Opération Shingle Le combat résultant est
généralement appelé la bataille d'Anzio
L’Opération Shingle était un plan allié durant la campagne d'Italie de la
Seconde Guerre mondiale qui se déroula le 22 janvier 1944. C'était un assaut
amphibie contre les troupes de l'Axe qui se trouvaient dans les environs d'Anzio
et de Nettuno. Elle était commandée par le Major General John P. Lucas et avait
été prévue pour déborder les forces allemandes de la ligne Gustave, ce qui
aurait ainsi permis une attaque sur Rome. Le combat résultant est généralement
appelé la bataille d'Anzio.
Des hommes de la 1st Special Service Force
La
Devil's Brigade
Introduction
À la fin de 1943, peu après leur invasion en Italie, les forces alliées se
trouvaient bloquées par la ligne Gustave, une ligne défensive à travers le sud
de l'Italie qui les séparait de leur principal objectif : Rome. Le terrain du
centre de l'Italie s'était avéré idéalement convenable à une tactique de
défense, et le Generalfeldmarschall Albert Kesselring se montrait très habile
dans l'exploitation de cette géographie. Un certain nombre de propositions
alliées ont été établies afin de sortir de cette impasse, mais l'idée de Winston
Churchill : l’Opération Shingle a été acceptée conjointement par Franklin Delano
Roosevelt et Joseph Staline. Une importante attaque menée dans le sud par l'U.S.
Fifth Army (Ve armée des États-Unis) et la British Eighth Army (VIIIe armée
britannique) attirerait les forces allemandes épuisées loin de Rome, et des
collines qui les séparaient de la capitale et de la côte. Ceci aurait permis un
débarquement par l'U.S. VI Corps commandé par le Major General Lucas dans la
région d'Anzio et de Nettuno, suivi d'une avance rapide à travers les collines
d'Alban pour couper les voies de communication allemandes et prendre à revers
les positions du XIVe Corps
Major Général Lucas
Disponibilités des forces navales
Un des problèmes suscités par ce plan était la disponibilité des barges de
débarquement. Les commandants américains étaient déterminés à ne retarder ni
l'Opération Overlord, ni l'Opération Dragoon. Or l’Operation Shingle aurait
nécessité l'utilisation des bateaux 'réservés' pour ces opérations. Il était
prévu que Shingle serait lancée le 15 janvier mais ces problèmes repoussèrent la
date finale de lancement au 22 janvier.
Seules des barges destinées au débarquement d'une division étaient disponibles
et sur l'insistance de Churchill la capacité augmenta jusqu'à deux mais selon
leurs renseignements, ils seraient confrontés à cinq ou six divisions
allemandes.
Composition des forces alliées
Les forces alliées dans cette attaque étaient constituées de 5 croiseurs, 24
destroyers, 238 barges de débarquement, 62 autres navires, 40 000 soldats, et
plus de 5 000 véhicules.
L'attaque était constituée de 3 groupes :
Le Groupe britannique
Ce Groupe devait attaquer à 10 km au nord d'Anzio et comprenait :
• la British 1st Infantry Division
• le 46th Battalion, Royal Tank Regiment
• une partie du British 2 Special Service Brigade
o No. 9 Commando
o No. 43 Commando
o
La Force U.S. du nord-ouest
Elle devait attaquer le port d'Anzio et initialement, devait être aidée par le
parachutage du 504th Parachute Infantry Battalion au nord d'Anzio, dont les
hommes ne furent en fin de compte pas parachutés mais allèrent tout de même sur
le champ de bataille. Ce groupe comprenait alors :
504th
Parachute Infantry Battalion
• le 1st Ranger Battalion
• le 3rd Ranger Battalion
• le 4th Ranger Battalion
• le 509th Parachute Infantry Battalion
• le 83rd Chemical Battalion
• le 93rd Evacuation Hospital
•
La Force U.S. du sud-ouest
Elle devait attaquer à six kilomètres d'Anzio et comprenait :
• la 3rd Infantry Division
L'attaque au sud
Article détaillé : ligne Gustave.
