Les batailles du drapeau

Historique du 1er RIMa




Créées en 1622 par le Cardinal de Richelieu, les compagnies franches de la marine, autrement appelées « Compagnies franches de la mer » étaient destinées à la défense des ports du littoral. En 1626, regroupées par ordre du Roi, en un régiment de la marine, elles recevaient pour mission d’assurer le service des armes à bord des bâtiments. Le 7 août 1822 est considéré comme l’acte de naissance du régiment. C’est en effet à cette date qu’une ordonnance royale décide la création de deux régiments d’infanterie de Marine (1er et 2e RIM) et d’un régiment d’artillerie de Marine (1er RAM), issu des 8 bataillons de l’ancien corps royal d’artillerie de marine.

Durant l’épopée coloniale, le 1er régiment d’infanterie de marine est engagé en 1854 dans la guerre de Crimée, se bat en Chine en 1860 et en Annam en 1861 avant de participer, pendant la campagne du Mexique, à la prise de Puebla en 1863 où il se couvre de gloire en capturant à lui seul 18 000 prisonniers.



Le 1er RIMa participe à la guerre de 1870-1871 au sein de la fameuse « Division bleue » du général de Vassoignes. Il s’illustre les 31 août et 1er septembre 1870 à Bazeilles, lors du célèbre épisode de « La maison de la dernière cartouche ».

Le régiment prend part ensuite à la conquête coloniale en Afrique et au Tonkin (1883). Il devient 1er régiment d’infanterie coloniale le 7 juillet 1900 et son drapeau est décoré de la croix de la Légion d’Honneur le 14 juillet 1910. Puis, vient la guerre de 1914-1918. Le régiment est engagé dès le 22 août 1914 dans la bataille de Rossignol où il subit de lourdes pertes. Il se signale à la bataille de Champagne en 1915 où sa brillante conduite lui vaut d’être cité à l’ordre des armées. En 1918, sa belle attitude à la prise de Ravitza lui vaut une nouvelle citation.

Durant la 2e guerre mondiale, on le retrouve sur les champs de bataille où combattent les forces françaises libres, au sein de la 1ère DFL. Après Tobrouk, Bir Hakeim, le Garigliano, ses faits d’armes pour la libération de la France ont pour noms Belfort et 1’Authion. L’épopée coloniale se poursuit inlassablement: la Corée (1951-1953), le conflit indochinois (1946-1954) où le sacrifice de Dien Bien Phu est total.


En 1955, il fournit des renforts pour l’Algérie, puis participe aux opérations de maintien de l’ordre, sous la dénomination de 1er RIMa (1958). Implanté à Grandville, Dinan puis Saint Lô à partir de 1963, il est transféré à Angoulême en 1984, au moment de la création de la force d’action rapide qu’il intègre. De régiment d’infanterie, il change de structure et se transforme en régiment de cavalerie légère blindée. Depuis 20 ans, il est présent sur les principaux théâtres d’opération, en adaptant ses structures aux besoins des missions qui lui sont confiées : maintien ou rétablissement de la paix, défense des intérêts nationaux, respect des accords de défense.

Il a été envoyé notamment au Liban, au Tchad, en Irak, en ex-Yougoslavie, en Albanie, en Afghanistan, en Bosnie, en Côte d’ivoire, au Tchad et plus récemment au Sénégal, à Djibouti et au Kosovo. En 2010, ce sont encore 60% des personnels du régiment qui ont été projeté hors de la France métropolitaine, que ce soit en OPEX, ou en MCD. Depuis juillet 2009, le 1er RIMa a quitté la 9ème brigade légère blindée de marine pour rejoindre la 3ème brigade mécanisée de Clermont-Ferrand.


BIR HAKEIM, combat majeur du 1er RIMa

Le 15 février 1942, la 1ère brigade française libre (1ère BFL) reçoit l’ordre de prendre position dans la base fortifiée de Bir Hakeim. Cette brigade est notamment composée de deux des futurs composantes du 1er RIMa : le bataillon d’infanterie de marine, et le bataillon du pacifique. De fait, la bataille de Bir Hakeim a été choisie pour être la fête du 1er RIMa.

