De l'A.O.F. aux bords du Rhin
juillet 1943 – janvier 1945
9° Division d'Infanterie Coloniale
Avant propos
Ce document à été réalisé à partir du "Mémorial à la Gloire de la 9° D.I.C. - De
l'AOF aux bords du Rhin" appartenant à M. Edmond Hocquet, ancien Adjudant-chef
des Troupes Coloniales qui a été un des acteurs de cette épopée au sein du 6°
R.T.S.
Tous les textes et illustrations sont intégralement tirés de ce Mémorial
Les forces alliées de la 1ère Armée Française bordent le fleuve sur toute
l'étendue de leur secteur. Elles ont tenu la parole de Turenne : "Il ne doit pas
y avoir d'homme de guerre au repos en France tant qu'il restra un Allemand en
deça du Rhin"
Colmar, 9 février 1945
Ordre Général N° 54 du Général de Division P. Magnan à la 9° D.I.C.
OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS DE LA 9° D.I.C.
Prés d'un an vient de s'écouler depuis notre départ de la terre d'Afrique. Une
année de vie en commun. Une année aussi de victoires aux noms désormais fameux.
C'est l'Ile d'Elbe d'abord. Nul mieux que vous n'y pouvait réussir, car il
fallait "le coeur d'un matelot et celui d'un soldat".
C'est le débarquement ensuite, poignante et splendide réalité après les beaux
espoirs si longtemps caressés. C'est Toulon libérée, c'est l'ennemi chassé
jusqu'au coeur du Jura.
Là, sans que s'arrête le combat, nos fiers Sénégalais, éprouvés et trempés au
feu, sont relevés par de jeunes recrues que leur ardent patriotisme, soutenu par
la valeur des cadres, élève cependant au niveau des meilleurs.
C'est alors la bataille reprise, le dispositif ennemi enlevé d'un seul coup, la
percée vers I'Alsace où pénètre, premier de tous, notre R.I.C.M.
C'est, pour finir, vision exaltante, l'arrivée sur le Rhin, face à la sombre
Allemagne, et l'attente des derniers chocs.
Sept cents kilomètres franchis victorieusement en moins de quatre mois, des
divisions entières et des organisations puissantes anéanties, onze mille
prisonniers et un matériel important tombés entre nos mains, telle est la part
de la 9° D.I.C., votre part, dans la libération de la Patrie.
Ces succès, c'est au courage de tous et à l'expérience des cadres que nous les
devons. Nous les devons, en même temps, à cet esprit qui fait de la 9° D.I.C.
une seule et même équipe, unie par les sentiments communs de confiance
réciproque, de goût du risque et de l'effort, traditionnel chez les coloniaux,
de foi brûlante, enfin, en la victoire.
Unie également, et le plus solidement peut-être, par ce que d'aucuns appellent
notre particularisme, mais qui est seulement l'orgueil de notre belle arme, de
la vieille Infanterie de Marine d'autrefois, à la "Coloniale" d'aujourd'hui.
Dans cette équipe, des vides se sont creusés. Nombreuses, les tombes jalonnent
la route parcourue. Je salue ici nos morts, dont la pensée, restée vivante,
suivra et soutiendra jusqu'au bout nos efforts.
OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS. CAPORAUX ET SOLDATS
C'est fiers d'un illustre passé, riche en hauts faits de nos anciens, fiers
aussi du passé tout récent dont vous avez écrit la page glorieuse, que vous
regarderez maintenant l'avenir le front haut.
Quel qu'il soit, où qu'il vous conduise, des bords du Rhin à ceux du lointain
Pacifique, en Allemagne ou en Extrême-Orient, partout et toujours vous vaincrez,
demain comme aujourd'hui, sous le signe de L'ANCRE !
P.c. le 26 décembre 1944
Le Général de Division P. MAGNAN. Commandant la 9° D. l. C.
