M3 Lee Grand
1940...
L'Amérique commence à tirer les leçons de l'affrontement qui a vu la France
déposer les armes au bout de 6 semaines.
Il est clair que le char M2 avec son canon de 37mm et son "blindage en carton"
que l'US Army posséde à 320 exemplaires n'est plus à la page.
On met en branle un projet de char de combat armé d'un canon de 75mm (ce sera la
M4 Sherman) ; mais pour faire jonction avec un engin qui n'apparaîtra au mieux
qu'en 1942 "on fait du neuf avec du vieux" et le char M3, un M2 (très) revu et
(bien) corrigé fait son apparition dès juillet 1940.
Comme on n'a pas trop le temps on fait dans la facilité en mettant le 75mm non
en tourelle mais en casemate, comme sur le B1Bis Français...
La tourelle reste garnie du 37mm anti-char secondé par une Browning cal.30
(7.62mm).
On pense aussi au chef de char qui a droit à son "tourelleau personnel" et à une
mitrailleuse de même calibre.
C'est à Chrysler qu'échoit la responsabilité de la production de l'engin très
vite épaulé par 2 constructeurs de locomotives : Alco et Baldwin et ce dès août
1941.
Les Britanniques cherchent alors désespérément un char de combat capable de
faire face aux redoutables Panzers Allemands.
Appliquant l'accord prêt-bail, Roosevelt envoie au Royaume-Uni quantités de M3
rebaptisés localement Lee (en l'honneur du général Sudiste de la guerre de
Sécession).
Dès réception les anglais se rendent compte que le M3 est loin d'être exempt de
tout reproche, très loin...
La première chose à faire est de rabaisser la silhouette de la bestiole : En
effet le véritable "empilement" de tourelles fait du char un engin format XXL !
Non seulement il est repérable à des kilomètres mais en plus le centre de
gravité est beaucoup trop haut, le rendant instable...
On met alors au point une nouvelle tourelle, spécifique à la Grande-Bretagne :
En acier coulé, disposant d'une nuque à l'arrière pour la radio et débarrassée
du tourelleau dont les essais montraient qu'il ne servait décidemment pas à
grand'chose...
Le M3 Lee est rebaptisé Grant ainsi
rééquipé.
Ce sont les sociétés Pressed Steel et Pullman qui auront sa fabrication en
charge.
Le 75mm en casemate peut être orienté de 30° de part et d'autre sans que le
pilote ai besoin de bouger le char (ce qui est un gros progrès par rapport au
B1Bis. )
Le M3 connaît son baptême du feu en Afrique du Nord à la bataille de Gazala en
mai 42, où la 8ème Armée de sa majesté parvint à rétablir un peu l'équilibre
face aux PzIV en y engageant 167 M3.
350 autres chars seront livrés en octobre et engagés sur ce front pour la
bataille décisive d'El Alamein.
Mais ce char, si les anglais en loue pourtant la fiabilité, est considéré comme
fragile du blindage (en raison de sa coque rivetée qui faisait de ces derniers
autant de projectiles dans la chambre de combat en cas de coup direct) et très
facile à enflammer (son successeur le Sherman ne fera hélas pas beaucoup
mieux... ).
Il est clair aussi qu'un canon en casemate n'a pas une grande vocation anti-char
et ne vaut pas un canon identique en tourelle capable de faire une rotation
rapide sur 360° !
Tourelle au demeurant quasi-inutile au combat du fait de la trop faible
puissance de perforation du 37mm...
Les M3 sont ensuite envoyés en Angleterre, mais dès avril 43 le M4 est en pleine
production et son prédécesseur est très rapidement destiné à des tâches
secondaires (dépannage, porte-projecteur, tracteur d'artillerie).
Son châssis fournira aussi la base de l'automoteur d'artillerie M7 Priest.
Hormis la Grande-Bretagne les USA utiliseront aussi le M3 au front mais de
manière parcimonieuse (la bataille pour la conquête de l'Atoll de Makin restera
l'un de ses rares titres de gloire).
L'Australie en posséda plusieurs centaines, mais les conserva surtout pour
l'entraînement...
On en vit tout de même en "appui-troupes" du côté de la jungle Birmane, où la
pauvreté des moyens blindés Nippons lui laissait la part belle.
On en livre aussi 1300 à l'URSS au titre de l'aide militaire.
Les M3 Russes seront équipés de Diesel jumelés GM 6-71 montés à l'origine dans
des autobus.
Même si leur carburant les rendaient moins inflammables à l'impact, les soldats
Soviètiques détestaient cordialement ce char, allant jusqu'à le surnommer
"tombeau pour 6 frères" !
Ils furent là aussi très vite relégués à des tâches annexes...
Quelques M3 débarqueront avec les troupes anglaises en Normandie, mais en
dépanneuses de chars, garnis d'un canon de 75 factice
FICHE TECHNIQUE
Moteur Continental-Wright (origine aéronautique) à essence de 9 cylindres en
étoile d'une puissance de 340cv à 2400trs.
Refroidissement par air.
Vitesse max 42km/h sur route, 26 en tout-terrain.
Carburant : 796 litres autorisant 195km d'autonomie en croisière.
Armement :
1 canon M2 de 75mm en casemate
1 canon M6 de 37mm en tourelle avec une mitrailleuse de 7.62mm coaxiale
1 mitrailleuse supplémentaire de 7.62mm sur le tourelleau du chef de char
(version Lee)
Certaines versions équipées de 2 autres mitrailleuses sur le glacis avant.
Blindage :
Frontal coque : 50mm
Frontal tourelle : 51mm
Latéral coque : 38mm
Latéral tourelle : 50mm
Toit : 13mm
6 hommes d'équipage, 27 tonnes.
Fin de production en décembre 1942.