Historique du 10ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
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ORAN
Imprimerie Typographique et Lithographique L. Fouque
4 et 8, rue Thuillier (Place Kléber)1920
numérisation : P. Chagnoux - 2009

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A la déclaration de guerre, le 10e Bataillon Sénégalais, sous les ordres du Chef de Bataillon LE
HAGRE, était en garnison à Kasba-Tadla. Il faisait partie du 2e Régiment d'Infanterie Coloniale du
Maroc, commandé par le Lieutenant-Colonel PERNOT.


1914
Convoi de Kénifra
Le 17 août, les 9e et 10e Compagnies partent pour le convoi de Kénifra. Le 19 août elles sont flancgarde
de droite. A 3 kilomètres de Sidi-Lamine, la colonne est attaquée en avant et à droite.
L'ennemi est repoussé par les deux Compagnies qui progressent de crête en crête. Les tirailleurs
MOTGI FOMBA, GARBA COULIBALY, et TIESSOU DAO, de la 9e Compagnie, sont blessés.
Le 20 août, dans l'étape Dechra – Sidi-Amar – Kénifra, la 10e est en tête du gros et la 9e marche
derrière le convoi. Les deux Compagnies, avec la Compagnie PLOMION du 9e Sénégalais, protège
le repli de l'arrière-garde formée par le 11e Bataillon Sénégalais et les Spahis. A ce moment, un
canon de montagne de l'arrière-garde, dont le mulet porteur est tué, tombe entre les mains des
Marocains. Les trois Compagnies chargent pour le reprendre.
Dans cette charge, le Sous-Lieutenant BEHIER est blessé à la tête. Au cours de cette affaire, furent
tués :


10e Compagnie : Tirailleurs FILI DIMBELÉ et TOUMANI TANGARA.
9e Compagnie : Tirailleurs ZANGO OUATTARA ; PAZO ZERBO ; THIAM ZONGO.
Furent blessés :
9e Compagnie : Lieutenant BEHIER ; Caporal BI OUATTARA ; Caporal KARBA KOUSSÉ ;
Tirailleur MAGO OUATTARA ; Tirailleur SIAKA BAMBIRI.
10e Compagnie : Tirailleur KALY KAMARA ; Tirailleur BOLLO DIALLO ; Tirailleur MOUSSA
BOUBOU ; Tirailleur DIETÉ OUENDÉ ; Tirailleur TIÉBÉLÉ TOUCOURA.

Le 30 août, le Lieutenant BEHIER est inscrit au tableau de concours pour la Légion d'Honneur. Le
Lieutenant de réserve LE NOAN est également inscrit au tableau spécial de la Légion d'Honneur :
« A pris part aux opérations de Tadla et Kénifra, et aux combats des 19, 20 et 22 août où il a fait
preuve des plus belles qualités militaires de sang-froid, de courage et d'entrain sous un feu très
violent des Zaïans. »
A la recherche des morts d'El Herri.
Dans la nuit du 13 au 14 novembre, la nouvelle arrive qu'une colonne de la garnison de Kénifra a
surpris, le matin, le campement de Moha ou Amou près d'El-Herri (6 à 7 kilomètres de Tadla),
mais qu'au retour, elle a été entourée et anéantie. Le Bataillon, qui était à Tadla, fait partie d'une
colonne qui part le 14 sur Kénifra. Le 17, la colonne arrive à Kénifra. Le 19, à 6 h.30, les deux
colonnes DUPLESSIS et DÉRIGOIN sous les ordres du général HENRYS, passent sur la rive
gauche de l'Oum-Er-Rebbia, pour aller enterrer les morts de la journée du 13. Le 20, tout le long
de l'Oued Bou Skour, on a retrouvé les traces d'un combat acharné et presque tous les Européens
de la Compagnie Coloniale SIDO. Bien que cette Compagnie n'appartînt pas au 10e Bataillon
Sénégalais, elle était de l'Arme, et à ce titre, il convient de commémorer à jamais sa conduite
héroïque. Cette Compagnie qui était partie d'El-Herry la première, fit demi-tour, alors qu'elle était
déjà en vue de la Kasba de Kénifra (témoignages des télémétreurs de la section de mitrailleuses de
position), parce que la débandade de l'arrière-garde avait découvert l'artillerie. La Compagnie
essaya de dégager les canons, mais dans la vallée de l'Oued Bou Skour, elle fut cernée et écrasée.