Journal de marche de la 9° D.I.C. en opérations
La 9° Division d'Infanterie Coloniale a été créée le 15 juillet 1943, en Afrique
du Nord, avec des unités coloniales venues de l'Afrique Occidentale Française ou
qui tenaient garnison au Maroc et en Algérie. De nombreux évadés de France ayant
gagné l'Afrique du Nord par l'Espagne vinrent grossir ces unités. A l'époque, la
9° D.I.C. était en majeure partie composée d'indigènes venus de tous les
territoires de l'A.O.F. Elle comprenait :
- le 4° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (4° R.T.S.)
- le 6° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6° R.T.S.)
- le 13° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (13° R.T.S.)
- le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (R.I.C.M.), Régiment de
reconnaissance de la Division
- le Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc (R.A.C.M.).
A ces unités s'ajoutaient un groupe des Forces Terrestres Antiaériennes, le
Génie et le Train Divisionnaire, les services de l'Intendance et de la Santé,
enfin les Transmissions.
Transportée en Corse, la Division, sous les ordres du Général Magnan, s'empare
en quatre jours de l'Ile d'Elbe, du 17 au 20 Juin.
Elle s'embarque ensuite à Ajaccio les 16 et 17 août, arrive le 18 en vue des
côtes de France et commence à débarquer le même jour dans la baie de Cavalaire.
Le 20 août, les premiers éléments mis à terre, ceux du 6° R.T.S. et du R.I.C.M.,
renforcés par un groupe de Commandos et un groupement de chars, s'engagent en
direction de Toulon.
Le 21 août, Solliès-Ville, le Coudon et la Farlède sont occupés.
Le 22, la bataille se poursuit avec violence pour la possession de La Valette où
l'ennemi, solidement retranché, oppose une résistance opinâtre. La Valette est
cependant prise le lendemain et des éléments du R.I.C.M. poussent sur Toulon.
Le 24, la ville est attaquée à l'Est par le Groupement du 6° R.T.S. et les
chars. Le fort d'Artigues fait l'objet d'une âpre lutte. L'artillerie s'approche
à quelques centaines de mètres du fort et ouvre des brèches si importantes
qu'elles précipitent la reddition. Au Nord et à l'Ouest, le 4° R.T.S., après
avoir relevé les unités de la 3° D.I.N.A., attaque à son tour par le quartier
Valbouidain et les Arènes.
C'est dans les forts que la défense s'incruste. Ceux de Sainte-Catherine et de
l'Artigues tombent les premiers, le 25 août. A ce dernier fort, après un
pilonnage sévère de l'A.D. le 3° Bataillon du 4° R.T.S. put faire plusieurs
centaines de prisonniers sans essuyer de pertes. Le fort de Malbousquet cède le
26 après une défense acharnée. Des combats de rue livrent peu à peu l'Arsenal et
le centre de la ville. Les résistances doivent être réduites une à une à La
Mitre dans le quartier du Mourrillon, et à Saint-Mandrier.
Le 26 août, les points d'appui de La Mitre, le fort de Six-Fours et les ouvrages
de la presqu'île de Sicie se rendent successivement. Le lendemain, c'est le tour
de la presqu'île de Saint-Mandrier, qui tombe écrasée par les feux puissants de
l'A.D. renforcée par un groupement lourd américain, par les "Bombings" et les
tirs des vaisseaux de guerre. Sa chute achève la conquête de Toulon.
La veille, la Division défilait en pleine ville, en présence des Ministres de la
Guerre et de la Marine et du Général d'Armée de Lattre de Tassigny, commandant
l'Armée Française.
Au cours de ces premières opérations sur le sol de France, dix mille prisonniers
et un matériel important sont capturés par la Division. Le nombre des ennemis
tués dépasse un millier.