La position forme donc une pointe avancée en direction de l’ennemi et constitue ainsi une sorte de « V » dessiné par deux lignes de champs de mines. Elle joue donc un rôle stratégique primordial. De février à mai 1942, la 1ère BFL se prépare à un éventuel assaut de l’ennemi. Elle envoie notamment des colonnes qui patrouillent dans le désert dans le but de harceler l’ennemi par des attaques sur les groupes isolés, d’enlever les convois de ravitaillement, de prendre ou de détruire le plus de matériel possible.

Le 26 mai 1942, les troupes germano-italiennes mènent une grande offensive dans le but notamment d’envelopper par le sud les troupes alliées présentes dans la région de Gazala. La prise de Bir Hakeim constitue donc un enjeu essentiel pour l’ennemi.


Pour faire face à l’attaque qui s’annonce, toutes les portes de la position sont minées par les alliés dans la nuit du 26 au 27 mai. Il est neuf heures du matin lorsque soixante-dix chars de la division italienne « Ariete » tirent sur le fortin. La mythique bataille de Bir Hakeim vient alors de commencer et durera quatorze jours.

La riposte de la 1ère BFL ne se fait pas attendre. Les pièces antichars ouvrent le feu et détruisent trente-trois tanks, dont cinq le sont par le marsouin Benaich. Malgré tout, six chars ennemis parviennent à s’introduire dans la position, mais ils sont mis hors de combat en quelques minutes. Suite à cet échec, l’ennemi bat rapidement en retraite. La 1ère BFL organise alors des patrouilles sur les arrières de l’armée allemande, ce qui permet de s’emparer de vivres et d’un camion-citerne de mille litres d’eau, denrée très précieuse dans ce milieu si aride.

Le 1er juin, Bir Hakeim est violemment bombardée par les stukas allemands. Les obus de deux cent cinquante à cinq cents kilos font des trous de cinq mètres de diamètre dans le sol. Malgré l’action des fusiliers marins alliés, les dégâts occasionnés par les avions ennemis sont importants. Le lendemain, une colonne allemande de plus de mille véhicules, avec des chars et des automitrailleuses, s’approche de Bir Hakeim et s’arrête à 3500 mètres de la position, débarquant ses fantassins. Une voiture munie d’un drapeau blanc se dirige alors vers Bir Hakeim. Deux officiers italiens envoyés par le général Rommel en sortent et sont conduits auprès du général Koenig commandant la 1ère BFL. Ils le somment de se rendre avec tous ses hommes, mais le général refuse catégoriquement de déposer les armes sans combattre. Dès le 3 juin, le général Rommel réitère, cette fois-ci par écrit, sa demande, mais les Français répondent par plusieurs coups de canon sur les véhicules ennemis.

Le même jour, le Bataillon du Pacifique qui avait été envoyé à Segnali, est de retour à Bir Hakeim après deux jours de trajet passés dans des conditions difficiles. Il perd notamment beaucoup de temps dans la traversée des champs de mines et est la cible des avions adverses à l’approche de Bir Hakeim. Grâce à l’intervention des fusiliers marins qui abattent quatre avions allemands et en font fuir huit autres, le BP peut rejoindre sa position en dépit de nombreuses pertes humaines et matérielles.

le même temps, Bir Hakeim redevient le lieu de prédilection des obus ennemis. La position est ainsi très violemment bombardée par les avions allemands les 3 et 4 juin, puis par l’artillerie ennemie les 5 et 6. Le lendemain, Rommel fait venir des troupes d’élite ainsi que des canons lourds qu’il destinait au siège de Tobrouk. Au cours des attaques précédentes, il a fait reconnaître le dispositif de défense allié et installer des batteries. L’étau se resserre de plus en plus.

Une grande attaque ennemie est lancée le 8 juin. Au cours de cette seule journée, trois grandes offensives sont déclenchées, sans autre résultat que la prise d’un observatoire d’artillerie. La journée du 9 est semblable à la précédente. L’artillerie et l’infanterie ennemies sont toujours aussi agressives et le combat prend parfois la forme d’un corps à corps. Le général De Gaulle délivre au général Koenig et à ses troupes un message d’encouragement : « Général Koenig, sachez et dîtes à vos troupes que toute la France vous regarde et que vous êtes son orgueil. »

Les troupes alliées assiégées dans Bir Hakeim tiennent bon, mais la principale difficulté qu’elles rencontrent réside dans le manque de vivres. Les hommes n’ont presque plus de nourriture et d’eau, ils commencent à être à court de munitions et peuvent difficilement être soignés, le groupe sanitaire ayant été détruit. De surcroît, les soldats, combattant de jour comme de nuit, sont dans un état de fatigue extrême.

