Mamadou Hady Bah, le devoir de mémoire

Soixante ans après sa disparition tragique, la mémoire de Mamadou Hady Bah est enfin honorée. Ce tirailleur guinéen qui s’est illustré pendant la Résistance dans le maquis des Vosges a été fusillé par les Allemands le 18 décembre 1943. En juillet 2003, deux de ses neveux ont été invités en France pour y recevoir la croix du Combattant volontaire de la Résistance avec barrettes “engagé volontaire”, “libération” et l’insigne des blessés, la médaille de la Résistance et la médaille commémorative de la Guerre 1939-1945, décernées à titre posthume aux parents. En Guinée, accompagnés des autorités locales et d’une délégation de l’ambassade de France, ils ont participé aux cérémonies organisées à Pelli Foulyabé, village natal du héros, dans les montagnes du Fouta Djalon.*

En 1938, un percepteur affecté à Conakry regagne la France avec son cuisinier guinéen : Mamadou Hady Bah. La Deuxième Guerre mondiale éclate. En avril 1940, Hady Bah s’engage au 12e régiment de tirailleurs sénégalais et participe ainsi aux violents combats de la Meuse, des Ardennes et de l’Argonne. Le 19 juin 1940, les tirailleurs sont contraints de se rendre à l’ennemi et sont faits prisonniers. Hady Bah et une quarantaine de ses camarades réussissent à s’évader et sont recueillis par les habitants du village voisin. Déterminé à continuer la lutte contre l’occupant, Hady Bah adhère aussitôt au premier réseau de la Résistance vosgienne. Arrêté par les Allemands le 14 juillet 1943, il est conduit à Epinal où, torturé par la Gestapo, il refuse obstinément de parler. Son sort est désormais scellé : il sera exécuté le 18 décembre 1943, au plateau de la Vierge.

Hady Bah repose aujourd’hui au cimetière militaire de Colmar, son nom figure sur le monument aux morts d’Epinal. Grâce à l’acharnement d’un historien militaire, sa mémoire a pu être enfin honorée, soixante années après ces événements tragiques. Ses neveux ont été reçus en France du 13 au 20 juillet. Invités d’honneur au défilé du 14 juillet à Paris, ils se sont ensuite rendus au plateau de la Vierge ainsi qu’à Colmar où leur ont été remises par l’Office national des anciens combattants d’Epinal les décorations de leur héroïque parent.

De retour en Guinée, le 20 juillet, à Pelli Foulayabé, une cérémonie a pu être organisée grâce au concours des autorités guinéennes. L’évènement qui a bénéficié d’une large couverture médiatique a été un succès, suivi dans le pays avec une très grande émotion. Il a mobilisé l’association des anciens combattants de Guinée, l’état-major général des armées, l’attaché de défense près l’ambassade de France, la préfecture de Pita, la sous-préfecture de Bomboli et tous les habitants de Pelli-Foulayabhé. Outre son exemple de sacrifice et d’héroïsme, le tirailleur Mamadou Hady Bah est un véritable symbole : celui du devoir de mémoire, celui de la fraternité d’armes entre la France et la Guinée, unies par le sang versé pour une même cause, la cause de la Liberté.

Chef de bataillon Arnaud d’Anselme

 

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