Opération Aphrodite
Aphrodite B 17F
L'Opération Aphrodite était le nom de code d'une mission de l'USAAF pendant la
Seconde Guerre mondiale. L'USAAF avait préparé cette opération comme méthode
expérimentale pour détruire les équipements de production et de lancement des
V-1 en se débarrassant des bombardiers B-17 qui étaient très endommagés.
Le plan réclamait des B-17 en fin de vie qui devaient être entièrement chargés
d'explosifs puis conduits sur leurs cibles comme les bases des U-boots ou les
sites des V-1 par télécommande depuis un avion volant proche de lui.
Proposition
Ce plan fut proposé au major-general James H. Doolittle en 1944 (l'auteur et la
date de présentation de ce rapport sont inconnus). Doolittle approuva ce plan le
26 juin, et assigna la 3rd Bombardment Division à la préparation et aux tests
des premiers drones baptisés BQ-7. Puis la phase finale de préparation fut
attribuée au 562nd Bomb Squadron sur la base de la RAF à Honington dans le comté
du Suffolk.
Mission
En vue de leur mission finale, plusieurs vieux B-17 furent dépouillés de tout
leur armement et aussi de toute autre masse non essentielle (blindage, supports
de bombe, émetteur-récepteur, sièges, etc.), ce qui réduisit la masse du
bombardier d'environ 12 000 livres (6 500 kg). Les avions dépouillés furent
ensuite équipés d'un système de téléguidage et reçurent une charge d'explosif
d'environ 8 200 kg. Ainsi en théorie, l'explosion résultante serait colossale et
ce, dans un rayon d'au moins 6 miles (10 km).
Le système de téléguidage
Pour faciliter la commande de ce qui était essentiellement un missile téléguidé
très lent, deux caméras de télévision furent installées dans l'habitacle des
B-17, fournissant ainsi une vue des instruments de contrôle et du sol. Cette vue
devait ensuite être transmise aux avions d'accompagnement, nommés CQ-17.
Cette télécommande ne permettait pas de faire décoller les B-17 depuis les
CQ-17, ainsi chaque avion décollait grâce à une équipe de volontaires (un pilote
et un ingénieur de vol), qui devaient l'amener à une altitude de 2 000 ft.(600
m), et passaient ensuite le relais aux opérateurs à distance. Juste avant
d'atteindre la mer du Nord, les deux hommes d'équipages devaient amorcer le
Torpex (la charge explosive) et ensuite évacuer l'avion, dont la verrière avait
été enlevée afin d'accélérer leur évacuation. Le CQ-17 prendrait les commandes
du bombardier jusqu'à ce qu'il soit sur sa cible.
Aphrodite drone 17
Missions
Quand le programme d'entraînement fut complet, le 562nd escadron reçut dix
'drones' et quatre 'CQ-17'. La première mission fut lancée le 4 août contre un
site de lancement de V-1 dans le Pas-de-Calais. Les CQ-17 perdirent le contrôle
d'un B-17 peu après l'évacuation de son équipage et qui s'écrasa près d'Orford
dans le Suffolk, créant un énorme cratère et détruisant plus de 8 000 m² de
campagne aux alentours du crash. La caméra du nez du second B-17 fut obstruée
peu avant son arrivée sur cible et la manqua de quelques centaines de mètres.
Dans la phase suivante de la mission, un B-17 fut abattu par la flak et un autre
manqua sa cible de 400 m.
Mission ratées
Au cours de la deuxième mission, deux jours après la première, l'opération
Aphrodite prit une dangereuse tournure. Après que les équipages aient pu
abandonner leurs "missiles" sans problèmes, un des B-17 fut perdu et tomba dans
la mer, un autre fut touché et commença à faire demi-tour, se dirigeant
dangereusement vers la ville de Ipswich, heureusement, il s'écrasa en mer sans
faire de victime.
Dysfonctionnement du système de guidage
Après l'échec des premières missions dues aux dysfonctionnement du système de
contrôle, Doolittle décida de mener une enquête. La plupart de ses
collaborateurs lui suggérèrent de changer ce système. Quand ces changements
furent réalisés, Doolittle relança Aphrodite, et ce en direction de Heligoland.
Durant ce raid, le parachute du pilote ne s'ouvrit pas et de plus, ce B-17
n'atteignit pas sa cible, abattu probablement par la flak. La mission suivante
fut à destination de Heide, et fut encore émaillée de problèmes liés aux
dysfonctionnements du système de guidage : trois B-17 n'atteignirent pas leur
cible, mais le quatrième avion s'écrasa suffisamment près de sa cible pour lui
infliger des dommages significatifs.
Le BQ-7 est souvent accusé d'avoir causé la mort de Joseph Patrick Kennedy Jr.
(le frère aîné de John Fitzgerald Kennedy). Il pilotait en fait un avion
similaire, un B-24 Liberator, et non un B-17. Ces B-24 faisaient partie d'une
mission équivalente à Aphrodite, nommée Anvil (enclume) et portaient le code
BQ-8, mais elle ne fut jamais utilisée en combat car, au cours de leur première
mission, le Torpex d'un des B-24 explosa, et l'équipage entier fut tué.
Conclusions
Les avions de l'opération Aphrodite furent donc employés dans un nombre très
restreint d'occasions, le premier des quatorze raids eut lieu le 4 août 1944.
Plusieurs cibles ont été visées, comme Helgoland, Heide et Hemmingstedt, mais
les B-17 ont à plusieurs reprises manqué leurs cibles à cause de problèmes de
mécanique, de visibilité ou encore d'imperfections dans le système de
télécommande.
Ainsi, ce plan s'est retrouvé inefficace contre les objectifs difficiles à
atteindre et très résistants qui lui furent initialement assignés par l'USAAF,
qui fut donc contraint de changer pour des cibles plus conventionnelles comme
des usines. Deux missions supplémentaires furent lancées, mais toutes les deux
furent aussi des échecs, dus au mauvais temps ou encore aux systèmes de
commandes. De plus, le seul avion qui toucha directement sa cible n'explosa pas
et fournit alors aux allemands un système de guidage complet.
À l'issue de la dernière mission, le Strategic Air Forces décida que l'idée de
ces missiles guidés était inappropriée et stoppèrent l'opération car au final,
un seul B-17 avait entraîné des dommages. À ces déboires s'ajoutait la perte de
deux membres d'équipage. L'échec du programme a été attribué à un manque de
technologies disponibles et au fait que le réarrangement des masses de l'avion
entraînait des comportements de vol différents de ceux originaux.
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