Campagne de Tunisie
Campagne 1942-1943
La campagne de Tunisie, également connue sous le nom de bataille de Tunisie, est
un ensemble de batailles de la Seconde Guerre mondiale qui ont lieu en Tunisie
(alors sous protectorat français) entre le 17 novembre 1942 et le 13 mai 1943.
Elles opposent les forces de l'Allemagne nazie (80 000 hommes) et de l'Italie
fasciste (110 000 hommes) aux forces alliées composées de 130 000 soldats
britanniques, de 95 000 soldats américains et d'environ 75 000 soldats français
et coloniaux de l'armée d'Afrique et des Forces françaises libres.
La campagne débute par des succès allemands mais la supériorité en nombre et en
armement des Alliés conduit finalement à la défaite complète des Allemands :
elle se traduit par 275 000 prisonniers de guerre allemands, principalement
issus de l'Afrika Korps, et italiens.
Contexte
La plupart des batailles d'Afrique du Nord ont lieu à l'est des bases et dépôts
italiens d'armement situés en Libye. Au début de la guerre du désert, les deux
camps manquent d'approvisionnement en armes et les grandes batailles durent tant
que l'un des camps ne fait pas la différence dans la quantité d'armement à sa
disposition. En 1942, la situation évolue en faveur des Britanniques. La Royal
Navy réussit à déloger la flotte italienne de Méditerranée et permet ainsi la
circulation des navires en provenance du Royaume-Uni, tandis que la maîtrise de
Malte par la Royal Air Force (RAF) empêche le ravitaillement en armes des
Italiens par la mer.
La majeure partie du pays fait partie du prolongement occidental du golfe de
Syrte, la frontière occidentale avec l'Algérie étant définie par la chaîne de
montagnes de l'Atlas. Néanmoins, la côte nord de la Tunisie est largement «
ouverte ». Toutefois, au sud, il existe une chaîne de collines parallèle à la
côte, les monts Matmata, et la seule possibilité d'approche consiste à emprunter
l'étroite plaine qui les séparent de la mer. Or, les Français avaient construit
quelques années auparavant une série d'ouvrages défensifs sur une bande de vingt
kilomètres de large et trente kilomètres de long, la ligne Mareth, afin de faire
face à une possible invasion italienne venant de Libye. En général, la Tunisie
offre une base d'opérations excellente et plutôt facile à défendre. Les lignes
défensives au nord pourraient faire face à l'arrivée des troupes alliées de
l'Opération Torch tandis que la ligne Mareth rend le sud très sûr. Entre les
deux ne se situent que quelques passages vulnérables à travers les montagnes de
l'Atlas. De plus, la Tunisie offre deux ports en eaux profondes, Tunis et
Bizerte, situés à moins de 200 kilomètres des bases militaires italiennes de
Sicile. L'armement peut y être acheminé en une nuit, afin d'échapper à la
surveillance des patrouilles de la RAF, tandis que le trajet Italie-Libye prend
une bonne journée rendant les opérations de transport particulièrement
vulnérables.
Selon Adolf Hitler, la Tunisie pouvait tenir pendant des mois voire des années,
contrariant ainsi les plans des Alliés en Europe.
Déroulement
Consolidation de l'Axe
Les forces de l'Opération Torch, connues sous le nom de Eastern Task Force
(Corps expéditionnaire oriental), planifient de faire suivre leurs parachutages
par des attaques de commandos et de troupes aéroportées en Tunisie. Mais ces
plans sont contrariés lorsque les autorités locales du gouvernement de Vichy
entrent dans de longues discussions pour savoir si elles doivent ou non soutenir
les Alliés, poussant ces derniers à laisser des garnisons d'hommes basées d'un
bout à l'autre de l'Afrique du Nord. Pourtant, même si cette tactique permet
d'établir des bases avancées et de pré positionner du matériel, aucune offensive
n'est toutefois entreprise. Une rapide avancée en Tunisie aurait été possible si
elle avait été décidée immédiatement, mais ce n'est pas le cas à l'époque. Le
général Dwight Eisenhower écrira plus tard : « Les opérations américaines ont
violé tous les principes de guerre reconnus ». Quant aux responsables français
en Tunisie, ils n'arrivent pas à choisir leur camp et ne ferment l'accès à leurs
terrains d'aviation à aucun des deux camps. Dès le 10 novembre 1942, l'armée de
l'air italienne envoie une escadre de 28 bombardiers à Tunis.