La ligne Gustave ou ligne d'hiver est une série de fortifications construites en
Italie pendant la Seconde Guerre mondiale par l'organisation Todt de l'Allemagne
nazie.
Localisation et caractéristiques
Principales lignes de défense de l'Axe au sud de Rome
Elle s'étendait sur plus de 150 km au niveau le plus resserré de la péninsule
italienne. Elle débutait à l'ouest à Minturno, sur la mer Tyrrhénienne, longeait
le fleuve Garigliano et traversait les montagnes des Apennins jusqu'à
l'embouchure de la rivière Sangro dans la mer Adriatique. Le centre de la ligne,
où elle croisait la grande route nord-sud (autoroute 6), était situé au niveau
du Monte Cassino avec sa vieille abbaye au sommet.
La ligne était fortifiée avec des puits à canon, des forteresses en béton, des
emplacements de mitrailleuses et de lance-flammes, du fil de fer barbelé et des
champs de mines. C'était la plus solide des lignes de défense des Allemands au
sud de Rome. Son système de feux croisés était redoutable. La ligne Bernhardt se
trouvait un peu plus au sud.
Après le débarquement des Alliés en septembre 1943, le gouvernement italien
avait capitulé, mais l'armée allemande avait envahi l'Italie et continuait le
combat. Les forces allemandes étaient commandées par le maréchal Albert
Kesselring. La défense de la ligne était dévolue au général Heinrich von
Vietinghoff de la Xe armée (environ quinze divisions).
L'objectif des Alliés était d'atteindre Rome. La voie la plus évidente était la
vallée du Liri, cours supérieur du Garigliano, située au sud-ouest du Mont
Cassin.
Le plan
Le plan prévoyait que la Ve armée des États-Unis attaquerait directement la
ligne au Monte Cassino et la vallée du Liri tandis qu'un débarquement (opération
Shingle) à Anzio ferait une diversion et tenterait de prendre Rome.
L'assaut
En janvier 1944, les forces alliées s'approchèrent. Le général britannique
Harold Alexander en était le commandant, Eisenhower ayant été rappelé pour
préparer la bataille de Normandie. La Ve armée américaine était commandée par le
général Clark, tandis que du côté du Royaume-Uni, la VIIIe armée avait à sa tête
le général Oliver Leese, car le général Bernard Montgomery était également
occupé à préparer le débarquement sur les côtes normandes.
Pendant tout le mois de janvier, la 34e division de la Ve armée essaya d'établir
une tête-de-pont au nord de la rivière Rapido près du mont Cassin. Déjà
solidement tenue par les troupes d'élite de la 1re division Fallschirmjäger,
Kesselring renforça la ligne Gustave avec les 29e et 90e Panzergrenadier
Division qui étaient à Rome.
Bien que les Alliés eussent franchi l'obstacle plusieurs fois, des
contre-attaques décidées les repoussèrent jusqu'au 30 janvier. Ils approchèrent
alors des murs de l'abbaye en ruine, mais sans pouvoir la prendre.
Le 12 février, des divisions fraîches, la 2e division néo-zélandaise et la 4e
division indienne, prirent le relais, au prix de pertes importantes, mais elles
ne purent prendre l'abbaye du Mont-Cassin.
Le débarquement allié à Anzio ne pouvait se développer à cause d'une défense
très forte. Le 11 mai, un assaut déclenché sur toute la ligne progressa, sauf au
Monte Cassino. Les Français du Corps expéditionnaire français firent une percée
significative le long de la rivière Austente au sud de Cassino, lors de la
bataille du Garigliano, ce qui obligea les Allemands à se replier sur la ligne
de défense suivante, la Ligne Hitler. Mais, cette victoire laissait le Mont
Cassin, puissamment fortifié, sur les arrières français.
