Campagne des Balkans
La campagne des Balkans est une série d'opérations militaires entreprises par
les forces du Royaume d'Italie et du Troisième Reich allemand contre l'ensemble
des pays de la péninsule des Balkans, à savoir l'Albanie, la Yougoslavie et la
Grèce, du 26 avril 1939 au 1er juin 1941. Elle s'est soldée par la victoire des
forces de l'Axe, privant l'Empire britannique du contrôle stratégique qu'il
exerçait sur la région (par le biais surtout de leur présence en Grèce). Elle
conduisit également à la mise en place de la Solution finale dans la région
occupée.
Contexte stratégique initial
Au pouvoir en Italie depuis 1922, le dictateur fasciste Benito Mussolini mène
une politique expansionniste visant à l'établissement au long terme d'un nouvel
Empire romain en Méditerranée. Jaloux de l'hégémonie allemande en Europe
centrale due à l'annexion de l'Autriche, des Sudètes puis de la Bohème-Moravie,
Mussolini veut étendre le territoire de son pays pour en faire la deuxième
puissance de l'Axe. Présent en Libye dès 1911 et en Éthiopie depuis 1936, le
Duce considère la péninsule des Balkans comme sa chasse gardée. Son désir de
conquête est attisé lorsque la Roumanie, considérée par les Italiens comme
appartenant à leur sphère d'influence, adhère au pacte tripartite et donne à
l'Allemagne le monopole de ses champs pétrolifères.
De plus, la présence britannique en Grèce inquiète les forces de l'Axe, à cause
de la menace d'une possible ouverture d'un front au Sud comme à Salonique
pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie, neutre jusqu'alors dans le
conflit mondial, constitue également un allié potentiel pour les Britanniques
qui peuvent chercher à la rallier à leur cause. Par ailleurs, l'occupation des
Balkans s'impose comme un pas de plus vers l'isolement de l'Égypte, que les
Britanniques défendent depuis septembre 1940 face aux Italiens installés en
Cyrénaïque.
Enfin, la jonction du Reich et de l'Italie au travers de l'Autriche désormais
allemande offre de nouvelles opportunités en matière d'invasion terrestre en
direction des Balkans. En parallèle, la capitulation de la France en juin 1940
et son occupation partielle par les Italiens libère l'Italie de la menace que
représentait la France quand celle-ci garantissait par une alliance militaire,
dite de la Petite Entente, la Tchécoslovaquie (disloquée depuis 1939), la
Roumanie depuis lors liée à l'Axe, et la Yougoslavie.
Invasion de l'Albanie
Début 1939, l'Albanie s'impose comme un premier objectif évident dans la
conquête italienne de la région des Balkans. Déjà occupée par les Italiens lors
de la Première Guerre mondiale, sa proximité avec l'Italie favorise les
conditions de débarquement et l'appui aérien de la Regia Aeronautica. De plus,
l'île de Sazan le port albanien de Vlorë sont d'une importance première dans la
stratégie du Duce, car leur contrôle permettrait aux Italiens de verrouiller
l'accès à la mer Adriatique qui borde la Yougoslavie, ce qui déboucherait sur
des possibilités de blocus du pays, et interdirait tout débarquement allié dans
la région. L'Albanie constitue en conséquence une tête de pont parfaite pour
envahir l'ensemble de la péninsule grecque.
Prémices
Auparavant occupée par l'Empire ottoman, L'Albanie accède à l'indépendance en
1912. L'Autriche-Hongrie et l'Italie sont alors à l'origine de la création d'un
État albanien indépendant, dans le but d'éviter que l'Empire russe ne prenne le
contrôle de la région. Cependant, en 1914, les Italiens saisissent le contexte
de la Première Guerre mondiale pour occuper le sud de l'Albanie ; à l'issue du
conflit, les Américains les forcent à retirer leurs troupes du sol albanais dès
1920.
Rome se tournera à nouveau vers l'Albanie deux ans plus tard, avec la montée au
pouvoir du Duce. Dès 1925, les Italiens font des investissements dans l'économie
albanaise, Tirana les ayant autorisés à exploiter leurs ressources minérales. Si
les deux parts ratifient des traités consacrant une alliance défensive en 1926
puis 1927 pendant que l'Italie aide au développement du petit État par des prêts
bancaires et des formations militaires, c'est pour favoriser les implantations
de colons italiens sur le territoire outre-Adriatique.
Cependant, le roi Zog Ier refuse en 1931 de renouveler le traité signé en 1926,
malgré la pression exercée sur le gouvernement par Rome. Mieux, il délaisse
progressivement les Italiens pour se tourner vers le reste des Balkans, la
Yougoslavie et la Grèce, avec qui il conclura des alliances commerciales.
Mussolini répondit par l'envoi de navires de guerre.
L'invasion italienne de l'Albanie s'explique également par le parallèle allemand
que constitue l'Anschluss et l'annexion de la Tchécoslovaquie au Reich. Le Duce
veut concurrencer son allié dans les Balkans avant qu'il ne s'y intéresse.
Hitler ayant tenu les Italiens a l'écart lors des annexions successives,
Mussolini va répondre de la même manière.