Cette charge en arrière permit aux mulets chargés de blessés de gagner Kénifra, protégés seulement
par quelques coloniaux et quelques tirailleurs sénégalais qui faisaient le coup de feu sur les flancs
du convoi et dont la conduite fut superbe (témoignage du Lieutenant MARTIN, des Spahis, qui
était blessé et porté sur un mulet). Cet admirable fait d'armes, tout d'abnégation et de sacrifice, peut
et doit être comparé aux plus beaux faits d'armes de l'Histoire.


1915
Le 7 janvier, le Capitaine CHEVOBBE, de la 10e Compagnie, est promu Chevalier de la Légion
d'Honneur. En février, mars, avril, mai, le Bataillon prend part aux colonnes de ravitaillement de
Kénifra. Le 13 juillet, le Lieutenant BICHE-LATOUR est inscrit au tableau spécial de la Légion
d'Honneur. Le 10 août, le Chef de Bataillon LE HAGRE est promu au grade de Lieutenant-
Colonel.
Le 16 août, le Chef de Bataillon ARBOGAST prend le commandement du 10e Bataillon.
Colonne des Beni-Moussa. — Temps affreux
Dévouement des Officiers et Sous-Officiers.
Le 10 décembre, le Bataillon quitte Tadla avec le groupe mobile pour aller chez les Beni-Moussa,
et rentre à Tadla le 19 décembre. Le 17 et le 18 décembre, le temps fut très mauvais. Il plut nuit et
jour. Le 18, en particulier, beaucoup de tirailleurs, transis de froid, ne pouvaient plus avancer. Trois
moururent à leur arrivée au camp, deux autres pendant qu'on les transportaient, un autre dans la
soirée et encore deux dans la nuit. L'esprit de dévouement des officiers et sous-officiers européens
se manifesta admirablement en cette circonstance ; bien que très fatigués eux-mêmes, et trempés
jusqu'aux os, ils se consacrèrent uniquement à leurs tirailleurs. Ils se multiplièrent pour réchauffer
leurs hommes et leur faire prendre du café chaud.


1916
Le 16 janvier, le Bataillon prend part au convoi de Kénifra.
Le 20 mars, le Bataillon en entier quitte Tadla pour Bou-Skoura. Il arrive le 31 à Casablanca et le
1er avril est passé en revue par le Général en Chef. Le 2 avril, il quitte Casablanca à destination de
Fez et Taza. Il est à Taza le 19 avril. Le 24 mai, départ pour la colonne du Nord. Retour à Taza
sans incident le 5 juin.
Le Capitaine LE BORGNE est tué glorieusement.
Le 10 juin, le capitaine LE BORGNE, commandant la 12e Compagnie à Bab-Merzouka, est tué
glorieusement en se portant avec un peloton, au secours de l'autre peloton de sa Compagnie
fortement engagé contre de nombreux Marocains.
Colonne de Matmata.
Le 12 juin, le Bataillon à l'effectif de l'État-Major, de la section de mitrailleuses, des 9e et 10e
Compagnies, prend part à la colonne de Matmata. Le 16, à 9 h.30, le Bataillon reçoit l'ordre
d'enlever un bois d'oliviers de Karkour de Sidi-Bou-Taïeb, situé à 2 kilomètres environ au Sud-Est
de Bou Ifkane. La 9e Compagnie, Capitaine MONTANGERAND, est en première ligne, suivie à
300 mètres par la 10e Compagnie. La section de mitrailleuses est sur la crête à hauteur de la 9e
Compagnie. Le petit bois est enlevé et les Compagnies s'installent sur les crêtes au Sud du bois. La
section de mitrailleuses prend position à côté d'une mechta. Les Marocains cachés dans un ravin
allant vers l'oued Matmata, en sont délogés par une charge à la baïonnette faite par une section de
la 10e Compagnie.
