Saverne, fait prisonnier le général allemand Bruhn qui se rendait au col pour voir... Mais l'attaque sur Phalsbourg est remise à demain.
Massu, quelque peu ralenti par des abattis d'arbres à la sortie de Reinhardsmunster, se trouve peu après 12h 30 à trois kilomètres de Saverne; occupe les crêtes dominant la ville à l'est, une heure après; rentre dans Saverne que vient de quitter Minjonnet; fait huit cent prisonniers; La surprise a été totale.
Ce n'est plus le cas à l'autre extrémité de l'Alsace. Dans le Sungau, les combats sont acharnés, les pertes nombreuses: les Allemands, en pleine contre-offensive, perdent quelque deux cent tués, sept cent vingt prisonniers, sept chars, huit canon. La 5e DB déplore la perte de quarante-neuf hommes, il y a cent trente-neuf blessés. quatre chars ont été perdus.
<<VIGEUR ET INTELLIGENCE>>
De Lattre est bien obligé de reconnaître que son adversaire, le général Wiese, <<réagit avec rigueur et une intelligence indiscutable>>. Wiese a prélevé ses deux meilleurs divisions dans les Vosges, les renforce avec la 30e Division SS et une brigade de chars Feldherrnhalle tout neufs. Son intention est de bétonner un couloir à travers le dispositif français, avec pour môle Dannemarie et la frontière Suisse, à hauteur de Porrentruy, pour objectif.
Lepuix, Chavanatte, Chavannes, Friesen changent de main, dans un sens comme dans l'autre. La jonction de la 1re DB avec la 5e DB, à Altkirch, échoue.
A Mulhouse, les Allemands, solidement retranchés dans plus casernes, résistent. Pis, des renforts arrivent d'outre-Rhin. Sausheim, Baldersheim, Battenheim sont abandonnés par les unités françaises qui resserrent leur dispositif.
Les FFI commencent à évacuer les mobilisables et les insoumis qui s'étaient cachés, particulièrement exposés en cas de retour en force des Allemands.
La ligne de front passe par Brunstatt, Morschwiller, la Doller, Modenheim, Ile-Napoléon, la lisière de la forêt de la Hardt avec une tête de pont au nord de la Doller (gare de Lutterbach et Heimsbrunn). Demain la journée sera dure.

23 novembre 1944 Libération de Strasbourg par la 2ème DB, au matin : à Strasbourg, le général Leclerc et ses hommes de la 2e DB qui ont parcouru plus de cent kilomètres en six jours, surprennent les Allemands sur le départ. Mêmes scènes de liesse et même joie collective de la population. 12500 Allemands sont faits prisonniers. Leclerc proclame : « Pendant notre lutte gigantesque de quatre années, menée derrière le général de Gaulle, la flèche de votre cathédrale est demeurée notre obsession. Nous avons juré d'y arborer de nouveau les couleurs nationales. C'est chose faite ». Il parle au cœur des Strasbourgeois. Il sera, avec de Lattre, le héros de cette libération alsacienne. Quelques jours plus tard, les Allemands se replient sur Kehl, de l'autre côté du Rhin, mais renforcent leur dispositif de lutte entre Sélestat et Mulhouse, constituant la fameuse « Poche de Colmar », qui ne sera crevée qu'en février 1945.

Une note de malaise
Responsable de Strasbourg, la 2e DB n'a pratiquement pas d'infanterie pour la tenir. Le pont de Kehl résiste, les forts de la ceinture tiennent, le gouverneur militaire, le général Veterrdt, s'est retranché avec 600 hommes dans le fort Ney protégé par les inondations de la Wantzenau. Le centre de Strasbourg reste videet... <<la présence muette de quinze mille civils allemands met une note de malaise>>(note Repiton-Préneuf, chef du 2e bureau de la 2e DB). Ce dernier, à la nuit, s'en va à l'hôtel de ville trouver des autorités civiles qui pourront administrer la cité. <<Ces hommes seront extrêmement efficaces>> observe-t-il.
Tout comme à Strasbourg, les Allemands résistent dans les casernes à Mulhouse. Les Mulhousiens reprennent courage lorsqu'ils voient ou apprennent en début d'après-midi que le 6e régiment des tirailleurs marocains (RTM) prend d'assaut la caserne Lefebvre, pièce maîtresse du dispositiff allemand. De fait, la situation de la compagnie qui a réussi à pénétrer dans la caserne, devient rapidement intenable.
Le char <<Austerlitz>> du lieutenant Jean de Loisy tente de la dégager en se frayant un chemin dans la cour de la caserne. Un <<Panzerfaust>> tire, le char est immobilisé. De Loisy est tué. Les tirailleurs battent en retraite. Deux automoteurs de 103 prennent la caserne sous leurs feux. Et en détruisent méthodiquement les superstructures.
<<Nouvelle crise chez nous>>
La 1re DB, qui subit des attaques incessantes dans son périmètre mulhousien, est durement éprouvée dans le Sundgau de même d'ailleurs que les éléments de la 5e DB engagé là. C'est que, dans la nuit du 22 au 23, les Allemands ont franchi la route qui mène de Delle à Seppois et ce à la hauteur de l'usine électrique.
Au petit matin, une vingtaine de mitrailleuses lourdes et une cinquantaine de <<Panzerfaust>> allemands entrent en action, du côté de Pfetterhouse, contre le 2e bataillon du 6e régiment d'infanterie coloniale (RIC). La contre attaque allemande atteint la frontière suisse entre Réchésy et Pfetterhouse.
Du côté de Dannemarie, le Combat Command 5 de la 5e DB tente de franchir le canal du Rhône au Rhin: un escadron de chars Sherman, deux peloton de tanks destroyers, une compagnie de la Légion, une section du génie. Cela se termine mal: repli en direction de Chavannes, douze tués et 48 blessés dont deux Shermans détruits.
A Aspach et à Ballersdorf, la 1re DB se heurte à des <<bouchons>> allemands infranchissables. Seule consolation pour la 1re Armée: des rassemblements blindés ennemis du côté de Manspach sont sérieusement pris à partie par les 155mm français.

23 novembre 1944. Libération d'Illkirch-Graffenstaden vers 11h30 par le 501R.C.C. de la 2e D.B

23 novembre 1944. Libération de Strasbourg.

23 novembre 1944. Le camp de Natzweiler -Struthof a été libéré

23 novembre 1944. Le village La Grande Fosse fut libéré par les troupes américaines.

24 novembre 1944. La 1er D.F.L. prend le Ballon d'Alsace

Prisonniers allemand dans Strasbourg

24 novembre 1944. La XIXe ARMEE allemande perturbe considérablement depuis quelques jours l'approvisionnement de la 1re DB en carburant et en munitions. Situation intenable à la longue, que le général Bétouart qui commande le 1er corps d'armée (de la 1re Armée) entend ne pas laisser perdurer.
Il faut donc, de toute urgence, assurer le dégagement des axes, Courtelevant-Seppois et Réchésy-Pfetterhouse. Il confie cette mission à la 5e DB du général de Vernejoul et lui promet une prompte relève en infanterie.
UN <<MARTEAU>>
Dès 7h 30, de violents bombardement d'artillerie s'abattent sur les troupes allemandes concentrées dans ce secteur: 2000 coups autrement dit ce que les artilleurs, dans leur jargon appellent un <<marteau>>.
Les soldats de l'infanterie coloniale, les célèbres Marsouins, reprennent leur attaque sur l'axe Réchésy-Pfetterhouse, épaulés par les FFI de la brigade du Languedoc. leur progression est dure, lente, coûteuse mais, finalement, couronnée de succès.
Un peu plus de deux heures après le début de l'attaque, vers 11h tout est terminé: 227 soldats du 308e Grenadier-Régiment battent en retraite et se font interner en Suisse, accompagnés de deux chars. Pendant ce temps, le Combat Command 4 procède, sans trop de difficultés, au nettoyage de la route de Courtelevan-Seppois. De là, il s'oriente vers Altkirch afin d'attaquer par l'est le pivot de la défense allemande: Dannemarie.
Urgence également dans la région mulhousienne. Dans la nuit du 23 au 24, il a fallu repousser deux coups de main sur le carrefour d'Ile-Napoléon. En matinée, le chef de la gare de la <<Grunhutte>> téléphone à Mulhouse: trois trains bourrés d'hommes et de matériel viennent d'arriver d'Allemagne à Chalampé.
A l'est de Habsheim, dans la forêt de la Hart, l'ennemi concentre fantassins et chars: la brigade blindée <<Feldherrnhalle>>, trois bataillons d'infanterie, le SS-bataillon 2, les Kampfgruppen Diemer et Reutlingen. Des contres-attaques allemandes sont repoussées par les chars et l'artillerie du Combat Command 2 de la 1re DB à Schierbach, Rixheim et à Ile-Napoléon entre 11h et 17h.
A l'opposé, à l'ouest de Mulhouse le Combat Command 2 de la IIe DB évacue Heimsbrunn mais se rétablit à Morschwiller. Bref, si la situation est rétablie à peu près partout, les lignes de communication de la 1re DB sont toujours menacées, la résistance des Allemands dans les casernes mulhousiennes ne faiblit pas.
<<MON SABRE>>
A midi, en ce 24 novembre, De Lattre, qui a été obligé de revoir ses plans, diffuse à midi son ordre général N°67 lequel dit, en substance, les choses suivantes: le 1er corps d'armée (Bétouart) devra prendre Dannemarie, assurant ainsi la sécurité de ses communications, parachever sa couverture sur le Rhin, nettoyer Mulhouse, aller vers Burnhaupt.
Le IIe corps d'armée (Monsabert sur-nomé<<Mon sabre>>) qui a pris le Ballon d'Alsace la veille et sur la route de Rougemont-le-Château, poursuivra sa progression en direction de Burnhaupt par la Doller et Rougemont. Il s'agira de tendre la main au 1er corps d'armée, encercler les derniers défenseurs de Belfort, pousser au nord et prendre Thann et Cernay. Ce sera la <<manoeuvre de Brunhaupt<<.
Grandes manœuvres dans le sud de l'Alsace, consolidation autour de Strasbourg. La ville fait l'objet d'un nettoyage systématique rendu difficile par la présence de milliers de civils allemands dont certains se transforment en francs-tireurs.
L'on se préoccupe également d'une toujours possible contre-offensive allemande au nord-est de la ville.
Deux reconnaissances de chars légers et d'automitrailleuses longent le Rhin en direction d'Offendorf. Un détachement commandé par le capitaine d'Alençon s'assure du pont sur l'iLL et tente d'obtenir la reddition du fort Ney, toujours occupé par le gouverneur militaire de Strasbourg, le général Vatterodt.
Un détachement file vers le sud, direction Erstein et Benfeld, où il se heurte à des éléments allemands qui tentent de s'infiltrer dans Strasbourg par Graffenstaden. Le pont de Kehl, lui, tient toujours;
Les divisions d'infanterie US (dont la 44e composée de soldats originaires du New Jersey donc souvent de lointaine origine hollandaise) viennent progressivement soutenir le IIe DB.
Leclerc commence à administrer Strasbourg.

25 novembre 1945. L'ordre du jour diffusé la veille par de Lattre est formel: il s'agit d'encercler le XIXe armée allemande, le point de jonction des deux corps d'armée de la 1re armée française se situant à Brunhaupt.

Au matin, où en sont-ils ? Le 1er corps d'armée a, sur son aile gauche, la 9e division d'infanterie coloniale qui tient un front qui s'étend jusqu'à la Largue; la 5e DB est regroupée à Friesen et à Altkirch; la 1re DB occupe l'aile droite et donc Mulhouse. C'est à elle qu'il appartient de détacher un Combat Command pour en faire la liaison avec le 2e corps d'armée à Brunhaupt.

