Second empire colonial français


Le second empire colonial français ou plus simplement le second empire colonial, est l'ensemble des colonies de l'empire colonial français, possédé par la France à partir de 1815, mais essentiellement constitué sous la Troisième République.

Le second empire colonial français est également appelée Empire colonial français contemporain (ayant été érigé à l'époque contemporaine), second espace colonial français, ou encore empire républicain.

 

Évolution de l'empire colonial français

Bleue claire premier espace colonial
Bleue foncé deuxième espace colonial



Avant 1815
Après la défaite de la France lors de la guerre de Sept Ans, tous les établissements et comptoirs en Afrique noire, à l’exception de l'île de Gorée au Sénégal, sont cédés lors du traité de Paris en 1763.

Ils seront toutefois récupérés quelques années plus tard, à la faveur du traité de Versailles en 1783.

En 1803, Napoléon Ier vend la Louisiane, restituée l'année précédente par l'Espagne, aux États-Unis. En 1804, la France perd sa plus riche colonie Saint-Domingue qui devient indépendante sous le nom d'Haïti.

Après la chute du Premier Empire, la France n'a dès lors plus de vastes territoires coloniaux, ne conservant que quelques comptoirs : les établissements français de l'Inde, Gorée, quelques îles des Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin…), ainsi que la Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon.


De 1815 à 1848 : Restauration, monarchie de Juillet et Deuxième République

Cette période est marquée par le début de la conquête de l'Algérie lancée par le roi Charles X en 1830 dans le but de reconstruire un « Empire colonial », mais aussi annonciatrice d’une politique d’expansion impérialiste qui s’étend par la suite en Afrique noire par les implantations militaires ou commerciales dans le golfe de Guinée en 1838-1842. Dans l'océan Indien, une première implantation à Madagascar a lieu en 1839 et l'île de Mayotte, aux Comores, devient protectorat français dès 1841.

La France s'intéressera également très tôt aux îles du Pacifique puisqu'un autre traité de protectorat sera signé l'année suivante avec le royaume de Tahiti en 1843, après l'annexion des îles Marquises l'année précédente.

Second Empire


La politique coloniale du Second Empire porte l'empreinte de Napoléon III et de son ministre français de la Marine et des Colonies Chasseloup-Laubat. Ce dernier entreprend, sous les ordres de l'Empereur, une modernisation de la marine de guerre française (cuirassés à hélices) qui doit permettre d'améliorer la capacité d'intervention des troupes coloniales. La superficie du domaine outre-mer triple durant cette période jusqu'à atteindre un million de km² pour cinq millions d'habitants.

Chronologiquement, l'annexion définitive de la Nouvelle-Calédonie en 1853 constitue la première action coloniale de l'Empereur. En Afrique, il nomme Faidherbe au poste de gouverneur du Sénégal. S'ensuivront la fondation du port de Dakar et la création du corps des tirailleurs sénégalais. L'implantation du comptoir des Rivières du Sud en 1859, puis l'acquisition de la côte du Gabon en 1862 sont les principales étapes de la pénétration française en Afrique de l'Ouest.

En Afrique de l'Est, Napoléon III signe en 1862 un traité de commerce avec Madagascar où s'installe un consulat de France. La politique impériale vise principalement de ce côté de l'Afrique à contrer l'influence britannique. La France occupe le petit territoire d'Obock, à côté de la ville de Djibouti, sur le golfe de Tadjourah ; ce sera le premier point d'ancrage français dans la région. Au Maghreb, il renforce la présence des conseillers militaires français dans l'armée tunisienne.


Le Second Empire étend le domaine français en Algérie et entreprend la conquête de la Cochinchine et du Cambodge, de la Nouvelle-Calédonie, de nombreuses îles dans le Pacifique (aujourd'hui en Polynésie française) et du Sénégal. Un décret impérial du 2 juin 1848 crée les départements français d'Algérie.


De 1871 à 1914


La conquête d'Alger en 1830 représentait un premier pas vers un renouveau de l'empire colonial français, mais la conquête coloniale fut surtout le fait de la Troisième République. Cette volonté, mettant la France en concurrence avec le Royaume-Uni, aida au rapprochement avec la Russie. Mais pendant cette période, l'ennemi fut toujours l'Allemagne, d'autant que cet empire devint également un concurrent dans l'expansion coloniale lorsqu'il commença à réclamer sa « place au soleil » après l'arrivée au pouvoir de Guillaume II et l'éviction du chancelier Bismarck.