A 10 h.30, le repli s'opère dans la direction de Bou Ifkane où doit être installé le camp. Aussitôt le
mouvement commencé, les Marocains reviennent précipitamment dans le bois d'oliviers et ouvrent
le feu sur la ligne de tirailleurs.
A ce moment, un Marocain, sortant d'un silo, décharge son fusil et blesse le sergent DOUTRES, qui
a la poitrine traversée. Le Bataillon se retire par la crête sur un petit bois à 400 mètres environ plus
à l'Ouest, où il se fixe solidement. Pendant le parcours de ces 400 mètres, les Marocains qui
s'étaient approchés, au point qu'il fallut les charger à la baïonnette, blessèrent 9 tirailleurs :
9e Compagnie : M'PÉ DIARRASOUBA ; BIRABA BELEM ; LAMINÉ KEITA ; MAMADOU
DIALLO
10e Compagnie : CAROUMBA COULIBALY ; BOURÉHIMA GUINDO ; AMADOU
MAMADOU ; TIÉCOURA DIALLO ; MAMADY DANSOKO.
Au cours de cette colonne, les deux Groupes mobiles, de Taza et de Fez, font des reconnaissances
sur l'Arba de Tahla, sur Tarzout, sur Khémis, où est blessé très grièvement le sergent indigène
MOUSSA TARAOLÉ
Le 3 juillet, les deux groupes opèrent dans la direction de l'oued Hellou. Le Bataillon fait partie du
groupe de droite ayant comme direction générale les mechtas de Foum Bou Hellou. Le Bataillon
enlève la position à 6 h.40.
Le sergent MARTINI, de la 10e Compagnie, est tué ; le tirailleur MOUSSA DIALLO, de la 9e
Compagnie, est blessé très grièvement. Le groupe mobile rentre à Taza le 7 juillet.
Le 6 novembre, le sergent MOUSSA DIARRO, de la 10e Compagnie, est tué à Touar d'une balle
riatha.


1917
Le mois de mars se passe en sorties de Compagnies au Nord et au Nord-Ouest de Taza.
Colonne de Souk-El-Had.
Le 11 mai, le Bataillon comprenant l'État-Major, les 10e et 11e Compagnies, quitte Taza avec le
groupe mobile pour Souk-El-Had. Le 13 mai, a lieu un fort engagement avec les contingents
d'ABDEL-MALEK.
Au cours de cet engagement, sont tués :
11e Compagnie : Caporal LAMOUSSA SOUMOUNTOURA ; Tirailleur RAOGO.
Sont blessés : 3 tirailleurs du 14e Sénégalais.
Le 14 mai, la Compagnie BENOIT d'AURIAC (10e) fait partie de l'escorte du convoi d'évacuation
des morts et des blessés. Elle va jusqu'à Bab Karia. Au retour, cette Compagnie, arrière-garde de
l'escorte, est attaquée. Au cours de l'engagement, sont blessés :

Sergent BOURRET ; Tirailleurs YACOUBA BRAHIM ; SIRIKI KONATÉ ; Clairon N'DONGO
DIOP.
Le 17 juillet, le Commandant du Bataillon et la 10e Compagnie font partie d'un groupe mobile qui
marche sur M'Sila. Le 26 juillet, le groupe mobile rentre à Taza. Le Commandant ARBOGAST
est maintenu à M'Sila avec la 10e Compagnie, une Compagnie du 10e Bataillon d'Afrique, une
section de mitrailleuses et une section de 80 de campagne. Peu après le départ du groupe mobile, de
nombreux dissidents viennent tirer sur le poste. A 19 h., le poste est attaqué par les dissidents,
renforcés par une harka d'ABDEL-MALECK. A plusieurs reprises, ils donnent l'assaut du poste,
mais ils sont chaque fois repoussés. Les attaques cessent vers minuit.
Le Sous-Lieutenant BRETEAUD, du 10e Sénégalais, est tué, le sergent PIOGÉ, de la 10e
Compagnie, est blessé légèrement.
Furent également blessés : un maréchal-des-logis de l'artillerie de position, un caporal et deux
chasseurs du Bataillon d'Afrique et un goumier.