Belfort abandonné: En réalité, la 5e DB, censée attaquer Dannemarie, éprouve de grandes difficultés pour percer de même d'ailleurs que la 1re DB dont un Combat Command est stoppé à Galfingue et à Heimsbrunn. La 9e DIC n'est pas plus heureuse dans sa progression... immédiatement enrayée le long d'une ligne Chavannes-Suarce-Lepuis, puis entre la Suarcine et la Largue. Si rien, ou pas grand'chose, ne va pour le 1er corps d'armée, le deuxième est plus heureux. Son objectif, on le sait, est de progresser vers Burnhaupt par la Doller et Rougemont, d'encercler Belfort, de viser Thann et Cernay 

25 novembre 1944 Fin des combats à Peleliou. Libération de Belfort et de  Rimbach

25 Novembre 1944. Libération de Lipsheim. Le matin du 25 novembre, nous entendîmes des bruits bizarres. Mon père nous emmène au chantier et de là nous virent une colonne de chars, de jeeps et de half-track venant de Geispolsheim. 
L’émotion de la population était à son comble en entendant des soldats américains parler français. En réalité c’était des Français de la 2ème DB du Général Leclerc: les …… calots rouges !! 
Le pont routier sur l’Andlau avait été miné et les Allemands l’avaient fait sauter. Le lendemain toute la division a passé sur la voie de chemin de fer et emprunté le pont ferroviaire qui n’avait sauté que partiellement. Nous donnions un coup de main pour égaliser le ballast pour permettre aux cars de passer sur les rails. 
La 2ème D.B. partie en direction d’Erstein pour libérer cette ville. 
Lors du passage sur les rails, le Général Leclerc était posté sur les marches du restaurant Woerth « Restaurant de la Gare » pour assister à cette délicate manœuvre. 
Ma cousine Odile a remis un bouquet de fleurs à cette occasion, à l’équipage de la 1ère automitrailleuse. Le conducteur était le futur Abbé Marion. 
Quelques jours après, la division Leclerc a du repartir et se sont les Américains qui les ont remplacés et c’est à ce moment là que l’anglais que les Allemands m’ont fait apprendre m’a servi à faire l’interprète auprès des autorités américaines (QG dans la maison de ma marraine). 
Nous les jeunes, nous avons récupéré les armes et les munitions que les soldats Allemands ont dû jeter. 
A 14 ans on savait tirer au fusil de guerre, dégoupiller des grenades et jouer avec les munitions. 
Le Général de Lattre de Tassigny nous a fait visiter l’école des sous officiers qui se trouvait à Westhalten (Tir à balles réelles au-dessus des têtes…) 
Benoît MEYER 

26 novembre 1944. Libération de Ballersdorf par la 1e r DB et la 5e DB appuyée par les fantassins de la Légion étrangère et du Bataillon FFI du colonel Berger.Le 12 Février 1943, 18 hommes dont 12 Ballersdorfois incorporés de force décident de se soustraire à cette incorporation et sont arrêtés aussitôt dans la nuit. Trois d’entre eux seront tués, un seul s’échappera, les 14 autres seront jugés sommairement et 13 seront fusillés le 17 février 1943.


26 novembre 1944. Dans la matinée des avions américains bombardent les quartiers proches de la gare. La libération de Sélestat a commencé.

27 novembre 1944. Libération de Dannemarie par le C.C.4, aidé par la Brigade Alsace-Lorraine (F.F.I) 

27 Novembre 1944. Libération de Wolfersdorf . Et le Sundgau est entièrement libéré.Libération de Spechbach, Enslingen et Balschwiller par le Combat Commande 5.  Libération de Altenach, Manspach, Valdieu et au sud ouest Dannemarie, par la 9e Division Infanterie Coloniale. Plus au sud, Bernwiller, Galfingue et Spechbach-le-Haut sont libérés. Sainte-Marie-aux-Mines et libérée par la 36e Division Américaine. Quand à Masevaux , sa libération n'est obtenu qu'au prix de combats acharnés; le quartier de l'église, ainsi que le pont lui faisant face, ont beaucoup souffert.

28 novembre 1944 .À 16 heures, un communiqué radio du Quartier Général du 6è corps d'armée américain signalait: « La ville de Barr a été prise par les 1er, 3e et 7e bataillons d' infanterie du 411e régiment et du 7e C.C (Command Corps) et de la 103 division d'infanterie ». Libération de Soppe-le-Bas en début d'après midi par le 1er et 5e D.B. Au petit matin Gildwiller est atteint. A 10h accrochage à Falkwiller. Le CC5 perd deux tanks destroyers détruits par des canons d'assaut allemands embossés à Gildwiller. Deux groupes d'artillerie divisionnaire (dont un de 155 long encore en batterie dans la région de Boron-Chavannes) prépare alors l'assaut des blindés. A 15h30 Gildwiller et Hecken sont conquis. Une heure après les éléments de tête du C.C.5 sont à Diefmatten, soit à deux kilomètres de Soppe. Chars et légionnaires précédant la 2e Division d'infanterie marocaine, déboulent sur Mortzwiller et Soppe-le-Haut. Ce même jour la bataille de la Hardt commence;

29 novembre 1944. Didelot s'est emparé d'Erstein et des villages environnant, Rémy, à partir d'Obernai, a pris Benfeld et Sand.

30 novembre 1944. La Première Armée Française, épuisée, adopte sur ordre du Général de Lattre, une attitude défensive et cesse toute progression, repoussant son avancée vers Colmar. C'est ainsi que se forme la "Poche de Colmar" dans laquelle vont s'affronter les combattants durant deux longs mois d'hiver, dans le froid, la neige, le feu et le sang.

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1er décembre 1944. Au soir, les 142e et 143e régiments d’infanterie U.S de la 36e Division atteignent la périphérie de Sélestat.
En hâte les commandos allemands font sauter trois ponts de chemin de fer avant de quitter la ville.

1 décembre 1944. Ce 1er décembre encore, le corps franc Pommiés émanation de l'ORA (organisation de résistance de l'armée) et composé essentiellement de soldats originaires du Sud-Ouest, libère Fellering et aux alentour du 21, Oderen. Partout, il est accueilli avec enthousiasme. A l'autre extrémité de la plaine d'Alsace du côté du Rhin, la brigade FFI du Languedoc - chargée d'empêcher les troupes allemandes de s'enfuir par la Suisse - patrouille le long de la rive à Huningue. Tout là-haut, dans le nord, la VIe Armée américaine dégage les abords nord de Strasbourg. Plus au sud, Leclerc et la 2e D.B. ainsi que les Américains de la 14e Armored Division, chargés de nettoyer les abords sud, s'approchent de Sélestat mais sont de plus en plus violemment contrés par l'ennemi. Néanmoins, la première phase de libération de la basse Alsace est terminée: la zone entre la Moder (la rivière qui traverse Haguenau) et Sélestat est complètement libérée.

2 décembre 1944. Aujourd'hui les Américains entrent dans Sélestat dont se sont retirées les troupes allemandes (en direction de l'ouest de la ville). Les blindés de la 2e D.B. atteignent péniblement, en raison des inondations, Rossfeld et Rhinau. Mais là, la 2e D.B. est bloquée - sur un arc de cercle passant Ebersheim, Kogenheim et Frisenheim - au cours de la nuit, par des tirs venant d'Allemagne. Lent et coûteux grignotage dans les Vosges: la 3e Division d'infanterie algérienne (DIA) réussit à s'emparer de la vallée de la Thur, de Kruth à Saint-Amarin. Nulle part, l'ennemi ne désarme pourtant. Ainsi, alors que Huningue a été évacué la veille par les Allemands, l'ennemi depuis, réagit durement avec ses mortiers et son artillerie basés sur la rive droite du Rhin. Les Français répondent. Les projectiles tombent un peu partout y compris du côté Suisse notamment sur les installations portuaires de <<petit-Huningue>>. Mais les blindés français, avec l'appui des FFI, procèdent au nettoyage de Saint-Louis et vont tenter de réduire la poche de Huningue et de Village-Neuf qui maintient le contact - grâce au bac de Weil - avec l'autre rive du Rhin.

2 décembre 1944. Libération de Ranspach par la  1ère Armée Française du Général de Lattre de Tassigny  libére Ranspach. 

2 décembre 1944. Constitue un moment fort dans la libération de la Ville de Sélestat, une libération inachevée qui se solde par des accalmies suivies de reprises des combats.
La bataille pour la libération de la ville s’achèvera en février 1945.

3 décembre 1944. Ce 3 décembre, les Combat Commands 4 et 5 de la DB s'en vont renforcer dans les Vosges (qui ne constituent pas à proprement parler un terrain idéal pour les manœuvres de blindés) le 2e Corps d' Armée.CONTRE ATTAQUE ALLEMANDE - Toujours ce 3 décembre, avant l'aube, un brutal coup de main allemand submerge le Pont-du-Bouc, détruit un pont Treadway lancé sur la canal du Rhône au Rhin par la 1er DB et isole nos points d'appui de la Grunhutte. Or celle-ci, depuis la veille, regroupe l'effectif de trois régiments d'infanterie, un peloton de chars du 5e régiment de chasseurs d'Afrique (RCA) ainsi qu'un peloton de tanks destroyer du 9e RAC. Chalampé n'est plus qu'à six kilomètres: on comprend que pour préserver le pont qui enjambe le Rhin et par lequel commencent à arriver en masse des renforts, l'ennemi veuille réduire ces positions françaises. D'autant que Touzet de Vigier commandant la 1er DB, avait l'intention de déborder la forêt de la Hart par le nord et s'apprêtait à lancer son Combat Command à travers la forêt pour prendre à revers les lisières ouest et menacer à l'est le pont de Chalampé. L'attaque allemande de Pont-du-Bouc compromet d'autant plus cette initiative que, simultanément, des <<Jagdpanther>>, quatre <<Kampfgruppen>> et cinq compagnies de SS, passent à la contre-attaque générale par l'est et l'ouest contre les Français coupés de leurs arrières au-delà du canal de Huningue. La tête de pont française est étranglée à sa base. La bataille fait rage toute la journée. D'urgence, l'on donne l'ordre à diverses unités (ainsi la fameux 15/2, en réserve à Drumenach, qui s'est particulièrement distingué à Courtelevant) de faire mouvement de toute urgence vers ce secteur. A 22h, une brève action de dégagement de la 4e division marocaine de montagne (D.M.M.) combinée avec une couverture d'artillerie massive et le lancement d'un pont de secours sur péniches, parvient à faire sortir de la nasse une partie des deux pelotons blindés et l'infanterie survivante. Mais la 1er armée laisse sur le terrain six chars Sherman, cinq tanks destroyers, sept half-tracks, huit jeeps, ainsi que 48 tués et 300 prisonniers tirailleurs marocains du 1er R.T.M. C'est un désastre. Touzet Du Vivier sera relevé de son commandement.