A peine regroupée, la Division reprend sa marche en avant. Un premier bond la
porte dans la région de Voiron. Elle doit continuer vers Pontarlier et le
Lomont, mais les mouvements sont retardés, parfois même arrêtés par !e manque
d'essence. Les unités les plus avancées du R.I.C.M., auquel est venu se joindre
le Régiment Colonial de Chasseurs de Chars, ont déjà repris le contact de
l'ennemi dans le Doubs que l'Infanterie, échelonnée de la région de Bourg à
celle de Voiron, en est parfois réduite à poursuivre à pied ses déplacements.
Journal de marche de la 9° D.I.C. en opérations
La 9° Division d'Infanterie Coloniale a été créée le 15 juillet 1943, en Afrique
du Nord, avec des unités coloniales venues de l'Afrique Occidentale Française ou
qui tenaient garnison au Maroc et en Algérie. De nombreux évadés de France ayant
gagné l'Afrique du Nord par l'Espagne vinrent grossir ces unités. A l'époque, la
9° D.I.C. était en majeure partie composée d'indigènes venus de tous les
territoires de l'A.O.F. Elle comprenait :
- le 4° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (4° R.T.S.)
- le 6° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (6° R.T.S.)
- le 13° Régiment de Tirailleurs Sénégalais (13° R.T.S.)
- le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc (R.I.C.M.), Régiment de
reconnaissance de la Division
- le Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc (R.A.C.M.).
A ces unités s'ajoutaient un groupe des Forces Terrestres Antiaériennes, le
Génie et le Train Divisionnaire, les services de l'Intendance et de la Santé,
enfin les Transmissions.
Transportée en Corse, la Division, sous les ordres du Général Magnan, s'empare
en quatre jours de l'Ile d'Elbe, du 17 au 20 Juin.
Elle s'embarque ensuite à Ajaccio les 16 et 17 août, arrive le 18 en vue des
côtes de France et commence à débarquer le même jour dans la baie de Cavalaire.
Le 20 août, les premiers éléments mis à terre, ceux du 6° R.T.S. et du R.I.C.M.,
renforcés par un groupe de Commandos et un groupement de chars, s'engagent en
direction de Toulon.
Le 21 août, Solliès-Ville, le Coudon et la Farlède sont occupés.
Le 22, la bataille se poursuit avec violence pour la possession de La Valette où
l'ennemi, solidement retranché, oppose une résistance opinâtre. La Valette est
cependant prise le lendemain et des éléments du R.I.C.M. poussent sur Toulon.
Le 24, la ville est attaquée à l'Est par le Groupement du 6° R.T.S. et les
chars. Le fort d'Artigues fait l'objet d'une âpre lutte. L'artillerie s'approche
à quelques centaines de mètres du fort et ouvre des brèches si importantes
qu'elles précipitent la reddition. Au Nord et à l'Ouest, le 4° R.T.S., après
avoir relevé les unités de la 3° D.I.N.A., attaque à son tour par le quartier
Valbouidain et les Arènes.
C'est dans les forts que la défense s'incruste. Ceux de Sainte-Catherine et de
l'Artigues tombent les premiers, le 25 août. A ce dernier fort, après un
pilonnage sévère de l'A.D. le 3° Bataillon du 4° R.T.S. put faire plusieurs
centaines de prisonniers sans essuyer de pertes. Le fort de Malbousquet cède le
26 après une défense acharnée. Des combats de rue livrent peu à peu l'Arsenal et
le centre de la ville. Les résistances doivent être réduites une à une à La
Mitre dans le quartier du Mourrillon, et à Saint-Mandrier.
Le 26 août, les points d'appui de La Mitre, le fort de Six-Fours et les ouvrages
de la presqu'île de Sicie se rendent successivement. Le lendemain, c'est le tour
de la presqu'île de Saint-Mandrier, qui tombe écrasée par les feux puissants de
l'A.D. renforcée par un groupement lourd américain, par les "Bombings" et les
tirs des vaisseaux de guerre. Sa chute achève la conquête de Toulon.