Le Général commandant en Chef cite à l'ordre du Corps d'Occupation, le Sous-Lieutenant
BRETEAUD et le sergent PIOGÉ dans les termes suivants :
Sous-Lieutenant BRETEAUD. — « Le 26 juillet 1917, a fait preuve des plus belles qualités de
calme et de sang-froid en exécutant des feux sur un ennemi très mordant qui lançait des assauts
répétés contre le poste de M'sila ; s'est dépensé sans compter pour encourager les hommes de la
garnison et les déplacer suivant les circonstances sous un feu extrêmement violent. Mortellement
frappé au cours de la lutte. »
Sergent PIOGÉ. — « Le 28 juillet, à M'sila, par son attitude ferme et décidée, a pu s'opposer à une
forte pression ennemie, en lançant, debout sur un rocher, des grenades contre un fort groupe
d'adversaires. S'est exposé ainsi pendant plus d'une heure, et a été blessé à bout portant ; a fait
l'admiration de tous ses hommes. »
Colonne de l'Innaouen
Septembre – Octobre
Du 1er septembre au 11 octobre, les 9e et 10e Compagnies, sous les ordres du Commandant
ARBOGAST, prennent part à des opérations sur l'Innaouen. A la suite de ces opérations, le sergent
BOURRET est cité à l'ordre de la Subdivision ainsi que le tirailleur SIRIKI KONATÉ, de la 10e
Compagnie.
Bel Kassem


5 août 1917
Le 5 août, les 9e et 11e Compagnies et la section de mitrailleuses prennent part aux opérations
contre ABDEL MALECK dans la région de Bel Kassem. La 11e Compagnie s'installe le 7 sur le
Guelb de M'çoun. Pendant la nuit du 9 août, les dissidents très nombreux attaquent la Compagnie.
Leur effort se porte surtout sur un petit poste, commandé par le sergent CLARAC, qu'ils veulent
prendre d'assaut. Le combat dure trois heures. Enfin, ils sont repoussés avec de fortes pertes (80
tués et une centaine de blessés). Nos pertes furent de 2 tués et 5 blessés (journal de marche de la
Compagnie).
A la suite de cette belle défense du Guelb de M'çoun, les récompenses suivantes furent accordées.
Citations à l'Ordre des Troupes d'Occupation :
GRÉCO Toussaint, Sous-Lieutenant. — « A l'attaque du poste du Guelb de M'çoun, dans la nuit
du 8 août 1917, s'est présenté volontairement pour organiser et conduire le ravitaillement en
munitions qui allaient manquer aux défenseurs assiégés. A rempli sa mission avec le plus grand
mépris du danger, et un bel esprit de sacrifice. Rendu sur la position attaquée, a su par son énergie et
son calme, remettre en confiance les défenseurs. Est resté avec eux jusqu'à ce que l'attaque soit
définitivement repoussée. »
SARDA, 2e classe, de la 2e S. M. du 10e Sénégalais. — « Le 8 août 1917, a témoigné du plus grand
courage dans l'attaque du poste du Guelb M'çoun en assurant d'une façon parfaite et à plusieurs
reprises la communication des ordres et le ravitaillement en munitions sous un feu des plus violents.
Sa mission terminée, est resté jusqu'au jour parmi les défenseurs faisant avec eux le coup de feu,
étant pour tous un bel exemple. »
La 2e Section de la 11e Compagnie du 10e Sénégalais. — « Le 8 août, au cours d'un combat de nuit,
la 2e Section de la 11e Compagnie, sous les ordres énergiques de ses chefs, les sergents CLARAC et
FAURÉ, a héroïquement et victorieusement défendu le petit poste du Guelb M'çoun, vivement
attaqué par un ennemi très mordant et très supérieur en nombre. Malgré l'épuisement des munitions
et les pertes éprouvées, a réussi à repousser l'adversaire venu jusqu'au corps-à-corps et au combat à
coup de pierres. »
Citations à l'Ordre de la Subdivision :
Lieutenant MARTIN, Commandant la 11e Compagnie. — « Le 8 août 1917, commandant le poste
de Guelb de M'çoun, très violemment attaqué, a fait preuve d'une rare énergie en rejetant l'ennemi
par un combat corps à corps, et en lui infligeant des pertes sanglantes. »
MALA KAMARA, sergent.