Deux jours plus tard, un pont aérien débute, débarquant plus de 15 000 hommes et
581 tonnes de matériel, accompagné de navires transportant 176 tanks, 131 pièces
d'artillerie, 1 152 véhicules et 13 000 tonnes de matériel. À la fin du mois,
ces navires ont convoyé trois divisions allemandes dont la 10e Panzerdivision et
deux divisions d'infanterie italiennes. Le 12 novembre, Walther Nehring prend le
commandement du Corps XC
Tentative de poussée alliée vers Tunis
Finalement, le 22 novembre, un accord prévoit le placement des autorités
tunisiennes de Vichy dans le camp allié, permettant aux troupes des garnisons
alliées d'être envoyées sur le front. À ce moment-là, l'Axe a réussi à
constituer un corps entier et les forces allemandes surpassent leurs adversaires
alliées sur presque tous les plans.
Mettre carte3
Les deux camps se rencontrent pour la première fois au Djebel Abiod le 17
novembre, jour de l'arrivée de Nehring, mais ce dernier ordonne une retraite
humiliante. L'Eastern Task Force britannique poursuit son avancée et atteint
Sidi Nsir le 18 puis Medjez el-Bab dans la nuit du 19 au 20 et approche d'El
Aroussa le 23. Toutefois, la première véritable offensive alliée démarre le 25
novembre. Le plan allié consiste à percer les lignes de l'Axe puis à se séparer
en deux colonnes pour prendre Bizerte et Tunis. Une fois Bizerte prise,
l'Opération Torch prendrait fin. Les premiers affrontements ont lieu dès ce
jour-là : Nehring ordonne à nouveau des attaques mais se retire de Medjez el-Bab
durant la nuit. La Luftwaffe, ravie de posséder la supériorité aérienne dans le
ciel de la Tunisie, au moment où les avions alliés s'établissent sur de
nouvelles bases en Algérie, cause de sérieux dommages parmi les colonnes alliées
se dirigeant vers l'ouest au cours des deux jours suivants. Pourtant, un petit
groupe de tanks M3 Grant atteint la base aérienne de Djedeida dans l'après-midi
et parvient à détruire un certain nombre d'appareils au sol avant de se retirer
derrière les lignes alliées.
L'Eastern Task Force avance en direction du nord-est, prenant la place des
forces de l'Axe en retraite, alors que Nehring et son Corps XC installe une
nouvelle ligne défensive à Djedeida (à seulement 30 kilomètres de Tunis). La 78e
division du général Vivian Evelegh (en) vient à sa rencontre le 28 novembre mais
ils sont repoussés après avoir perdu 30 hommes tués et 86 faits prisonniers de
guerre. Ils lancent une seconde offensive mais perdent facilement cinq tanks
face aux armes anti-chars positionnées dans la ville. Le 1er décembre, les
forces de l'Axe organisent une contre-attaque. Au cours des quatre jours
suivants, ils réussissent à repousser les Alliés jusqu'à leur point de départ.
Finalement, le 10 décembre, les unités alliées tiennent une ligne défensive à
l'est de Medjez el-Bab. Cette série de défaites alliées coûte à ces derniers
plus de 1 000 disparus (prisonniers de guerre), 73 tanks, 432 autres véhicules
et 70 pièces d'artillerie.
Dès lors, les Alliés commencent à préparer une autre attaque et sont prêts à la
lancer à la fin décembre. La mise en place continue mais lentement et conduit le
niveau des forces alliées à un total de 20 000 Britanniques, 11 800 Américains
et 7 000 Français libres. Des renseignements précis indiquent environ 25 000
combattants et 10 000 troupes de service, principalement allemands, en face
d'eux.
