Escadrille des Cigognes
Le groupe de combat no 12 appelé aussi escadrille des Cigognes est une célèbre
unité aéronautique de l'armée française dont les appareils d'escadrilles étaient
ornés d’une cigogne. Elle fut le berceau de grandes figures de l’aviation de
chasse française. Les pilotes René Fonck, Georges Guynemer, René Dorme,
Alfred Heurteaux, Raoul Echard, Joseph-Henri Guiguet, Henri-Augustin Rabatel,
Roland Garros, Mathieu Tenant de la Tour et bien d’autres furent aux
commandes des avions de la SPA3 et SPA103, les deux plus célèbres escadrilles,
de 1914 à 1918.
Histoire
Formé à Reims par l'état-major général de l'armée au cours de l’année 1912, le
GC12 fut doté au départ de Nieuport, puis des fameux SPAD VII et SPAD XIII.
Commandé par le capitaine Aubry, le GC12 quitta Reims, sa base de stationnement
du temps de paix, pour le terrain de la Bonnemaison de Crugny. Peu de temps
après la mobilisation en août 1914, il fut mis à la disposition de l’armée
Lanrezac et placé sous les ordres du commandant de Rose, futur promoteur de
l’aviation de chasse en France. L'une d'entre elles, la B.L.3, est déployée en
Alsace au début de la première guerre mondiale et c'est à cette occasion que ses
avions sont comparés aux "Cigognes" annonciatrices du printemps en Alsace.
Léon Hourlier, coureur cycliste, fut trois fois champion de France de vitesse,
pilote à l'escadrille VB 103 et son beau-frère Léon Comès, coureur cycliste
également, moururent dans le même avion à Saint-Étienne-au-Temple en Champagne,
le 16 octobre 1915, en allant rendre visite au champion de boxe Georges
Carpentier, lui-même aviateur pendant la Première Guerre mondiale.
Composition du GC12 pendant la Première Guerre mondiale
Le groupe de combat no 12 était constitué des escadrilles no 3, 26, 67, 73, 103
et 167.
Palmarès des escadrilles du GC12 "escadrille des cigognes" pendant la 1re guerre
mondiale
• Escadrille SPA 3 : 178 victoires homologuées + 204 victoires non homologuées
• Escadrille SPA 26 : 54 victoires homologuées + 76 victoires non homologuées
• Escadrille SPA 67 : 46 victoires homologuées + 34 victoires non homologuées
• Escadrille SPA 73 : 41 victoires homologuées
• Escadrille SPA 103 : 106 victoires homologuées + 86 victoires non homologuées
• Escadrille SPA 167 : 22 victoires homologuées + 4 victoires non homologuées
Innovations
Le groupe de combat met peu à peu au point une technique de combat qui consiste
essentiellement à surprendre l'adversaire, lui porter un coup décisif au plus
près et avec un minimum de munitions, et se soustraire à sa riposte.
Seconde Guerre mondiale
Le 329e squadron de la RAF était constitué de pilotes du groupe de chasse
Cigognes après l'armistice de 1940.
Actuellement
Il devient par la suite l'Escadron de chasse 1/2 Cigognes de la base aérienne
102 Dijon-Longvic.
Les as : les héros du début du siècle
Le 5 octobre 1914, tout près de Reims, se déroule le premier combat aérien de
l’histoire de l’aviation militaire, avec un avion allemand abattu par un
appareil français.
Très vite l’affrontement aérien va devenir une affaire de spécialistes, une
guerre des meilleurs, des « as » du pilotage. Ce sont les Français qui ont
employé les premiers cette expression qui a été reprise par les Allemands par la
suite. Ces combats aériens sont magnifiés aussi bien par l’opinion publique que
par les pilotes eux-mêmes : l’aviation possède un côté noble, chevaleresque.
Afin de motiver les pilotes, des « tableaux de chasse » sont tenus et un
concours du meilleur d’entre eux, à savoir « l’as des as », est officieusement
lancé. On compte même les dirigeables abattus comme des avions pour améliorer
son score. La compétition est grande entre les « As » tant au sein d’un camp
qu’entre ennemis.
Aujourd’hui encore certains s’opposent quant aux victoires homologuées ou
non-homologuées : une victoire n’est homologuée que s’il y a au moins deux
témoins de la scène. Les seuls dires du pilote vainqueur ne suffisent pas. Cette
lutte des As permet aussi d’exacerber le sentiment nationaliste de la population
de chacun des belligérants notamment par le biais des revues d’aviation ou dans
les quotidiens qui relatent leurs exploits. On ne compte plus les récits des as
se battant seuls contre trois adversaires, voire plus, sur l’héroïsme de
certaines figures aériennes ou encore de stratagèmes d’attaque plus qu’osés.
Le classement des As change souvent, plus par « forfait » d’un adversaire (son
décès prématuré !) que grâce aux qualités techniques de l’avion proprement
dites. Longtemps ce sont les Français qui ont été en tête du classement jusqu’à
la mort de Guynemer, mais l’As des As entré dans l’histoire est allemand :
Manfred von Richthofen dit le Baron Rouge, avec 80 victoires homologuées. Le
français René Fonck le talonne avec 75 victoires homologuées, même si ce dernier
en revendiquait 52 supplémentaires.
La popularité d’un pilote dépend plus de son charisme et de son comportement au
sol, que du nombre d’avions ennemis abattus. Une victoire avec panache vaut tous
les compteurs. Le jeune âge du pilote entre aussi en ligne de compte : Guynemer
abattu à tout juste 22 ans et 54 victoires, a plus marqué les mémoires que René
Fonck, pourtant l’As des As français, décédé après-guerre. Le respect est mutuel
entre ces pilotes et chacun encense les techniques de combats et de vol de
l’autre.