Jules Ferry et le Tonkin


À partir de 1878, un important mouvement d'expansion impérialiste se développa, commencé par le Britannique Benjamin Disraeli. En France, cette politique fut défendue par Jules Ferry, qui profita de la bienveillance intéressée de Bismarck. Le chancelier allemand voyait dans cette ambition coloniale un palliatif pour l'honneur national français et une source de dépenses difficilement valorisables, propres à affaiblir la France face à une Allemagne forte. Ainsi la Tunisie endettée devint-elle un protectorat français par le traité du Bardo en 1881. L'expansion s'effectua aussi en Afrique noire à partir du Sénégal et du Congo. En revanche, l'Égypte passa aux Britanniques malgré l'influence française due au percement du canal de Suez.
Soutenu par les militaires et les missionnaires mais contesté par les radicaux de Georges Clemenceau, Jules Ferry eut moins de facilités à obtenir les crédits nécessaires pour la colonisation de l'Indochine. Une défaite mineure au Tonkin le fit démissionner en 1885.

L'expédition de Madagascar

Faisant suite à l'accord franco-britannique du 5 août 1890, les Français envoyèrent en décembre 1894 21 000 hommes (dont 7 000 convoyeurs indigènes) dans une campagne de conquête de l'île de Madagascar. Les troupes expéditionnaires, dirigées par le général Duchesne, débarquèrent à Majunga en mars 1895. Le royaume Hova de Madagascar était potentiellement défendu par une armée de 35 000 hommes, mais ils n'opposèrent qu'une résistance sporadique, occasionnant à peine 20 morts du côté français. Cependant, d'importantes difficultés logistiques ralentirent l'expédition qui n'atteignit Tananarive, la capitale, que le 1er octobre. Mal acclimatés, 5 736 hommes des troupes expéditionnaires furent décimés par le paludisme et la fièvre typhoïde.

La reculade de Fachoda
Article détaillé : Crise de Fachoda.
Les visées coloniales de la France et du Royaume-Uni sur le continent africain devaient inévitablement déboucher sur un conflit. La situation se présenta le 18 septembre 1898 dans la ville soudanaise de Fachoda. L'expédition française du capitaine Marchand, installée depuis trois mois, vit arriver l'armée de Lord Kitchener.
Paris reçut aussitôt un ultimatum de Londres lui intimant de faire se retirer la colonne Marchand. L'opinion publique française, au nationalisme exacerbé par l'affaire Dreyfus, appela à en découdre avec l'ennemi héréditaire, mais le rapport de force était trop inégal et la France, revancharde envers l'Allemagne, ne pouvait se permettre de défier le Royaume-Uni. Le 10 novembre, l'ordre fut donné à Marchand de se retirer et d'abandonner la vallée du Nil aux Britanniques.

Les historiens considèrent généralement que cette affaire permit le rapprochement politique de la France et le Royaume-Uni, qui aboutit à l'Entente cordiale le 8 avril 1904.

L'incident d'Agadir
Le 1er juillet 1911, l'empire allemand dépêcha une canonnière à Agadir pour signifier aux Français son désaccord concernant le traité d'Algésiras de 1906. L'Allemagne contestait les avantages de la France sur le Maroc et souhaitait une compensation.
Joseph Caillaux négocia une entente franco-allemande, conservant les avantages au Maroc mais concédant une partie du Congo au Cameroun allemand.
Cet accord mécontenta les opinions et Caillaux fut limogé et remplacé par Raymond Poincaré. Celui-ci se montra plus ferme vis-à-vis de l'Allemagne et resserra les liens avec la Russie et le Royaume-Uni.


Chronologie générale


1873 : Tonkin
1880 : Congo (actuel « Congo-Brazzaville » ou République du Congo) et annexion du Royaume de Tahiti et ses dépendances (aujourd'hui partie de la Polynésie française)
1881 : Protectorat sur la Tunisie
1888 : fondation de Djibouti et Obock, les protectorats de Tadjourah, du pays des Danakils et de la côte française des Somalis sont réunis sous la dénomination de « Côte française des Somalis et dépendances »
1877 à 1891 : Exploration et colonisation de la Guinée
1878 à 1891 : Exploration et colonisation du Soudan français
1889 à 1893 : Exploration et colonisation de la Côte d’Ivoire
1892-1893 : Conflit entre les colonisateurs français et le souverain du Dahomey amenant le Dahomey à devenir une colonie française
16 juin 1895 : La fédération d’Afrique occidentale française (AOF) est créée, regroupant les colonies du Soudan, du Sénégal, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire.
1889 : la ville de Bangui est créée dans la colonie de l'Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine)
1880 à 1895 : création du Soudan français
1896 : Madagascar est occupée
1897 à 1912 : l'actuel Tchad est conquis
1898 : territoire de Kuang-Tchéouen Chine (s'ajoutant aux concessions)
1904 : l’AOF est rejointe par le Dahomey puis par le Niger, la Mauritanie et la Haute-Volta (faisant jusque là partie du Soudan).
1906 : mise en place du Condominium des Nouvelles-Hébrides.
1910 : création de l'Afrique-Équatoriale française (AEF), capitale Brazzaville
1912 : protectorat français au Maroc à la suite du traité de Fès


Première Guerre mondiale


De manière directe, la France ne conquiert aucun territoire mais reçoit une partie des colonies allemandes et ottomanes à la fin de la guerre.

