Simone Michel-Lévy
Simone Michel-Lévy est née le 19 janvier 1906
à Chaussin (Jura). Son père était plâtrier. Après le brevet élémentaire, elle
déménage avec ses parents à Chauny dans l'Aisne où elle entre à seize ans et
demi dans l'administration des PTT.
En 1939, elle est contrôleur-rédacteur au département "Commutation" de la
Direction des Recherches et du Contrôle technique, rue du Général Bertrand à
Paris. Dès l'armistice, elle s'élève contre la capitulation de la France et
entre dans la Résistance en décembre 1940. Elle participe alors, sous la
direction d'Ernest Pruvost, avec Maurice Horvais, à la création du réseau
"Action PTT" qui deviendra en juillet 1943, "Etat-major PTT" auquel se joindront
Edmond Debeaumarché et Ferdinand Jourdan. Le réseau a pour but, en profitant des
possibilités professionnelles des PTT, d'étendre sur toute la France une
ramification de cellules de renseignements et de transmissions.
Ernest
Pruvost
Maurice Horvais Co-fondateur d'Action PTT
Edmond Debeaumarché
Dans un premier temps, Simone Michel-Lévy met toute son énergie à développer un
système de "boîte aux lettres" pour les communications clandestines. Ses
missions d'adjoint, responsable du secteur "radio", la conduisent à se déplacer
fréquemment pour organiser l'hébergement de postes émetteurs, notamment dans le
Sud-ouest, en Bretagne et en Normandie. A Caen, elle assure ainsi, fin janvier
1942, sous le pseudonyme de Madame Flaubert, la première liaison avec le groupe
local de la résistance PTT d'Henri Le Veillé, à qui elle amène, début mars, deux
opérateurs radio équipés de leur poste. A l'automne 1942, le réseau "Action
PTT", qui s'est développé, prend contact avec la "Confrérie Notre-Dame" (CND) du
colonel Rémy et l'Organisation civile et militaire (OCM) du colonel Touny. Pour
la CND, Simone Michel-Lévy met en place, Gare de Lyon, une centrale permettant
le transport du courrier clandestin et de postes émetteurs, par voitures
postales et sacs plombés, en s'appuyant sur les "ambulants" des PTT dirigés par
Edmond Debeaumarché (un dépôt identique existe à la Gare Montparnasse pour les
expéditions vers l'ouest). Elle réalise ainsi, sous les pseudonymes de
"Françoise" et de "Madame Royale", un excellent système d'acheminement du
courrier à travers la France, qui marche à la perfection, soit par voie
maritime, c'est-à-dire jusqu'aux chalutiers, soit par voie aérienne et cela dans
les deux sens. Elle n'est heureuse que lorsque ses responsabilités
s'accroissent.
Elle s'accroche à la mission la plus périlleuse une fois qu'elle l'a acceptée,
méthodiquement, tenacement, jusqu'à la réussite totale. Ses chefs comptent sur
elle. Tout ce qu'elle promet est tenu. Cependant, après des nuits de veille, des
voyages épuisants, elle est à l'heure le matin à sa table de travail, les traits
tirés, mais le visage souriant. Dès les premières heures du Service du Travail
obligatoire (STO) en 1943, elle établit plus de cent cartes professionnelles des
PTT à des jeunes réfractaires. La trahison de "Tilden", chef-opérateur radio de
la CND, qui est à l'origine du démantèlement de la CND, met fin brutalement à
son action.
Au soir du 5 novembre 1943, Emma est appelée d'urgence par ce dernier dans un
café proche de son bureau, le "François Coppée", boulevard du Montparnasse.
C'est un piège. Elle est immédiatement arrêtée et conduite 101 avenue Henri
Martin, dans les locaux de Georges Delfanne, alias Masuy, auxiliaire français de
la Gestapo. Abominablement torturée par Masuy, Simone Michel-Lévy ne parle pas
et est livrée à la Gestapo de la rue des Saussaies. Internée à Fresnes puis au
camp de Royallieu (Compiègne), Simone Michel-Lévy quitte la gare de Compiègne le
31 janvier 1944 dans le convoi des "27 000".
Georges Delfanne, alias Masuy, auxiliaire français de la Gestapo
Elle arrive le 3 février au camp de Ravensbrück où, pendant la quarantaine, elle
aide une camarade musicienne à organiser une magnifique chorale qui fait un
moment oublier leurs peines aux prisonnières. En avril 1944, elle est envoyée en
Tchécoslovaquie, au kommando de Holleischen, dépendant du camp de Flossenbürg,
pour travailler dans une usine d'armement qui fabrique des munitions
anti-aériennes. Elle y continue son action de résistante en sabotant. Affectée à
l'atelier 131A de l'usine, elle est chargée de faire passer sous une énorme
presse des chariots de cartouches remplies de poudre. Avec deux autres
déportées, Hélène Lignier et Noémie Suchet, elle ralentit la chaîne, la
désorganise, ce qui se solde parfois, pour la production du Grand Reich, par un
manque de 10 000 cartouches. Elles font fonctionner la presse à vide, ce qui
l'endommage et constitue, pour elles-mêmes, un danger immédiat malgré la
protection d'une tour en maçonnerie. C'est ainsi que finalement la presse saute
et qu'un rapport de sabotage visant les trois femmes est rédigé et envoyé à
Berlin via Flossenbürg. La réponse d'Himmler revient plusieurs mois après, dans
le courant d'avril 1945, alors que tonnent déjà alentour les canons américains.
Entre-temps, elles ont été condamnées à la bastonnade, sentence de 25 coups de
bâtons exécutée en présence du commandant du camp et devant leurs camarades
déportées. Le 10 avril 1945, Simone Michel-Lévy, Hélène Lignier et Noémie Suchet
doivent partir immédiatement pour le camp de Flossenbürg, où elles sont pendues
par les Allemands, le 13 avril, 10 jours seulement avant la libération du camp.
Simone Michel-Lévy est Chevalier de la Légion d’Honneur, Compagnon de la
Libération, elle a reçu la Croix de Guerre 39-45 avec palme, et la Médaille de
la Résistance. Un timbre-poste a honoré sa mémoire. Le 6 juillet 1952, une
plaque a été scellée sur la façade de sa maison natale à Chaussin en présence de
nombreuses personnalités.
Simone Michel-Lévy a reçu plusieurs médailles et distinctions à titre posthume:
Chevalier de la Légion d'Honneur Chevalier de la Légion d'Honneur
Compagnon de la Libération — décret du 26 Septembre 1945
Croix de Guerre 39/45 avec la paume
Médaille de la Résistance la Résistance française)