Dans la nuit du 16 au 17 décembre, une compagnie de la 1re division d'infanterie
américaine opère un raid sur Meknassy, à 250 kilomètres au sud de Tunis, et
capture 21 Italiens. La principale attaque commence dans l'après-midi du 22
décembre malgré la pluie et les moyens aériens insuffisants. Des unités de la
1re division américaine et les Coldstream Guards britanniques effectuent une
percée jusqu'aux pieds de Longstop Hill (colline située entre Medjez el-Bab et
Tebourba) qui surplombe la vallée de la Medjerda et ouvre la voie menant à
Tunis2. Mais deux jours plus tard, une contre-attaque allemande stoppe cette
avancée et, au 26 décembre, les Alliés se retirent de la ligne qu'ils occupaient
deux semaines plus tôt après avoir perdu 534 hommes. La tentative de prise de
Tunis par les Alliés est ainsi provisoirement stoppée.
Impasse
Deux soldats britanniques sur une colline surveillant Mateur.
Alors que les batailles s'apaisent, le factionnalisme des Français resurgit. Le
24 décembre, François Darlan est assassiné et Henri Giraud est choisi par le «
Conseil impérial » pour le remplacer.
Les Allemands sont également confrontés à quelques contretemps. Nehring,
largement considéré comme un excellent commandant, a fortement irrité ses
supérieurs par ses franches critiques. Avant l'hiver, ils décident de le
remplacer en faisant passer ses forces dans la 5e Panzerdivision sous le
commandement du général Hans-Jürgen von Arnim. Cette armée est composée d'unités
d'infanterie lourde de la Division von Broich (devenue plus tard la Division von
Manteuffel) positionnée dans la région de Bizerte, de la 10e Panzerdivision de
la région Centre ainsi que de la Division Superga (1st Mountain Infantry
Division Superga) italienne sur son flanc sud. De la mi-novembre à janvier 1943,
112 000 hommes et 101 000 tonnes de matériel et d'équipements parviennent à
arriver en Tunisie, ce qui frustre les Alliés en raison de leur supériorité
navale.
Pendant ce temps, Eisenhower transfère les unités restantes du Maroc et de
l'Algérie en Tunisie. Au nord, l'Eastern Task Force commandée par le général
Kenneth Anderson est transformée en 1re armée britannique composée de cinq
divisions dont trois divisions supplémentaires rejoignant la 6e division blindée
britannique et la 78e division d'infanterie britannique déjà stationnées en
Tunisie. Au sud, un corps français formé de deux divisions se constitue. Au
centre, un nouveau 2e corps d'armée américain commandé par le général Lloyd
Fredendall regroupe la majeure partie de six divisions : les 1re, 3e, 9e et 34e
divisions d'infanterie ainsi que les 1re et 2e divisions blindées. Les
Américains commencent aussi à construire un complexe de bases logistiques en
Algérie et en Tunisie avec comme objectif final de mettre en place une base
avancée à Meknassy, sur le flanc oriental des montagnes de l'Atlas, sur une
position privilégiée permettant de barrer la route aux forces d'Erwin Rommel
provenant du sud.
Rommel contre les Américains
Pendant ce temps, Rommel élabore des plans de retraite vers la ligne Mareth.
Ceci aurait laissé aux forces de l'Axe le contrôle des deux entrées naturelles
de la Tunisie (au nord et au sud) avec, entre les deux, des cols de montagne
faciles à défendre. Le 23 janvier 1943, la 8e armée britannique s'empare de
Tripoli alors que Rommel se trouve bien plus à l'ouest.
À cette période, des éléments des forces américaines pénètrent en Tunisie à
travers des cols de l'Atlas algérien, contrôlant ainsi l'intérieur d'un triangle
cerné par les montagnes. Leur position a l'avantage de pouvoir de couper l'Afrika
Korps des forces de Von Arnim au nord. Rommel ne peut laisser cette situation
s'établir et décide d'attaquer ces forces avant qu'elles ne constituent une
menace trop importante.
Le 30 janvier, la 21e Panzerdivision rencontre des éléments des forces
françaises près de Faïd, le principal passage entre le versant oriental des
montagnes et la plaine littorale. Elle les écrase et encercle deux bataillons
américains à proximité, les Français étant trop éloignés pour leur porter
secours. Plusieurs contre-attaques ont lieu, incluant des forces de la 1er
division blindée américaine, mais elles sont repoussées facilement. Après trois
jours de combats, les Américains abandonnent et leurs lignes reculent dans les
plaines intérieures, une nouvelle ligne défensive étant établie près de la
petite ville de Sbeïtla.