PARIS, sergent.
Au mois d'octobre, a lieu un ravitaillement de Bel Kassem. Un tué et trois blessés pour la
Bataillon. Assistaient à ce ravitaillement : la 9e Compagnie (Capitaine CALVET), la 10e
Compagnie (Capitaine BENOIT d'AURIAC), et 2 sections de mitrailleuses.
La 11e Compagnie (Capitaine ARGENCE), et la 12e Compagnie (Capitaine FOX), étaient à Souk-
El-Tleta en observation.

1918
Le 3 janvier, le Bataillon en entier participe au ravitaillement de Sidi Bel Kassem. La 11e
Compagnie reste dans ce poste et y tiendra garnison jusqu'au 23 juin, date à laquelle elle marchera
avec le Groupe mobile contre les contingents d'ABDEL MALEK qui tiennent le Bou-Mehiris.
Beni Oudjane.
Les 3 autres Compagnies et la 2e Section de mitrailleuses sous les ordres du Commandant
ARBOGAST, quittent le 15 février Guercif et arrivent le 20 à Bab-Merzouka. Le Groupe mobile
avait quitté Taza à 19 heures, pour arriver à Bab-Merzouka à 23 heures. Le Groupe ARBOGAST
franchit le 21 l'Innaouen, monte sur la crête des Beni-Oudjane et opère avec la colonne de
l'Innaouen dont il forme l'extrême droite. Après avoir atteint la crête, il exécute une conversion
vers l'Est, enlève une série de positions très fortement défendues, et à 13 heures fait la jonction avec
le gros de la colonne en face du sebt des Beni-Oudjane où se rencontrent les deux colonnes, celles
de l'Innaouen et celle du général venue par le Toumzit.
Pertes du Groupe ARBOGAST. — Tués : Caporal-clairon FOURNIER, Caporal mitrailleur
DELMAS.
Blessés : le soldat mitrailleur SARDA, déjà cité pour Bel Kassem. (Il recevra la médaille militaire
pour sa belle conduite.)
9e Compagnie. — Les tirailleurs : IKANDO YÉLIMAN, TIÉBLÉ FOMBA, SIDIKI DAROMÉ,
TIÉBA COULIBALY.
travaux de route jusqu'au 28 février.
Ravitaillement de Bel Kassem.
En mars, ravitaillement de Bel Kassem. Au retour, le Bataillon est d'arrière-garde. Sont blessés :
Caporal mitrailleur LEY, ALIBOU ALPHA (9e Compagnie), (mort de sa blessure.)
10e Compagnie : ONOTTO COULIBALY, LAMINÉ DIAKITÉ, YOLO DEMBÉLÉ.
Le 20 mars, le Chef de Bataillon CONNEN prend le commandement du 10e Bataillon, en
remplacement du Chef de Bataillon ARBOGAST, remis à la disposition du Ministre.
Djebel Halib.
Le groupe CONNEN, composé des 9e, 10e et 12e Compagnies, la 2e S. M., d'une batterie de 65 et du
groupe franc quitte Touar à 2 heures du matin avec le groupe mobile, se porte à Koudiat qu'il
quitte à 5 h.15 pour conquérir une hauteur boisée qui se trouve à environ 4 kilomètres Sud de
Koudiat.
Le groupe a atteint son objectif à midi. Il progresse encore pour appuyer le mouvement des groupes
voisins. Il décroche à 17 h.45 et s'installe au bivouac avec le groupe du Colonel CHOPIN de La
BRUYÈRE sur son objectif. Nos pertes dans cette affaire sont les suivantes :
Européens tués. — 10e Compagnie : sergent HERMELIN ; 12e Compagnie : sergent CHARMENPICOT.
Européens blessés. — 2e Section de mitrailleuses : LE MINOUX.
Indigènes tués. — S. H. R. : TIÉCOURA COULIBALY, tirailleur.