Si le roi d'Italie Victor-Emmanuel III critique ouvertement le risque que
présente le plan de son Président du Conseil ce dernier envoie un ultimatum à
Tirana le 25 mars 1939, exigeant l'autorisation de la présence de troupes
italiennes sur le sol albanais. Zog Ier refusa tous les compromis ; le Duce
prépara l'invasion.
Campagne d'Albanie
Le 7 avril 1939, sur ordre de Mussolini, l'armée italienne envahit le Royaume
d'Albanie. Un corps expéditionnaire dirigé par le général Alfredo Guzzoni et
fort de 100 000 hommes et 94 chars, transporté par 16 cargos protégés par une
flotte comprenant 2 cuirassés, 7 croiseurs, 13 destroyers et 14 torpilleurs et
divisé en 3 groupes est débarqué entre le 7 et le 9 avril dans plusieurs ports
albanais.
Face à une telle concentration de troupes et de moyens, la petite armée
albanaise, dont les effectifs, policiers et gendarmes compris, n'atteignaient
pas les 20 000 hommes, ne peut tenter aucune action sérieuse de résistance. Le
seul cas connu d'opposition armée fut celui des gendarmes du port de Durrës.
Le 7 avril 1939, une division italienne forte de 10 000 hommes débarque dans le
port albanais de Durrës, à l'avant-garde de plus de 100 000 envahisseurs. 360
gendarmes albanais et les 140 marins de la marine royale en garnison au port
défendent la ville. Dirigés par le colonel Abaz Kupi et le capitaine de corvette
Mujo Ulqinaku qui meurt durant la bataille, ils tiennent non seulement plus de
trente-six heures les soldats italiens en échec, mais repoussent également le
premier assaut de la division italienne du général Giovanni Messe. Finalement,
cette dernière ne doit son succès final que grâce à l'intervention de blindés et
d'automitrailleuses contre lesquels les Albanais ne pouvaient se défendre. Au
total, les Italiens comptabilisent 400 morts et une centaine de blessés tandis
que les assiégés ne déplorent qu'environ 160 pertes.
C'est la seule bataille d'envergure de la campagne d'Albanie.
la guerre italo-grecque, l'échec italien et l'intervention allemande
L'Italie échoua face à la résistance grecque rendant l'intervention allemande
nécessaire.
L'Allemagne, en pleine préparation de l'opération Barbarossa, dut contrarier ses
plans. Elle étudia un plan pour aider son allié italien en passant par la
Yougoslavie. Hitler demanda alors à la Yougoslavie d'adhérer au pacte
tripartite, ce qu'elle fit le 25 mars 1941.
Cependant deux jours plus tard, un coup d'État en Yougoslavie permit à celle-ci
de basculer du côté des Alliés, mettant, en Albanie, l'armée italienne dans une
position intenable. L'OKH prépara de toute urgence une invasion simultanée de la
Yougoslavie et de la Grèce, l'opération MARITA.
De leurs côtés, les Britanniques envoyèrent un corps expéditionnaire en Grèce,
prélevé à partir des troupes d'Afrique du Nord, ce qui eut pour effet
d'affaiblir leurs forces dans ce secteur.
L'offensive allemande démarra en avril 1941 à partir de trois axes : le Nord de
la Yougoslavie, à partir de l'Autriche et de la Hongrie, l'Est de la Yougoslavie
à partir de la Roumanie, le Sud de la Yougoslavie à partir de la Bulgarie. Très
rapidement l'armée yougoslave fut anéantie. L'offensive fut facilitée par des
mouvements indépendantistes croates.
Puis, à partir de la Macédoine, les forces allemandes entrèrent en Grèce,
contournant la ligne Métaxas. Le corps expéditionnaire anglais fut contraint
d'évacuer rapidement, provoquant un second Dunkerque. Seule l'île de Crète
restait aux mains des Alliés, qui fut conquise par la suite par les Allemands au
cours de l'opération aéroportée Merkur (voir aussi bataille de Crète).
L'opération Merkur fut une nouvelle victoire allemande, cependant elle retarda
l'invasion de l'Union soviétique qui était initialement prévue le 1er avril 1941
et ne débuta que le 22 juin 1941.
La campagne des Balkans se prolongea par des guerres de résistances - en Grèce,
en Albanie, et surtout en Yougoslavie, avec un conflit particulièrement intense
- qui durèrent jusqu'à la fin de la guerre en Europe. L'offensive sur Belgrade,
en octobre 1944, par l'Armée rouge porte toutefois un coup décisif au cours du
conflit.
Forces en présence
Allemagne:
680 000 hommes
1 200 chars
700 avions
Italie:
560 000 hommes
Grèce:
540 000 hommes
Commonwealth:
58 000 hommes
Pertes
Italie:
13 755 morts
63 142 blessés
25 067 disparus
Allemagne:
1 099 morts (2 559)
3 752 blessés (5 820)
385 disparus (3 169
Grèce:
13 325 morts
62 663 blessés
1 290 disparus
Commonwealth:
903 morts
1 250 blessés
13 958 prisonniers
Invasion des Balkans avril 1941
L'administration allemande de l'Europe du Sud, 1943