4 décembre 1944. Lundi 4 décembre, au nord de Strasbourg, les Allemands opposent une vive résistance à l'avance de la 7e Armée américaine. A Strasbourg le pont de Kehl saute, miné par l'ennemi qui s'est replié en Allemagne - Combats dans Haguenau et Sélestat - dans la nuit du 3 au 4, les tirailleurs marocains ont pris la Schlucht et le Hohnek - La 36e Division d'infanterie US progresse dans le vignoble en direction de Sigolsheim - Ribeauvillé est libéré - Dans Kaysersberg menacé, les Allemands se préparent à l'assaut des Alliés.
LE VERROU DE KAYSERSBERG.
Ce même 4 décembre le major Georges Herbrechtsmeier, est bien préoccupé. Le 3 décembre, il a été nommé <<Kampfkommandant>> de Kaysersberg. Les Allemands ont rapidement compris le plan de De Lattre qui consiste à investir Colmar par l'ouest. Il s'agit donc de mettre en place des verrous: Kaysersberg en est un, des plus essentiels. Le même jour il a reçu une nouvelle affectation et puis aujourd'hui, on lui enjoint à nouveau de rester ! Ce qu'on lui demande, n'est pas une mince affaire: tenir Kaysersberg avec 80 hommes. S'ajoute à cela la mission de combler un vide de quatre kilomètres dans le dispositif de défense allemand au nord de Kaysersberg, sur une ligne passant par les monts de Sigolsheim et se terminant à Béblenheim. Herbrechtsmeier sait qu'il peut compter sur l'encadrement des deux compagnies de 150 hommes qui ont été mises à sa disposition. Mais qui dire des soldats? Ils sont soit trop âgés, soit sans expérience militaire. Par ailleurs, ils manquent de tout: cartes, moyens radio, vêtements chauds. La major <<Kampfkommandant>> inspecte les positions qu'il est censé tenir. Mauvaise nouvelle: 40 de ses soldats se sont rendus aux Américains. En soirée, un intense tir d'artillerie venu d'Aubure s'abat sur les positions allemandes. Ribeauvillé est tombé la veille. La 36e divison d'infanterie américaine (36e DIUS) progresse maintenant en direction de Riquewihr.
A Mittelwihr, directement menacé, six chars allemands prennent position. De plus, une section de liaison aérienne (Lufnarichtenbteilung) occupe et Mittelwihr et Bennwihr mais se retire dès qu'une unités US s'approche. Les habitants, eux, s'abritent dans les caves ou se réfugient à Ribeauvillé, Saint-Hippolyte et Tannenkirch. Le pire reste à venir pour les villages du vignoble alsacien. La percée vers Colmar est également l'objectif des troupes de la 1er armée française qui sont engagées dans les Hautes-Vosges. C'est une vieille idée de De Lattre: << La première révélation de cette manœuvre se rattache pour moi au souvenir d'une reconnaissance clandestine effectuée en 1913 en Alsace occupé alors que j'étais jeune lieutenant au 12e dragons: la porte vosgienne de le Haute-Alsace, c'est le Ballon de la Schlucht, commandé par le Hohneck et d'où l'on domine Munster.>> Or il fait de plus en plus froid. Et il neige en abondance. La résistance allemande s'effrite dans les vallées de Thann et de Metzeral. Les villages de la vallée de Saint-Amarin sont tour à tour libérés. Dans la nuit du 3 au 4 décembre les tirailleurs marocains prennent le Honeck et le col de la Schlucht et s'avancent vers Munster. Une nouvelle route sur Colmar semble ouverte.

4 décembre 1944. Libération de Ribauvillé.

5 décembre 1944. Libération de Sarralbe sans combat

5 décembre 1944. Pour le moment la 7e Armée américaine, qui a été chargée de libérer le Bas-Rhin, si elle est globalement bien au nord de Strasbourg, n'en est pas pour autant au nord du parallèle de Haguenau. De l'est à l'ouest du front nord-alsacien, la 3e division d'infanterie US est devant Gambsheim, à proximité du Rhin; la 79e bombarde Haguenau (25 000 obus en dix-sept jours); la 45e vient de prendre Ingwiller; la 44e et la 100e poursuivent leur progression dans les Vosges de Nord en direction de Bitche et de Hottwiller.
Les américains sont aussi à Mutzig, bien plus au sud, dans la vallée de la Bruche; à Mutzig une compagnie du <<10th Engineer>> et le 30e régiment de la 3e division d'infanterie US prennent le fort. Pas de n'importe quelle manière; protégés par un écran de fumée, ils amènent dans les fossés du fort un véhicule bourré de TNT. Celui-ci explose et éventre le fort: 82 soldats allemands se rendent immédiatement.
UN ADVERSAIRE SUPPLÉMENTAIRE
Pendant ce temps, autour de la poche de Colmar, Béthouart, qui commande le 1er corps d'armée (flanc sud de la poche) décide de porter son effort sur son aile gauche, c'est-à-dire la 2e division d'infanterie marocaine. Celle-ci attaquera Thann et Cernay pour ouvrir la voie aux blindés de Combat Command 6 (appartenant à la 5e DB) et de la 1er DB. L'aile droite qui a beaucoup souffert ces jours-ci dans les combats de la Harth, se contentera de tenir ses positions (9e division d'infanterie coloniale-9DIC)
Sur les flans ouest et nord de la poche Monsabert ("Mon sabre") donne les directives suivantes: la poche sera attaquée par le nord (2e DB) et par l'ouest (36e division d'infanterie US). Les Américains seront couverts au sud par le Combat Command 4 (5e DB) et par le 2e GTM (groupement de tabors marocains). Simultanément, une opération sera mené en direction de Neuf-Brisach: les Combat Commands envelopperont Colmar par l'est (Turckheim) et le sud (Sainte-Croix-en-Plaine).
Mais Béthouard, qui voulait attaquer tout de suite, est obligé d'ajourner son attaque et Monsabert, lui, pense la lancer demain, 6 décembre. Tous deux sont confrontés, à un adversaire supplèmentaire: les inondations.

5 décembre 1944. Libération d' Ingwiller. Les derniers Allemands retranchés dans la forteresse se sont rendus à 3 h du matin. Les Américains annoncent : « Le fort de Mutzig a déposé les armes ». Première journée sans coup de canon.

5 décembre 1944. les troupes Américaines s'emparent de la rive gauche de la Fecht. Les Allemands font sauter le pont de la rivière et s'accrochent à la rive droite. Le front de la fameuse "Poche de Colmar" passe par OSTHEIM. Le martyre commence. Il durera près de 60 jours. Quartier par quartier, les maisons sont pilonnées par l'artillerie et flabent. Terrés dans les caves souvent à la moitié ensevelis vivants ou asphyxiés, les habitants sont des morts en sursis. 

6 décembre 1944. Libération de Sarreguemines

6 décembre 1944. Malgré toutes ses démarches, Leclerc n'a pu éviter que la 2e DB soit mise à la disposition de De Lattre. Le voilà, proximité oblige, placé sous les ordres du général de Monsabert qui commande le 2e corps d'armée.
Les craintes de Leclerc se vérifient immédiatement: compte tenu de la situation du moment et dans l'attente d'une offensive de la 1er armée, Monsabert confie à la 2e DB tout un secteur au sud de Strasbourg. Ce n'est pas, à proprement parler, la mission habituellement dévolue à une division blindée.
Leclerc décide d'aller voir Monsabert et de lui proposer d'exploiter en direction de Marckolsheim et de Neuf-Brisach. Mais pour cela, il lui faut l'appui d'une division d'infanterie du 2e corps d'armée. L'entrevue est fixés au lendemain.
REPORTER AU LENDEMAIN...
Justement, Monsabert a prévu son offensive pour aujourd'hui. Les circonstances ne sont guère favorables: les inondations empêchent le déploiement des blindés.
Au demeurant, à l'ouest, les Allemands le devancent, prennent l'initiative, lancent des attaques sur Guémar, Ostheim et Zellenberg. A Bennwihr, l'attaque menée par des unités SS progressent pour finalement échouer devant le couvent.
D'ailleurs, l'ensemble des contre-offensives menées par les troupes allemandes ce jour-là se soldent par un échec. Mais elles auront empêché Monsabert de déclencher les opérations qu'il avait prévus.
De son côté, Béthouart et son 1er corps d'armée sont bien obligés de prendre en compte des conditions météorologiques particulièrement déplorables: il pleut sans cesse en plaine, il neige tout le temps en montagne. Béthouart reporte à demain son offensive en direction de Bitschwiller et Pont-d'Aspach.
Si le commandement est contrarié par le temps, les hommes subissent de plein fouet les rigueurs d'un hiver particulièrement rude.
Embourbé dans la forêt de la Hart où il faut tenir impérativement, le 15-2 est harcelé par des tirs de mortier qui ont, apparement, une forme de prédilection pour le PC du bataillon installé dans un ancien abris de la ligne Maginot. Le front est en train de pourrir; un coup de main hier sur Niffer, mené par le 23e régiment d'infanterie coloniale, a échoué.
Il pleut également sur le vignoble. Le major Herbrechtsmeier,<<Kampfkommandant>> de Kaysersberg, apprend la perte de Bouxhof près de Mittelwihr. Pour lui, non plus, les nouvelles ne sont pas bonnes: la Wehmacht a perdu de nombreux soldats, morts ou faits prisonniers. Mais à quelque chose, malheur est bon: il n'a plus que la défense de Kaysersberg à assumer.
ACCENTUATION DES INTEMPÉRIES
Dans les Vosges et les Hautes-Vosges, tout est recouvert d'un épais manteau blanc. Au col du Hundsruck, le bataillon Janson-de-Sailly, qui a énormément souffert du froid et de l'humidité, sans parler d'un ravitaillement notoirement insuffisant ou inadapté, est enfin relevé par un groupe de tabors marocains.
Le capitaine Auvray note: <<Nous croisons d'autres Marocains: ils montent vers les lignes; à leur passage, la population s'empresse de leur fournir des boissons chaudes. Tendance à l'accentuation des intempéries: pluie, neige, gadoue, froidure.>>
Plus loin dans la vallée, défendant le col d'Oderen, du côté de Kruth, le corps franc Pommiès est lui aussi à l'épreuve. Les escarmouches sont fréquentes dans le secteur. Le lieutenant Pignada: <<Le bruit avait couru, avant que nous montions à l'attaque, que les Boches étaient démoralisés et qu'ils se rendaient. Nous attaquons donc. A ce moment, les Fritz nous accueillent par un tir d'artillerie effroyable. C'est à ce moment qu'un de mes garçons, qui est à côté de moi, me dit "ils se rendent, chef, mais ils commencent par rendre leurs munitions".>>
Et les civils dans tout cela ? Les tirs de mortiers allemands s'abattent sur Mulhouse, surtout sur les casernes mais les civils ne sont pas à l'abri. Le couvre-feu est en vigueur de 19h à 6h du matin. Depuis quelques jours, les sirènes avertissent les Mulhousiens dès que les obus tombent sur la ville.
A Lutterbach, des centaines de personnes sont terrées dans les caves de la brasserie et du pensionnat. Au nord de la poche de Colmar, à Sélestat, les habitants vivent dans la terreur de voir les Allemands revenir.
Bref, le moral de la population est fragile. Les militaires, eux, sont fatigués de quatre mois de campagne ininterrompue. Le temps est pourri et, pour tout arranger, Himmler vient, en personne, prendre le commandement des troupes allemandes opérant dans la poche de Colmar.

7 décembre 1944. Libération de Sarreguemines.