9e Compagnie : MAMADOU SANAGO, tirailleur, MARY KONÉ, tirailleur.
12e Compagnie : ZIÉ OUATTARA, caporal ; SAMBA KAMARA, caporal ; BO DIAKHITÉ,
tirailleur ; FAKANGORO KINDO, tirailleur ; N'GOLO TARAORÉ, tirailleur ; SARA
KAMARA, caporal.
Blessés. — 12e Compagnie : MOUSSA BEMBA, caporal ; MAMADOU M'BAYE, tirailleur ;
SANSORO KONGO, tirailleur ; LEMOU LIOU, tirailleur ; FACERI DIAROSSOUBA,
tirailleur ; BABA DIARRA, tirailleur ; BABA AÏGSA, tirailleur.
Pendant cette journée les cadres Européens et la plupart des Sénégalais, ont fait preuve de beaucoup
d'entrain, d'endurance, de bravoure, devant un ennemi très mordant dont la défense était facilitée par
un véritable chaos de rochers.
Le 7 avril, le groupe rentre au bivouac.
Le 8 avril, le groupement auquel appartient le groupe CONNEN se déplace pour aller occuper une
position située à 2 kilomètres Sud-Est.
Arrivée sur la position à 8 heures. Combat très dur toute la journée.
Le capitaine CALVET, de la 9e Compagnie, est tué.
Le Lieutenant DOZ, de la même Compagnie, est blessé. Deux tirailleurs sont tués et 11 blessés.
Le même jour, fut tué le Chef de Bataillon MONNIOT, commandant le 14e Sénégalais et le 4e
Régiment Colonial du Maroc, dont le 10e Sénégalais fait partie.
A la suite des affaires du Djebel Halib, le Général commandant en Chef, cite à l'Ordre de l'Armée :
CALVET, Capitaine : « Officier d'élite. Le 6 avril 1918, à Djebel Halib, a contribué à l'enlèvement
d'une position fortement tenue, en entraînant sa Compagnie à la baïonnette. Est tombé
glorieusement le 8 avril 1918, au cours d'un combat, en s'élançant, pour la deuxième fois, en tête de
ses hommes, et sous un feu violent, à l'assaut d'une position défendue avec acharnement. »
DOZ, Lieutenant, 10e Compagnie : « Officier ayant un sentiment très élevé du devoir, s'était
distingué le 6 avril 1918 à Djebel Halib, en entraînant sa section à l'assaut d'une position difficile
et résolument défendue. A reçu deux blessures le 8 avril pendant un dur combat, au cours duquel il
a donné à ses tirailleurs l'exemple de la plus grande bravoure. »
FOLIE, 1re classe à la Compagnie blanche du 10e Sénégalais : « D'une classe jeune et resté en pays
envahi, a surmonté tous les obstacles pour venir se battre. Au cours du combat du 6 avril 1918, à
Djebel Halib, a fait preuve de calme et de sang-froid dans la mise en batterie de sa mitrailleuse
sous une grêle de balles. A été blessé grièvement sur sa pièce. »
HERMELIN, sergent : « Sous-officier d'élite, modèle de bravoure et de sang-froid. Le 6 avril, à
Djebel Halib, a porté brillamment sa section à l'assaut d'une position fortement défendue. Chargé
d'établir une liaison dans des conditions particulièrement difficiles et périlleuses, est tombé
glorieusement en accomplissement sa mission. »
MONNIOT, Chef de Bataillon, commandant le 4e Régiment Colonial du Maroc et le 14e
Sénégalais : « Belle figure de soldat. A fait preuve pendant l'attaque du 6 avril 1918, à Djebel
Halib, d'un admirable sang-froid et d'un sens tactique remarquable. Par de judicieuses dispositions,
a interdit à l'ennemi l'abord de la face dont il avait la défense.
« Déjà trois fois blessé, tombé glorieusement à son poste de combat. »
Furent cités à l'ordre de la Division n° 43 du 10 juillet 1918 :
Sergent AUGEY ; Sergent CHARMEN-PICOT ; Chef de Bataillon CONNEN ; sergent GROSS ;
soldat LE MINOUX ; sergent MALAL M'BESSE ; caporal SAMBA DIALLO ; sergent
SOLIMAFI KONDÉ ; caporal YAYA DIAKITÉ.