La veille, la Division défilait en pleine ville, en présence des Ministres de la
Guerre et de la Marine et du Général d'Armée de Lattre de Tassigny, commandant
l'Armée Française.
Au cours de ces premières opérations sur le sol de France, dix mille prisonniers
et un matériel important sont capturés par la Division. Le nombre des ennemis
tués dépasse un millier.
A peine regroupée, la Division reprend sa marche en avant. Un premier bond la
porte dans la région de Voiron. Elle doit continuer vers Pontarlier et le
Lomont, mais les mouvements sont retardés, parfois même arrêtés par !e manque
d'essence. Les unités les plus avancées du R.I.C.M., auquel est venu se joindre
le Régiment Colonial de Chasseurs de Chars, ont déjà repris le contact de
l'ennemi dans le Doubs que l'Infanterie, échelonnée de la région de Bourg à
celle de Voiron, en est parfois réduite à poursuivre à pied ses déplacements.
C'est seulement le 25 et le 26 septembre que les derniers éléments rejoignent le
gros dans la boucle du Doubs où le manque d'essence et de munitions avait
empêché de forcer la résistance de l'ennemi.
La situation se stabilise. Le 27 septembre, la Division étend son front et prend
à son compte le secteur tenu à sa droite par la 3° D.I.N.A. jusqu'à la frontière
suisse.
Elle est renforcée par deux bataillons de F.F.I., le bataillon de la
Grande-Chartreuse, remplacé plus tard par le bataillon de Franche-Comté et le
bataillon de Cluny.
La vie de la Division devient alors celle d'une grande unité en secteurs:
opérations locales, actions de patrouilles, duels d'artillerie, tirs de
harcèlement de part et d'autre.
La saison s'avance.
Le froid et la pluie rendent inéluctable le remplacement des Sénégalais. Or, la
relève et la mise en réserve d'une grande unité, qu'exigerait normalement cette
transformation, est un luxe que l'Armée Française ne peut se permettre.
C'est donc sur place que la Division se transformera, se "blanchira" en
incorporant des engagés volontaires attirés par le renom des troupes coloniales.
Et c'est avec ces jeunes engagés dépourvus d'instruction militaire que la 9°
D.I.C. va poursuivre la campagne..
L'instruction. il faudra la donner en ligne, au gré des circonstances et de la
vie en secteur. La volonté des recrues et la valeur des cadres suppléeront aux
insuffisances.
Les 6°, 21° et 23° Régiments d'Infanterie Coloniale prennent donc la suite des
6°, 4° et 13° Régiments de Tirailleurs Sénégalais, avec les numéros que leurs
aînés de la "Coloniale" illustrèrent de 1914 à 1916. Cependant l'hiver ne doit
pas arrêter notre action. Il faut, malgré les rigueurs de la saison, appuyer
l'offensive que nos Alliés poursuivent sur tout le front. Dès les premiers jours
de novembre, l'action se dessine. Les Vosges, ayant opposé leur barrière
difficilement franchissable à l'avance de l'armée française, c'est par la trouée
de Belfort que celle-ci cherchera la percée.
Le 13 novembre, deux chefs de gouvernements, M. Churchill et le Général de
Gaulle, viennent dans le secteur de la Division assister au déclenchement des
opérations. Mais il neige et tout doit être remis. Le 14, l'attaque fuse dans la
boucle du Doubs, où le 6° R.T.S., renforcé par la demi-brigade Auvergne, pousse
jusqu'à Ecot. Le 15, le secteur Est s'anime à son tour. Un groupement constitué
par des éléments du 21° R.I.C., du 9° Zouaves et du 6° R.T.M., aux ordres du
Général Morlière, commandant l'Infanterie Divisionnaire, et appuyé par une
artillerie puissante où entrent deux compagnies américaines de mortiers, qui
écrasent les fortifications de campagne ennemies, déclenche son action et
s'empare d'Ecurgey.