7 décembre 1944. Il n'est pas bon d'habiter à proximité de Pont-d'Aspach en ce début de mois de décembre 44. C'est ce que doivent se dire les habitants de Scheighouse. Ainsi hier 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, patron du village, un bombardement s'est abattu sur les habitations de la commune. Il cesse, aujourd'hui, en matinée: il n'est pas loin de 10h.
Les habitants se terrent dans les caves. Mais il faut tout de même donner à manger au bétail: Les hommes sortent au péril de leur vie.
JALOUSIE ENTRE GÉNÉRAUX ?
Certains, mieux informés que d'autres ou plus optimistes, confient à leurs proches: <<C'est aujourd'hui que la 1er Armée française donne l'assaut final>>.
L'assaut , Peut-être. Final ? Rien n'est moins sûr. Leclerc se présente à Monsabert. Il propose son plan: percer en direction de Marckolsheim et de Neuf-Brisach mais il lui d'une division d'infanterie. Monsabert refuse: Certes, de Lattre a ordonné de mettre à la disposition de Leclerc et de la 2e DB, l'une des meilleurs unités d'infanterie de la 1er armée française, le premier régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP), mais évidemment, cela ne fait pas une division. Pour le reste, Monsabert, appliquant les consignes de De Lattre, va prendre Colmar par l'ouest.
Jalousie entre généraux: Leclerc a eu Strasbourg, de Lattre veut Colmar ,
En attendant, Bédouard arrive, enfin, à lancer son offensive. Il lance le 8e régiment de tirailleurs marocains (8e RTM) et le 3e régiment de spahis marocains (3e RSM) sur Thann; Bitswiller est pris. Plus au sud, le 5e régiment des tirailleurs marocains (5eRTM) passe la Doller à Pont-d'Aspach, mais n'arrive pas à progresser en raison d'une forte opposition allemande.
Les Américains ne restent pas inactif. Ils s'avancent jusqu'au centre de Mittelwihr, mais sont finalement repoussés. La 36e division d'infanterie US, en revanche, remporte quelques succès dans la vignoble près de Sigolsheim.
Mais en face, l'ennemi se renforce. Depuis 48 heures, des renforts arrivent par les ponts de Neuf-Brisach et de Chalampé. Pas moins de trois bataillons sont affectés aux combats dans la vignoble. Himmler obtient des moyens supplémentaires importants en hommes et en armement.
La résistance se durcit partout. La censure militaire française qui tient à ne pas affoler la population, propose aux lecteurs de <<L'Alsace>> des lectures réconfortantes: <<Leclerc est à dix kilomètres de Colmar. Rapidement, toute résistance allemande s'effondre dans les Vosges>>, ect.
La 1er armée se sent obligée de publier une communication officielle sur l'état du front, le 4 décembre, c'est-à-dire il y a trois jours.
Dans la Bas-Rhin, les troupes américaines poursuivent difficilement leur progression. La 45e division d'infanterie US qui a pris Ingwiller le 5, bute depuis sur les défenses allemandes à Mertzwiller. Le long du Rhin, la 79e division d'infanterie américaine prend Gambsheim et se dirige vers Haguenau.
D'une manière générale, la 7e armée US a devant elle un adversaire fort affaibli. Du 15 au 30 novembre, la 1er armée allemande a perdu plus de 17 000 hommes dont 4000 tués.
Cependant, les 14 000 hommes qui lui reste, semble fermement décidés à se battre au corps à corps si nécessaire dans leurs abris bétonnés des lignes Maginot et Siegfried.
Quand à la population civile, son sort est de plus en plus dramatique.
A Mulhouse, un réfugié, Maurice Koehler, qui est revenu au pays note: << La présence de l'ennemi aux portes même de la ville n'est naturellement pas sans justifier parfois certaines inquiétudes quand à un retour possible des Allemands dont on ne saurait imaginer les conséquences... Ajoutons à cela un temps exécrable, une boue affreuse dans de nombreuses rues défoncées, un manque total de gaz et depuis huit jours d'électricité. Les petites réserves de bougies et de pétrole s'épuisant rapidement, ce sont, après 5 h du soir, dans les maisons comme en ville, d'épaisses et pénibles ténèbres. pendant deux jours, l'eau elle-m^me a manqué>>.

8 décembre 1944 MITTELWIHR EN FLAMMES
Parce que, à vrai dire, les positions semblent figées sur différents fronts. Tout au plus, note t'on que le 4e régiment de tirailleurs marocain (RTM) s'engage sur Willer alors que, la veille, c'est le 8e RTM qui a atteind les quartiers nord-ouest de Thann. Voilà pour le 1er corps d'armée commandé par Bétouart.
Pour le 2e corps d'armée (Monsabert), dont de Lattre attend tout, en tous les cas trop, la situation est stationnaire. L'on se bat pourtant, et durement, dans le vignoble haut-rhinois. Les civils tentent de se réfugiés dans les caves. A Sigolsheim, le maire, Charles Raees, blessé, conduit à Colmar, meurt ce jour.
Les contres attaques allemandes fusent: renforcées par trois nouveaux bataillons, les troupes allemandes reprennent les positions qu'avait réussi à occuper l'infanterie US après des combats acharnés. Les mortiers américains pilonnent Bennwihr. Un duel de chars se déroule à l'entrée de Mittelwihr.
Des patrouilles alliées pénètrent dans la partie nord de Sigolsheim et occupent le couvent.
Mitterwihr est en flammes en fin de journée.
Kientzheim est libéré mais le prix est lourd: 54 blessées, deux lieutenants tués; le 1er régiment de chasseurs d'Afrique (1er RCA) perd le dixième de ses effectifs, la légion la moitié. Mais il y a cent prisonniers allemands dont cinq officiers.
Les français récupèrent un important matériel dont 33 bazookas !
A Ammerschwihr, le déluge de feu a commencé.
Là-haut dans le nord du Bas-Rhin, les troupes US continuent leur méthodique progression: Mertzwiller qui a résisté pendant trois jours, vient de tomber au nord-est de Hageunau qui est également libéré.
La libération de l'Alsace semble là en train de s'achever

9 décembre 1944. De part et d'autre, la grande affaire, c'est la poche de Colmar (des alliés) et de la t^te de pont en Alsace (des Allemands). Il ne faut pas attendre de cette journée du 9 décembre des modifications importantes dans le tracé du front.
Car l'on est revenu, bon gré mal gré, à une conception de la guerre qui s'apparente plus à celle de 14-18 qu'à celle préconisée par les grands théoriciens des charges de blindés. Les alliés grignotent, les Allemands répliquent: ainsi on prend et on perd Mittelwihr qui ressemble de plus en plus à un amas de ruines.
Ce relatif immobilisme a des raisons: le temps exécrable y est sans aucun doute pour quelque chose. Mais il y a aussi l'état des troupes.
PAS ASSEZ DE VOLONTAIRES FFI.
La 1er armée française a certes récupéré la 2e DB et la 36e division d'infanterie US (36eDUIS) mais l'on sait que de Lattre et Lecrelc ne s'entendent pas. En revanche, elle a perdu la 1er DFL (division française libre) composée d'éléments expérimentés: Légion étrangère et coloniaux. La 1er DFL se reconstitue à Vesoul; elle a tout de même perdu en deux mois 381 tués, 1748 blessés et 44 disparus.
De Lattre doit donc tenir un front qui compte quelque cent kilomètres de plus depuis le 1er décembre. Or la 1er armée n'a pas connu de repos depuis quatre mois. Plus grave: son matériel n'a pas été renouvelé. Les craintes de Leclerc s'expliquent également par ceci: les Américains, naturellement, se servent d'abord.
De plus, les pertes subie au cours des mois écoulés ne sont pas compensées, ni en quantité, ni en qualité, par le recrutement de volontaires FFI. Ces derniers sont dotés d'équipements hétéroclites et généralement insuffisant. De plus, ils manquent d'expérience en matière de guerre conventionnelle.
En face, avec les renforts rameutés par Himmler, l'ennemi compte maintenant neuf divisions et deux brigades de Panthers. L'armement allemand est souvent supérieur au matériel américain en particulier pour ce qui concerne les blindés. Les position de défense allemande sont solidement établies; leurs lignes de communication resserrées alors que les alliés sont obligés de contourner par les Vosges pour coordonner les deux volets du dispositif.
La XIXe armée allemande, qui dépend maintenant d'un groupe d'armée <<Oberrhein>> (Haut-Rhin), est doté d'un <<personnel d'une qualité moyenne>> (selon les normes allemande) <<manquant d'instruction>> mais <<doté d'un bon moral>>.

LES LEÇONS DE HIMMLER
Le principal handicap de l'armée allemande dans ce secteur réside dans l'ambiance exécrable régnant au commandement. Himmler, chargé personnellement par Hitler de la direction du corps d'armée <<Oberrheim>>, fait preuve d'une incompétence doublée de pratique de suspicion. Face à des généraux qui ont tout de même cinq ans d'expérience, il prétend explique comment il faut faire campagne. Après chaque combat, il ordonne des enquêtes comme si, de haut en bas de la hiérarchie de la XIXe armée, l'ensemble des officiers étaient des lâches ou des saboteurs. Seul l'officier national-socialiste (NSFO) du groupe d'armée jouit de son entière confiance et voit ses pouvoir augmentés. Le général Wiese, professionnel confirmé, auquel de Lattre a rendu hommage, n'attend qu'une seule chose; être relevé de son commandement. Il le sera dès le 16 décembre.
Pour l'heure, l'on se bat dans le vignoble, autour de Thann, dans les Vosges. Rien de bien décisif.
Mulhouse continu à vivre l'existence d'une ville du front. Sélestat tente de s'organiser malgré la canonnade.
Là-haut dans le nord du Bas-Rhin, les américains poursuivent leur avance. Bientôt, la frontière allemande !
Mais il est vrai que leur problématique est bien différente de celle des Français ou des Allemands: pour les Français, il s'agit de reconquérir l'Alsace arrachée pour la deuxième fois à la suite d'une défaite; pour les Allemands, de défendre la première terre du Reich, menacée à l'ouest.
Pour les Américains, l'Alsace est un front secondaire dont la rupture ne permet pas de frapper directement au cœur de l'Allemagne nazie..

10 décembre 1944.le 7ème corps américain (appartenant à la 1ère armée américaine) lance une attaque dirigée sur Duren, à l’ouest d’Aachen. Au sud, la 3ème armée américaine continue de défendre ses têtes de pont sur la rivière Saar.

10 décembre 1944.- Au sud, Thann a été libéré par le 8e régiment de tirailleurs marocains et le Combat Command 6 (groupement tactique de la 5e division blindée). Roderen également. La centrale hydroélectrique de Kembs est récupérée par le 6e régiment d'infanterie coloniale. Les combats se sont poursuivis dans le vignoble. Ce dimanche, autour de Colmar, les forces allemandes ont réquisitionné les civils à la messe ou au culte pour travailler aux terrassements et aux fossés anti-chars
 Une contre-attaque allemande baptisée Habicht (épervier) viserait à réoccuper les premiers sommets vosgiens et à prendre en tenaille les divisions d'infanterie américaines.
 Au nord, les troupes américaines, qui ont percé les défenses de Metzwiller il y a quelques jours, ont libéré Bischwiller.

11 décembre 1944. Au nord de Strasbourg, la progression de la VIIe armée américaine ne rencontre guère d'obstacles. Haguenau, après dix sept jours de bombardements, est libéré aujourd'hui par la 79e division d'infanterie US. Les troupes américaines vont entrer maintenant dans l'outre-Forêt, viser Climbach, Soultz-sous-Forêts, Wissembourg et Lauterbourg, se rabattre sur la ligne Siegfried après avoir investi la ligne Maginot. Et le Bas-Rhin sera libéré.
Pour l'heure, toutes les unités US ont une seule consigne: foncer vers le nord, direction l'Allemagne. Tout semble désormais simple, facile, évident..;

OBJECTIF CERNAY
Aucun de ces qualificatifs ne s'applique à la situation haut-rhinoise où les forces alliées ont en face d'elles un ennemi farouchement déterminé à défendre sa tête de pont en Alsace, la poche de Colmar qui hante les nuits du général de Lattre.
Au sud-est de la poche, rien de bien notable si ce n'est que la zone entre le canal de Huningue et le Rhin est aujourd'hui entièrement nettoyée par la 9e division d'infanterie coloniale (9DIC).
Au sud-ouest, le général Bouthouart qui commande le premier corps d'armée de la 1er armée française veut prendre Cernay. La manœuvre du jour s'appuie sur un double mouvement: l'un venant de l'ouest avec notamment le Combat Command 6 (de la 5e division blindée, une fois de plus <<saucissonnée>>), l'autre du sud avec le Combat Command 3 (CC 3 de la 1re DB).
Sur le terrain, l'offensive se traduit par des avancées successives: le (RAC de la 5e DB) est à Leimbach en matinée. Il traverse les bois en direction d'Aspach-le-Haut et d'Asparch-le-Bas. Un détachement, qui tente de passer par Michelbach, est stoppé par la destruction du pont.
A 14 h 45, le 6e RAC est à Aspach-le-Haut. Une heure après ses chars entrent dans le village, démolissent les nids de mitrailleuses et font une vingtaine de prisonniers.
Non loin de là, à Schweighouse, l'on se doute bien qu'il va se passer quelque chose. Le jour de la Saint-Nicolas, l'artillerie française, basée à Bourbach-le-Bas, a bombardé le village afin de préparer un assaut qui n'est finalement pas venu. Bilan: six vaches blessées qui ont terminé leur existence terrestre dans les marmites.
Aujourd'hui, c'est après le déjeuner que les tirs reprennent. Les villageois descendent dans leurs caves. Vers 16 h, arrêt des bombardements. Le silence s'installe, pesant, lourd de menaces. Subitement, il doit être 17 h 30 environ et la nuit commence à tomber, les rues du village s'animent: les soldats français trempés, font leur entrée dans Schweighouse après avoir traversé la Doller, avec de l'eau jusqu'à la ceinture.
RIEN NE SE FAIT
Au nord et à l'ouest de la poche Monsabert a révisé les ambitions du 2e corps d'armée à la baisse. La 2e DB devra se borner à fixer l'ennemi qui lui fait face, <<en lançant des attaques méthodiques et successives sur les villages tenus par l'ennemi>>.
La division Leclerc est priée, ce faisant et par ailleurs, d'aider la 36e division d'infanterie US à percer l'axe Kaysersberg, Andolsheim afin de permettre le débordement de Colmar par l'est. Le Combat Command 4 (5e DB) bouclera l'encerclement de Colmar en avançant sur un axe Hachimette, Trois-Epis, Turckheim, Herrlisheim.
Rien de tout cela ne sa fait. En effet, les contre-attaques allemandes fusent: sur le front de Sigolsheim (à l'ouest), au nord de Rhinau (à l'est),où des troupes allemandes tentent de passer le Rhin d'Allemagne en Alsace.
Ce sont les prémices de l'opération Habicht. A Wintzenheim, au poste de commandement de la 189e division d'infanterie allemande, le commandant en chef (le général Wiese est encore là) et les chefs de corps des divisions mettent la dernière main au plan d'attaque et aux préparatifs. Il y a là le fameux colonel Zorn, celui même qui a infligé le 3 décembre un véritable désastre aux troupes françaises à Pont-du-Bouc.
Une tension certaine règne au PC: Himmler, qui se mêle de tout dans les moindres détails, sera présent demain, début de l'opération Habicht. 