Char de la re division blindée américaine à Kasserine
Les Allemands tentent dès la semaine suivante de s'emparer de Sbeïtla. Les
forces américaines y tiennent pendant deux jours puis la défense de la ville
tombe dans la nuit du 16 février et la ville est évacuée le 17 à midi. Ceci
laisse la totalité des plaines intérieures du pays aux mains des Allemands,
tandis que les forces alliées restantes effectuent une retraite vers l'ouest
jusqu'aux deux cols de Sbiba et Kasserine. À ce moment, dans le camp allemand,
on discute de ce qu'il faut faire par la suite. En effet, toute la Tunisie est
sous contrôle de l'Axe et il y a peu à faire avant que la 8e armée britannique
soit défaite.
L'offensive allemande s'arrête même alors que les forces américaines se retirent
dans la confusion. Finalement, Rommel décide que son objectif est de mettre la
main sur l'armement américain, de l'autre côté des montagnes (en Algérie), ce
qui gênerait fortement toute action américaine venant de l'ouest. Le 19 février
1943, Rommel lance ce qui allait être connu sous le nom de bataille de
Kasserine. Deux jours durant, il enfonce les défenses américaines : l'Afrika
Korps perd peu d'hommes tandis que les Américains en perdent 6 000 ainsi que les
deux-tiers de leurs tanks.
Dans la nuit du 21 février, les troupes britanniques, prélevées des lignes
britanniques qui faisaient face aux Allemands à Sbiba, arrivent pour soutenir la
défense américaine. Toutefois, le jour se lève avec une autre offensive
allemande contre les Américains jusqu'à l'arrivée de quatre bataillons
d'artillerie américains qui rendent les attaques allemandes délicates. Faisant
face à une défense tenace et apprenant que des éléments de tête de la 8e armée
britannique ont déjà atteint Médenine, situé à quelques kilomètres de la ligne
Mareth tenue par les Allemands, Rommel décide d'abandonner l'attaque et de se
retirer vers la ligne dans la nuit du 22 février, espérant que l'attaque aura
causé assez de dégâts aux Alliés pour empêcher toute action depuis le nord dans
un futur proche. Les forces de Rommel atteignent l'extrémité occidentale de la
ligne Mareth le 25 tandis que les Britanniques sont positionnés sur l'extrémité
orientale depuis le 17 et envoient des sondes en direction de l'ouest le 26. Le
6 mars, la majorité des forces de Rommel, trois divisions blindées et deux
divisions légères, ainsi que des éléments de trois divisions italiennes, lancent
l'opération Capri, attaque lancée vers le sud (en direction de Médenine), le
plus au nord des points stratégiques britanniques. La réponse d'artillerie
britannique est intense, repoussant l'attaque de l'Axe et détruisant 55 de leurs
150 tanks.
Puis l'action se relâche pendant un temps et les deux camps analysent les
résultats des batailles récentes. Rommel reste convaincu que les forces
américaines constituent une faible menace tandis que les Britanniques sont à un
niveau équivalent. Il maintient cette opinion longtemps, ce qui se révèle très
coûteux dans l'avenir. En effet, les Américains analysent la bataille, relèvent
plusieurs officiers supérieurs et publient des rapports pour améliorer leurs
combats. Plus important, le 6 mars, le commandement du 2e corps d'armée
américain passe de Fredendall à George Patton assisté d'Omar Bradley. On
rappelle aux commandants que de grandes unités doivent être maintenues
concentrées sur le champ de bataille au lieu d'être dispersées comme elles l'ont
été avec Fredendall. Cela aura pour avantage d'améliorer le tir de la puissante
artillerie américaine. Le soutien aérien rapproché s'est révélé faible, et, même
si des améliorations ont été apportées, on n'obtient pas de solution totalement
satisfaisante jusqu'à la bataille de Normandie.