Toutes les nations ayant participé au conflit mondial ont engagé des moyens
aériens et toutes ont un « as » : les Britanniques peuvent revendiquer plusieurs
as puisqu’ils comptent ceux des pays membres du Commonwealth, soit 263 victoires
pour l’ensemble de l’Empire britannique.
Les tactiques de combat aérien se mettent en place avec un avantage pour les
allemandes : les pilotes allemands préféraient les grandes formations, que l’on
appellera « cirques ». La formation attaque en piqué avec le soleil dans le dos,
afin de rester invisible à l’ennemi jusqu’au dernier moment, ce qui laisse très
peu de temps à l’adversaire pour réagir. Les pilotes de chasse allemands
utilisent la couverture nuageuse comme refuge avant et après les attaques en
piqué.
Quant aux Britanniques, les formations sont composées de six avions. Le chef de
patrouille est devant avec un appareil de chaque côté, formant un V. Deux autres
appareils se trouvent au-dessus et à l’arrière, tandis que le sous-chef de
patrouille se place derrière la formation. Lorsque le combat s’engage, le groupe
se sépare par paires, l’une attaquant et l’autre assurant sa défense. Plus tard,
les observateurs embarqués fixeront des miroirs alignés sur la mitrailleuse pour
aveugler les assaillants avec le soleil.
Quelques grands noms
René Fonck dit la Cigogne Blanche, 1894-1953
75 victoires homologuées, et 52 victoires non-homologuées selon R. Fonck
L’ « As des As » français, mais second au classement derrière le Baron Rouge. En
tant que pilote de chasse, sa technique de combat consiste essentiellement à
surprendre l’adversaire, lui porter un coup décisif au plus près et avec un
minimum de munitions, et se soustraire à sa riposte. Il rejoint l’escadrille des
« cigognes », le Groupe de combat 12, dont l’emblème rend hommage à
l’Alsace-Lorraine alors occupée.
René Fonck termine la guerre avec tous les honneurs et le grade de lieutenant,
arborant une Croix de guerre 1914-1918 avec 28 palmes et une étoile. Il arborait
sur son SPAD XIII une cigogne blanche emblème de son escadrille.
Alors en pleine gloire, Fonck est le porte-drapeau de l’aviation française lors
du défilé de la victoire le 14 juillet 1919.
Cependant son aura sera ternie suite à sa participation au gouvernement de Vichy
et ce, malgré ses actions au sein de la résistance avec le réseau Rafale.
Aujourd’hui encore, le commandement de l’armée de l’air écarte les propositions
du nom de Fonck faites par les élèves officiers de l’École de l’air comme
parrain de leur promotion, et ce alors que la cigogne blanche de ce glorieux
ancêtre figure toujours sur les avions de l’escadrille des cigognes.
Charles Nungesser, 1892-1927
43 victoires homologuées, et 11 non-homologuées.
Celui qui était surnommé le « Hussard de la Mors » (en raison de ses virées dans
une automobile Mors prise aux Allemands) était une véritable tête brulée,
d’ailleurs la liste de ses blessures égale celle de ses décorations : Légion
d’honneur, Croix de guerre 1914-1918 avec 28 palmes, Médaille militaire, The
Military Cross, l’Ordre de Léopold avec palmes et la Distinguished Service
Cross.
Il fait peindre sur son Nieuport 17 son emblème personnel qui était des plus
remarquables : dans un cœur peint en noir, une tête de mort avec deux tibias
entrecroisés, surmontée par un cercueil encadré par deux chandeliers.
Fin 1925, il s’inscrit au Prix Orteig qui doit récompenser la traversée de
l’Atlantique Nord reliant Paris et New-York dans n’importe quel sens. Il
s’envole le 8 mai 1927 avec François Coli, son navigateur, afin de réaliser la
1ère traversée de l’Atlantique en vol sur le biplan Levasseur PL.8, baptisé
l’Oiseau blanc. Ils sont portés disparus au large de St Pierre et Miquelon. Deux
semaines plus tard, l’aviateur américain Charles Lindbergh réussit la traversée
sur le Ryan NYP Spirit of Saint-Louis.
Georges Guynemer, 1894-1917
54 Victoires homologuées, et 35 non-homologuées.
Décorations de Georges Marie Ludovic Jules Guynemer : Médaille militaire,
officier de la Légion d’Honneur à 21 ans, et Croix de Guerre avec 24 palmes.
Jugé inapte et trop fragile par l’armée de terre, il parvient à intégrer l’armée
de l’air grâce à son acharnement. Il récupère un vieux Morane-Saulnier Type L,
surnommé le « Vieux Charles », car il avait appartenu au sergent Charles
Bonnard. Guynemer gardera ce surnom sur tous ses appareils. Il intègre très vite
l’escadrille 103 dite des « cigognes », avant d’en prendre la tête. Pilote
fougueux et courageux, il s’illustre sur son SPAD VII.
Il est abattu le 11 septembre 1917 en combat aérien à Poelkapelle en Belgique, à
seulement 22 ans. Son corps n’a jamais été retrouvé. Sa mort choque l’opinion
publique et suscite de nombreux hommages de la part de ses compagnons et de ses
adversaires.
Il accède tout de suite au statut de légende de l’aviation et reste encore
aujourd’hui une référence dans le monde de l’aéronautique.
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