11 décembre 1944. La 7ème armée américaine entre à Haguenau en Alsace et avance au sud-est de Rohrbach. Les Allemands lancent des contre-attaques sur les têtes de pont de la 3ème armée américaine de la rivière Saar, elles sont toutes repoussées.

11 décembre 1944. Libération de Aspach - le - Bas et de Schweighouse

12 décembre 1944. La 1ème armée américaine bataille en direction de Duren, à travers la forêt Hurtgen. La 3ème armée américaine met en place une autre traversée près de la frontière allemande à l’est de la rivière Saar. Au sud, en Alsace, la 7ème armée américaine combat à Seltz.

12 décembre 1944. La tragédie et le doute.
Cela s'est passé hier au Hohneck. Celui-ci avait été prit dans la nuit du 3 au 4 décembre par un détachement du régiment de FFI de France-Comté rattaché à la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) . Passablement éprouvé, froid et neige font des ravages, il est relevé par la 1re compagnie du 4e régiment de tirailleurs tunisiens '4e RTT).
Ceux-ci, retranchés dans l'hôtel qui se trouve au sommet du Hohneck, ont fait l'objet d'une violente attaque au lance flamme et au Panzerfaust le 8.
Trois jours après, nouvelle attaque plus violente encore: il y a un mètre de neige, les tirailleurs tunisiens, sans ravitaillement, sans service de santé, se battent avec l'énergie du désespoir, sans même la possibilité d'un contact radio, jusqu'à la dernière cartouche. On essaie de les dégager: c'est impossible. Aujourd'hui, le Hohneck est à nouveau aux mains des Allemands.
SANS SKIS, SANS CAGOULE
Dans les Vosges, les troupes qui tiennent les lignes de crête et les fonds de vallées redoublent de vigilance. Ainsi le corps franc Pommiès, qui a en charge le secteur de Kruth, connaît-il les affres d'un hiver d'une rigueur extrême: <<patrouilles de nuit toujours dans la neige, sans skis, la plupart du temps sans cagoule; des tirs de mines, d'artillerie, de mortier... Les hommes sont en ligne dans de mauvais abris, ils sont mal habillés et sourtout mal chaussés, il fait très froid, la couche de neige augmente chaque jour>> (journal du 1er bataillon du CFP - corp franc Pommiès)
Plus bas, dans le vignoble, la situation ne s'améliore pas. l'opération Habicht lancée par la XIXe armée allemande vise à couper aux Alliés la seule voie d'accès aux renforts venant des Vosges. C'est la 36e division d'infanterie US qui est particulièrement visée: l'offensive allemande doit la prendre en tenaille.
Himmler est au PC de Wintzenheim; il y passe la journée. Ses rapports avec les officiers allemands qui, eux sont de véritables professionnels, continuent à se dégrader.
Au soir, ordre est donne d'envoyer tous les officiers d'état-major sur le terrain afin d'évaluer la situation. Consigne: faire parvenir un rapport toutes les deux heures. Bilan mitigé de l'opération Habicht: sur le flanc est, le Kampfgruppe Braun composé de deux bataillon de jeunesses hitlériennes (moyenne d'age 18 ans) n'a pu entrer dans Mittelwihr. Le bataillon qui a investi Beblenheim est coupé de gros de la troupe par des Sherman américains.
Sur le flanc ouest, le Kampfgruppe du major Reimer (deux batteries, aspirant et officier d'active plus cinq cent aviateur peu entraînés) est arrivé jusqu'aux premières maisons de Riquewihr mais n'a pu emporter la décision. Au centre, le Kampfgruppe du colonel Ayrer (mille hommes bien entraînés dont de nombreux sous-officiers, venus de Hesse via la gare de Colmar) manque de matériel de transmission et d'armement lourd. D'ailleurs, Ayrer est tué à la tête de ses soldats.
Himmler donne l'ordre de remettre cela demain. De Lattre, dans une instrution secrète (IPS N°6), se résigne à mettre en chantier un plan minimum: sortir de la montagne (trop meurtière), border l'ILL, libérer Cernay (enfin) et Colmar.

13 décembre 1944. - La contre-attaque Habicht (épervier) lancée par Himmler a pris de plein fouet la 36e division d'infanterie américaine. Sur le mont de Sigolsheim, les combats ont été très violents. Mittelwihr a été de nouveau sous le feu. Une partie de la population a été évacuée vers Ribeauvillé et ses alentours.
Une offensive de la 2e division blindée, ordonnée par le général Monsabert, se heurte à forte résistance près de Witternheim. Le bataillon de chasseurs parachutistes qui accompagnait le groupe de Guillebon a perdu, pour prendre le village, 33 hommes et a eu 147 blessés. 12 décembre 1944 le 2e régiment de spahis algériens de reconnaissance a pris le col du Bonhomme.Et 2e régiment de spahis algériens de reconnaissance libère le village du Bonhomme.
Au nord de l'Alsace, les troupes américaines sont entrées dans Hatten.

13 décembre 1944. La présence du Reichsfürer Himmler (investi de tous les pouvoirs par Hitler) au PC de la XIXe armée allemande, pèse lourdement sur le déroulement de l'opération <<Habicht>>. Le 64e corps d'armée s'est vu ordonner de prendre, dans la nuit du 12 au 13, Mittelwihr et les hauteurs de Sigolsheim.
UN MORAL EXTRAORDINAIRE
A 5h ce matin, tout repart. Les routes d'Aubure et de Sainte-Marie-aux-Mines sont coupées. Une violente attaque, la plus dangereuse depuis le début des opérations, a échoué la veille sur Sélestat mais l'insécurité règne: <<on ne voit pas d'Américains. Les drapeaux français disparaissent en ville. Les FFI retirent leurs brassards.>> L'anxiété gagne les communes voisines et, à Sélestat, il n'est plus possible d'enterrer les morts, note Jules Pfister.
Dans le vignoble, à Mittelwihr, la population est évacuée sous un véritable déluge de feu vers Beblenheim, Riquewihr puis Ribeauvillé. L'on se bat avec acharnement sur le mont de Sigolsheim entre Allemands et 36e division d'infanterie US dont les régiments font preuve d'un moral extraordinaire malgré la perte d'une batterie d'artillerie et d'un dépôt de munitions (que l'ennemi fait sauter).
En fin de journée, Ribeauvillé est préservé d'un retour des Allemands mais ceux-ci, Himmler oblige, sont décidés à poursuivre l'offensive.
Mais il est dit que chaque journée désormais apporte aux alliés sa part de tragédie. Celle-ci se déroule au nord de la poche de Colmar à Witternheim, à quelque douze kilomètres au sud d'Erstein, PC de Leclerc. Justement, le patron de la 2e DB n'est pas là.
Le groupement qui a lancé un emprunt, lui a demandé, compte tenu de sa grande popularité auprès des Français, de venir parler à la radio, à Paris, en faveur de l'emprunt, naturellement.
Malgré son absence, le 2e corps d'armée commandé par Monsabert, suivant une directive de De Lattre, donne l'ordre d'attaquer à le 2e DB. Le GTV (groupe tactique, terme français pour Combat Command) commandé par le colonel de Guillebon et le 1er bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er BCP) sous les ordres du chef de bataillon Jacques Faure, au cours de leur offensive, se heurtent à une unité allemande intacte entre Witternheim et Bindernheim.
Selon les sources différentes: <<Les parachutistes, concentrés dans un petit bois, subissent passivement le feu et éprouvent de lourdes pertes>>; ou: <<privés de soutien blindé, les parachutistes réussissent à reprendre le village au prix de très lourdes pertes.>>
Quoi qu'il en soit, le résultat est le même: cette unité d'élite perd 33 tués, 147 blessés, soit 35% de ses effectifs. Résultat: les bataillon Faure sont enlevés sans explication à la 2e DB. L'antagonisme De Lattre - Leclerc se durcit.
D'ailleurs, M. Dietheim, ministre de la Guerre, en est bien conscient. Ce même 13 décembre, il écrit au général US Devers, commandant le 6e groupe d'armée US (dont relève la 1re armée française) pour lui demander de détacher le 2e DB de la 1re armée et de continuer à la faire prendre en charge logistique ment par les américains.
Leclerc, lui aussi, a écrit à Jacob Devers qui lui a répondu.
Monsabert enregistre, quand à lui, un succès à l'ouest de la poche de Colmar: hier, le 3e régiment de spahis algériens de reconnaissance (3e RSAR), venu du nord, a pris le col du Bonhomme et fait la jonction avec le 2e RSAR, parti de Fraize, plus à l'ouest dans les Vosges.
48 HEURES POUR SE REFAIRE
Pour le 1er corps d'armée, rien ne va plus. La veille, le Combat Command 3 (CC3 - 1re DB) a échoué devant Saint-André à Cernay, le CC6 (5e DB) devant Vieux-Thann. Les tirailleurs marocains des 4e et 8e RTM subissent de violentes contre-attaques. Bétouart ne peut que constater l'évidence: il n'a pas suffisamment d'infanterie, ses artilleurs manquent de munitions. Il demande à de Lattre l'autorisation de se mettre en position défensive. De Lattre accepte: le 1er corps d'armée a quarante-huit heures pour se refaire une santé.
A Hatten, petit village du Bas-Rhin, situé à une dizaine de kilomètres du Rhin et une quinzaine de la frontière nord, une habitante, Lina Rinckel, note sur son journal: <<Aujourd'hui, les premières troupes américaines sont entrées dans Hatten qu'elle traversent dans un grand déploiement d'hommes, de matériel et de blindés. Hatten n'en subit aucun dommage... A nouveau, nous respirons, espérant que la guerre est définitivement terminée pour nous.>>

13 décembre 1944.  La 1ème armée américaine réalise peu de progrès lors d’une nouvelle offensive à 35 kilomètres au sud de Duren. Les forces alliées s’emparent du fort Jeanne d’Arc, le dernier bastion allemand de Metz. La 7ème armée américaine rencontre des blindés allemands aux environs de Metz en Alsace, près de la frontière allemande.

13 décembre 1944. Mothern d'abord libéré par les américains fut repris par les Allemands qui avait lancé en janvier 1945 l'opération Nordwind. Le ralentissement de l’avancée américaine permit aux Allemands de se ressaisir et même d’organiser une contre offensive appelée " Opération Nordwind " et dans bien des villages, on eut la surprise désagréable de voir revenir les Allemands qu’on croyait chassés à jamais. La nouvelle occupation Allemande durera 10 semaines, le village de Mothern sera libéré une deuxième fois le 19 mars 1945.