Entre-deux-guerres

 

Empire coloniale Français 1920


Le traité de Versailles accorde à la France des mandats de la Société des Nations sur une partie des colonies allemandes et ottomanes : la France administre la Syrie, le Liban, la plus grande partie du Cameroun, et du Togo.


Seconde Guerre mondiale

Certaines colonies françaises se rallient dès l'été 1940 à la France libre.

22 juillet 1940 : ralliement des Nouvelles-Hébrides
26 août 1940 : la majorité des colonies de l'Afrique-Équatoriale française sont ralliées, notamment grâce au gouverneur Félix Éboué
25 septembre : une tentative de débarquement à Dakar est un échec. L'Afrique-Occidentale française demeure sous contrôle vichyste.
26 septembre 1940 : à la suite de l'invasion de septembre, Vichy autorise les troupes de l'Empire du Japon à circuler à leur guise au Tonkin en Indochine française
octobre 1940 : la Thaïlande attaque l'Indochine française
27 octobre 1940 : Charles de Gaulle crée le Conseil de défense de l'Empire.
8 novembre-12 novembre 1940 : les Alliés prennent le contrôle du Gabon, parachevant le ralliement de l'AEF
juin et juillet 1941 : reconquête franco-britannique de la Syrie et du Liban sur les troupes vichystes
24 décembre 1941 : ralliement de Saint-Pierre-et-Miquelon par le vice-amiral Muselier
8 novembre 1942 : Débarquement anglo-américain en Algérie française et au Protectorat français du Maroc. Algérie et Maroc connaissent durant plusieurs mois une situation politique complexe. Au Protectorat français de Tunisie, les combats contre Allemands et Italiens se poursuivent jusqu'en mai 1943.
27 novembre 1942 : ralliement de Djibouti
14 décembre 1942 : les Britanniques remettent l'île de Madagascar aux Forces françaises libres après sa conquête menée de mai à novembre 1942.
3 juin 1943 : formation du Comité français de la Libération nationale, unification des forces de Charles de Gaulle et Henri Giraud. L'empire colonial français est entièrement dans le camp de la résistance, à l'exception de l'Indochine
30 janvier-8 février 1944 : Conférence de Brazzaville
9 mars 1945 : les Japonais prennent le contrôle de l'Indochine et le conservent jusqu'à leur capitulation en août de la même année.


De 1945 à nos jours : la décolonisation


La Constitution de 1946 crée l'Union française, qui remplace l'Empire; les colonies deviennent des départements et territoires d'outre-mer (DOM-TOM). La fin de l'Indochine française et l'indépendance du Royaume du Cambodge, du Royaume du Laos et du Viêt Nam (alors divisé entre État du Viêt Nam au sud et République démocratique du Viêt Nam au nord), entériné par les accords de Genève le 21 juillet 1954 concluant la guerre d'Indochine marquent le début de cette décolonisation.

Au Maghreb la décolonisation est marquée par la guerre d'Algérie qui aboutira à l'indépendance du pays le 18 mars 1962, en application des accords d'Évian. La France avait accordé l'autonomie au Maroc et la Tunisie en 1956, après plusieurs manifestations indépendantistes : insurrection de Casablanca en 1953, exil de Habib Bourguiba en 1952 et de Mohammed Ben Youssef en 1953…

Malgré les 12 000 morts de la répression malgache de 1947 par le gouvernement socialiste de Paul Ramadier et de violents troubles au Cameroun, il est généralement admis que l'Afrique noire a connu une décolonisation pacifique. Elle débute avec l'accession à l'indépendance de la Guinée en 1958, quand cette colonie refuse le principe de la Communauté française qui se substitue à l'Union française. En 1960, tous les pays d'Afrique noire deviennent indépendants mais conservent des liens étroits avec la France sur les plans militaire, économique et culturel.

Les territoires restés français forment les DOM-TOM. À la suite des accords de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie doit bénéficier d'un référendum local entre 2014 et 2018 portant sur son indépendance ou son maintien au sein de la République française.

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