Le 16, l'offensive s'accentue. Les résultats obtenus permettent d'envisager
l'entrée en jeu des unités blindées. Le 17, tandis qu'à l'Ouest, la boucle du
Doubs est occupée en totalité, à l'Est, où porte l'effort principal,
Roches-les-Blamont, Thulay, Hérimocourt sont enlevés. Le front tout entier est
emporté.
La l° Division Blindée, sous les ordres du Général Duvigier, s'élance. C'est le
rush vers le Rhin et vers Mulhouse. Le R.I.C.M. et le R.C.C.C., mis à la
disposition de la l° D.B., s'y distinguent. Le R.I.C.M., en particulier, pousse
le soir même sur Abbevillers et, le 18 sur Délie, où son action hardie permet de
s'emparer du seul pont resté intact dans la région, rendant ainsi possible
l'exploitation. Le 19 novembre, le Rhin est atteint à Rosenau.
Pendant ce temps, la 9° D.I.C., regroupée dans la région du Doubs, recevait la
mission de couvrir le flanc gauche de la Division Blindée et d'avancer dans son
sillage. Le 21° R. l. C. occupe Granvillars.
Les journées du 20 au 27 sont marquées par les efforts tenaces de l'ennemi pour
occuper l'étroit cordon routier qui, de Délie à Seppois, assure nos
communications. Celles-ci resteront précaires aussi longtemps que le front
n'aura pas été porté plus haut au nord et que la poche de la Largue n'aura pas
été nettoyée. Telle est la mission qui incombe à la Division et qu'elle achève
d'exécuter le 27 novembre. L'opération est vigoureusement menée. L'ennemi laisse
des centaines de cadavres et du matériel sur le terrain.
Le 28 novembre, la Division reçoit l'ordre d'assurer la couverture sur le Rhin,
derrière la 4° D.M.M. et de réduire les têtes de pont que l'ennemi tient encore
sur la rive gauche. Le 6° R.I.C.et le Régiment F.F.l. du Languedoc occupent
Huningue, Rosenau et Village-Neuf après de durs combats. La volonté de l'ennemi
de stopper notre avance dans la forêt de la Hardt s'affirme au cours des
affaires du Pont-de-Bouc, le 3 décembre et de Niffer, le 5 décembre. Mais le 10
décembre un bataillon allemand est réduit à merci et laisse plus de 300
prisonniers entre nos mains à la suite d'une action brillante d'un bataillon du
6° R.I.C. à la prise de Loechie.
Enfin, le 20 janvier, par un temps rigoureux et sous des tempêtes de neige, la
9° D.I.C. repart à l'assaut des défenses allemandes au Nord de la Doller.
Une liaison serrée est réalisée entre toutes les armes, en particulier avec
l'artillerie qui détache un officier jusqu'à l'échelon Bataillon. A 7h30, après
une préparation intense sur Lutterbach, Pfastatt et Bourtzwiller l'infanterie
attaque.
Pendant 21 jours d'une âpre bataille, dans un terrain difficile où les cités de
potasse constituent autant de fortins, fantassins, artilleurs, troupes de
reconnaissance, du génie, des transmissions, de la santé rivalisent d'endurance
et de cran. Les contre-attaques sont brisées par les très violents tirs de
l'artillerie et le 6°, le 21° et le 23 °R.I.C., le R.I.C.M. et le R.C.C.C. se
couvrent de gloire.
Le 9 février, l'Armée Française sous le comman- dement du Général de Lattre de
Tassigny publiait la communication officielle suivante :
" Au 21ème jour d'une âpre bataille, au cours de laquelle les troupes
américaines et françaises ont rivalisé d'ardeur, de ténacité et de sens
manoeu-vrier, l'ennemi a été chassé de la plaine d'Alsace et a dû repasser le
Rhin.
Les forces alliées de la 1ère Armée Française bordent le fleuve sur toute
l'étendue de leur secteur.