13 décembre 1944. Mothern d'abord libéré par les américains fut repris par les Allemands qui avait lancé en janvier 1945 l'opération Nordwind. Le ralentissement de l’avancée américaine permit aux Allemands de se ressaisir et même d’organiser une contre offensive appelée " Opération Nordwind " et dans bien des villages, on eut la surprise désagréable de voir revenir les Allemands qu’on croyait chassés à jamais. La nouvelle occupation Allemande durera 10 semaines, le village de Mothern sera libéré une deuxième fois le 19 mars 1945.
Dans la capitale de l'Alsace, il n'est cependant pas question de repos. Au nord de la ville, La Wantzenau est inoccupée mais le Fort Ney qui sépare le village de Strasbourg est rempli de troupes ennemies, essentiellement des services de l'armée allemande qui s'est repliée au-delà du Rhin.
Encore tout rempli de joie d'avoir participé à la libération du nord de l'Alsace, je reçois la mission de me rendre à La Wantzenau pour dégager le Fort Ney. Pour cela, je dispose d'un peloton de chars, d'un escadron de FFI porté sur camions et d'un civil alsacien, précieux interprète. Nous arrivons au village vers minuit. Les habitants sont dans l'émoi. A l'aube du 26 novembre, a lieu un échange de messages avec le Fort Ney. Le général Vaterrodt, d'abord très sûr de lui, accepte finalement une reddition totale. Le colonel de Langlade qui commande notre GTL me rejoint à La Wantzenau. Ensemble, nous partons vers le Fort, escorté de deux chars et d'un peloton de FFI. Nous constaterons qu'il y avait environ 600 hommes repliés dans le Fort.
Revenu à Strasbourg, je prends la fonction d'officier de renseignement du régiment. Nous partons sans délai vers le Sud. A Meistratzheim (à l'est d'Obernai), les chars ont dû se déployer et attaquer pour conquérir ce gros village. Après Valff et Zellwiller, il fallut à nouveau attaquer pour neutraliser les Allemands qui tenaient Sermersheim. Sélestat sera libéré avant Noël car nous y arriverons le 21 décembre.
Cependant, dans le nord, le front américain recule. Nous partons en Lorraine, à Postroff, puis à Oermingen, au sud de Sarreguemines. Le 18 janvier 1945, mon régiment est rappelé vers Strasbourg. Revenu à Furdenheim, puis à Mittelhausbergen, c'est vers Kilstett que mon régiment doit être engagé. Envoyé en reconnaissance dans la soirée du 21 janvier, je passe à La Wantzenau. La population est inquiète; elle est sans défense – Kilstett est occupé par un bataillon FFI et menacé d'encerclement par des chars.
C'est la seconde fois que je me trouve dans ce village à un moment critique. Heureusement, les chars du 12ème Chasseurs d'Afrique, appuyés de notre artillerie dégageront les FFI de Kilstett. En détruisant plusieurs blindés, ils neutraliseront l'avance allemande qui avait encerclé le village. Finalement, l'ensemble de la poussée ennemie au nord de l'Alsace est totalement bloquée et l'armée allemande, obligée de se replier.
Nous sommes alors engagés en appui de la 1ère Armée française commandée par le général de Lattre. Celui-ci va tenter de refouler l'ennemi au-delà du Rhin, du sud de Strasbourg à la Suisse. Nous stationnons d'abord à Duttlenheim pour remettre les chars en état et nous préparer à l'offensive. Le 3 février 1945, nous sommes à Mackenheim, le 6, nous atteignons Oberssasheim près du Rhin à 20 km au sud est de Colmar et nous obligeons notre adversaire à se replier en Allemagne. Enfin, nous arriverons à notre dernière étape: Fessenheim.
Après la libération totale de la France, la 2ème DB est placée en réserve de l'armée américaine. Mon régiment stationnera à Thionville, en Meurthe et Moselle à 13 km à l'est de Badonviller, où je resterai du 16 au 26 février 1945..." 
Général Robert d'Alançon.

14 décembre 1944. Les forces allemandes lancent une contre-attaque contre la 1ère armée française à Colmar en Alsace, ils s’emparent d’une zone dominant la route principale Mulhouse-Belfort, à 40 kilomètres au sud-ouest de Mulhouse. Pendant ce temps, la 3ème armée américaine continue d’avancer à l’est de Sarreguemines alors que la 9ème armée américaine atteint la rive de la rivière Roer.Jeudi 14 décembre, au sud de la poche de Colmar, le 1er corps d'armée de la 1re armée français, faut de munitions d'artillerie et en raison de l'équipement des troupes, est condamné à l'inaction. Au nord et surtout à l'ouest, Monsabert change ses plans: il attaquera en direction de Colmar dès demain. La bataille d'Orbey est imminente. Dans le vignoble, échec de l'opération Habicht. Ammerschwihr, Bennwihr, le mont de Sigolsheim sont le théâtre d'affrontements meurtriers. Les Américains font 830 prisonniers.

LES MENACES DE HIMMLER
Quand aux Allemands, l'on peut supposer que l'insuccès reconnu de l'opération <<Habicht>> les a quelque peu douchés.
Dans ce dernier cas, c'est compter sans la pugnacité de Himmler, toujours physiquement présent dans la poche de Colmar, et qui stimule les cadres de la XIXe armée en les menaçant.
En réalité, personne ne reste inactif et tout se passe comme si l'on tentait de terminer tant bien que mal des opérations engagées depuis plusieurs jours. Ainsi, les troupes américaines, blindés et infanterie, pénètrent une fois encore aujourd'hui dans Mittelwihr, complètement dévasté, mais elles sont une fois encore repoussées.
Les pertes sont élevées de part et d'autre, mais les Américains se battent, bien qu'exténués, avec succès. En deux jours, la 36e division d'infanterie US fait quelque 830 prisonniers. Pour elle, le temps de la relève est proche.
Toujours dans le vignoble, à Bennwihr (qui a changé plusieurs fois de main ces derniers jours et qui vient de subir la première attaque aérienne américaine), la panique règne dans la population civile restée au village; celui-ci est pris sous le feu de l'infanterie US et livré aux pillages des unités SS.
L'intervention des avions américains est consécutive à une demande pressante du général de Lattre qui a demandé un fort appui aérien US ainsi que l'annulation du départ de la 1re DB pour les poches de l'Atlantique.
Le mont de Sigolsheim continu à être le champ d'affrontements sanglants entre Américains et Allemands. Il mérite bien son surnom de <<Blutberg>>. Le major Hollermaier, <<kampfkommandant West>> s'y fait tuer. Le dispositif allemand semble là s'effriter.
Partout, les combats se déroulent dans de vastes étendues de ruines. L'on s'y bat pour pouvoir avancer d'un mètre. Une maison effondrée devient un fortin ou un abri. Dans le vignoble, c'est Ammerschwihr qui est le plus à plaindre.
Pilonné depuis dix jours par l'artillerie US, le village est aux deux tiers détruits? Le feu ravage des quartiers entiers. La récolte 1944 est détruite; elle se montait à 40 000 hectolitres.
De plus Ammerschwihr sert de base arrière aux soldats allemands pendant l'opération Habicht.
Dans les Vosges, la bataille d'Orbey est imminente. De part et d'autre, l'on for bit ses armes. Faire sauter le verrou d'Orbey, c'est s'ouvrir la route vers Kaysersberg et vers Colmar.
Le 2e corps d'armée lance trois groupements dans cette affaire: à l'est, le Combat Command 4 (5e DB) de Schlesser, avec le 5e RTA (régiment de tirailleurs algérien) comme infanterie, attaquera les Trois-Epis en passant par Labaroche; à l'ouest, le 3e sphahis, une partie de 2e spahis, le 1er groupe de tabors marocain et les FFI jurassiens du groupement Pator, le tout sous le commandement du colonel Bonjour, vont tourner sur une trajectoire très montagneuse lac Blanc, lac Noir, col de Bermont en direction d'Orbey.
Simultanément, le 2e corps d'armée va rompre le dispositif allemand au nord-ouest de Colmar: la 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA) effectura un parcourt en arc de cercle Wintzenheim - Herrlisheim - Sundhoffen à Horbourg. De Sundhoffen à Horbourg, il n'y a que cinq kilomètres.
Voilà qui devrait permettre de liquider enfin (?) l'épineux problème de la poche de Colmar.
Tout là-haut dans le nord du Bas-Rhin, la progression des troupes US semble irrésistible: Wissembourg et Lauterbourg, donc la ligne Siegfried et l'Allemagne, sont à portées de main.

15 décembre 1944. La 7ème armée américaine entre en Allemagne, le long de la frontière Palatinat, en Alsace entre Wissembourg et Lauterbourg. La 1ère armée française se regroupe après avoir été stoppée par les forces allemandes.

15 décembre 1944.  L'échec de l'opération Habitch (épervier) irrite Himmler, qui commande toujours les opérations directement depuis Colmar. Il entend galvaniser la XIXe armée allemande, qui a été renforcée. Dès avant son remplacement, le général Wiese avait prévenu ses hommes : « Le courrier, les permissions, noël, tout cela reviendra lorsque l'issue de la bataille aura été décidée et que l'ennemi sera battu. Ce qui ne reviendra pas, c'est la chance que nous offre l'hiver ».
 En face, le général de Monsabert, commandant le 2e corps d'armée, a lancé son opération en direction d'Orbey, depuis le col du Bonhomme. L'offensive est dure, mais, en soirée, les hommes du 4e régiment de tirailleurs tunisiens sont dans la commune;

15 décembre 1944.UNE <<ALLOCATION>> INSUFFISANTE
Au sud de la poche de Colmar, le 1er corps de la 1re armée française limite ses ambitions à fixer l'ennemi sur place. Bétouart est dans l'incapacité matérielle de lancer une attaque. C'est que <<l'allocation>> en munitions est de trente coups par pièce d'artillerie et par jour. Or entre le 7 et le 14 décembre, le 1er CA en a tiré en moyenne quarante-trois. Autrement dit, il ne dispose plus, avec une réserve de quelques centaines de coups, de quoi déclencher une attaque.
Cette impossibilité fait naturellement l'affaire des Allemands qui prélèvent des unités au sud de la poche pour les transférer au nord et plus particulièrement dans le secteur de Sigolsheim.
On comprend d'autant mieux les réticences de Leclerc et de sa 2e DB à relever de la 1re armée française aux chiches approvisionnements comparativement à l'opulence américaine.

15-16 décembre 1944. Libération de Orbey après de durs combats. Mais les Allemands s’accrochent sur les hauteurs des Huttes et de Tannach, libérées seulement début février 1945.

16 décembre 1944. Les alliés sont aux portes de l'Allemagne. Hitler, devant l'imminence du danger, lance une vaste contre-offensive. Le 1er janvier vit le début de l'opération Nordwind, opération destinée à soulager les troupes allemandes engagées dans les Ardennes, et aussi à reconquérir l'Alsace, et surtout Strasbourg, libérée depuis le 23 novembre 1944. 
Devant la violence de l'attaque, les Américains cèdent du terrain. A Hatten, ils se retranchent dans le village et dans les casemates de la Ligne Maginot. La bataille fera rage, à partir du 8 janvier, mettant en oeuvre de part et d'autre artillerie, blindés et fantassins.
La casemate Esch est alors au centre d'âpres combats. Les Américains doivent l'abandonner, sous la pression adverse. Puis les Allemands en feront un poste d'observation et de commandement, et un poste de secours pour blessés. Les Américains la prennent violemment sous leur feu, la façade arrière et les cloches sont labourées de projectiles et d'obus. 
Lors d'une contre-attaque, plusieurs chars américains prennent pour cible la chambre de tir sud. Leurs obus entament fortement le surplomb de la dalle, où il manquera plus d'un mètre de béton. 
La bataille de Hatten-Rittershoffen sera très meurtrière. Près de 3000 soldats allemands et américains périront. Le 21 janvier, les Américains décrochent et sont refoulés par les Allemands jusqu'à Haguenau, avant que ceux-ci ne soient refoulés à leur tour. Ces durs combats occasionneront beaucoup de pertes humaines chez les habitants de Hatten où 83 personnes civiles laisseront leur vie. Après la guerre, Hatten sera déclaré "village martyr".