Montgomery enfonce les lignes ennemies
Soldats britanniques sur la ligne Mareth
Chars à l'entrée d'El Hamma le 29 mars 1943
Montgomery lance une attaque majeure, baptisée Opération Pugilist, contre la
ligne Mareth dans la nuit du 19 mars au 20 mars 1943. Des éléments de la 50e
division d'infanterie britannique enfoncent la ligne et établissent une tête de
pont à l'ouest de Zarat les 20 et 21 mars. Mais une contre-attaque déterminée
par la 15e Panzerdivision détruit la poche et rétablit la ligne le 22.
Le 26, le général Brian Horrocks (à la tête du Corps X britannique), contourne
les monts Matmata, traverse la vallée de Tebaga et prend la ville d'El Hamma à
la pointe nord de la ligne. Ce mouvement sur le flanc rend la ligne Mareth très
difficile à tenir. Le lendemain, des unités allemandes et italiennes tentent de
stopper l'avancée d'Horrocks, avec des batteries anti-chars stratégiquement
placées, dans une tentative pour gagner du temps dans la retraite. En moins de
48 heures, les défenseurs de la ligne Mareth marchent sur 60 kilomètres vers le
nord-ouest et installent de nouvelles positions défensives sur l'oued Akarit
près de Gabès.
Avec le meilleur ouvrage défensif de la région aux mains des Britanniques et
sans aucun signe de ralentissement de la 8e armée, Rommel retourne en Allemagne
pour essayer de convaincre Hitler d'abandonner la Tunisie et de replier l'Afrika
Korps en Europe. Hitler refuse et Rommel est mis sur la touche.
Libération de Gabès
À ce point là de la campagne, le 2e corps américain, réorganisé, a passé les
cols et s'est positionné à l'arrière des lignes allemandes. La 10e
Panzerdivision est harcelée et se trouve repoussée vers l'intérieur. Les deux
camps se rencontrent à la bataille d'El Guettar le 23 mars : la bataille
ressemble d'abord aux premiers affrontements de la campagne avec des chars
allemands enfonçant les premières lignes américaines.
Pourtant, ils entrent assez vite dans un champ de mines américain et, sitôt
après, l'artillerie américaine et les unités anti-chars ouvrent le feu contre
eux. Le 10e Panzerdivision perd 30 chars sur une courte période et doit se
retirer du champ de mines. Une seconde attaque est lancée en fin d'après-midi,
cette fois-ci appuyée par l'infanterie, mais est également contre-carrée : le
10e division doit se replier sur Gabès.
Cependant, les Américains sont incapables de tirer avantage de l'échec allemand
et attendent pendant plusieurs semaines pour pousser l'infanterie italienne hors
de deux collines stratégiques situées sur la route de Gabès. Des tentatives
majeures et répétées auraient permis une progression mais elles auraient été
repoussées par de petites unités de la 10e division et de la 21e Panzerdivision
qui auraient pris la route depuis Gabès en une heure environ. Un meilleur
soutien aérien aurait rendu cette « défense mobile » difficile mais la
coordination entre l'armée de l'air et les forces terrestres a toujours été un
problème pour les Alliés.
La 8e armée britannique et le 2e corps américain continuent leurs attaques la
semaine suivante et, finalement, la 8e armée perce les lignes et force l'Afrika
Korps à abandonner Gabès et à effectuer une retraite pour rejoindre les autres
forces de l'Axe stationnées plus au nord. Les collines faisant face aux forces
américaines sont également abandonnées, ce qui leur permet de faire la jonction
avec les forces britanniques plus tard dans la journée. À ce stade, la bataille
devient une guerre d'usure.
Fin de partie
Carte des opérations entre le 20 avril et le 13 mai 1943
La dernière étape pour libérer la Tunisie commence en avril 1943. À ce
moment-là, les forces germano-italiennes sont cantonnées derrière une ligne
défensive au nord-est de Tunis et cherchent à protéger leurs lignes armées avec
peu d'espoir de continuer la bataille très longtemps. Les forces alliées se sont
reconstituées, le 2e corps américain s'est positionné au nord, la 1re armée
britannique au centre, et la 8e armée britannique au sud-est.