Il fallut attendre que le Monte Cassino fût pris le 18 mai par le IIe corps
polonais du général Anders pour que reprît la progression alliée vers Rome.
Les Alliés prirent Rome, ce qui était excellent pour la propagande, mais les
Allemands eurent le temps de s'installer sur la ligne gothique, au nord du
fleuve Arno.
L'attaque de la cinquième armée sur la ligne Gustave débuta le 16 janvier 1944
au Mont Cassin (voir bataille du Monte Cassino). Bien qu'ils ne réussirent pas à
capturer leur objectif, ils eurent néanmoins de bons résultats. Le général
Heinrich von Vietinghoff, commandant de la ligne Gustave, réclama des renforts,
et Kesselring transféra les 29e et 90e divisions de Panzergrenadier stationnées
à Rome.
Les phases de débarquement
Le débarquement commença le 22 janvier 1944.
Bien qu'une résistance importante ait été prévue par le Grand Quartier Général,
comme lors de la tentative de Salerne en 1943, les débarquements initiaux firent
face à relativement peu d'opposition, excepté quelques raids de mitraillage
menés par la Luftwaffe.
À minuit, 36 000 soldats et 3 200 véhicules avaient été débarqués sur les
plages. Treize soldats alliés avaient été tués et quatre-vingt dix-sept blessés.
Près de deux cents Allemands avaient été capturés. La 1st Division avait réalisé
une percée de trois kilomètres à l'intérieur des terres, Les Rangers avaient
capturé le port d'Anzio, les parachutistes de la 509th avaient capturé Nettuno,
et la 3rd Division s'était avancée sur cinq kilomètres.
Après le débarquement
Il était clair que les supérieurs de Lucas s'étaient attendus à ce qu'il tente
une offensive de son propre chef et ce probablement sur Rome. L'objectif de
l'invasion était de détourner les forces allemandes de la ligne Gustave, ou
tirer profit de la faiblesse allemande dans ces secteurs. Malgré cela, Lucas
renforça sa tête de pont et réorganisa ses défenses sans attaquer. Des soldats
alliés de la Devil's Brigade, une unité de commando formée de soldats canadiens
et américains entrèrent dans Rome sans défenses, mais ne purent y rester faute
de renforts, Rome devait être prise seulement 8 mois plus tard.
Winston Churchill fut extrêmement contrarié par cette nouvelle et s'écria : «
J'avais espéré que nous ayons lancé un chat sauvage dans le rivage, mais tout ce
que nous avons finalement eu était une baleine échouée. »
La décision de Lucas demeure encore aujourd'hui très controversée. L'historien
militaire John Keegan écrivit : « Si Lucas avait lancé ses troupes à l'assaut de
Rome dès le premier jour, il aurait pu y arriver, puis aurait été rejoint par le
reste des divisions débarquées avant de finalement être écrasé, mais de ce fait,
il aurait pu ainsi soulager le front en attirant le regard des divisions
ennemies ». Comme noté ci-dessus, Lucas n'avait pas eu confiance dans la
planification stratégique de l'opération. En outre, ses ordres provenant du
général Clark lui indiquaient « de débarquer, sécuriser la plage puis d'avancer
». Avec deux divisions débarquées, face à deux ou trois fois plus d'Allemands,
il aurait été impossible pour Lucas de considérer la plage comme sécurisée et
ensuite d'avancer. Mais selon Keegan, le choix de Lucas a été « la plus mauvaise
chose, car il exposait alors ses forces à l'ennemi sans qu'il puisse réagir à
cette éventuelle attaque ». Lucas fut relevé de son commandement le 23 février,
et remplacé par le Général Lucian Truscott.
La réponse allemande
Kesselring fut informé des débarquements à trois heures du matin le 22 janvier.