Elles ont tenu la parole de Turenne : "II ne doit pas y avoir d'homme de guerre
en repos en France tant qu'il restera un Allemand en-deçà du Rhin".
Dans cette bataille, la 9° D.I.C. peut revendiquer une place d'honneur.
Ordre du jour n° 12 du Général de Brigade Morlière à la 9° D.I.C.
Après vingt et un jours de combats acharnés malgré la neige, la boue, le froid
et la résistance désespérée des formations d'élite qui ont tenté en vain de
briser votre élan, vous avez chassé l'ennemi de cette terre d'Alsace où il
s'accrochait rageusement.
Un à un, vous lui avez arraché les villages et les cités de la banlieue de
Mulhouse, éloignant chaque jour davantage la menace qui pesait sur.la ville.
Dépassant l'objectif assigné initialement à la Division, toujours en tête de
l'avance, vous avez, par un exploit qui demeurera dans les annales de l'Armée
Coloniale, traversé de nuit l'lll, en crue, et enlevé Ensisheim, noeud essentiel
des communications ennemies.
Aujourd'hui, vous bordez le Rhin.
Anciens et recrues, vous vous êtes montrés dignes des traditions de l'Armée
Coloniale. Elle peut être fière de vous.
Gloire à ceux qui sont tombés pour libérer l'Alsace.
Gloire aux vainqueurs.
Le Général de Division MORLIÈRE,
Commandant la 9° D. l. C.
Le Chant de Route de la 9° D.I.C.
Le mercredi 8 mars 1944, la troupe théâtrale de la 9° D.I.C. "LES MARSOUINS
ROUTIERS" donnait à Inkermann, en Algérie, la première représentation de la
revue divisionnaire : 10 Visions Coloniales.
Le piano d'accompagnement était tenu par un aspirant du 4° Régiment de
Tirailleurs Sénégalais : Jean Froment, jeune administrateur des Colonies, frais
émoulu de l'Ecole Coloniale, il accomplissait son premier séjour en A.O.F, quand
les événements le rappelèrent à l'activité.
Poète délicat, musicien aimable, son inspiration primesautière et juvénile
rappelait celle de Charles Trenet. Pour ses camarades, il consentait à chanter
gentiment quelques-unes de ses oeuvres légères et ironiques.
Il avait composé pour la Revue un chant de route d'allure plus grave et
d'inspiration élevée : NOUS RENTRERONS TOUS EN FRANCE. Ce chant eut un tel
succès qu'il devint rapidement le chant officiel de la 9° D.I.C.
Depuis, Jean Froment a trouvé son héroïque destin sur la route âpre et longue
qui conduit à la victoire. Depuis, sa composition, où le grave récitatif du
couplet a quelque chose de poignant, a débordé le cadre de la Division. Elle a
été chantée à Altkich par Georges Bouvier, de l'Opéra Comique et créée à la
T.S.F. par Madame Peraldi.
Elle demeure pour tous les camarades d'arme de Jean Froment comme un symbole de
foi et une source de courage.
Premier Couplet
Quand le lourd ennui passe et que viennent les peines, Quand le vain désespoir
veut tout nous enlever
Il est pourtant encore une image sereine
Qu'au fond de moi, j'aime se voir lever
Deuxième Couplet
Quand nous entamerons la guerre vengeresse,
Quand le Boche mourra sous nos coups redoublés
S'il en est parmi nous quelques-uns en détresse,
Allons les gars ! Il faut se rappeler
Refrain
Nous rentrerons tous en France
Retrouver nos parents, nos amours,
C'est notre chère espérance
Te revoir, te revoir un beau jour,
Nous reverrons là-bas nos chères promises
Dont les beaux yeux pour nous ont tant pleuré,
Nous leur dirons la victoire est acquise
Et maintenant c'est le vrai temps d'aimer.
C'est notre chère espérance
Te revoir, pays de nos amours,
Nous rentrerons tous en France
Y goûter la paix et les beaux jours