15-16 décembre 1944. Orbey est libérée après de durs combats. Mais les Allemands s’accrochent sur les hauteurs des Huttes et de Tannach, libérées seulement début février 1945.

17 décembre 1944. Libération de Kientzheim.

17 décembre 1944. - Kaysersberg a été libéré au matin par les troupes américaines (3e division d'infanterie avec un régiment de la 36e DI), au prix de véritables combats de rue. Le général de Monsabert a envoyé dans la zone le Combat Command 5 (groupement tactique blindé) qui a tenté de prendre Sigolsheim et Ammerschwihr, sans succès jusqu'ici, mais a libéré Kientzheim.
 L'opération « Wacht am Rhein » lancée par la Wehrmacht dans les Ardennes belges a obligé la VIIe armée américaine (qui est en Basse-Alsace et dans l'Outre-Forêt) à monter précipitamment vers le nord. Elle doit donc s'étirer sur près de cent cinquante kilomètres entre Saint-Avold et Plobsheim. Une note de l'état-major allemand précise la future contre-offensive « Nordwind », dont l'objectif serait de reprendre Saverne puis toute l'Alsace, à partir du 31 décembre. Les troupes allemandes commencent à se réorganiser dans ce but.

18 décembre 1944. Libération de Kaysersberg (photo prise à Kaysersberg)

18 décembre 1944. Libération de Ammerschwihr.par la 1ère armée française est maintenant à 6 Km de Colmar.

18 décembre 1944. Le général américain Devers répond à de Lattre, qui lui avait demandé deux divisions d'infanterie de renfort, que ses troupes ne doivent pas être plus « épuisées » que d'autres, et qu'il doit, « avec les forces dont il dispose », repousser les Allemands au Rhin avant le 1er janvier 45. Il accepte de faire relayer la 36e division d'infanterie par le 3e DI.
 Craignant des parachutages à l'arrière, de Lattre a envoyé la 2e division d'infanterie vers Belfort. Les combats se sont poursuivis dans le vignoble: Ammerschwihr, en ruines, est repris.

Le 18 décembre 1944. Le "Capitaine Goutierre" (Chevalier de la Légion d'Honneur) Remarquable commandant de compagnie, digne des plus belle traditions de la Légion. Peut être cité en modèle pour le combat en liaison avec les chars. A permis par son action personnelle une parfaite coordination dans l'opération difficile de la prise d'Ammerschwir de nuit. Par les judicieuses dispositions prises, a assuré le nettoyage du village, et le maintien de l'intégrité du point d'appui, malgré une contre-attaque et de violents tirs d'artillerie et de minen. A détruit un char et fait 40 prisonniers." 
Le capitaine Goutierre fut fait citoyen d'honneur d'Ammerschwir. 

19 décembre 1944. La contre-offensive allemande dans les Ardennes a commencé à avoir des effets en Alsace. La IIIe armée américaine a du progresser vers le nord, laissant à la VIIe armée le soin d'élargir son aile gauche. Son aile droite, le 6e corps du général Devers, qui est en Alsace, tiendra-t-elle en cas de contre-attaque?
 Un mois tout juste après l'entrée des troupes alliées en Alsace, la situation reste périlleuse. Les troupes allemandes tiennent toujours la poche de Colmar sur les flancs de laquelle les combats sont rudes et ont terriblement éprouvé villes et villages, notamment dans le vignoble. La Iere armée française, qui manque de munitions d'artillerie, est contrainte à une guerre d'usure. Une partie du nord de l'Alsace n'a pas encore vu les alliés.

Le 20 décembre 1944. enfin, les Allemands ordonnent l'évacuation de la population civile de leur secteur vers Colmar. Le 25 décembre les Américains font de même. Lorsque enfin la "Poche de Colmar" est réduite et l'Alsace définitivement libérée, que reste-t-il d'Ostheim? UN AMAS DE RUINES, DES PANS DE MURS CALCINES, DES CLOCHERS EVENTRES... 
OSTHEIM fut détruit à 98%, 553 bâtiments, dont 165 maisons d'habitations sont détruites à 100%, 27 immeubles sont sinistrés à 75%, 103 sont à moitié et 70 à 25%; la Mairie, les deux églises, une école, un moulin, deux scieries, une fromagerie industrielle et le domaine de Schoppenwihr ne sont pas compris dans ce triste tableau. 16 entreprsies commerciales et artisanales ne sont que ruines, 6 entreprises sont détruites à 50%. Nos agriculteurs ont perdu 150 chevaux, 400 bovins, 270 porcs, 3500 à 4000 volailles, 90% de l'outillage et des installations agricoles, 2000 arbres fruitiers sont déracinés ou touchés à mort, la récolte de 1944 détruite, celle de 1945 insignifiante, par suite du minage de 80% de notre banlieue. 
Enfin des pertes cruelles parmi la population sone venus s'ajouter au malheur de nos sinistrés pour rendre leur sort plus tragique encore: les combats de la Libération nous ont valu: 12 morts et 15 blessés civils. 
Sur le Nid de Cigognes, construit, il y a de nombreuses années, sur le pignon de la maison Ostermann - ancien Relais de la Poste aux Chevaux - avait défié la tourmente. Mais quand au mois de mars suivant, les cigognes revenues sur leur ancien nid se mirent à couver, le mur, déjà, n'était plus une ruine. Il était devenu "symbole de vie". 
Actuellement notre commune est complètement reconstruite et avec son Nid de Cigognes, surmontant le Monument aux Morts des guerres 1914/18 et 1939/45, ses deux églises, catholique et protestante, reconstruites dans un style moderne, sur les bords de la Fecht, ses parterres fleuris, son caractère propre, coquet et avenant, elle constitue un point d'attraction dans toute la région et bien au delà, surtout depuis que la construction de la nouvelle déviation à fait d'OSTHEIM un village paisible, où il fait bon séjourner.

20 décembre 1944. Le retrait d'une division blindé, la 21e Panzer Division, au nord de l'Alsace, pourrait donner à réfléchir sur les projets allemands. De fait, alors que la contre-offensive de von Rundstedt commence à porter des fruits dans les Ardennes belges, se prépare l'opération Nordwind qui lui est associée. A Zweibrücken (Palatinat) se regroupent de nombreuses unités pour la préparer.
 Sur les fronts alsaciens, la situation est bloquée. Les combats dans les Vosges et dans le vignoble se sont poursuivis. Les Alliés sont coincés à huit kilomètres de Colmar, qui a été bombardé, et où les autorités allemandes ont réquisitionné tous les appareils radio;

22 décembre 1944.  Le général de Lattre s'est rendu depuis Montbéliard à Phalsbourg, au poste de commandement (PC) de son supérieur, le général américain Devers, pour lui demander à pouvoir marquer une pause de quelques jours. Une nouvelle offensive est prévue par les deux hommes pour le 5 janvier. Dans ces conditions, le général Devers attribue à la Iere armée trois groupes supplémentaires d'artillerie, mais lui refuse les deux divisions d'infanterie qu'elle réclamait. L'animosité entre de Lattre et Leclerc, qui irrite les Américains, est clairement évoquée.
 Les DNA publient un appel aux volontaires pour rejoindre les rangs de la Brigade Alsace-Lorraine, qui est stationnée au sud de Strasbourg.

Noël 1944 à Thann, malgré les tirs d'artillerie presque incessant à Thann, Noël a été fêté avec plus de foi et de ferveur que les Noëls de guerre précédents. Ce jour là, à 15 heures, je traversais la rue Saint-Jacques (les plaques l'identifiaient encore comme « Karl Ross Strasse») en courant, pour rejoindre la chapelle de l'hôpital où j'allais servir la messe de minuit. On avait tiré des rideaux pour occulter les vitraux de la chapelle mais l'intérieur, en l'absence d'électricité, était illuminé par une multitude de bougies et garni d'immenses branches de sapins. Bien que très jeune, je ressentais cette célébration et ces chants comme un défi au déluge de fer, un cri d'espoir, de foi, de survie. Après la messe, la sœurs supérieure m'offrit un bol de chocolat chaud, dont j'avais perdu jusqu'au souvenir, et un morceau de kougelhopf, tout en me donnant un jouet, je crois que c'était un bateau, qu'elle avait déniché dieu sait où. C'était, cette année, mon seul cadeau de Noël. Il est devenu durant les semaines suivantes, passées dans l'abri souterrain de notre jardin, un compagnon de lit de camp qui m'aidait à surmonter la peur des bombardements. Je pense encore à ce Noël de guerre en sachant qu'à des milliers de kilomètres de chez nous, des gosses sont blottis dans des caves et tremblent sous les explosions, et en espérant pour eux le plus beau cadeau de Noël : la paix.

 
28 décembre 1944. Troisième libération de Sigolsheim, mais cette fois c'est la bonne !!! 

28 décembre 1944. Bennwihr, le jour de notre troisième libération, tous se calma. On voyait des soldats américains au bas du couvent dans la maison de M. BERNHARDT Paul. Dans la cave du couvent se trouvait encore un groupe de soldats SS bien armés. Le Père Ernest leur conseille de se rendre : « rendez-vous, ça n’a pas de sens de continuer ! » Ils ne voulaient pas. Le Père Ernest prit un tissu blanc qu’il noua à un bâton pour aller rejoindre les Américains. Il leur présenta la situation et eut pour réponse : « faites les descendre ! » Il demanda que quelqu’un l’accompagne. Un seul homme, un infirmier l’escorta et sans armes. Au couvent, un groupe attendait le résultat de cette démarche. Le Père Ernest leur expliquait ce qui ce passe et, sans attendre, M. GROELL Yves alla à l’escalier qui mène à la cave où se trouvaient les Allemands et il cria : « Jetez les armes ! les Américains sont là ! rendez-vous ! » Tous les Allemands sortirent de la cave les mains en l’air et virent avec étonnement le Père Ernest avec un seul soldat, américain. Le groupe se dirigea silencieusement vers les Américains qui étaient au bas pour se constituer prisonnier. Pendant tout le temps que dure les négociations, un homme se tenait devant le couvent, au milieu du chemin, avec à la main un bâton au bout duquel il avait noué un caleçon blanc. Cet homme était M. Joseph ZEHRFUSS-GILGENKRANTZ.

29 décembre 1944. La 2e division blindée du général Leclerc, dont le PC est actuellement à Erstein, s'apprête à quitter l'Alsace. Direction : la région de Sarre-Union, où elle doit épauler la VIIe armée américaine. La 1ere division française libre (1ere DFL), qui avait été entre temps envoyée à Royan, relaiera la 2e DB.
Les rumeurs de repli américain, face à la prochaine contre-offensive allemande Nordwind, sont maintenant sur la place publique. L'angoisse est perceptible en plaine d'Alsace. Une réunion franco-helvétique à Porrentruy a mis au point l'éventuelle mise à l'abri de tous les enfants et adolescents du sud du Haut-Rhin en Suisse proche à partir du 3 janvier.
La VIIe armée américaine a observé deux fortes concentrations de troupes allemandes : dans la région de Sarrebrück et de part et d'autre du Rhin, y compris dans la poche de Colmar.

30 décembre 1944. Des appareils allemands ont bombardé Soultz-sous-Forêts et Surbourg, faisant plusieurs morts et blessés, sans riposte de la défense contre-aérienne (DCA).
Le général de Gaulle est très inquiet de l'éventuel repli des alliés en Alsace : il fait dire au général de Lattre (Iere armée) et au général américain Devers (6e groupe d'armées) que « quoi qu'il pût arriver, Strasbourg devait être défendu ». De Lattre, à son PC de Montbéliard, convoque le général Guillaume, qui commande sa 3e division d'infanterie algérienne (3e DIA). Il lui demande de défendre Strasbourg.
Le juriste Marcel Prélot, qui a enseigné à Strasbourg de 1929 à 1939, a pris son poste de recteur d'Académie en Alsace.