Pendant que les Alliés préparent leur prochain mouvement, les Allemands testent
le centre britannique en lançant une attaque conduite par la division Hermann
Göring dans la nuit du 20 au 21 avril. Même s'ils parviennent à pénétrer de 8
kilomètres en certains points, ils ne peuvent provoquer de retraite générale et
finalement rejoignent leurs lignes. Le 22, la 46e division d'infanterie
britannique recule : les pertes sont élevées des deux côtés mais les
Britanniques avancent. Le lendemain, le front allié tout entier attaque et, en
trois jours, les lignes allemandes tombent.
Le 7 mai, l'armée britannique entre enfin à Tunis et l'infanterie américaine à
Bizerte. Mais, à Takrouna, dans le réduit du Djebel Zaghouan, les troupes de
l'Axe résistent encore farouchement.
La 1re division française libre est en ligne face à la crête des Djebillat tenue
par les grenadiers de la 90e Leichte Division. Le 11 mai au matin, appuyés par
l'artillerie du 1er régiment d'artillerie de marine, les bataillons de marche 4
et 5 passent à l'attaque pour s'emparer de la ligne de crête, le premier face
aux blockhaus de la cote 136 ouest et le second face à ceux de la cote 150. Les
combats sont violents et les pertes élevées de part et d'autre, mais les
objectifs des Français libres sont conquis dans la matinée.
Six jours plus tard, la dernière tentative de résistance de l'Axe en Afrique
s'achève avec la reddition de plus de 168 000 combattants selon le général
Kenneth Anderson, beaucoup d'entre eux tout juste arrivés de Sicile où ils
auraient été plus utiles par la suite. Le jeu désespéré de l'Axe a seulement
retardé l'inévitable résultat d'une saison peut être, la défaite américaine à
Kasserine étant peut-être la meilleure chose qui leur soit arrivée. Avec une
Afrique du Nord à présent aux mains des Alliés, les efforts vont rapidement être
consacrés à l'invasion de la Sicile puis de l'Italie.
Environ 250 000 soldats de l’Axe sont faits prisonniers. Les Alliés comptent
plus de 60 000 tués, blessés ou disparus, dont 10 000 Français sur les quelque
75 000 engagés.
Armée française dans la campagne de Tunisie
L'ensemble des forces françaises (détachement d'armée française) qui participe à
la campagne de Tunisie aux côtés des Alliés est placé, le 25 novembre 1942, sous
le commandement du général Alphonse Juin et comprend divers éléments de l'armée
d'Afrique, dont le 19e corps d'armée, commandé par le général Louis Koeltz, et
le commandement supérieur des troupes de Tunisie du général Barré. À partir de
février 1943, les Forces françaises libres qui se composent de deux divisions,
la 1re DFL du général Edgard de Larminat et la force L commandée par le général
Leclerc, qui rejoignent les troupes de l'armée d'Afrique. Au 15 mars 1943, le
total des effectifs engagés s'élève à 72 802 hommes dont 50 651 Maghrébins.
• Armée d'Afrique (63 000 hommes) :
o Division de marche de Constantine (DMC) jusqu'en avril 1943 : général Welvert
(tué le 10 avril 1943) puis Schwartz
o Division de marche d'Alger (DMA) : général Conne
o Division de marche d'Oran (DMO) : général Boisseau
o Division de marche du Maroc (DMM) : général Mathenet
o Brigade légère mécanique (BLM) : général Le Couteulx
o Corps franc d'Afrique (CFA), créé en novembre 1942 par le général Joseph de
Goislard de Monsabert
• Forces françaises libres (9 000 hommes) :
o 1re DFL du général de Larminat
o Force L du général Lecler
Parade des troupes britanniques le 20 mai 1943 à Tunis
Inscriptions sur les drapeaux
Après la guerre, huit noms de bataille sont attribués pour rappeler la campagne
de Tunisie et s'inscrire dans les plis des drapeaux : Djebel Mansour 1943,
Djebel Zaghouan 1943, Fondouk El Okbi 1943, Le Faïd 1943, Medjez el-Bab 1943,
Ousseltia 1943, Pichon 1943 et Takrouna 1943.
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