Au vu de la situation, le général Koenig décide de quitter Bir Hakeim dans la nuit du 10 au 11 juin par la porte sud. Cette évacuation nécessite tout d’abord de déminer et de se frayer un passage de 200 mètres de large dans les champs de mines. Pour les traverser, les troupes s’allègent au maximum : les tentes sont lacérées, le matériel de cuisine est détruit et les bidons d’essence sont percés. Rien n’est laissé à l’ennemi.

L’évacuation débute à 23 heures, mais deux compagnies restent à leur emplacement et continuent de tirer, faisant croire que la résistance se poursuit. La première troupe à sortir est l’infanterie, chargée d’ouvrir une brèche au sein des lignes ennemies, puis suivent, en file indienne et phares éteints les véhicules. Malgré ces précautions, le bruit des moteurs entraîne celui des mitrailleuses et des canons allemands. De plus, les camions en feu éclairent la colonne de véhicules et facilitent ainsi la tâche ennemie. L’infanterie se rue alors à l’attaque des postes adverses. La traversée des lignes ennemies se fait souvent dans un corps à corps meurtrier et cause beaucoup de pertes, surtout parmi les fantassins. Des soldats s’agrippent aux camions déjà remplis d’hommes et de blessés et certains tombent à chaque soubresaut des véhicules. L’évacuation est ainsi plus difficile que prévu. Ordre est alors donné aux chars de se jeter en avant et aux véhicules de s’élancer à leur suite. La colonne traverse ainsi les derniers barrages allemands et rejoint la brigade anglaise chargée de l’attendre et de la soutenir.

Au total, les quatorze jours de combat font 450 tués et 600 prisonniers parmi les troupes alliées. Parmi les morts, le lieutenant-colonel Broche commandant le Bataillon du Pacifique et le chef de bataillon Savey commandant le Bataillon d’Infanterie de Marine. Le BIM et le BP ont perdu la moitié de leur effectif et décident, le 16 juin 1942, de fusionner sous le nom de Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique (BIMP).

Le BIMP deviendra le 1er régiment d'infanterie coloniale, constitué du bataillon d'infanterie de marine du pacifique et des BM 11 et 24.
 



Chronologie des batailles du drapeau

011822 : création du 1er RIM

1827 : dissolution du régiment

1831 : recréation du 1er RIM

1854 : réforme des troupes de marine

1854 : campagne de la Baltique : BOMARSUND

1860 : campagne de Chine: FORTS DU PEI-HO

1861 : expédition en Cochinchine combats de KI-HOA

1861 : expédition du Mexique

1863 : prise de PUEBLA

1865 : installation d’une garnison en Cochinchine

1869 : installation d’une garnison au Sénégal

1870 : guerre franco-prussienne combats de BAZEILLES

1883 : prise de SONTAY

1883 : débuts des colonnes du Haut-Niger

1885 : prise de Lang Son

1890 : réorganisation des troupes de marine

1901 : le 1er RIM devient 1er RIC

1910 : remise de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.

1914 : août : bataille de Rossignol; septembre : bataille de LA MARNE

1915 : bataille de CHAMPAGNE

1916 : départ du régiment pour Salonique

1918 : offensive du DOBROPOLJE

1929 : dissolution du régiment

1936 : recréation du 1er RIC à Paris et Dreux

1940 : Campagne de France. Dissolution du régiment

1941 : campagne de Libye. TOBROUK

1942 : bataille de BIR-HAKEIM

1943 : création de la 4ème brigade de la 1ère DFL

1944 : campagne d’Italie. GARIGLIANO

1944 : août : débarquement en Provence novembre : prise de BELFORT

1945 : avril combats de l’AUTHION

1945 : 8 mai la 4ème brigade devient 1er RIC

1947 : le 1er BM du 1er RIC en Indochine

1955 : début des opérations en Algérie

1959 : le 1er RIC redevient 1er RIMa

2005 : inscription AFN 1952-1962 pour sa participation à la guerre d’Algérie et aux combats d’Afrique du Nord


Retour la Coloniale