31 décembre 1944. C'est à 23 heures qu'a commencé la contre-attaque allemande Nordwind, par une attaque d'infanterie entre Bitche et Sarreguemines. L'opération, qui a pour objectif d'éliminer la VIIe armée américaine, et, éventuellement, de reprendre Strasbourg, a été préparée en quelques jours sur ordre de Hitler lui-même.
Mgr Charles Ruch, évêque de Strasbourg, a présidé en l'église catholique Saint-Pierre-le-Jeune un office en mémoire du général Frère, gouverneur militaire de Strasbourg mort au Struthof, et de tous les morts alsaciens de cette 2e guerre mondiale. Les premiers éléments de la 2e division blindée ont quitté hier soir Erstein, sans pouvoir réveillonner.

31 décembre 1944, à 23 heures, commençait une importante contre-offensive allemande au Nord de l'Alsace. L'opération « Nordwind », avec son cortège de souffrances, allait faire un temps reculer les Alliés. Sur cette page méconnue, entretien avec l'historienne Lise M. Pommois. 

L'opération Nordwind est une initiative de Hitler lui-même ?
La bataille des Ardennes commence le 16 décembre. Après un succès initial dû à l'effet de surprise, la donne change : les Alliés amènent des renforts, dont la IIIe armée de Patton jusqu'alors en Moselle, et la météo permet le retour de l'aviation alliée.
Hitler conçoit alors l'opération Nordwind en tenant compte de l'ambition de Himmler, commandant en chef du nouveau groupe d'armées Oberrhein. Ce n'est que le 28 décembre qu'il informe ses généraux : ils ont trois jours pour se préparer. Von Rundstedt, qui commandait les forces sur le front Ouest, désapprouvait autant Nordwind que l'offensive des Ardennes.
Où les Allemands trouvent-ils les troupes « fraîches » pour cette contre-offensive ?
Elles n'étaient pas fraîches, à l'exception de la 6e division SS de montagne Nord, venue de Finlande et qui n'est arrivée qu'au début janvier. La 17e Panzerdivision ne comptait que 2200 hommes, au lieu de 12 000 ! La 21e PD n'avait que 3 000 hommes, la 36e VGD, 2400. Les munitions manquaient pour l'artillerie qui était tirée par des chevaux. Mais en tout, ce sont quand même 41 000 hommes qui ont été engagés dans Nordwind, dont deux divisions de SS.
En face, que restait-il ?
Les Américains souffraient d'une faiblesse comparable, en matériel et en hommes. Comme la VIIe armée avait relayé la IIIe en Moselle, elle avait dû se replier du Palatinat et adopter des positions défensives, laissant un no man's land au sud de Bitche. L'Alsace du Nord était défendue par les 45e et 79e divisions d'infanterie et la 14e division blindée. La 79e DI combattait depuis le 14 juin, la 45e depuis le débarquement en Sicile en 1943... Le long du Rhin, les Américains avaient placé des Task Forces, des régiments inexpérimentés envoyés dans un secteur « tranquille » pour achever leur instruction. Hitler était au courant.

Reprendre l'initiative... et reprendre Strasbourg

Quel est l'objectif de Nordwind ?
D'abord, détruire la VIIe armée américaine en l'encerclant. Ensuite reprendre l'initiative, principe de Hitler, pour pouvoir négocier. Enfin, reprendre Strasbourg pour marquer une symbolique victoire morale et affaiblir le gouvernement de de Gaulle.
Comment se déroulent les opérations ?
L'offensive commence dans la nuit du 31. L'attaque principale en Moselle échoue. Par contre, le front s'effondre au sud de Bitche. Un moment, il est question que les Alliés abandonnent l'Alsace. Les Allemands portent alors leur effort sur les Vosges du Nord ; ils sont à Philippsbourg le 2, à Wingen-sur-Moder le 4.
Mais les Américains reprennent Philippsbourg le 5 et Wingen le 7. L'attaque est alors transférée au sud de Wissembourg, d'abord contenue par la 79e DI, elle glisse ensuite, le 9, vers Hatten et Rittershoffen, tenus par une Task Force.
Entre-temps, le 5, 800 Allemands envahissent le secteur Offendorf-Herrlisheim-Gambsheim : l'état-major américain pense à une simple patrouille. Trois opérations franco-américaines, dont deux avec la 3e division d'infanterie algérienne, entre le 5 et le 20 janvier, ne peuvent réduire cette tête de pont. La méconnaissance de la situation cause de lourdes pertes à la 12e DBUS : 1 250 victimes et 70 véhicules détruits ou capturés.
Pour les civils, c'est l'horreur ?
Tout à fait. A Hatten et Rittershoffen, où se déroule aussi une véritable bataille de chars, les civils sont dans les caves du 9 au 20, souvent mêlés aux soldats. Les Allemands utilisent les lance-flammes. On y a dénombré 114 victimes civiles.
A Herrlisheim, les civils, plus chanceux, ont été évacués outre-Rhin. Dans toute la zone, des civils tentent de fuir. Et se heurtent, sur les routes, aux convois américains qui montent vers le front. Et tout cela, avec le froid, la neige, la glace.

La Moder comme ligne de front

Quand la situation se retourne-t-elle ?
Autour du 20 janvier, Eisenhower, pressé de préparer sa grande offensive de printemps sur l'Allemagne, ordonne la réduction de la poche de Colmar. La VIIe armée opère alors un repli stratégique sur la Moder en abandonnant les hauteurs de Reipertswiller et le saillant de Hatten. Mais Norwind n'est pas terminé pour autant : les 21 et 25 janvier les Allemands essaient de reprendre Kilstett, les 24-25 la menace pèse sur Haguenau où beaucoup de civils se sont réfugiés. On se bat à Kaltenhouse, Schweighouse, dans la forêt d'Ohlungen et à Schillersdorf.
Le soir du 25, Hitler reconnaît l'échec et termine Nordwind. Il faut dire que, depuis le 12, s'accélérait l'offensive soviétique pour laquelle il avait besoin de ses troupes les meilleures. La Moder sert de ligne de front jusqu'au 15 mars.


Destructions massives

Les forces allemandes réoccupent donc une partie de l'Alsace...
En effet, et avec eux la Gestapo, qui mène son épuration, et reçoit des dénonciations. Les civils sont très éprouvés et manquent de tout. Ici, les soldats contribuent à les nourrir, là, ils pillent ce qui reste. Les destructions sont massives.
Au total, Nordwind ne fut pas tout à fait un échec allemand ?
C'est difficile à analyser. Nordwind a prolongé la bataille des Ardennes en fixant les Alliés en Alsace. Cela a aussi retardé la libération de la poche de Colmar. Mais elle a en revanche empêché des divisions allemandes de se porter sur le front russe. Côté américain, Nordwind a été méconnu, en raison d'une rivalité de chefs, et injustement lié pour l'histoire à la bataille des Ardennes. Mais ce fut la dernière offensive de Hitler sur le front ouest et l'enjeu devait être considérable pour s'accrocher ainsi à de pauvres villages.

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<< La journée n’a pas été mauvaise >>

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Dans son message de Noël, le général Rasp, commandant de la XIXe armée allemande, avait dit à ses soldats << Le courrier, les permissions de Noël, tout cela reviendra lorsque l’ issue de la bataille aura été décidée et que l’ ennemi sera battu. Ce qui ne reviendra pas, c’est la chance que nous offre l’ hiver… En conséquence, vous et moi avons tous la même devise, soyons attentifs, concentrons notre volonté, combattons car qui gagnera cet hiver, gagnera la guerre. >>

 

Ces phrases, le commandant de la 159e Grenadier Division le major général Burky, en son PC installé dans le coquet village de Wattwiller, voit de lourds flocons de neige tomber, serrés et innombrables, sur la plaine. Car depuis le matin, les nouvelles les plus catastrophiques lui parviennent.

Pourtant, à son lever, rien que des information rassurantes et puis, subitement, alors que la vieille pendule alsacienne de sa chambre marque 7 h 15, un roulement sourd lui signal qu’il a tort d’ être rassuré, que sa patrouille de la veille au soir, comme les précédentes, s’ est trompée. Le front - des contrefort des Vosges à Mulhouse – s’ est brusquement réveillé.

Que s’ est-il passé en face ? Béthouart a complètement ré articulé son 1er corps d’armée. La 4e divisions marocaine de montagne (4e DMM) a pris la place de la 2e division d’infanterie marocaine (2e DIM) sur les hauteurs immédiatement au nord et à l’ ouest de Thann.

La 2e DIM, elle, s ‘est déplacée et resserrée dans la plaine face à la trouée de Cernay. La 9e division d’ infanterie coloniale (9e DIC), qui prolonge le front jusqu’à Mulhouse, a été renforcée par des unités nouvellement reconstituées : le 152e et le 2e bataillon de chasseurs (BCP).

Derrière les trois divisions d’ infanterie, la 1re DB a regroupé l ‘ensemble de ses chars.

Le jour J à 7 h 55, l’ infanterie part à l’ attaque. A ce moment là, il ne neige plus ou… pas encore. Tout est blanc : paysage, chars recouverts d’ une couche de peinture, hommes (pas toujours : l’armée française est loin d être riche quand à ses équipements).

<< La surprise est telle que les Allemand n’ ont même pas le temps de réagir >> C’est vrai dans ce secteur, ce n’ est pas le cas dans bien d’ autres endroits.

Le front du 1re corps d’ armée couvre 80 km ; les fronts d’ attaques 22 km dont 13 pour l’ attaque dite de rupture et 9 pour l’ action de couverture de la 9e division d’ infanterie coloniale.

Là, en tous cas, tout commence par aller très vite : le 5e régiment de tirailleurs marocain (5e RTM) fait sauter tous les points, de résistance le long de la lisière de la forêt du Nonnenbruch et avance dans le bois. Le 4e RTM enlève le ferme du Lutzelhof et l’ asile de Saint-André atteint le route Thann-Mulhouse. Il n ‘est plus qu’ à un kilomètre de l’ entrée sud de Cernay. L’ on peut entrevoir une exploitation rapide, la Thur franchie, Carnay tourné, la route de Colmar enfin ouverte.

A la gauche (à l’ est) du dispositif, le 1re RTM suivi du 1re régiment de tirailleurs algérien (1re RTA) connaît d’ entrée des difficultés pires encore sur les << pentes abruptes qui domines Thann au nord-est >>.

Les tirailleurs sont censés prendre le Herrenstubenkopf et attiendre ensuite Uffholz et Wattwiller. << Très vite, les difficultés s’ avèrent inouïes. Le pire tient à l’ épaisseur de la neige qui dépasse un mètre et sur laquelle les <<minen>> tombent dru. Pas un mulet ne réussit à suivre, beaucoup roulent dans les ravins. Pour la véhicules, il n ‘en est pas question. L’ évacuation des blessés ne peut s’ effectuer qu’ en les faisant glisser le long des pentes qui ressemblent bientôt à des toboggans sanglants.>>(De Lattre)

 

Les résultats sont plus probants dans le secteur tenu par la 9e dont l’ infanterie est commandée par le général Salan. Coup de main sur la Doller au petit matin, combats acharnés toute la journée. A 17 heures, Pfastatt est conquis par le bataillon Allain , un peu plus tard, Lutterbach par le bataillon de Loisy.

 

Après de violents combats de rues, le commandant Lacheroy (6e régiment d’ infanterie coloniale) libère Bourtzwiller avec le premier bataillon ; le 2e – avec le commandant Daboval – enlève Illzach ; fonce sur Kingersheim, entre dans la cité minière : il est 18 h 30.

De Lattre : << Allons ! malgré quelques déceptions, la journée n’ a pas été mauvaise. >>

SUITE VERS JANVIER 1945

Un livre à lire sur ce sujet: La libération de l'Alsace édition Cêtre de Edouard BOEGLIN

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