Furent cités par Ordre général n° 44, à l'Ordre de la Colonne :
Les tirailleurs : BABA DIALLO, 9e Compagnie ; BABA DIARRA, 9e Compagnie ; BABA AÏSSA,
10e Compagnie ; MAMADOU DORON, 9e Compagnie ; MENÉ DONA, 9e Compagnie ; sergent
MOISDON.
Larouda
14 mai.
En mai, la Compagnie blanche prend part à l'occupation de Larouda.
El Mers.
En juin, le groupe CONNEN prend part à l'occupation d'El Mers.
Le Lieutenant-Colonel LANDAIS prend le commandement du 4e Régiment colonial du Maroc.
Dans ce même mois, la 11e Compagnie (Capitaine ARGENCE), qui était restée 6 mois à Bel
Kassem, prend part à l'occupation du Bou-Méhiris (23 juin).
Oulad Haddou
26 septembre.
En septembre, le Bataillon stationne à Sidi-Abdallah, va à Fez au repos, puis à son retour, est
atteint par la grippe. Malgré la maladie, une très grande partie du Bataillon participe à la colonne de
la Kalaa des Oulad Haddou pendant qu'une autre colonne, sous les ordres du Général AUBERT,
se porte du Rouf sur Souk El Had et le Gour.
Tazekat et Bou-Haroun.
Le Bataillon rentre à Sidi-Abdallah, puis une partie du Bataillon prend part à l'occupation du
Tazekat, et participe à la prise du Bou-Haroun le 29 octobre (Sous-Lieutenant GHIGONIS cité à
l'Ordre de la Subdivision).
En décembre, le Bataillon prend part à des reconnaissances dans la Moyenne Moulouya. Le 7
décembre, les 9e et 11e Compagnies partent pour la colonne du Bou Denib.


1919
Les deux autres Compagnies stationnent à Outad El Hadj de décembre au 27 avril, date à
laquelle elles partent pour regagner Guercif.
Le 23 mai, le Commandant CONNEN, affecté au 1er Régiment colonial, quitte Guercif. Il passe le
commandement par intérim au Capitaine ARGENCE.
Bel-Farah.
Le 24 mai, le Bataillon en entier prend part à la colonne de Bel-Farah. La moitié de l'effectif est
composé de jeunes soldats venus en relève de rapatriables. Ces rapatriables ont tous au moins 3 ans
de Maroc. Certains font colonne depuis 7 ans, soumis à des fatigues souvent exceptionnelles, à des
froids rigoureux, à des chaleurs excessives, nos vieux tirailleurs ont toujours tout supporté sans la
moindre protestation.
Le lendemain de l'occupation de Bel-Farah, un millier de Marocains s'approchent du camp, entre
900 et 1.600 mètres. Au cours de cette attaque, facilement repoussée par le canon et les
mitrailleuses, sont blessés : le caporal IBRAHIMA FALL, de la 12e Compagnie ; le tirailleur
BILALI KONÉ, de la 11e Compagnie.
Le premier reçoit des félicitations, le second est cité à l'Ordre de la Colonne, ainsi que le sergent
SIMON, de la 11e Compagnie.
Hassi Ouenzga.
Le Bataillon, rentré à Guercif le 23 juin, en repart le 10 juillet pour la colonne de Beni-Bou-Yahi.
De nouveaux tirailleurs ont encore remplacé les rapatriables. Nous n'avons presque pas de cadres.
Malgré cela, grâce au dévouement des officiers du Bataillon, le 10e Sénégalais fait bonne figure
dans le Groupe mobile. Il rentre à Guercif le 9 août.
Guercif, le 29 août 1919.
Pour extrait des journaux de marche :
Le Capitaine ARGENCE, commandant p. i., le 10e B. T. S.,
ARGENCE.
Approuvé :
Au Q. I. à Rabat, le novembre 1919.
Le Général de Division COSSEZ,
commandant provisoirement les T. O. M.
P. O. Le Chef d'État-Major,
 

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