À cinq heures, il ordonna au 4e Fallschirmjäger (parachutistes allemands) ainsi
qu'à la division de réserve Hermann Göring de défendre les routes allant d'Anzio
aux Monts Albains. En outre, il demanda au haut commandement allemand, l'OKW, de
lui envoyer des renforts depuis la France, la Yougoslavie, et l'Allemagne. Un
peu plus tard, il ordonna au Generaloberst Eberhard von Mackensen de la XIVe
Armee et au Général Von Vietinghoff de la Xe Armee, stationnée sur la ligne
Gustave, de lui envoyer des renforts additionnels.
Général Von Vietinghoff
Les unités allemandes à proximité immédiates avaient en fait été redéployées sur
la ligne Gustave quelques jours plus tôt. Toutes les réserves disponibles du
front sud ou en cours de transfert vers ce front furent envoyées rapidement vers
Anzio dont la 3e division de Panzergrenadier et la 71e division d'infanterie, et
le gros de la panzerdivision de la Lutwaffe Hermann Göring. Kesselring considéra
initialement qu'il ne serait pas capable d'offrir une défense victorieuse si les
Alliés lançaient une attaque importante le 23 ou le 24. Cependant, vers la fin
de journée du 22, le manque d'action agressive alliée le persuada qu'il serait
en mesure de les contrer.
Trois jours après les débarquements, les têtes de pont des plages étaient
entourées par une ligne de défense consistant en trois divisions allemandes : la
4e Fallschirmjäger Division à l'ouest, la 3e Panzer Grenadier Division au centre
du front sur les Monts Albains la Panzerdivision Hermann Göring à l'est.
La 14e armée de la Wehrmacht, commandée par le général von Mackensen, assura la
défense à partir du 25 janvier. Des éléments de huit divisions allemandes
différentes furent utilisés dans la ligne de défense autour des têtes de pont
alliées autour des plages et cinq divisions supplémentaires étaient en route
pour la région d'Anzio. Kesselring ordonna l'attaque sur des têtes de pont dès
le 28 janvier, mais celle-ci fut reportée au 1er février.
Lucas lança une attaque sur deux flancs le 30 janvier. Tandis qu'une force
coupait l'autoroute no 7 à Cisterna avant de se diriger vers les Monts Albains,
une seconde devait avancer vers le nord-est et remonter la route d'Albano. Les
opérations piétinèrent et s'enlisèrent.
Epilogue
Vers la mi-mai, les Alliés, plus confiants, décident de reprendre l'offensive
car les Allemands accablés commencent à se retirer mais leur moral tient bon3.
Le 2 juin, une retraite allemande très ordonnée commence.
Le 4 juin 1944, Rome est enfin libérée.
Belligérants
Royaume-Uni
Etats-Unis
Reich allemand
République sociale italienne
Commandants
Anglais
Harold Alexander
Mark Clark
Lucian Truscott
Allemand
Albert Kesselring
Eberhard von Mackensen
Pertes
Royaume-Uni
Etats-Unis
janvier :
36 000 hommes
mai : 150 000 hommes
Reich allemand
République sociale italienne
5 500 tués
17 500 blessés
4 500 disparus ou capturés
Les pièces utilisés à Anzio sont dissimulées dans des tunnels, et ne font feu
que de nuit ou les jours couverts pour éviter les attaques aériennes. Les
Allemands avaient prévu l’envoi d’un canon encore plus gros de 320 mm Skoda, de
construction tchécoslovaque, mais ils ne disposaient pas d’un tunnel adapté pour
le dissimuler. En revanche, une autre batterie de canons de 210 mm sur rail est
employée à partir de tunnels à l’ouest d’Albano, à proximité de Castel Gandolfo,
résidence d’été des papes.
Un canon saboté
Des véhicules amphibies américains Dukws pris sous le tir de l’artillerie
allemande, à Anzio, le 22 janvier 1944
Le débarquement d’Anzio (janvier 1944)
Le K5 Leopold (Annie Anzio) aujourd’hui aux États-Unis
Gerbe d eau suite aux tirs des canons K5 sur la plage d Anzio
British M7 de 105mm à Anzio
Débarquement américain à Anzio